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Le musée Rodin avec Loredana
Après avoir vu "Rodin" au cinéma, je me devais d'aller visiter le musée Rodin !
Mon amie Loredana qui était avec nous ces jours-ci l'a visité avec moi un matin quand la chaleur n'était pas encore trop forte (ce n'était pas un luxe car nous l'avions vu ensemble il y a quelques 25 ans...).
On entre d'abord dans le très joli parc (3 hectares tout de même) de l'Hôtel Biron qui héberge le musée. Cet Hôtel particulier date de 1727 : il a été construit par Jean Aubert pour Abraham Peyrac de Morens, un financier. Il passe à la mort de celui-ci par différentes mains jusqu'à ce que l'Etat le rachète en 1911 pour le sauver de la ruine.
Rodin propose de remettre à l'État l'intégralité de ses collections, à condition que l'hôtel Biron devienne le musée Rodin.
On est tout de suite dans le vif du sujet avec ces bronzes qui décorent agréablement le parc.
Le penseur (1903) créé pour décorer la Porte de l'Enfer.
A l'intérieur du Musée se trouve un tableau de Edvard Munch (1907) représentant le Penseur de Rodin.
Balzac (1897)
Le premier à lancer l'idée d'un monument à Balzac est Alexandre Dumas père immédiatement après la mort de l'écrivain. Le projet abandonné n'est relancé qu'en 1885 sur l'intervention d'Emile Zola.
On aperçoit derrière la statue de l'écrivain la pointe de l'Hôtel des Invalides.
Sur l'arrière de l'Hôtel, deux bronzes :
La muse Whistler - grand modèle nu bras coupés (1908)
Cybèle - grand modèle (1905)
Au détour d'un bosquet, un bronze non moins célèbre : les ombres (1902-1904)
Ce groupe de trois hommes nus était destiné à dominer La Porte de l'Enfer.
L’influence des œuvres de Michel-Ange est ici évidente : l’exagération de l’inclinaison de la tête est telle que les cous et les épaules dessinent pratiquement une seule ligne. C’est par de telles déformations anatomiques que Rodin atteignait à une puissance expressive sans égale à son époque.
Quand on parle du loup..., voici la Porte de l'Enfer
La Porte de l'Enfer occupe une place tout à fait particulière dans la création de Rodin. Travaillant avec fièvre durant plusieurs années, il créa plus de deux cents figures et groupes qui forment un véritable vivier dans lequel il puisa durant le reste de sa carrière.
Les Bourgeois de Calais (1889)
Pendant la guerre de cent ans, la ville de Calais fut assiégée par les anglais pendant onze mois. Le 3 ou 4 août 1347, après une résistance héroïque des habitants, six bourgeois de la ville, en chemise, pieds nus et la corde au cou, conduits par Eustache de Saint Pierre se livrent en otages au roi Edouard III d'Angleterre.
Il s'agissait d'un rituel de soumission classique à cette époque, représentant une exécution symbolique. A leur arrivée auprès d'Edouard III, ces six bourgeois de Calais furent épargnés grâce à l'intervention de Philippa de Hainaut, épouse du roi anglais.
Et si on visitait le Musée maintenant ?
Le baiser (1889-1890) est la première oeuvre que l'on découvre en y entrant.
Jeune femme au chapeau fleuri (1870-1875)
Rodin a choisi ici pour modèle sa compagne de toujours, Rose Beuret, ouvrière couturière de 20 ans originaire de Champagne, dont il aura un fils Auguste et qui partagea sa vie (avec les hauts et les bas dus à l'appétit du sculpteur pour les femmes - en particulier sa liaison avec Camille Claudel). Ils se marièrent peu avant de décéder l'un et l'autre.
Rodin est jeune quand il exécute ce buste influencé par le style un peu maniéré du 18ème siècle à la mode dans l'atelier de Carrier-Belleuse.
J'ai choisi de photographier cette oeuvre intitulée "Madame Cruchet" (1872) pour vous montrer la finesse du travail de l'argile au niveau de la dentelle du corsage.
L'appel aux armes ou La Défense (1879)
Jeune mère à la grotte - plâtre (1885)
J'aime beaucoup cette façon d'évider le marbre mais pas complètement.
Le désespoir (1903 - 1904)
Un des éléments de la Porte de l'Enfer
Torse d'Adèle (1890 - 1900) Partie supérieure gauche du tympan de la Porte de l'Enfer
Adèle Abruzzesi était l'un des modèles préférés de Rodin.
La Tempête - l’Épouvante ou le Coureur de Marathon (1903)
L'oeuvre est à rapprocher du "Cri"
Buste de Victor Hugo (1902)
En 1883, le journaliste Edmond Bazire conseilla à Rodin de faire le portrait d’un homme célèbre pour se faire connaître. Il le présenta à Victor Hugo qui refusa de poser mais ouvrit au sculpteur les portes de sa demeure de l’avenue d'Eylau à Paris et lui permit de faire quelques croquis pris sur le vif, au cours de ses repas ou de ses siestes.
