• La semaine dernière, j'ai suivi une visite guidée très intéressante avec mon association, Générations 13, celle de l'église Saint-Joseph des Carmes qui est située rue de Vaugirard au sein de l'Institut Catholique et du séminaire des Carmes.

    La visite guidée était, comme de coutume, faite par l'association "Paris art et histoire" et c'est Michèle Mazure qui l'assurait, tout comme la précédente visite de la Galerie dorée de la Banque de France (cliquez ICI).

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Les frères Carmes (religieux contemplatifs et apostoliques) arrivèrent à Paris peu après l'assassinat du roi Henri IV et c'est Marie de Médicis qui les accueillit et les autorisa à s'installer non loin du Palais du Luxembourg où elle avait établi sa cour.

    Nous voyons ici la cour du séminaire dont les murs sont recouverts d'un apprêt appelé "Blanc des Carmes". C'est un badigeon que l’on utilisait au XVIIe et au XVIIIe siècles constitué de chaux en pâte dans laquelle on mélange de la térébenthine pour qu’elle soit brillante. Cette pâte est ensuite détrempée à la colle de peau avec un peu d’alun. Apres trois ou quatre couches, le badigeon est frotté avec une brosse dure pour le faire briller.

    Les bâtiments conventuels ont été élevés entre 1613 et 1616 (surélevés en 1674) et abriteront les "Carmes Déchaussés" jusqu'en 1793.

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    L'autre côté de la cour date du XIXème siècle.

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    L'objet de cette visite guidée est surtout celle de l'église Saint-Joseph dont on aperçoit ici la façade.

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    Reconstruite au XIXe siècle fidèlement au modèle italien, la façade principale de la chapelle Saint-Joseph-des-Carmes comprend deux niveaux : le rez-de-chaussée et l’étage. L’étage est occupé par une grande baie centrale, divisée en trois lancettes, et décoré de deux niches à sculptures qui présentent les figures de sainte Thérèse et saint Joseph. Un fronton pointu, surmonté d’une croix, couronne l’élévation.

     

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    L’église du couvent est construite entre 1613 et 1620 sur le plan des églises romaines de la Contre-Réforme. Elle comporte un vaisseau unique bordé de chapelles et surmonté d’une voûte en berceau. Le transept, peu saillant, s’aligne sur les murs extérieurs des chapelles.

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    La tour située à la croisée du transept est surmontée d’une coupole d’inspiration italienne. Construite entre 1628 et 1630, c’est la toute première coupole édifiée à Paris.

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    Les fresques de la coupole représentent la vie du prophète Elie.

    Il s'agit de retracer le passage du livre des Rois IV, 2.13, où Elie venant de traverser le Jourdain à pied sec avec son disciple Elysée, monte au ciel dans un tourbillon et laisse tomber son manteau qui est recueilli par Elysée, héritier de son esprit.

    La fresque de la calotte a été peinte en 1644 par Walthère Damery, peintre liégeois. Ce fut la première peinture sur coupole à Paris du XVIIème siècle (il existe aussi un dôme à la Sorbonne et celui à l'école des Beaux-Arts). Elle représente le monde céleste.

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    Dans la partie basse du dôme, le tambour qui représente le monde terrestre, on peut voir un homme barbu levant les bras vers le ciel pour recevoir un manteau blanc : il s'agit de son disciple, Elysée.

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    Notre guide nous commente ensuite les quatre fresques formant les pendentifs de la coupole, également exécutés par Walthère Damery.

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    Saint Simon Stok recevant le scapulaire des mains de la Vierge

    La Vierge lui tend un scapulaire – grand pan de tissu couvrant l’avant et l’arrière du corps, posé à même les épaules, en latin scapulæ – tout en lui disant « voici un privilège pour toi et ceux du Carmel ; celui qui mourra revêtu ainsi sera sauvé ».

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    Saint Jean de la Croix fut le prêtre carme qui fonda l'ordre des Carmes Déchaux.

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    Sainte Thérèse d'Avila touchée par l'amour divin

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    La vision de Sainte Thérèse d'Avila

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    Regardant maintenant vers le chœur, Michèle Mazure nous explique le tableau enchâssé au sein d'un retable en forme de frontispice comportant quatre colonnes corinthiennes de marbre noir, tableau que malheureusement nous ne verrons que très peu tant il est sombre... Le retable du maître-autel fut offert aux Carmes par la reine Anne d’Autriche.

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    Heureusement, le site "Patrimoine-histoire" de Paris a réussi à le photographier beaucoup mieux que moi !

    Il s'agit de la "Présentation de Jésus au Temple" par Quentin Varin (1624).

    Chef d’œuvre de cet artiste encore méconnu, premier maître de Nicolas Poussin, la Présentation des Carmes reflète le style maniériste qui marquait la peinture française avant le retour de Simon Vouet en France, en 1627 : Varin met en scène des figures à la silhouette étirée, aux doigts longs et effilés, aux attitudes cadencées, qu’il regroupe au premier plan tout en créant une perspective vertigineuse à l’arrière-plan. 

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    La partie supérieure du retable

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    Détail du fronton montrant Dieu et ses anges

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    Le maître-Autel moderne est de Philippe Koeppelin (XXème siècle). Remarquez le magnifique tabernacle argenté.

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    Ce même maître-autel cache un somptueux bas-relief en marbre du XIVe siècle : "la Cène", reproduite ci-dessous. L'œuvre est attribuée à Évrard d'Orléans (mort en 1357 et provient de l'église abbatiale cistercienne de Maubuisson (Val d'Oise).

    Notre guide nous montre les pieds des apôtres nous disant que par la suite ils seront toujours cachés par la nappe (en fait, j'ai un peu oublié ce qu'elle a dit exactement !).

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    Le sol de l'église est pavé de marbres de trois couleurs différentes.

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    Un coup d'œil vers le fond de l'église

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    Dans le croisillon droit du transept, un retable de Jean-Baptiste Corneille intitulé "L'apparition du Christ à Sainte Thérèse d'Avilla et à Saint Jean de la Croix"

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    Notre guide nous montre aussi l'adorable peinture située en bas du retable. Il me semble me souvenir (mais je peux me tromper) qu'il s'agit de Sainte Thérèse et de son frère rattrapés par leur père alors qu'ils quittent le foyer.

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    Dans le croisillon gauche du transept, une superbe Vierge à l'enfant d'Antonio Raggi (1624-1686) d'après Le Bernin

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    Contrairement à la coutume, elle porte l'enfant Jésus sur la droite.

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    C'est par cette porte qu'on entre dans la Chapelle baroque Sainte-Anne. Dans un fort état de dégradation, elle a été restaurée par les soins de la ville de Paris et le mécénat de l’Eau de mélisse des Carmes Boyer.

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    Celle-ci étant très exiguë, il est très difficile de la photographier dans son ensemble. Elle est couverte de boiseries et de peintures murales. La chapelle serait l'œuvre de Georges Lallemant et d'un groupe de peintres plus ou moins maniéristes du XVIIe siècle.

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    On y voit une "Annonciation" au-dessus de la porte d'entrée (photo Monick Nicmo).

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    Une "Présentation de l'Enfant au temple"

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    Une porte vitrée donne sur le chœur. 

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    Détail du dessus de porte

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    Deux des quatre évangélistes

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    Au centre de la voûte, le "Couronnement de la Vierge"

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    Il est entouré par une représentation des quatre apôtres dont ici, à gauche, Saint-Mathieu avec son aigle et, à droite, Saint-Luc avec son taureau. On jurerait plutôt un dromadaire, non... ?

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    "La Dormition de la Vierge"

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    La partie supérieure des murs est elle aussi couverte de peintures sur bois, telle cette très jolie scène champêtre intitulée "Le repos pendant la fuite en Egypte".

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    En 1620, Pierre Brûlart, chevalier, vicomte de Puisieux, conseiller du roi en ses conseils, avait obtenu la jouissance de cette chapelle, avec la permission de l’embellir et d’y apposer ses armes et écussons.

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    Le tableau central représente Sainte-Anne, Joachim et Marie.

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    La petite Marie est représentée avec un parchemin à la main, signe d'éducation.

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    Dans la partie haute du tableau, d'adorables petits angelots portant des bouquets de fleurs

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Tiens tiens, ça me rappelle ceux de la voûte de la Galerie dorée de la Banque de France que nous avons visitée récemment ! On est dans les deux cas au XVIIème siècle...

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Nous continuons notre visite guidée par la découverte des deux chapelles qui se trouvent de part et d'autre de la nef.

    Celle de gauche en regardant en direction du chœur est dédiée à Saint-Jacques.

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    Au centre, un tableau représente Saint-Jacques le Majeur.

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    Sur le côté droit, un autre présente une scène de la vie de Saint-Dominique. Selon une légende, à sa naissance sa mère aurait vu en rêve un chien embrasant le monde avec un flambeau dans la gueule. Plus tard, le nom même des Dominicains, en latin, se prêta à un jeu de mots : dominicani = domini canis = chien du Seigneur...

    On aperçoit le chien tenant le flambeau en bas à gauche du tableau.

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    Ici, une scène de la vie de Saint-Louis surmonte un groupe de deux angelots encadrant un cœur percé d'une épée, symbole dans la religion catholique, de souffrance de la Mère de Dieu.

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    La voûte baroque a été peinte par Abraham Van Diepenbeek (1596-1675).

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    Dans la mandorle centrale, on peut voir une "Transfiguration" où Jésus est entouré de Moïse et d'Elie. Il s'agit d'un changement d'apparence corporelle de Jésus pendant quelques instants de sa vie terrestre, pour révéler sa nature divine à trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean.

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    En face de la chapelle Saint-Jacques, la chapelle des Bienheureux-Martyrs-des Carmes rappelle le massacre qui a été perpétré pendant la Terreur : le 2 septembre 1792, 116 prêtres réfractaires de l'église Saint-Sulpice (dont l'archevêque d'Arles) sur les 160 qui y étaient détenus sous surveillance ont été assassinés sur leur lieu de culte transformé en prison.

    Le tableau central est de Paul Buffet, un disciple de Maurice Denis. Il représente la Vierge qui apparaît aux religieux massacrés en septembre 1792.

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    La voûte est l'œuvre de Claude Deruet, un peintre lorrain. Elle représente le "Couronnement de la Vierge" et a été réalisée vers 1640. 

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    Superbes coupes de fleurs posées sur un tapis...

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    A côté d'une Vierge à l'Enfant, les noms des 116 martyrs qui ont été béatifiés en 1926.

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    Nous nous dirigeons maintenant, en empruntant cette petite porte située à gauche du chœur, vers les lieux du massacre, le jardin des Carmes.

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Après la chute de la royauté le 10 août 1792, une nouvelle phase, sanglante, de la Révolution commence. Dès le 11 août, la commune insurrectionnelle de Paris, qui fait la loi dans la capitale, décide d’identifier et de mettre hors d’état de nuire tous ceux qu’elle prétend être des ennemis de la nation et de la République... Jusqu’au 6 septembre, les massacres se perpétuent dans les différentes prisons, touchant des ecclésiastiques, des nobles, des serviteurs de l’ancienne monarchie, mais également des prisonniers de droit commun et de nombreuses filles publiques.

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Pour ce qui est des Carmes...

     Un couloir étroit, qui s'ouvrait auprès de la sacristie et aboutissait à un petit perron encadré par une grille tapissée de plantes grimpantes, permettait de se rendre de l'église au jardin. Avant d'atteindre le perron, au pied d'un escalier conduisant à l'étage, le couloir s'élargissait, formant comme une sorte de palier de plusieurs mètres carrés.

    Le commissaire de la section fit placer là une table et une chaise et y installa son tribunal Sur le perron, et devant ses quelques marches, se groupèrent des patriotes armés de sabres, de piques et de pistolets, prêts à procéder aux exécutions. Deux prêtres sortirent alors de la sacristie et s'avancèrent vers la table, leur bréviaire à la main. Ils étaient très pâles mais paraissaient résolus. Le commissaire, qui n'avait pas l'air d'un méchant homme, leur fit déclarer leurs noms et qualités, puis il leur demanda de prêter serment.
    Cela nous est impossible, répondirent-ils.
    Le juge soupira, et, d'un geste, ordonna de les faire passer dans le jardin. Ce simple geste constituait un arrêt de mort. On entendit des cris de douleur, un cliquetis d'armes, des hurlements, puis, enfin, l'inévitable cri de « Vive la nation ».

    ... Les massacres prirent fin un peu avant huit heures. Les portes du jardin furent alors ouvertes et le public fut admis à contempler les cadavres.

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    C'est à cet emplacement que les 116 Carmes réfractaires ont été assassinés sauvagement par les révolutionnaires. La porte s'ouvrait et dès que les religieux qui avaient refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé en franchissaient le seuil, ils tombaient sous les piques ou les baïonnettes. Ce massacre dura toute la nuit.

