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Par Tolbiac204 le 15 Juin 2017 à 23:37
Cette rando est la nôtre : nous l'avons préparée, Eliane, Marie-France et moi en automne, au mois de novembre. Inutile de vous dire que sept mois plus tard nous l'avions largement oubliée ! Pourtant, nous ne nous en sommes pas si mal tirées, surtout compte-tenu du fait que Jacqueline nous a demandé de la faire en sens inverse, ce qui ne nous a pas facilité la tâche.
A l'automne, cela donnait ces couleurs dans la forêt de Saint-Germain.
Au mois de juin la forêt a reverdi.
Le Pavillon de la Muette est un ancien rendez-vous de chasse construit par l'architecte ange-Jacques Gabriel pour le roi Louis XV en 1775 sur les ruines d'un ancien château construit sous François Ier au XVIème siècle. Le pavillon était jusqu'en juillet 2014 géré par l'Office National des Forêts. Il a été vendu par l'État et sa restauration, en conformité avec la procédure s'appliquant aux monuments historiques classés, a commencé début 2015.
On aperçoit sur la toiture la terrasse belvédère destinée à suivre les chasses.
Nous rejoignons ensuite l'étang du Corra.
et, passé le pont, arrivons en vue de Conflans.
Dans le port Saint-Nicolas, des péniches appartenant à des mariniers en retraite. Le Bateau-Chapelle "Je sers" y est amarré.
C'est Joseph Bellanger, invalide de guerre devenu prêtre en 1924, qui créa l'Ent'raide Sociale Batellière, une oeuvre destinée à venir en aide aux marins. Le bateau, acheté en 1935 par l'ESB, devient ainsi le siège de l'aumônerie nationale de la Batellerie.
Il est amarré devant le château de Théméricourt qui abrite l'internat permettant la scolarisation des enfants des bateliers.
Depuis le départ de Joseph Bellanger pour raisons de santé, des bénévoles continuent à apporter l’aide indispensable aux bateliers pour qu’ils soient en règle avec toutes les administrations (fisc, caisses d’allocations familiales ou de retraite, suivi des démarches, etc.).
Par ailleurs, les mariniers étant moins nombreux en France (le parc fluvial a beaucoup diminué), les cas poignants ont toujours la ressource de s'adresser à LEB pour y trouver aide et compassion.
Coucou les filles !
En bas de l'escalier conduisant à la partie chapelle, un comptoir au nom de Joseph Bellanger pour accueillir les plus démunis.
A l'avant du bateau, la partie chapelle
Nous avons maintenant rejoint le petit restaurant que nous avions repéré en novembre. Par chance, il fait très beau aujourd'hui et nous pouvons nous installer en terrasse, à l'ombre des arbres.
Il s'appelle Le Deux et se situe sur les bords de la Seine, malheureusement cachée par un parking de voitures...
J'espère que je n'ai oublié personne... ?
Après le repas, nous nous rendons au Musée de la Batellerie et des voies navigables. Ce dernier est installé dans l'ancien Prieuré de sainte Honorine (d’où le nom de la ville) fondé en 1080 par Ives III de Beaumont, dit “le clerc”.
La façade du Musée en briques et pierres
contraste avec le côté est, plus décoré.
Sur le côté, une jolie verrière
Tiens, Annette a pris de la hauteur !
On peut depuis cet endroit jouir d'une jolie vue sur la Seine car le Musée se trouve dans la ville haute.
Un petit aperçu du musée
La première pièce que nous avons visitée possède un élégant plafond.
On peut y voir les différentes sortes de halage au fil des temps.
Par l'homme...
A l'aide des chevaux (sculpture d'Emmanuel Frémiet - vers 1900)
Les derniers bateaux à chevaux ont disparu vers les années 1960-1970. La corde de halage était fixée au sommet du mât pour éviter qu'elle ne s'accroche à la végétation des berges.
