Notre voyage dans le midi tire à sa fin... Une dernière visite avant de quitter cette belle région : l'abbaye de Fontfroide qui se trouve sur le territoire de la commune de Narbonne.
Il s'agit d'une des plus grandes abbayes cisterciennes : elle obéit donc à la règle de Saint-Benoît. En dehors des 8 offices qui réunissent les moines autour de la prière et qui rythment leurs journées, ceux-ci s'adonnent à la lecture des textes saints et au travail manuel.
C'est alors, dit Benoît, qu'ils seront vraiment moines, lorsqu'ils vivront du travail de leurs mains, à l'exemple de nos pères et des Apôtres. Le travail doit être organisé de telle sorte qu'il n'oblige pas les frères à sortir de la clôture du monastère : Le monastère doit, autant que possible, être disposé de telle sorte que l'on y trouve tout le nécessaire : de l'eau, un moulin, un jardin et des ateliers pour qu'on puisse pratiquer les divers métiers à l'intérieur de la clôture. De la sorte les moines n'auront pas besoin de se disperser au-dehors, ce qui n'est pas du tout avantageux pour leurs âmes.
A Fontfroide, tout ceci est réuni : l'isolement à l'intérieur des Corbières, l'eau d'un torrent (Fontfroide vient de Fons Frigida : sources froides) et un vaste ensemble de terres données aux moines par le Comte et la Vicomtesse de Barcelone.
La proximité d'un château fort a protégé l'abbaye de la destruction et des pillages et c'est donc une bâtisse extrêmement bien conservée que nous découvrons lors de la visite guidée que nous suivons plus de 900 ans après sa fondation...
En prenant ce petit sentier,
on peut avoir une idée du cadre enchanteur dans lequel Fontfroide a été construite.
Voici le plan de l'abbaye que j'ai trouvé dans un blog extrêmement bien documenté d'un habitant de Belcaire dans le département de l'Aude. www.belcaire-pyrenees.com
L'entrée se fait par un porche monumental
qui donne accès à la cour d'Honneur extrêmement profonde.
Au fond de la cour, une jolie grille en fer forgé gardée par de curieuses lionnes allaitant
et une élégante fontaine
Ces ornementations sont bien singulières pour un monastère : elles datent du rachat des bâtiments en 1908 par Gustave et Madeleine Fayet qui entreprennent sa restauration et son embellissement. La famille Fayet est d'ailleurs toujours propriétaire de l'abbaye.
Dans les abbayes cisterciennes, il y a 2 sortes de moines : les "moines convers" sont des religieux laïques autorisés à sortir de l'enceinte de l'abbaye pour vaquer aux travaux des champs : ils sont recrutés par les "moines du choeur" qui eux, sont essentiellement tournés vers la prière, l'étude des textes sacrés et l'enluminure.
Après avoir traversé le réfectoire des convers
et admiré la grille de fer forgé qui ouvre sur un petit jardin
(encore un ajoût de la famille Fayet)
on accède à la cour du XVIIIème siècle ainsi nommée à cause du fronton plaqué à cette époque sur le bâtiment du fond. Depuis cette cour, l'on peut apercevoir, en haut de la colline qui domine l'abbaye, la grande croix qui servait de repère aux pélerins. Elle est actuellement en fer forgé mais elle était en bois à l'origine bien sûr.
Une très belle margelle de puits en fer forgé
Le cloître est au centre de la vie religieuse.
Les colonnettes romanes sont ornées de chapiteaux aux motifs floraux.
Des oculi éclairent l'intérieur de la galerie.
Le cloître communique avec la salle du chapitre dotée d'élégantes colonnettes de marbre, véritable chef d'oeuvre de l'art roman. C'est là que les moines se réunissaient pour régler les questions de discipline ou les questions matérielles, là que se faisaient le prêche des sermons...
Pour ne pas déranger l'office psalmodié par les moines dans la salle du chapitre, la ruelle des convers met en communication les bâtiments qui leur sont affectés avec l'abbatiale.
On débouche en empruntant cette ruelle dans la nef de l'église
dont la voûte en berceau brisé s'élève à 20 mètres du sol.
On se sent tout petit...
Le dortoir des convers quant à lui est desservi par un majestueux escalier.
Il permettait d'accueillir 180 à 200 moines convers
qui venaient des 25 granges que Fontfroide possédait entre Perpignan et Béziers.
Il a été embelli sous l'impulsion de la famille Fayet par quatre vitraux formés à partir des débris récupérés dans les églises ou les cathédrales du Nord et de l'Est de la France après la première guerre mondiale. Une création de René Billa.
Avant de quitter l'abbaye, un petit tour dans les jardins : à cette époque la roseraie
(qui a pris la place du verger et de l'ancien cimetière des moines) est défleurie : dommage !
Par contre, le lavandin est en pleine floraison...
Ca vous donnerait presque envie de devenir moine, non ?
En bonus, un petit film sur l'incendie de 1986 et la création de la Roseraie.