Ce vendredi 13 mai, toujours à l'occasion des 70 ans de Philapostel, et faisant suite à la visite de la Ville Close de Concarneau (cliquez ICI pour en prendre connaissance), la matinée se termine - pour les chanceux accompagnants dont je fais partie - par la visite guidée de la Conserverie Courtin de Trégunc qui, comme vous pouvez le constater, se présente sous la forme d'un bateau.
Il s'agit de la plus ancienne conserverie de Concarneau et de l'une des plus anciennes de Bretagne. Ce bâtiment a été inauguré en 2017 mais auparavant la conserverie se trouvait depuis 1893 à Concarneau.
Cette photo montre les ouvrières portant la coiffe devant le bâtiment de l'usine.
Une petite vidéo de présentation
Prêts pour la visite ?
Notre guide nous convie à laisser de côté - pour l'instant - cette superbe boutique pour aller visiter l'espace découverte de la conserverie, situé au fond.
Pour accéder à la visite virtuelle de la Conserverie Courtin, cliquez ICI.
L'espace découverte permet aux visiteurs de voir un film et d'avoir, par l'intermédiaire de grandes baies vitrées, une vue sur l'atelier de production dans lequel travaillent les employés.
Des panneaux comme celui-ci expliquent tout le processus de la pêche et de la conserverie des poissons.
► La pêche à Concarneau
Depuis sa fondation vers le XIe siècle, Concarneau doit son essor à la pêche et aux activités maritimes. La sardine a constitué la première grande ressource de la ville. Une trentaine de conserveries ont contribué à sa notoriété.
Au début du XXe siècle, la sardine disparaît et les professionnels s'orientent alors vers la pêche du thon germon.
Armateurs, mareyeurs, constructeurs et marins feront de cette cité, aujourd'hui en pleine évolution, l'un des plus grands ports de pêche français.
► Les conserveries d'autrefois, un monde de femmes
Dans les conserveries de la fin du XIXe siècle, la main d'oeuvre est essentiellement féminine car le travail demande des manipulations délicates.
Les conditions de travail à l'usine sont difficiles : incertitude de la pêche, froid en hiver, chaleur en été et travail nocturne en fonction des arrivages.
Durant l'attente du poisson, les ouvrières confectionnent de la dentelle destinée à être vendue plus tard sur le port.
Dans les usines, les femmes chantent pour rester éveillées la nuit et s'encourager. Chaque port a ses chansons tantôt grivoises, tristes ou satiriques.
Le chant des sardinières
► Courtin, une saga familiale
1893 : cette année marque le début de la conserverie fondée par Achille et Camille Courtin. Propriétaires d'une concession ostréicole dans la rivière du Mors, dans le port de Concarneau, ils y organisent une unité de fabrication et d'expédition des huitres et des coquilles Saint-Jacques. L'activité de l'entreprise progresse rapidement. Malheureusement Achille décède.
1895 : son épouse décide de continuer l'œuvre commune. Sans enfant, elle fait appel à son neveu, Louis Courtin, pour l'assister dans son travail.
1897 : un différend oblige Louis à céder ses parts de la société. Seule à la tête de l'entreprise, Camille diversifie son activité et met en valeur sa recette du confit de noix de Saint-Jacques. Durant plus de 40 ans, elle dirige l'entreprise Courtin.
1938 : Jehan et François Courtin, les enfants de Louis, reprennent l'activité dont ils délèguent en partie la gestion à Louis Mabon et Germaine Le Baccon.
1984 : Patrick Courtin prend la direction de la société aux côtés de son épouse Yvonne. L'entreprise connaît une activité florissante et emploie 15 salariés en 1989.
2002 : l'entreprise est rachetée par Patrick Collin qui poursuit le développement de l'activité et initie le projet d'une nouvelle unité de fabrication plus adaptée aux défis d'aujourd'hui. Il y associe ses enfants, Carole, Jean et Charles, qui mèneront à bien ce projet à l'architecture unique.
► La révolution de la boîte de conserves
Avant son apparition, les produits frais étaient conservés dans des fûts de bois sous forme de salaison, en saumure ou dans la graisse.
La boîte de conserves fait son apparition vers le milieu du XVIIIe siècle pour répondre aux besoins militaires, avant de s'imposer dans les foyers durant le XXe siècle.
La mise au point du procédé d'appertisation par Nicolas Appert, qui permet une conservation très longue des denrées alimentaires, en fait un contenant très pratique.
Les premières boîtes sont en fer blanc et le couvercle est soudé au plomb. Mais les intoxications dues à ce procédé causeront un véritable problème de santé publique qui amèneront la mise au point d'un nouveau système de fermeture : le sertissage.
La boîte de conserve possède trois gros avantages :
# Elle est très résistante.
# Elle fait barrière à la lumière et l'oxygène et protège durablement les aliments.
# Elle peut être recyclée.
Notre guide nous commente tous les panneaux.
► La stérilisation des produits
Ce procédé préserve les qualités nutritionnelles et gustatives des produits, notamment les Omega 3 contenus dans le poisson et les fruits de mer.
Il permet une conservation jusqu'à cinq ans pour les boîtes en fer et trois ans pour les bocaux de verre.
Les conserves serties sont placées dans un panier de fer pour procéder à la stérilisation dans un autoclave.
Cette imposante machine dotée d'une fermeture hermétique permet de plonger les conserves dans une eau à 70 degrés, puis de leur faire subir une montée en température (jusqu'à 155°C) et en pression. Cette étape élimine les spores, bactéries et autres micro-organismes susceptibles d'altérer les préparations.
► L'autoclave, une invention pérenne
La "marmite à vapeur" inventée par Denis Papin en 1675 a fortement inspiré l'élaboration des premiers autoclaves.
Ce principe est perfectionné par Nicolas Appert qui l'applique aux boîtes de conserves métalliques. Il élabore ainsi le premier autoclave dans son usine à Paris en 1830.
Son gendre, Raymond Chevalier-Appert, parachève la technique de l'autoclavage en mettant au point un manomètre qui évalue la température afin d'améliorer la fiabilité du processus.
Dans l'espace d'exposition : à gauche, l'ancien autoclave de la Conserverie Courtin qui a été récemment remplacé et au fond, un empilement de boîtes de soupe !
Des images amusantes ponctuent l'exposition.
Voici la recette créée par Camille Courtin en 1893
Des hublots sont aménagés dans l'espace d'exposition, donnant sur les ateliers de production accompagnés de petites vignettes explicatives.
A gauche, la sertisseuse et devant, les boîtes en attente.
La visite guidée prévoit une dégustation du produit fabriqué le jour même (l'usine ne fabrique qu'un seul de ses produits par jour).
Notre guide se charge de nous servir un verre de soupe qui sont accompagnés de petits toasts.
Et bien sûr, il est maintenant temps de passer par la boutique !
Celle-ci possède un coin "bouffe" mais aussi un coin "souvenirs bretons" : bref, une vraie caverne d'Ali Baba.
La gamme Courtin : confit de noix de Saint-Jacques, soupes, tartinables, sardines, autres poissons, spécialités de la mer, côté sucré...
Tout le monde est reparti avec un sac plus ou moins plein.
Pour moi, j'ai naturellement acheté une boîte du fameux confit mais j'ai su être raisonnable même si j'aurais bien acheté tout le magasin. Heureusement qu'on était en train et qu'il fallait porter les bagages !
Une visite intéressante
Le prochain épisode, c'est ICI.