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Vacances jurasiennes avec Arlette : visite de la saline royale d'Arc-et-Senans
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Après avoir vu le Musée du sel à Salins-les-Bains, nous prenons la route d'Arc-et-Senans afin d'y visiter le site de la Saline Royale.
Ancienne manufacture de sel du XVIIIe siècle, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial par l’UNESCO, elle est le chef-d’œuvre de Claude Nicolas Ledoux et constitue un témoignage rare dans l’histoire de l’architecture industrielle.
Implantée près de la forêt de Chaux, elle était reliée à Salins-les-Bains (située 143 mètres plus haut) par un saumoduc de 21 kms de long - enterré pour le protéger des intempéries et des pillards - qui acheminait les "petites eaux" (les moins chargées en sel) devant y être évaporées à l'intérieur des bernes (bâtiments d'évaporation du sel).
On y entre par le Pavillon des Gardes qui constituait le seul accès possible pour les hommes et les matières premières : chaque entrant ou sortant était scrupuleusement fouillés afin d'éviter les fraudes. Au rez-de-chaussée, il abritait une prison, un lavoir, un four banal et une boulangerie. À l'étage se trouvaient des logements pour les portiers, les gardiens et l'aumônier de la saline.
Aujourd'hui on y trouve l'accueil avec la caisse (ce bâtiment a donc toujours la même fonction de contrôle) et la librairie.
A l'intérieur, on a la curieuse impression d'entrer dans une grotte : en "cul-de-four", elle évoque les entrailles de la terre dont on extrait le sel.
Celle-ci est décorée d'urnes d'où s'écoule la saumure en voie de cristallisation, un motif omniprésent dans la saline.
Nous commençons la visite - libre - par la découverte du jardin : c'est en effet cette année c'est la 20ème fois que la Saline d'Arc-et-Senans prête son cadre à un Festival des Jardins.
Cette année, c'est sur le thème du cirque que les jardiniers ont planché pour rendre hommage à la Dernière Saison du cirque franc-comtois, le Cirque Plume, qui tire en effet sa révérence en 2020 après avoir révolutionné l'art du cirque pendant plus de trente ans.
Cet espace s'intitule "Fauves".
Le paysagiste a rendu ici hommage aux lions, aux tigres ou encore aux panthères : les imaginez-vous passant à travers ces cerceaux enflammés... ?
En arrière-plan, les bâtiments de la saline
Entrée dans l'arène: eh oui, il faut se baisser !
"La clairière aux contes"
Le visiteur est invité à entrer dans ce bois pour y découvrir - qui sait ? - les esprits qui les hantent...
En tirant sur les ficelles pour donner vie aux marionnettes endormies, nous voilà devenus artistes !
Echappée sur les bâtiments de la saline : à droite au fond, la maison du Directeur et au centre, une "Berne" (atelier d'évaporation de la saumure).
"Tomber, pas tomber"
Au cœur du cercle de peupliers (une allusion à la piste sans doute), l'entracte a commencé...
Ces brumisations au ras du sol sont plus que bienvenues en cette journée chaude.
"Habitat nature"
Cette démarche - construire des lieux de vie en parfaite adéquation avec l'environnement naturel et local, avec des matériaux renouvelables et une empreinte carbone positive - fait allusion à la ville idéale de Claude-Nicolas Ledoux.
Il s'agit d'une "Kerterre" de cinq mètres de diamètre réalisée à partir de mèches de chanvre trempées dans un mélange de chaux et de sable.
La structure en bambou a donné le gabarit.
Une perspective de la ville idéale de Claude Nicolas Ledoux : à l'origine, le projet de l'architecte était circulaire mais il a été abandonné.
Le Pavillon des Commis : le mot "commis" est un peu tombé en désuétude. Il désignait jadis les employés chargés de la vente ou des écritures dans les commerces ou les administrations.
Le pavillon, d'architecture palladienne, portait le nom de "Gabelle" (celui de l'administration chargée de la perception de l'impôt sur le sel) et abritait les bureaux et les logements des contremaîtres et des comptables de la saline. Ne donnant pas sur la cour centrale, il disposait également d'une cour et d'un jardin ainsi que de latrines aux quatre angles du bâtiment.
La cour centrale : vue générale vers le Pavillon des Gardes
J'aurais dû la filmer en panoramique...
Un "Bernier"
Il s'agissait de deux bâtiments identiques dans lesquels dormaient les ouvriers et leurs familles qui étaient ainsi au plus près de leur lieu de travail. Les "berniers" travaillaient aux chaudières et les "sauniers" faisaient sécher les pains de sel.
Chaque aile était divisée en six chambres censées accueillir chacune quatre personnes. Il y avait au centre le foyer de la cheminée et de chaque côté la cuisine et la salle commune destinée aux repas.
Certaines de ces chambres ne recevaient qu'une lumière du jour fort chiche par l'évasement d'une urne renversée.
C'est à l'intérieur des bâtiments appelés "Berniers" que les ouvriers procédaient à l'évaporation de l'eau salée. D'une longueur de près de 80 mètres, chaque berne comprenait quatre bassins en fer appelés "poêles" (15 m x 6 m x 1 m de hauteur) qui étaient fabriqués sur place à la Maréchalerie. Les poêles étaient séparées les unes des autres par des murs intérieurs et la cuite durait entre 24 et 72 heures. Après 18 cuites consécutives, l'activité cessait le temps d'effectuer le détartrage des poêles. Les bernes ont été vidées de leur contenu au début du XXème siècle.
Les charpentes en béton armé que l'on peut admirer aujourd'hui ont été réalisées dans les années 1930 par l'architecte Julien Polti lors de la rénovation du bâtiment.
Les deux grands Berniers accueillent aujourd'hui des spectacles ou des séminaires.
La maison du Directeur et l'un des ateliers d'évaporation ou "Berne"
La maison est actuellement transformée en Musée Ledoux. Malheureusement, les photos qui expliquent très bien tout le processus d'évaporation de l'eau salée et de façon plus générale tout ce qui se rapporte au sel y sont interdites.
On peut y voir un buste de Claude Nicolas Ledoux.
Les écuries du Directeur
Fin de la visite !
La suite ICI.
Tags : Arc-et-Senans, saline royale, Festival des Jardins, Jura
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