• Aujourd'hui, nous sommes allés passer la journée à Troyes.

    Après un petit restau fort sympa dans lequel nous nous sommes délectés d'une cuisse de canard confite, nous voici en plein cœur du Bouchon de Champagne : c'est ainsi qu'on nomme le centre de Troyes du fait de sa forme et de sa localisation.

    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes

    Notre intention est de visiter la Cité du Vitrail, qui a été rénovée en 2022 et qui est installée dans l'ancien hôtel-Dieu de la ville. L'Hôtel-Dieu-le-Comte est ainsi nommé car il a été fondé - en 1157 - par une donation d'Henri Ier dit le Libéral, Comte de Champagne.

    Administré par les religieuses de l'ordre de Saint-Augustin, il aura pour vocation d'accueillir, selon les siècles, les pauvres, les malades, les indigents, les femmes en couche, ou même les nouveau-nés abandonnés.

    En voici l'entrée principale : la grille monumentale en fer forgé et doré, posée en 1760 assied le caractère prestigieux de l’édifice.

    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes

    L'entrée du public se fait par cet autre portail.

     ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes

    Nous commençons par la visite de l'apothicairerie voisine qui a été aménagée au début du XVIIIe siècle et qui, restée en l'état, offre un très beau témoignage de la pharmacopée d'antan. Les religieuses et les apothicaires y entraient pour prendre les ingrédients nécessaires à la fabrication des remèdes qu'ils préparaient dans le laboratoire contigu pour les malades de l'hôpital.

    L'apothicairerie de Troyes est l'une des plus belles de France. Elle comporte deux salles, la salle de stockage (ci-dessous) et la salle de préparation.

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    Dans la première, un grand escalier sur roulettes permet d'accéder aux boîtes peintes - ou silènes - qui servaient à conserver les "simples", c'est à dire les plantes médicinales.

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    Des panonceaux donnent toutes les explications nécessaires.

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    Cette collection de 319 boîtes est unique en France.

    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes

    L’Apothicairerie compte également des pots en faïence rustique (pour la plupart de Nevers) du XVIIIe siècle, sobrement décorés de guirlandes de feuillages et de fleurs bleues, comportant chevrettes, pots-canons, piluliers ou bouteilles.

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    Ce grand vase en étain date du XVIIe siècle : il pouvait contenir soit de l'eau utilisée pour les besoins du laboratoire soit de l'eau thériacale (composée de sirop, de miel, de vin, de pulpes végétales, y compris de la chair de vipère). Le tout, bien mélangé, donnait un liquide qui servait de panacée pour tout soigner.

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    La Thériaque, remède universel

    La formule en aurait été mise au point par le médecin de l'empereur Néron, Andromaque l'ancien, vers 60 ap J.-C. Réputée soigner tous les maux, son utilisation perdure jusqu'à la Révolution française. Elle se compose de plus de 70 ingrédients dont une large dose de chair de vipère et d'opium.

    Gravure sur bois datant de 1505 représentant la préparation de la thériaque

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    Cette pièce, voisine de la précédente, était le laboratoire (il n'en reste aucun mobilier). Dans cet espace d'une soixantaine de m² des remèdes étaient encore préparés jusqu’en 1961. Il accueille aujourd’hui une présentation renouvelée sur le travail de l'apothicaire et un nouvel espace de médiation « Apothicaires en herbe ».

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    Les remèdes des apothicaires proviennent des trois règnes :

    ► Le règne végétal produit les "simples" comme l'angélique l'aubépine, l'opium ou encore la rose de Provins,

    ► Le règne animal produit le cachalot, la corne de cert, la cire d'abeille, l'urine de chameau ou même la poudre de crâne humain.

    ► Le règne minéral utilise l'or ou les pierres précieuses.

    On voit dans cette vitrine, derrière les pots en faïence, un dessin du laboratoire d'antan qui était équipé de fourneaux et dont la cheminée était munie d'un tournebroche.

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    On y voit aussi une maquette d'une apothicairerie du XIXème siècle, réalisée par un collectionneur de la première moitié du XXème siècle.

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     Tout ceci n'a rien à voir avec le but premier de notre visite bien sûr : on attaque maintenant l'essentiel du sujet avec 5 étages de vitraux à visiter, en commençant par le haut (il est possible, soit de monter par l'escalier ci-dessous, soit de prendre l'ascenseur).

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     Nous voici donc sous les combles et pouvons admirer la belle charpente en bois.

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    A l'entrée, des vitraux anciens (vers 1524) : ils représentent une crucifixion entre deux donateurs, représentés agenouillés devant leur prie-Dieu les mains jointes en prière selon les codes en vigueur au XVIe siècle. Le couple commanda ces vitraux pour l'oratoire privé de leur hôtel particulier situé au centre de Troyes, l'Hôtel Juvénal des Ursins.

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    Un document d'archives rare

    Voici un contrat du marché signé entre les peintres verriers troyens et le clergé de Sens. Les moindres détails sont précisés : le prix et les échéances de paiement, le choix et la provenance des matériaux, les délais accordés ou encore le choix d'autres intervenants comme le peintre du "patron".

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    Au verso, des vitraux modernes : ce sont des détails (fac-simile) de ceux de la chapelle Sainte-Catherine située sur le flanc sud de la cathédrale de Strasbourg. Ils ont tout récemment été commandés à l'artiste vitrailliste Véronique Ellena.

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    Une image du "vitrail du Millénaire" (XIVe et XXIe siècles) in situ : cela me donne bien envie d'aller à Strasbourg...

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    Ici un exemple de décoration à base de verre coloré : très joli, je trouve.

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    Les outils du peintre sur vitrail

    Les pinceaux

    ► Le "petit bois" (bâtonnet de bois permettant de faire entrer la lumière dans le dessin en enlevant partiellement la grisaille avant cuisson),

    ► Le putois (brosse ronde à poils durs avec une extrémité plate donnant un aspect granuleux au vitrail),

    ► Le trainard (en poils très longs de martre ou de "petit-gris" (écureuil) : pour exécuter des lignes très fines à l'aide d'un apuie-main),

    ► Le blaireau (pour faire des dégradés de couleurs).

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    Les pigments

    ► La grisaille (existant depuis le Ve siècle : elle est composée essentiellement d'oxydes de fer),

    ► Le jaune d'argent (apparu autour de 1300 : poudre d'argent pur mélangée à de l'œuf battu),

    ► Les émaux (apparus au XVe siècle, ils se développent surtout au XVIIe : poudre de verre coloré mélangé à de l'eau ou à de l'essence, la couleur variant selon l'oxyde métallique).

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    Au fond, un atelier a été reconstitué et un film tourne en boucle expliquant les différentes étapes de la fabrication des vitraux. 

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    On peut voir aussi dans cette salle comment les verriers parviennent à réparer des vitraux endommagés : ceux-ci sont ceux de la cathédrale de Sens.

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    Nous trouvons également des informations sur le sens de certains gestes comme ici celui de cette jeune femme levant les deux mains vers le ciel, paumes ouverte, doigts joints qui marque un signe de prière. On parle d'un orant, je crois ?

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    Ceci n'est bien sûr qu'un aperçu de tout ce que nous avons admiré au 5e étage, étage que nous quittons maintenant en empruntant l'escalier en bois décoré dans sa partie centrale de bouteilles en verre coloré.

    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes 

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    Juste pour la beauté...