    Une inscription sur le marbre en latin le rappelle. "Hic ceciderunt" : ici, ils périrent.

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

     Les corps ont été jetés dans une fosse commune à cet emplacement mais comme tous n'y tenaient pas certains d'entre eux ont été jetés dans un puits...

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    Les Carmes avaient un très beau jardin où ils cultivaient des plantes médicinales. C’est dans ce jardin qu’un médecin invente au XVIIe siècle la célèbre "Eau des Carmes" à base de mélisse et aux vertus stimulantes. Elle est encore vendue à l'accueil de l'église mais n'est plus fabriquée ici.

    A l’arrière de l’église subsiste une autre curiosité : le campanile de plan carré. Comme la coupole de l’église, il s’inspire des campaniles que l’on trouve fréquemment en Italie à la Renaissance.

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    A l'étage se trouve une ancienne cellule monacaleJoséphine de Beauharnais et Theresa Cabarrus (Madame Tallien), entre autres, y furent emprisonnées pendant la Révolution. 

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    Sur le mur de gauche, protégées dans une vitrine, les traces de sang laissées sur le mur par les sabres des révolutionnaires (...?).

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Joséphine de Beauharnais écrivit de sa main sur le mur du fond un message qui fut contresigné par Thérèse Tallien et un certain d'Aiguillon :

    « Liberté, quand cesseras-tu d’être un vain mot ? Voilà dix-sept jours que nous sommes enfermées. On nous dit que nous sortirons demain, mais n'est-ce pas là un vain espoir ? ».

    Il est conservé dans la petit vitrine ci-dessous.

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    Nous terminerons la visite guidée par la crypte.

    Après le massacre du 2 septembre, le couvent fut vendu comme bien national. Le 8 août 1797, mère Camille de Soyécourt, carmélite, rachète une partie des bâtiments du Couvent des Carmes, sauvant les bâtiments de la destruction. Elle lance de gros travaux pour restaurer les bâtiments grandement détruits (il n'y a plus de portes ni de fenêtres, et des gravats partout).

    Au seuil d'une vie bien remplie, elle décède le 9 mai 1849 à l'âge de 91 ans. Elle demande à être enterrée dans la crypte des martyrs.

    Voici sa pierre tombale au centre (Photo Monick Nicmo)

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Elle fait également aménager et restaurer une « chapelle des martyrs » en mémoire du massacre du 2 septembre 1792, survenu dans cette ancienne prison. Les religieuses en recueillent même quelques vestiges qu'elles conserveront comme des reliques.

    L'entrée de la chapelle des martyrs

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    La seconde crypte

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    Vitrine contenant les crânes des Carmes assassinés

    Les noms des défunts figurent en lettres d'or sur des plaques de marbre noir. Les flambeaux renversés encadrant la vitrine sont signe de deuil (ou symbole de mort ?).

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    Joli, non ?

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Des urnes funéraires sont couvertes d’une draperie et on y voit couler le temps par un sablier...

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    En mémoire des Carmes assassinés...

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Une pièce supplémentaire abrite la tombe de Frédéric Ozanam (1813-1853), principal fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, en 1833. Professeur à la Sorbonne, il logeait à proximité de Saint-Joseph, où il venait prier. Décédé à Marseille, ses obsèques se déroulent à Saint-Sulpice, mais son corps est déposé dans la crypte de Saint-Joseph des Carmes.

    Les participants à cette sortie dans la pièce dédiée à Frédéric Ozanam

    Avec Monick...

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    et avec moi !

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Les lumières de la nuit...

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Visite guidée de l'église Saint-Joseph des Carmes avec Générations 13

    Un grand merci à Michèle Mazure

    pour cette passionnante visite guidée qui a ému tout le monde. Evidemment, je n'ai pas retranscrit le quart de la moitié de tout ce qu'elle nous a raconté ! 

    et Merci à Anne-Marie pour l'avoir réservée.


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  • Hier samedi, nous avons fait une visite avec Générations 13 (pour visiter le tout nouveau site internet de l'association, cliquez ICI), celle de la Galerie dorée de la Banque de France située tout à côté de la place des Victoires. Anne-Marie, qui encadre ces "Petites promenades dans Paris", réserve souvent pour l'hiver auprès de l'association "Paris art et histoire" des conférences à l'abri du froid.

    Nous retrouvons sur place pour cette conférence Michèle Mazure qui commence par nous parler de la place des Victoires qui est, avec la place des Vosges (anciennement nommée place royale), la place Dauphine, la place Vendôme et la place de la Concorde, l'une des cinq places royales de Paris.

    La place a été édifiée au XVIIe siècle à l'initiative du maréchal de La Feuillade et de la ville de Paris sur les plans de Jules Hardouin-Mansart. Pas tout à fait circulaire mais presque, elle rend hommage aux victoires de Louis XIV.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire 

    Nous sommes une petite vingtaine à écouter la guide qui, munie de documentations imagées, tente de nous faire revivre son passé prestigieux.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Elle nous montre au centre de la place la statue équestre de Louis XIV par Joseph Bosio (inaugurée le 25 août 1822) et restaurée en 2005.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Sur cette photo internet, on voit que le roi, habillé en empereur romain, est coiffé d'une couronne de lauriers. 

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    La statue originelle était une réalisation du sculpteur Martin Desjardins et représentait Louis XIV en pied. Le roi était figuré en costume de sacre, piétinant un cerbère, représentant la Quadruple-Alliance vaincue. Son socle comportait quatre personnages en bronze, représentant allégoriquement chacun une nation vaincue par Louis XIV et un sentiment différent (la Résignation, l’Abattement, la Colère et l’Espérance), des bas-reliefs et des inscriptions dithyrambiques sur la gloire militaire du roi après la signature du traité de Nimègue. Ces éléments de décoration sont aujourd'hui exposés dans la cour Puget du musée du Louvre. L'inauguration a eu lieu le 28 mars 1686 ; l'ensemble, piédestal compris, faisait alors 12 m de haut.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Quatre fanaux, qui étaient situés aux quatre « coins » de la place, y brûlaient en permanence pour éclairer la statue. En 1699, les fanaux ont été éteints sur ordre du roi qui trouvait qu'ils étaient trop dispendieux et en 1718 l'ensemble fut démonté.

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    La place des Victoires en 1689

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    En 1792, la statue de Louis XIV est abattue par les révolutionnaires. Elle est fondue pour produire des canons et remplacée par une pyramide en bois portant les noms des citoyens morts lors de la journée du 10 août 1792. Selon la légende, Napoléon Ier donne le bois de la pyramide à un corps de garde, lequel l'aurait utilisé pour se chauffer.

    La statue en bronze du général Desaix (mort au combat) fut commandée à Claude Dejoux pour érection au centre de la place, sur un piédestal mentionnant les batailles remportées par le général, dû à l'architecte Jean-Arnaud Raymond.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    L'ordonnancement des façades de la place était strictement encadré : des arcades pleines au rez-de-chaussée (à l'intérieur desquelles se sont installées des boutiques plus tard), un étage noble particulièrement haut de plafond, un deuxième étage relié au premier par des pilastres à chapiteaux ioniques, puis un troisième mansardé dont l'amortissement des chiens-assis est alternativement semi-circulaire et horizontal : un détail que je n'avais pas vu en prenant la photo).

    Toutes ces façades correspondent à d'anciens hôtels particuliers.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Au dessus des arcades se trouvent des mascarons presque tous différents les uns des autres. De jolis balcons de fer forgé protègent les ouvertures des réserves des magasins actuels.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Certains ont malheureusement subi l'outrage du temps...

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Michèle Mazure nous explique ensuite l'origine des bâtiments actuels de la Banque de France à l'aide de ce document où l'on voit que l'enceinte de Charles V cerne l'ancien Hôtel de La Vrillière sur sa droite : cette maison fut en effet construite vers 1640 par François Mansart pour Louis Phélipeaux de la Vrillière qui était secrétaire d'Etat (l'équivalent de notre premier ministre actuel) et grand amateur d'art italien.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    En 1713, l'Hôtel de La Vrillière est acheté par Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse et fils naturel de Louis XIV et de Madame de Montespan. Elle revint ensuite à son fils, le duc de Penthièvre.

    Ci-dessous l'emplacement, à droite, de l'Hôtel de Toulouse sur un plan de 1737

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Une vue sur l'entrée de l'Hôtel de Toulouse (actuelle Banque de France) depuis la place des Victoires.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Nous contournons l'immense quadrilatère de la Banque de France pour entrer dans ce sanctuaire par une entrée secondaire faisant face à la Galerie Vivienne.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Après être passés par les portiques de sécurité et présenté nos cartes d'identité - ne rentre pas là qui veut -, nous voici arrivés au premier étage dans cette petite antichambre de la Galerie dorée où se trouve une maquette de l'Hôtel de Toulouse et un portrait en pied du comte de Toulouse.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

     La guide nous explique que ce n'est pas tant le tableau lui-même qui est intéressant...

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    mais plutôt son cadre qui porte tous les insignes de la Royauté comme la couronne des fleurs de lys, privilège exclusif des princes du sang, les colliers du Saint-Esprit ainsi que de Saint-Michel et de la toison d'or mais aussi le bâton de bâtardise que l'on voit au centre du médaillon entouré des trois fleurs de lys représentant la Trinité.

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    Notre guide nous montre sur la maquette l'endroit où nous nous trouvons.

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     Tout le monde fait le tour de la maquette qui représente, en petit, pas moins de 80.000 m² de surface au sol !

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Nous voici prêts à visiter le clou de l'Hôtel, la Galerie dorée.

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    Elle mesure 40 mètres de long pour 6,5 m de large et 8 m de haut (en comparaison, la galerie des glaces de Versailles mesure 80 m de long et 10 m de large).

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Ses dorures, ses tableaux, sa boiserie et son impressionnante fresque datant du XVIIème siècle font de cette galerie l’une des plus somptueuses de France et la pièce emblématique de l’hôtel de Toulouse.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Vue de la galerie côté porte d'entrée

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Boiseries surplombant la porte d'entrée

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    Les sculptures rappellent les passions de Louis Alexandre de Bourbon, la mer et la chasse.

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    Adorables petits puttis...

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    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

     Aux quatre coins de la galerie sont représentés les quatre continents (Amérique, Afrique, Asie et Europe) sous la forme de statues de femmes telles que celle-ci.

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    Sous ces statues, de jolie médaillons dorés : ici, il s'agit de représenter l'Europe je pense avec ce cheval (mais je n'en suis pas tout-à-fait sûre...).

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Tout comme celui-ci qui représente un dromadaire : l'Afrique ou l'Asie... ?

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    De grands miroirs permettent de renvoyer l'image des peintures de la voûte.

     Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Par les fenêtres, on peut voir la deuxième cour intérieure où a été organisé un jardin.

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    Notre guide nous parle ensuite des fresques de la voûte qui sont dues à François Perrier, artiste du début du XVIIème siècle Elles ont été peintes entre 1646 et 1649). Ce sont essentiellement des sujets mythologiques.

    Au centre, Apollon, dieu de lumière, est sur son char. Devant lui, le Temps, personnage vieux, barbu et ailé tient sa faux.

    Le char d'Apollon 

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    Les femmes qui versent de l’eau symbolisent la Rosée du matin qui chassera la nuit.

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    La planète Vénus au-dessus des Gémeaux, Castor et Pollux

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    La Lune sous les traits de Diane avec une biche

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     La voûte est ordonnée autour des quatre éléments représentés dans quatre tableaux aux quatre coins de la galerie. 

    1 - Le Feu : Jupiter, armé de son foudre, vient rendre visite à Sémélé, fille du roi de Thèbes. La jeune femme périt brûlée à la vue du dieu. Elle attend un enfant, que Zeus retira du ventre de sa mère, et qu’il mit dans sa cuisse : Dionysos, né de la cuisse de Jupiter.

    Jupiter et Sémélé (photo Monick Nicmo)

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    2 - La Terre : Enlèvement de Proserpine par Pluton, dieu des Ténèbres. Il est accompagné de son char au cheval noir et tient sa fourche. Il emporte la jeune femme dans les profondeurs de la terre; elle y passera 6 mois, les 6 autres reviendra sur terre auprès de sa mère Déméter ou Cérès. Les 6 premiers mois correspondent à l’Automne et l’Hiver, tandis que les 6 autres sont ceux du Printemps et l’Eté.

    Pluton et Proserpine (photo Monick Nicmo)

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

     

    3 - L’Eau : Neptune et Amphitrite. Le dieu est sur son char mené par des chevaux aux pieds palmés. Amphitrite est une néréide dont il tombe amoureux et qu’il épouse.

