• "Ceci est mon livre et je l'écris de ma propre main".

    Ainsi débute ce premier livre d'une romancière anglaise, Nell Leyshon. "La couleur du lait" est le récit de Mary, une jeune campagnarde de quinze ans vivant dans le Dorset en 1831 en compagnie de ses trois sœurs, toutes filles de ferme.

    La couleur du lait, un roman de Nell Leyshon

    Comme Mary souffre d'une infirmité congénitale qui la fait boiter, son père la sacrifie un jour en l'envoyant travailler dans la maison du pasteur Graham dont la femme est malade. Ainsi, il n'aura plus à la nourrir et elle lui rapportera même de l'argent. Sa mère, elle, est dure et surtout indifférente à son sort...

    Mary quitte donc un jour sa famille le cœur gros : son seul réconfort à la ferme est un grand-père malicieux qu'elle adore et auquel elle rend visite régulièrement dans la grange où il s'est réfugié.

    Dans la maison du pasteur, Mary découvre une femme fragile et pleine de bonté qui accueille à bras ouverts cette jeune paysanne au franc parler.

    Le roman comporte quatre chapitres : la vie de Mary au rythme des saisons.

    S'il n'y a pas de majuscules et une ponctuation hasardeuse dans le récit de Mary, c'est que Nelle Leyshon lui donne la plume : on découvre ainsi l'écriture hésitante d'une jeune fille qui vient tout juste d'apprendre à lire et à écrire. Et ceci, c'est au Pasteur qu'elle le doit.

    En échange de quoi... ?

    C'est un mystère que le lecteur découvre assez vite en lisant ce roman très attachant.

    Moi, j'ai adoré ! 


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  • En me promenant dans le 5ème arrondissement ces jours-ci, j'ai découvert l'Hôtel Scipion Sardini et le Pavillon du marché aux chevaux.

    L'Hôtel Scipion se trouve au numéro 5 de la rue du même nom. Il s'agit d'une belle demeure de la Renaissance dans le Faubourg Saint-Marcel acquise en 1565 par Scipion Sardini (1526 - 1609), originaire de Lucques en Toscane, qui suivit Catherine de Médicis en France.

    D'abord établi à Lyon où il assiste ses frères dans leurs négoces, il monte rapidement à Paris où il met ses talents de financier au service de la Reine. Il acquiert vite une très grosse fortune au point que l'on dit en parlant de lui : "Naguère sardine, aujourd'hui grosse baleine : c'est ainsi que la France engraisse les petits poissons italiens".

    Voici d'ailleurs le blason des Sardini

    Gustave Doré l'a imaginé ainsi 300 ans après... en 1855 pour l'édition des Contes drolatiques de Balzac.

     L'Hôtel est construit en 1532 pour Maurice Bullioud, doyen de Saint-Marcel mais l'architecte, bien que de premier ordre, est inconnu à ce jour. Scipion Sardini y vit avec son épouse, Isabelle de Limeuil.

    On entre dans l'hôtel par un élégant porche modifié au XVIIème siècle.

    L'Hôtel est constitué d'un quadrilatère autour d'une cour pavée.

     Le bâtiment de droite est remarquable en ceci qu'il possède une galerie en briques ornée de médaillons en terre cuite inspirés de Girolamo della Robbia.

    Voici un beau vieillard barbu

     Un guerrier (possible allusion à Scipion l'africain)

     Une femme vêtue d'une robe et portant un collier

     

    Après la mort de Scipion Sardini, l'hôtel est transformé en hospice en 1612 (sous le nom de "l'hôpital des pauvres renfermés" : tout un poème...). En 1639, il sera racheté pour être affecté en 1656 à l'Hôpital Général (il servira alors de maison d'accouchement et d'allaitement sous le nom d'hôpital Sainte-Marthe). Après la Révolution, il devient la boulangerie des Hôpitaux de Paris et garde cette fonction jusqu'en 1974 lorsqu'il est transformé en musée puis en administration de l'Assistance Publique à partir de 1983, fonction qu'il occupe toujours. En fait, il s'y trouve aussi des logements de fonction...

    Cette gravure ancienne montre la charrette chargée de pains sortant de la boulangerie.

    Le square Scipion fait face à l'hôtel.

