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Nous continuons notre visite de Châteauneuf-en-Auxois par la visite guidée de son château que nous suivons à 14 heures, en plein cagnard : heureusement, la jeune guide nous a donné le maximum d'informations à l'ombre des grands murs de la cour intérieure.
Voici le plan du château tel qu'il existe aujourd'hui.
Dans la seconde moitié du 12e siècle, Jean de Chaudenay crée la seigneurie de Châteauneuf. Face aux menaces de la guerre de cent ans, ses successeurs construisent pour la défendre l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture militaire bourguignonne.
Le château est encore entouré par de larges douves sèches.
De ce côté, on aperçoit le jardin médiéval.
Lorsque Catherine de Châteauneuf, au 15e siècle, ayant eu une liaison avec Géraud de Parmentier, l'intendant de son deuxième mari, fut reconnue coupable d'avoir empoisonné celui-ci à l’arsenic, elle fût soumise à la "question préparatoire" puis mise à mort sur un bûcher.
Philippe le Bon, duc de Bourgogne, confisqua son château en 1457 et le donna à Philippe Pot (1428-1493), son chambellan et filleul. C’est à lui que l’on doit les transformations du 15e siècle : Châteauneuf devient alors une demeure de plaisance.
Depuis l'actuelle entrée, nous faisons face au Grand Logis et à ses appartements qui datent de 1470.
Aux élégantes fenêtres à meneaux, des personnages, en habits Renaissance, donnent l'illusion d'un château habité.
A droite, le donjon carré et massif, a été construit, lui, au 13e siècle : il constitue la partie la plus ancienne du château.
A côté de la porte flamboyante de la tourelle d'escalier, un puits permettait de s'approvisionner en eau. Au-dessus du puits coexistent trois dispositifs de puisage : la potence à tête de lion (15e siècle) qui supportait une poulie, un dispositif à deux roues pour démultiplier les forces (17e siècle) et un système à corde s'enroulant sur un treuil à manivelle (19e siècle). Sa profondeur est de 18 mètres.
De l'autre côté de la cour, l'entrée actuelle où se trouvent l'accueil et la boutique et au fond le Logis des Hôtes qui vient d'être rénové.
Notre visite guidée commence par celle du Grand Logis et de ses appartements auxquels on accède en empruntant ce joli escalier fleuri.
La Grande Salle a été aménagée par Philippe Pot afin d'y organiser les audiences , conseils et festivités.
Elle est pourvue d'une cheminée monumentale dont le manteau est décoré de bandes noires et rouges (couleurs héraldiques de Philippe Pot) encadrant autrefois le blason du seigneur, chevalier de la Toison d'Or. La révolution est passée par là...
Sur la cheminée, on trouve aussi la devise de Philippe Pot : Tant L Vault. Il s'agit d'une dévotion à la Vierge Marie sous-entendue dans ce L (Elle).
Une copie de ces armoiries est représentée sur un mur situé à droite de la cheminée.
Ecartelé aux 1 et 4 d'or a la fasce d'azur et aux 2 et 3 échiqueté d'argent et de sable à deux badelaires de gueules cloutées d'or posées en bande
On peut deviner le mouton d'or tout en bas...
Ce blason est aussi présent dans le vitrail exposé à l'opposé de la pièce, près de la porte ouvrant sur la chapelle.
Il s'agit d'une copie d'un vitrail détruit du 15e siècle du Couvent des Cordeliers à Dijon représentant Philippe Pot priant la Vierge.
Au sol se trouvait un précieux décor de carreaux vernissés, aujourd'hui usés.
La chapelle, destinée aux offices religieux privés du seigneur et de ses hôtes, est consacrée en 1481. C'est l'une des premières réalisations de Philippe Pot qui la place sous la protection de la Vierge et de saint Jean. L'exceptionnel décor de peintures à la détrempe représente le Christ (au-dessus de la porte) et ses douze apôtres. L'ensemble constitue un "Credo apostolique". On retrouve les bandes noires et rouges de la cheminée de la grande salle, auxquelles sont associées deux autres couleurs du blason de Philippe Pot : l'or, présent dans les bandes verticales et l'azur, dans les tuniques ou manteaux des apôtres, ainsi que sur le lambris de la charpente anciennement azur et or.
Une copie du tombeau de Philippe Pot est placée devant l'autel. Initialement installée dans l'abbaye de Citeaux, l'œuvre est aujourd'hui conservée au Louvre. Conçu pour glorifier le souvenir du défunt, ce monument se distingue, par ses pleurants de grande taille portant la dalle funéraire, des représentations habituelles des tombeaux, comme celui du duc Philippe le Hardi conservé au musée des Beaux-Arts de Dijon.
Chacun des pleurants porte un écu armorié représentant les huit quartiers de noblesse du défunt.
Le gisant de Philippe Pot avec, à ses pieds en signe de fidélité, un chien à pattes de lion.
Ressortant de la chapelle, nous montons à l'étage par un escalier en colimaçon.
Une longue antichambre, éclairée par une large porte-fenêtre, conduit aux chambres.
On a, depuis cet endroit, une vue imprenable sur l'entrée du château...
Nous voici maintenant dans la Grande chambre qui comporte une alcôve entourée d'un cabinet et d'une garde-robe.
