• J'ai lu le livre de Jean Diwo "Le printemps des cathédrales"

    Suite à l'incendie de Notre-Dame de Paris qui nous avait beaucoup remués, nous avions fait un tour du côté de l'île de la Cité et nous étions entrés dans la Librairie du Compagnonnage : J'y ai acheté un livre que je viens de terminer.

    Je connais bien son auteur, Jean Diwo : ses livres m'intéressent toujours beaucoup car, tout en étant très documentés du point de vue de l'histoire sur chacun des sujets dont ils traitent, il reste que ce sont de véritables romans mettant en scène des personnages auxquels on s'attache facilement.

    L'action de ce livre "Le printemps des cathédrales" se passe au XIIème siècle au sein d'une famille de compagnons-maçons travaillant sur le chantier de rénovation de l'ancienne abbaye de Saint-Denis.

    On y fait connaissance avec l'abbé Suger, conseiller du roi de France, chargé par Louis VI le Gros de superviser les travaux de la basilique. Il aura d'ailleurs un rôle clé dans l'épanouissement des arts et le développement de la monarchie en France.

    L'abbé Suger dans sa robe de bure (gravure de 1690)

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

    C'est aussi l'abbé Suger qui accompagne le fils du roi, le jeune Louis - futur Louis VII - en aquitaine où il sera marié (dans la cathédrale de Bordeaux) avec Aliénor, duchesse d'Aquitaine.

    Louis VII le Jeune était ainsi nommé parce qu'il était le fils cadet de Louis VI le Gros. On le surnomma plus tard le Pieux. (miniature du Recueil des Rois de France - 1550)

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

    Le royaume de France se voit ainsi tripler de taille... On apprendra à Louis pendant ce voyage le décès de son père consécutif à une dysenterie causée par un excès de nourriture).

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

    Aliénor d'Aquitaine est présentée dans le roman comme une jeune femme intelligente et jolie, habituée aux fastes du duché d'aquitaine où règne l'amour courtois (n'oublions pas que c'est dans ce pays d'Oc que sont nées les chansons de geste des troubadours). Elle ne plait donc pas à la cour de France dont le roi Louis VII mène une vie quasi monacale pour se racheter d'avoir volontairement fait incendier une église du comté de Champagne (alors en conflit avec la royauté) dans laquelle s'étaient réfugiés les habitants.

    Vitrail de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers représentant Aliénor d'Aquitaine

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

    Le héros du roman de Jean Diwo se nomme Renaud Pasquier : apprenti, il devient vite compagnon et va même, en tant que parlier (*), assister l'architecte Guillaume dans la construction de la toute nouvelle cathédrale de Sens (celui-ci est à l'origine de l'invention de l'arc-boutant). Mais avant d'en arriver là, Renaud a dû passer par l'apprentissage de tous les corps de métiers...

     (*) Un parlier est au Moyen-Age une sorte de contremaître qui transmet oralement les ordres de l'architecte sur un chantier.

    On entend aussi parler dans ce roman de la deuxième croisade qu'entreprit Louis VII en 1147 pour chasser les infidèles...

    Le roi Louis VII et l'empereur Conrad d'Allemagne entrent dans Constantinople suivis d'un important cortège de seigneurs et de chevaliers. (enluminure par Jean Fouquet vers 1455-1460)

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

    C'est au cours de cette croisade qu'Aliénor d'Aquitaine - qui accompagne son mari le roi comme toutes les grandes dames du royaume - découvre à la table de Manuel Comnène, empereur de l'Empire bizantin, l'usage de la fourchette à deux dents inconnue en occident : c'est du moins ce que j'ai lu dans ce roman qui traite aussi de la vie de tous les jours...

    Il faudra attendre Catherine de Médicis au XVIème siècle pour que la fourchette soit introduite à la table de son fils, le roi Henri III.