     

    Au bout du square, un haut-relief monumental a été réalisé par Alexandre Charpentier en briques de grès polychrome : il a été présenté au moment de l'Exposition universelle de 1900 à l'exposition décennale des Beaux-Arts et a été inspiré par la célèbre frise des Archers mise à jour à Suse lors des fouilles du Palais de Darius.

    Il faudra que j'aille la voir car elle se trouve au Louvre !

    Il a pour titre "Les boulangers" et voici ce qu'Alexandre Delhomme, Compagnon du Devoir, en dit :

    "Se détachant sur les treillis de jointage en ciment vernissé, des cubes de terre cuite ; ce sont trois vigoureux Compagnons qui peinent courageusement sur la besogne. De toute la force de ses bras musclés et de ses reins solides, l'un d'eux pétrit la pâte ; un autre la présente dans une corbeille au plus affairé des trois, qui enfourne allègrement. Nus jusqu'à la ceinture, le grand tablier blanc aux hanches, les trois mitrons sont admirables de vie, de naturel et de grandeur simple. Ah ! les robustes gars, et comme tout leur être chante un hymne au travail !"

    Cliquez sur l'image pour la voir en grand : le haut-relief est vraiment superbe !

    J'ai ensuite rejoint l'impasse du marché aux chevaux à 5 minutes à pied.

     

    Elle se trouve à côté d'un pavillon de style Louis XV,édifié en 1760-1762 sur l'ordre d'Antoine de Sartine, lieutenant général de Police au 5 de la rue Geoffroy Saint-Hilaire. Il était destiné à recevoir les contrôleurs du marché aux chevaux voisin. Cette partie de la rue s'appelait d'ailleurs alors la rue du marché. Non loin de là , il y avait la rue de l'Essai où l'on faisait trotter les chevaux avant de les acheter.

    Mon Dieu, comme cette époque devait être pittoresque mais... on a gagné en confort tout de même ! Il faut savoir ce que l'on veut...

    Sur la façade sculptée on reconnait une grue et un coq sculptés qui pourraient représenter "la Patience" et "la Vigilance". Le marché se tient ici jusqu'en 1857, année de l'ouverture du  Boulevard Saint-Marcel.

    Sur la plaque de marbre à gauche de la fenêtre centrale, on peut lire : 

    "En 1760, Messire Antoine-Raymond-Jean-Gabriel-Guilbert-Gabriel de Sartine, Chevalier Conseiller du Roi en ses conseils, Maître des Requêtes ordinaires de son Hôtel, Lieutenant général de Police de la ville Prévôté et Vicomté de Paris, ordonne la construction de ce Pavillon pour y tenir la Police du marché aux chevaux." 

    Heureusement que je m'appelle Claire Leconte, c'est plus simple pour signer !

    Un peu plus loin au numéro 11 de la rue, subsiste un intéressant bâtiment du XIXe siècle : sur sa façade on peut lire « Marchand de chevaux, poneys, doubles poneys, de toutes provenances et chevaux de trait ».

     

    Paris n'a pas fini de me surprendre...

     


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  • Pour fêter dignement le Nouvel An chinois, la Mairie du 13ème a prévu comme d'habitude un programme très alléchant allant du cinéma (Le dernier loup et Le chien du Tibet) au défilé en passant par la musique (avec un concert intitulé "Nouvelle route de la soie"), une conférence ("Le boudhisme et le boudhisme zen"), une exposition (La calligraphie "d'un seul tenant"), la photographie ("Jeunes instruits") et... l'Opéra traditionnel.

    Et c'est justement l'Opéra de Canton que je suis allée voir et écouter.

    Canton se trouve dans le sud de la Chine.

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'opéra traditionnel chinois est issu des différents types de théâtres en vogue dans la Chine ancienne. A l'origine mise en scène d'extraits de la littérature classique et de l'historiographie chinoise, il intègre multiples éléments progressivement codifiés pour résulter dans la conception d'un art dramatique complet. L'esthétique épurée de la mise en scène, les compositions musicales d'instruments variés, les couleurs chatoyantes des costumes, le langage mystérieux du maquillage, les chants mélodieux et la technicité du jeu composent les multiples facettes d'une interprétation qui sert l'évocation d'une histoire émouvante et sophistiquée.

    L'Opéra de Canton est l'un des quatre opéras les plus importants. Il a été répertorié par l'UNESCO comme Patrimoine culturel immatériel mondial.

    La salle des fêtes de la Mairie avait été décorée de superbes bouquets qui, malheureusement, n'ont pas été développés ce qui m'a empêchée de les prendre en photo...

