• Ce vendredi, Michel Duffau, qui est bénévole à Générations 13, nous a proposé une visite du quartier de Saint-Sulpice dans le 6e arrondissement.

    Une bonne quinzaine d'adhérents de l'association motivés par la marche et la culture sont au rendez-vous qu'il nous a donné au pied de la statue de Denis Diderot, face à l'église Saint-Germain-des-Prés.

    Denis Diderot, né en 1713 à Langres (où il y a un musée consacré à l'écrivain des Lumières) est décédé en 1784 à Paris. La statue en bronze (qui date de 1886) est l'œuvre de Jean Gautherin.

    Je la trouve très expressive.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

     C'est ici que Michel commence sa visite guidée, non pas en nous parlant de Diderot mais de Marcel Proust.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Il nous explique que c'est non loin de là, au N°14 de la rue des Canettes, que Céleste Albaret, la fidèle gouvernante de l'auteur de "A la recherche du temps perdu", ouvrit un hôtel avec son mari après le décès de l'écrivain.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Céleste Gineste, épouse en effet en 1913 Odilon Albaret, un chauffeur de taxi dont l'écrivain est un client régulier. Peu de temps après, il fait entrer sa femme (qui arrive de sa campagne et s'ennuie dans la capitale) au service de Marcel Proust. Celle-ci lui restera fidèle jusqu'à son décès en 1922.

    Empruntant la rue des Ciseaux, nous voici dans la rue des Canettes. La grève actuelle des éboueurs fait de Paris le paradis des rats...

    Ah..., cette réforme des retraites, elle aura fait parler !

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    L'actuel Hôtel La Perle a remplacé l'hôtel d'Alsace Lorraine.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

     Dans la même rue, un curieux magasin qui vend des figurines de collection.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    L'origine de son nom, la rue la doit à cette décoration murale qui orne la façade de l'immeuble situé au N°18. Des canettes (la femelle du canard et non celles qui défigurent les rues de la capitale) y sont représentées en train de s'ébrouer.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

     On dit que ce sont des canettes mais..., je ne suis pas allée voir de plus près !

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    C'est dans ce bel immeuble, au N°10 que se situe la Librairie-Musée du Compagnonnage.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Le musée est installé dans l'ancien siège des Compagnons Charpentiers du Devoir de Liberté.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Michel ayant réservé une visite-guidée, c'est ce charmant monsieur, absolument passionné, qui a bien voulu nous présenter l'histoire du Compagnonnage et nous a commenté les outils et les chefs-d'œuvre exposés.

    L’origine du Compagnonnage remonte à la plus haute antiquité. De tout temps, il s’est trouvé, parmi les ouvriers, des hommes plus éclairés qui ont compris la nécessité de se grouper, d’être parfaitement unis, sans aucune dépendance, pour s’instruire, s’entraider et parfois même se défendre dans un idéal commun : la recherche de la perfection.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Les outils des Compagnons, dont l'emblématique compas, sont accrochés sur une poutre.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Oserai-je vous avouer que son discours m'est entré par une oreille et ressorti par l'autre... J'ai juste retenu qu'il existait deux sortes de compagnons : ceux de la rive droite et ceux de la rive gauche, les compagnons du Devoir et les compagnons du Devoir de Liberté, et que c'était surtout une histoire de religion qui les différenciait, voire même de franc-maçonnerie.

    Chacun sait bien que chaque Compagnon doit réaliser un chef-d'œuvre comme le montre ici notre hôte mais j'ai oublié pourquoi il nous avait parlé d'un dragon sculpté à l'intersection de la rue de Rennes et d'une autre rue que je n'ai pas déterminée...

    Quelqu'un pourra peut-être me renseigner ? 

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Quelques chefs-d'œuvre sont exposés dans la salle où sont aussi montrées au public des photos représentant la construction à l'époque de Viollet-le-Duc de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris. 

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Ci-dessous, deux chefs-d'œuvre présentés à l'exposition universelle de 1900.

    Celui-ci, photographié ici, est celui des Compagnons de la rive gauche.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Chacun cherchant à rivaliser, voici celui des Compagnons de la rive droite.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    A la sortie du musée, nous tournons à droite dans la rue Saint-Sulpice et apercevons l'église du même nom.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Nous débouchons sur la place à l'angle de laquelle Michel nous montre le café de la Mairie où Claude Luter, le célèbre jazzman, avait coutume de venir jouer en compagnie de son ami Boris Vian.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Ah ! Si j'avais un franc cinquante...

    Sur le parvis de l'église, nous écoutons Michel religieusement...

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Il nous parle des origines de l'église (faisant d'abord partie de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés). Si vous cliquez sur cette photo pour l'agrandir (il s'agit d'un plan datant de 1550), vous verrez l'ancienne abbaye Saint-Germain au sud, la foire Saint-Germain voisine (où se trouve encore l'actuel Marché) et l'église Saint-Sulpice.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    En raison de l'extension de la population de ce faubourg de la capitale au cours des siècles, il parut nécessaire d'agrandir l'église. La première pierre a été posée par Anne d'Autriche en 1646. Voici comment elle apparait sur le plan de Turgot datant de 1740, complètement environnée de bâtiments, la place n'ayant pas encore été créée. Michel nous explique à ce sujet que l'ancien séminaire Saint-Sulpice construit au XVIIe siècle devant l'église (à droite de la photo) a été démoli en 1808 pour permettre justement la création de la place qui ne fut achevée qu'en 1838.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    L'église actuelle date du milieu du XVIIIe siècle. Elle est l'œuvre de l'architecte Jean-Nicolas Servandoni (né à Florence en 1695 et décédé à Paris en 1766). qui s'est inspiré pour en exécuter la façade de l'église Saint-Paul à Londres.

    L'église Saint-Sulpice fait fonction de cathédrale diocésaine depuis l'incendie de Notre-Dame et le quartier Saint-Sulpice est caractérisé par des écoles religieuses, des librairies spécialisées dans ce domaine et des boutiques d'objets de piété.

    Par ailleurs, pour tenter de renouer avec la Foire Saint-Germain, chaque année, la municipalité du 6ème arrondissement organise sur la place, de fin mai à début juillet, toute une série de manifestations culturelles et artistiques.

    ◄►◄►◄►◄►◄►

    Au centre de l'immense place, la fontaine Saint-Sulpice (érigée en 1847 par l'architecte Louis Visconti) qui est parfois appelée fontaine des orateurs sacrés mais aussi, plus malicieusement, fontaine des quatre point(s) cardinaux car elle est ornée de quatre statues d'évêques catholiques, célèbres prédicateurs de l'époque de Louis XIV, qui n'ont jamais été nommés cardinaux. Or les faces de la fontaine sont à peu près alignées sur les quatre points cardinaux.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Aux quatre angles, Bossuet, Fénelon, Fléchier et Massillon

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Tiens, la fontaine est habitée !

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

     Michel nous fait remarquer que les deux tours de l'église ne sont pas tout à fait identiques : la tour sud à droite, moins haute de 5 mètres que la tour nord (qui abrite les cloches), reste inachevée face au contexte d'effervescence politique de 1789.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    La nef est immense.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

     Semaine pascale oblige, un chemin de croix se tient dans l'église. Nous nous ferons donc tout petits pour découvrir tout de même quelques unes des nombreuses richesses de cette église, comme ici les deux grands panneaux muraux peints par Eugène Delacroix pour décorer la chapelle des Saints-Anges (six ans de travaux tout de même). Pour travailler à ces œuvres, Delacroix va installer son atelier place de Furstemberg, là même où se trouve l'actuel musée Delacroix.

    Bon, pour moi ces peintures ne sont pas forcément ma tasse de thé mais elles ont inspiré de nombreux peintres, écrivains, artistes, de Paul Gauguin à Marc Chagall.

    La lutte de Jacob avec l'Ange

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Héliodore chassé du Temple

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Au plafond, Saint-Michel terrassant le dragon

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Michel nous montre ensuite un bénitier offert à François Ier par la République de Venise qui a été mis en place dans l'église accompagné d'un socle en forme de rocher sculpté par Jean-Baptiste Pigalle.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Il en existe une paire, tous les deux ornés de motifs marins.

    Celui-ci est orné d'un poulpe.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Cette Vierge, c'est Notre-Dame-de-la-Vielle-Vaisselle nous dit Michel !

    L'abbé de la paroisse, Languet de Gergy, l'avait fait exécuter par le sculpteur Edmé Bouchardon avec les couverts qu'il avait l'habitude de dérober dans les noces et les banquets où il était convié ! (c'est le chroniqueur Saint-Simon qui le relate). Régulièrement contesté sur sa kleptomanie dévote, il rétorquait qu’il n’empruntait que couteaux ébréchés ou fourchettes dépareillées.

    Fondue sous la Révolution, "Notre-Dame de Vieille Vaisselle" aurait-elle été refaite ?

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    L'ancien orgue de Clicquot a été reconstruit par Cavaillé-Coll en 1862.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Dans le chœur, un superbe maître-autel en bronze doré représente la prédication du Christ.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

     Autre particularité de l'église Saint-Sulpice, l'existence d'un gnomon, outil de mesure utilisé en astronomie qui permet de déterminer précisément la position du Soleil, et donc une période de l’année. Le dispositif fut installé à la demande du curé du lieu, désireux de fixer précisément la date de l'équinoxe de mars, et par conséquent celle de Pâques, date clef du calendrier chrétien. Il a été installé au XVIIIe siècle par les savants de l'Observatoire de Paris.

    Au pied d'une obélisque de marbre blanc de 10,72 mètres de hauteur, la méridienne de Paris a été matérialisée par une réglette de laiton incrustée dans le dallage de l’église.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Dans le vitrail d’en face en haut du transept sud, une lentille est également placée à une 24,54 mètres de hauteur. 

