Pour regarder l'épisode précédent (Découverte de Sens), cliquez ICI.
Nous voici donc en plein centre de Sens. Rappelez-vous : hier nous avons dîné au pied de la Cathédrale Saint-Etienne que nous allons maintenant visiter.
Si nous voulons en faire le tour par l'extérieur, il faut prendre l'entrée des musées de la ville donnant accès à la cour du Palais Synodal.
Vue sur la tour Sud et la rosace du transept Sud, une œuvre de Martin Chambiges.
Les tuiles vernissées, une spécialité bourguignonne !
Ici, celles du Palais synodal. Celui-ci a servi de résidence aux évêques jusqu’en 1905. Au XIXe siècle il a fait l’objet de restaurations par Eugène Viollet-le-Duc qui a recréé sa toiture polychrome dans la plus pure tradition bourguignonne.
En ressortant, la vue donne sur le Marché couvert de Sens.
La Cathédrale est enserrée dans des maisons du côté du transept Nord.
On tourne, on tourne pour admirer le chevet de l'église.
Le Palais archiépiscopal abrite le musée archéologique de la ville.
En prenant la rue des Déportés pour rejoindre l'entrée de la Cathédrale, nous longeons sa façade richement sculptée.
Je n'ai pas trouvé la signification de ces têtes de Maure... ?
L'entrée Renaissance du passage de Moïse donne accès aux musées de la ville.
Le tour de la Cathédrale terminé, il nous reste à en visiter l'intérieur.
Pour entrer, nous prenons le Portail Saint Jean-Baptiste : situé côté Nord de la Cathédrale, c'est le plus ancien des trois portails de la façade. Il remonte à la décennie 1190-1200 et est le seul à conserver presque entièrement sa sculpture originelle même si les têtes de tous ses personnages ont été mutilés en 1793.
La vie de saint Jean-Baptiste s'étale dans le tympan et les voussures dont la plupart des sculptures se termine par un élégant dais.
Le tympan illustre trois scènes de la vie du Christ: son baptême ; le festin d'Hérode, avec Salomé apportant la tête du saint sur un plateau ; la décollation de Jean-Baptiste.
Imaginez-vous que vous êtes dans la première cathédrale gothique construite en France et même dans le monde ! Je l'ai appris il y a plusieurs années en lisant le roman écrit par Jean Diwo, "Le printemps des cathédrales", un livre qui m'avait passionnée, que je vais sûrement relire et que je vous conseille : il retrace la construction des cathédrales gothiques à travers l'histoire d'une famille d'architectes et de tailleurs de pierre et il fourmille de détails sur la vie au Moyen-Age.
Une bien jolie grille pour cette chapelle latérale modifiée au XIXe siècle par Adolphe Lance, architecte du gouvernement (il détruisit les chapelles romanes dans la lignée de Viollet-le-Duc, ce qui ne plut pas à tout le monde...).
Le Mausolée des Davy-du-Perron est dédié au cardinal Jacques du Perron (décédé en 1618), ami du roi Henri IV, et à son frère Jean, qui lui succéda comme archevêque de Sens. Il a été mis en place dans la Cathédrale en 1637.
En haut du Mausolée, les deux frères agenouillés ; en bas deux enfants pleureurs.
Jacques ou Jean... ?
Trop mignon !
Le Jugement dernier et la vie de Saint-Etienne racontés dans la rose du transept Sud.
Pour m'informer sur la signification des vitraux, j'ai l'habitude d'aller sur "patrimoine-histoire.fr" : on y trouve tout sur les monuments historiques. Je compare mes photos aux leurs et le tour est joué !
Détail montrant le démon rouge qui surveille les damnés plongés dans le chaudron et les morts qui sortent de leur tombeau
La Cour Céleste avec saint Étienne en tête et saint Jean-Baptiste reconnaissable à sa tunique couverte de poils de chameau.
Une superbe grille en fer forgé dorée à l'or fin donne accès au déambulatoire Nord.
J'ai remarqué une statue romane encadrée par deux jolies colonnes : elle provient de la maison habitée à Sens par Thomas Becket et il est possible qu'elle représente Saint Thomas.
Une porte en bois agrémentée de superbes ferrures et encadrée par de beaux chapiteaux, ça mérite la photo.
Dans le chœur, le baldaquin dessiné par le grand architecte franco-italien Giovanni Niccolo Servandoni et exécuté en 1742 par les frères Stodtz
Il est inspiré de celui de Saint-Pierre de Rome et est porté par quatre colonnes de marbre provenant de la place des Victoires à Paris.
Le déambulatoire Nord et son arcature romane du XIIe siècle nous offre à voir de très beaux chapiteaux.
Celui-ci représente la taille de la vigne.
Ces animaux monstrueux sont-ils destinés à faire peur aux croyants infidèles ? Je ne me prononcerai pas.
De place en place, ces arcatures romanes sont entrecoupées par des chapelles.
