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A l'origine des cérémonies du Nouvel An chinois, un conte...

Je sais, je suis un peu en retard : le Nouvel An chinois édition 2021 a eu lieu le 12 février en Chine et le 13 février en France, dates de la nouvelle Lune de Février.

Mais je viens juste de consulter tous les sites que je connais qui donnent des idées pour "occuper" intelligemment les enfants pendant les vacances (nous avons Louis pour quelques jours avec nous à partir de demain...) et j'ai trouvé sur le site du Petit Palais un conte qui est à l'origine des cérémonies du Nouvel An chinois.

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En Chine, chaque année, entre la mi-janvier et la mi-février, au changement de la lune, les chinois inscrivent des vœux sur des papiers de couleur rouge et les placent tout autour de la porte d'entrée de leur maison. Puis à l’aube, chacun fait exploser des pétards dans tous les recoins du pays. C’est la grande fête du Nouvel An, la plus importante du calendrier chinois.

L’histoire qui va suivre raconte pourquoi les chinois fêtent ainsi le passage à la nouvelle année.

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Boite en forme de poisson-dragon, XVIIe-XVIIIe siècle, Chine

Histoire du Nouvel An chinois

Ce conte est issu de la tradition orale chinoise.

Il y a bien longtemps, quand de puissants dragons vivaient sur la terre et dans les mers, personne ne célébrait le nouvel an lunaire. Dans un certain village, ce jour était même le plus mauvais jour de l'année. Un habitant avait tué un dragon des mers. Tout le monde savait alors que c’était une chose terrible car le fantôme du dragon revenait hanter le village chaque année à l'aube du nouvel an.

Assiette, décor famille verte, XVIIIe siècle, Chine

A l'origine des cérémonies du Nouvel An chinois : un conte...

Lorsqu’il apparaissait, il secouait son horrible tête et hurlait :

- J'ai faim. Donnez-moi un fils premier-né à manger.
- Non ! non ! Nous ne ferons pas ça ! répondaient les villageois en pleurs.
- Nous ne vous donnerons pas d'enfant à manger !
- Alors je vous tuerai tous !

Et le fantôme du dragon soufflait son haleine puante et chaude en direction du village. La fumée s’insinuait partout et les villageois commençaient à tousser. Certains perdaient même connaissance.

Un jour, avant qu’ils ne meurent tous, le vieux sage du village décida à contrecœur de donner un enfant nouveau-né afin de sauver le village. Il espérait qu’avec cette offrande, jamais plus le fantôme du dragon ne reviendrait. Mais année après année, le fantôme du dragon revenait et année après année, une famille devait sacrifier son fils premier-né pour satisfaire la voracité de l’animal.

Une année, ce fut au tour de la jeune Veuve Teng de sacrifier son seul enfant, un beau garçon qui allait avoir cinq ans.

Dame chinoise, décor famille rose, XVIIIe siècle, Chine

A l'origine des cérémonies du Nouvel An chinois : un conte...

Comme le voulait la tradition, quatre jours avant le nouvel an lunaire, le prêtre taoïste quittait le temple et s’en allait à travers le village jusqu’à la maison de l’infortunée qui devait sacrifier son premier enfant. Comme il marchait en direction de la crique où se trouvait la maison de la Veuve Teng, tous les villageois se demandaient avec hésitation :

- Où va-t-il cette année ?
- Chez la Veuve Teng. dit une femme
- Oh non pas chez elle. C'est son seul enfant ! s’écria une autre.

Les voisins de la Veuve Teng s’étaient rassemblés tout autour de sa maison. Ils s’attendaient à entendre des cris de douleur au moment où elle apprendrait la terrible nouvelle. Mais rien. Aucun son ne parvenait de sa petite maison. Lorsque le prêtre fut reparti, ils se précipitèrent pour voir ce qui se passait et la trouvèrent assise dans sa cuisine.

-Le prêtre ne vous a pas dit la nouvelle ?
- Si, il me l’a dite, répondit la veuve calmement.
- Mais pourquoi ne pleurez-vous pas ?
- Parce que je n'ai pas de temps pour pleurer, leur dit la Veuve Teng. Je pense à une façon de rouler le fantôme de dragon. Il n'aura pas mon fils.

Enfant dansant, XVIIIe siècle, Meissen, Saxe

A l'origine des cérémonies du Nouvel An chinois : un conte...

Pendant trois jours et trois nuits, elle arpenta le sol de sa maison essayant d’échafauder un plan. De temps en temps, elle faisait une pause et regardait son fils qui jouait dans la cour. Elle priait aussi à l’autel de ses ancêtres et de tous les dieux dont elle connaissait le nom. Lorsque son fils s’endormait, elle s’asseyait à côté de lui et lui caressait doucement le visage. Elle alla même consulter la diseuse de bonne aventure et les prêtres. Mais aucun ne savait quoi faire. La situation semblait désespérée.

Lasse de tant attendre, de tant marcher, de tant prier, elle s’endormit épuisée sur le sol de sa maison, devant l’autel des ancêtres de la famille. Son petit garçon se dit qu’il ne devait pas la réveiller car elle rêvait peut-être et il ne voulait pas interrompre son rêve.