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    Autre petit bijou, ce vitrail daté de 1621 et d'une taille très modeste : la scène rapporte la visite d'Henri IV à Troyes en 1595. Celui-ci y reçoit un cœur d'or à la Maison de la Ville, symbole de l'attachement de la ville à son roi.

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     La foule est massée devant l'Hôtel de Ville, paré pour l'occasion d'une tribune de bois. A gauche, on reconnaît la fameuse "Belle Croix", réalisée en métal doré par le sculpteur Nicolas Halins et aujourd'hui disparue. Cette sculpture avait la réputation de faire des miracles. Elle fut la première œuvre d'art troyenne à être détruite en 1792 par les révolutionnaires. Cette scène, peinte à la façon d'une miniature, illustre les effets virtuoses permis par la technique de l'émail. Posés sur la face externe du verre, des rehauts de lavis apportent de subtils effets de profondeur.

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    Au XIXe siècle, les vitraux reviennent à la mode.

    Une vraie mise en scène pour celui-ci datant de 1874, une œuvre de Henri de Faucigny-Lucinge qui devait probablement orner le cabinet d'un collectionneur.

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     Ce buveur attablé reprend les codes de la peinture de genre hollandaise : le sujet populaire, le rictus légèrement sarcastique, le vêtement, le travail de peinture en camaïeu de bruns... Le modèle de la flûte de champagne est même imité des verres hollandais du XVIIe siècle.

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    Les rois mages suivant l'étoile (1845) - Louis Germain Vincent-Larcher 

    Avec ce vitrail, Vincent-Larcher met en place sa démarche de restaurateur. Il le présente en 1845 devant une commission chargée d'évaluer les compétences de celui à qui l'on confiera la restauration des vitraux de la cathédrale de Troyes. Adoptant une démarche "archéologique", il copie le plus fidèlement possible l'original médiéval et met au point une "patine". Cette couche peinte sur toute la surface opacifie le verre pour le rendre proche des vitaux anciens. Malgré des critiques formulées sur le style et les couleurs, le peintre se voit confier le chantier.

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    Changement d'étage...

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    La Galerie des vitraux

    Cette ancienne salle de malades a conservé ses volumes d’origine et bénéficie d’un éclairage naturel abondant. Elle accueille des vitraux de provenances et datations diverses, présentés en une déambulation esthétique et offerts à la contemplation du visiteur.

    Pas de panonceaux dans cette salle mais un petit guide à prendre à l'accueil pour s'y repérer...

    Arbre de Jessé - Eglise Saint-Pierre-ès-Liens - Laines-aux-Bois (1510-1520)
    Restauré en 1957 par Jean-Jacques Gruber (Nancy)

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    La vitesse - Jacques Simon (1928)

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    Quel contraste entre ces deux vitraux et pourtant la technique est la même !

    A gauche, une œuvre de Kehinde Wiley intitulée "Lamentation". Je pense qu'il s'agit d'une sorte de "Vierge à l'Enfant", non ? Grâce à l'artiste afro-américain l'homme noir n'est plus invisible dans l'art et il est même replacé au cœur de l'histoire. 

    A droite, Les Rois Mages (1380-1390) - Peintre-verrier : Hermann de Munster
    (Vitraux de l'église Sainte-Ségolène de Metz)

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    Coloquintes et nymphéas (1905) - Jacques Gruber

    En 1905, Jacques Gruber est au sommet de sa réputation de maître-verrier. Il a mis au point des techniques et un vocabulaire artistiques qui lui sont propres et qui font le succès de ses créations.

    Ce vitrail, commandé pour la résidence de Paul Luc à Nancy était intégré à une cloison ouverte dans le salon de l'habitation. Les nymphéas de la partie basse se retrouvent sur plusieurs autres verrières conservées en collections privées ou publiques. Les coloquintes de la partie haute en revanche, suivent un dessin original.

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    Joli, non ?

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    Paravent Grande Canopée (2014) - Jean-Paul Agosti
    (verre gravé à l'acide et émaux - prêt de l'artiste)

    Jean-Paul Agosti puise son inspiration dans la nature, les arbres, les jardins, qu'il observe, photographie et dont il transcrit dans son œuvre peinte les jeux de lumière et les couleurs subtiles.

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    Changement d'étage : je ne m'en lasse pas...

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    Le premier, c'est l'étage de l'exposition temporaire des œuvres de Francis Chigot, maître-verrier à Limoges (1879-1960) en collaboration étroite avec le peintre cartonnier Léon Jouhaux. Nous voici là en plein Art nouveau : un monde de lumières qui donne de l'importance aux figures féminines et à la nature.

    Jusqu'au tournant de la deuxième guerre mondiale, le fonctionnement de l'atelier est assurée par une production courante, bien que luxueuse, destinée à orner les riches demeures. Le vitrail gagne plafond et cages d'escalier, baies et portes, vérandas et jardins d'hiver.

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    Voici le vitrail qui fait l'affiche de l'exposition : L'émaillerie limousine (1908). 

    Il s'agit d'une allégorie de l'Email sous la forme d'une jeune femme décorant un vase. Derrière elle se devine la rivière de la Vienne et la ville de Limoges, dominée par sa cathédrale.

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    Le chêne au bord de l'eau (1914)

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    Les baigneuses (avant 1920)

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    Perroquet (vers 1920)
    Ce vitrail devait orner une demeure privée.

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    Berger et ses moutons (?)

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    Nous voici à nouveau au rez-de-chaussée : la visite de la Cité du Vitrail se continue par celle de la Chapelle de l'ancien Hôtel-Dieu.

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     Dans la Sacristie, deux statues

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    L'une représente un Christ aux liens, iconographie répandue en Champagne au XVIe siècle. Celle-ci, copiée sur une statue ancienne et réduite à une échelle plus petite, date de 1860. La Vierge à l'Enfant, elle, provient sans doute de la grande campagne de décoration et d'ameublement de la Chapelle entre 1864 et 1868.

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    Dans les bras de sa mère, l'Enfant Jésus porte la sphère représentant l'entièreté du monde et une rose, symbole de son sacrifice à venir.

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    La Chapelle a conservé son décor peint et son ameublement des années 1860. La messe y était célébrée quotidiennement pour les religieuses et les malades 

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    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes 

    Un vitrail datant de 1866 représente la fondation de l’Hôtel-Dieu par Henri Ier le Libéral. 

    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes 

    De chaque côté de la baie vitrée, des sculptures en trompe-l'œil 

    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes

     

    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes

    L’oculus de la chapelle accueille depuis septembre 2021 une création de l’artiste peintre, Fabienne Verdier, de renommée internationale, exécuté avec la Manufacture Vincent-Petit (Troyes).

    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes

    Cette œuvre abstraite en grisaille et jaune d’argent rend hommage aux techniques du vitrail au XVIsiècle dans l’Aube et entre en résonance avec les grisailles peintes en trompe-l’œil sur les murs de la chapelle. Il s'agit d'un don de l'artiste à la Cité du Vitrail.

    ☻ La visite de la Cité du Vitrail à Troyes

    Un joli plafond...

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    Une belle visite !

    A renouveler peut-être, qui sait avec Louis une prochaine année : les expositions tournent en permanence.


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  • Aujourd'hui jeudi 8 février, mon amie Anne Viala qui anime l'atelier "Marches de 6 km" à Générations 13 m'a demandé de la seconder en prenant en charge la moitié de son groupe (qui est devenu plus que conséquent) pour une promenade au départ du Square des Peupliers (dans le 13e) jusqu'à la Cité U ou presque (dans le 14e).