    C'est Philippe Moine, l'adjoint au maire chargé de la culture, qui a présenté la soirée à laquelle assistaient beaucoup d'habitants du 13ème et bien sûr en particulier du quartier chinois.

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'Opéra qui nous a été présenté s'appelait : La lanterne au lotus magique. Cette pièce apparut à l'époque des dynasties Song et Yuan (960-1368) et eut un regain d'intérêt en 1957. Un film en a été tiré en 2002.

    Tandis que les acteurs opéraient sur la scène, le texte en était projeté dans les deux langues sur cet écran. J'ai eu l'incroyable chance d'être arrivée pas spécialement en avance et de me retrouver au premier rang, les chaises réservées pour les "huiles" étant restées vides...

    Super pour la photographe !

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    La pièce raconte l'histoire de San Shengmu, une immortelle, qui s'amourache d'un érudit mortel du nom de Liu Yanchang. C'est sans compter sur la tyrannie de son frère qui fera tout pour séparer les amants...

    La première actrice à entrer en scène est l'une des suivantes de San Shengmu, Lengzhi.

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    Les mouvements de manches sont très gracieux.

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    Bonjour la durée du temps de maquillage...

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    San Shengmu : "Depuis que nous sommes mariés, tout me semble merveilleux".

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    Remarquez la concision du chinois : une ligne suffit pour trois en français !

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    Trois jours plus tard, le frère de San Shengmu, Erlang, furieux de cette union, envoya un chien du ciel pour voler cette lanterne et la jeune femme dut se résoudre à renvoyer son amant...

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    San Shengmu : "C'est sûrement mon frère qui arrive: le pire approche..."

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    San Shengmu : "Lenzhi, ramenez vite mon mari dans le monde d'en bas !"

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'écharpe représente le "mur" entre les mortels et les immortels.

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    Il ne s'agissait ici bien sûr que d'un extrait de l'opéra condensé : le public français (et même peut-être chinois d'origine) n'étant pas habitué à voir un tel spectacle.

    A suivi un chant en duo : "Un songe dans le jardin du Pavillon des pivoines". Inutile de vous dire que là, je n'ai rien compris et que je regardais ma montre assez souvent !

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    Pour finir la soirée, nous avons assisté à une danse de l'épée qui était également chantée.

    En voici un court extrait. Son titre : "Adieu ma concubine"

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    Attention à vos oreilles occidentales... !

    Les salutations des acteurs...

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    L'Opéra ce Canton à la Mairie du 13ème

    Un très beau spectacle qui m'a fait voyager pour pas cher...


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  • Dimanche dernier, j'ai fait une visite guidée fort intéressante proposée par Anne-Marie : celle de l'hôtel particulier de la Païva situé sur les Champs-Elysées au numéro 25. Il a été construit entre 1856 et 1865 par l'architecte Pierre Manguin pour Esther Lachmann, une aventurière russe d'origine polonaise.

    L'hôtel appartient au Travellers Club depuis 1903 : il s'agit d'un club privé exclusivement masculin réservé à ses membres et à leurs seules épouses. Le Club qui l'a fait classer aux monuments historiques depuis 1980 en assure l'entretien et la restauration.

    Esther Lachmann est née le 7 mai 1819 à Moscou de parents juifs polonais (son père est tisserand). A 17 ans elle est mariée à un tailleur d'habits français, ancien soldat de Napoléon resté en Russie, François Hyacinthe Antoine Villoing. Rebutée par la vie modeste qu'il lui fait vivre, elle le quitte rapidement, juste après la naissance de leur fils Antoine en 1837. Elle assurera cependant toujours l'éducation de ce dernier mais ne le verra jamais plus...

    La Païva en 1860

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Arrivée à Paris, elle s'installe dans le quartier de l'église Notre-Dame-de-Lorette où elle s'introduit dans le milieu de la prostitution, seule solution pour elle qui est arrivée sans le sou... (on appelait d'ailleurs à cette époque les courtisanes "débutantes" qui partageaient leurs faveurs entre plusieurs amants des Lorettes). Elle prend, sur les conseils de ses amies, le prénom de Thérèse et pendant une dizaine d'années collectionne ainsi les amants (elle a même une fille de l'un d'eux, Heinrich Henz, jeune pianiste-compositeur qui l'introduit auprès de ses amis écrivains et musiciens : c'est là qu'elle va devenir une "mondaine" accomplie).