    Neptune et Amphitrite (photo Monick Nicmo)

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    4 - L’Air : Junon avec son paon. Ici, elle prie Eole, dieu des vents, de déchaîner les tempêtes pour empêcher la victoire des Troyens. Ceci étant après le choix de Pâris, jeune prince troyen qui choisit Hélène, princesse grecque comme la plus belle.

    Eole et Junon (photo Monick Nicmo)

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    A l'extrémité de la galerie, une cheminée supporte un buste de Jules Hardouin-Mansart. Le grand miroir placé derrière ainsi que le miroir latéral faisant pendant à la fenêtre reflètent le plafond de la galerie.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec "Paris art et histoire"

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Au-dessus du miroir, Leucothée, déesse protectrice des navigateurs guide une proue de bateau : un rappel de l'attachement du comte de Toulouse à la marine. 

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    De chaque côté, deux groupes de puttis

    Celui de gauche tient une ancre de marine qui dissimule le bâton de bâtardise du blason du comte de Toulouse...

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    La cheminée est décorée de deux jolis chenets représentant des lions et d'une plaque de cheminée d'époque représentant les insignes de la royauté avec la couronne des lys, le blason et tout le reste comme précédemment.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Les dix tableaux présents dans la Galerie dorée ne sont pas des originaux. Les originaux, achetés par Louis Phélypeaux de la Vrillière, ont été saisis à la Révolution, et se trouvent désormais au Louvre et dans d’autres musées nationaux. Ils représentent, à l’exception de l’Enlèvement d’Hélène de Guido Reni, des scènes tirées de l’histoire romaine.

    Hersilie sépare Romulus et Tatius - Le Guerchin (1645) - musée du Louvre

    Il s'agit ici de l'enlèvement des Sabines par les Romains.

    Hersilie, une Sabine, devenue femme de Romulus, sépare son mari de Titus Tatius, roi des Sabins, alors qu'ils se disputent le règne de Rome. Hersilie représente à elle seule le groupe des Sabines, elle est au milieu, essayant de protéger son mari tout en protégeant aussi son peuple et ses origines.

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    Camille livre le maître d'école de Falérie à ses écoliers - Nicolas Poussin (1637)
    musée du Louvre

    Camille, vêtu d'un drapé rouge tend le bras en direction du maître d'école. Celui-ci est représenté dans une attitude de repli et de peur, pratiquement bestiale, entouré de ses élèves qui lui jettent des pierres.

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    L'empereur Auguste ferme les portes du temple de Janus - Maratta (musée de Lille)

    Dans ce tableau, on voit Auguste faisant une offrande devant un brasero et désignant les portes du temple encore ouvertes (comme en temps de guerre). Se détachant dans le ciel, la personnification de la Paix apporte un rameau d’olivier. Un trophée d’armes évoquant la guerre gît au sol alors qu’un guerrier enlève le carquois rempli de flèches qui ne lui serviront plus. Tous les regards se dirigent vers l’entrée du temple : les portes peuvent être refermées, la paix a été établie !

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    L'enlèvement d'Hélène par Pâris - Guido Reni (1626-1629) - musée du Louvre

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    L'histoire de la guerre de Troie...

    Sous des remparts, un homme cuirassé et casqué mène par le bras une jeune femme richement vêtue. Figures centrales de la composition, ils sont accompagnés par un cortège d'hommes et de femmes. Le contexte antique (architecture, casque, cuirasse) est associé à des costumes du XVIIe siècle pour illustrer l'enlèvement d'Hélène, alors jeune épouse de Ménélas, par le troyen Pâris. Cet épisode, à l'origine de la chute de Troie, a été peint par Guido Reni pour Philippe IV d'Espagne.

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    Les adieux de Caton d'Utique à son fils - Le Guerchin (1591 - 1666)
    musée de Marseille

    Caton battu par César à Thapsus s’enferme dans la ville d’Utique dans l’actuelle Tunisie, et décide de se donner la mort pour ne pas survivre à la fin de la République. Avant de mettre fin ses jours, il lit le Phédon, dialogue de Platon sur l’immortalité de l’âme, (on voit l’ouvrage posé sur la table). Suivant fidèlement le célèbre récit qu’en a fait Plutarque, la scène représente le moment où le fils de Caton accourt pour empêcher son père de commettre l’irréparable. Après avoir fait ses adieux, Caton se percera de son épée.

     Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Faustulus confie Romulus et Remus à Laurentia - Pierre de Cortone (1643)
    musée du Louvre

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Découvrant les deux enfants sur les bords du Tibre, le berger Faustulus les recueille et les confie à son épouse Laurentia.

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    Auguste et Sibylle - Pierre de Cortone (1660 - 1665) - musée du Louvre

     Auguste, grâce à sa pacification du monde, doit être déifié suite à décision du sénat romain. Il se rend sur le Capitole accompagné de la Sibylle de Tibur, prêtresse d'Apollon ayant don de prophétie. Celle-ci lui prédit l'avènement d'un enfant qui surpassera les dieux romains ; c'est alors qu'apparaît dans les cieux une vision de Marie tenant Jésus. Auguste s'agenouille alors, et renonce à se faire déifier. Ce tableau représente les deux pouvoirs, le spirituel, en haut, véritable et sans apparat, domine le pouvoir temporel, cantonné au registre inférieur malgré son faste.

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    Coriolan supplié par sa mère - Le Guerchin (1640) - musée de Caen

    L’histoire du général romain Coriolan qui accueille sa mère Volumnie et son épouse Véturie, venues le supplier d’épargner Rome, est un sujet à la mode au début du XVIIe siècle.

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    César remet Cléopâtre sur le trône d'Egypte - Pierre de Cortone (vers 1637)
    musée du Louvre

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    Dans le tableau de Pierre de Cortone, il nous est donné d’assister à la restitution du trône d’Egypte à Cléopâtre par son amant et allié Jules César, au lendemain de la mort du roi Ptolémée XIII, comme l’indiquent le sceptre et la couronne que le Romain montre à l’Egyptienne. Cette prise de pouvoir se fait au détriment de la sœur de Cléopâtre, Arsinoé IV, qui est contrainte de rejoindre la coulisse, sa silhouette étant déjà enveloppée par l’ombre. Les deux protagonistes principaux apparaissent au contraire en pleine lumière, revêtus de riches atours au coloris aussi raffiné que brillant.

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    La mort de Cléopâtre - Turchi (1640) - musée du Louvre

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Tandis que Marc-Antoine (ici drapé de bleu, glaive à portée de main) agonise, Cléopâtre, vêtue d'une robe pourpre et or et entourée de ses servantes, tient dans sa main le serpent qui l'a tuée.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    A la base des tableaux se trouvent de très jolis médaillons dorés.

    Ici, une sirène tient un poisson dans une main et une harpe dans l'autre...

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    Cet autre montre Neptune, armé de son trident, et chevauchant une sirène.

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     Michèle Mazure nous montre l'échantillon de papier-peint qui recouvrait autrefois, pendant la période révolutionnaire les murs de la galerie. Ils ont ensuite été peints en vert puis, plus récemment lors de la dernière restauration, définitivement je pense, peints dans une couleur appelée "Blanc de Roi".

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire 

    Elle nous fait aussi remarquer la grande qualité du mobilier de la galerie dont les assises ne comportent pas de feston. Ces sièges étaient conçus pour recevoir une parure d'hiver et une parure d'été...

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    La visite de la galerie terminée, nous continuons par la pièce qui sert de salle de réunion aux administrateurs de la Banque de France.

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    Ses murs sont revêtus de jolies tapisseries.

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    Un portrait de Louis Phélipeaux, marquis de la Vrillière, trône au-dessus de la cheminée dans le manteau duquel est incrustée une belle pendule.

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    Nous apprenons  par un employé (qui nous suit comme un petit chien...) que la Banque de France détient 2 436 tonnes d’or dans la Souterraine qui est située à 27 m sous terre. Cet or constitue les réserves de la France qui possède le quatrième stock national au monde derrière les États-Unis, l’Allemagne et l’Italie. Il est inscrit au bilan de la Banque de France.

    Depuis les années 1970, l’or n’a plus de rôle monétaire. En revanche, il conserve une valeur importante mais fluctuante qui est déterminée par le marché. Pour avoir un ordre de grandeur, la valeur de cet or est un peu supérieure à 100 milliards d’euros, ce qui représente environ 5% du PIB et de la dette de la France.

    Dans cette petite pièce qui fait suite à la salle de réunion, le drapeau français et celui de l'Europe font face aux photographies des précédents Gouverneurs de la Banque de France. 

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    L'actuel Gouverneur est François Villeroy de Galhau : après six ans de bons et loyaux services comme on dit, il a été renouvelé pour la même période.

    Vous connaissez sûrement Jean-Claude Trichet qui fut Gouverneur de la Banque de France de 1993 à 2003 et qui enchaîna cette fonction avec celle Président de la Banque centrale européenne (jusqu'en 2011).

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Un très bel escalier avant notre sortie

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Pas mal non plus celui-ci (construit en 1781), situé dans le bâtiment situé en face servant au comité d'entreprise de la Banque de France : il est à double révolution (comme à Chambord ou à Blois), ce qui fait que les gens qui montent ne croisent jamais ceux qui descendent !

    D'après mes renseignements, c'est Léonard de Vinci qui en serait l'inventeur.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Waooohhh...

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    L'immeuble construit en 1781 est longtemps resté, avec ses huit étages, le plus haut de Paris. Il abritait des tripots, des salles de jeu et était le lieu de rendez-vous des prostituées.

    Visite guidée de la Galerie dorée de la Banque de France avec Paris art et histoire

    Une visite que je viens de refaire... et qui nous a tous, je crois, bien intéressés.

    Merci à Michèle Mazure de l'avoir guidée aussi agréablement et merci à Anne-Marie de l'avoir réservée. Il parait qu'il faut s'y prendre au mois de mai pour l'année suivante tellement la Banque de France a de demandes !

    Il faut dire en plus que cette visite est gratuite...


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  • Ce vendredi, il faisait un temps de rêve pour la balade qu'Anne-Marie Guérin, animatrice de l'atelier "Petites promenades dans Paris" de Générations 13, avait mise à son programme de rentrée. Cette dernière avait donné rendez-vous à une dizaine d'adhérents pour une promenade historique et architecturale dans le quartier du Gros Caillou devant l'entrée du musée des Egouts de Paris situé au niveau du Pont de l'Alma, côté rive gauche.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Anne-Marie commence par nous situer le Gros Caillou : il s'agit d'une zone limitée au nord par la Seine, à l'ouest par le champ de Mars, au sud par l'avenue de la Motte-Picquet et à l'est par les Invalides.

    On appelait jusqu'au milieu du XVIIème siècle cet espace parsemé de maraîchers, de vergers, de vignes et de prés, la plaine de Grenelle, un nom qui vient de "garanella", car on y chassait le lièvre et la caille. Les abbayes de Saint-Germain-des-Prés et de Sainte-Geneviève se partageaient cet espace agricole, elles y faisaient notamment paître leurs vaches. Un rocher surnommé le Gros Caillou marquait la limite entre les terres des deux abbayes. Il a été détruit en 1738 mais a laissé son nom au bourg.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Dès que l'on arrive sur les lieux, on est attiré depuis octobre 2016 par les dômes dorés de la cathédrale russe orthodoxe de la Sainte-Trinité qui jouxte la tour Eiffel.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Le quartier du Gros Caillou s’est développé au XVIIème siècle à partir de la construction des Invalides par Louis XIV : le roi souhaitait en effet en faisant construire cet édifice assurer aide et assistance aux invalides et handicapés de ses armées. Le chantier va attirer dans ce quartier de nombreux artisans travaillant dans le bâtiment (la proximité de la Seine permettait l’acheminement des matériels de construction par voie d’eau). Ce quartier populaire, peuplé d'artisans, tranchait à l’époque avec le riche quartier voisin du Faubourg Saint-Germain et ses hôtels particuliers des XVIIème et XVIIIème siècles.

    On y trouvait des lavandières qui profitaient de la proximité de la Seine pour exercer leur activité. Elles s’occupaient du linge des soldats des Invalides, d’abord sur le bras situé entre l’île des cygnes et la Seine, puis l’eau étant de plus en plus sale, sur des bateaux-lavoirs (alimentés par des réservoirs d'eau) qui n’étaient pas uniquement de simples laveries, mais bel et bien un lieu de détente où l’on aimait se retrouver. Parfois même de façon plus intime : les lavandières étant réputées à l’époque pour leurs mœurs légères dit-on parfois.