    Fourchette médiévale à deux dents en fer forgé

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

    On apprend aussi dans ce livre que c'est peu après son retour de la croisade (et après le décès de l'abbé Suger qui y était opposé) que Louis VII le Pieux décide de se séparer de son épouse, Aliénor d'Aquitaine, en prétextant un lien de consanguinité (le divorce n'existe pas à cette époque). Celle-ci ne lui aura pas donné d'héritier mâle (seulement deux filles) mais, se remariant ultérieurement avec le roi d'Angleterre, Henri II, elle en aura huit enfants dont cinq fils !

    Mais revenons à notre héros, Renaud Pasquier : il va par un fait tout à fait hasardeux être chargé de remplacer l'architecte Guillaume sur le chantier de Sens. En effet, le Pape et le roi d'Angleterre ont décidé de débaucher ce dernier aux fins de le faire présider à la reconstruction de la cathédrale de Canterbury récemment incendiée. Avant de quitter la France pour l'Angleterre, l'architecte de Sens recommande tout naturellement son poulain pour le remplacer.

     Mais bientôt les finances manquent à Sens et voici Renaud obligé de songer à quitter sa chère cathédrale, accompagné de sa famille. Son rêve : participer au chantier de reconstruction de la cathédrale la plus prestigieuse de France, Notre Dame de Paris.

     C'est ainsi que la première pierre de l'église nouvelle est posée le 25 mars 1163 par - s'il vous plait - Sa Sainteté le Pape Alexandre III qui s'était réfugié en France à cette époque (sa légitimité ayant été contestée par l'Empereur Barberousse).

    Pose de la première pierre de Notre Dame de Paris

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

     C'est dans le roman de Jean Diwo que j'ai appris aussi que l'invention de la brouette, "cet engin à une roue qui permet à une homme de faire facilement le travail de deux manœuvres", datait du Moyen-Age...

    Représentation d'un chantier de construction au Moyen-Age

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

     Le chantier de la cathédrale va se poursuivre sous Philippe-Auguste, le fils de Louis VII le Pieux décédé le 11 septembre 1180 d"une attaque. Le jeune roi n'aimait pas son nom véritable - Philippe Dieudonné - qui lui avait été donné par son père lors de sa naissance pour remercier le ciel de lui avoir enfin donné un fils avec sa troisième épouse. Il prit donc le nom de Philippe-Auguste puisqu'il était né au mois d'août... Référence directe aux empereurs romains, ce terme signifie aussi qu'il a accru considérablement le domaine royal ce qui est le cas puisque la France se vit augmenter sous son règne des seigneuries d'Artois, du Valois, d'Amiens et d'une bonne partie du Vermondois.

    Le jeune roi travailla à l'unité française et fit construire la muraille entourant Paris qui porte toujours son nom (Enceinte de Philippe-Auguste).

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

    C'est en 1190 qu'eut lieu la Dédicace du choeur de la cathédrale : autrement dit, la cathédrale fut officiellement ouverte au culte à cette date. Ce fut une fête à laquelle Renaud Pasquier craignait de ne pouvoir assister car il se sentait malade depuis quelques temps : la poussière engendrée par le polissage des pierres lui ruinait les poumons... Effectivement, peu de temps après la consécration de la cathédrale, il s'éteignit.

    La postérité ne retiendra pas le nom de tous ces bâtisseurs ayant tant donné de leur vie pour bâtir ces si prestigieuses cathédrales de France et de Navarre : ainsi en va la vie... On ne gardera dans les tablettes que le nom des évêques qui les ont commandées.

    Les deux derniers chapitres sont, je trouve, un peu bâclés : Jean Diwo tient à y faire jouer un rôle aux derniers de la famille Pasquier. Il y raconte comment, lors de la construction de la cathédrale de Chartres, les statues prennent de la couleur (on le sait, c'était ainsi au Moyen-Age). Il y parle aussi de la fabrication des vitraux qui la rendront célèbre.

    L'auteur aborde aussi rapidement la construction de la Sainte-Chapelle destinée à recevoir les saintes reliques rapportées par le roi des croisades.

    Le livre se termine sur "le Sourire de Reims", cette statue sculptée vers 1240 qui orne le portail nord de la cathédrale, Reims ultime étape des derniers Pasquier...

    Le printemps des cathédrales de Jean Diwo

    J'ai adoré ce livre !


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