Rodin dessina dans le creux de sa main, sur du papier à cigarettes une série d'esquisses de la tête du poète avant de se précipiter dans la véranda où il avait installé sa selle de sculpteur pour reproduire dans la terre ce qu'il avait saisi sur le papier.
Cette salle est sensée représenter l'atelier de Rodin à l'Hôtel Biron.
Cette autre salle est consacrée à "Rodin collectionneur".
Rodin (1840-1917) n’est pas seulement sculpteur, il est aussi collectionneur. Il achète tous les objets antiques qu’il peut trouver. Il aime particulièrement les sculptures des civilisations grecques et romaines qu’il entrepose dans son bureau, sa chambre, sa salle à manger et son atelier.
La salle suivante est entièrement consacrée à Camille Claudel.
La Vague (1897 - 1903)
Le matériau utilisé - du marbre-onix dans les tons vert - est magnifique.
Les trois petites femmes de bronze, identiques, plient les genoux avant de voir s’écrouler sur elles l’énorme vague de marbre-onyx qui les surplombe. D'inspiration japonisante, cette oeuvre est proche par la couleur et par la forme de l'estampe du peintre japonais Hokusaï (1760 - 1849).
La grande vague de Kanagawa - Hokusaï (1831)
L'Age mûr (1893)
Il s'agit d'une des oeuvres maîtresses de Camille Claudel.
Souvent interprétée dans un sens autobiographique comme illustration des hésitations de Rodin entre sa vieille maîtresse, Rose Beuret, et sa jeune amante, Camille Claudel, l'Age mûr apparaît surtout comme une variation autour du thème de la destinée.
Vertumne et Pomone (1893 - 1905)
Marbre blanc sur socle en marbre rouge
Tirée d’une pièce de théâtre indienne évoquant les retrouvailles de Sakountala avec son mari, après une longue séparation due à un enchantement, l’œuvre connaît une première réalisation en plâtre vers 1886.
La petite châtelaine (1892)
Camille Claudel séjourna à plusieurs reprises au château de l'Islette, près d'Azay-le-Rideau. La propriété aurait été louée par Rodin pour y abriter une gorssess que sa jeune maîtresse ne put mener à terme. Le modèle de La Petite Châtelaine est la petite-fille de la propriétaire de l'Islette, Madame Courcelles. Marguerite Boyer avait six ans en 1892 et posa soixante-deux heures pour ce buste.
Les Causeuses (1897)
Il s'agit d'un petit groupe de trois personnages, en écoutant un autre, derrière un paravent. L'oeuvre est l'une des plus originales de Camille Claudel.
Portrait de Rodin par Camille Claudel (1888)
Femme accroupie (1906 - 1908)
Bonjour la pose pour le modèle...
Vue sur les jardins de l'Hôtel Biron : nous sommes à Paris...
Mains d'amants (1904)
Le Sommeil (vers 1894)
Le sujet du Sommeil a été abordé par Rodin en différents matériaux, terre cuite comme ici, plâtre et marbre.
L'Homme et sa Pensée (1896)
Mouvement de chute dans une coupe (vers 1900)
Balzac en robe de moine (1891 - 1892)
Rodin, pour faire son Balzac, exécute dans un premier temps un nu puis fait plusieurs essais et finalement plonge un manteau dans du plâtre, l'installant au milieu de son atelier. Il préfère le représenter au lever du lit, saisi dans le vif de l'énergie créatrice, plutôt que de le représenter en tenue de ville, une plume à la main...
Le péché - Le Viol - L'emprise (1890)
Scandale : ce n'est plus le "banal" viol d'une femme par un homme comme celui déjà sculpté (Jean-Antoine Injalbert) ou peint (Edgar Degas), c'est celui d'un homme par une faunesse !
Je me demandais bien ce que venait faire ici ce petit morceau de marbre...
Plusieurs tableaux de peintres ou de sculpteurs contemporains de Rodin sont exposés dans les dernières salles.
Belle-Ile-en-mer par Monet (1886)
Femme nue de Renoir (vers 1880)
Le Père Tanguy de Van Gogh (1887)
Les moissonneurs de Van Gogh (18899)
Rose Beuret par Antoine Bourdelle (1898)
Le Secret par Louis Mathet (1909)
La femme-poisson par Victor Peter (avant 1915)
Rodin sculptant par Eugène Carrière (1900)
Redescendons ce bel escalier...
La main de Dieu (ou La Création) par Séraphin Soudbinine (1916-1918)
Tous ces sculpteurs étaient des élèves de Rodin.
C'est tout pour cette fois-ci.
Tags : Musée Rodin, Hôtel de Biron, Camille Claudel, Auguste Rodin
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Commentaires
"L'homme et sa pensée" sculpture vue à Berlin. Troublante ! Qu'elle est cette pensée ? est-elle innocente ? une grande sensualité s'en dégage malgré "l’emprisonnement" de la jeune fille dans le marbre et la force viril opposée.