    ©Musée Carnavalet, estampe d’Auguste Lepère (1891)
    Sur la Seine, un bateau-lavoir relié à la rive par une passerelle

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    A ce niveau de la Seine existait autrefois une île appelée Ile des Cygnes, ainsi nommée en raison d'une ordonnance royale de 1676 qui permit l'installation d'une colonie de cygnes sur l'île en hiver. Ces cygnes, offerts par le Danemark à Louis XIV, étaient destinés à orner les jardins de Versailles à la belle saison mais il n'était pas rare qu'on retrouva parfois des cygnes jusqu'à Rouen !

    L'Ile des Cygnes portait également le nom d'Ile Maquerelle (peut-être une déformation de "male querelle" car on s'y battait en duel).

    On y trouvait le "Dépôt des marbres", un ancien hangar de stockage fondé par Colbert, à l'emplacement de l'actuel musée du quai Branly. Au XIXème siècle, on y faisait venir du marbre de Carrare. le dépôt a été exproprié en 1901.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Installée le long de la Seine, il y avait à l'époque une "pompe à feu" actionnée par la vapeur, une création des frères Perrier sur un modèle anglais. Cette pompe à feu appelée "Pompe à feu du Gros Caillou" permettait de stocker l'eau de la Seine dans un réservoir situé en hauteur et alimentait ainsi treize fontaines de la rive gauche. Elle a été inaugurée en 1788 mais disparut en 1858 car elle créait beaucoup de pollution du fait des fumées qui s'échappaient de ses cheminées.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Il y avait aussi dans ce quartier de l'actuel 7ème arrondissement la Manufacture de Tabac du Gros Caillou qui fournissait le tiers de la production française de cigarettes et de cigares. Créée en 1810 et fermée en 1904 (elle sera détruite quatre ans après), elle employait 2000 ouvriers et ouvrières. Les conditions de travail étaient très dures, avec des salaires très bas (3 francs par jour pour les hommes et 2 francs par jour pour les femmes, les femmes étant préférées car ayant de plus petites mains pour rouler les cigarettes) et une très mauvaise salubrité.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Et maintenant, un petit rappel sur l'alimentation en eau de Paris

    Les premiers égouts souterrains de Paris furent construits par les Romains. Au Moyen-Age, l'évacuation des eaux usées n'était pas une priorité, on les jetait directement au milieu des rues qui étaient pavées d'où l'expression "tenir le haut du pavé" car les personnes des classes populaires laissaient le haut des rues (qui étaient étroites) aux nobles, de meilleure condition sociale.

    A cette époque plusieurs cours d'eau descendent de Montmartre, de Belleville et du Pré Saint-Gervais. Un premier égout souterrain fut construit sous la rue Montmartre qui servait de collecteur principal pour la rive droite tandis que la Bièvre remplissait ce rôle pour la rive gauche, tous deux se déversant ensuite dans la Seine.

    Le premier Service des Egouts de Paris est créé au début du XIXème siècle. Quand une grande épidémie de choléra se déclare en 1832 à Paris, le réseau fait moins de 50 km. Les grands travaux commenceront réellement en 1853, sous Napoléon III, avec l'arrivée du Baron Haussmann et de l'ingénieur général des Ponts et Chaussées, Eugène Belgrand. Ceux-ci construisent des collecteurs sous les tout nouveaux Grands Boulevards. En 1870, on en était à 500 km de canalisations.

    Eugène Belgrand décidera aussi de créer deux réseaux distincts pour alimenter séparément, d'une part le nettoyage des rues et d'autre part l'eau potable. En effet, jusqu'à cette date les parisiens buvaient l'eau de la Seine, ce qui donnait lieu à des épidémies. Des aqueducs sont construits en aval de Paris pour capter les eaux de source et les acheminer dans des réservoirs.

    En 1894, c'est la création du "tout-à-l'égout" et à partir de 1930 on commence à construire des stations d'épuration en France : Paris se dotera ainsi de 4 stations : Achères, Noisy-le-Grand, Valenton et Colombes.

    Aujourd'hui, le réseau parisien compte plus de 2500 km de galeries techniques situées sous les rues de la capitale. Les égouts sont visitables au 93 quai d'Orsay.

    Vue souterraine d'un collecteur d'égout

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Après cette "mise en bouche" si j'ose m'exprimer ainsi à propos des égouts..., la promenade commence vraiment. Ne pouvant à la fois prendre des notes et des photos, c'est Annie Perrot qui s'est chargée de cette tache. Merci à elle de m'avoir déchargée.

    Information sur les fameuses fontaines Wallace : il y en a 95 dans la capitale.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Une fontaine Wallace que je n'avais pas vue, située au niveau de l'entrée du musée des Egouts

    Promenade dans le quartier du Gros Caillou avec Générations 13

    Devant le 91-93 quai d'Orsay se trouvent deux immeubles Art Déco (un mouvement artistique que l'on situe généralement entre les années 1920 et 1939, début de seconde guerre mondiale et qui suit celui de l'Art Nouveau).

    Le premier, tout blanc, possède des fenêtres bateaux, plus larges que hautes, en forme de Bow-Windows : les constructions navales, en plein essor, inspirent en effet les architectes. Le béton est ici recouvert d'un placage de pierre. Il est dû à Michel Roux Spitz, contemporain de Le Corbusier.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Le deuxième, son voisin, est de Léon Azéma, prix de Rome en 1921. Il est caractérisé par un décor en écailles de poisson et des balcons triangulaires qui lui donnent un petit air de proue de navire.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Les garde-corps du bâtiment formant l'angle avec l'Avenue Bosquet sont ornés de ferronneries en forme de damier et de crosse : finies, les décorations florales de l'Art Nouveau...

    Entre le 67 et le 91 du même quai se tenait autrefois le Magic City, un parc d'attractions ouvert de 1900 à 1934 par Ernest Cognacq-Jay, le fondateur de la Samaritaine. Donnant à la fois sur le quai d'Orsay et la rue de l'Université, il était principalement destiné aux adultes. Tout y était fait pour le divertissement : spectacles, attractions foraines, restaurant, bal, curiosités, représentations "d'indigènes". Le parc possédait une grande piste de dans avec orchestre.

    A partir de 1920 , il y fût organisé chaque année le bal travesti de la Mi-Carême : en effet, le Magic City était le phare des nuits homosexuelles de Paris comme le montre cette photo de Brassaï (1931).

    Il fût fermé le 6 février 1934 par décision des autorités, lors du lotissement du quartier et de la création, sur son emplacement, de la rue Cognacq-Jay. 

    Et justement, empruntant la rue de l'Université, c'est au 13-15 de la rue Cognacq-Jay que nous nous rendons maintenant. Il s'agit du Centre Alfred Lelluch, Directeur des services techniques de la radiodiffusion clandestine et donc résistant, comme le montre cette plaque commémorative. 

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Remontons le temps jusqu'à la période de l'occupation allemande (1943-1944). A cette époque, Kurt Hinzmann, ancien directeur des programmes de télévision de Berlin, est à la recherche un local pour y installer les futurs studios d'un programme émis par l'émetteur de la tour Eiffel (récemment remis en service après avoir été saboté) destiné à distraire les soldats allemands hospitalisés. Ce sera "Fernsehsender Paris".

    La salle de bal du Magic City est suffisamment vaste pour être transformée en studio. Derrière le dancing, il y a un garage abandonné qui peut servir d'atelier ; celui-ci touche un bel immeuble, une pension de famille donnant sur la rue Cognacq-Jay (N°13 à 15) qui peut servir aux services administratifs. Cet ensemble est idéal d'autant que la tour Eiffel est toute proche : le Magic-City est réquisitionné immédiatement.

    "Fernsehsender Paris" émettra du 7 mai 1943 au 12 août 1944. Les allemands, qui s'en vont en août 1944, laissent au Français une station de télévision opérationnelle parmi les plus performantes du monde.

    Les studios Cognacq-Jay fonctionneront jusqu'en 1963, date de l'ouverture de la Maison de l'ORTF. A cette adresse du 13-15 rue Cognacq-Jay existaient encore il y a quelques années la chaîne LCP et Public Sénat plus quelques autres mais actuellement l'immeuble semble avoir été vendu.

    Mine de rien, l'heure tourne et nous pouvons maintenant visiter la Cathédrale de la Sainte-Trinité qui est ouverte au public  entre 14h et 19h. Elle est l'œuvre de Jean-Michel Wilmotte et est le centre administratif de l'Exarchat de l'Eglise Orthodoxe Russe en Europe Occidentale, qui regroupe des paroisses orthodoxes de tradition russe en France, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Irlande, en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne et au Portugal. Autrement dit, c'est un lieu très important pour la communauté européenne orthodoxe.

    Avouez qu'elle a sacrément fière allure avec ses cinq coupoles mates faites d'un alliage d'or et de palladium. Cinq coupoles : la plus grosse représente le Christ et les petites les quatre évangélistes.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Ses murs sont, eux, recouverts de pierre de Bourgogne.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Un petit tour à l'intérieur permet d'admirer l'iconostase ou "cloison d'icônes" qui sépare la nef du sanctuaire où se tient le clergé célébrant l'eucharistie. Les fidèles assistent à l'office debout et celui peut durer des heures... (photo internet)

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Un peu clinquant, le lustre : tout ça sent le neuf...

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    La communauté de la cathédrale a la chance de posséder deux œuvres datant du XVIIIème siècle : l'icône du saint ancêtre Adam (le crucifix) et à droite, l'icône de l'archange Gabriel.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Revenons au 182 de la rue de l'Université avec cet immeuble haussmannien particulièrement travaillé où Rodin avait installé un atelier de taille de pierre (le dépôt des marbres était voisin, sis sur l'Ile des Cygnes).

    Les immeubles haussmanniens ne dépassent jamais six étages : ils sont caractérisés par une façade en pierre de taille (matériau noble) alignée sur les immeubles voisins et un étage "noble", au deuxième, réservé par exemple au propriétaire, et possédant un balcon sur toute la largeur de l'appartement.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Parfois le cinquième en est aussi pourvu comme ici pour équilibrer l'esthétique de la façade, le dernier étage servant de combles ou d'appartement de service (on aperçoit ici ses fenêtres en forme de lucarnes).

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13 

     L'immeuble blanc Art Déco voisin (faisant face à la Villa Bosquet) est l'autre côté de la salle de bal du Magic City.

    Promenade dans le quartier du Gros Caillou avec Générations 13

    Nous empruntons ensuite le passage Landrieu où l'on peut voir, par contraste, au N°3 un petit immeuble aux volets de bois tout simple.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Tournant à gauche au bout du passage Landrieu dans la rue Saint-Dominique, nous voici arrivés devant l'église Saint-Pierre du Gros Caillou : à l'époque où le quartier se développa, il devint nécessaire de construire une église pour suppléer à Saint-Sulpice. L'église fut érigée en 1776, treize ans avant la Révolution mais l'édifice actuel date de 1822-1830.

    En forme de basilique, elle est précédée d'un péristyle dorique à fronton ; l'inscription en latin, sur la façade, évoque le célèbre jeu de mots attribué au Christ "Tu es Pierre et sur cette pierre...". Il fait aussi référence, ici, à la grosse pierre de bornage qui a donné son nom au quartier et qui se trouvait juste à cet endroit.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Voici la grosse cloche donnée à la paroisse par les grognards, alors nombreux dans le quartier. Elle a été descendue pour être remplacée par quatre cloches formant un carillon.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    L'intérieur de l'église est très sobre avec un joli plafond à caissons ornés de fleurs.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    On y trouve un plaque qui rappelle le passé révolutionnaire de la France : le premier Maire de Paris (éminent scientifique), Jean-Sylvain Bailly, y fût enterré après avoir été guillotiné au 2 avenue de la Bourdonnais (où une plaque a été apposée) pour avoir déposé en faveur de Marie-Antoinette lors de son procès.

    Des fresques en cours de restauration

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    A l'arrière de l'autel, une chapelle (de l'architecte Paul Vimond - 1971) aux vitraux modernes a été adjointe à l'église.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Voici maintenant l'Hôtel de Béhague (Ambassade de Roumanie) : il est situé au 5 de la rue de l'Exposition.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Les lourdes portes en bois sont ornées de poignées de bronze très élégantes.

    Une Vénus pudique...

    Le quartier du Gros Caillou avec Générations 13

    La fontaine de Mars se situe au centre d'une placette, au niveau des 129-131 de la rue Saint-Dominique. Elle était alimentée par la Pompe à feu du Gros Caillou. Au pied, une plaque indique le niveau de l'eau atteint par la Seine en 1910.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Sur le côté faisant face à la rue un bas-relief y représente Hygie, la déesse de la Santé, offrant de l'eau au dieu de la Guerre, Mars.