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    A des moments très précis de l’année, les rayons du soleil passent par la lentille et viennent frapper l’obélisque ou la ligne de laiton au sol, indiquant les solstices d’été et d’hiver ainsi que les équinoxes de mars et de septembre (qui marquent le début du printemps et de l’automne).

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    L'église Saint-Sulpice et son quartier attirent maintenant les touristes du monde entier depuis le succès planétaire du roman de Dan Brown, le Da Vinci Code en 2003.

    Pour rejoindre la rue Garancière, nous traversons une petite place à l'arrière de l'église, qui est dédiée à August Strindberg.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Un buste très ressemblant de l'écrivain, dramaturge et peintre suédois qui séjourna de multiples fois à Paris y a été placé. Il est du sculpteur suédois Carl Eldh et a été réalisé en 1905. Strindberg considérait ses séjours à Paris comme "l'époque la plus fructueuse de sa vie".

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Nous voici maintenant faisant face à l'Hôtel de Sourdéac construit sous Louis XIII par Adam Robelin pour Alexandre de Rieux, marquis de Sourdéac, vit les débuts d'Adrienne Lecouvreur au théâtre en 1717. Occupé après la Révolution par la mairie du 11ème arrondissement, il est maintenant la propriété des Presses de la Cité.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

     Un peu plus loin dans la rue Garancière, une très jolie fontaine dite Fontaine Palatine en l'honneur d'Anne de Bavière qui la fit élever ici en 1715 pour les habitants du quartier. 

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    La rue Garancière débouche sur la rue de Vaugirard par une arche.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Sous les arcades, on peut voir au N°36 de ladite rue l'un des seize mètres étalons installés dans Paris entre février 1796 et décembre 1797 par la Convention nationale afin de généraliser l'usage du système métrique auprès des parisiens. Celui-ci est le seul qui soit resté à son emplacement originel. Un autre mètre étalon se trouve au N°13 de la place Vendôme.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Une belle adresse pour les nostalgiques du passé...

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Nous empruntons maintenant la rue Servandoni du nom de l'architecte de la façade actuelle de Saint-Sulpice (nom donné en 1806). Cette rue a changé de nom de nombreuses fois : elle s'est appelée successivement rue Saint-Sulpice, rue des Cordiers, rue des Fossoyeurs, rue du Fer à Cheval et même rue du Pied de Biche.

    Mais le temps se gâte malheureusement : capuches et parapluies vont se révéler indispensables : nous allons même devoir les partager !!!

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Michel nous explique que l'architecture de cette rue est très diverse et aussi très ancienne.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Au N°18, l'ancien Hôtel de Boutteville fut la dernière demeure d'Olympe de Gouges, femme de lettres, femme politique et polémiste (auteur de la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne en 1791), guillotinée à Paris le 3 novembre 1793.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    A gauche, Olympe de Gouges, à droite, Caroline Tresca

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Cette dernière a ouvert en 2014 une galerie au N°14 de la rue dont la porte cochère en bois est très ouvragée.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Désolée pour les photos de traviole : j'ai dû abriter mon appareil photo !

    Sainte Anne instruisant la Vierge

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Jean-Nicolas Servandoni montrant le plan de Saint-Sulpice

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Une reproduction intégrale du Bateau ivre d'Arthur Rimbaud, inaugurée le 14 juin 2012, occupe un long mur de la rue Férou, non loin de l'endroit où le poète aurait présenté le poème pour la première fois le 30 septembre 1871. Elle a été réalisée par l'artiste néerlandais Jan Willem Bruins.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Alors là, c'est la cata !

    On s'aperçoit qu'on est bien en mars avec ces giboulées qui nous obligent à nous réfugier sous les porches d'immeubles.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    J'ai oublié la raison de cette photo d'une maison par ailleurs fort jolie.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Toujours dans la rue Férou, au N°6, l'entrée de l'Hôtel de Luzy avec des deux sphinx en terre cuite vernissée. C'est au grand architecte classique Chalgrin que l'on doit cet hôtel érigé entre 1767 et 1770. Les sphynx ont sans doute été ajoutés pendant la période « retour d'Egypte ».

    Hemingway et Man Ray y ont habité.

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Il ne nous reste plus qu'à nous faire sécher autour d'un chocolat chaud : c'est chose faite avec les derniers rescapés de cette expédition polaire !

    Autour de Saint-Sulpice avec Générations 13

    Un grand merci à Michel Duffau pour la préparation de cette promenade. Je pense pouvoir dire au nom de tous qu'elle nous a ravis.


    3 commentaires

  • Anne-Marie a organisé pendant ce mois de février deux visites guidées du quartier de Saint-Germain-des-Prés dans le cadre des promenades parisiennes qu'elle propose mensuellement aux adhérents inscrits à son atelier à Générations 13.

    Tandis qu'elle a assuré la première au cours de laquelle ces photos ont été prises, je me suis chargée de la seconde, gardant les mains libres pour consulter les notes qu'elle m'avait confiées et ne pas dire ainsi trop de bêtises !

    Le rendez-vous est sur la place Juliette Greco devant l'église Saint-Germain où se sont regroupés les adhérents inscrits à la balade, 16 pour le premier groupe entièrement féminin (photo ci-dessous) et 16 pour le second groupe un peu plus mixte.

    A G13, on a du mal à respecter la parité...

    L'église Saint-Germain est la plus ancienne des grandes églises parisiennes.

    Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Juste à côté, se trouve le square Laurent Prache (conseiller municipal du VIe puis député de la Seine) qui héberge quelques restes de l'ancienne abbaye.

    Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Dora Maar (1907-1997), la muse et compagne de Picasso, a servi de modèle au buste qu'il a exécuté en 1959 dédié, post-mortem, à son ami Guillaume Apollinaire.

    Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    L’emplacement n’est pas choisi au hasard, Picasso, Dora Maar et Apollinaire fréquentaient tous trois les cafés à proximité. 

    Un Picasso dans la rue ? Ca craint non ?

    Effectivement, dans la nuit du 30 au 31 mars 1999, le buste (pesant tout de même 80 kilos) est détaché de son socle et emporté. Il est retrouvé plus tard par hasard dans les fossés du château de Grouchy (Val d'Oise) et retrouve sa place en 2001.

    Le doute subsiste toujours sur l'authenticité de la sculpture actuelle...

    Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Anne-Marie nous fait ensuite l'historique de l'église.

    Autrefois, il y avait ici un sanctuaire et une abbaye royale bénédictine, élevés au VIe siècle (558) par Childebert Ier, fils de Clovis, pour y déposer des reliques (la tunique de Saint-Vincent et une croix d'or) qu'il avait rapportées d'Espagne. Le sanctuaire fut donc nommé Saint-Vincent-et-Sainte-Croix. Elle reste nécropole royale jusqu'à la création de la basilique Saint-Denis et les reliques de Saint-Germain y sont vénérées mais plus aucune sépulture médiévale ne subsiste à ce jour.

    Au VIIe siècle l'abbaye prend le nom de Saint-Germain-des-Prés (Saint Germain avait été un bienfaiteur de l'abbaye et y était enterré depuis 576) pour la distinguer de Saint-Germain-le-Vieux dans l'île de la Cité et également parce que l'abbaye était en dehors de l'enceinte de Philippe Auguste, à la campagne.

    L'enceinte de Philippe Auguste et l'abbaye de Saint-Germain en rouge. En bleu, l'emplacement de l'ancienne foire Saint-Germain située au carrefour de la rue de Buci et de la rue de Seine.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Les bâtiments de la Foire du XVe siècle sont détruits dans un incendie en 1762 : des pétards mettent le feu chez un montreur de marionnette, en moins de cinq heures, la Foire Saint-Germain, toute en bois, est détruite. Elle sera reconstruits mais ne retrouvera pas son lustre d'antan. La Foire sera définitivement détruite en 1811 pour faire place au Marché Saint-Germain (situé à l'emplacement du marché actuel).

    L'incendie de la Foire Saint-Germain à Paris arrivé la nuit du 16 au 17 mars 1762

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    L'abbaye occupait un grand carré situé entre la place Saint-Germain, la rue Saint-Benoît, la rue Jacob et la rue de Seine.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Mais au IXe siècle après les invasions normandes, cette abbaye est complètement dévastée. En 990, l'abbé Morard avec l'appui de Robert le Pieux reconstruit l'église. Subsistent actuellement de cette église le clocher de devant, la nef et les bases des deux tours.

    L'abbaye est définitivement détruite en 1792 et on installe à sa place une raffinerie de salpêtre dans l'ancien réfectoire des moines (au 16, rue de l'abbaye). Une explosion dans les années 1800 fait des dégâts considérables. L'église est rendue au culte en 1803 et en 1822 on arasa alors les deux tours qui avaient été endommagées par l'explosion.

    L'église actuelle date du milieu du XIIe siècle et est dans le style gothique primitif, Elle a été consacrée par le Pape Alexandre III en 1163,

    Le peu gracieux porche actuel fut rajouté à la façade occidentale en 1609 masquant le portail roman et les statues colonnes au nombre de huit, nimbées en grandeur nature, ce qui est assez rare.

    Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Les huit statues ont été détruites en 1793 mais devaient faire l'admiration des contemporains car elles ont été décrites et représentées dans plusieurs ouvrages anciens comme celui de Dom Jacques Bouillart (un bénédictin) ci-dessous en 1724. Deux statues étaient des Rois tenant un sceptre, deux des femmes vêtues à la mode du XIIIe siècle, trois tenaient des phylactères et une était un évêque, certainement Saint-Germain. Les pieds des de trois des statues étaient posés sur des animaux.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Le linteau ayant supporté le tympan subsiste néanmoins mais il est très mutilé. Il représente la Cène : dix apôtres sont assis derrière une table couverte d'une nappe et de plats ronds, Saint-Jean appuie sa tête sur la poitrine du Christ et Judas mutilé se tient de l'autre côté de la table.

