Ce vendredi après-midi il faisait un soleil radieux pour la balade intitulée "Belleville la rouge" des "Petites promenades dans Paris"du vendredi.
Anne-Marie qui l'organisait m'a rappelé que j'avais déjà fait cette promenade précédemment et que je l'avais relatée dans mon blog à l'époque : c'est vrai qu'au fil de la promenade j'ai retrouvé des lieux connus ! La balade s'intitulait alors "Les métallos de Belleville".
Je fais donc un copier-coller en ajoutant quelques photos de la sortie de 2018.
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Le rendez-vous était donné au métro Parmentier.
Dans la rue Jean-Pierre Timbaud où nous démarrons notre circuit se trouve une ancienne cité ouvrière , "la cité d'Angoulême". Au rez-de-chaussée les ateliers et dans les étages les habitations des ouvriers des fonderies et du travail du cuir au XIXème siècle.
Au bout de la cité, on débouche, dans une cour, sur un bâtiment à l'élégante architecture : il s'agit d'une ancienne manufacture (celle des frères Dutertre, peintres et décorateurs sur porcelaine) qui abrite actuellement les ateliers de Jean Nouvel. J'ai gardé pour mémoire ma photo de la promenade précédente car je me suis aperçue que l'horloge avait été restaurée depuis notre passage...
Nous continuons notre ballade en empruntant le passage de la fonderie, un vrai havre de paix à l'heure actuelle, mais qui devait retentir du bruit assourdissant des forges et du passage des clients à l'époque. Comme vous pouvez le constater, les habitants ne sont pas avares de végétation.
Au bout du passage, la cour a été réaménagée avec des logements modernes fort élégants.
La curieuse fresque mi-animal mi-végétal qui fait penser à la fable du corbeau et du renard date de 1992 et a été exécutée par J. Servières. je n'ai rien trouvé sur cet artiste sur le net...
Empruntant la rue Saint-Maur puis la rue Jean-Pierre Timbaud, nous arrivons à la Maison des métallos. Face à elle, la statue de Jules Pendariès (1925) intitulée "le répit du travailleur" a été bâillonnée : est-ce par rapport aux événements actuels... ? Cela se pourrait bien !
Initialement manufacture mondialement connue, fabriquant des instruments de musique en cuivre, puis haut lieu du syndicalisme et actuellement Etablissement Culturel de la Ville de Paris (théâtre, cinéma, conférences, expositions, danse...), la Maison des métallos a surtout le projet d'allier exigences artistiques et préoccupations sociétales.
Anne-Marie nous fait remarquer la lyre qui se trouve en haut de la grille en fer forgé donnant accès à la cour, rappelant l'ancienne vocation musicale du lieu.
Dans la cour intérieure de l'ancienne usine, une plaque rappelle que Jean-Pierre Timbaud, métallurgiste parisien et syndicaliste CGT, a été fusillé par les nazis en 1941 en tant que communiste suite à l'attentat perpétré par la branche armée du PCF contre le Feldkommandant Karl Hotz.
Au 98 de la rue Jean-Pierre Timbaud se trouve un immeuble de briques rouges tout à fait banal mais si on s'aventure derrière la grille qui en ferme l'entrée on découvre une succession de trois cours possédant des petits ateliers d'artistes bien sympathiques. Ici, le temps semble s'être arrêté...
tout comme au 154 de la rue Oberkampf voisine où se trouve une cité d'artistes dont les maisonnettes, prêtes à tomber, tranchent avec les constructions modernes qui les surplombent. Je ne donne pas cher de cet endroit dans un avenir pas si lointain... !
Non loin de là l'église Notre Dame de la Croix de Ménilmontant s'élève en haut des 54 marches de l'escalier qui en permet l'accès : la rue de Ménilmontant grimpe sec en effet.
Regardez le beau soleil dont nous avons bénéficié...
Ici ce panneau rappelle que c'est des hauteurs de Belleville que viennent les eaux ayant alimenté les premières fontaines parisiennes à partir de la fin du XIXème siècle.