    Les quatre faces de la fontaine portent des mascarons qui crachent de l'eau mais un seul est en fonctionnement.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    La fontaine a donné son nom au Bistrot "La Fontaine de Mars" donnant sur la placette dans lequel différents personnages célèbres vinrent déjeuner tels Barack et Michelle Obama en 2009 lors d'une visite privée.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Anne-Marie nous montre ensuite une horloge (située à l'entrée de la rue de l'Exposition) qui indiquait l'heure aux ouvriers travaillant dans ce quartier industrieux et qui n'avaient pas tous les moyens de se procurer l'heure...

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Il eut été dommage de ne pas pouvoir jeter un coup d'œil, au niveau du 133 de la rue Saint-Dominique, à ce superbe square Sédillot... mais heureusement le gardien nous a laissé entrer. Il s'agit d'un square de style Art Déco qui date de 1935. Une fois franchie la grille, on pénètre sous un passage vouté orné d'élégants lustres modernes.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    On se retrouve dans une grande cour pavée de brique, agrémentée de buissons, avec une grande vasque centrale. Prix du m² : entre 11.000 et 17.000 euros...

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    L'occasion d'une photo du groupe

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Et maintenant, avec le (petit) groupe du vendredi 15

    Promenade dans le quartier du Gros Caillou avec Générations 13

    Au N°12 de la rue Sédillot, le lycée italien Leonardo da Vinci qui est, lui, Art Nouveau (construit en 1899 par Jules Lavirotte) avec ses décorations florales.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Au N°8 de la même rue, un immeuble haussmannien tardif attire le regard.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Daté de 1898, il est décoré d'un lion à la crinière généreuse et d'une abondance de fleurs qui sont l'oeuvre de Louis Déjardin.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Et celui-ci, Art Nouveau, situé au 29 de l'avenue Rapp, qu'en pensez-vous ? Il est signé, deux ans après, du même architecte Jules Lavirotte et était habité par Alexandre Bigot, son propriétaire, qui en avait fait la vitrine de son métier : céramiste. Aucune symétrie sur la façade. Tout est basé sur le déséquilibre... (photo internet prise en hiver)

    La signature de l'architecte

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Anne-Marie nous fait remarquer ce dessus de balcon recouvert de céramiques.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Pas mal non plus les têtes de vaches

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    La porte cochère est joliment mise en valeur par les sculptures de Jean-Baptiste Larrivé.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    A gauche, Adam, et à droite, Eve

    Anne-Marie nous explique que la poignée de porte en forme de lézard est un symbole érotique (en argot parisien du début du XXème siècle, un lézard désignait paraît-il un phallus). On trouve aussi sur le net comme symbolique du lézard la renaissance et le renouvellement (sa queue repousse toujours). Ne serait-ce pas plutôt dans ce sens puisqu'il s'agit ici d'Art-Nouveau ? C'est une interprétation toute personnelle... (Photo blog archiphotos)

    Immeuble avenue Rapp © D Raux 1Petite trouée sur la tour Eiffel en face du square Rapp

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    C'est dans ce square que s'est installée la Société théosophique de France dont la devise est : "Il n'y a pas de religion supérieure à la vérité." Elle a influencé Ghandi. Il paraît que ses fidèles attendent le retour du Christ...

    Le bâtiment a été construit entre 1912 et 1915 par l'architecte Louis Lefranc. De mouvance éclectique, l'immeuble emprunte au style troubadour ses arcs en accolade et sa tourelle, à l'Art Nouveau ses motifs floraux et ses baies vitrés, à l'Art Déco ses formes géométriques.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    A gauche du square, un immeuble Art Nouveau assez extraordinaire aussi, toujours de Jules Lavirotte (1903) tandis que le mur aveugle qui sépare les deux bâtiments a été harmonieusement décoré d'un trompe-l'œil. Il paraît que l'architecte y habita quelques années.

    Au croisement de la rue de Grenelle et de la rue Cler, un marché très prisé...

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

    Cette crèche située au 182 rue de Grenelle n'a rien d'extraordinaire sinon qu'elle a une histoire : c'était autrefois la crèche collective de la Croix-Rouge dans laquelle les ouvrières de la Manufacture de Tabac du quai d'Orsay déposaient leurs enfants avant d'aller travailler.

    Anne-Marie nous a lu un passage d'un livre qui dénonce le mauvais état de santé des enfants des manufacturières à cette époque là (Intervention du Dr Goyard lors du Congrès international d'hygiène tenu à Paris en 1878) :

    "L'enfant nicotinisé dès le sein de sa mère, et qui arrive pourtant à terme dans des conditions de viabilité, ne fait jamais du moins une brillante entrée dans le monde. D'après le témoignage des sages-femmes qui accouchent les ouvrières de la manufacture du Tabac, ces enfants naissent faibles et misérables et restent tels encore pendant des mois, parfois des années, surtout s'ils sont allaités par leur propre mère. J'ai observé moi-même l'aspect malingre de ceux qui ont subi l'influence funeste du tabac. A première vue, ils se distinguent de leurs petits compagnons par un teint pâle et blême, des formes exigües, un ensemble qui fait naître la pitié et la tristesse."

    Celles-ci étaient en effet souvent atteintes d'emphysème ou de cancer du poumon et les enfants trinquaient !

    La balade se termine devant ce petit jardin de l'église protestante Saint-Jean (on peut y voir un édifice à colombages qui évoque un peu un cottage anglais) située juste en face le passage Jean Nicot qui est encore pavé. Encore une référence à la Manufacture : l'ambassadeur à Lisbonne et érudit du XVIème siècle, censé avoir introduit le tabac en France (il a au moins envoyé du tabac en poudre à Catherine de Médicis pour soulager ses maux de tête). On a même un moment appelé le tabac "herbe à Nicot". Le nom scientifique de la plante est Nicotiana tabacum et le mot "nicotine" immortalise le nom de l'ambassadeur.

    Balade au Gros Caillou avec Générations 13

     Pour les courageux, Anne-Marie nous a aussi indiqué l'existence de l'ex musée-galerie de la SEITA ouvert en 1979 au N°12 de la rue Surcouf. Il retraçait l'histoire du tabac et de ses usages depuis le XVIème siècle mais a malheureusement été démantelé et fermé définitivement en 2000. Les quelques 512 objets qui restent sont maintenant exposés au musée de Bergerac.

    Un grand merci à Anne-Marie pour le guidage et les explications.

    Comme toujours, une promenade très intéressante


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  • Anne-Marie, qui anime l'atelier "Petites promenades dans Paris", nous a proposé pour terminer en beauté cette année un peu compliquée une visite guidée du château de Vincennes par l'association "Paris - Art et Histoire".

    C'est à la tour du Village que Monsieur Obel, notre guide pour cette visite, nous accueille : elle constitue l'entrée actuelle du château. Avec ses 42 mètres de haut, son architecture et son décor sculpté d'une qualité exceptionnelle, c'est la plus importante du mur d'enceinte de Charles V et la seule à subsister aujourd'hui dans son élévation d'origine, les huit autres tours ayant été arasées au cours des siècles. 

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Ou la la... C'est haut !

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    On voit ici le mur d'enceinte percé, dans un premier temps de meurtrières (pour les mousquets), puis de plus grandes ouvertures (pour les canons). Le fossé, profond de 4 mètres de plus que l'actuel engazonné, était rempli d'eau formant des douves infranchissables.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Nous entrons dans l'enceinte du château par le porche pourvu d'un pont-levis dont on voit ici les flèches et les chaînes. La façade est élégamment décorée de petites niches devant abriter autrefois, je suppose, des statuettes aujourd'hui disparues.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

     A l'entrée, un plan du château pour se repérer : la tour du Village en bas, le Donjon et le Pavillon du roi à droite, la Sainte-Chapelle et le Pavillon de la reine à gauche, là est le principal.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

     En jetant un coup d'œil circulaire à la cour intérieure, on aperçoit d'abord, à l'arrière, les casemates : n' oublions pas que le château a servi de caserne pendant un temps. 

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

     Puis, l'œil s'arrête sur le Pavillon des armesle Pavillon du Génie et la Sainte-Chapelle.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    On voit au premier plan une fontaine : elle fut construite au XIIIème siècle et demeure le seul vestige visible de l'ancien manoir capétien. Cette dernière fut la résidence préférée de Saint-Louis pour accueillir les événements importants de la famille royale.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    La chapelle du château est une Sainte-Chapelle car elle a abrité les reliques de la Passion (un morceau de la "vraie croix" et une "épine de la couronne du Christ").

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Nous en approchant, nous écoutons notre guide nous parler de sa construction qui commença en 1379 dans le style gothique flamboyant selon le modèle de la Sainte-Chapelle de Paris : une nef unique et de puissants contreforts à l’extérieur permettent à l’édifice de supporter la hauteur des baies vitrées (plusieurs mètres !). Dans un premier temps, c'est le chœur qui est achevé : on peut ainsi remarquer que l'armature des vitraux de la nef est beaucoup plus ouvragée, formant en quelque sorte une dentelle, que celle du chœur qui est beaucoup plus simple.

    Est-ce que je me fais bien comprendre...?

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    La façade est très élégante.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Finesse des détails...

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Des séraphins encadrent une représentation de la Trinité.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Sur les côtés du porche, de très élégantes sculptures végétales et animales : avez-vous vu le petit escargot... ? Le sculpteur s'est amusé !

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    En passant le porche, on retrouve un peu la même impression d'immensité que dans la Sainte-Chapelle de Paris : les baies vitrées en sont responsables.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire" 

    Monsieur Obel nous entraîne tout de suite dans le chœur où se trouvent, depuis que l'édifice a été récemment restauré, deux maquettes du château.

    Celle-ci représente le château au XVIème siècle.

    A l'intérieur de l'enceinte de Charles V se trouvaient : 

    1 - Le manoir des Capétiens (résidence de Saint-Louis, aujourd'hui disparu)
    2 - Le manoir de Louis XI, englobé par Le Vau au XVIIème siècle dans le Pavillon du roi
    3 - La Sainte-Chapelle en construction, sous François Ier
    4 - Le Donjon de Charles V

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    La deuxième maquette représente le château au XVIIème siècle après les travaux de Le Vau. On y voit surtout à gauche l'adjonction du Pavillon du roi et du Pavillon de la reine. C'est à peu près l'état dans lequel il se trouve de nos jours.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Notre guide nous montre ici les sculptures de la porte de l'oratoire du roi.

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    On y voit deux anges porter un blason (celui du roi) décoré d'un côté des fleurs de lys de la couronne et de l'autre d'une sorte de damier dont j'ai oublié totalement la signification... Grâce à "Arcachon76" qui a commenté cet article et que je remercie au passage, j'en connais maintenant la réponse : il s'agit du blason d'Isabeau de Bavière.

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    En 1369, le campanile qui surmonte la terrasse du châtelet accueille la première horloge publique française. Cette innovation coûteuse annonce les horloges municipales qui apparaîtront dans les grandes villes européennes à partir de la fin du XIVème siècle. Le campanile actuel, restitué en 2000, abrite une copie de la cloche dont l'originale est conservée ici, dans la Sainte-Chapelle. C'est la seule cloche subsistant de toutes les horloges installées par Charles V dans ses résidences parisiennes. L'horloge, située au-dessus du cabinet de travail du roi, dans le châtelet et au même niveau que sa chambre du deuxième étage du donjon, rythmait sa vie selon les heures canoniales, marquant les offices quotidiens consacrés à la prière. La cloche porte une inscription indiquant que sa fonte fut ordonnée par Charles V :

    CHARLES PAR LA GRACE DE DIEU, ROY DE FRANCE, FILS DU ROY JEHAN, ME FIST FAIRE L'AN DE GRACE MILCCLVXIX. JEHAN JOUVENTE M'A FASONNEE POUR ORLOGE. SUIS ORDENNEEE NTENTE LE HEURES.

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    Les vitraux du chœur

    Les anges exterminateurs, les sauterelles, l'obscurcissement des astres, l'incendie des arbres et des plantes, la mer changée en sang, les trompettes annonçant la fin du monde… : l'Apocalypse selon Saint-Jean se retrouve dans toute sa splendeur sur les sept baies composants le vitrail de la baie d'axe.

     Ces vitraux ont été créés en 1559 par Nicolas Beaurain.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

     Plusieurs baies ont malheureusement disparu à la suite de la tempête de 1999, et ont bénéficié heureusement d’une rénovation.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

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    Vue sur la rose de la façade

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Malheureusement, cette photo n'est pas de moi (Wikimedia) !

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Notre guide nous montre ensuite les petits oratoires par lesquels le roi et la reine pouvaient assister à la messe sans être vus. On aperçoit à l'intérieur de celui-ci (celui du roi) des statues en pierre qui n'étaient pas là à l'époque de Charles V : je vous dirai plus bas pourquoi.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Comment s'appelle cette fente dans la pierre vous mettant à l'abri des regards indiscrets ? Si quelqu'un en connaît plus que moi en architecture, je lui serais reconnaissante de me le dire car cela m'échappe totalement...