    J'avoue qu'il faut avoir les yeux de la foi pour discerner ces détails !

    Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Sitôt entrées dans l'église, c'est l'émerveillement tellement celle-ci a été bien restaurée (une première fois entre 1842 et 1861 et de 2015 à 2020 également).

    Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Vue du plafond constellé d'étoiles dorées depuis le grand orgue

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

     Nous faisons le tour de l'église à partir du bas-côté Sud.

    Notre-Dame-de-Consolation - XIVe siècle

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Un peu plus loin, dans la chapelle Saint-Benoît, on peut voir trois plaques funéraires, celle de René Descartes, celle de Bernard de Montfaucon et celle de Dom Mabillon. Quant à la plaque funéraire de Nicolas Boileau, elle se trouve dans la Chapelle Saint Pierre et Saint Paul.

    La statue de Saint Pierre a été tellement touchée par les visiteurs que son pied reluit comme de l'or !

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Le chœur est particulièrement coloré : à l'époque, les églises étaient peintes non seulement à l'intérieur mais aussi à l'extérieur.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Les chapiteaux dorés ont été exécutés pour la plupart au XIXe siècle. Ce sont des copies des originaux conservés au musée de Cluny (musée national du Moyen Age). C'est vrai qu'ils sont très clinquants mais ils n'en représentent pas moins tout le génie créateur des sculpteurs romans d'Ile-de-France.

    Ils représentent souvent des scènes énigmatiques peuplées de monstres et d'animaux fabuleux. Je ne trompe ou quoi ? Celui-ci semble bien osé pour figurer au sein d'une église. En même temps, ce ne sont que des animaux...

    La morale est sauve !

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Les arcatures au-dessus des colonnes sont superbement peintes.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    La chapelle de la Vierge située côté Est m'a bien plu avec ses peintures murales en grisaille.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    La Chapelle Saint François Xavier abrite le mausolée abritant le cœur de Jean Casimir Ier, roi de Pologne qui devient Abbé Commendataire de Saint Germain en 1672.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Buste d'Hippolyte Flandrin, l'auteur des fresques de l'église

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Il y a dans l'église dix séries de deux fresques, soit vingt fresques. Ces fresques se répondent l'une l'autre. Les unes représentent la vie de Jésus, les autres représentent un événement de l'ancien testament mis en relation avec la vie de Jésus.

    Ainsi l'Annonciation est-elle associée à Moïse devant le Buisson ardent.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    La crucifixion et le sacrifice d'Abraham (la ligature d'Isaac)

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Ici, c'est L'entrée à Jérusalem

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Pour en savoir plus sur les fresques, voici une vidéo en 3D.

    Au sortir de l'église, nous nous rendons à l'angle de la place pour voir le café des Deux Magots.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Le nom de ce célèbre café provient de deux figurines chinoises qui ornaient autrefois l'enseigne d'un magasin qui, de 1873 à 1885, vendait de la lingerie en soie.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    En 1885, le commerce laisse la place à un café fréquenté par Verlaine, Rimbaud et Mallarmé. Dans les années 20, le café attire les surréalistes sous l'égide d'André Breton. Un prix littéraire portant le nom de "Prix des Deux Magots" est créé en 1933 par un petit groupe d'amis surréalistes assis à la terrasse du café quand ils apprennent qu'André Malraux a reçu le prix Goncourt pour "La Condition humaine".

    Ont aussi fréquenté les deux Magots : Picasso et Dora Maar, André Gide, Jean Giraudoux, Fernand Léger, Jacques Prévert, Ernest Hemingway, Raymond Queneau et le couple Sartre-Beauvoir.

    Aujourd'hui, le monde des arts et de la littérature y côtoie celui de la mode et de la politique mais on y entend surtout parler anglais ou japonais : le quartier plait aux touristes.

    Amélie Nothomb a récemment fait une soirée spéciale avec une séance de dédicaces aux Deux Magots dans le cadre du "Lundi des écrivains" pour fêter ses 30 ans d'écriture.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

     A côté des Deux Magots, le café de Flore

    Les premières années, le Flore comme on l'appellera plus tard, n'est qu'un troquet comme les autres n'attirant pas grand monde ; c'est la raison pour laquelle on ignore sa date exacte d'ouverture (1884, 85, 87 ?)

    Photographié en 1900

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    L'Action Française, un courant nationaliste et royaliste (chauvin, antisémite, haine de la République) prendra en premier ses quartiers au café de Flore au début du XXe siècle. Après la première guerre mondiale, le FLore attire les artistes. Guillaume Apollinaire, démobilisé parce que blessé, avait commencé et ses amis le suivent : Paul Eluard, Louis Aragon... Alors que Montparnasse et Montmartre sont encore les hauts lieux de la culture parisienne, la "révolution surréaliste" débutera ici.

    Depuis toujours les écrivains fréquentent les cafés, plus agréables que leurs chambres de bonnes mal chauffées. Or en 1929, le nouveau patron a la bonne idée de faire installer un poêle à charbon plus grand et plus puissant que le précédent et qui chauffe aussi le 1er étage plus calme. Simone de Beauvoir qui fréquentait alors le Dôme à Montparnasse prend l'habitude de s'installer à ce premier étage pour y travailler (d'autant plus que les officiers allemands fréquentent, eux aussi, les cafés de Montparnasse). Jean-Paul Sartre la rejoint au Flore, leurs amis "existentialistes" suivront : Albert Camus, Raymond Aaron.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    A la fin de la guerre, les jeunes artistes, les penseurs et les amateurs de jazz qui font les caves de Saint-Germain-des-Prés se réunissent toujours plus nombreux au Flore. Pendant des années, Boris Vian, Léo Ferré, Juliette Gréco, Jacques Prévert, Serge Gainsbourg, Mouloudji, les Renaud-Barrault etc. en feront leur point de chute. 

    Plus près de nous : les nappes en papier du Flore sont une reproduction d'un des dessins de Sempé. Le lieu est devenu un attrape touriste à japonais plus ou moins déserté par les artistes. Les prix sont rédhibitoires. On est loin de l'époque où l'on s'y installait parce qu'on était sans le sou...

    Face aux Deux Magots, une sculpture d'Ossip Zadkine (1956) évoque Prométhée.

    L’œuvre évoque une scène de la mythologie grecque. Le Titan Prométhée vient tout juste de dérober le feu divin de l’Olympe. Il veut l’offrir aux mortels contre l’avis de Zeus. Courroucé par ce larcin, le roi des dieux sera sans pitié envers ce protecteur de l’humanité. Par la suite, Prométhée est condamné à être enchaîné à un rocher où chaque jour un aigle vient lui dévorer le foie, organe qui chaque nuit se régénère afin que son supplice soit éternel.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    La Hune, faisant face au square Laurent Prache, est ici une galerie d'art. La librairie du même nom (ou bien la librairie de l'Escalier ?), ouverte en 1944 près de l'Odéon, avait un escalier intérieur qui faisait penser au mât de hune des voiliers, d'où ce nom. Elle était renommée pour ses présentations d'ouvrages, qu'ils soient littéraires ou artistiques, toujours accompagnées d'accrochages d'œuvres graphiques ou d'expositions plus documentaires sur le travail des auteurs. Elle a laissé la place à une enseigne de luxe Louis Vuitton, sans doute plus rentable...

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Nous continuons la rue de l'Abbaye et passons du côté Nord de l'église, apercevant l'une des deux tours arasées de l'abbaye (voir plan plus haut).

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Antérieur à la place Dauphine et à la place des Vosges, l'ancien Palais abbatial dit Hôtel de Furstemberg date de 1586 : il a été construit pour le cardinal Charles de Bourbon par Guillaume Marchand. C'est l'un des premiers exemples parisiens de bâtisse en brique et pierre. Il comporte un rez-de-chaussée, deux étages et un grand comble. Un imposant et élégant pavillon en retour d’équerre fait l’angle avec le passage de la Petite Boucherie : deux lucarnes à meneaux sommées d’un grand fronton sculpté brisent la corniche.

    Il est actuellement le siège de la paroisse ainsi que de l'actuel Institut Catholique. Une pelle Stark signale qu'ici le sculpteur Pradier y eut son atelier.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    En face du Palais abbatial, j'ai remarqué un très bel immeuble haussmannien décoré de fleurs de tournesol. Il fait l'angle avec la rue de Furstemberg.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Le cardinal Guillaume-Egon de Furstemberg avait été nommé abbé de Saint-Germain-des-Prés en 1697. Il a fait ouvrir cette voie pour avoir accès direct au Palais abbatial.

    Les façades de briques et pierre de ces immeubles situés aux Numéros 6 et 8 ont été réalisées dans les années 90 (le façadisme consiste à conserver la façade d'un bâtiment dont tout le reste est remplacé).

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Dans l'angle, l'entrée de l'ancien atelier d'Eugène Delacroix transformé en musée.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Delacroix avait reçu la commande d'une fresque pour l'église Saint-Sulpice voisine, le combat de Jacob avec l'ange.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Frédéric Bazille, le peintre, partagea avec Claude Monet un atelier juste au-dessus. Frédéric Bazille en a fait un tableau.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Revenus dans la rue de l'Abbaye, nous laissons la rue de l'Echaudé sur notre gauche pour prendre la rue de Bourbon-le-Château puis la rue de Buci .

    L'Echaudé était au Moyen-Age un petit gâteau triangulaire que l'on "échaudait" (c'est-à-dire que l'on passait à l'eau chaude avant de le cuire au four). Les rues de l'Abbaye, de l'Echaudé, de Bourbon-le-Château forment un ilot de maisons triangulaire avec la rue de Seine paraît-il...