Il existait aussi des bateaux "toueurs" : une chaîne métallique, fixée à ses deux extrémités, est immergée dans le cours d'eau. Le bateau-treuil (ou toueur) s'agrippe à cette chaîne et peut tracter un train d'une quinzaine de péniches. Dans un premier temps, celui-ci est mû par des chevaux disposés en manège sur son pont, puis une machine à vapeur est installée à son bord, avant celle d’un moteur électrique en 1910.
Voici la maquette d'un coche d'eau parisien datant du XVIIIème siècle.
Le service du coche d'eau est réservé au service des voyageurs et des marchandises de valeurs "en paquets". Il fonctionne selon un calendrier et un horaire fixe avec un barème de prix déterminé et affiché. Tous les grands cours d'eau de France avaient des coches d'eau mais c'est au départ de Paris que la navigation était la plus intense.
Cliquez sur la photo pour mieux la voir.
Et un panneau publicitaire datant de 1834 ainsi que la cloche destinée à signaler un départ prochain.
Dans la salle suivante sont rassemblées toutes sortes de maquettes de bateaux.
Sur celle-ci on peut reconnaître Maurice Chevallier !
Dans cette vitrine, les femmes des mariniers ont réuni une collection des divers chargements transportés dans leurs péniches... On trouve ainsi du sable, des cailloux, du gravier, mais aussi des litières pour les chats, de l'amiante, des engrais, de la luzerne, du colza, du lait, des graines de moutarde, du sucre, du café, des cacahuètes, de la farine ou encore du sel.
Coupe d'une péniche transportant du charbon avec l'habitacle des mariniers au dessus du chargement
Dans l'orangerie du Château, une exposition a lieu jusqu'au 2 juillet prochain.
Nous y avons vu, à la va-vite, une reconstitution de la cabine originale du bateau "Le Fantasia" datant de 1930.
On ressort du parc du Château par un élégant escalier de pierre.
Au final, ce repérage n'a pas aussi mal marché que nous le craignions...
A refaire l'an prochain !
(PS : merci à Maryannick pour les photos qu'elle a prises afin d'illustrer ce parcours en forêt.)
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Par Tolbiac204 le 18 Mai 2017 à 23:00
Encore une très belle randonnée avec Jacqueline, du côté de Gif-sur-Yvette cette fois-ci.
Et c'est parti pour la journée, ensoleillée comme vous le voyez.
Une très belle nature encore aujourd'hui avec des fleurs...
et des chevaux
Ca monte, ça descend, de vraies montagnes russes : l'économie d'un billet d'avion !
Au passage, des petites gâteries pour ce joli cheval
une photo de Maryannick...
Jolie maison
Un kilomètre à pied, ça use, ça use...
Iris sauvages
Nous voici arrivés à Villiers-le-Bâcle où nous sommes venus visiter la maison de Foujita.
En face de la maison, des panneaux publicitaires
L'une des signatures qu'utilisait le peintre : un coeur muni d'ailes...
La maison ci-dessous n'est pas celle du peintre mais l'ancien presbytère qui sert à l'accueil du public. Les tentes que vous voyez ont été installées en prévision de la Nuit des Musées.
Nous assistons d'abord à un petit film sur la vie du peintre (cliquez sur le lien).
Foujita était un dandy : il arborait une coupe de cheveux très particulière (on dirait aujourd'hui une coupe au bol !), des lunettes toutes rondes et une petite moustache en forme de M...
Autoportrait au chat (1926)
Puis, c'est la visite guidée (et gratuite : il paraît que ça ne devrait pas durer...) de la maison située dans un joli parc.
Les volets de l'atelier de Foujita, au deuxième étage restent toujours fermés pour préserver les oeuvres du peintre de la dégradation due à la lumière du jour. Au rez-de-chaussée se trouvent la cuisine et la salle-à-manger du couple, au premier étage, le salon et la chambre.
Les photos sont interdites dans la maison.
J'ai réussi à en trouver sur le net sauf celles de la cuisine qui est pourtant émouvante à visiter et très datée 1960 avec ses placards en formica, ses robots modernes pour l'époque, un curieux appareil à couper la glace importé du Japon, mais aussi ses vieux moulins à café, et ses séries de casseroles en aluminium.
