Depuis plus de 10 ans que nous habitons le 13ème arrondissement, nous ne l'avions pas encore visité... Impardonable n'est-ce pas ! Heureusement, cet oubli est réparé grâce à l'association "Secrets de Paris" qui nous a proposé hier une visite guidée du quartier chinois fort bien documentée et bien sûr très pittoresque.
Rendez-vous donné au coin des avenues d'Ivry et de Choisy : station Vélib.
Ca tombe bien, on est venus en vélo !
La communauté "chinoise" est composée dans ce quartier à 80% par des chinois et à 20% par des vietnamiens, des laotiens ou des cambodgiens. Elle représente 12% de la population totale du 13ème arrondissement de Paris, soit 20 000 personnes. La prospérité économique du quartier dont elle est à l'origine a fait monter le prix de l'immobilier et la population a dû migrer vers d'autres quartiers plus populaires pour se loger, tout en y conservant leur activité commerciale : de l'herboristerie au cabinet radiologique en passant par les pharmacies et les banques bien sûr (le nerf de la guerre), toutes les enseignes sont chinoises (traduites en français aussi car c'est une population qui s'est bien intégrée).
Thomas Dufresne, notre guide, commence la visite en nous faisant découvrir une véritable caverne d'Ali Baba en matière d'herboristerie naturelle "La calebasse verte", située dans une petite rue donnant sur l'avenue de Choisy. Ici, on trouve de tout pour se soigner des pieds à la tête mais attention : il faut savoir ce qu'on vient y chercher car on n'y donne aucun conseil et on y perd son latin en entendant parler... chinois !
En continuant l'avenue de Choisy, on passe devant plusieurs restaurants : notre guide nous signale au numéro 44, "Au bonheur d'Asie" qui offre un buffet à volonté pour 10-11 euros en semaine le midi, un peu plus cher en week-end. Il faut payer le buffet avant de déguster... Il faudra qu'on l'essaie !
A moins qu'on ne teste une autre fois, toujours sur les conseils de notre guide "l'Impérial Choisy" au numéro 32, un bon restaurant même si l'accueil n'est pas son fort... On se bouscule souvent pour y avoir une place et manger des plats (que l'on ne trouve pas partout) pour environ 25-30 euros.
Un peu de nourriture spirituelle pour changer : notre promenade nous entraîne maintenant vers Notre Dame de Chine, une église consacrée en 2006 et réservée à la communauté chinoise de Paris. Elle est située au 27, avenue de Choisy tout contre l'église Saint-Hypolite qui, quoique suffisament grande, s'adaptait mal aux besoins d'une communauté catholique fraîchement sortie du communisme et qui ne se reconnaissait pas dans une église traditionnelle française présentant Jésus sous les traits d'un enfant blond aux yeux bleus...
Un chemin pavé sinueux symbolisant le dragon que l'on doit chevaucher avant d'entrer dans une construction chinoise guide les fidèles jusqu'à l'entrée de l'église.
Notre guide devant l'église
Même si ici les missels sont les mêmes qu'à Saint-Hyppolite et mis à disposition des fidèles contre ce mur fait de galets provenant des plages normandes,
le petit Jésus a les yeux bridés (!) et un poisson dans la main qui représente, dans la culture chinoise, les chrétiens.
Nous traversons ensuite le centre Massena en passant près du restaurant "Chine Massena" qui peut recevoir jsuqu'à 800 convives lors des mariages qui s'y déroulent...
pour aller nous ballader dans un des hypermarchés chinois du quartier : j'ai nommé "Paris Store", le concurrent des "Frères Tang".
Au plafond du magasin, les lanternes donnent le ton.
L'alimentation au rez-de-chaussée est approvisionnée avec des produits typiquement chinois. Ici, des fruits du dragon que je me propose de déguster un de ces quatre...
