Ayant quitté Auxerre le matin (cliquez ICI pour voir le post sur la ville), nous poursuivons, Arlette et moi, notre virée en Bourgogne par la découverte de la petite ville de Joigny, labellisée ville d'art et d'histoire, où j'ai réservé un gîte.
Il s'agit du gîte "Au refuge", tout proche du centre ville, avec parking dans la cour.
Nickel chrome !
Un grand séjour
avec cuisine ouverte
et deux chambres de ce type
Située au centre du département de l'Yonne Joigny est traversée par l'Yonne : on aperçoit ici à droite le clocher de l'église Saint-Jean.
La ville a conservé des traces de son passé médiéval, telle la Porte Saint-Jean (du Xe siècle) et les remparts attenants.
D'un côté, l'église, avec son clocher-porche qui date du XIIIe siècle,
Sa voûte, remaniée au XVIe siècle par Jean Chéreau, est remarquable.
Elle représente des motifs de broderies de jardin.
L'église a été fréquentée par Saint Vincent-de-Paul lorsqu'il séjourna à Joigny, comme précepteur des enfants du comte de Joigny, seigneur de Gondi.
C'est également Jean Chéreau qui fut l'architecte de cet élégant bâtiment Renaissance, voisin de l'église, le seul qui subsiste du château des comtes de Gondi.
De l'autre côté de la Porte Saint-Jean, une superbe maison à pans de bois appelée Maison du baillage car c'est ici que le bailli rendait la justice.
La maison, ornée de croix de Saint André, a été restaurée au début du XXe siècle par l'abbé Pierre Vignot, puis après les bombardements de 1940. Il paraît que la charpente est due au grand architecte Philibert Delorme.
La façade est ornée de motifs floraux.
Au coin de la Maison du Bailly, une petite ruelle descend vers l'Yonne.
Dans celle-ci, les maisons auraient besoin d'un petit coup de neuf et de voir passer le cantonnier !
J'appellerai celle-ci la ruelle des chats...
Dans le quartier Saint-Thibault voisin, une autre maison aux pans de bois très ouvragée : il s'agit de la Maison dite du Pilori ainsi nommée car donnant sur l'ancienne place du pilori.
Ces maisons de bois ont été construites après l'incendie de Joigny en 1530 en même temps que le château Renaissance. Celle-ci présente dans sa partie médiane un décor d'écailles en terre cuite vernissée qui donne de la couleur à l'édifice.
Dans sa partie basse, trois saints personnages encadrent l'ensemble : la maison appartenait à l'époque au drapier Martin Leboeuf.
Au centre, une représentation de Saint Martin, ailé, avec un blason orné d'un bœuf !
On y trouve aussi sculptées des figures grotesques.
Le quartier tire son nom de l'église voisine, Saint Thibault.
La statue équestre de Saint Thibault, décédé en Italie à Vicence, surmonte le portail d'entrée gothique très endommagé.
Elle est attribuée à Jean de Joigny qui est influencé par la Renaissance italienne.
L'église est réputée pour sa Vierge à l'Enfant de la seconde moitié du XIVe siècle. La partie basse, à partir des genoux, a été restaurée après sa découverte, enfouie sous le dallage de l'église en 1895.
Je suis en admiration devant le beau visage de cette vierge et la délicatesse du plissé du vêtement. Les bébés, à cette époque, ne sont pas réalistes mais celui-ci n'est pas trop mal réussi.
Construite à l’angle de la rue Gabriel Cortel, une maison à pans de bois qui fait partie des trois seules maisons en France avec un arbre de Jessé : ce thème religieux est très rarement exploité sur un édifice civil.
Elle possède une façade remarquable.
Les montants de bois reproduisent la généalogie du Christ comme évoqué notamment dans l'évangile de saint Matthieu : Jessé (père du roi David), endormi, rêve d'un arbre jaillissant de son corps et sur les branches duquel apparaît la parenté du Christ.
Au sommet...
la Vierge et l’enfant Jésus !
Tournant toujours dans le centre ville ancien, voici l'église Saint André qui comprend des éléments du XIe siècle, ce qui en fait l'église la plus ancienne de Joigny. Au cours du XVIe siècle, de vastes transformations vont agrandir l'édifice : construction du bas-côté nord gothique et de sa chapelle "absidiale" à l'est - le mur nord étant remplacé par une rangée d'arcades ; travée supplémentaire vers l'ouest, fermée par une façade ; tour carrée avec portail Renaissance pour clore le nouveau bas-côté nord.