Photo tirée du livre : Foujita, le maître du trait par Anne Le Diberder
Foujita a aussi décoré la crédence de l'évier de carreaux de Delft (pour certains originaux mais pour d'autres c'était juste un papier "Vénilla" collé sur des carreaux blancs !)
Photo tirée du livre d'Anne Le Diberder
Le peintre aimait beaucoup les ferronneries, qui viennent d'Espagne, utilitaires et décoratives à la fois.
Photo tirée du livre d'Anne Le Diberder
Nous sommes ici dans la salle-à-manger au niveau des anciennes caves de la maison. Foujita l'a beaucoup transformée lors de son achat en 1960.
Les assiettes ont été fabriquées et décorées par Foujita et les armoires sont en bois massif.
Au premier étage (en réalité un RDC donnant sur la rue), le salon : on y voit l'escalier montant à l'atelier, un manteau et un chapeau sont accrochés à une patère comme si le peintre allait rentrer d'un instant à l'autre.
La cheminée a été décorée par Fujita.
La photo le montre mal mais le canapé est ultra moderne pour l'époque.
La chambre du couple, seule et unique chambre de la maison, donne sur le salon par l'intermédiaire d'une grande baie : Foujita a ainsi donné à sa maison un "petit air" de maison japonaise, sans cloisons. De beaux paravents, décorés au pochoir ou avec des figurines en métal repoussé, exécutés par le peintre, permettent d'obtenir l'intimité nécessaire à ce lieu.
La chambre du couple (Photo tirée du livre d'Anne Le Diberder)
L'atelier du peintre est resté dans l'état où il l'a laissé : outre les nombreux pinceaux, les brosses, les pots de pigments et les pastels, on y trouve la machine-à-coudre Singer qu'il utilisait pour créer ses kimonos.
Sa blouse est restée posée sur sa chaise...
Sur le mur du fond, un travail préparatoire à la fresque destinée à décorer la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix à Reims où il a été enterré en compagnie de sa dernière épouse, Kimiyo.
A l'embrasure d'une fenêtre, Foujita a dessiné sa maison et inscrit la date à laquelle il l'avait achetée : émouvant...
Photo tirée du livre d'Anne Le Diberder
Voici une photo de la chapelle
Celle-ci est ouverte tous les jours, sauf le mardi, de 14 à 18 heures du 1er mai au 31 octobre.
La nourriture de l'esprit, c'est très bien... mais un bon petit pique-nique dans la jardin, c'est pas mal non plus !
surtout quand on a autant de confort...
Nous quittons Villiers-le-Bâcle.
Une sacrée descente qui nécessite une rampe...
On frêne des quatre fers, n'est-ce pas les filles...
Il faut toujours un dernier, n'est-ce pas Jacqueline !
C'est l'heure du casse-croûte apparemment...
C'est la dernière grimpette, a promis Jacqueline, mais... elle est raide celle-là !
Retour à Gif et à la civilisation
Je ne peux hélas pas vous envoyer le parfum...
Merci beaucoup Jacqueline
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Par Tolbiac204 le 4 Mai 2017 à 22:03
Alors voilà toute l'histoire la vie de Saint-Cucufa
que Jacqueline voulait tant connaître...Saint Cucufa était originaire d'Afrique (l'Algérie actuelle). En mission en Espagne, il fut victime de la persécution de Dioclétien pour avoir voulu vivre en fidèle disciple du Christ : il fut décapité en 303 à Sant-Cugat-del-Vallès près de Barcelone.
Le martyre (ou la décollation) de Saint-Cucufa par Ayne Bru
Ayne (Aine) Bru (probablement une prononciation catalane de Hans Brün) est un peintre de la Renaissance du XVIème siècle d'origine allemande ayant travaillé en Catalogne. En 1502, il est recruté pour peindre le retable de l'autel principal de l'église du monastère de Sant Cugat del Vallès, pour lequel il est rémunéré entre 1504 et 1507. L'œuvre est conservée au Musée national d'art de Catalogne.
