Ce jeudi matin, j'ai rejoint des connaissances de mon association, Générations 13, pour aller découvrir ensemble, avant que l'endroit ne soit interdit d'accès ou son accès sévèrement réglementé, le Village des athlètes de Paris 2024 au nord de la capitale, sous la conduite d'Anne et de Françoise, toutes deux bénévoles de l'atelier Balades urbaines.
Après un long parcours en métro comprenant plusieurs changements, nous descendons à la station Carrefour Pleyel située sur la commune de Saint-Denis.
Avec Monick
Avec bibi fricotin
Mais pourquoi ce nom de Carrefour Pleyel me direz-vous ?
En fait, la route de la Révolte - ouverte à partir de 1750 depuis la porte Maillot pour permettre à Louis XV de se rendre directement de Versailles à Saint-Denis sans avoir à traverser Paris susceptible d'être en proie à des émeutes - change de nom en 1824 pour devenir le boulevard Anatole France en hommage à l'écrivain qui vient de décéder.
Et c'est en 1865 que la célèbre manufacture de pianos ouvre ses portes à cet emplacement, dans un vaste atelier de 50.000 m2.
Pour aller sur le site des pianos Pleyel, cliquez ICI.
La belle histoire des pianos Pleyel...
Entre 1969 et 1973, la tour Pleyel, haute de 37 étages (129 mètres), est édifiée juste à côté de la manufacture qui disparaitra en 2013.
On aperçoit la tour sur cette photo empruntée à Monick. Initialement constituée de bureaux, elle est en train d'être transformée en hôtels de trois et quatre étoiles (700 chambres) avec piscine panoramique et héliport dans les derniers étages de l'immeuble, tout ceci du fait des JO de Paris 2024.
Le complexe hôtelier en 2023, filmé par un drone
En direction de la Cité du Cinéma
Voici quelques uns des immeubles nouvellement construits pour accueillir les athlètes olympiques venus du monde entier.
Un peu plus loin, la nature a encore gardé ses droits (au fond, la tour Pleyel).
La Cité du Cinéma est abritée dans cette ancienne halle, autrefois centrale électrique ouverte en 1907 pour alimenter le réseau de transports en commun alors en plein développement. Inaugurée en septembre 2012, sous l'instigation de Luc Besson, la Cité du Cinéma est l'équivalent de Cinecittà à Rome. Elle compte 15 000 m2 de bureaux et neuf plateaux de tournage.
En juillet prochain, les 14 500 athlètes des Jeux 2024 viendront se restaurer à la cantine du village olympique de Saint-Denis.
Le premier film à y avoir été tourné est Les Schtroumpfs 2 en juillet 2012. Diverses expositions y ont aussi pris place depuis une dizaine d'années (Star Wars, Harry Potter, Jurassic World).
La Cité du Cinéma est aussi une école gratuite pour les 18-25 ans qui veulent se former en 2 ans aux métiers du cinéma.
Tout le long de notre parcours, nous voyons les ouvriers travailler, l'un s'occupant de l'éclairage des rues, les autres des câbles internet...
Va-t-on faire pousser de la vigne vierge en haut des immeubles comme les tonnelles le laissent supposer ? La réponse d'ici quelques mois...
De place en place, on trouve aussi des bâtiments modernes concernant "la vraie vie", celle qui existait avant les jeux et qui se poursuivra après, heureusement (après les JO, il y aura 2800 logements pour 6000 habitants, des commerces et des bureaux).
Ainsi le Collège Dora Maar qui, je l'ai appris sur le net, sera même délocalisé une semaine en septembre pour laisser place aux Jeux Paralympiques qui accueilleront 9000 athlètes et leur staff.
Ici, une école d'ostéopathie : subira-t-elle le même sort ? Sans doute...
Il y a aussi par-ci par-là des immeubles de bureaux ultramodernes et plutôt jolis.
Puis, nous arrivons dans une partie un peu plus ancienne de Saint-Denis.
Cette boucherie fait même épicerie ! Il faut dire que pour l'instant les commerces sont un peu rares je trouve.
Continuant tout droit, nous rejoignons Saint-Ouen et son Grand Parc des Docks.
A l'entrée du parc, le château de Saint-Ouen dans lequel Louis XVIII signa la Déclaration dite de Saint-Ouen le 2 mai 1814 marquant le retour de la Restauration après l'abdication de Napoléon. Il y reconnaît, malgré le rétablissement de la monarchie, certaines libertés politiques et sociales, acquises sous la Révolution et pendant l'Empire. A l'heure actuelle, le Château de Saint-Ouen est Conservatoire de musique, danse et théâtre et espace d'exposition.
L'édifice (photo Monick) se présente sous la forme d'un pavillon carré à l'italienne sur trois niveaux. Chaque niveau est conçu différemment, avec de grandes fenêtres en plein cintre au rez-de-chaussée, rectangulaires au premier et carrées et plus petites au second. Un péristyle à colonnes doriques encadre l'entrée principale. Il est surmonté d'un entablement et d'un balcon à balustres du haut duquel, dit-on, la comtesse Zoé du Cayla admirait la Seine.
