Trois thèmes pour ce nouveau "Mardis Découvertes" : Forge, Spiritualité et Art
Rendez-vous nous est donné d'abord à Vanvey, un village de seulement 200 habitants situé à une quinzaine de kilomètres à l'est de Châtillon.
C'est Madame Fonquernie, conseillère municipale, qui nous y accueille pour nous faire visiter l'ancienne forge située à 300 mètres en amont du village. Les bâtiments qui servaient d'usine sont tombés en ruine, seules les maisons des ouvriers sont entretenues car elles sont occupées actuellement par une dizaine de familles.
Comme vous pouvez le constater, l'intitulé de la sortie a attiré un public nombreux.
Tout était réuni à Vanvey pour qu'une forge s'y installe très tôt dans l'histoire : le minerai de fer dans le sous-sol, le charbon de bois (la région est boisée) et l'eau (l'Ource traverse le village.)
Les bâtiments actuels datent du début du XIXème siècle.
Chaque famille ouvrière était logée dans une pièce unique possédant une pierre à évier et une cheminée. Quant à l'eau, les gens allaient bien sûr la puiser au puits qui existe toujours dans le jardin.
Madame Fonquernie nous montre la carte de la région avec les deux bras de l'Ource (le bras naturel et le bras canalisé).
Voici le bras canalisé : à sec en cet été caniculaire...
et voici ce qu'il reste des bâtiments de la Forge
Vue sur le village, depuis la forge
Avant de quitter Vanvey, nous reprenons les voitures pour nous rendre sur le site de la visite suivante, une butte qui culmine à un peu plus de 300 mètres et sur laquelle se trouve la chapelle Saint-Phal (c'est le volet "spiritualité" de cette sortie).
La chapelle actuelle n'est autre que le chœur de l'ancienne église paroissiale des villages de Vanvey et de Villiers-le-Duc. Ayant subi les outrages de la révolution, le transept et la nef sont démolis vers 1816 tandis que les deux communes se dotent chacune de leur propre église.
On voit bien sur cette photo le départ des voûtes préexistantes.
Madame Fonquernie nous fait l'historique du lieu : il pourrait s'agir d'un oppidum proto-historique mais, même si une nécropole mérovingienne y est connue depuis longtemps, aucune fouille n'a jamais été entreprise. La christianisation du site remonte sans doute au VIII ou IXème siècles.
Phal (ou Fal ou Faule ou encore Fidolus en latin) est né à Clermont en Auvergne au début du VIème siècle. C'est Aventin, supérieur de l'Abbaye de l'Isle-Aumont et évêque de Troyes, qui le racheta contre douze écus à l'armée de Clovis qui l'avait fait prisonnier. Il le nomma abbé et c'est Phal qui le remplaça à sa mort à la tête du monastère.
Phal eut sans doute une vie exemplaire puisqu'il devint Saint mais rien de précis n'est connu à ce sujet.
L'église était autrefois un lieu de pèlerinage où les fidèles venaient adorer les reliques de Saint-Phal (un morceau d'os du saint dans un reliquaire en forme de bras). Cette relique est maintenant conservée dans l'église principale de Vanvey, à l'abri des curieux.
Une grande foire se tenait aussi chaque année à proximité de l'église le 15 mai : on dit qu'il y eût jusqu'à 20000 personnes dont certains venant de très loin (la Lombardie)...
La chapelle est entourée d'un cimetière.
S'y trouvent, entre autres, les tombes de sept jeunes soldats britanniques décédés en 1942 suite à la chute de leur bombardier.
Mais revenons à notre chapelle : le porche qui la précède a été ajouté au XIXème siècle.
Vue générale de l'intérieur de l'église
Quand la chapelle fût restaurée en 1885, on découvrit une fresque de l'Annonciation qui a été datée du XVème siècle. A gauche, le donateur est agenouillé et lit une prière à la Vierge : il s'agit probablement d'un chanoine car il est vêtu d'une robe noire et d'un surplis blanc. Derrière, son saint patron Saint-Phal. A côté, un ange en dalmatique tient un phylactère où sont inscrits les mots "Ave... gratia plena Dominus tecum", le "Je vous salue Marie" et en dessous un bouquet de lys, emblème de la Vierge. Les lys ont été curieusement noircis lors de la restauration...
Détail : le donateur, son Saint Patron et l'ange
L'ange et la Vierge Marie
A l'issue de cette visite, nous reprenons les voitures pour nous rendre à Prusly-sur-Ource chez Laurence Petit : celle-ci nous accueille pour nous parler de son métier de potière.
Cette maison datant de 1821 porte une pierre près de la porte d'entrée gravée des mots : "Joséphine Mancy, âgée de 17 ans, le 20 août 1838". Elle est répertoriée sur internet sans qu'on sache exactement à quoi cela correspond...
C'est en photographiant les fleurs que je me suis aperçue de son existence !
Autre jolie maison au porche ornementé d'une bignonne
Du haut de ce grenier désaffecté, l'enseigne de Laurence Petit nous souhaite la bienvenue.
Voici son atelier, hérité de son père, menuisier.
Laurence Petit s'est essayée à plusieurs autres métiers d'art avant d'ouvrir son atelier de poterie en 1998 dans son village natal. Elle a ainsi fait de la peinture, de la sculpture, crée des bijoux et s'est même essayée avec succès au tricotage ! C'est au CNIFOP de Saint-Amand-en-Puisaye (dans la Nièvre) qu'elle se forme au métier de céramiste. Une année d'études tout d'abord pour parvenir à maîtriser le tour, puis une autre année pour apprendre à décorer les pièces. Ajoutez à cela deux ans passés à parcourir la France à la rencontre d'autres potiers..., cela lui fait une belle carte de visite !
La voici qui commence sa démonstration devant notre groupe tout ouïe (regardez comme les enfants semblent intéressés). Laurence a en effet la gentillesse de nous expliquer son travail tout en travaillant.
Beaucoup de pédagogie chez cette jeune femme qui, à l'origine, se destinait à être institutrice.
Laurence Petit travaille le grès blanc, soit à la plaque, soit au tour. Après avoir pesé la matière préalablement découpée au "fil à couper le beurre" (environ un kilo pour faire un pichet), elle la pétrit en "tête de bélier" pour l'homogénéiser.
Le travail du tour
La matière posée sur le tour prend tout d'abord la forme d'un "cendrier" avant de se creuser et de s'élancer sous les mains habiles de la potière. Pour ce faire, celle-ci utilise des outils qu'elle a parfois faire faire sur mesure comme l'estèque (un outil en fer destiné à lisser ou redresser une forme). Une bassine d'eau, une éponge, des pinceaux, des grattoirs et même des capuchons de feutres... complètent l'outillage de la potière.
Pendant ce temps sur un coin de l'établi, les enfants mettent la main à la pâte...
Trop tentant !
Laurence Petit fabrique ensuite devant nous une boule... fermée !
Et voilà !
Laurence répare ici une boule qu'un enfant lui a demandé de trouer...
La pose des anses sur les gobelets : un travail très délicat...
Laurence vient de finir de décorer le gobelet : les chouettes sont l'une de ses spécialités (elle exécute également des iris et des coquelicots et fabrique également différents objets sur commande).
Puis viennent les étapes du séchage (15 heures), de la décoration et de l'émaillage avant cuisson au four à 1250 degrés.
Le résultat est splendide, non ?
Un clin d’œil à la région vinicole...
Sympas ces trois visites !