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Au carrefour entre la rue de Buci et la rue de Seine, on peut voir l'ancienne écriture du nom de cette rue datant du XVIIe siècle "rue de Bussy" gravé dans la pierre.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    C'est au numéro 12 que Jean-Baptiste Poquelin prit son célèbre pseudonyme, Molière. Une crêperie porte à cette adresse le nom du célèbre comédien.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    C'est également ici qu'a été fondée en 1732 la première loge maçonnique parisienne. On peut voir son symbole - une étoile à cinq branches - sculpté dans la pierre au-dessous d'un balcon en fer forgé.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Nous voici arrivées rue de l'Ancienne Comédie : la rue des plaques pourrait-on la renommer tant elles y foisonnent ! Au numéro 4, un immeuble on ne peut plus banal.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Sauf qu'une plaque indique que c'est à cette adresse qu'était autrefois établie la maison d'édition de Poulet-Malassis et De Broise, les éditeurs qui firent paraître Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Je l'ai appris en lisant "Crénom Baudelaire" du regretté Jean Teulé.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Aux Merveilleux de Fred, vous connaissez ?

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Au numéro 8, c'est une plaque indiquant qu'ici se tenait le restaurant Dagneau où aimaient déjeuner Victor Hugo, George Sand, Henri Murger, Frédéric Chopin ou encore Théophile Gautier. Ensemble ou séparément, l'histoire ne le mentionne pas...

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Impossible de lire la plaque actuelle. Heureusement, le net me l'a fournie.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Le nom de la rue provient de cet emplacement : c'est ici, au numéro 14 qu'a été construit le premier Théâtre-Français en 1680.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Le Français joua ici jusqu'en 1770. Tombant en ruine, le roi lui prêta une salle aux Tuileries avant qu'il n'emménage au Palais-Royal en 1799.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Il y a quoi au menu, aujourd'hui ?

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Vous saurez tout sur le plus ancien café de Paris en lisant cette plaque.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Dieu sait si je ne suis pas vraiment fan des décorations florales qu'arborent nos cafés et nos restaurants depuis quelques temps (pour attirer le chaland paraît-il) mais celle-ci, automnale, m'a plu.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    La cour du Commerce Saint-André donne accès à la cour de Rohan (déformation du mot Rouen car elle était proche de l'Hôtel des Archevêques de Rouen).

    C'était un haut lieu de la Révolution française. Nous voyons ici l'arrière du café Procope au numéro 13.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Une plaque ci-dessous indique que :

    ► Au numéro 6, était installées la rédaction et l'imprimerie dans laquelle Marat fit paraître son journal "L'ami du peuple" en 1793.
    ► Au numéro 9, se tenait l'atelier du charpentier Schmidt qui fabriqua la première guillotine en 1792.
    ► Au numéro 20, habita Danton de 1789 à son arrestation le 30 mars 1794.

    Par ailleurs, des restes de l'enceinte de Philippe-Auguste sont visibles au numéro 4.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Derrière les vitres du café, des portraits de révolutionnaires : ici, Robespierre.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13 

    La cour du Commerce Saint-André aboutit à la rue Saint-André des Arts. Anne-Marie, ici devant une "pelle" sur la Porte de Buci (Simon de Buci était Conseiller d'Etat du roi Jean-le-Bon et premier président du Parlement de Paris) nous montre l'angle que fait la rue avec la rue Mazet.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Une statue de Saint André le décore : c'est le patron des artistes (entre autres). Elle provient de l'église Saint-André-des-Arts détruite au XIXe siècle. 

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Au numéro 51 de la rue Saint-André-des-Arts, une plaque indique que la "Maison de l'éléphant" a été construite par Jacques Coyctiermédecin personnel de Louis XI en 1467.

    L'ascension du médecin dans les faveurs du roi fut rapide et son emprise sur le souverain dura pendant les dix-sept ans qui suivirent, jusqu'au décès de Louis XI, le 30 août 1483. Outre ses indéniables talents médicaux, le docteur Coitier sut trouver la faille de son protecteur, notoirement connu pour son caractère hypocondriaque et sa superstition. Il sut le convaincre que sa santé était précaire et que lui seul pouvait le maintenir à l'abri d'une mort précoce. Louis XI le couvrait d'or, de titres et d'honneurs à chaque occasion.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    L'Hôtel du Tillet de la Bussière se trouve à l'intersection avec la rue des Grands-Augustins. Construit en 1740 pour Jean-Baptiste du Tillet, marquis de la Bussière, il était en ruine en 1900 et a été restauré depuis.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Les balcons m'ont tapé dans l'œil ! Leurs supports de pierre sont ornés de bouquets de roses et de têtes de bélier (symbole de fécondité).

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Sur sa façade se trouve gravé le nom de la rue : "Saint" a été gratté pendant la Révolution.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    C'est dans une maison de la rue des Grands-Augustins, au numéro 26, que La Bruyère a écrit "Les Caractères".

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Au numéro 8, on peut voir, en bas du mur, une plaque de nivellement de la ville de Paris qui indique le chiffre de 66,50 m.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Au-dessus, se trouve une petite niche creusée dans la pierre : elle était destinée à recevoir une lanterne à huile protégée par un portillon fermé à clé qui a disparu. La ville était ainsi sécurisée en l'an 1558.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Cette superbe grille en fer forgé est celle de l'Hôtel de Savoie situé aux numéros 5-7 de la même rue. Honoré de Balzac situe dans cet immeuble l'atelier du peintre Frenhofer de la nouvelle "Le chef-d'œuvre inconnu". Picasso y installa son atelier en 1937 à la fin de la guerre d'Espagne. C'est là qu'il peignit Guernica. 

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Est-ce au numéro 8 comme l'indique cette photo ou au numéro 3 (?) que Louis XIII fut intronisé roi à la mort d'Henri IV et que Marie de Médicis, sa mère, devint régente. A cette adresse, dans la cour, vécurent également les peintres Robert et Sonia Delaunay à partir de 1910.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Jolie cette enseigne, non ?

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Vous connaissiez sûrement l'Action Christine ? Il est devenu le Christine Cinéma Club.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Ici, à l'intersection de la rue Christine  et de la rue Dauphine, se tenait autrefois le Tabou, un club dans la cave de l'Hôtel d'Aubusson (XVIIe siècle) où l'on pouvait danser en écoutant du jazz. Il a été inauguré le 11 avril 1947.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Boris Vian s'y produit avec "Les Grrr", un orchestre de jazz constitué avec ses frères. Claude Luther s'y produira aussi. Juliette Greco y chante et Prévert récite des poèmes.

    Très vite le Tabou devient un centre de folie organisée : une piste de danse au milieu d'un brouillard de cigarettes où les garçons étaient vêtus à la "Zazou" (chemises à carreaux et souliers en toile, style baskets).

    Le Tabou ferme en 1962, puis on y donne des spectacles de catch. L'actuel "Café Laurent" perpétue la tradition en programmant des concerts de jazz.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Après avoir pris le Passage Dauphine,

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Clic-clac photo Kodak ! Merci Monick...

    Pour cette deuxième sortie, sous ma guidance cette fois-ci, une quinzaine d'adhérents et d'adhérentes.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

     

    Merci à Denise qui m'a aidée à ne pas me perdre parmi toutes ces petites rues, moi qui n'ai aucun sens de l'orientation !

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Nous empruntons la rue Mazarine puis la rue de Seine sur la gauche.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

     

    "Le Pied" est une oeuvre d'un duo franco-britannique, Daniel Dewar et Gregory Gicquel. On a pu le voir en 2014 au Musée Rodin. Ces jeunes sculpteurs, spécialistes des fragments de corps, ont tenté une relecture de l'histoire de l'art avec des sculptures en béton de grandes dimensions coulées et réalisées selon les techniques classiques.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    L'origine du nom de la rue Jacob vient de ce que Marguerite de Valois (la reine Margot) avait un domaine ici à la fin de sa vie (de 1605 à 1615). Voisin de son domicile, il y avait le couvent des "Augustins déchaussés". Comme Marguerite était devenue très pieuse sur ses vieux jours (elle avait alors 52-62 ans), elle fit élever dans ce couvent un autel à la gloire de Jacob, le patriarche biblique.

    Les faïenceries de Gien

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Colette habita au numéro 28 à ses débuts.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    La célèbre Maison de pâtisseries de luxe Ladurée, inventeur du salon de thé à la française existe depuis 1862.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Une très jolie façade pour cette maison de style directoire (1798) relevée de deux étages d'habitation en 1928.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    C'est au numéro 56 de la rue de Seine, à l'Hôtel d'York, qu'a été signé le 3 septembre 1783 entre l'Angleterre et les Etats-Unis représentés par Benjamin Franklin le traité de définitif de Paix reconnaissant l'indépendance des Etats-Unis.

     

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Nous terminons notre promenade, très chargée d'histoire, au 5 bis de la rue de Verneuil où habitèrent Gainsbourg et Birkin. Comme on le voit ici, le mur de façade est couvert de graffitis et de tags. Charlotte Gainsbourg souhaite en faire un musée qui devrait ouvrir dans le courant 2023.

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    Un petit café pour se réchauffer

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13

    ☻ Le quartier Saint-Germain avec Générations 13 

    Un grand merci à Anne-Marie

    pour la préparation et le guidage de cette agréable promenade au cœur du Quartier Latin.


    2 commentaires
  • Ce jeudi matin 9 février, Anne nous a donné rendez-vous dans le cadre de son atelier "Marches de 6 km" à Générations 13 pour une promenade commentée dans le quartier du Temple à Paris, en balayant les siècles depuis le 12e jusqu'au 19e.

    Ayant fait moi-même le repérage en sa compagnie la semaine précédente, j'ai accompagné une partie du groupe, notes à la main : Anne m'avait vraiment "mâché le travail" en me procurant un descriptif très détaillé, et du parcours, et des différents points à commenter.

