Avec mon amie Marie-France, nous sommes allées écouter un concert de Boogie-Woogie dans la salle des fêtes de la Mairie du 6ème arrondissement qui fait face à l'église Saint-Sulpice.
Un arbre de Noël est encore installé devant la Mairie puisque nous ne sommes pas encore à la fin janvier. Décoré de simples nœuds, il est du plus bel effet.
Mais qu'est-ce que c'est au juste le Boogie-Woogie... ?
Un truc qui donne envie de se trémousser, c'est sûr ! D'ailleurs, une danse porte ce nom...
En fait, c'est une interprétation du Blues qui se caractérise par un accompagnement basé sur les accords du blues (12 mesures) joué en "ostinato" (croche pointée - double croche) inlassablement répété à la main gauche tandis qu'à la main droite le pianiste brode des variations improvisées sur la trame harmonique du blues.
Le Boogie-Woogie est né dans le sud des Etats-Unis, dans des campements d'ouvriers où des pianistes noirs l'introduisirent. Ils circulaient de Barrel House en Honky Tonk (les cabarets de jazz populaire) et jouaient toute la nuit...
La crise aidant, les ouvriers migrèrent progressivement durant les années 1920 à 1930 vers les grands villes industrielles du Nord (comme Chicago ou Kansas City). De nombreuses familles organisaient des "House Rent Parties" : ils jouaient du piano pour payer leur loyer...
C'est Clarence "Pinetop" Smith qui inventa le mot de "Boogie-Woogie" en enregistrant en 1928 son célèbre "Pinetop's Boogie Woogie". A la suite de cet enregistrement, cette expression désigna ce style de musique très caractéristique.
Clarence Smith dit Clarence "Pinetop" Smith
L'interprétation de 1928...
Le terme de "Boogie-Woogie" vient d'une image se référant au rythme très caractéristique des trains (tadam... tadam... tadam...), ce bruit venant des roues du train qui passent avec un petit à-coup d'un rail à l'autre. Or les essieux sont groupés par deux au sein d'un "bogie" (boogie en anglais), supportant le wagon, d'où la double percussion répétitive.
C'est Jean-Pierre Bertrand, le pianiste du concert qui nous expliqua tout ceci avec beaucoup de pédagogie. Inutile de vous dire que je suis allée réviser ma leçon sur Google !
Jean-Pierre Bertrand est né en 1955 à Saint-Germain en Laye dans une famille de musiciens. Ayant débuté le piano à l'âge de 9 ans, il assiste à 16 ans à un concert de Memphis Slim et, enthousiasmé par le genre de musique, arrête alors le piano classique pour bifurquer vers le Boobie-Woogie.
Par ailleurs, il suit des études à l'Ecole Hôtelière de Paris et en sort diplômé.
Mon Dieu, que de talents !
Il ouvrira un restaurant Jazz-Club en 1984 dans le 5ème arrondissement de Paris avec son frère, la table d'harmonie, mais cet établissement fermera ses portes en 2009.
Jean-Pierre Bertrand se consacre désormais à sa carrière de pianiste : c'est l'un des meilleurs pianistes de Boogie-Woogie de France.
Je confirme, même si c'est le premier que j'entends !
L'autre musicien est un contrebassiste : Gilles Chevaucherie.
Né en 1950 à Alforville, Gilles Chevaucherie est considéré comme l'un des meilleurs contrebassistes français. Il a fait ses débuts en 1967 avec les "Haricots rouges", l'un des groupes les plus renommés dans le domaine du Jazz New-Orleans. Il s'est par ailleurs distingué aux côtés des plus grandes vedettes noires américaines comme Bill Colleman ou Memphis Slim.
Il s'est établi entre lui et Jean-Pierre Bertrand une véritable complicité musicale dans l'ambiance spécifique du Boogie-Woogie.
L'article de Google dit : "c'est un musicien très recherché, aux talents multiples, intuitif et jovial, qui illustre parfaitement l'esprit qui marque le jazz : générosité et vitalité."
J'approuve !
Il joue du piano debout... !
Un petit extrait du concert pour terminer
Contente de mon après-midi !!!