    Renseignements pris, il s'agit d'une baie biaise (merci à "Arcachon76").

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    Une corniche au décor de feuillage fait le tour de la chapelle : elle est ornée de douze consoles représentant la lutte du Bien et du Mal. Des moines, des évêques et des rois combattent des figures démoniaques. La fluidité des gestes et des drapés est saisissante.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

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    Je vous avais dit que je vous en dirais plus à propos des statues de l'oratoire...

    Louis-Antoine de Bourbon-Condé, duc d'Enghien, est accusé à tort d'être à la tête d'un complot royaliste. Un procès expéditif est préparé. Le 20 mars 1804, peu avant minuit, le duc fait face à un premier interrogatoire au château de Vincennes ; à une heure du matin le 21 mars, il est traduit devant un conseil de guerre. Ce conseil a pour ordres de juger rapidement de la cause, et la condamnation à mort est déjà prévue dans l'arrêté pris par Bonaparte. Tout en se déclarant l'ennemi du gouvernement, il rejette les accusations de participation au complot royaliste en cours ; par contre, il précise qu'il attendait à Bade les instructions du gouvernement britannique qui devait sous peu faire appel à ses services dans cette région. En présence de Savary, envoyé par le Premier Consul, le conseil délibère rapidement : à deux heures du matin, le duc est condamné à mort à l'unanimité ; il est fusillé peu après, dans les fossés du château. Son corps est jeté dans une tombe creusée à l'avance au pied du Pavillon de la reine.

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    Dans l'Oratoire du roi, se trouve maintenant un monument à la mémoire du duc d'Enghien : il a été sculpté par Louis Pierre Deseine (en 1825) sur ordre de Louis XVIII qui a tenu à réhabiliter la mémoire du duc après avoir fait exhumer son corps qui repose désormais ici et élever une colonne pour marquer l'emplacement de l'assassinat dans le fossé côté bois.

    On peut voir au fond le duc d'Enghien secouru par la Religion qui le guide vers son destin (remarquez que cette dernière a des allures de statue de la Liberté : qui sait, Bartholdi s'en est peut-être inspiré ?). Les deux autres figures allégoriques représentent la France, éplorée, enchaînée, et le Crime, entouré de ses serpents et muni d’un poignard.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Nous montons ensuite les 68 marches conduisant à la tribune côté façade pour admirer l'église vue d'en haut.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

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    Ceci permet de se rendre compte que les vitraux latéraux ne sont pas colorés. J'ai oublié si c'est d'origine ou dû aux dégradations du temps...

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    Une jolie exposition mêlant art contemporain et antiquités s'y tient en ce moment. 

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    Les voici les 68 marches !

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    Vase avec la figure d'un paysan labourant
    (Bela Palinkas - 1920 - Musée de Budapest)

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    Michèle Papadopoulos - Service Haviland "Gourmet Pop"

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     Plateau faisant partie d'un ensemble - Service à café avec des scènes de Balatonfüred et Tifahy

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    Le tea time - Florence Lemiègre (2016)

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    Centre de table : meuble d'écriture en forme de tiroirs pliants - Budapest (1781) 

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    Et maintenant, où allons-nous ?

    Un petit plan pour se repérer...

    Nous allons maintenant nous diriger vers le Pavillon du roi et celui de la reine, en passant sous une sorte d'arc de triomphe (vous le voyez juste à côté de l'entrée de la Sainte-Chapelle).

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    De là, on a une vue sublime sur l'église et le soleil s'étant levé ne gâche rien au plaisir.

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    Depuis cet endroit, on jouit d'une belle vue sur le Pavillon du roi qui vient de finir d'être restauré. Les allemands y avaient mis le feu à la fin de la guerre, ce qui a détruit définitivement ses intérieurs peints... Il sert maintenant d'espace d'exposition lui aussi.

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    Pour le Pavillon de la reine, il faudra attendre les crédits...

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    Plus jolie de ce côté là que de l'autre, je trouve : l'élégant portique la met en valeur. 

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    Ah... Enfin le Donjon !

    C'est souvent à lui qu'on pense quand on parle du château.

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    Avant de le rejoindre, notre guide nous conduit jusqu'aux douves pour nous montrer l'endroit où fut exécuté le duc d'Enghien : une colonne en marque l'emplacement.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Vue sur le Pavillon du roi et le Donjon : remarquez les jolis pots-à-feu sur la toiture.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    L'entrée donnant accès au Donjon est défendue par un Châtelet auquel on accède par un pont-levis.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Vue sur le Pavillon du roi depuis les douves du donjon 

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    La passerelle en bois que vous apercevez sur cette photo était le seul moyen d'accès au donjon au Moyen-Age : elle relie le Châtelet (qui défend l'entrée au donjon) au Donjon lui-même.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Impressionnant, non ?

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    A l'entrée du Donjon, une coupe de ce dernier montre les différentes affectations des étages.

    Au sein du donjon, le roi se déplaçait entre les deux premiers étages par un escalier en vis (2), de plan octogonal, aménagé dans une des tourelles d'angle. Cet escalier lui permettait ainsi une circulation confortable entre la grande salle du conseil (3) au premier étage et ses appartements privés au deuxième étage (4). Un escalier secondaire placé dans l'épaisseur du mur sud, dessert tous les niveaux, du rez-de-chaussée à la terrasse.

    On voit bien ici, en gris, le châtelet et le chemin de ronde cernant le donjon.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    C'est cet autre petit escalier, largement ouvert sur l'extérieur (il est éclairé par cinq baies superposées) que nous empruntons pour accéder à la passerelle de bois donnant accès au premier étage du Donjon : il est situé dans le Châtelet.

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    Mais avant d'accéder au Donjon, le circuit - fléché pour les visiteurs - nous fait faire le tour du chemin de ronde (un carré de cinquante mètres de côté construit en 1370) que le roi empruntait pour se promener : à l'époque, il n'était pas couvert, en témoignent les trous percés dans le sol servant à la récupération des eaux de pluie dirigées vers des citernes dans la cour du donjon. Le chemin de ronde a été couvert d'une toiture en ardoise au début du XVIIème siècle.

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    Par les fenêtres, on a une super vue sur la Sainte-Chapelle.

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    Nous faisons ainsi tout le tour du chemin de ronde.

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    Ceci est une reconstitution datant de 1930 (aquarelle de Louis Bertin Moreau) de son décor peint au début du XVIIème siècle.

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    De place en place des plans tels que celui-ci qui date de 1688.

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    On tourne, on tourne...

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    Une vue peu commune de l'enceinte du château

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    Une fois fini le tour, on accède au Donjon en empruntant la passerelle de bois.

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    La première pièce que nous visitons est le Cabinet de travail de Charles V. Le roi venait séjourner à Vincennes deux à trois mois par an et c'est depuis cette pièce qu'il dirigeait son royaume. C'est un espace très petit qui ne permet pas le recul pour la photo.

    Voici donc son plafond

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    Un document mis à disposition des visiteurs permet de se rendre compte qu'au Moyen-Age il était lambrissé (cela permettait une isolation contre le froid et la chaleur) et qu'il était peint.

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    Ces deux autres documents reconstituent le cabinet de travail du roi : on y voit qu'il possédait tout le confort dû à un grand monarque. La reconstitution a été permise grâce à l'inventaire des objets conservés dans cette pièce (1380), à d'autres sources écrites concernant des édifices analogues, à l'examen du Donjon et aux résultats des fouilles archéologiques conduites ailleurs dans le château.

     Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

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    Charles V dans son Cabinet de travail

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    A chaque étage du château se trouvait une chapelle et un oratoire attenant depuis lequel le roi et la reine assistaient aux offices (quand ils ne se passaient pas dans la Sainte-Chapelle), pièce si petite qu'une fois de plus la photo n'est possible qu'au plafond : celui-ci était également lambrissé.

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    Sur les murs, des restes de peinture : ils sont le fait des prisonniers qui, dès le XVIème siècle séjournèrent dans le Donjon, en particulier dans ces petites tourelles d'angle. 

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    Doués, les prisonniers !

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    Sous l'Ancien Régime, les grandes fenêtres des trois premiers étages ont été murées pour adapter le Donjon à son usage carcéral, ne laissant filtrer la lumière du jour que par une fente. Les traces de cette transformation sont ici visibles.

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    Nous voici maintenant arrivés dans la salle du Conseil (photo internet) : il aurait été intéressant de s'asseoir sur les bancs pour suivre l'animation vidéo proposée par le château mais..., la visite de Monsieur Obel dure déjà depuis deux bonnes heures et nous n'avons pas fini !

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    Elle est cette fois si grande que j'en ai photographié seulement le plafond autrefois lambrissé (en témoignent les crochets qui restent fixés dans la pierre). 

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    Notre guide nous montre les sculptures des angles représentant les quatre évangélistes.

    Voici le lion de Saint Marc

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    Le bœuf ailé de Saint Luc

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    L'aigle de Saint Jean

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    et enfin l'ange de Saint Matthieu

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    La pièce est éclairée par de grandes fenêtres à meneaux et possède des "coussièges" permettant de profiter de la lumière du jour.

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    Elle était chauffée grâce à l'existence d'une grande cheminée. Remarquez le joli carrelage...

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    Et maintenant, direction la chambre du roi : Monsieur Obel que l'on voit ici nous montre sur le mur les traces de la transformation de cette ancienne pièce en escalier. 

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    Le deuxième étage est celui des appartements privés du roi. On y trouve la chambre du roi, la chapelle royale, la garde robe, la salle du trésor, l'étude et les latrines. Les étages supérieurs accueillaient les chambellans, ses proches et serviteurs ainsi que des réserves domestiques et militaires, comme l'approvisionnement des machines de guerre disposées sur la terrasse.

    Concernant la chambre du roi, il faut s'imaginer quelque chose dans ce style, donc : beaucoup de couleurs et un château meublé. Le coffre, dans l'embrasure de la fenêtre, à gauche de la cheminée, renfermait des manuscrits religieux, dont deux psautiers ayant appartenu à Saint-Louis.

    En 1461, les ambassadeurs florentins découvrent avec admiration le raffinement de son décor.

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    La voici de nos jours (photo Montjoye.net) avec son pilier central et sa cheminée à hotte.

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    Décoration d'angle de la cheminée

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    On retrouve au niveau du plafond les restes de peinture et les crochets ayant servi à fixer les lattes de bois servant à l'isolation. Figurez-vous que notre guide nous a dit que ces chênes, alors âgés de 250 ans quand ils ont été abattus entre 1367 et 1371, provenaient de Lituanie...

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire" 

    On y trouve de jolis culs-de-lampe à la base des arcatures de colonnes. 

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    Est-ce un apôtre qui tient ce phylactère... ?

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    Nous passons ensuite dans la petite salle attenante, la garde robe du roi qui renfermait des coffres dans lesquels le roi conservait son linge de corps, de table et de literie. Ses serviteurs – en particulier son chambellan –, issus de la haute noblesse, dormaient ici. 

    On voit très bien ici les petites lattes de bois qui recouvrent la toiture et les crochets sur les murs destinés à en recevoir d'autres.

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    Ici se trouvent des sculptures originales d’anges musiciens qui, au XIVème siècle, décoraient les culots à la base de l’encadrement des fenêtres de la façade du donjon (des copies les remplacent). 

    Les anges jouent des instruments de musique du Moyen-Âge (que l'on peut écouter en appuyant sur un bouton) : La cornemuse, 

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    la vielle à roue,

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    et l'orgue portatif.

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    La salle du trésor était strictement réservée au roi : en son absence, la porte est fermée et cachetée à la cire. Il est le seul à en posséder la clé. A partir de 1367, la salle conserve l'or du royaume ainsi qu'une partie de la collection de manuscrits et d'objets d'art du roi.  Charles V souhaite disposer en permanence, dans ses principales résidences, d'une importante quantité d'argent et il fait de Vincennes le lieu de dépôt du trésor du royaume. Les "coffres" pouvaient contenir jusqu'à 20% du budget annuel des dépenses royales.

    Voici le plafond de la salle du trésor : idem pour les lambris évidemment

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire" 

    et la cheminée qui la chauffait. 

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     Nous terminons la visite de ce deuxième étage par celle de l'étude du roi Charles V. Le roi avait souhaité disposer d'un lieu confortable pour lire, travailler et conserver ses documents et objets précieux. Ce petit espace, facile à chauffer, est bien éclairé par une large fenêtre permettant de contempler Paris. Il était entièrement lambrissé, meublé d'étagères remplies de livres précieux, d'objets, de reliquaires, de bijoux. 

    Le roi travaillait au centre d'un décor sculpté, signe de sa religiosité : les quatre évangélistes représentés aux consoles,

     Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    et une Trinité à la clef de voûte.