    Le square Emile Chautemps (nom d'un médecin et d'un ministre) où commence la balade a été créé sous Napoléon III, à l'époque du Baron Haussmann. C'est le premier square de Paris dessiné "à la française". On y a trouvé, m'a dit Anne, à l'époque beaucoup de squelettes car il se situe à l'emplacement de l'ancienne Cour des Miracles dont Victor Hugo parle dans Notre-Dame de Paris.

    Dans ce quartier très pieux de Paris au Moyen-Age (on y trouvait le Couvent des Filles Dieu pour les prostituées repenties créé sous Saint-Louis ainsi que l'Hôpital de la Trinité situé rue Saint-Denis), il y avait beaucoup d'invalides, d'orphelins et de pauvres venant des alentours pour mendier.

    Le nom de "Cour des Miracles" vient de ce que les éclopés de la journée guérissaient le soir comme par miracle, se transformant souvent en coupeurs de bourse. Bref, un quartier où il ne faisait pas bon traîner à la nuit tombée..;

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Une colonne au centre du square rappelle les victoires de Napoléon III pendant la guerre de Crimée - Sébastopol et 3 autres victoires) et, de part et d'autre de celle-ci, deux bassins ornés de fontaines représentent, l'une la Musique et Mercure, et l'autre l'Industrie et l'Agriculture.

    Mercure et La Musique d'Auguste Ottin

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Mercure et son caducée

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    La Musique avec sa lyre

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    L'Agriculture et L'Industrie de Charles Gumery

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    L'Agriculture

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    L'Industrie

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Le théâtre de la Gaîté-Lyrique borde le square du côté de la rue Papin. Il a été construit en 1861 sous le règne de Napoléon III et Offenbach en est devenu le directeur en 1873. C'était le temple de l'opérette. Il est aujourd'hui un centre culturel dédié au arts numériques et aux musiques actuelles.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Au fond du square, le Conservatoire des Arts et Métiers et son musée, en partie dans les locaux de l'abbaye Saint-Martin des Champs créée au 13e siècle.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    C'est l'abbé Grégoire qui fut à l'origine de la fondation du CNAM au 18e siècle. Il a également collaboré à la constitution d'un répertoire des patois pour favoriser l'uniformisation du langage (beaucoup de gens à cette époque ne parlaient pas le français).

    « On peut uniformer le langage d’une grande nation... Cette entreprise qui ne fut pleinement exécutée chez aucun peuple, est digne du peuple français, qui centralise toutes les branches de l’organisation sociale et qui doit être jaloux de consacrer au plus tôt, dans une République une et indivisible, l’usage unique et invariable de la langue de la liberté. »

    Au 252 de la Saint-Martin se trouve l'église Saint-Nicolas-des-Champsdifficile à photographier car il n'y a pas de recul. L'église est essentiellement de style gothique flamboyant mais sa construction s'est déroulée en cinq étapes pendant deux cents ans, de 1420 à 1620.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

     Le « clou » de l'église est un retable complet du 17e siècle (1629) représentant l'Assomption de la Vierge par Simon Vouet qui se trouve dans le chœur.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

      Il s'agit de l'unique retable parisien ayant échappé aux destructions de la Révolution. Il est scandé de colonnes et pilastres corinthiens et surmonté d’un frontispice (fronton triangulaire ponctué de deux anges tenant la couronne de l’Assomption). Il est par ailleurs complété de quatre anges en stuc sculptés par Jacques Sarrazin.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Dans le registre du bas, terrestre, sont représentés les apôtres autour du tombeau de la Vierge.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Dans le registre du haut, céleste, est représentée l'Assomption de la Vierge.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Ont été inhumés dans l'église, entre autres :

    Guillaume Budé, humaniste de la Renaissance (et rénovateur de l'étude du grec en France), dont le testament comprend ces mots : « Je veux estre porté en terre de nuict et sans semonce ».

    Madeleine de Scudéry, romancière, la célèbre Précieuse de l'Hotel de Rambouillet.

    A la sortie de l'église, nous prenons à l'angle la rue Cunin-Gridaine qui longe la façade. Là, se trouvent des ruines du 15e.

     De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Le portail Sud date du 17e siècle. Pilastres cannelés, chapiteaux d'ordre composite, entablement à multiples ornements, anges musiciens et anges tenant une palme (des Renommées), ailés et vêtus à la manière de Germain Pilon, forment un ensemble sculptural et architectural de haute qualité.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

     Pour en savoir plus...

    Avec la rue au Maire, nous entrons dans le quartier chinois le plus ancien de Paris. Après la seconde guerre mondiale, les Chinois Wenzhou (province de Zhejiang), reprennent les ateliers du IIIe arrondissement situés rue du Temple, rue au Maire, rue Volta et rue des Gravilliers. Puis, dans les années 1980, l’immigration en provenance de Wenzhou reprend. Les ateliers de confection se sont alors développés avec une main-d’œuvre principalement originaire des campagnes. Les Chinois du IIIe ne sont pas, contrairement à ceux du XIIIe, des réfugiés. Venus directement de Chine populaire, ils ont immigré pour des raisons économiques.

    La rue est décorée de lampions rouges en l'honneur du Nouvel An chinois. Ceux-ci sont symboles de fortune et de bonheur en Chine.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    J'ai fait le repérage de la balade avec Anne et Martine.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Après avoir traversé la rue Beaubourg, nous voici en face du Numéro 3 de la rue Volta, où se trouve une maison à colombages datant du 17e siècle.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Enfilant la rue Réaumur sur la droite, je remarque l'existence de beaucoup de bijoutiers chinois.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Nous rejoignons ainsi le square du Temple qui occupe une part de l'ancien enclos des Templiers, et recouvre partiellement l'emplacement passé de la tour du Temple.

    Le square, créé par Jean-Charles Alphand lors des travaux du baron Haussmann, est un jardin à l'anglaise. Au fond, la mairie du IIIe arrondissement et à droite, un marronnier qui rappelle le souvenir du premier marronnier de Paris rapporté de Constantinople par Bachelier en 1615.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Avant de sortir du square, on remarque à gauche dans la rue Perrée, un immeuble de briques et pierre qui a fière allure : il s'agit de l'Hôtel de la Garantie qui faisait autrefois le contrôle des métaux précieux. Ce bâtiment construit en 1925 est devenu le Commissariat de Paris-Centre regroupant les quatre premiers arrondissements de la capitale.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Un superbe coq surmonte la grande pendule située dans le fronton.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Face à la mairie un panonceau explique brièvement l'histoire des Templiers.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

     

    Face à la mairie du IIIe arrondissement, des clous marquent l'emplacement de l'ancien donjon de l'enclos.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    L'histoire des Templiers

    L'Ordre des Templiers est fondé au XIIe siècle par Hugues de Payns pour défendre le Saint-Sépulcre de Jésus à Jérusalem : ce sont des moines-soldats appartenant à un Ordre où ils entrent en prononçant des vœux et en vivant selon une règle. Suite à la chute du royaume de Jérusalem en 1244, ils construisent des commanderies dans toute l'Europe et particulièrement en France. 

    Les commanderies (qui sont de grosses fermes) recrutent des chevaliers (quelques quinze mille hommes), recueillent des donations et les font fructifier, Les commanderies sont placées sous l'autorité du Pape Benoit XI. Le roi, à cette époque, est Philippe le Bel. 

    A Paris, les Templiers reçoivent en don du Roi, en dehors des fortifications de Philippe Auguste, les terres qui constituent l’Enclos du Temple, un vaste territoire de 6 hectares formé de champs et de marécages. Celui-ci est entouré d’une enceinte de 8 mètres de haut, renforcée au XIIIe siècle par un donjon, la tour du Temple. 

    Cet enclos était si bien fortifié que les rois et les particuliers y mettaient leurs trésors en dépôt (il y avait ici des draps tissés au fil d'or ainsi que le coffre-fort du roi, sa couronne et son sceptre que ce dernier avait déposés ici contre un emprunt lui permettant de guerroyer pour étendre son territoire).

    C'est ainsi que l'enclos du Temple devint une véritable banque. De plus, jusqu'à la Révolution, cet endroit était un lieu de franchise fiscale.

    Le Temple en 1450 par Théodor Hoffbauer

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    A gauche, la tour César protège l'église voisine Sainte-Marie du Temple, à droite la Grosse Tour ou donjon de cinquante mètres de haut avec ses quatre tourelles et le palais du Grand Maître de l'Ordre. 

    A force de guerroyer, la dette à rembourser est conséquente et les finances du royaume au plus bas...

    Une décision s'impose : Plus de Templiers, plus de dette !

    Le procès des Templiers

    Avec la complicité du nouveau pape, Clément V, le 14 Septembre 1307, dans tout le royaume, les Templiers sont arrêtés, envoyés dans les geôles royales et torturés jusqu'à obtention de leurs aveux d'hérésie au sein de l'ordre.

    Parmi les 140 Templiers de Paris, 54 sont brûlés vifs après avoir avoué, sous la torture, pratiquer la sodomie ou commettre des crimes extravagants comme de cracher sur la croix ou de pratiquer des "baisers impudiques". 

    Le pape prononce finalement la dissolution de l'ordre le 3 avril 1312.

    Après sept années de procès, la plupart des Templiers sont envoyés en prison ou finissent au bûcher. Le grand maître de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, et son second Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, sont mis à mort le soir du 19 Mars 1314 sur un bûcher double sur l'île aux Juifs à Paris, disparue aujourd'hui mais située alors au niveau de l'actuel square du Vert-Galant à la pointe de l'Île de la Cité.

    Toutes les richesses reviennent de droit à la royauté, affaire conclue !