Ainsi la Chapelle Sainte-Colombe qui abrite un monument ayant miraculeusement échappé aux révolutionnaires. Il s'agit du tombeau du Dauphin et de la Dauphine, père et mère de Louis XVI, dont les dépouilles reposent toujours dans le chœur de la Cathédrale. L'œuvre, de Guillaume Coustou le Jeune, a été terminée en 1777.
La grille étant fermée, on ne peut voir que de loin les trois grandes statues représentant l'Immortalité et la Religion d'un côté, l'Amour conjugal de l'autre. Dommage qu'on ne puisse pas en faire le tour...
Dans la Chapelle Saint-Savinien, l'une des chapelles primitives du XIIe siècle remaniée au XIIIe siècle se trouve une sculpture monumentale datant de 1777 représentant le martyre de Saint Savinien, premier évêque de Sens.
Cette œuvre, d'une grande tension, est installée sur l'autel en 1772. Malheureusement, le sculpteur a jugé bon de l'envelopper dans une haute draperie en stuc. On voit, sur la photo, qu'elle cache le bas de la verrière composite qui se trouve derrière et qui rassemble des fragments de vitraux des XIIe et XIIIe siècles.
Devant un tribunal romain, Savinien, premier évêque de Sens, ayant proclamé sa foi envers et contre tout, sait que, avec ses compagnons, il est condamné à mourir. S'étant retiré dans une crypte pour y prier, les cruels licteurs souffrant impatiemment ce retard, se précipitent dans cette crypte et le frappent de l'épée et de la hache de deux coups sur le sommet de la tête le tuant.
La sculpture de Joseph Hermand respecte les grandes lignes de ce meurtre. Un soldat s'apprête à frapper Savinien de sa hache tandis qu'un autre le saisit à la gorge.
Je continue ma série de chapiteaux du XIIe siècle avec celui-ci très élégant.
Une sirène et un sirène !
Ayant fini de "déambuler", je retrouve de l'autre côté du chœur le baldaquin du maître-autel décidément bien difficile à photographier.
Cet élégant escalier conduit au Trésor de la Cathédrale. Au-dessus, un tableau représente l'Assomption de la Vierge par Nicola Restout (1741).
L'une des trois chapelles primitives du XIIe siècle, reconstruite entre 1295 et 1320.
Elle contient une magnifique Vierge à l'Enfant du XIVe siècle.
Cliquez sur l'image pour la voir en grand...
Je sors maintenant de l'espace "chœur" en franchissant à nouveau une très belle grille en fer forgé.
Voici le transept Nord : dans la rose, le Concert Céleste avec son cortège d'anges musiciens. Des instruments du Moyen-Age, aujourd'hui disparus, y côtoient des instruments annonçant la période baroque : la viole de gambe, la saqueboute (instrument à vent ancêtre de notre trombone à coulisse), sans oublier les premiers clavecins.
Vous ne voyez rien ? C'est normal mais ça va s'arranger !
Cliquez, ce n'en sera que mieux...
Et voici la superbe grille qui clôt le chœur : dessinée par Michel-Ange Slodtz, ses nombreux motifs à la feuille d'or représentent des objets liturgiques. Elle est l'œuvre de Guillaume Doré.
L'orgue de tribune date de 1734 et a été restauré en 1890. Charles Gounod a eu l'occasion d'y jouer.
C'est par là qu'on sonne les cloches !
Allez, un dernier vitrail pour la route ! Celui de Saint Eutrope : il date de 1530 et est attribué, sans certitude, à Jean Cousin père.
L'histoire de saint Eutrope, contemporain du Christ, est bien sûr légendaire. Fils du roi de Babylone, il visite Hérode et sa cour. Entendant parler de Jésus, il part à sa rencontre, le trouve au moment de la Multiplication des pains. Plus tard, il reviendra et le verra au moment de son entrée triomphale à Jérusalem. Il sera présenté au Christ par l'apôtre Jude. Ses parents et lui seront convertis à la foi chrétienne. Puis Eutrope se rend à Rome où Pierre le charge d'évangéliser la Gaule. À Saintes, il subit un échec. Il revient avec le titre d'évêque, envoyé par le successeur de Pierre, le pape Clément, et vit en ermite. Il prêche et convertit Estelle, fille d'un roi local. Celui-ci, furieux, fait assassiner Eutrope par les bouchers de la ville. Estelle veille à son ensevelissement. Le lieu en sera sa cabane d'ermite, là où l'on édifiera plus tard une basilique et où se produiront de nombreux miracles.
Dans la rose du tympan, les quatre évangélistes entourent le Christ.
Le registre inférieur retrace la vie d'Eutrope.
1) Le Baptême d'Eutrope ; 2) Le pape Clément sacre Eutrope évêque de Saintes ;
3) Eutrope prêche à Saintes et convertit Estelle, fille d'un roi local ; 4) Le Martyre de saint Eutrope, tué par les bouchers de la ville sur ordre du roi.
Cliquez sur l'image !
Notre visite de la Cathédrale se termine mais vous n'avez vu ici qu'une infime partie de tous ses trésors.
Une belle découverte !
La fin de cette escapade entre soeurs (la visite d'ervy-le-Châtel), c'est ICI.