    Durant cette promenade, nous allons voir trois types d'habitat :

    1- Des maisons individuelles liées au paternalisme, souvent en location mais parfois aussi à la vente,

    2- des maisons nées des sociétés coopératives d'habitat (HBM) : les sociétés avançaient l'argent et les sociétaires les remboursaient chaque année,

    3 - Des maisons privées.

    Nous sommes une vingtaine à nous être inscrits à cette promenade. Imperméables et parapluies sont de circonstance malheureusement.

    Une petite photo au départ dans le Square des Peupliers qui jouit d'une quiétude incomparable. Ici, entre le 68 et le 72 de la rue du Moulin-des-Prés, se cache un vrai havre de paix.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

     S’il semble provenir d’une autre époque, c'est que ce petit paradis urbain a été construit en 1926 : dans ce quartier autrefois rattaché à la ville de Gentilly, cet emplacement alors vierge était situé juste au-dessus de la Bièvre recouverte au siècle précédent lors des travaux du Baron Haussmann. Pas question de construire de grands immeubles sur ce terrain délicat : ce seront de petites maisonnettes pleines de charme, possédant toutes un jardinet clôturé par une grille en fer forgé. La végétation y est luxuriante (lierre, glycines, vignes vierges).

    Il faudra revenir au printemps pour voir toute cette végétation !

    En voici quelques photos

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    On se croirait dans un village, non ?

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Ne seraient-ce quelques immeubles modernes voisins

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Au sortir du square, nous empruntons la rue des Peupliers bâtie de maisons en meulière couvertes de toits plats en ardoises (à l'origine elles avaient un toit terrasse mais leur étanchéité laissait à désirer). Ce lotissement a été construit entre 1908 et 1911 par l'architecte Navette pour la Compagnie du Chemin de fer Métropolitain de Paris (ancêtre de la RATP) pour son élite ouvrière (à la seule condition de rester dans les lieux au moins 20 ans). Il s'agit de fixer la population et de lui offrir du confort (une salle de bains) à un prix abordable.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

     Les 16 maisons à trois étages qui bordent de chaque côté cet ancien chemin planté de peupliers (l'origine du nom de la rue) sont jumelées autour d'un terrain commun (à 20 francs le mètre carré), ce qui représente en réalité 32 logements possédant chacun un jardin individuel.

    Le luxe en plein Paris, en quelque sorte !

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Nous enchaînons en descendant la rue du Moulin des Prés dans laquelle on trouve les mêmes maisons jumelées.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Au N°71, une plaque attire notre attention : elle signale qu'ici est décédé en 1966 Pierre Montet, égyptologue né en 1885, membre de l'Institut.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Il s'illustra par ses découvertes à Byblos (sur la côte libanaise) et à Tanis (au nord-est de l'Egypte).

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Au numéro 77, on peut voir une maison "hollandaise" pourvue de carreaux de céramique et possédant une petite cour.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    La rue Henri Pape porte le nom d'un facteur de pianos célèbre (Jean-Henri Pape), d'origine allemande (ayant travaillé chez Pleyel pendant quelques années) et ayant par la suite monté sa propre entreprise en déposant pas moins de 137 brevets. Il sera par exemple à l'origine de la garniture des marteaux avec du feutre (1826) et du croisement des cordes, tendues en diagonale, les cordes graves passant au-dessus du plan des autres cordes, afin d'augmenter leur longueur (1828).

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    La rue Dieulafoy (nom d'un médecin connu pour ses travaux sur l'appendicite) donne dans la rue Henri Pape. C'est une petite merveille que chaque habitant du 13e arrondissement a forcément repérée un jour ou l'autre en arpentant le macadam.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Elle est bordée de charmants pavillons (40 au total) aux toits pointus et façades colorées possédant chacun une remise pour la voiture, ce qui en fait une voie parisienne très écologique visuellement...

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Un rosier en pleine fleur au mois de février...

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Nous tournons dans la rue du Docteur Leray (encore un nom de médecin : la rue est dans le voisinage de l'ancien Hôpital de la Croix-Rouge) ouverte en 1917 et non moins charmante.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Bien jolie cette maison aux faux colombages

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Il est amusant de voir, derrière la fontaine Wallace, l'une des tours du 13e...

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    La place de l'abbé Georges Hénocque (anciennement place des Peupliers) honore un résistant de la seconde guerre mondiale.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Au coin de l'ancien Hôpital de la Croix-Rouge, actuel Hôpital des Peupliers,

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    nous empruntons la rue de la Colonie qui porte ce nom à cause d'une ancienne colonie de chiffonniers (la colonie de la Butte-aux-Cailles) qui s'y était installée dans les années 1890 .

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Au passage, cette curieuse œuvre de Street Art en mosaïques

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Des architectures qui ne se choquent pas : à gauche, au rez-de-chaussée de ce bel immeuble en briques et pierre, un ancien magasin solidaire me dit Gérard (appelé La Colonie) aujourd'hui fermé voisine une petite maison individuelle ornée d'un élégant pignon.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Au N°72, un portail en fer forgé donne accès à une grande cour abritant un HLM bâti en 1911. La cour intérieure est pensée pour faciliter les relations sociales entre les différents locataires.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Et pas les relations sociales avec les touristes que nous sommes. Nous n'avons pas été les bienvenus, c'est le moins qu'on puisse dire ! C'est vrai qu'il y a peut-être un peu trop de curieux...

    On peut y apercevoir, à travers la grille qui l'enclot quand celle-ci est fermée, un joli petit jardin abritant un grand arbre (qui était décoré comme un sapin de Noël quand j'ai fait le repérage).

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Mais les fêtes sont passées...

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Tournant un peu plus loin dans sur la gauche, on peut entrer dans la Cité La Brillat (du nom de la rue dans laquelle elle donne également). Depuis la cour de ce HBM construit en 1913, on peut apercevoir de très jolies loggias en double hauteur ornées de céramiques de couleur. Ils sont en style Art déco. La construction ne se terminera qu'en 1924 car elle sera interrompue par la guerre de 14-18.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Le Square Paul Grimault rend hommage au grand cinéaste d'animation, Prix Louis Deluc 1979 pour "Le Roi et l'oiseau".

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Rappelez-vous : c'était il y a 45 ans sur des dialogues de Jacques Prévert...

    Nous voici arrivés sur la place de Rungis (dont le nom provient de l'aqueduc d'Arcueil qui conduisait les eaux de Rungis aux thermes de Cluny).

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Place de Rungis - entrée de la rue de la Fontaine à Mulard
    (photo Musée Carnavalet - 1912)

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Empruntant la rue Brillat-Savarin, nous arrivons très vite en vue de la Cité florale.

    La rue Brillat-Savarin était nommée en 1895 la rue du Pot-au-Lait.

    ☻ Du square des Peupliers à la Cité Universitaire avec Générations 13

    Le Brillat-Savarin, un fromage bien connu des bourguignons, provenant d'un grand nom de la gastronomie française : son auteur fera publier en 1826 "La physiologie du goût" qui remportera un grand succès.

    Jean Anthelme Brillat-Savarin a publié 20 aphorismes dans son livre.

