• une heure dans la peau d'un immigré...

    Cet après-midi, j'ai entraîné Philippe dans une drôle d'aventure : j'avais réservé deux places pour aller voir un spectacle performance, entre le documentaire et la science-fiction, à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration à la Porte Dorée.

    une heure dans la peau d'un immigré...

    Son titre : "Ticket"

    une heure dans la peau d'un immigré...

    Alors que l'on nous avait regroupés dans la cour du musée (il y avait une vingtaine de participants), un grand hurluberlu habillé d'un costume "m'as-tu-vu" et d'une paire de chaussures en croco se met à nous dire : "Dépêchez-vous, dépêchez-vous, allez, allez... plus vite que ça !"

    Et le voilà qui joint le geste à la parole en malmenant ceux qui traînaient encore...

    Le but : nous mettre dans les conditions vécues par les immigrés clandestins qui cherchent à rejoindre l'Angleterre depuis la jungle de Calais.

    Le passeur, puisqu'il s'agit bien d'un passeur (son costume et ses chaussures ont sans doute été achetés avec les 500 euros qu'il réclame pour chaque passage...), nous fait ainsi faire au pas de course le tour du bâtiment, nous fait nous accroupir en nous disant "je pars à la recherche d'un camion et je ne sais pas pendant combien de temps je vais être absent : en attendant, personne ne bouge !"

    La personne debout est une journaliste de France info qui enregistre le spectacle (écouter son reportage plus loin).

    une heure dans la peau d'un immigré...

    Un bon cinq minutes après (mon Dieu que le temps semble long quand on doit rester dans une position inconfortable !), il vient nous rechercher et nous explique qu'il a trouvé ce qu'il cherchait : un camion sûr.

    Après nous avoir délestés de nos papiers d'identité... (véridique !) - nous voici maintenant mis dans la même situation que les vrais clandestins... -, il nous conduit au dit camion : un conteneur en fait, comme ceux dans lesquels les clandestins se cachent très souvent.

    une heure dans la peau d'un immigré...

    Après avoir obstrué l'entrée du camion par des cartons, il verrouille ce dernier et nous voici plongés dans un noir intégral.

    Quelques minutes après, voilà que deux individus s'introduisent dans le conteneur par une trappe située sur le toit prévue à cet effet. On comprendra par la suite qu'il y a un chinois et un algérien. Seul l'un d'entre eux comprend et parle le français : entre eux ils s'expriment en anglais.

    Ce sont bien sûr deux acteurs qui jouent le rôle d'immigrés clandestins.

    L'un possède une torche et l'autre un briquet : ils explorent le conteneur et nous prennent à témoin, nous, les autres clandestins... : "surtout, ne pas faire de bruit : le chauffeur du camion n'est pas au courant et, les chauffeurs, c'est bien connu, ne sont pas tendres avec les clandestins."

    une heure dans la peau d'un immigré...

    Le briquet, c'est pour chauffer un clou destiné à se brûler le bout des doigts pour effacer les empreintes digitales : pas d'empreintes, pas de traces, ni vu ni connu je t'embrouille !

    Tandis qu'une voix off parle du quotidien des clandestins, on entend le moteur du camion, le chauffeur discuter avec un collègue ou bien les policiers s'apprêtant à intervenir. Malheureusement la pluie s'étant invitée au spectacle, tonitruant sur le toit du conteneur, nous a empêchés de tout bien entendre...

    L'ouïe est en effet le seul organe qui relie le clandestin au monde extérieur.

    Au début amusés par ce jeu d'acteurs, nous avons ensuite pris notre rôle au sérieux, jouant le jeu en allant même jusqu'à mettre les mains au mur quand la police a ouvert les portes du camion...

    Enfin libres !

    une heure dans la peau d'un immigré...

    Après cette petite expérience amusante (certains diront qu'elle était angoissante), nous avons retrouvé les acteurs dans le musée pour discuter du spectacle et en apprendre un peu plus sur le vécu des clandestins (beaucoup moins amusant) : le spectacle a été créé à partir d'interviews faites auprès de migrants dans la jungle de Calais.

    Le reportage de France info est déjà passé sur les ondes !

    Même si je n'ai jamais perdu de vue que j'étais devenue "acteur" d'une pièce de théâtre..., j'ai trouvé l'expérience intéressante.

    La troupe de théâtre de rue qui a monté ce spectacle s'intitule "Le Collectif du Bonheur Intérieur Brut". Elle joue ce spectacle depuis 2008 à travers la France (à la Cartoucherie au départ) et même en Italie.

    Les cinq acteurs du "spectacle" à la fin de l'aventure...

    une heure dans la peau d'un immigré...

    Sympa !

     


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  • Commentaires

    1
    Linette
    Samedi 16 Avril 2016 à 11:21

    très intéressant .....super idée ....

      • Samedi 16 Avril 2016 à 12:16

        C'est vrai, on n'est pas déçus du "voyage"... !

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