    Heinrich Herz en 1832

    Elle le trompe allègrement quand celui-ci, ruiné, se voit obligé de partir en Amérique pour une tournée de 5 ans. C'est alors qu'elle rencontre le Marquis Aranjo de Païva, portugais né à Macao qui, en l'épousant, lui donne un nom.

    C'est tout ce qu'elle cherchait ! Après la nuit de noces, elle lui signifie son congé...

    Le destin met alors sur sa route le jeune (il a 11 ans de moins qu'elle) et beau Comte Guido Henckel von Donnersmarck, cousin de Bismarck, qui tombe fou amoureux d'elle. Celui-ci est de plus la plus grande fortune allemande après Krupp... Elle demande alors à Rome l'annulation de son mariage et l'obtient. Entre-temps, Païva, qui a perdu tout son argent au jeu, se suicide : elle peut donc épouser son Comte...

    Le Comte Guido Henckel von Donnersmarck en 1871

    Elle a maintenant tout loisir de se faire construire, avec l'argent de son mari..., le plus somptueux hôtel particulier de Paris sur les Champs-Elysées, un rêve qu'elle caresse depuis qu'elle est toute jeune.

    L'appétit de richesse de la marquise passant par sa petite vertu fera dire au Figaro : "Bien que l'Hôtel ne soit pas encore aménagé, Madame la Marquise de Païva peut s'y installer ; le trottoir vient d'être terminé."

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    Sur la façade de l'hôtel, un fronton portant un macaron représente la Païva, les yeux baissés.

    On la reconnait d'ailleurs toujours à ses yeux baissés comme sur ces ferrures dorées ornant le portail d'entrée.

    Sur les piliers encadrant le portail, des lions symbolisant la force mais peut-être aussi la richesse de cette femme devenue une vraie courtisane, une "lionne" comme on aimait à le dire à l'époque.

    Une petite pièce fait communiquer le hall d'entrée avec le grand salon : ici, tout est luxe et volupté...

     Le grand salon

    Les deux miroirs situés de part et d'autre du salon renvoient la lumière des lustres à l'infini.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

     Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

     La cheminée monumentale est en marbre rouge de Carrare. Elle est parée de deux statues de femme en marbre blanc par Eugène Delaplanche.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    A gauche, l'Harmonie

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    A droite, la Musique : à ses yeux baissés, on reconnait la Païva.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Au-dessus de la cheminée, les initiales G et B entrelacées : le G pour Guido Henckel von Donnersmarck et le B pour Blanche, le troisième prénom de la Païva.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Au plafond, une superbe peinture de Paul Baudry représentant "le jour poursuivant la nuit". La marquise aurait servi de modèle au nu de la Nuit... C'est à ce peintre que Napoléon III avait confié la décoration du Foyer de l'Opéra de Paris.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Dans les angles, la Païva est représentée, toujours avec les yeux baissés...

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Au plafond, des angelots tiennent une couronne : celle de Comte, probablement en hommage au titre de son mari. Ils sont l'oeuvre de Jules Dalou.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    La terrasse attenant au grand salon permet la vue sur l'avenue des Champs-Elysées...

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Une lourde tenture rouge sépare le grand salon du salon de musique attenant.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    La cheminée de marbre blanc, située sous la fenêtre, est décorée de deux têtes de lionnes dorées (la lionne, symbole des courtisanes). 

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    avec des attributs fort féminins !

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    On continue la visite par celle de la salle à manger : c'est ici que la marquise recevait ses amis de marque et cultivait son cercle littéraire exclusivement masculin : elle redoutait la concurrence certes mais il est vrai qu'aucune dame n'a jamais consenti à franchir le seuil de l'Hôtel...

    Elle y accueillit les Goncourt, Théophile Gauthier, Gambetta, Ernest Renan, Franz Liszt, Richard Wagner...