Le chemin de fer de la Petit Ceinture servait autrefois de liaison aux voyageurs désireux de se rendre d'une gare à l'autre dans Paris. Elle faisait le tour de Paris (32 kms) à l'intérieur des boulevards des Maréchaux et ceci jusqu'en 1934. Désertée par les parisiens qui lui préfèrent ensuite le métro, elle sert alors au trafic des marchandises et est définitivement fermée dans les années 90.
La passerelle ayant desservi l'ancienne gare de Ménilmontant, aujourd'hui disparue
Heureusement, il en existe encore des cartes postales...
Anne-Marie, un brin nostalgique du passé (!), nous fait écouter la chanson de Charles Trénet "Ménilmontant".
Pour franchir les côteaux de Belleville et de Charonne, deux tunnels ont été creusés.
Après avoir emprunté la rue de la Mare, nous arrivons rue des Cascades dont le nom comme celui des Savies indique une fois de plus l'existence de sources à Belleville. Au Moyen-âge, les religieux du Prieuré Saint-Martin des Champs captèrent en effet une partie de cette rivière pour s'alimenter en eau. A cette époque, l'approvisionnement de Paris était essentiellement assuré par la Seine et par quelques puits, souvent peu salubres. Les "regards", petits bâtiments destinés à protéger les sources, sont les derniers vestiges conservés de ces travaux.
Voici le regard Saint-Martin - encore appelé "regard des petites rigoles" : il est situé au 42 de la rue des Cascades.
En haut du bâtiment, une inscription en latin qu'internet a gentiment traduite :
« Fontaine coulant d'habitude pour l'usage commun des religieux de Saint-Martin de Cluny et de leurs voisins les Templiers. Après avoir été trente ans négligée et pour ainsi dire méprisée, elle a été recherchée et revendiquée à frais communs et avec grand soin, depuis la source et les petits filets d'eau. Maintenant enfin, insistant avec force et avec l'animation que donne une telle entreprise, nous l'avons remise à neuf et ramenée plus qu'à sa première élégance et splendeur. Reprenant son ancienne destination, elle a recommencé à couler l'an du Seigneur 1633, non moins à notre honneur que pour notre commodité. Les mêmes travaux et dépenses ont été recommencés en commun, comme il est dit ci-dessus, l'an du Seigneur 1722 ».
Un écusson est visible sur une pierre située en haut à gauche de la porte. Selon M. Louis Tesson, il représenterait un saint Martin déchirant son manteau. Il affirme également qu'un deuxième écusson était placé de l'autre côté de la porte.
En continuant la rue des cascades, une très jolie maison
Sur le côté, une fresque florale avec "l'homme blanc" de Jérôme Mesnager
La rue des Cascades débouche sur la place Henri Krasucki, syndicaliste français membre du PCF et Secrétaire Général de la CGT.
Par un escalier nous arrivons sur la rue des Pyrénées ainsi nommée en raison de son aspect escarpé, particulièrement du côté des Buttes-Chaumont.
Bien qu'elle soit très passagère, on y trouve encore des îlots de verdure...
Comme ici, la Villa de l'Ermitage
avec ses amusantes fenêtres décorées par les riverains
et son concours d'épouvantails !
La Cité Leroy un peu plus loin
Avouez qu'on ne se croirait pas à Paris...
Donnant sur la rue de Ménilmontant, le Jardin du Carré de Baudoin avec sa "folie". Témoin authentique et unique des maisons de campagne édifiées au XVIIIème siècle pour les aristocrates et les bourgeois enrichis, cette maison fut construite en 1770, pour Nicolas Carré de Baudoin puis apartint à la famille Goncourt. A partir de 1836 les soeurs de Saint-Vincent de Paul y fondèrent dans le bâtiment adjacent un orphelinat "L'asile des petits orphelins". Racheté par la Ville de Paris, c'est aujourd'hui un espace culturel.
