Ce dimanche matin, je suis allée avec mon amie Michèle à la Conciergerie où expose actuellement l'artiste Théo Mercier.
Dans Outremonde, The sleeping chapter, l'artiste invite le visiteur à découvrir des sculptures en sable qui rappellent la pierre du palais de la Cité, comme des prolongements métaphoriques de son histoire. Des lits défaits dont on sent encore les mouvements et les souffles à travers leurs plis, des chiens en sable comme fidèles compagnons des dormeurs sont au centre de cette installation à la fois lumineuse et sonore autour des rêves et du sommeil.
C'était pour nous deux l'occasion de venir découvrir ce lieu magnifique qu'est la Conciergerie, le plus ancien vestige du palais de la Cité, résidence médiévale des rois de France et prison sous la Révolution française.
Mais d'où vient ce nom de conciergerie ?
Le Concierge est un haut personnage du royaume, nommé par le roi pour assurer l'ordre, la police et enregistrer les prisonniers.
Construite dès 1302, sous Philippe le Bel, c'est un exemple unique d'architecture civile gothique. Elle est composée de quatre nefs voûtées d'ogives et est largement éclairée par des baies géminées. Quatre cheminées chauffaient ce vaste réfectoire où se restaurait la garnison du Palais ainsi que les domestiques de la maison du roi : cela représentait quelques 2000 personnes.
L'installation est présentée dans la salle des Gens d'Armes dont cette photo montre la belle voussure.
Théo Mercier a transformé cet espace en un immense dortoir que des dormeurs auraient quitté à la va-vite, laissant en l'état draps et oreillers.
Et tout ceci n'est fait qu'avec du sable et de l'eau !
L'artiste a même reproduit des troncs de colonnes.
Le réveil a sonné trop tard !
Plus vrais que nature, non ?
Ca et là, des chiens semblent veiller sur les dormeurs : je soupçonne l'artiste d'avoir lui-même un chien tant ils sont bien "croqués"...
Sur la gauche, l'une des quatre grandes cheminées qui chauffaient le réfectoire.
Au fond de la salle, un joli bas-relief.
Impossible de trouver à quoi il correspond, mais il est possible, vues les deux cornes d'abondance, qu'il soit en rapport avec la fonction de restauration de la salle des Gens d'Armes (?)
La salle des Gardes, également voûtée d'ogives, était l'antichambre de la Grand'Chambre du roi qui se trouvait à l'étage et qui a disparu. C'est là que siégeait le Parlement et que le roi tenait ses lits de justice. C'est là aussi que beaucoup plus tard, sous la Révolution, en 1793, s'installera le Tribunal révolutionnaire.
Les chapiteaux des piliers de cette salle sont joliment sculptés.
Sur l'un des piliers est indiqué le niveau de montée des eaux de la crue de 1910.
On peut y voir aussi des reproductions des "Très Riches Heures du duc de Berry" représentant le palais de la Cité qui, à l'époque, était à la campagne.
Retour dans la salle des Gens d'Armes pour aller visiter les cuisines auxquelles on accède par un escalier en colimaçon (dont on aperçoit le pilier central à gauche de la photo). Nous sommes arrivées à l'ouverture du palais, il n'y a pas encore trop de monde même si, aujourd'hui dimanche, l'entrée est gratuite.
Le voici de plus près
Dans cette grande pièce carrée, encore une jolie voûte
Les cuisines ont été élevées sous le règne de Jean le Bon (1350-1364), elles étaient utilisées pour préparer les repas des personnels du roi. Les denrées y parvenaient directement par bateau.
Les manteaux des quatre cheminées s'appuient sur les piliers au moyen d'étrésillons (éléments en pierre placés entre deux parties pour en maintenir l'écartement).
J'ai appris un nouveau mot !
Voici la hotte de l'une des quatre immenses cheminées dans lesquelles ont faisait rôtir les viandes, volailles et poissons, rôties ou grillées, ou dans lesquelles les marmitons préparaient les soupes et les potées de légumes.
Impressionnant, non ?
Je crois bien que nous avons loupé la fin de la visite de ce beau lieu, en particulier tout ce qui touche à la Révolution... Ce sera pour un autre dimanche !
L'exposition "Outremonde, the sleeping chapter", est visible à la Conciergerie du 14 octobre 2022 au 8 janvier 2023.
Une bonne idée que d'utiliser ce lieu pour une exposition...