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Bien qu'étant les hôtes de la marquise, les Goncourt ne l'épargnèrent guère

    « (…) je la regarde, je l’étudie. Une chair blanche, de beaux bras et de belles épaules se montrant par-derrière jusqu’aux reins, et le roux des aisselles apparaissant sous le relâchement des épaulettes ; de gros yeux ronds ; un nez en poire avec un méplat kalmouk au bout, un nez aux ailes lourdes ; la bouche sans inflexion, une ligne droite, couleur de fard, dans la figure toute blanche de poudre de riz. Là-dedans des rides, que la lumière, dans ce blanc, fait paraître noires, et, de chaque côté de la bouche, un creux en forme de fer à cheval, qui se rejoint sous le menton qu’il coupe d’un grand pli de vieillesse. Une figure qui, sous le dessous d’une figure de courtisane encore en âge de son métier, a cent ans et qui prend, par instants, je ne sais quoi de terrible d’une morte fardée. »

    Bonjour l'amitié !

    La pièce possède une cheminée monumentale en marbre de Carrare richement décorée : on peut y voir deux faunes musiciens en guise d'atlantes et au dessus deux lionnes couchées (toujours un rappel à la "position" de courtisane de la marquise) encadrant une très jolie bacchante également de Jules Dalou à la manière du "Jeune Pêcheur à la Coquille" de Carpeaux.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    J'ai adoré !

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Toujours avec les yeux baissés... La Païva avait une Ego très développé !

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Le plafond de la salle à manger est très travaillé : la Païva y est représentée à ses quatre angles enserrant au centre une peinture représentant Diane chasseresse, une référence à celle de Benvenuto Cellini au Château d'Anet.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Les quatre portes de la salle à manger sont surmontées de trumeaux ornés d'allégories représentant la chasse, la pêche, les vendanges...).

    On voit ici la pêche par Gabriel Ranvier surmontée d'un tournesol.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Dans le bar attenant (aménagé par ailleurs par le Traveller's Club pour ses membres) deux jolies fontaines.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Un coup d'oeil sur le jardin où la marquise conservait ses plantes l'hiver venant.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    C'en est fini du rez-de-chaussée... Un superbe escalier taillé dans l'onyx donne l'accès à l'étage.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Le groupe en monte les degrés tout en suivant les commentaires de la guide.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Celle-ci nous fait remarquer le blason sous l’escalier: c'est celui de la Païva. On le reconnait à l'initiale B de son troisième prénom. Elle avait changé de prénom lors de son mariage avec le Comte Guido Henckel von Donnersmarck, sans doute pour se refaire une virginité...

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Remarquez aussi la forme ronde de l'escalier soulignée par le carrelage au sol. Quant aux candélabres, ils sont en bronze doré.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    A la mitan de l'escalier un superbe bas-relief de marbre blanc représente Amphitrite chevauchant un poisson à la queue très fantaisiste... Une représentation de la Païva naturellement puisque la jolie déesse a les yeux baissés !

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    La coupole possède un orifice octogonal et éclaire ainsi avantageusement les marches de l'escalier. Elle est décorée par des allégories de Rome, Venise, Naples et FLorence.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Nous voici arrivés en haut de l'escalier éclairé par une fenêtre ornée de jolis vitraux en grisaille.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Dans la garde-robe de la marquise, un bronze argenté de Albert Carrier-Belleuse représentant une "femme à l'enfant". Remarquez la lionne qui orne la vasque...

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    La garde-robe donne accès à la chambre de la marquise. Ici encore une cheminée assez exceptionnelle flanquée de deux nymphes en bronze doré.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Elle est pourvue d'un médaillon représentant un nu de femme : la Païva à coup sûr !

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Le plafond à caissons n'a rien à lui envier...

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    La visite se termine par celle de la salle de bains mauresque, l'orientalisme étant très à la mode à cette époque. Elle est revêtue d'onyx dans sa partie basse tout comme la baignoire qu'elle renferme.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Un joli plafond...

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    et des céramique d'Iznik

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    La cuve de la baignoire est tapissée de bronze argenté et elle est pourvue de trois robinets.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    Une légende court sur internet comme quoi l'un aurait distribué l'eau tiède, l'autre du lait d'ânesse et le troisième du champagne : c'est faux bien entendu ! Notre guide nous a expliqué qu'il s'agissait plus probablement d'un robinet destiné à réguler l'écoulement des eaux usées.

    Visite guidée de l'hôtel de la Païva avec G13

    On aime ou on n'aime pas cette débauche d'art de la Renaissance italienne qui, il faut l'avouer, m'étoufferait s'il fallait que j'y vive  (il n'en n'est pas question heureusement !) mais il reste que la Païva nous laisse ici un musée d'une richesse incroyable.

    L'Hôtel particulier a coûté la bagatelle de 10.000 francs or de l'époque : une vraie fortune et pour le visiter, je n'ai dépensé que 10 euros !

