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Sur les traces d'Hector Guimard à Auteuil avec Générations 13
En ce vendredi plutôt clément, nous sommes allés à la rencontre d'Hector Guimard guidés par Anne-Marie qui nous avait donné rendez-vous sur la place de la Porte de Saint-Cloud.
Les deux fontaines qui ornent la place datent de l'Exposition internationale des Arts et Techniques de 1937 qui laissera dans Paris de nombreux témoignages comme le Palais de Tokyo ou le nouveau Palais de Chaillot.
Elles sont l'oeuvre de Paul Landowski (1936) et ont pour titre "Les sources de la Seine". L'une représente la vie citadine et l'autre la vie à la campagne comme ci-dessous.
Dommage qu'elles soient maintenant devenues stériles même si c'est pour de bonnes raisons (des raisons de préservation). Les voici en fonctionnement dans les années 1930.
Non loin de là, le Hameau Michel-Ange ouvert en 1883 tout près de la rue du même nom.
Au fond, un immeuble Art déco.
Quel havre de paix en plein Paris !
Nous voici maintenant dans l'avenue de la Frillière : avouez que c'est top !
Au numéro 9, un immeuble construit par Hector Guimard pour la "Société des immeubles propres à l'Education et à la Récréation de la Jeunesse" : il s'agit de l'ancienne école du Sacré-Cœur. Il constitue un tournant entre son oeuvre de jeunesse et sa première période Art Nouveau.
Avant que le rez-de-chaussée ne soit fermé par des vitrages, il constituait la cour de récréation des enfants.
Cet immeuble est à rapprocher de cette "Vue d'un marché avec salle au-dessus" de Viollet-le-Duc.
Au numéro 10, juste en face, se trouve la Villa Claude Lorrain, fermée par un code bien sûr.
Tournant à droite au bout de l'avenue de la Frillière, on arrive à l'Avenue Georges Risler : Même si le vocable d'avenue semble un peu pompeux..., il n'en demeure pas moins que celle-ci vaut le détour, donnant accès à deux Villas pleines de charme.
A l'entrée, l'église de tous les saints de la terre Russe : une petite chapelle orthodoxe en fait
Où va se nicher la végétation tout de même...
Au 77 rue Boileau, une façade élégante Art Nouveau datant de 1902
L'ancien atelier de Jean-Baptiste Carpeaux se trouve au 39 Boulevard Exelmans. Une "pelle" en raconte l'histoire.
Deux statuettes en pierre rappellent sur la façade le métier de l'artiste.
Le pêcheur à la coquille, l'une des oeuvres les plus renommées du sculpteur
Et cette jeune fille avec la main dans les cheveux dont je n'ai pas trouvé trace sur le net.
Si certains en doutaient, la signature fait foi !
Rejoignons l'avenue de Versailles, le 142 plus précisément qui fait l'angle avec la rue de Lancret : ici se trouve un immeuble dit "de rapport" d'Hector Guimard dans le style Art Nouveau (l'immeuble Jassedé, Louis Jassedé étant un promoteur).
Il a beaucoup de "gueule" je trouve (j'adore la forme des mansardes).
La porte d'entrée principale de l'immeuble (Photo Lonzac)
Le côté rue de Lancret, même s'il ne constitue pas la façade principale de l'immeuble a été soigné également comme le montre cette photo d'une bouche d'aération.
Le groupe devant l'Hôtel Deron Levent (Guimard - 1905- 1907) situé, comme le montre la photo, au sein de la Villa de la Réunion : Charles Deron Levent était un négociant en textiles.
Juste à côté se trouve l'Hôtel Jassedé (1893) qui ne manque pas d'allure lui aussi. Guimard y a associé la pierre à la céramique et opté pour une franche dissymétrie.
Élégance de la grille de fermeture ornée de scarabées
La plaque de rue en céramique
En direction de la rue Jouvenet
Encore un bel immeuble au Numéro 39 de la dite rue : Art Déco celui-là sans conteste,
Même si le numéro de la rue est encore influencé par l'Art Nouveau.
On débouche alors sur la rue Boileau.
L'ambassade d'Algérie y a élu domicile au Numéro 40 : il s'agit de l'Hôtel Danois qui a été bâti en béton en 1908 par l'architecte Joachim Richard dans un style orientalisant.
Juste à côté, le Hameau Boileau ainsi appelé du fait que l'écrivain y habita.
Boileau dans la cour de son jardin à Auteuil : la campagne près de Paris...
Boileau a vécu presque 25 ans à Auteuil : en 1685, il achète au 26 de la rue des Garennes (actuelle rue Boileau) une maison à un étage tapissée de vigne dont le jardin atteint l'entrée de l'actuel hameau. Plus tard, après sa mort, la maison fût fréquentée par Voltaire, ami de son nouveau propriétaire.
L'endroit n'a pas trop changé.
Pour mémoire, Boileau a écrit dans "De l'Art poétique" des vers que tout le monde connait bien.
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.C'est également Boileau qui a figé la forme actuelle de l'expression "appeler un chat un chat" dans un vers de sa première Satire : "J'appelle un chat un chat et Rollet un fripon" (ce Rollet était un procureur véreux)...
Anne-Marie se repère dans sa documentation...
Nous sommes au pied de l'ancienne Auberge du Mouton Blanc où Molière, Racine, Boileau et La Fontaine tenaient table parfois en compagnie de Ninon de Lenclos ou de la Champmeslé, fameuse tragédienne française (c'est pour celle-ci que Racine, amant de l'actrice, écrivit ses plus grandes pièces).
Avez-vous remarqué que maintenant Anne-Marie se munit d'un
Sympa !
On l'entend mieux parmi le bruit de la circulation parisienne.