Le panneau central représente le martyre de Saint Cucufa (en catalan, Sant Cugat) avec un réalisme impressionnant. Le bourreau tranche la gorge du saint qui reste attachée à un tronc d'arbre. Au fond, La campagne anachronique comprend le monastère de Sant Cugat.
Le chien qui dort paisiblement au pied du saint a ensuite été emprunté par Salvador Dali pour deux peintures intitulées « Dalí nu » ou « Dalí Dalí Dalí »
et « Dali à six ans ».
En 835 les reliques du Saint furent translatées en France à la Basilique Saint-Denis : son nom se perpétue ainsi dans divers lieux de la région parisienne... dont l'étang de Saint-Cucufa qui est le but de notre randonnéee du jour.
Maryannick a pris de très jolies photos que j'ai mêlées aux miennes.
Nous voici sur les bords de Seine à Rueil-Malmaison.
Magie des herbes folles
Paix de l'eau qui dort
Traversée du Parc Naturel Urbain de Rueil-Malmaison
L'étang de Saint-Cucufa
Schön...
L'étang de Saint-Cucufa par Maurice de Vlaminck (1903)
Pique-nique au bord de l'étang : Jacqueline repère le trajet...
Le château de La Malmaison
Fleurs d'ail, tulipes et monnaies du Pape sont du plus bel effet.
Annie, spécialiste en plantes et fleurs, me dit que les petites fleurs violettes sont des ancolies...
J'aime aussi beaucoup les euphorbes.
Dans le parc du Château de Bois-Préau, une très jolie statue de Joséphine de Beauharnais par Vital Gabriel Dubray
Bravo pour la photo Maryannick !
Au sol, des clous en cuivre décorés de l'abeille impériale jalonnent le "Chemin Joséphine et Napoléon Bonaparte".
Une jolie frise non loin de la gare (Je ne sais pas à quoi elle correspond...)
C'est tout pour aujourd'hui...
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Par Tolbiac204 le 19 Avril 2017 à 23:00
La journée qui s'annonçait belle, avait mal commencé avec un groupe de douze randonneurs coupé en deux à la descente du train en gare de Sermaise, faute à un conducteur mal embouché - ou distrait - mais surtout pressé de rejoindre son terminus, Dourdan, pour siroter un café en compagnie de ses collègues...
Le nez et la barbe de Paul sont heureusement restés sur le quai avec leur propriétaire, les portes du train ne coinçant heureusement que les bâtons d'Anne durant le trajet entre les deux gares.
Après un aller-retour Sermaise-Dourdan, le groupe s'est retrouvé avec joie, une demie-heure plus tard tout de même. La Senecefe c'est plus ce que c'était ma bonne dame !
Nous avions déjà vu lors d'une randonnée l'an passé cette très belle Eglise de la Nativité de la Très Sainte Vierge - encore appelée Sainte-Anne - à Sermaise mais c'est toujours un plaisir de la fixer sur la "pellicule".
Qui sait si lors d'une prochaine balade nous parviendrons à en visiter l'intérieur ? Elle est souvent fermée comme toutes les églises de campagne...
Le printemps est bien là : une jolie glycine orne le mur de cette maison rurale.
Nous prenons ensuite le chemin de la forêt en longeant un jardin où l'on peut admirer un arbre de Judée. Le nom de cet arbre m'a intriguée : j'ai trouvé sur le net qu'il venait peut-être de ce que Judas, s'étant repenti de sa trahison après-coup, se serait pendu à l'une de ses branches. Par ailleurs, cet arbre semble être très courant en Israël.
Une multitude de jacinthes sauvages a élu domicile dans le sous-bois.
Du jaune cette fois-ci avec ces genêts...
et ce champ de colza à l'orée de la forêt.
Ca vaut bien une photo, n'est-ce pas Annie ?
et même deux !
Du blanc cette fois-ci avec cette fleur des sous-bois nommée "Sceau de Salomon" nous dit Annie (celle-ci, outre sa gentillesse, est précieuse dans les randonnées par sa grand connaissance des plantes).