A l'étage, un dragon de tissu décore le magasin. De la vaisselle : en veux-tu en voilà et aussi des jeux d'échecs, des fleurs artificielles pour fêter l'arrivée du printemps, des bouddhas, des petits autels pour la maison (Le culte des ancêtres n'est pas oublié) etc etc... Bref, ici c'est la Chine !
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Sitôt sortis du magasin, nous nous retrouvons sur la dalle des Olympiades cernée par les buildings construits dans les années 60-70 pour mettre fin à l'insalubrité de certains quartiers du 13ème, juste avant l'afflux des boat-people..., une chance pour les architectes dont le projet commençait à tomber à l'eau !
C'est dans cet univers de béton que se trouve "l'amicale des Teochew en France", un lieu de culte bouddhiste bien sûr mais aussi d'identité culturelle de cette communauté issue de la province du Guangdong au sud du pays.
Deux grands brûle-parfums (placés à l'exptérieur du temple pour des raisons de sécurité) marquent l'entrée du temple qui occupe un espace de 200 m².
A l'intérieur, après s'être déchaussés, on accède à une première petite salle où trône la statue du "grand immortel Huang", sereinement installé parmi les offrandes. Huang Chuping est né en 328 de l'ère chrétienne sous la dynastie . A l'âge de 15 ans, il se retira dans une grotte pour y étudier la Voie et comprendre les principes du taoïsme afin de devenir immortel. Après avoir toruvé la Voie, il parvint à devenir immortel après quarante années d'efforts. Il est vénéré en tant qu'immortel qui apporte fortune et bonheur.
On entre ensuite dans la salle principale du culte où dix-huit "Luohan" (arhat en sanscrit) d'allure plus ou moins étrange, voire menaçante... (9 de chaque côté) apportent néanmoins vertu et bonté à tous. Ce sont des gardiens immortels et protecteurs de la Loi, disciples de Bouddha. En Chine, ils sont vénérés, adorés et honorés depuis les dynasties Tang, soit depuis 1500 ans environ... Les pupitres ne servent pas à faire de la musique contrairement à ce que l'on pourrait penser : les fidèles bouddhistes y accomplissent les gestes prescrits par la tradition face à l'autel principal où sont situés les trois Bouddhas.
Deux autres autels latéraux permettent aux fidèles de venir se recueillir.
Mais retrouvons la vie avec la Chine ouvrière. le magasin "Chhay Hac" de la galerie marchande vend et répare les machines à coudre : un vieux souvenir pour nous français du 21ème siècle... et un peu de nostalgie peut-être ?
Dans le magasin "Ao-Ta", on trouve de riches brocards nous dit notre guide.
En témoigne ce mannequin qui trône en vitrine.
Et puis, la dalle des Olympiades, c'est encore le domaine des restaurants !
"L'Asia Palace" (44, avenue d'Ivry) propose le canard laqué de Pékin en trois services : la peau croustillante servie avec des crêpes chinoises, la soupe de canard et les nouilles sautées qui accompagnent la viande, le tout pour 64 euros : un plat qui peut convenir pour 2 personnes (gourmandes) ou 4 plus petits appétits !
Rue du disque, c'est aussi l'adresse de ce temple dédié au culte de Bouddha. Mais pour trouver le temple, mieux vaut y avoir été conduit par un connaisseur : il se trouve au numéro 37 mais... dans le parking sousterrain de l'immeuble !
Autant, comme vous pouvez le constater, les abords sont sinistres... autant à l'intérieur y règne une grande sérénité. Est-ce parce que nous sommes samedi ou est-ce tous les jours, je ne sais pas, mais il y avait ici réunis près des autels dédiés au Bouddha plusieurs musiciens jouant des instruments typiques (instruments à vent, violon à 3 cordes) qui n'ont pas prêté attention à notre intrusion (discrète). Note : ici, on n'enlève pas ses chaussures !
Au fait, mon signe chinois est le buffle ! et le vôtre ? Cliquez ici pour savoir.