Je suis allée au cinéma ce vendredi avec ma carte 7 Parnassiens : j'avais choisi d'aller voir Bonnard Pierre et Marthe de Martin Provost sorti le 10 janvier dernier.
Seize ans après avoir tourné Séraphine, il nous offre aujourd'hui un autre biopic de peintre, celui de Pierre Bonnard et de sa femme Marthe qui fut également sa muse.
Les critiques sont très partagées entre Le masque et la plume et Télérama. Comme j'ai passé un bon moment, j'ai choisi de publier celle de Télérama qui est plutôt bonne.
Pour son premier Festival de Cannes, Martin Provost a présenté, dans la section Cannes Première, un film où l’on retrouve tout ce que l’on a aimé chez lui : la comédie (Sage Femme), les portraits d’artistes et la réflexion sur la création (Séraphine, Violette). Cela fait de Bonnard, Pierre et Marthe un biopic habité, où l’histoire du célèbre peintre français et de sa compagne raconte à la fois la comédie de l’amour et de l’infidélité, la vie d’artiste et l’idéal qui peut en naître, un rapport au monde, à la beauté et à la vie.
Vincent Macaigne et Cécile de France incarnent Pierre et Marthe Bonnard.
Une belle et riche palette pour ce film qui sait pourtant garder une vraie simplicité l’élan dépouillé du Bonnard qui, dans les premières scènes, peint pour la première fois celle qui deviendra sa femme. Comme cet homme qui s’émerveille sans jamais se lasser, Martin Provost mène cette reconstitution historique avec un regard ébloui par des trésors quotidiens. La chambre-atelier, moitié papier peint rétro et moitié peinture moderne, avec le Paris de 1895 en toile de fond. La maison au bord de la Seine, où Pierre et Marthe vivent la plénitude de leur fusion charnelle riante, limpide, et où s’organisent avec Monet et Vuillard des déjeuners presque sur l’herbe.
Au cœur de ces images qui convoquent la magie du temps passé et la font parfois toucher du doigt, deux portraits passionnés se répondent, s’opposent tendrement. Bonnard est interprété par Vincent Macaigne, qui a gardé un corps bien présent pour faire vibrer l’appétit sensuel de son personnage, mais sait surtout étonnamment s’absenter. Il est le génie flottant ailleurs, parmi les couleurs, spécialement le jaune adoré. Dans son ombre, Marthe est la muse, l’idéale, puis l’intendante, celle qui est chargée des nourritures terrestres et souffre d’une jalousie, d’un abandon qui n’existent que dans notre bas monde.
La bande-annonce
J'ai tout appris, en regardant le film, de la vie de Pierre Bonnard (je ne connaissais que sa peinture) et découvert que sa femme dessinait elle aussi (sous le nom de Marthe Solange), au pastel sec cette fois-ci, un outil qui me parle. Bien sûr, son œuvre a été largement éclipsée par celle de son mari dont elle fut surtout la muse, d'abord en tant que compagne puis, plus tardivement, en tant qu'épouse.
Ses dessins resteront en effet dans la stricte intimité d'une sphère privée.
En voici un aperçu
Agrumes - 1923
Coupe de poires - 1924
Pin parasol - 1922
Coupe de fruits sur la chaise rouge - non daté
Cela me donne envie de me remettre au pastel...