Son nom de Sceau viendrait de la trace que laissent les tiges chaque année sur le rhizome lorsqu'elles tombent, formant une cicatrice circulaire bien marquée qui apparaît sur un petit renflement, et ressemblant à un cachet ou sceau de cire. Quant au nom de Salomon, la réputation légendaire de ce roi lui attribuait la connaissance universelle et la sagesse, y compris des plantes.
Le Sceau de Salomon a été utilisée comme plante médicinale pendant des siècles : il valait mieux la connaître et donc faire preuve de sagesse, car si l'on se trompait, cela pouvait être très dangereux : considérée comme toxique, la plante n'est plus utilisée actuellement dans les préparations officielles.
Encore une fleur des sous-bois blanche
La Stellaire (dixit Annie). Ma mémoire me surprend : moi qui me plaint de ne pas en avoir !
Un pique-nique parmi les jacinthes pour Jacqueline et Paul
Marie-France et Nicole
Quand je vous disais qu'on pique-niquait parmi les jacinthes !
Anne, Annie et Maryannick. Les autres étaient hors de mon champ de vision...
Nous voici arrivés en vue du Château du Marais, considéré comme le plus beau Château Louis XVI de l'Ile-de-France. Il ne se visite que le dimanche en saison (musée et parc).
Un superbe platane situé en bord de route agrémente la pièce d'eau qui le précède.
Symphonie de "bleu" avec ce lilas...
et cette glycine
Une vulgaire aigrette de pissenlit fait une jolie photo, non ?
Et c'est reparti pour les colzas !
Le retour en direction de la gare de Saint-Chéron
J'ai adoré cette randonnée en Hurepoix alternant agréablement les passages en sous-bois avec les traversées de champs : merci à toi Jacqueline de l'avoir préparée pour nous.
1 commentaire -
Par Tolbiac204 le 2 Mars 2017 à 23:17
Décidément, Jacqueline m'étonne de plus en plus. Commander plusieurs mois en avance le soleil et l'avoir le jour de la randonnée alors que la semaine était complètement pourrie : moi je dis Chapeau !
C'est à des petits détails comme ça qu'on reconnait les pros.
C'est donc le coeur léger que nous prenons le train le matin en gare Montparnasse : direction Rambouillet où nous devons aller nous promener dans le parc du Château.
Eh oui... Le château est en travaux pour encore un bout de temps (on nous a dit qu'ils espéraient à nouveau pouvoir le faire visiter en septembre prochain). 1000 m² de toiture à changer...
Seule la tour, datant du XIVème siècle, mais bien remaniée, est visible en ce moment.
Avouez qu'une fois débâché il aura de l'allure.
Plusieurs canaux parcourent le parc formant sept petites îles.
Des myriades de perce-neiges fleurissent les sous-bois.
Ce cerf s'est-il échappé de la forêt avoisinante... ?
Le repos de Diane après la chasse...
Nous voici arrivés en vue de la Laiterie de la Reine.
Mais de quelle Reine s'agit-il donc...?
De la dernière, Marie-Antoinette, qui s'ennuyait sec quand son royal époux était à la chasse. Louis XVI, très amoureux de sa femme, lui fit construire une "fabrique" dans le parc du château, dans laquelle elle pourrait venir en compagnie de ses copines goûter aux plaisirs de la campagne : un certain Jean-Jacques Rousseau prônait bien avant les écologistes d'Antoine Waechter... le retour à la nature !
L'architecte du Roi, Jacques-Jean Thévenin, donna à cette laiterie et à ses jardins la forme d'une montgolfière, tout ce qui touche à l'invention des frères Montgolfier étant très à la mode à cette époque... même les toilettes des dames !
La "coquette physicienne"
Pilâtre de Rozier et le marquis d'Arlandes s'étaient en effet fait remarquer peu de temps avant en réalisant le premier vol humain depuis le château de la Muette à Paris jusqu'à la Butte aux Cailles, trente minutes d'un vol historique. Pour info, Pilâtre de Rozier se crasha deux ans plus tard lors d'un vol d'essai de la traversée de la Manche...