Une maison du XIXème siècle : on peut la reconnaître à ses volets en bois et y voir, comme nous l'a fait remarquer Anne-Marie, une poulie destinée à hisser des matériaux à l'étage.
La grille d'Honneur du Lycée Jean-Baptiste Say : à l'origine les bâtiments servaient à une manufacture de laine et de cachemire (à la mode depuis la campagne d'Egypte) appartenant à M. Ternaux Roussseau.
Au 6 de la rue du Buis se trouve un petit immeuble dans lequel habita Olympe de Gouges.
Auteur de nombreux romans et pièces de théâtre, elle s’engage dans des combats politiques en faveur des Noirs et de l’égalité des sexes. Son écrit politique le plus célèbre est la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (septembre 1791), véritable manifeste du féminisme adressé à Marie-Antoinette.
Dans le camp des Girondins, elle prend la défense de Louis XVI en tant qu'homme et accuse Robespierre et les Montagnards de vouloir instaurer la dictature par la violence.
Arrêtée le 20 juillet 1793, elle sera jugée sommairement (sans avocat) le 2 novembre et exécutée le lendemain (alors qu'elle était probablement enceinte) sur l'échafaud.
Elle n'avait que 45 ans...
Il y a eu un débat récemment qui la concernait : François Hollande a choisi cette année 4 résistants au nazisme (2 hommes et 2 femmes) pour entrer au Panthéon. Olympe de Gouges, pourtant arrivée en tête de la consultation sur internet organisée par le Centre des Monument Nationaux, aura peut-être sa chance l'an prochain... ?
Détail de la façade
Edicule Guimard pour la station de métro Eglise d'Auteuil
L'église d'Auteuil, la voici : elle est de style romano-byzantin et date des années 1890. Le village d'Auteuil ayant été rattaché à Paris en 1860, la ville participa à sa construction.
En témoigne le blason de Paris situé sur le côté de l'église
Il est battu par les flots mais ne sombre pas !
(autrement dit : Fluctuat nec mergitur !)Notre Dame d'Auteuil : Vierge à l'Enfant de Henri-Charles Maniglier (1882)
Pour la petite histoire, à l'origine trouvée gênante car au milieu du porche, elle fût déplacée dans le jardin du presbytère et ne retrouva sa place, sur le côté du porche cette fois-ci, qu'en 1988...
A l'angle de la rue d'Auteuil, un plaque commémore l'emplacement d'une ancienne maison de campagne de Molière. Cliquez sur l'image pour la voir mieux.
Et encore un immeuble Art Nouveau... Un ! (rue du Père Brottier)
Nous avons maintenant rejoint la rue Jean de La Fontaine : au numéro 60, on trouve l'Hôtel particulier construit par Hector Guimard pour Paul Mezzara, industriel du textile et créateur de modèles de dentelles. Il s'agit là, parait-il, d'une de ses réalisations les plus réussies.
Quelle élégance dans la ferronnerie du balcon !
La porte d'entrée est en "faux bois" peint, typique de l'Art Nouveau.
Admirez la finesse de la grille donnant sur la rue.
Un peu plus loin dans la rue, voici la Fondation des orphelins apprentis d'Auteuil créée en 1866 par l'Abbé Louis Roussel. Fondation catholique, sous tutelle du Ministère de l'Intérieur, de l'Archevêché de Paris et de la Congrégation du Saint-Esprit, elle se consacre à l'accueil, la formation et l'aide à l'insertion des jeunes en difficultés sociales.
Qui dit édifice religieux dit cloître...
Gagné !
Il se trouve derrière cette colonnade... Si vous cliquez, vous verrez le nid !
Au fond de la cour, la Chapelle dédiée à Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, que le Père Daniel Brottier, co-fondateur de la Fondation, choisit pour être la protectrice de ses orphelins.
Notre promenade tire maintenant à sa fin : ce très bel immeuble se situe rue Agar, du nom d'une tragédienne de la fin du XIXème siècle aussi célèbre que Rachel ou Sarah Bernhardt.
Moi, je connaissais les deux autres ! (je n'ai pas d'actions dans ce pressing, la photo n'était tout simplement pas facile à prendre...).
La plaque de rue, en harmonie avec le style de l'immeuble, Art Nouveau...
Et encore un !
N'en jetez plus : la cour est pleine...
Gouttières décorées : jusqu'où va le détail !
Le bouquet final
Le Castel Béranger occupé par Hector Guimard lui-même (au rez-de-chaussée)
Le Hameau Béranger puise son inspiration dans le Moyen-Age et dans la nature.
En levant les yeux, un drôle de chat...
Un clin d'oeil à lui-même : Guimard s'est représenté sous la forme de ces masques décorant le balcon.
L'architecte conçoit des hippocampes en ferronnerie, sortes de gargouilles sans fonction autre que décorative.
Superbe, non ?
Un autre animal bizarre...
Revenons sur terre avec ce portail d'entrée à la grille ondulante.
Le vestibule est tapissé de panneaux de grès vernissés d’Alexandre Bigot, aux tonalités cuivrées et aux formes étranges.
Nous ne sommes pas loin de la Tour Eiffel mais surtout tout à côté de la Maison de la Radio.
Fin de la ballade...
ou presque : juste un dernier coup d'oeil sur ce curieux immeuble du 18 de la rue de l'Assomption, construit en 1925 par Charles Lemaresquier.
Étonnante sculpture d'un Bacchus "vomissant" (il y avait beaucoup de vignes autrefois dans l'arrondissement) : est-ce la raison de cette sculpture... ?
Un grand merci Anne-Marie
pour ton guidage super efficace
Tags : Générations13, Quartier d'Auteuil, Paris, Hector Guimard
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