L'épisode précédent (la visite de Tonnerre), c'est ICI.
Nous quittons Tonnerre et son Hôtel-Dieu et roulons dans la campagne en traversant les vignobles de Chablis, petite bourgade à une quinzaine de kilomètres à l'ouest.
Autrefois, la ville était fortifiée et possédait trois portes. La dernière à subsister est la Porte Noël : elle porte ce nom pour honorer la mémoire du maître maçon qui travailla à l'édification des remparts au XVe siècle, Jehan Noël. Les deux tours ont été reconstruites en 1778.
Il est temps de manger, non ? Nous avons déjeuné au restaurant de La Poste, une cuisine simple mais bonne.
La Collégiale Saint-Martin n'est qu'à deux pas d'ici.
Chablis est une petite cité ancienne où l'on trouve de petites ruelles.
Celle-ci débouche sur la Collégiale Saint-Martin dans laquelle nous entrons brièvement.
Fondée au IXe siècle sur un ancien sanctuaire consacré à saint Loup, évêque de Sens, l’église Saint-Martin de Chablis était une possession de Saint-Martin de Tours qui y abrita les reliques du saint pendant les invasions normandes. Elle a été reconstruite au XIIe et au XIIIe siècle en s’inspirant de l’église de Sens. Il y eut un grand incendie en 1678 qui ravagea une grande partie de l’édifice.
Son portail sud, de tradition romane, porte au tympan une croix ornée de deux animaux fantastiques.
Les vantaux portent de rares ferrures en fer d’origine (j'ai appris sur le net que l'on appelle cela aussi des "pentures"), et surtout plus d’une centaine de fers à cheval cloués là par des fidèles invoquant la protection de Martin, saint patron des chevaux et des cavaliers.
Un joli lutrin en forme d'aigle et une chaire très élancée dans une nef lumineuse
Vue sur le buffet d'orgues
L'église possède étonnamment plusieurs tableaux de grands maîtres (Philippe de Champaigne, Bassano, Pierre Mignard). Ce dernier, peintre de l'époque de Louis XIV, est né à Troyes donc dans la région. Le tableau représente la mort de Saint Joseph.
A force de visiter les églises je commence à être savante !
On voit ici, dans le chœur, les trois niveaux de l'église : les grandes arcades en bas, le triforium et les fenêtres hautes pourvues de verrières.
De jolis vitraux
Vitrail de Saint Bernard : un extrait de sa vie par son ami Guillaume de Saint Thierry.
"Le peuple présenta au serviteur de Dieu qui traversait ce bourg (Chablis) un adolescent boiteux. A peine le saint eut-il prié que ce jeune homme, parfaitement droit sur ses jambes, se mit à marcher avec aisance ; et tous les assistants le conduisirent à l'église du bienheureux Martin, en louant magnifiquement le Seigneur qui avait suscité l'esprit de son cher Martin dans Bernard."
Je tourne dans le déambulatoire... Un pléonasme !
Allez, assez pour les églises : intéressons-nous au vin maintenant...
En suivant les petites grappes de raisin cloutées dans la chaussée, on est sûr de ne rien louper des curiosités de la petite cité.
Comme l'entrée du Domaine Laroche, le plus prestigieux domaine de Chablis (90 hectares).
On voit qu'ici il n'y a pas le vin qui coule à flot !
Ce très beau bâtiment s'appelle la Maison de l'Obédiencerie : il s'agit d'un ancien monastère dont une partie des murs date du IXe siècle. Ses caves abritent les plus grands crus du Domain et on peut aussi y voir un pressoir unique du XIIIe siècle.
Ayant autre chose au programme, nous nous sommes contentées d'entrer dans la cour depuis laquelle on a une belle vue sur le chevet de l'église.
Ces maisons en pierre de pays ont beaucoup de charme, n'est-ce pas ?
Pas mal non plus l'entrée de cet autre Domaine dont la famille est dans le vin depuis 1480 !
La construction de cette maison de la rue aux juifs, appelée "La Synagogue de Chablis" remonterait au XVIe siècle ; elle est ornée d'une façade Renaissance et possède des caves du XIIe siècle. Entièrement délabrée, elle a été restaurée en 2006-2008 par son propriétaire, vigneron lui aussi...
C'est aujourd'hui un lieu culturel où de nombreuses expositions artistiques sont programmées.
Après le vin, nous passons à l'eau avec ce joli lavoir qui borde le Serein.
Un sympathique petit café
En continuant de longer le Serein
Cette ruelle qui donne sur la rivière s'appelle "La ruelle à feu" : elle était autrefois utilisée par les habitants faisant la chaîne avec leur pour éteindre les incendies.
Chablis, c'est fini. Et dire que c'était la ville...
Nous reprenons la route en traversant encore une fois des paysages enchanteurs couverts de cultures et de vignes.
Ce tonneau en bord de route nous dit que c'est le vignoble de Chitry.
Voici d'ailleurs le petit village
Nous voici arrivés à Escolives-Sainte-Camille où se trouve le musée Pierre Merlier que l'Office de Tourisme d'Auxerre conseille d'aller visiter.
Il est situé sur les bords du Canal du Nivernais.
Pierre Merlier est un sculpteur très original que nous découvrons avec beaucoup d'intérêt grâce à la visite guidée que nous propose sa femme. Né en 1931 dans l'Yonne, il est décédé en 2017 à Auxerre.
À l'adolescence, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il devient, à Auxerre, l'élève et le praticien du sculpteur auxerrois François Brochet (1925-2001), peintre et sculpteur de six ans son aîné qui lui enseigne la taille directe : lui revient alors la tâche de dégrossir, dans le bois, les silhouettes des futures statues du maître déjà réputé. Là, Pierre Merlier va créer ses premières œuvres et, esprit indépendant, il va très vite prendre son autonomie au grand regret de Brochet. À partir de 1954, il commence à exposer dans divers salons annuels parisiens. Sa première exposition personnelle a lieu à Paris en 1955. Il s'y fait remarquer et reçoit le prix du Salon de la jeune sculpture en 1956 et en 1961 la bourse de la vocation.
Il a créé toute son œuvre entre Auxerre et Escolives en se consacrant essentiellement à la sculpture figurative (en chêne, tilleul, orme ou cerisier). Ses personnages, en bois polychromes, sont singuliers, hors normes ; ce sont parfois des caricatures de personnalités existantes.
Voici quelques exemples de cette "forêt humaine"
Le sculpteur utilise des souches d'arbres et en particulier leurs racines pour travailler le bois et en faire des personnages.
Les pieds sont enchâssés dans une plaque de bois,
puis terminés sur le dessus.
Ici au centre, un hommage au "Baiser" de Gustav Klimt
Caricature de de Gaulle en "Je vous ai compris !"
Entre 2012 et 2017, Pierre Merlier s'est aussi essayé à la peinture en gardant le même style que celui de ses sculptures.
Intéressant, non ?
L'épisode suivant (la visite d'Auxerre), c'est ICI.