La laiterie est constituée par deux bâtiments, précédés par deux petites tours, qui se font face donnant accès à un bâtiment de style néoclassique.
Depuis Google Earth
La maison du gardien précède l'écurie : la Reine, bonne cavalière (elle montait aussi bien en amazone qu'à califourchon) et n'aimant pas trop les calèches, y attachait-elle son cheval... ? Sans doute.
La coupe de fruits et la table ont un peu vieilli mais l'ambiance est là.
Dans cet espace, se trouvaient veaux, vaches, cochons, couvées... qui pouvaient se désaltérer un peu plus loin dans les bassins prévus à cet effet.
Si le château fut acheté par le Roi au Duc de Penthièvre, son cousin, sur ses fonds propres, cette laiterie fut édifiée dans le plus grand secret pour ne pas alerter sur le manque d'argent, qui était déjà important en 1785. Plus tard, la laiterie fut réaménagée et utilisée par Napoléon.
C'est une espèce de temple grec, où l'on goûte le lait et les fromages de la ferme tout en papotant.
Petit zoom...
Quand on entre dans la laiterie, on est ébloui par la beauté de la pièce en forme de rotonde. Au centre, une table ronde en marbre, touche de décoration personnelle apportée par Napoléon Ier (le carrelage du sol est également dû à l'Empereur).
La pièce est très astucieusement éclairée par une lumière zénithale provenant du plafond.
Sur les murs, quatre superbes bas-reliefs dus à Pierre Julien (1731-1804), un élève de Guillaume Coustou (l'architecte des chevaux de Marly). Cet artiste avait récemment fait un tabac au salon de 1785 pour son Jean de la Fontaine.
La traite des vaches
La tonte des moutons
La fabrication du beurre
La distribution du sel (image Yaka Watch photographe)
Notre guide nous présente des photos du service de porcelaine de Sèvres utilisé par Marie-Antoinette pour sa laiterie.
Le pot à lait à anses de chèvre
Les tasses pour boire le lait ornées de petites chèvres
Le bol-sein est conservé à la Manufacture de Sèvres.
On l'a dit (mais c'est une fausse rumeur) moulé sur le sein de la Reine...
Un seau à lait orné de têtes de béliers. On parlait à l'époque de "tinette".
Toute la vaisselle était répertoriée et devait être installée sur la table (autrefois en bois d'acajou) par les suivantes de la Reine selon un agencement dicté par ce schéma : à chaque numéro son objet.
Le mobilier lui aussi portait des touches champêtres, telle cette table en acajou d'un seul bloc,
ou ce fauteuil trianon orné dans sa partie basse d'un médaillon à tête de bélier.
Ayant fait le tour de cette pièce (on peut le dire : il s'agit d'une rotonde...), notre guide nous ouvre la porte d'accès à la deuxième salle.
et là, c'est la surprise et l'émerveillement devant cette grotte abritant une statue de la nymphe Amalthée accompagnée d'une chèvre.
Il s'agit de la chèvre qui allaita Zeus enfant, aidée par des abeilles (se chargeant de nourrir le dieu avec du miel). Zeus l'honora ensuite en la plaçant comme constellation dans le ciel (voir constellation du Capricorne), ou encore comme la plus grande des étoiles du Cocher. La chèvre s'étant cassé une corne, Zeus l'offrit à Amalthée, en lui promettant que cette corne se remplirait miraculeusement de fleurs et de fruits : c'est l'origine de la corne d'abondance.
A l'origine, la fontaine était alimentée en eau. Celle-ci jaillissait de ces "bouches". On y mettait le lait à rafraîchir...
De chaque côté de la grotte, deux immenses bas-reliefs, toujours de Pierre Julien. Ces frises s'étalant sur plus de 3 mètres, et l'artiste n'ayant pas de plaques d'une telle dimension à sa disposition, il va les réaliser respectivement en trois et en deux morceaux, en ayant accès au marbre le plus pur qui soit.