A gauche de la cheminée, une petit fenêtre ouvrant sur la chapelle permettait de suivre les offices.
Notre guide nous fait remarquer son parquet de chêne en Bâton-Rompu d'époque.
Une jolie nature morte orne le dessus de porte.
Cette autre se reflète dans un superbe miroir doré.
Et voici la Chambre jaune, ainsi nommée du fait de la couleur de sa tapisserie en toile de Jouy : elle reconstitue un intérieur dans le style du 18e siècle.
Elle est meublée par un élégant lit à baldaquin à la polonaise recouvert du même tissu.
Un secrétaire à cylindre occupe le mur voisin de la fenêtre.
Nous somme nombreux à avoir réservé cette visite guidée...
L'appartement privé de Philippe Pot est meublé en style du 15e siècle. On aperçoit la fenêtre à meneaux.
La pièce, qui comporte une table et un lit est ornée d'une belle suite de sept tapisseries du 17e siècle représentant des épisodes de la vie de Moïse.
Le sol carrelé est superbe et d'époque lui aussi.
Le château possédait toutes les commodités : la salle d'eau voisine avec les latrines.
En 1627, Charles de Vienne et Marguerite de Domprel achètent Châteauneuf.
La famille de Vienne est propriétaire du château de Commarin, situé dans la plaine, en contrebas de Châteauneuf. Marguerite, issue d’une riche famille de Franche-Comté, apporte une belle dot qui permet cette acquisition et un début de réorganisation.
La tour carrée, ou donjon, est transformée en chambre d’apparat, à la mode du 17e siècle.
Des portraits de Charles de Vienne et de Marguerite de Domprel entourent le lit à baldaquin à la française.
Le carrelage, du 17e siècle, n'était pas sec quand plusieurs animaux l'ont foulé...
Ici, un chien peut-être ?
La guide nous a donné le nom de toutes les empreintes mais je les ai oubliées !
Là, je cale complètement devant cette étoile à six branches.
Cette chambre jouit d'une très jolie vue sur la campagne alentour.
Là se termine la visite du château proprement dit.
Notre guide nous emmène ensuite visiter le jardin médiéval situé en avant des douves. Ici, elle nous explique les différentes utilisations des plantes (les simples) mais je ne saurais toutes vous les rapporter...
Il y a la Saponaire comme substitut du savon, l'Ortie comme fongicide ou insecticide mais dont on peut aussi faire de la soupe, la Gaude appelée aussi Réséda dont on fait de la teinture jaune, le Bouillon blanc qui est un antitussif etc.
Voici maintenant le coin de l'Arnica bien connue pour les bleus, de la Mauve qui régule l'intestin, de la Camomille utilisée contre les troubles du sommeil...
On aperçoit en contrebas l'église du village.
Sous cet abri, les cucurbitacées...
Cette tonnelle naturelle invite à la détente.
Ici, le jardinier fait pourrir les mauvaises herbes.
Après cette visite du jardin, un petit tour en individuel pour finir de visiter ce beau château.
Vue sur l'entrée du château depuis l'angle de la chapelle
Le Logis des Hôtes possède une façade du 15e siècle qui indique l'importance du seigneur à la cour.
Cette pièce dont le plancher de l'étage manque (elle est laissée en "écorché"), abritait peut-être les anciennes cuisines et témoigne de l'état du bâtiment avant restauration.
De jolis verres colorés éclairent la pièce. J'ai malheureusement raté la photo de leur reflet au sol...
Les deux pièce du Logis sont séparées par une tourelle d'escalier.
Cette autre pièce accueille un espace numérique et une maquette du château.
Un petit tour dans la cour où se trouve la Tour Flamboyante (du 14e siècle) - sur la gauche de la photo - qui assurait la défense des courtines. La tour d'escalier qui y est accolée permettait d'accéder aux étages supérieurs et au chemin de ronde.
On y entre en se baissant : tiens, quelqu'un que je connais !
La tourelle d'escalier est à ciel-ouvert car aujourd'hui démolie en partie.
La chambre d'artillerie située au rez-de-chaussée de la Tour Flamboyante possède une très belle voute en pierre.
Elle est dotée de trois postes de tir, dont les formes ont été prévues pour les arbalètes et petits canons à main du 15e siècle appelés couleuvrines.
Une ouverture quadrangulaire faisant partie du système défensif est le seul accès pour communiquer avec l'étage inférieur (situé 6 mètres plus bas...).
Ayant relativement peu souffert des dommages liés à la Révolution française, le château passe en 1802 à la famille de Voguë, déjà propriétaire du château de Commarin. Elle utilise les terres de Châteauneuf comme domaine agricole : des vignes poussent devant le château. En 1894, le château est classé au titre des monuments historiques et sera consolidé puis restauré par Charles Suisse, beau-fils de Viollet-le-Duc, restaurateur de Notre-Dame de Paris. En 1936, le comte Georges de Voguë fait don de Châteauneuf à l'Etat. La cession de l'édifice en 2008 au Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté ouvre le site à la culture contemporaine et engage de nouvelles études et restaurations architecturales.
Une superbe visite ! Et pas si loin que ça de Courcelles...