    • « Les animaux se repaissent ; l'homme mange ; l'homme d'esprit seul sait manger » ;

    • « Dis-moi ce que tu manges : je te dirai ce que tu es » ;

    • « Le Créateur, en obligeant l'homme à manger pour vivre, l'y invite par l'appétit, et l'en récompense par le plaisir » ;

    • « La découverte d'un mets nouveau fait plus, pour le bonheur du genre humain, que la découverte d'une étoile » ;

    • « Ceux qui s'indigèrent ou qui s'enivrent, ne savent ni boire ni manger » ;

    • « Un dessert sans fromage, est une belle à qui il manque un œil. »

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    La Cité florale a été construite en 1828 sur une zone triangulaire, un ancien pré régulièrement inondé par la Bièvre. Cette particularité lui a valu de ne pas pouvoir abriter des immeubles : le quartier est donc intégralement urbanisé avec des petites maisons, 68 au total.

    La rue des liserons

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    Le square des mimosas

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    Nous y avons même vu un mimosa !

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    La rue des glycines : dommage que ce ne soit pas l'époque de sa floraison...

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    La rue des volubilis

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    La rue des iris donne dans la rue Brillat-Savarin que nous reprenons sur la droite.

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    Un peu plus loin, le décor change à l'angle avec la rue Charbonnel avec cette tour si typique de notre arrondissement.

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    Chaque époque son style...

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    La fresque de l'amitié rue de l'amiral Mouchez

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    Éclats d'amitié : cette fresque sur l'amitié et la jeunesse est une collaboration entre les artistes de Street-Art Jack Lack (allemand) et Azaz One (français). Elle a été inaugurée le 21 juin 2023. Vous savez que notre maire favorise cet art dans notre arrondissement.

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    Au bout de la rue Liard, l'escalier donnant accès au parc Montsouris qui doit son nom aux nombreux rongeurs qui s'étaient multipliés le long des moulins de la Bièvre. Actuellement, ce sont les rats qui sont devenus indésirables !!!

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    Ce parc a été aménagé de 1860 à 1867 (au-dessus des lignes de chemin de fer de la Petite Ceinture et de la ligne de Sceaux) ce qui explique la durée des travaux. D’une superficie de 15 hectares, il est dessiné à l’anglaise et agrémenté d’un lac.

    Les petites guérites des gardes sont charmantes, n'est-ce pas ?

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    Architectures...

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    Pas de musique aujourd'hui au kiosque

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     La mémé et son toutou

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     Ce cygne noir, c'est Juju, longtemps le chouchou d'une vieille dame sans doute aujourd'hui disparue...

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     On a beau être fin janvier, la terrasse de la crêperie est pleine (lors de mon repérage) ! Ce matin, c'était niet : je pense qu'elle n'ouvre que l'après-midi.

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    Amusantes ces mouettes perchées sur le "radier" du bassin permettant la vidange partielle lors des travaux d'entretien.

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    Nous continuons notre tour du lac en admirant les arbres et les nœuds que forment leurs troncs.

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    Des sculptures ornent le parc.

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    Premier frisson par René Baucour (1921)

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    Mort du lion par Edmond Desca (1929)

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    Un espace a été créé sous les voix de chemin de fer il y a quelques années pour abriter les panonceaux narrant l'histoire du parc (il y en a de nombreux, il faudrait y retourner tranquillement). J'ai lu sur l'un d'eux que le pauvre ingénieur responsable de la construction du lac se serait suicidé quand celui-ci se vida une nuit de mai 1878 à quelques jours de son inauguration. Rassurez-vous : il parait que c'est une légende. Moi, j'adore les légendes !

    Je me souviens aussi de l'immense palais que l'on pouvait voir jusque dans les années 1990 au sommet du parc : il s'agissait d'une reproduction du Palais du Bardo à Tunis qui a malheureusement été détruit suite à un incendie. C'était vraiment grandiose, dommage...

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    Nous sortons du parc au niveau de la rue Nansouty.

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    Pour en savoir plus sur le parc Montsouris, cliquez sur ce lien.

    Un peu plus loin, le square Montsouris est une voie privée dont beaucoup de maisons ont été construites dans le style Art nouveau ou Art déco. On appelait autrefois cet endroit le quartier du Petit-Montrouge en référence à sa situation avant 1860 et les grands travaux d’Haussmann.

    Vue générale du square Montsouris : attention les chevilles, le square est fait de gros pavés !

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    Au N°2, à l'angle avec la rue Nansouty, la maison Gaut. Elle a été construite par les frères Perret en 1923 et était autrefois couverte de vigne-vierge.

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    La maison possède au premier étage, à l'intérieur, une galerie ronde qu'on ne soupçonne pas de l'extérieur.

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    Mitoyenne avec la maison Gaut, une très jolie maison Art déco

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    Au N°3, une maison occupée entre 1926 et 1929 par Foujita.

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    Jolies façades, non ?

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    La maison au cadran solaire (peint en 1900 au N°28)

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    Cette maison située au N°40 fut réalisée en 1923 par l'architecte Gilles Buisson. Depuis sa construction, elle n'a pas connu de modifications importantes à l'exception de la pose d'une rampe entre le rez-de-chaussée surélevé et la pose d'un balcon en fer forgé remplaçant celui en bois. Elle combine colombages et éléments de style contemporain. Le bas de la maison est en pierre. L'intérieur est en grande partie réalisé en bois. À remarquer les petits abris pour les oiseaux qui en décorent le perron...

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    Un cerisier-fleurs !!!

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    Au N°51 du square, à l'angle avec l'avenue Reille, une maison construite en 1923 par Le Corbusier pour l'atelier du peintre Ozenfant.

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    Nous retournons sur nos pas pour voir d'autres maisons.

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    Dans le square, 28 maisons individuelles du square sont des HBM construites impérativement en briques rouges ou ocres. Elles ont été réalisées par l’architecte Jacques Bonnier en 1924. Sur une surface construite au sol d’environ 50 m2, elles sont configurées sur un même modèle. Le sous-sol est composé d’une buanderie, d’une cave et d’un atelier. Au rez-de-chaussée se trouvent un vestibule étroit, une cuisine, une salle à manger et un bureau. L’étage est occupé par deux chambres à coucher, une salle de bain, des toilettes et parfois un débarras.

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    Parmi elles, une maison Art déco, décorée de mosaïques

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    Notre dernier arrêt sera pour la rue Georges Braque.

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    Au N°5, une villa-atelier construite en 1930 par Marcel Zielinsky (du mouvement moderne) pour le peintre André Derain : absence d’ornements, fenêtres en bandeaux horizontaux, toit-terrasse, façade libre autorisant une grande verrière. Seule la corniche du toit-terrasse reste conventionnelle. La villa-atelier présente une façade puriste de couleur blanche contrastant avec les menuiseries en métal noir des ouvertures.

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    Cette maison située au N°6 a été commandée par le peintre cubiste Georges Braque en 1927 à l'architecte Auguste Perret : envahie par la végétation, on ne parvient pas vraiment à découvrir l'édifice conçu en ossature en béton et remplissage de brique.

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    La promenade s'est achevée ici et tout le monde s'est dispersé...

    Un grand merci à Anne pour l'avoir préparée.


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  • Ce vendredi, nous avons visité l'église de la Madeleine dans le cadre des "Petites promenades dans Paris" (version hiver, bien à l'abri des intempéries éventuelles) proposées par Anne-Marie Guérin à Générations 13.