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    Le Père et le Fils, pas de problème pour les voir mais le Saint-Esprit... plus difficile : remarquez la colombe en haut de la croix.

    Le château de Vincennes en 100 photos avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Pour redescendre, nous empruntons un escalier à vis assez raide, celui des serviteurs dit-on (bonjour l'étroitesse pour passer les plats !).

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    L'escalier débouche sur le rez-de-chaussée du donjon.

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     On peut voir un puits : celui-ci était ainsi à l'abri des empoisonnements qui auraient obligé le roi et sa cour à évacuer le château.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire" 

    Au rez-de-chaussée, se trouve une petite exposition concernant tous les prisonniers célèbres du Donjon de Vincennes. 

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    C'est ainsi qu'on apprend que le futur Henri IV y fut emprisonné accompagné de son frère le duc d'Alençon pendant les guerres de religion jusqu'à la mort de Charles IX en 1574.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Il y eut aussi l'abbé de Saint-Cyran, défenseur de Jansenius, condamné par Richelieu sous prétexte d'hérésie.

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    Le grand Condé y séjourna pendant la Fronde en 1650 ainsi qu'un autre grand frondeur, le cardinal de Retz.

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    Louis XIV fut d'une rare sévérité avec Nicolas Fouquet, son surintendant des finances qui fut arrêté en 1661 pour malversations : vous savez, l'histoire de Vaux-le-Vicomte, ce château lui appartenant, plus beau que celui du roi !

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    Au siècle d'après, Denis Diderot est enfermé en 1749 par lettre de cachet pour sa "Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient" jugée contraire à la religion et ses "Bijoux indiscrets" contraires aux bonnes mœurs.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Auguste Blanqui n'y coupa pas lui non plus, ayant initié les émeutes de 1848 (il passera 36 ans dans diverses prisons...).

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    François-Vincent Raspail est lui aussi arrêté et conduit à Vincennes en 1848.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

     

    Enfin, parmi les prisonniers de marque, on trouve le marquis de Sade, condamné pour ses écrits anticléricaux. Sade a trente-huit ans. Il restera onze ans enfermé, d'abord au donjon de Vincennes puis à la Bastille où il est transféré le 29 février 1784, le fort de Vincennes devant être désaffecté en tant que prison d'État. À Vincennes, il est « enfermé dans une tour sous dix-neuf portes de fer, recevant le jour par deux petites fenêtres garnies d’une vingtaine de barreaux chacune ». Il devient pour ses geôliers Monsieur le 6, d'après son numéro de cellule (que l'on visite encore aujourd'hui) selon l’usage dans les forteresses royales.

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Là se termine cette très intéressante visite guidée du Château de Vincennes : pas moins de 2h30 d'écoute attentive qui m'a permis (avec l'aide trouvée sur le net, il est vrai) de la restituer, je l'espère, sans trop d'erreurs...

    Visite guidée du Château de Vincennes avec l'association "Paris - Art et Histoire"

    Merci à Anne-Marie de nous l'avoir réservée et à Monsieur Obel pour sa prestation toujours aussi professionnelle.


    2 commentaires
  • Ce vendredi 13 mars, je ne me doutais pas que je faisais, grâce à Générations 13, ma dernière sortie dans Paris avant longtemps : personne n'avait vraiment pris conscience ce jour-là que notre vie allait radicalement changer et ceci pour des semaines durant...

    Anne-Marie, qui nous avait donné rendez-vous à 14h30 au métro Cardinal Lemoine (au carrefour entre la rue du même nom et la rue Monge), commence par un petit cours d'histoire.

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     Au XIIe siècle, les premières écoles se créent dans l’Ile de la Cité autour de Notre Dame, sous le contrôle de l'évêque. L’augmentation du nombre d’étudiants, la volonté d’échapper à la censure de l’église ainsi qu’aux querelles théologiques et pédagogiques font émigrer clercs et étudiants sur la rive gauche alors peu peuplée.

    Au début l’enseignement se fait en plein air autour de la place Maubert, rue Galande, rue du Fouarre derrière le square Viviani, et les étudiants sont logés chez l’habitant.

    Mais bientôt, pour loger ces étudiants souvent pauvres et quelque fois venus de l’étranger, de grands personnages vont fonder des pensions dénommées "Collegium" en latin : ces collèges n'étaient pas des lieux d'enseignement mais tenaient lieu de dortoirs et de réfectoires.

    En un siècle, de 1250 à 1350, un grand nombre de collèges vont ainsi se créer à proximité et en relation souvent avec des grands ordres monastiques qui s’installent dans le quartier : Dominicains (Jacobins), Franciscains (Cordeliers), Carmélites et Bernardins (Cisterciens). Fondations religieuses ou caritatives destinées au logement des étudiants pauvres, ils deviendront peu à peu des lieux d’enseignement disposant d’une assez large autonomie.

    Au Moyen-Age, Paris comptait une quarantaine de collèges, alors que les universités d’Oxford et de Cambridge n’en totalisaient qu’une vingtaine.

    Les noms des collèges proviennent des noms de leurs fondateurs (tel le Collège de Navarre qui a été fondé par Jeanne de Navarre, épouse de Philippe le Bel en 1305) ou de la région dont viennent les étudiants (Collège des Danois, des Ecossais, des Irlandais).

    Plusieurs matières y étaient enseignées : la théologie, le droit et la médecine.

    Les maîtres

    Ce sont toujours des religieux et ils se font rémunérer par leur élèves. Franciscains et Dominicains fournissent quelques maîtres : Maître Albert (Saint Albert le Grand), Thomas d’Aquin, Pierre Abélard.

    Abélard, vous le connaissez sûrement à cause de sa liaison tragique avec son élève, Héloïse...

    Nous sommes sous le règne du roi Louis VI. Pierre Abélard, issu de la noblesse, est un brillant intellectuel. Destiné au métier des armes, il embrasse pourtant la philosophie et la théologie qu'il enseigne brillamment à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le chanoine Fulbert lui confie l'éducation de sa nièce, Héloïse, âgée de 17 ans. L'écolâtre, réputé aussi pour son caractère peu commode, en a 36. Il est rapidement subjugué par sa nouvelle élève, qui a été instruite à l'abbaye d'Argenteuil, un établissement réservé aux femmes... Héloïse et Abélard vont vivre une passion charnelle à l'opposé de l'éducation qu'ils ont reçue.

    Résultat : Héloïse tombe enceinte ; les deux amants se réfugient en Bretagne où naît leur fils, Astrolabe. La jeune femme l'abandonne à ses beaux-parents avant de rejoindre le monastère de son enfance. Les deux amants se marient toutefois secrètement.

    Apprenant cette trahison envers l'église, le chanoine Fulbert est fou de rage : Abélard doit payer au prix fort : il est émasculé par deux hommes de main engagés par le courroucé ecclésiastique.

    Les deux amants sont maintenant réunis dans une même tombe depuis 1817, au cimetière du Père-Lachaise.

    Pierre Vaneck et Ludmila Mikaël incarnent les deux amoureux au cinéma dans un film de Jacques Tréboula sorti en 1973 : deux immenses acteurs aujourd'hui disparus.

    Les étudiants : les clercs

    Ce sont tous des hommes et ils sont tous membres du clergé et pauvres.

    Les statuts limitent au maximum le vagabondage des clercs, les portes des collèges restent fermées la nuit avec défense absolue d’en sortir sans autorisation. Pourtant, les clercs mènent souvent joyeuse vie : en témoigne le mot "bordel" qui vient du fait que les femmes de "petite vertu" étaient reléguées au "bord" des villes (sous Saint-Louis).

    C'est également là que se tenaient les duels (d'où l'expression "pré aux clercs").

     Le pré aux clercs, au bord de la Seine, sur un plan de 1550

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    En 1200, Philippe Auguste réorganise un peu ce foutoir (dixit Anne-Marie !).

    Les écoles reconnues par le roi sont appelées Universitas parisienisis magistrorum et scholarum. Il s'agit là de l'ensemble parisien des maîtres et des écoles : le mot Université est né. Philippe Auguste donne des statuts et des privilèges à l’université de Paris. Ces statuts seront confirmés par la suite par différents papes, ce qui confère à cette université une autorité toute particulière notamment en théologie. Un recteur, élu pour une durée limitée, représente l’institution universitaire. Dans les grands collèges plusieurs matières sont enseignées : Arts (correspondant à notre enseignement secondaire : mathématiques, latin…) théologie, droit, médecine

    La Sorbonne, créée en 1257, l’illustre parfaitement, puisque ce simple collège devint, au XVIème siècle, le symbole même de la faculté de théologie, puis de l’université tout entière, à partir du XIXe siècle.

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    Après cette introduction historique, nous commençons notre promenade en remontant la rue du cardinal Lemoine, arrivant ainsi au Collège des Ecossais, construit entre 1662 et 1665. En 1685, le comblement des fossés entre les portes Saint-Victor et Saint-Jacques a entraîné un abaissement allant jusqu'à 5 mètres à certains endroits. Le collège des Écossais a dû être repris en sous-œuvre. Un rez-de-chaussée lui a été ajouté lui donnant l'aspect bizarre qu'on peut voir aujourd'hui. Il a fonctionné du 12ème au 16ème  siècle avec des boursiers venus de toute l’Europe.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Dans sa chapelle (que nous ne verrons pas) se trouve le cénotaphe de Jacques II d’Angleterre mort à Saint Germain en Laye en 1701.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Nous arrivons ensuite à la rue Clovis où se trouve un morceau de l’enceinte de Philippe Auguste construite avant le départ pour la troisième croisade en 1190.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Anne-Marie nous fait entrer dans la cour de l'immeuble qui l'abrite pour nous en expliquer la construction qui s'acheva en 1210 : Cette muraille, surmontée d'un chemin de ronde, faisait 5 kilomètres de circonférence et définissait une capitale de 250 hectares renfermant le Palais, le trésor et les archives.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    En face, se trouve le collège de Navarre, fondé en 1304 sous l'impulsion de Jeanne Ière de Navarre, épouse de Philippe le Bel. L'entrée en était ouverte, sans condition de naissance, de famille ou d'âge, à tout français pauvre qui se destinait à l'étude de la grammaire, de la logique ou de la théologie (à l’exclusion de la médecine et du droit).

    L’établissement est dirigé, dès les origines, par un grand maître supervisant les études des pensionnaires. En janvier 1475, une bourse fut attribuée à l'un des enfants de chœur de la cathédrale de Paris.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    L’Ecole Polytechnique qui s'était installée dans ses locaux en 1804 a été délocalisée à Palaiseau en 1976, laissant la place au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Détail des attributs représentant les sciences et techniques

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Au numéro 34 de la rue de la Montagne Sainte-Geneviève se trouve le Collège des trente-trois fondé en 1633 par le père Claude Bernard, disciple de Saint Vincent de Paul, pour 5 écoliers indigents (les 5 plaies du Christ) ayant fait la promesse de devenir ecclésiastiques. Ce nombre passa à 12 en l’honneur des 12 apôtres puis à 33 (nombre d'années de vie de Jésus) en 1638. Le collège, installé au cours des premières années dans plusieurs collèges de la montagne Sainte-Geneviève, s’établit en 1654 dans un hôtel qui appartenait jusqu’en 1540 à la famille d’Albiac, de la rue des Carmes, s’étendant de l’impasse des Bœufs au 34, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.

    Anne d'Autriche, régente du royaume, fit donner à la communauté 33 livres de pain, libéralité ensuite commuée en une pension de 900 livres. En 1657, le collège devient un séminaire ecclésiastique en restant dans les bâtiments anciens de l’hôtel d’Albiac. Le séminaire, devenu payant en 1738, est fermé en 1791 et vendu comme bien national.

    L’immeuble a été restauré en 1973.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Nous rejoignons la rue Laplace non sans passer près de l'église Saint-Etienne du Mont.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Au numéro 12 de la rue Laplace, se trouve l'emplacement de l'ancien collège des Grassins. Il a été fondé en 1569 par Pierre Grassin, conseiller au parlement de Paris, originaire de Sens. Il eut comme célèbre professeur irlandais, Michael Moore, qui y enseignait la philosophie et qui devint recteur de l'Université de Paris en 1701.

    Ses bâtiments furent démantelés en 1844 pour permettre l'ouverture de la rue de l'Ecole polytechnique : seule reste l'ancienne porte du collège.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    La porte de l'immeuble voisin, restée ouverte, nous permet de jeter un coup d’œil sur une jolie montée d'escalier.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Au 21 de la rue Valette, se trouvait le Collège Fortet (fondé en 1394 par Pierre Fortet, chanoine et chancelier de Notre Dame de Paris) qui pouvait accueillir 8 étudiants pauvres originaires pour moitié d'Aurillac et pour moitié de Paris. Il en subsiste une tour, nommée tour Calvin en l'honneur de Jean Calvin, théologien français qui, encore étudiant et menacé d'être arrêté avec un ami suspecté d'avoir tenu des propos suspects, s'enfuit par là.