Bien lui en prit car effectivement sa mère rêvait. Comme elle n’avait pas dormi depuis trois jours, des rêves lui venaient en cascade. Elle voyait des dragons et des fantômes, la peur et la crainte, des enfants innocents et de la douleur, du sang et de grands bruits et puis de la joie, le tout tourbillonnait dans sa tête.

Quelques heures avant l'aube, elle s’éveilla et secoua doucement sa tête encore douloureuse d’avoir tant rêvé. Alors, le miracle se produisit. Les images décousues des rêves s’assemblèrent et elle sut ce qu’il fallait faire.

Bien que redoutables, les dragons de ses rêves avaient peur de deux choses : la vue du sang et les bruits violents.

-Quand quelqu'un a peur, se dit-elle, il s’enfuit en courant. Mon plan est simple : je mettrai du sang sur ma porte et je ferai tant de bruit que le fantôme du dragon sera effrayé et partira en courant… Hélas, je suis si pauvre que je n'ai pas même un poulet à tuer pour prendre son sang.

Courageuse et déterminée, elle prit son couteau le plus pointu et se coupa au doigt. Puis elle laissa couler son sang goutte à goutte sur un tissu jusqu'à ce que l’étoffe en soit totalement imbibée et toute rouge. Elle prit le tissu et l’accrocha sur la porte de la maison.

-Pour les bruits violents, se dit-elle, les pétards seraient le mieux mais je n'en ai pas. Je suis si pauvre que je ne pourrai pas en acheter.

Elle réfléchit et pensa aux bambous. Elle savait que lorsque des morceaux de bambou brûlent, ils se fendent dans un bruit épouvantable. Elle prit son couteau pointu et s’en alla dans le froid afin d’aller couper une douzaine de grands morceaux de bambou. De retour, elle les plaça en pyramide devant sa porte juste au-dessous du tissu rouge de sang. Ainsi disposés, ils brûleraient rapidement et éclateraient tous à la fois.

Boite en forme de poisson-dragon, XVIIe-XVIIIe siècle, Chine

Histoire du Nouvel An chinois

-Quand devrais-je allumer le feu ? se dit-elle.
Juste à temps. Ni trop tôt, ni trop tard.
Afin qu'il éclate au visage du fantôme de dragon.

A la nuit tombée, elle alluma une petite lanterne et s'accroupit dans l’embrasure de la porte attendant l'aube et la venue du fantôme de dragon.

Elle attendit et attendit. Elle attendit tellement qu’il lui semblait que le soleil s’était figé au-dessous de l'horizon et que le jour ne se lèverait jamais. Tout était calme, si calme que le seul bruit qu’elle entendait était les battements de son cœur. Finalement la lune et les étoiles commencèrent à disparaître du ciel. D’abord faiblement, elle entendit le hurlement lointain du fantôme du dragon. Etait-il temps d’allumer le feu ? Non, le fantôme du dragon était trop loin.

Chacun dans le village était tapi dans son lit, sous les édredons et les couvertures. Personne ne dormait sachant que la Veuve Teng attendait le fantôme de dragon. Seul son fils dormait d’un sommeil d’ange. Tout à coup, un hurlement. Le fantôme du dragon devait être en bas du village. Elle sentait la terre trembler sous le poids des pas du fantôme du dragon. Il avançait en direction de sa petite maison. Il descendait à présent sa ruelle, il s’approchait…

Gourde, décor famille verte, XVIIe siècle, Chine

A l'origine des cérémonies du Nouvel An chinois : un conte...

Arrivé devant la maison de la veuve Teng, le fantôme du dragon s'arrêta net. Il était immense et terrifiant, sa gueule béante laissait entrevoir des dents aiguisées comme des couteaux. Ses yeux énormes et globuleux étaient plus noirs que l’abîme. La veuve Teng retint son souffle. Tout à coup, voyant le linge rouge de sang, l’horrible bête se mit à hurler si fort que tout le village trembla. C’est à ce moment que la veuve Teng jeta sa lanterne sur les bambous qui s’embrasèrent aussitôt et se mirent à éclater dans un fracas épouvantable. Dans un dernier hurlement, le fantôme du dragon s’enfuit en courant à travers le village. La queue basse et les pattes sur les oreilles pour ne pas entendre le bruit des bambous qui éclataient, et disparut piteusement dans le lointain.

Les gens du village accoururent auprès de la veuve Teng qui tenait son petit dans ses bras et lui firent fête. Les cloches du temple se mirent à sonner et de tous les côtés, les gongs célébraient ce grand jour tandis que les pétards faisaient éclater la joie. Depuis ce jour, chaque année, dans chaque village, on accroche des papiers rouges couverts de vœux autour des portes et on allume des pétards bruyants à l'aube. On s’amuse même à fabriquer des dragons de papier que l’on promène à travers les rues, au bout de perches en bois.

Et depuis lors, on n’a jamais plus revu le fantôme du dragon.

Une belle histoire pour expliquer les traditions...

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