    Des boutiques de fleuristes se sont installées près de l'église au pied des colonnes corinthiennes qui en font le pourtour.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    La visite était guidée par Michèle Mazure de l'association "Paris art et histoire". Nous retrouvons le groupe, composé d'une vingtaine de personnes, au pied des marches de l'église.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

     Nous connaissons bien cette guide depuis le temps que nous suivons ses visites des monuments de la capitale. Elle est toujours passionnante et a tout dans la tête, ce qui m'impressionne beaucoup.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Les travaux vont bon train dans la capitale depuis quelques temps (serait-ce à cause des Jeux Olympiques qui approchent ?) : l'église de la Madeleine n'y échappe pas. Elle est en travaux depuis mai 2021 et le montant total est estimé à 10 millions d'euros. Serait-ce l'une des raisons de l'augmentation de la taxe foncière des parisiens... ? Enfin, 8 millions ont tout de même été financés par la publicité faite sur son échafaudage.

    Il faut dire qu'elle a de l'allure ainsi nettoyée !

    Vous remarquerez qu'elle se distingue en n'ayant ni clocher ni croix.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Un reportage intéressant sur ces travaux, par la Mairie de Paris

    Notre guide nous détaille tout d'abord le fronton de l'église où le Christ trône au centre. Il s'agit du Jugement dernier, une œuvre d'Henri Lemaire (1833).

    La dédicace latine "D.O.M. SVB. INVOCAT S. MAR. MAGDALENÆ" peut être traduite par "Au Dieu très bon et très grand, sous l’invocation de sainte Marie-Madeleine".

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    A gauche du Christ,on voit l’archange saint Michel qui chasse les réprouvés, personnifiés par les Vices (plutôt des hommes, mais pas que...), tandis que Marie Madeleine, agenouillée aux pieds du Christ, implore son pardon.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    A la droite du Christ, un autre ange semble être en possession d'un instrument de musique (peut-être une trompette) : il est suivi par des personnages représentant les Vertus. Si on regarde bien, il me semble que les vertus sont représentées par des femmes, non ? Ah ah ah...

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    J'ai admiré la finesse de la frise qui fait le tour du monument faisant la part belle aux angelots et aux motifs fleuris.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Michèle Mazure nous demande ensuite de nous tourner vers la rue Royale qui fait face à l'entrée de l'église, tout d'abord large et bordée d'arbres, puis plus étroite et sans arbres : elle aboutit à la place de la Concorde (ancienne place Louis XV) dont on aperçoit l'obélisque rapportée par Napoléon de sa campagne en Égypte et permet ainsi aux visiteurs d'avoir une vue sans obstacle sur un autre "temple" parisien, l'Assemblée Nationale. A droite, on aperçoit aussi le dôme doré des Invalides.

    Il faudrait juste retirer les voitures et les feux rouges et les remplacer par quelques carrosses pour que l'illusion d'être au XIXe siècle soit parfaite. Peut-être y arrivera-t-on bientôt grâce à Madame Hidalgo, qui sait ? Elle a l'air de vouloir en prendre le chemin !

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    C'est en effet au XIXe siècle que la construction de cette église fut achevée. Celle-ci s'est étalée sur 85 ans en raison des troubles politiques en France à la fin du XVIIIe siècle (la Révolution) et au début du XIXe siècle où les régimes se sont succédé :

    ► C'est en 1806 que l'architecte Pierre-Alexandre Vignon en entame la construction. Napoléon Ier veut en faire un temple grec dédié à la gloire de sa Grande Armée.

    ► Avec la restauration de la monarchie, Louis XVIII lui veut en faire un monument expiatoire à la mémoire de Louis XVI, de Marie-Antoinette, de Madame Élisabeth et du dauphin.

    ► puis c'est au tour de Charles X et de Louis Philippe Ier de régner : le bâtiment manque d'être transformé en 1837 en gare ferroviaire, la première de Paris.

    Que de ministères ont pris de décisions, différentes à chaque fois, à propos de sa construction avant que ce monument ne devienne finalement une église en 1842 !

    Nommé avant la révolution de 1830, l'architecte Jean-Jacques-Marie Huvé reprend les travaux et la décoration intérieure (après la mort de Pierre-Alexandre Vignon en 1828) en s'inspirant des thermes de Caracalla et du Panthéon de Rome.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Nous voici maintenant face aux portes monumentales de l'église : celles-ci sont l’œuvre du baron Henri de Triqueti (1937) qui avait paraît-il une excellente connaissance de l'Ancien Testament. J'ai coupé les têtes alors on voit très peu les portes...

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Le fronton représente, au centre, Moïse tenant les Tables de la Loi sur lesquelles sont gravés les dix commandements.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Voici photographié ici le haut du vantail gauche

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Dans sa partie basse est représenté l'un des commandements : "Tu ne tueras pas".

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Et voici le haut du vantail droit

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    En-dessous, une scène représente un autre commandement : "Tu ne convoiteras pas la maison de ton voisin, ni autre chose qui lui appartienne". J'ai bien sûr oublié les explications de Michèle Mazure sur les détails de la scène.

    Si quelqu'un peut m'aider, je suis preneuse.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    C'en est fini de l'extérieur : passons à l'intérieur.

    Nous sommes plusieurs à découvrir pour la première fois cette église sans bas-côtés et sans transept.

    Notre guide, ici à droite de la photo, va nous la commenter dans le détail alors  que nous sommes confortablement assis sur des chaises.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Au-dessus des niches abritant diverses statues, Michèle Mazure nous parle de "lucarnes" qui, au final, n'ont pas été créées mais ont été remplacées par des fresques.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    L'église n'est donc éclairée que par trois oculus situés dans les coupoles de la nef.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13,

    La statue de Saint Vincent de Paul accompagné d'enfants, par Nicolas-Bernard Raggi, est pleine d'humanité.

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    Le Christ Sauveur par Francisque-Joseph Duret

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    Cette Vierge à l'Enfant écrase ici un serpent : elle est l’œuvre de Charles Emile Seurre.

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    J'ai bien aimé la statue de Sainte Amélie par Théophile-François Marcel Bra. Il s'agit d'un hommage à Marie-Amélie de Bourbon Sicile, reine des français et épouse de Louis-Philippe. Le sculpteur l’a représentée un livre à la main, en signe de piété.

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    Mais celle que je préfère, je l'ai gardée pour la fin, c'est cette Sainte Clothilde par Antoine Barye (il faut dire qu'il n'est pas le sculpteur le moins connu de cette époque), située à l'est de l'église. L'église est en effet orientée Nord-Sud, pour faire face à la rue Royale, contrairement à l'habitude qui veut que le chœur regarde vers Jérusalem, à l'est donc).

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

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    Nous voici maintenant face au chœur qui est somptueux. Il est composé de trois étages, une fresque dans la partie haute, une mosaïque dans la partie centrale,

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    et une sculpture dans la partie basse.

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    La grille est trop belle, je trouve, avec son petit angelot au centre !

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    Intéressons-nous d'abord à la sculpture monumentale qui orne l'autel. Elle est l’œuvre de Charles Marochetti et représente le Ravissement de sainte Marie Madeleine. Notre guide nous dit qu'à cette époque beaucoup de femmes s'appelaient Marie : pour la différencier, elle était nommée Marie de Magdala (une localité située sur la rive occidentale du lac de Tibériade).

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    À la fin de sa vie, retirée dans la grotte de la Sainte-Baume en Provence, Marie Madeleine est ravie en extase : elle est ici "enlevée au ciel" par trois anges qui déploient d'immenses ailes (le troisième est caché derrière, à la gauche de Marie Madeleine sur la photo).

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    L'autel est encadré à gauche et à droite par deux anges qui prient.

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    Au centre, on peut admirer une mosaïque de style néo-byzantin du Christ de la Résurrection par Charles-Joseph Lameire sur fond d'or réalisée entre 1888 et 1893.  On peut identifier sainte Véronique qui tient le Saint-Suaire.