    Merci Anne-Marie pour cette brillante idée de visite.

     

     


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  •  Le soir du 5 février dernier a eu lieu le Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème. Le quartier était pour l'occasion pavoisé aux couleurs de la Chine...

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Le concert se tenait dans la grande salle des fêtes et je peux vous assurer que la salle était pleine à craquer ! J'avais trouvé une bonne place comme d'hab...

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Comme vous en avez sûrement entendu déjà parler, la chèvre de bois laisse la place en cette année 2016 au singe de bois...

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    C'est Jérôme Coumet en personne, Maire de l'arrondissement, assisté de Buon Huong Tan, Conseiller de Paris au Tourisme qui ont ouvert les festivités.

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Je commence à connaître la musique chinoise pour être déjà allée l'écouter lors d'une même occasion plusieurs années de suite mais cette année le concert avait été mis sous le signe de la diversité culturelle puisque participaient à ce concert, non seulement des musiciens chinois mais également un musicien français, un musicien d'origine marocaine, un musicien d'origine cambodgienne et un autre d'origine japonaise...

    Le concert a commencé par la prestation de Sylvain Bézia accompagné à l'Erhu par Guo Gan dans une salle qui avait été plongée dans le noir pour l'occasion.

    Sylvain Bézia est un artiste qui pratique la harpe laser... (vous savez, comme Jean-Michel Jarre). Il s'agit d'un instrument de musique électronique où l'émission du son est contrôlée par les mains de l'instrumentiste interrompant le passage de faisceaux laser, ce qui déclenche un événement MIDI transmis à un synthétiseur.

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    La lumière revenue, le concert classique a ensuite débuté. Son titre : Nouvelle route de la soie

    La Route de la soie désigne un réseau antique de routes commerciales reliant la ville chinoise de Chang’an (aujourd’hui Xi’an) à l’Afrique et à l’Europe. La Nouvelle route de la soie est une stratégie globale proposée par le président Xi Jinping dont l’objectif est de promouvoir le développement et la prospérité des différents pays. 

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Guo Gan est né à Shenyang en Chine.

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    C'est un grand spécialiste de l'Erhu : il a d'abord appris l'instrument avec son père et a poursuivi sa formation au Conservatoire de Shenyang dont il est diplômé. Il est venu en France en 2001 pour suivre une formation de percussions jazz au conservatoire de Fresnes.

    Il a participé à plus de 2000 concerts et spectacles dans 70 pays, avec de nombreux orchestres de renommée mondiale (il a joué avec Lang Lang, Didier Lockwood, Jean-François Zygel...).

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Khalid Kouhen, lui, est né à Fès au Maroc en 1957 dans une famille de musiciens et s'est établi en France en 1978. Il est reconnu comme l'un des plus talentueux percussionnistes de sa génération.

    Guo Gan et Khalid Kouhen aux percussions : extrait de Battle Road fumée

    Guo Gan joue aussi des mini-cymbales...

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Le voici maintenant jouant de la "grenouille à gratter" (instrument d'origine vietnamienne).

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Lai Longhan, lui est d'origine cambodgienne : il est né en 1948 à Pnom-Penh.

    Il maîtrise tout autant le Dizi que la Xiao (flûte droite) ou le Xun (flûte globulaire en terre cuite).

    Il joue ici du Dizi...

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Voici à quoi ressemble le Xun (je n'ai pas réussi à le prendre en photo pendant qu'il en jouait).

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

     

    Liu Yi Qing est né en 1980.

    C'est un joueur de Pipa, un instrument traditionnel chinois de la famille du luth.

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Kengo Saito, lui, est japonais d'origine. Après avoir appris la musique classique occidentale, il s'oriente vers les musiques du monde, notamment la musique de l'Inde du Nord.

    Khalid Kouhen aux tambours iraniens et indiens et Kengo Saito au Rubâb (Afghanistan) et au Sitar (Inde).

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

     Guo Gan, Khalid Kouhen et Kengo Saito dans un extrait du morceau "Arabesques"

     

    Tous les musiciens jouent "Désert chameau".

    Petit à petit, les enfants se sont rapprochés des musiciens !

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Les musiciens ont été chaudement applaudis par une salle archi-comble.

    Concert du Nouvel An chinois à la Mairie du 13ème

    Sympa la musique multiculturelle !


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