    Avec l'affaire du Temple, la monarchie capétienne montre qu'elle entend suivre son intérêt politique et ne plus se comporter en vassale de l'Église.

    Les bâtiments de l'enclos du Temple à Paris sont démolis après la Révolution (le rempart et l'église) à l'exception du donjon où la famille royale (Louis XVI, Marie-Antoinette et Mme Royale) fut enfermée le 13 août 1792 jusqu’à son exécution le 19 décembre 1795. 

    On dit que Mozart enfant joua en 1764 lors de sa tournée en Europe avec son père dans l'Hôtel du Grand Prieur mais celui-ci disparut lui aussi à la Révolution. 

    Napoléon, voulant effacer les marques d'un passé peu glorieux, fit raser le donjon en 1805, L'enclos du Temple fut reconstitué en carton lors de l'Exposition Universelle de 1889 comme fut évoquée la Cour des Miracles à l'Exposition Universelle de 1900, 

    En face du square, le marché du Temple

     La Ville de Paris fait construire en 1807 un marché couvert situé à l'emplacement de l'actuelle halle. Ce marché édifié entièrement en charpente de bois, œuvre de l’architecte Jacques Molinos, rencontrera un grand succès. On l'appellera le Carreau du TempleConstruit en bois, il est alors constitué de quatre carrés ayant chacun sa spécialité.

    Dans le cadre de la rénovation urbaine voulue par Napoléon III et le préfet Haussmann, la ville décide de le remplacer en 1860 par une structure métallique, plus sûre face aux fréquents incendies, Il permettait alors à 2000 commerces de s'y installer. Cependant, le marché décline et en 1892 il ne reste plus qu'une centaine de marchands. 

    En 1982, l’unique bâtiment restant est classé à l'inventaire des Monuments historiques, écartant ainsi définitivement tout risque de démolition future. Le Carreau du Temple actuel propose des activités culturelles, sportives et accueillera de nombreux événements grands publics.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Longeant le marché sur la droite, nous prenons la rue de Picardie puis la rue de Bretagne non sans faire un petit tour dans le Marché des Enfants-Rouges. Pourquoi ce nom me direz-vous ? C'était la couleur de l'uniforme des enfants d'un hospice créé par Marguerite de Navarre pour les orphelins du quartier

    Sur les traces des Templiers..., l'enclos du Temple avec Générations 13

    Je n'ai pas pris le temps de prendre une photo à l'intérieur mais cette photo tirée d'internet montre bien l'ambiance familiale version "bobo" du lieu partagé entre les étals des marchands venant des quatre coins du monde et les petits restaus où on peut déjeuner sur le pouce.

    L'enclos du Temple : une promenade dans Paris avec Générations 13

    Au bout, la place « de France » où Henri IV aurait voulu faire inscrire les noms des rues des différentes provinces de France mais il n'en n'a pas eu le temps puisqu'il fut assassiné. Pour information, on doit à Henri IV la création de la place des Vosges...

     Projet de Claude Chastillon en 1610

    Avouez que ça aurait eu "de la gueule" !

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Le projet n'aboutira donc pas mais on trouve dans ce quartier :  la rue du Poitou, la rue de Saintonge, la rue de Bretagne, la rue de Normandie, la rue du Perche, la rue de Picardie, la rue du Forez, la rue de Beauce et le rue de Franche-Comté.

    Nous empruntons ensuite la rue des Filles-du-Calvaire (ainsi appelée car on y trouvait un couvent) et je remarque un joli balcon au Numéro 6.

     De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Au bout de la rue, nous quittons le 3e arrondissement pour entrer dans le 11e.

     se trouve le Cirque d'Hiver créé en 1853 sous Napoléon III par l'architecte Jacques Hittorf (celui de la Gare du Nord). Il a été construit en métal et recouvert de pierres. Le Cirque Napoléon comme il s'appelait à l'origine, se dessine sur 42 mètres de diamètre, et compte 40 fenêtres réparties sur 20 pans formant un icosagone, 21 lustres à gaz, 5 900 places. Ses décorations intérieures et extérieures sont confiées aux grands sculpteurs et peintres de l’époque : Pradier, Bosio, Gosse, Barrias.

    Le Bâtiment est toujours géré par Bouglione (spectacles équestres, concerts). Cliquez ICI pour accéder au site du cirque et en voir l'histoire en détails.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Longeant le Cirque d'Hiver par la droite, nous prenons à gauche la rue Oberkampf qui mène au boulevard Voltaire, un quartier populaire où se sont installés de nombreux artisans.

    Le tristement célèbre Bataclan se trouve au Numéro 50 du boulevard.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    A gauche de l'entrée une plaque rappelle l'attentat du 13 novembre 2015 qui fit de nombreux morts et aussi beaucoup de blessés.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Le Bataclan a été construit en 1864 en forme de pagode.

    En face de la salle de spectacle, un square auquel on accède en suivant de petits "clous" fixés dans le bitume.

     

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Là, une stèle comporte les 90 noms des victimes.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    En longeant le square jusqu'à l'autre extrémité, on peut reprendre la rue Oberkampf pour aller voir au Numéro 47 l'un des seuls endroits de Paris où l'on peut encore voir des pavés de bois (il y en a aussi au Numéro 81 de la rue Saint-Maur).

    Ces pavés avaient été installés sous le préfet Haussmann en copiant sur la ville de Londres (la ville moderne par excellence) mais durant la grande crue de Paris en 1910, les inondations les soulèvent et dépavent les chaussées de bois. A la décrue, d’autres matériaux sont choisis. Les pavés de bois sont progressivement délaissés et définitivement abandonnés en 1938.

    De la Cour des miracles au quartir Popincourt avec Générations 13

    Savez-vous que le pavé de bois gagne à l'époque les lieux les plus prestigieux de la ville : l’avenue des Champs Elysées, l’avenue Marigny, la place Beauvau, la rue de l’Elysée, la place de l’Opéra, la rue Royale et les grands boulevards... ?

    Si l'on continue la rue Oberkampf un petit peu, on croise la rue Popincourt qui a donné son nom à ce petit "village" seulement formé de quelques rues.

    Un grand merci à Anne pour la préparation de cette très intéressante balade parisienne.


    1 commentaire
  • Cette fois-ci, c'est la bonne !

    Après plusieurs annulations, nous avons enfin pu assister à la visite guidée qu'Anne-Marie avait prévue pour ce mois de janvier dans le cadre de son atelier "Petites promenades dans Paris" à Générations 13 : celle de la Fondation Eugène Napoléon sise au 254, rue du faubourg Saint-Antoine dans le 12ème.

    Notre guide - tout comme la semaine dernière pour la visite de l'Hôtel de Soubise - est toujours Gilbert Obel, de l'association "Paris Art et Histoire". Celui-ci va nous raconter tellement de choses (sans jamais regarder une note) que le post qui suit fera pâle figure au regard de sa conférence.

    Mais enfin, c'est tout de même mieux que rien, non ?

    L'histoire commence en 1834, année pendant laquelle la comtesse de Montijo, fuyant les remous des guerres carlistes, emmène ses deux filles en France, notamment dans la station balnéaire de Biarritz, proche de la frontière espagnole. Amie de Prosper Mérimée et de Stendhal, elle s'installe ensuite en 1854 avec ses filles dont Eugénie, la cadette, au 12 place Vendôme. Entre Biarritz et Paris, c’est Stendhal qui enseigne l’histoire aux deux jeunes filles et Mérimée, le français.

    Les trois femmes sont régulièrement invitées aux cérémonies officielles données par le Prince-Président Louis Napoléon Bonaparte qui, à 44 ans, est encore célibataire même s'il a une vie amoureuse bien remplie. Dès qu'il fait connaissance de la jeune et jolie Eugénie qui n'a, elle, que 25 ans, il s'en éprend rapidement.

    "J'ai préféré une femme que j'aime et que je respecte à une femme inconnue dont l'alliance aurait eu des avantages mêlés de sacrifices" dira-t-il pour justifier son choix.

    Eugénie est ici peinte par Franz Xaver Winterhalter en 1857 qui fût le portraitiste attitré du gotha européen durant le deuxième tiers du XIXème siècle. Avouez que le futur Napoléon III n'a pas fait un mauvais choix.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Le 26 janvier 1853, la Commission municipale de Paris vote une somme de 600.000 francs or pour l'acquisition d'un collier de diamants destiné à l'impératrice Eugénie, à l'occasion de son mariage avec Napoléon III. Pour se rendre compte de la somme que cela représente, il faut savoir qu'à cette époque le salaire journalier d'un ouvrier tourne autour des 2 francsCependant, deux jours plus tard Eugénie refuse le collier, souhaitant qu'avec cet argent soit créé "un établissement d'éducation gratuite pour les jeunes filles pauvres", ce qu'entérine une seconde délibération de la Ville.

    « Monsieur le Préfet,

    Je suis bien touchée d’apprendre la généreuse décision du Conseil Municipal de Paris qui manifeste ainsi son adhésion sympathique à l’union que l’Empereur contracte. J’éprouve néanmoins un sentiment pénible en pensant que le premier acte public qui s’attache à mon nom au moment de mon mariage soit une dépense considérable pour la Ville de Paris. Permettez-moi donc de ne pas accepter votre don, quelque flatteur qu’il soit pour moi, vous me rendrez plus heureuse en employant en charité la somme que vous aviez fixée pour l’achat de la parure que le Conseil Municipal voulait m’offrir. Je désire que mon mariage ne soit l’occasion d’aucune charge nouvelle pour le pays auquel j’appartiens désormais et la seule chose que j’ambitionne, c’est de partager avec l’Empereur l’amour et l’estime du peuple français.

    Je vous prie, M. le Préfet, d’exprimer à votre Conseil toute ma reconnaissance et de recevoir pour vous mes sentiments distingués.

    Eugénie, Comtesse de TEBA.