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    Sur la gauche du Christ, on voit Marie Madeleine agenouillée avec à côté d'elle des flacons de parfums.

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    Les disciples du Christ sont séparés par quelques palmiers qui portent des dattes, arbres de la Palestine comme de la Provence.

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    De l'autre côté, on peut reconnaître (merci internet !) à la gauche du Christ Marthe, la sœur, et Lazare (qui a ressuscité), le frère de Marie Madeleine.

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    Tout en haut se trouve une fresque de "l'Histoire de la Chrétienté" par Jules-Claude Ziegler (1835-1837). Le personnage central préside à l’histoire du christianisme d’Orient, à sa droite, et d’Occident, à sa gauche. Il bénit une assemblée, entouré des Apôtres, au sommet d’une pyramide humaine installée sur un escalier.

    La composition est dominée sur la gauche du Christ par la figure de Napoléon Ier, l’empereur qui mit un terme à la Révolution : en grand manteau parsemé d’abeilles d’or, il se tourne vers Pie VII qui lui remet sa couronne.

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    A la droite du Christ, donc sur la gauche de la fresque, on peut voir plusieurs papes et rois de France couronnés. Au premier plan, la lutte contre l'islamisme.

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    Michèle Mazure nous commente ensuite la chaire de l'église, nous rappelant que nous l'avions connue fonctionnelle dans notre jeunesse ! elle est joliment décorée par des macarons des quatre évangélistes (dont j'ai raté les photos !).

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Nous passons ensuite devant les deux bénitiers situés à l'entrée de l'église, tous deux surmontés de superbes anges.

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    On admire ici le travail du marbre...

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    Au passage, un coup d’œil vers l'orgue Cavallié-Coll...

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    Au fond, le baptême du Christ par saint Jean-Baptiste

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

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    De très jolis fonds baptismaux (dessinés par l'architecte Huvé mais de sculpteur inconnu) surmontés d'un vase porté par quatre angelots agenouillés fort croquants

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    Le vase est très finement décoré d'une frise consacrée au thème de l'enfance, avec Jésus au milieu des docteurs et le Christ attirant à lui les petits enfants.

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    Faisant face aux fonds baptismaux, une niche très joliment garnie de mosaïques dorées, met en valeur un groupe qui représente le mariage de la Vierge Marie et de Joseph devant le rabbin.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    Michèle Mazure nous fait remarquer le très joli tabernacle qu'il contient.

    ☻ Visite de l'église de la Madeleine avec Générations 13

    On peut y voir une colombe volant au-dessus d'un agneau (la Colombe et l'Agneau, ça rappelle quelque chose, non ?), agneau vivant dans un pays où poussent des palmiers et où coulent quatre fleuves...

    Le Jardin d’Éden ?

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    La visite terminée, nous quittons cette belle église en passant entre saint Louis,

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    et saint Philippe.

    Celui-ci est représenté comme un homme âgé et barbu tenant dans les bras une croix, symbole de son martyre (il a été crucifié la tête en bas). Auparavant disciple de saint Jean-Baptiste, saint Philippe fut l'un des premiers à suivre Jésus.

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    Un grand merci à Anne-Marie pour avoir choisi cette sortie et à Michèle Mazure pour nous avoir fait découvrir cette belle église avec tant de talent.


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  • Je suis allée au cinéma ce vendredi avec ma carte 7 Parnassiens : j'avais choisi d'aller voir Bonnard Pierre et Marthe de Martin Provost sorti le 10 janvier dernier.

    Seize ans après avoir tourné Séraphine, il nous offre aujourd'hui un autre biopic de peintre, celui de Pierre Bonnard et de sa femme Marthe qui fut également sa muse.

    Les critiques sont très partagées entre Le masque et la plume et Télérama. Comme j'ai passé un bon moment, j'ai choisi de publier celle de Télérama qui est plutôt bonne.

    Pour son premier Festival de Cannes, Martin Provost a présenté, dans la section Cannes Première, un film où l’on retrouve tout ce que l’on a aimé chez lui : la comédie (Sage Femme), les portraits d’artistes et la réflexion sur la création (Séraphine, Violette). Cela fait de Bonnard, Pierre et Marthe un biopic habité, où l’histoire du célèbre peintre français et de sa compagne raconte à la fois la comédie de l’amour et de l’infidélité, la vie d’artiste et l’idéal qui peut en naître, un rapport au monde, à la beauté et à la vie.

    Vincent Macaigne et Cécile de France incarnent Pierre et Marthe Bonnard.

    J'ai vu "Bonnard Pierre et Marthe

    Une belle et riche palette pour ce film qui sait pourtant garder une vraie simplicité l’élan dépouillé du Bonnard qui, dans les premières scènes, peint pour la première fois celle qui deviendra sa femme. Comme cet homme qui s’émerveille sans jamais se lasser, Martin Provost mène cette reconstitution historique avec un regard ébloui par des trésors quotidiens. La chambre-atelier, moitié papier peint rétro et moitié peinture moderne, avec le Paris de 1895 en toile de fond. La maison au bord de la Seine, où Pierre et Marthe vivent la plénitude de leur fusion charnelle riante, limpide, et où s’organisent avec Monet et Vuillard des déjeuners presque sur l’herbe.

    Au cœur de ces images qui convoquent la magie du temps passé et la font parfois toucher du doigt, deux portraits passionnés se répondent, s’opposent tendrement. Bonnard est interprété par Vincent Macaigne, qui a gardé un corps bien présent pour faire vibrer l’appétit sensuel de son personnage, mais sait surtout étonnamment s’absenter. Il est le génie flottant ailleurs, parmi les couleurs, spécialement le jaune adoré. Dans son ombre, Marthe est la muse, l’idéale, puis l’intendante, celle qui est chargée des nourritures terrestres et souffre d’une jalousie, d’un abandon qui n’existent que dans notre bas monde.

    La bande-annonce

    J'ai tout appris, en regardant le film, de la vie de Pierre Bonnard (je ne connaissais que sa peinture) et découvert que sa femme dessinait elle aussi (sous le nom de Marthe Solange), au pastel sec cette fois-ci, un outil qui me parle. Bien sûr, son œuvre a été largement éclipsée par celle de son mari dont elle fut surtout la muse, d'abord en tant que compagne puis, plus tardivement, en tant qu'épouse.

    Ses dessins resteront en effet dans la stricte intimité d'une sphère privée.

    En voici un aperçu

    Agrumes - 1923

    J'ai vu "Bonnard Pierre et Marthe

    Coupe de poires - 1924

    J'ai vu "Bonnard Pierre et Marthe

    Pin parasol - 1922

    J'ai vu "Bonnard Pierre et Marthe

    Coupe de fruits sur la chaise rouge - non daté

    J'ai vu "Bonnard Pierre et Marthe

    Cela me donne envie de me remettre au pastel...


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  • Ce mardi après-midi, nous sommes allés visiter le Mont Valérien avec la Société d'Histoire et d'Archéologie (SHA du 13e). Un car nous attendait devant la mairie pour nous conduire à destination, c'est-à-dire à Suresnes. Nous sommes 38 à être inscrits à cette visite que nous faisons par un temps plutôt humide et froid. Monsieur Serge Boucheny, député-sénateur de Paris de 95 printemps, est lui aussi du voyage.