Le portail de la tour nord est de style Renaissance.
Le linteau abrite un beau bas-relief illustrant des épisodes de la vie de saint André. De chaque côté : comparution de Saint André devant le proconsul et Saint André prêchant depuis la fenêtre de sa prison.
Au centre, le Martyre de saint André supplicié en étant cloué à une croix en X.
Le chœur de l'église est entouré, à droite, par un mur qui daterait du XIe siècle, à gauche, par des arcades dressées au XVIe siècle après la destruction du mur nord, et enfin par le mur du fond, lui aussi du XVIe siècle. Le décor mural, les ornementations et le maître-autel sont du XIXe siècle.
J'ai tout de suite remarqué une Piéta superbe. Elle est datée du XVe siècle.
De nombreux vitraux éclairent agréablement l'église. Ils portent tous un message bien sûr mais je vous épargne le sens de celui-là un peu trop compliqué pour ma comprenette... Il s'agit du Vitrail de la Vierge des Litanies, créé vers 1530 et restauré (un peu trop paraît-il) au XIXe siècle.
Cet autre vitrail est consacré à la vigne.
Le quartier de l'église Saint-André était en effet celui des vignerons. C'est vraisemblablement d'ailleurs la corporation des vignerons joviniens qui a offert ce vitrail à l'église au XVIe siècle.
Le tympan avec les vendangeurs et les Putti date de 1530.
Détail des vignerons dans le soufflet central du tympan : joli, non ?
Dans les lancettes qui sont, elles, du XIXe siècle, on peut voir la Parabole des ouvriers de la onzième heure (qui ne sont pas payés plus par le propriétaire des vignes que ceux de la première heure...). La grisaille bleue illustre la parabole des vignerons homicides (ou infidèles) dans laquelle je ne vais pas non plus me lancer...
Cet autre vitrail du XVIe siècle représente L'Arbre de Jessé (datant de 1530 et restauré 1876 dans sa partie basse).
Grâce à la Maison de l'arbre de Jessé, mes souvenirs sont tout frais sur le sujet ! Donc, dans le tympan, Marie et Jésus...
Je m'arrête là pour les vitraux car il y en a pléthore !
Dans la première travée de l'église, la Chapelle des fonts baptismaux abrite une jolie statue de saint.
Lequel ? Je n'ai pas trouvé, à moins que ce ne soit le Christ... ?
Cette église est pleine de trésors mais l'heure tourne et nous n'avons pas encore trouvé de restaurant pour ce soir : la nourriture spirituelle, c'est bien, mais la nourriture tout court, c'est mieux !
Ce n'est pas la première fois que je vois une rue décorée de parapluies (nous en avons vu à Funchal, la capitale de Madère) mais cela me donne toujours une envie irrésistible de cliquer !
Au passage, des maisons à pans de bois
Pour dîner, nous avions trouvé dans le pressbook du gîte plusieurs adresses de restaurants plus ou moins étoilés mais, tous étaient fermés pour cause de vacances.
Nous sommes ensuite allés voir le 2 étoiles Michelin, La Côte Saint-Jacques, en bordure d'Yonne dont mon cousin Roger m'a demandé au retour si j'avais vu l'escalier à vis fabriqué à l'usine... mais il n'était pas dans nos prix !
Je parle du restaurant, pas de l'escalier hi hi hi... Cela m'a toutefois donné l'occasion de photographier la ville depuis l'autre rive de l'Yonne d'où l'on a une belle vue sur le centre historique.
Au final, nous dînerons très bien (mais il ne fallait pas être pressées...) dans la ville nouvelle. Le lendemain matin, ayant quitté notre gîte après une excellent nuit, nous sommes montées sur le Belvédère de la Côte Saint-Jacques comme le conseillait l'Office de Tourisme pour avoir un autre point de vue sur la petite cité, celui pris depuis les vignobles du même nom.
Au sommet du belvédère, une table d'orientation reproduit le paysage.
La Côte Saint-Jacques est un vin de basse Bourgogne. Il s'agit d'une dénomination géographique au sein de l'appellation d'origine contrôlée bourgogne : son aire de production se limite à la commune de Joigny et représente 12,36 hectares de vignes.
Voici les vignes du Domaine Lepage, une petite et récente exploitation de 4,5 ha sur les hauteurs de Joigny
Mon récit de cette deuxième journée entre sœurs qui se déroule admirablement bien se termine ici.
Pour regarder le post suivant (visite de La Ferté-Loupière et de Villeneuve-sur-Yonne), cliquez ICI.