    Palais de l’Elysée, le 26 janvier 1853 »

    La somme servira à la construction des bâtiments actuels situés sur les dépendances de l'ancien marché aux fourrages de la barrière du trône, comme nous l'explique notre guide. Il fallait en effet une surface suffisante pour accueillir soixante jeunes filles (chiffre qui montera très vite à trois cents) dont le séjour devait se prolonger jusqu’à leur majorité (alors de 21 ans). Là, elles apprendraient, outre les fondamentaux de l'école (lire, écrire, compter), à coudre et à broder (les chasubles d'église en particulier), à repasser. Pour résumer, toutes les tâches ménagères réservées aux filles à une époque où la femme était réduite à la seule fonction de maîtresse de maison s'occupant des enfants. (Photo 2016)

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Pour vous situer le lieu, celui-ci se trouve entre la rue du faubourg Saint-Antoine et le boulevard Diderot : Vus d'avion, les bâtiments sont vraiment impressionnants !

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    En hommage au geste généreux de l'impératrice, l'architecte Jacques Ignace Hittorff concevra un établissement de plan octogonal calqué sur la forme d'un collier dont le salon d'apparat sert de fermoir et la chapelle de pendentif.

    Terminée l’année de la naissance du jeune Prince impérial en 1856 (il naît le 16 mars 1856), l’institution prend le nom de « Maison Eugène-Napoléon ». Elle ouvre ses portes le 1er janvier 1857. L'œuvre est confiée aux Sœurs de la Charité de Saint-Vincent de Paul qui resteront présentes sur le site jusqu'en 1976. La Fondation s’ouvre à la mixité en 1984, mais doit fermer son internat en 1994, les locaux n’étant plus aux normes. Après douze années de combat difficile, un nouveau projet se met en place, avec l’aide de la Région, de la Mairie de Paris, des Petits Chanteurs à la Croix de Bois et de la Congrégation Notre Dame.

    Paris doit à Hittdorff, architecte de la Ville et du gouvernement, l'église Saint-Vincent de Paul, la gare du Nord, le cirque d'hiver, et les aménagements de la place de la Concorde, des Champs-Elysées et du bois de Boulogne.

    Les photos qui suivent ont été, pour certaines, prises en 2016 lors d'une précédente visite avec M. Obel. C'est la raison pour laquelle, elles sont plus ensoleillées par rapport au temps couvert d'hier... Parfois, une petite piqure de rappel ne fait pas de mal tant il y a de choses à retenir !

    Entrée principale à l'angle du faubourg Saint-Antoine et de la rue de Picpus : en 2019, le jardin de la Fondation Eugène Napoléon a pris le nom de Jardin de l'Impératrice Eugénie.

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    Sur le fronton, le nom de l'institution et celui de sa fondatrice (Photo 2016)

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    L'établissement, qui accueille des jeunes filles, est sécurisé : nous entrons dans l'institution en passant sous le passage couvert en fer forgé situé sur le côté droit.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Dans le vestibule, la quinzaine d'adhérents qui se sont inscrits à cette visite guidée.

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    Monsieur Obel nous montre ici l'endroit où nous nous trouvons : le fermoir du collier !

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Le vestibule donne accès au Salon de l'impératrice. Cette pièce est toujours dans son état d'origine : les lourdes tentures de velours de soie cramoisi et la moquette très "anglaise" n'ont pas été changés depuis le XIXème siècle, paraît-il. De larges baies vitrées en font une pièce très bien éclairée.

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    Nous prenons place autour de l'immense table en palissandre.

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    Le mobilier (12 fauteuils et 12 chaises) est à l'effigie de Napoléon et d'Eugénie.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    Encadrant la porte d'entrée, des portraits en pied des deux souverains par Franz Walter WinterhalerIl s'agit de copies exécutées par Anton Hansmann car les originaux ont disparu dans l’incendie du palais des Tuileries en 1871. M. Obel nous a dit qu'il en existait de nombreuses, au Louvre, à Versailles, à Saint-Cloud, et bien d'autres encore.

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    L'impératrice Eugénie : Debout, en robe à crinoline, l’impératrice se tourne vers le spectateur en désignant les jardins du Palais des Tuileries. Elle arbore son très fameux diadème de perles et de diamants créé par Lemonnier. Dentelles et manteau vert émeraude contrastent avec les rideaux d’apparat rouges, qui s’ouvrent comme sur un décor de théâtre.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    En pendant, de l'autre côté de la porte d'entrée, le portrait de Napoléon III 

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    L'Empereur des français porte la Légion d’honneur, soulignant ainsi qu’il entend renouer avec les heures brillantes du règne de son oncle, Napoléon. Il tient dans la main gauche la main de Justice à côté de laquelle se trouvent le sceptre er la couronne impériale.

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    Les superbes cadres en bois doré mettant en valeur ces portraits sont surmontés du blason de la famille impériale : on y voit l'aigle impérial, au centre d'une croix formée par le sceptre et la main de justice. Une couronne surmonte l'ensemble.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Le style Louis XVI domine dans cette élégante pièce servant de lieu de réception et de repos à l'Impératrice. Les trumeaux des portes sont ornés d'un médaillon contenant les initiales des deux souverains, lequel médaillon est surmonté d'une couronne. En outre, une très élégante frise orne le plafond.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Une cour sépare le Pavillon d'Eugénie - abritant le salon de l'impératrice - de la chapelle, placée par l’impératrice sous la protection de la Vierge. On laisse derrière soi un bâtiment auquel l'architecte, Hittorff - qui était allé en Sicile et y avait constaté une antiquité colorée très différente de la perception monochrome du Premier Empire - a voulu donner un peu de couleur par le mariage de la pierre et de la brique. (Photo 2016)

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Une statue de Saint-Vincent de Paul, patron des associations charitables, fait face à la chapelle. (Photo 2016)

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Trois statues ornent la façade : L'Espérance, la Foi et la Charité. (Photo 2016)

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    La Charité est traditionnellement représentée par une femme tenant un bébé dans ses bras tandis qu'elle s'occupe tendrement d'un ou deux autres. (Photo 2016)

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Entrons !

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    On est tout de suite interpellés par le plafond composé de caissons ornés de peintures sur toiles marouflées représentant des lys, des roses, des croix, des couronnes, des monogrammes de Marie (AM pour Ave Maria) et d’Eugénie (EM pour Eugénie de Montijo) dans des soleils sur fond bleu.

    Vue sur le plafond du côté du grand orgue Cavaillé-Coll

    Visite guidée de la Fondation Eugène Napoléon avec "Paris Art et Histoire"

    Côté chœur

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    La fresque du chœur (de Félix Joseph Barrias) évoque l’origine de l’œuvre : l’impératrice offre symboliquement son collier à la Vierge en présence des orphelines de sa Fondation et des Sœurs de Saint-Vincent de Paul.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Dans sa peinture, Barrias a représenté l’impératrice agenouillée en orante devant la Vierge en Majesté. Cette position de prière (bras ouverts, paumes vers les cieux et doigt écartés) est celle des premiers chrétiens.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Dans la partie haute de la fresque, on voit Marie et l’enfant trônant, entourés de Sainte-Catherine et de Saint-Vincent de Paul. La tonalité jaune du ciel remplace le fond d’or des mosaïques byzantines habituellement utilisé dans les sujets sacrés pour illustrer la présence divine.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    L’impératrice est représentée en robe de mariée avec dans sa main gauche un collier. On peut penser que ce collier est celui que la ville de Paris envisageait de lui offrir à l'occasion de son mariage.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Cette robe était « en velours épinglé blanc, constellée de pierreries. Le corsage montant avait de grandes basques rondes garnies de volants d’Angleterre et de deux rangées de diamants. Le devant du corsage, orné également de point d’Angleterre, coquillé droit, était enrichi depuis le haut jusqu’en bas d’épis en diamants formant brandebourg, au centre desquels brillait une étoile en guise de bouton. Les larges manches « pagodes » étaient décorées de quatre rangées de point d’Angleterre et entre chaque rangée scintillaient des diamants. […] La jupe et la robe étaient en demi-queue traînante, toute recouverte de point d’Angleterre » .

    Barrias a pris soin de ne pas mettre en avant les bijoux portés par l’impératrice. Les diamants ont disparu dans le blanc de la robe. Il a bien représenté à la ceinture l’étoile qui sert de bouton mais ne lui a donné aucun éclat.

    Derrière l’impératrice, sont représentées des mères qui confient leurs filles à l’institution. L’une d’elles exprime sa reconnaissance en embrassant la robe d’Eugénie. Une autre, qui tient sa fille dans ses bras, invoque la Vierge en levant son doigt au ciel.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Au second plan, à l’extrême droite de la peinture, nous apercevons l'architecte Hittorff : il arbore sur sa veste, bien visibles, ses différentes décorations dont la légion d’honneur. Barrias s’est lui aussi représenté : c’est d’ailleurs l’un des rares portraits qu’on ait de lui à l’âge de 34 ans. Il porte, par dessus de son costume, sa blouse bleue de peintre et tient dans sa main la casquette des plâtriers, peintres en bâtiments et à fresque.

    À gauche de la fresque se tiennent des jeunes filles déjà accueillies par l’institution. Elles sont habillées uniformément : robes de mérinos gris aux cols blancs, liserés bleus retenant des médailles de la Vierge et bottines grises. Leurs cheveux sont couverts d’un bonnet de dentelles noires (réservé pour les cérémonies religieuses). Deux sœurs de Saint-Vincent de Paul les encadrent. Au second plan, assisté de deux enfants de chœur, un prêtre tient une bible.

    Les pensionnaires prient pour leur bienfaitrice et deux d’entre elles répandent à ses pieds des roses – attribut de la Vierge –, rappel du jeté de pétales de roses effectué lors des processions de la Fête-Dieu.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Deux statues dans le chœur

    Eugène à droite, Napoléon à gauche pour Eugène Napoléon, le fils d'Eugénie !