    Le Mont Valérien est situé sur les territoires des communes de Suresnes, de Rueil-Malmaison et de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine et abrite depuis 1841 une forteresse militaire  qui accueille le 8eme régiment de transmissions. Sur le flanc sud-est, se trouve le cimetière américain, créé en 1917 (trois hectares cédés par la France aux Etats-Unis), dans lequel reposent 1541 corps de soldats morts pendant la Première Guerre mondiale et 24 soldats de la Seconde Guerre mondiale. Le Mont-Valérien est l’un des lieux de la mémoire nationale, propriétés de l’Etat, sous la responsabilité du ministère de la défense. Monuments nationaux symbolisant un aspect des conflits contemporains, les hauts lieux de la mémoire nationale sont des lieux de cérémonies, de journées nationales commémoratives et des espaces de visites. (Blog archiphotos)

    Le Mont Valérien (161 mètres de haut) vu depuis la capitale☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Les origines du Mont Valérien

    Le mont Valérien possède des origines spirituelles anciennes, probablement liées aux sources d'eau qui y coulaient. Ainsi, l'étymologie du nom de la ville de Suresnes proviendrait du nom d'une déesse celte, Surisna, dérivé du mot « source ».

    Au Bas Moyen-Age, des ermites occupent au fur et à mesure le sommet du mont, une terre sablonneuse où ne poussent que quelques arbres. 

    Entre le XVIIe et le début du XIXe siècle, la partie supérieure accueille un calvaire religieux, objet de pèlerinages, alors que les coteaux sont occupés par des vignes.

    L'édifice est détruit à partir de 1841 et remplacé par la forteresse actuelle, en vue de la protection de la capitale. Celle-ci jouera un rôle important dans le siège de Paris et la lutte contre la Commune de Paris en 1870-1871

    Dessin du Calvaire, à 2 lieues de Paris

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Le car nous dépose au pied du Mémorial de la France combattante, érigé pour rendre hommage à tous les morts de la Seconde Guerre mondiale et inauguré par le général de Gaulle le 18 juin 1960. Constitué de grès rose, il tranche avec la pierre meulière du mur d'enceinte sud de la forteresse.

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    C'est devant cette flamme du souvenir, brûlant 365 jours sur 365 et ranimée chaque année le 18 juin lors de la commémoration de l'appel du général de Gaulle, que nous retrouvons notre guide pour cet après-midi tourné vers l'histoire avec un grand H. Pour la petite histoire, celle-ci nous a dit que chaque matin en arrivant sur les lieux, elle ou ses collègues de l'accueil y retrouvent des canettes de coca ou de bière jetées en son centre. J'ai même lu que des jeunes avaient été interpellés récemment pour y avoir fait griller des chamallows...

    Elle nous explique que plutôt que de sanctionner ces personnes, il est préférable de leur expliquer pourquoi il est important de respecter ce lieu plutôt que de le violer, en hommage aux personnes qui y ont été fusillées pour avoir défendu la France. C'est le discours qu'elle tient aux nombreux scolaires qui visitent chaque année le Mémorial.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Elle nous précise que la grande croix de Lorraine située au centre du Mémorial mesure 12 mètres de haut et est entourée de 16 hauts reliefs symbolisant les différentes forces combattantes.

    Chacune de ces pièces de bronze situées en hauteur correspond soit à une bataille, soit au Maquis, soit à la déportation, soit encore aux fusillés.

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    Les batailles

    Raymond Martin (élu à l'Académie des beaux-arts en 1961) a représenté un jeune soldat de la première brigade française libre du général Koenig qui défend la position de Bir-Hakeim située en Lybie contre les allemands et les italiens du 27 mai au 10 juin 1942. L'arme au poing, il semble défendre une position que le feu semble ne pas atteindre. 

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    Le Maquis

    Raymond Corbin (1907-2002), élu à l'Académie des beaux-arts en 1970, a choisi un visage entre deux branches écartées, rappelant peut-être le "V" de la victoire. Son haut-relief est très expressif.

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    La déportation

    Le haut relief de Henri Lagriffoul rend hommage à tous les déportés (résistants, juifs, tsiganes, etc.), qui ont été envoyés dans les camps de concentration et d'extermination où de nombreux y sont morts. Des mains tentent de libérer un cœur torturé par des barbelés.

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    Les fusillés

    Un haut-relief de Maurice Calka : entre 1940 et 1944, de nombreux de français et étrangers, résistants ou otages, ont été fusillés. La composition complexe de la sculpture laisse entrevoir les corps transpercés par les balles.

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    Les deux portes en cuivre fermées à clef donnent accès à la crypte. Entre les deux, est gravée une phrase prononcée par le général de Gaulle lors de son appel du 18 juin 1940.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème 

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Notre guide nous explique qu'entre la fin de la guerre et l'inauguration de ce mémorial, il s'est passé de nombreuses années : construit entre 1958 et 1960, il a été inauguré le 18 juin 1960. En effet, il a fallu que toutes les parties se concertent et s'accordent pour en arriver là et n'oublier de rendre hommage à personne.

    L'appel du 18 juin 1940

    La cérémonie de commémoration de l'appel du 18 juin au Mont Valérien

    Nous voici entrés dans la forteresse où un sentier en sous-bois constitué de paliers nous mène aux différents endroits qui vont nous être commentés.

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    Notre premier arrêt est pour ce plan de la forteresse qui, vous le voyez, est hexagonale et immense. Nous n'irons parcourir pour notre part que la partie teintée de vert, boisée, où se trouvent les lieux principaux que les prisonniers ont vus hélas - pour la première et la dernière fois. Comme vous pouvez le constater, l'entrée actuelle au Mémorial est en forme du V de la victoire.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Cette dame photographie la seule photo qui existe de l'entrée principale de la forteresse, identifiée par la présence d'un soldat allemand y montant la garde.

     ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    En route pour la prochaine étape

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Mont Valérien, Chatenay Malabry, fort de Vincennes, Balard, cascade du bois de Boulogne, jardin du Luxembourg : autant de lieux d'exécution des prisonniers condamnés à mort en région parisienne.

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    Voici maintenant sur ce panonceau les principaux lieux d'internement à Paris et en région parisienne des futurs condamnés à mort.

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    Camp de Drancy (au moins 69 fusillés), fort de Romainville (au moins 209 fusillés), camp de Compiègne-Royallieu (au moins 19 otages), prison de Fresnes (au moins 378 fusillés), prison de la Santé (au moins 135 fusillés), prison du Cherche-Midi (au moins 121 fusillés).

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Nous continuons à avancer en file indienne...

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Et descendons vers la clairière des fusillés.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Clemens Rüther, sous-officier au sein de la Wehrmacht, catholique et anti nazi, chargé de la sécurité du tribunal militaire allemand surveille le procès le plus médiatisé de l'Occupation, notamment par "l'Affiche rouge", celui du groupe dirigé par Missak Manouchian. Parmi les dix photos, on trouve celle de Celestino Alfonso du 16 rue de Tolbiac, soldat volontaire de l'Armée française de libération (FTP-MOI/Manouchian) ayant participé à 7 attentats, fusillé au Mont Valérien le 21 février 1944 aux côtés de 21 autres résistants du groupe Manouchian.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Placé en surplomb de la clairière où a déjà pris place le peloton d'exécution, équipé d'un Minox, il prend clandestinement ces photographies de leurs derniers instants.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Cinq poteaux d'exécution ont été installés ici face aux soldats prêts à tirer, sur ordre de leur supérieur. La guide nous a dit qu'on ne sait pas pourquoi il n'a transmis ces photos pour qu'elles passent à la postérité qu'en 1985, probablement pour se soulager la conscience avant de mourir.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Ces photos sont le seul témoignage de ce qui s'est passé au Mont Valérien : sur la précédente on voit, au premier plan et de dos, l'abbé Franz Stock, aumônier des prisons de Paris de 1941 à 1944. Début 1941, il commence à visiter les prisons (Fresnes, la Santé, le Cherche-Midi) et apporte un soutien moral et spirituel aux détenus, prépare et accompagne les condamnés à mort jusqu’à cette clairière. De très nombreux témoignages (dont celui d’Edmond Michelet) établissent qu’il apporte le réconfort à ceux qui veulent le recevoir et qu’à ses risques et périls il sert de messager entre les familles et les résistants emprisonnés. Il est considéré comme l'un des pionniers de l'amitié franco-allemande.