Si vous avez le vertige, passez vite sur la photo qui suit : elle a été prise depuis le haut de la rue de Ménilmontant. Au loin, la tour Saint-Jacques et le Centre Pompidou.
Aux 19-21 de la rue Boyer, on trouve un bâtiment riche d'une histoire ancienne qui l'ancre dans la mémoire ouvrière. Il s'agit de "la Bellevilloise".
Wikipédia explique...
En 1877, les ouvriers bellevillois fondent un petit dépôt d'épicerie au 10 de la rue Chevreau ouvert deux soirs par semaine. Il devient bientôt une coopérative ouvrière et celle-ci fonctionne jusqu'en 1936 (elle ferme avec la chute de la BOP : Banque Ouvrière et Paysanne). La coopérative propose à ses adhérents des produits de consommation courante (pain, viande, charcuterie, épicerie, charbon, ameublement, habillement) à prix réduit ; les achats en grosses quantités auprès des producteurs, souvent des coopératives ouvrières de production, et la limitation des marges lui permettent de toucher une large clientèle, qu’elle associe aux bénéfices de l’entreprise : en 1912, elle compte 9 000 sociétaires, réalise 5 MF de chiffre d’affaires annuel et dispose de plusieurs dizaines de magasins de vente, ou « répartitions », dans les 19ème et 20ème arrondissements ; en 1929, elle compte 15 000 sociétaires.
À partir de 1900, sa prospérité commerciale lui permet de financer diverses œuvres sociales très actives. Elle ajoute alors à sa vocation consumériste une mission éducatrice et sociale qui repose sur
1- Le patronnage laïque : il a pour mission « de soustraire les enfants, garçons et filles, aux mauvaises fréquentations de la rue, en leur créant un centre d’éducation et de distraction les dimanche, et en leur permettant de suivre divers cours existants »,
2 - l'Université populaire de la Semaille : celle-ci met à la disposition des coopérateurs une bibliothèque particulièrement riche et éclectique, donne des conférences gratuites et des cours, organise des sorties, anime un club scientifique ouvrier… À partir de 1930, elle propose un cinéma d'art et d'essai, le Cinéma de la Bellevilloise.
3- La musique et le théâtre : le goût pour la pratique musicale est alors très répandu dans les milieux populaires et la Bellevilloise subventionne plusieurs groupes musicaux amateurs.
En juillet 1905, la Bellevilloise crée une société de secours mutuels, la Solidarité mutuelle des coopérateurs de la Bellevilloise, exclusivement réservée à ses adhérents. Celle-ci gère d’abord une pharmacie, puis, à partir de 1913, un puis plusieurs dispensaires.
La "forteresse coopérative", comme on l’a appelée, a été aussi un instrument de socialisation politique, participant activement à la lutte des classes. Servant de soutien logistique, elle ouvrait largement ses salles aux manifestations des organisations ouvrières de diverses obédiences, puis, à partir des années 1920, principalement communistes : permanences, réunions internes, fêtes, meetings, congrès. La façade comporte d'ailleurs sur son fronton la faucille et le marteau...
En 1908-1910, la Bellevilloise édifie sa "Maison du Peuple", aux N°s 19-21 de la rue Boyer, confiée à l’architecte Emmanuel Chaine, dans l’esprit de la Maison du Peuple de Horta, à Bruxelles. Il s'agit d'un vaste ensemble en béton armé et remplissage de briques avec ornementation de mosaïques et de céramique émaillée qui abrite un grand magasin de vente au public, bureaux, café, salles de répétition, salle des fêtes de 500 m²...
Pendant près de soixante ans, la Bellevilloise a joué un rôle déterminant dans la vie économique et sociale de l’Est parisien. Actuellement, c'est un lieu de culture multidisciplinaire : concerts, spectacles, expos, défilés mais aussi café : La Bellevilloise reste un lieu de brassage, de rencontres et d'échanges qui s'ouvre à tout public.
C'est là que se termine notre ballade. Le métro Gambetta n'est pas très loin.
Mine de rien, on en a fait du chemin...