     

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Dans la cour, c'est le printemps à cette fenêtre...

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    et les cerisiers sont en fleurs.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    C'est au Collège Fortet qu'en 1585 se réunit la Sainte Ligue qui livra la capitale aux partisans du duc de Guise, farouche partisan du catholicisme : le roi Henri III est en effet jugé trop mou avec les protestants (on lui reproche de vouloir mettre sur le trône Henri de Navarre, le futur Henri IV qui est protestant...).

    Le 12 mai 1588 eut lieu à Paris la journée des barricades : il s'agit d'un soulèvement populaire mené sous l'impulsion du duc de Guise que l'on voit ici en train de commander l'insurrection.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Henri de Guise fait par la suite signer à Henri III un édit qui oblige le roi à ne jamais conclure aucun pacte ou trêve avec les hérétiques mais en décembre 1588, il est assassiné d'une trentaine de coups d'épée au Château de Blois par les hommes d’Henri III.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Henri III ne perdra rien pour attendre : il sera lui même assassiné un an plus tard par un moine fanatique, Jacques Clément, désirant venger le duc de Guise...

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    On assassinait beaucoup en ce temps-là, vous ne trouvez pas... ?

    France 2 vient de passer (hier 7 avril) le magnifique film de Bertrand Tavernier intitulé "La princesse de Montpensier" (avec Lambert Wilson et Mélanie Laurent) dans lequel évoluent tous ces personnages sur fond de guerre civile. Je l'ai regardé avec d'autant plus de plaisir que nous avions fait cette promenade avec Anne-Marie...

    Nous restons rue Valette, avec au numéro 2-4 le Collège sainte Barbe ouvert en 1640 : y ont étudié Ignace de Loyola et François Xavier, futurs fondateurs de l’ordre des jésuites.

    Après la révolution, il devient un collège des Sciences et des Arts. Michelet (sa statue se trouve dans la cour mais nous ne pourrons y entrer) y enseigna l’histoire de 1822 à 1826.

    Aujourd’hui, c’est une bibliothèque universitaire.

    Histoire des collèges de la montagne Sainte-Geneviève avec Générations 13

    Sur la façade, deux médaillons représentent deux anciens directeurs du collège : Victor de Lanneau et Alexandre Labrouste.

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    Le Panthéon n'est pas loin...

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    Nous voici en vue de du Lycée Henri IV, ancienne abbaye de Sainte-Geneviève (à droite sur la photo), ici voisinant l'église Saint-Etienne-du-Mont.

    En 1110, Etienne Ier de Garlande est nommé doyen de l’abbaye et cette nomination inaugure des temps nouveaux : le nouveau doyen, par ailleurs évêque, chancelier, et garde du sceau royal, permet l’ouverture d’une école de rhétorique et de théologie ouverte aux laïcs qui échappe à la main mise de l’évêque de Paris.

    Dès lors, on assiste à un prodigieux engouement pour l’étude : partout sur la colline fleurissent des collèges qui servent d'hébergement aux étudiants. L'enseignement, lui, se fait à l’extérieur, dans les rues et sur les places. C'est à cette époque que le maître Pierre Abélard est appelé à professer en ces lieux : il en fait non plus une école purement religieuse mais il ouvre les esprits à la philosophie.

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    Nous voici maintenant dans l'impasse Chartière où se trouve une plaque signalant l'emplacement de l'ancien Collège Coqueret fondé au milieu du XVème siècle par un prêtre d'Amiens et dans lequel Ronsard et du Bellay furent élèves. Louis Braille a aussi habité le quartier

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    Deux portes métalliques encadrent cet immeuble : elles ont été décorées par l'artiste urbain C215 et font partie de sa série entourant le Panthéon nommée "Illustres".

    L'une représente René Cassin, l'un des auteurs de la Déclaration des Droits de l'Homme.

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    Sur l'autre est représenté Antoine de Saint-Exupéry.

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    Dans le même ordre d'idée, voici la boîte aux lettres du 23 rue Jean de Beauvais pochoirisée par C215 représentant Louis Braille.

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    Avant de rejoindre le Collège de France, petit passage par le square Auguste-Mariette-Pacha où se trouve un buste de Ronsard.

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    Le Collège de France a été créé par François 1er en 1530 sur les conseils de Guillaume Budé : des humanistes payés par le roi sont chargés d’enseigner des disciplines que l’université de Paris ignore.

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    Ce penseur appuyé sur une tête pharaonique est l'oeuvre de Bartholdi : il représente Champollion. La statue, initialement destinée à Figeac, la ville natale de Chapollion,  en marbre fut représentée au salon de 1875.

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    Petite pause dans le square Paul Painlevé, faisant face à la Sorbonne.

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    Une intéressante décoration remplace les traditionnelles pelouses mais annonce néanmoins le printemps.

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    Anne-Marie profite de cette halte pour nous faire un topo sur l'ancien Collège de la Sorbonne fondé au XIIIème siècle par Robert de Sorbon, chapelain de Saint-Louis, collège consacré à la théologie. 

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    A l'intersection de la rue des Ecoles et de la rue Jean de Beauvais se trouve la statue du poète roumain Mihai Eminescu : l'oeuvre de Ion Vlad a été inaugurée le 15 juin 2009 en l'honneur du centenaire de la mort du poète.

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    La statue de bronze, lyrique, montre le visage du poète tourné vers le ciel et l'inspiration, livres sous un bras et pieds nus (symbolisant l'humilité).

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    Un peu plus loin, voici l'église orthodoxe roumaine - l'église des Saints-Archanges - autrefois église du Collège de Dormans fondé en 1370 par Jean de Dormans, évêque de Beauvais.

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    C'est dans ce collège que Cyrano de Bergerac fit ses études avant de s'illustrer au combat.

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    Au 14 rue des Carmes (l'ordre des Carmes est apparu aux XVème-XVIème siècle.) se trouvait le Collège de Presles dont il subsiste la chapelle du XVIème siècle, de style gothique. Elle a été construite après la construction du collège fondé en 1314 par Guy de Laon et Raoul de Presles.

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    Du Collège des Danois fondé en  1275 par Jean de Danemark, il ne reste que cette plaque apposée au dessus du restaurant vietnamien de la rue des Carmes.

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    La Place Maubert s'apprête à recevoir le marché du samedi.

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    Anne-Marie, devant la pelle Stark qui en indique son emplacement, nous rappelle que son nom provient sans doute de la contraction du nom d'Aubert, abbé de Sainte-Geneviève en 1161, qui créa les étals de bouchers sur ce site ou bien encore de Maître Albert le Grand, dominicain allemand qui y professa avant la création de la Sorbonne. Rappelez-vous qu'au Moyen-Age les cours sont donnés dans la rue ou sur les places et que les seules fonctions des "collèges" sont l'hébergement et la restauration des étudiants.

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    Malgré plusieurs ordonnances rendues, en particulier de 1348 à 1350, les voituriers vidaient leurs tombereaux à l'intérieur de la ville, au milieu des places un peu vastes au lieu de conduire les ordures dans les champs. Ainsi, à la fin du XIVème siècle, la place Maubert était tellement encombrée d'ordures et infectée, que les marchands des Halles cessèrent d'y venir, chassés par la puanteur. Plusieurs maisons devinrent inhabitées et dans d'autres régnaient des maladies pestilentielles. En 1389, la place fut déblayée. En 1392, une ordonnance interdira, sous peine d'une amende de 40 sous, de porter sur la place de Grève, pendant la nuit et d'y amasser « les fientes des latrines et les boues des égouts". En 1395, le corps des voituriers est créé. Ces voituriers sont chargés d'enlever, dans des tombereaux, les immondices de Paris et de les conduire aux différentes voiries.

    Marché au pain au Moyen-Age, ce fut ensuite un lieu d'exécutions publiques, surtout au XVème siècle sous François Ier et aussi au XVIème siècle où de nombreux protestants, dont le libraire humaniste Etienne Dolet, ami des poètes (photo ci-dessous), y furent étranglés puis brûlés vifs avec leurs livres.

    Une statue d'Etienne Dolet existait autrefois sur la place mais elle a été fondue par les allemands. Ici, une gravure du libraire décédé à l'âge de 35 ans : il faisait plus, non ?

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    Au XIXème siècle, la place abrite une myriade de petits métiers : fripiers, rempailleurs de chaises, fabricants d'arlequins, qui accommodaient les restes, chiffonniers qui faisaient commerce de tabac récupéré sur les mégots, ou ravageurs, qui écumaient la boue des ruisseaux. Elle a été largement défigurée au XIXème siècle.

    Nous voici arrivés au Square Danielle Mitterand, situé rue de Bièvres à côté de l'Hôtel particulier qu'habitait le couple présidentiel.

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    Cet immeuble du numéro 7 de la rue de Bièvre possède, nous a dit Anne-Marie, des rambardes de balcons ornées du monogramme de Madame de Maintenon. Curieusement, je n'ai rien trouvé sur le net à ce sujet... La maîtresse de Louis XIV aurait-elle habité ce lieu ?

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    En face, un immeuble présente sur sa façade une statue de l'Archange Saint-Michel terrassant le dragon. Il était autrefois le siège du Collège Saint-Michel qui fonctionna de 1348 à 1763..

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    Au numéro 26, c'est une maison du XVIIème siècle qui est passée dans l'histoire : elle a été habitée par la Brinvilliers (1630 1667), empoisonneuse de son père, de ses deux frères, de sa sœur, et  même de son amant qui avait - bien mal lui en prit - appris à fabriquer des poisons par un compagnon de cellule à la prison de la Bastille.

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    Au bout de la rue, à l'angle avec le quai de la Tournelle, une ancienne plaque semble indiquer que la rue portait autrefois le nom de "rue de Bieure" . Quant à son nom actuel, il provient du canal alimenté par les eaux de la Bièvre qui passait autrefois à cet emplacement.

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    Le 55 du quai de la Tournelle abrite l'Hôtel de Nesmond de Miramon, autrefois musée de l’Assistance Publique.

    Successivement Hôtel particulier (ayant servi au XIVème siècle de demeure à Robert de Mahaud, grand panetier de Philippe le Bel, puis au XVIIème siècle à François-Théodore de Nesmond, président du Parlement de Paris), au XVIIIème siècle résidence d'un maître de danse, fabrique de boissons au XIXème siècle (avant l'interdiction de la consommation de l'absinthe : la maison Joanes) et enfin garage, l'Hôtel de Nesmond a été entièrement restauré et a retrouvé sa fonction première.

    Datant essentiellement du XVIIème siècle, il fut le premier hôtel particulier de Paris à porter son nom sur son fronton : on peut y lire "Hôtel ci-devant de Nesmond".

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    Au numéro 17 de la rue des Bernardins, voisine, se trouve l'emplacement de l'ancien Hôtel de Faur. De nos jours, c'est un immeuble de rapport en brique grise construit en 1890 par l'architecte Jean-Marie Boussard. L'immeuble se distingue des constructions traditionnelles d'époque et annonce les prémices de l'Art Nouveau. Le dernier étage possède un balcon avec arcades mauresques. Les autres étages sont garnis de balcons en fer forgé reliés entre eux.

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    Le dessous des balcons est recouvert de briques émaillées

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    Nous voici maintenant arrivés en vue de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, principal lieu depuis 1977 du culte parisien du mouvement catholique traditionaliste (on parle aussi d'église intégriste) : les prêtres ont gardé la soutane de mon enfance et la messe y est dite en latin.

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    L'église, reconstruite sous le règne de Louis XIV, possède la particularité d'être orientée Nord-Sud au lieu de Ouest-Est. C'est Charles Lebrun, enterré ici, qui en a dessiné la façade ouest. Son style est celui de la Contre-Réforme, jésuite, très classique.

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    A l’intérieur, on peut voir au sein d'une chapelle, le tombeau de Charles Lebrun,

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    ainsi que le monument que le peintre a dessiné pour celui de sa mère.

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    La mère du peintre y apparaît le jour du jugement dernier, sortant du tombeau en implorant le salut, alors qu’au-dessus d’elle un ange sonne la trompette et lui indique le ciel.

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    Le visage de la mère est particulièrement expressif.

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    Ici s'arrête ma propre balade, un rendez-vous de fin d'après-midi m'appelant à l'extérieur. Anne-Marie a continué quant à elle la promenade par la visite intérieure du Collège des Bernardins qui constituait, je pense, le "clou" de cette visite guidée. Si le cœur vous en dit, vous pouvez aller en voir les images sur la chaîne Youtube de Monick : c'est ICI.

    A bientôt j'espère, après le déconfinement, pour d'autres découvertes de notre chère capitale... 


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