Le château de Saint-Ouen fut en effet érigé entre 1821 et 1823 par Louis XVIII pour Zoé Victoire Talon, comtesse du Cayla, sa dernière favorite. Un lien étroit unit ainsi le château, témoin de la vie privée du roi, et la Déclaration de Saint-Ouen, un des moments clefs de son accession au trône.
D'ici, je trouve qu'on a un peu l'impression de se trouver dans le parc Martin
Luther-King que nous avons visité récemment, également grâce à Françoise et Anne.
La végétation y est savamment ordonnée pour simuler une pousse naturelle.
Idéale, cette grande chaise pour surplomber le paysage !
Le Grand Parc des Docks couvre une surface de 12 hectares : il est le poumon vert de Saint-Ouen.
Une centaine d'essences d'arbres (orme, poirier sauvage, cerisier, tilleul, bouleau...) ont été plantées dans le parc, lui permettant ainsi d'évoluer au rythme des saisons. Elles contribuent au développement de la biodiversité locale.
De larges allées cimentées permettent de circuler aisément.
La nature à repris ses droits ici pour le plaisir des riverains habitant les immeubles modernes surplombant le parc.
Le Grand Parc est au centre du système de gestion raisonnée des eaux pluviales de l’écoquartier.
La météo est avec nous aujourd'hui !
Le Grand Parc comprend aussi 5 000 m2 de jardins partagés (autrefois destinés aux ouvriers d'Alstom-Areva) qui ont été attribués depuis à une quinzaine d'associations et dont les jardins individuels, réservés aux audoniens (les habitants de Saint-Ouen) font en moyenne 8m².
Sentez-vous les bonnes odeurs de rose... ?
Une petite chouette photographiée par Monick
Pour jardiner, il faut du matos...
La Mairie de St Ouen a aussi voulu installer un poulailler dans le parc pour reconnecter les citoyens à la nature et lutter écologiquement contre les frelons dont la poule raffole.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Elles s'appellent Victorine, Majorette, ou Rosette (pour cette dernière, j'invente !)
Chemin faisant, nous avons rejoint la Serre Wangari. Celle-ci a pour mission de faire adhérer tous les citoyens à la transition vers une ville durable et écologique. Elle est aussi en charge de l’éducation à l’écologie des jeunes et des scolaires : des interventions sont ainsi déployées dans les écoles et l’équipe de la serre accueille des classes tout au long de l’année.
La Serre Wangari s’inscrit dans l’agenda Saint-Ouen 2030 et accompagne la mise en place des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Elle tire son nom de Wangari Muta Maathai (1940-2011) qui a été la fondatrice du Green Belt Movement, organisation pour la reforestation et l'accès à l'autonomie des agricultrices du Kenya et de toute l'Afrique. Pour son action militante et féministe, celle-ci a reçu le Prix Nobel de la Paix 2004.
Les tissus africains sont toujours superbes, non ?
Originales ces banquettes en ballots de paille...
A l'intérieur, des plantes semées par les jardiniers ou les enfants des écoles pour leurs projets... Ne pas toucher !
A l'intérieur de la serre, un coin bibliothèque généraliste en accès libre a été pensé.
Ce panneau explique que les jardiniers ont semé une prairie fleurie et pratiquent le fauchage tardif pour favoriser la présence des fleurs sauvages qui attirent insectes et oiseaux.
L'Etoile verte (la cheminée du centre d'incinération ici à droite) est mise en lumière le soir. Elle est la mémoire du Saint-Ouen ouvrier qui tend à disparaître aujourd'hui face à la ville nouvelle qui n'arrête pas de pousser comme un champignon...
Plusieurs espaces de jeux sont installés à destination des enfants et des jeunes.
En bordure du parc, un canal où nagent canards et cygnes. Communique-t-il avec la Seine, sa voisine, je n'ai pas trouvé.
Une très jolie clôture en béton perforé ceint le parc du côté de la rue des bateliers.
Allez, un dernier regard sur le parc où un héron a élu domicile.
Nous rejoignons ensuite La Communale, ce lieu festif et gourmand récemment ouvert dans les locaux de la halle de l'ancienne usine d'Alstom : "The Place to Be" si vous habitez Saint-Ouen, et même ailleurs !
Cet endroit, proche de la Seine, dans le quartier des Docks, est ouvert tous les jours sauf le lundi de 8h à minuit.
On peut y faire ses courses,
son marché...
ou même y déjeuner.
Certains d'entre nous y resteront justement pour casser la croûte mais je fais partie du petit groupe qui part avec Françoise rejoindre le métro.
Nous quittons donc ce lieu où je me suis promise de revenir.
Dans la rue, plusieurs structures de jeux font sans doute le bonheur des enfants.
On peut même y jouer aux dames ou aux échecs !
Après un rapide passage à travers La Nouvelle Manufacture Design de l'agence Saguez & Partners, autre grande halle désaffectée dont voici l'état ancien,
et l'état actuel...
Un paradis tropical, non ?
Ce lieu atypique est le nouvel espace de travail des 150 collaborateurs de l'agence.
Nous reprenons le métro, lignes 13 ou 14, à la station Mairie de Saint-Ouen.
Un énorme merci à Anne et à Françoise pour cette super balade architecturale qui a enchanté tout le monde, je pense pouvoir le dire.