    Nous continuons notre cheminement,

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    et dépassons un petit château devenu aujourd'hui le mess des officiers.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    C'est dans la chapelle du château, désaffectée depuis 1871, située tout près de ce dernier qu'étaient regroupés les condamnés à mort : il y eut jusqu'à 88 exécutions un sombre jour d'août 1942.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Notre guide nous laisse quelques minutes pour en visiter l'intérieur. Elle était autrefois entièrement peinte en bleu mais a été endommagée par l'humidité. Sur les bandes bleues restantes, on peut voir des graffitis laissés par les condamnés à mort : l'un d'entre eux dit "Vive la France, Vive l'URSS !"

    C'est un lieu de mémoire très fort.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    A gauche se trouvent les cinq poteaux d'exécution retirés par les allemands à la débâcle pour ne pas laisser de traces tandis qu'à droite on peut voir les caisses dans lesquelles étaient exfiltrées les dépouilles des fusillés en vue de leur inhumation à l'extérieur du Mont Valérien (surtout au cimetière d'Ivry-sur-Seine).

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    A l'intérieur de la chapelle on peut voir aussi des photos de quelques unes des pages du carnet de l'abbé Stock dans lequel il consignait tous les renseignements concernant les condamnés. C'est en partie grâce à ce carnet qu'on a pu reconstituer la liste des fusillés du Mont Valérien : il s'agissait à 60% de résistants et à 40% d'otages.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Nous voici maintenant réunis autour d'une œuvre commémorative du plasticien-sculpteur Pascal Convert inaugurée le 20 septembre 2003 par Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre. Il s'agit d'une cloche en bronze, haute de 2,1 mètres et de 2,7 mètres de diamètre, où sont gravés les noms des 1015 fusillés du Mont Valérien, année par année. La cloche est ronde et donc tous les noms sont au même niveau d'importance.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Notre guide nous parle du symbolisme de la sculpture (sans connotation religieuse) et nous montre que l'année 42 occupe la moitié de la cloche.

    En bas sont gravés les mots :

    "Aux résistants et aux otages fusillés au Mont Valérien par les troupes nazies de 1941 à 1944 et à tous ceux qui n'ont pas été identifiés."

    Notre guide nous fait remarquer qu'en 2003 on parle des troupes nazies (au sens de l'idéologie nazie) alors que précédemment on employait le mot ennemi.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    C'est ainsi qu'on peut lire le nom d'Honoré Louis Henri d'Estienne d'Orves fusillé avec deux autres de ses camarades résistants, Maurice Charles Emile Barlier et Jean Louis Guillaume Doornik le 29 août 1941.

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    Un podcast trouvé sur le site du Mémorial du Mont Valérien raconte la vie de cet homme mort pour la France et plus généralement pour la Liberté. Vous trouverez sur le même site un podcast sur Joseph Epstein, un autre sur Renée Levy, un quatrième sur Georges Dudach et un dernier sur la famille Kirschen.

    Mémoires intimes du Mont Valérien - Honoré d'Estienne d'Orves

    Nous nous rendons ensuite au niveau du petit amphithéâtre surplombant la clairière des fusillés.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Sur un panonceau en bas des marches, la reproduction d'une lettre très émouvante adressée à sa famille en 1942 par un fusillé.

    "Dernier jour de ma vie. 9 heures du matin. je suis calme et plein de courage. Je regarde la mort en face car je n'ai rien à me reprocher de la vie passée : j'ai toujours été travailleur. Il ne faut pas croire que je suis heureux de vous quitter, non, mais la fatalité a voulu que je ne vive pas jusqu'à mes 25 ans. Il fait beau aujourd'hui e je pensais mourir un beau jour. Recopiez ma lettre car, au bout de quelques jours, le crayon sera effacé et vous n'aurez aucun souvenir de moi."

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Cette clairière est interdite d'accès au public mais aujourd'hui il y a justement une commémoration officielle. Je suppose qu'il y en a de nombreuses tout au long de l'année, chaque fusillé se devant d'être honoré.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Sur une dalle érigée ici en 1959 au pied du drapeau français ont été gravés ces mots :

    "De 1940 à 1944, ici tombèrent plus de 4500 résistants fusillés par l'ennemi pour leur indomptable foi dans les destins de leur pays."

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Notre guide nous explique que ce chiffre est faux. Il aurait été choisi comme une moyenne entre celui annoncé par les gaullistes (environ 1000) et celui proposé par les communistes (10000). En réalité, aucun chiffre n'est vraiment certain mais on serait plutôt autour d'un peu plus de mille.

    Parmi les fusillés du Mont-Valérien, 40% étaient des otages, 60% étaient des condamnés à mort jugés par les tribunaux militaires allemands. 65% d’entre eux étaient communistes, 17% étaient juifs et 20% étrangers.

    Nous rejoignons ensuite, un peu frigorifiés tout de même par le vent glacial qui souffle sur la colline, la crypte dans laquelle se termine cette visite.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Celle-ci contient les dépouilles de 17 fusillés (parmi lesquels deux femmes, Berthy Albrecht et Renée Levy, et le dernier Compagnon de la Libération, Hubert Germain décédé en 2021) représentant les différentes catégories de combattants (combattants de 1940, FFL, résistants, déportés, prisonniers, hommes de la France d’Outre-Mer). Le monument est dû à Félix Bruneau, architecte des bâtiments civils et palais nationaux et a été inauguré le 18 juin 1960 par le général de Gaulle.

    Le tombeau d'Hubert Germain se trouve au centre de la crypte.

    La phrase inscrite : "Nous sommes ici pour témoigner devant l'Histoire que ses fils ont lutté pour que la France vive libre."

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    Une flamme en inox fait face aux 17 cercueils. Elle ferme l'urne contenant les cendres des martyrs de la déportation.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Cliquez ICI pour télécharger le documentaire sur le site de Pascal Convert "Mont Valérien au nom des fusillés".

    A la sortie, mais sans retarder le car... je discute en compagnie de Rosalia et de son mari avec la jeune guide à laquelle j'ai demandé son cursus : licence d'histoire naturellement, licence d'anglais of course et études actuelles de sociologie : un beau curriculum vitae !

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Pendant le trajet de retour, il nous a été distribué un livre écrit par Serge Boucheny, intitulé "Les parisiens en Résistance - Paris 13e". Nous remercions celui-ci et la SHA pour ce cadeau qui viendra prendre place dans notre bibliothèque après lecture.

    ☻ Visite guidée du mémorial du Mont Valérien avec la SHA du 13ème

    Nous avons été enchantés par cette visite qui était, il faut le dire, très bien commentée et pleine d'émotion.


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