Le premier représente l'enfant Zeus au milieu des Corybantes.
Ces divinités tutélaires crétoises, dont les prêtres de Cybèle devaient prendre le nom, avaient, dit-on, chanté autour du berceau de Zeus pour couvrir de leurs voix les vagissements du nouveau-né et empêcher Cronos, son père, de venir le dévorer.
Détail central : Zeus tétant Amalthée
Détail des Corybantes dansant au son des tambourins
Détail de droite
La deuxième représente un Apollon berger gardant les troupeaux d'Admète.
Le dieu, momentanément chassé de l'Olympe pour avoir tué les cyclopes, devait se mettre au service d'un mortel pendant un an entier. Utilisé comme bouvier, Apollon fit prospérer miraculeusement le troupeau d'Admète tout le temps qu'il s'en occupa : toutes les génisses mettaient bas deux veaux en une seule portée et les loups se tenaient éloignés du troupeau comme par magie.
Cliquer sur l'image.
A la sortie de la grotte, encore un médaillon de Pierre Julien
Cliquer pour mieux voir...
En vérité, Marie-Antoinette ne mettra que très peu les pieds dans cette laiterie : son ultime passage est signalé en 1788, à l'occasion d'une chasse.
Ces oeuvres d'art ont eu une histoire plus que mouvementée.
Partis à la Malmaison sur ordre de Joséphine de Beauharnais pour y orner un petit théâtre, ils partiront par la suite en Angleterre (suite à la liquidation des collections de Joséphine par Eugène de Beauharnais - sa mère ayant beaucoup de dettes...) pour revenir à Paris dans un premier temps puis filer en Suisse... avant de réintégrer leur place originelle dans la laiterie en 2003 seulement.
Nous nous rendons ensuite, toujours en parcourant le jardin anglais, en direction de la Chaumière aux coquillages.
Annie elle aussi a repéré ce charmant petit pont.
Tout comme la laiterie, la chaumière n'est ouverte à la visite que sur rendez-vous.
Ça tombe bien : Jacqueline l'a réservée. Notre guide nous fait remarquer sur les murs de curieuses protubérances : ce sont des os de bœuf placés là en raison de l'environnement aquatique du lieu. Ils sont là pour absorber l'humidité des murs.
Cette autre "fabrique" a été commandée en 1779 par le Duc de Penthièvre pour la princesse de Lamballe, sa belle-fille.
J'ai un peu raté mes photos de l'intérieur mais celle-ci rend tout de même compte de la richesse des décorations : murs et plafond, tout est absolument recouvert de nacre, de marbre et de coquillages divers et variés.
Unique en Europe !
La chaumière était meublée à l'époque car il s'agissait, tout comme la laiterie, d'un lieu destiné à se réunir entre femmes pour papoter.
Même la rosace du plafonnier est faite de coquillages !
La variété de ceux-ci est immense.
Notre guide nous a fait remarquer que les moules fixées grâce à une pointe sont les moules d'origine tandis que celles qui ont été remplacées lors de la restauration ont été collées (on risque moins de les casser ainsi...).
Attenant à la pièce principale, un petit cabinet de toilette permettait à ces dames de se repoudrer et de se parfumer...
A la grande époque deux automates s'animaient et sortaient des armoires en proposant des porte-parfums mais lors de la guerre de 1870 leur mécanisme fut endommagé. On dit aussi qu'ils ont été volés...
Pour finir cette belle journée,
un petit tour en forêt
Encore des perce-neiges
Petit arrêt à l'église Saint-Germain d'Auxerre de Gazeran
où l'on peut voir une étrange statue : c'est celle de Saint-Gilles avec sa biche (le patron des chasseurs avant Saint-Hubert). Enfin, pour reconnaître une biche il faut avoir les yeux de la foi !
Joli ce château mais entouré de grillages
Retour par le parc du Château
Eh oui... il est encapuchonné.
Merci beaucoup à toi Jacqueline pour cette belle idée de promenade.
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