    Saint-Eugène

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Saint-Napoléon.

    A noter que sous les Premier et Second Empire, la Saint-Napoléon est la fête nationale instituée le jour de la naissance de Napoléon Ier, le 15 août.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    La statue de la Vierge située à droite du chœur rappelle que la chapelle lui est consacrée.

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    La cour de récréation des élèves donne sur l'arrière de la chapelle. (Photo 2016)

    D'un collier de diamants à un collier de pierre...

    Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois ont maintenant élu domicile à Autun et actuellement, la Fondation abrite deux établissements de l'Enseignement Catholique, l'Ensemble Scolaire Saint Pierre Fourier (enseignement élémentaire et secondaire) dans l'une de ses ailes tandis que l'autre est occupée par l'Institut supérieur Clorivière qui dispense des formations aboutissant à un BTS en Economie Sociale et Familiale, Tourisme, Management et même Œnologie. ainsi qu'une résidence pour étudiantes d'une capacité de 87 chambres.

    La Fondation ouvre son site au quartier et aux Parisiens par un programme d’activités culturelles proposées par la Ville de Paris, la mairie du XIIe et son conservatoire, par ses propres manifestations musicales et artistiques, des conférences ou des expositions et par l’ouverture au public du jardin de la rue Picpus.

    Merci à Monsieur Obel pour cette visite passionnante et à Anne-Marie pour l'avoir organisée : une découverte pour tous et toutes.


    1 commentaire

  • Vendredi dernier, Anne-Marie Guérin, bénévole au sein de l'association Générations 13 où elle anime l'atelier "Petites Promenades dans Paris", nous a proposé, comme c'est souvent le cas en période hivernale, une visite "au chaud", celle de l'Hôtel de Soubise, le siège des Archives Nationales à Paris mais également un Hôtel particulier datant du 14e siècle. Cette visite nous est comme d'habitude proposée pour un prix défiant toute concurrence par l'association Paris Art et Histoire avec laquelle nous avons un partenariat et c'est Gilbert Obel qui est aux commandes.

    Voici ce que j'en ai retenu.

    C'est à partir de 1371 qu'Olivier de Clisson, un grand seigneur féodal breton, successeur du connétable de France Bertrand du Guesclin, fait construire un hôtel particulier au cœur du chantier du Temple, aujourd'hui le Marais. On ne conserve de ce premier habitat que la porte d'entrée fortifiée cantonnée de deux échauguettes sur l'actuelle rue des Archives. Il s'agit là de l'unique vestige de l'architecture privée du XIVe siècle encore visible à Paris.

    Au-dessus de la porte d'entrée, un tympan qui mériterait peut-être un petit toilettage... Cela permettrait d'y admirer les deux blasons (l'un sur la gauche étant celui des Guise, l'autre sur la droite que je n'ai pas pu identifier) qui le décorent.

    Photoshop n'a pas pu faire mieux...

    ☻ Visite de l'Hôtel de Soubise avec Générations 13 et l'association Paris Art et Histoire

    Au-dessus de la porte, deux écus sculptés dans la pierre sont reliés par un phylactère portant le mot, aujourd’hui quasiment illisible, « pour ce qui me plaist ».

    Ils encadrent un M : est-ce la M de Marie, en référence à la Vierge, ou celui de Marguerite de Clisson, fille d'Olivier... ? Le doute subsiste.

    En 1553, François de Lorraine, duc de Guise, et sa femme, Anne d'Este, acquièrent l'hôtel particulier.

    Très délabré, le bâtiment exige d'importants travaux de reconstruction que la puissante famille des Guise confie au célèbre artiste italien, chef de file de la première école de Fontainebleau, Francesco Primaticcio, dit Le Primatice.

    Rien n'a malheureusement été conservé des célèbres peintures de la chapelle réalisées d'après ses dessins par Niccolo dell'Abbate. Sous l'influence du Duc de Guise, l'hôtel devient le siège de la Ligue catholique pendant les guerres de religion. C'est le cadre d'événements marquants de l'histoire de France : le massacre de la Saint Barthélémy y est probablement décidé en 1572 ainsi que la journée des barricades, en 1588, qui oblige le roi Henri III à quitter Paris.

    Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Marie de Guise, dite Mademoiselle de Guise, dernière descendante du nom, embellit considérablement l'hôtel et ses jardins. L'Hôtel de Guise devient alors un haut lieu de rencontres pour la noblesse parisienne : s'y côtoient, en habitués, Corneille, Tristan L'Hermite ou le compositeur Marc-Antoine Charpentier.

     ◄►◄►◄►◄►◄►

    Après le décès, sans héritier direct, de la maîtresse de lieux en 1688, ses héritières décident de vendre le bâtiment à François de Rohan-Soubise et son épouse, Anne-Julie de Rohan-Chabot. Ceux-ci confient à leur architecte, le jeune Pierre-Alexis Delamair, le soin de le remettre au goût du jour. J'ai lu sur le net qu'Anne de Rohan-Chabot aurait été, un temps, la maîtresse de Louis XIV et que cet achat y serait lié.

    Ha ha ha... Je fais mon Closer, juste histoire de s'amuser !

    C'est sur la rue des Francs-Bourgeois que va s'ouvrir la nouvelle façade de l'hôtel particulier. Juste en face, on peut apercevoir entre deux immeubles situés au 57-59, les vestiges de l'ancienne enceinte de Philippe-Auguste sous la forme d'une tour, la Tour Pierre Alvart, dont seule la base date de l'époque du Roi de France.

    L'architecte Delamair décide de changer l'orientation de l'édifice en plaquant une nouvelle façade de style classique contre l'ancienne aile sud. Il construit, à l'emplacement de l'ancien manège des Guise, une majestueuse Cour d'Honneur à portique arrondi ouvrant par une demi-lune sur la rue des Francs-Bourgeois. L'abondant décor sculpté qui l'ornait (cf. photo ci-dessous) a disparu en 1793.

    Vue de l'entrée de l'Hôtel de Soubise vers 1750 d'après Jacques Rigaud

    L'entrée actuelle des Archives Nationales

    La Cour d'Honneur côté rue des Francs-Bourgeois

    Un péristyle constitué d'une série de double colonnes à chapiteaux composites est surmonté d'une balustrade ajourée : le projet de l'architecte était d'en faire un lieu de promenade mais il n'a pas abouti.

    Les chapiteaux sont dits "composites" car ils allient les deux rangées de feuilles d'acanthe du style corinthien aux volutes du style ionique.

    Ces colonnes jumelées se continuent sur la façade de l'Hôtel décoré d'un avant-corps central à double colonnes superposées.

    Les figures de La Gloire et de La Magnificence, à demi-couchées, et les deux groupes d’enfants symbolisant Les Génies des Arts surmontent le fronton dont les décors aux armes des Rohan-Soubise ont disparu à la Révolution.

    C'est Robert Le Lorrain (1666-1743) qui est chargé de sculpter les statues représentant les quatre saisons qui ornent le premier étage de l'hôtel.

    L'allégorie du Printemps est accompagnée d'un angelot qui cherche à attraper la guirlande de fleurs...

    Tandis que dans L'Eté, il se cache malicieusement derrière Cérès, la déesse de l'agriculture, brandissant sa faucille.

    L'allégorie de l'Automne tient une grappe de raisins dans la main gauche et une coupe de vin dans la droite.

    L'Hiver enfin, est représenté par un vieillard enveloppé dans une cape, avec un angelot se réchauffant les mains au-dessus d'un brasero à ses pieds. 

    Dans le même temps, l'architecte Delamair est chargé par le futur cardinal de Rohan (celui du "Collier de la Reine"), fils de François de Rohan-Soubise et d'Anne-Julie de Rohan-Chabot, de construire un autre Hôtel particulier qui s'appellera l'Hôtel de Rohan-Chabot.

    Sa façade monumentale se dresse sur les jardins communs aux deux hôtels.

    Le remariage en 1732 d'Hercule Mériadec de Rohan-Soubise, âgé de 63 ans, fils aîné de François de Soubise, avec la jeune princesse Marie-Sophie de Courcillon, âgée de seulement 19 ans, est l'occasion de confier à un nouvel architecte, Germain Boffrand, l'aménagement des appartements.

    Marie-Sophie de Courcillon par Jean-Marc Nattier

    Trop belle, non ?

    En 1735, Boffrand édifie un nouveau pavillon, de forme ovale, qui permet l'articulation avec l'aile nord en retour et dessert les appartements privés du prince héritier et de son épouse. À partir de 1736, il consacre tous ses efforts aux décors intérieurs. Ces appartements comptent parmi les plus beaux exemples de l'art rocaille, chef-d'œuvre collectif dû au talent des meilleurs peintres, sculpteurs et ornemanistes du temps – François Boucher, Charles Natoire, Jean-Baptiste II Lemoyne, Jacques Verbeckt, etc. – réunis sur le chantier autour de Boffrand.

    Vous en avez assez des descriptions extérieures ? C' est bien normal.

    Alors, entrons !

    Dans le vestibule d'entrée, une maquette de l'hôtel

    Avec un plan, c'est plus clair !

    Le N°1 c'est l'Hôtel de Soubise ; en N° on a l'Hôtel de Rohan : les deux hôtels ont été construits par Delamair et affichent, par la forme de leur cour, un petit air de ressemblance. Les autres numéros sont d'autres hôtels particuliers donnant sur la rue des Francs-Bourgeois. En N°7, le CARAN (Centre d'Accueil des Archives Nationales).

    Nous commençons par visiter le rez-de-chaussée, étage qui était réservé au Prince de Soubise. Des peintures des plus grands peintres du siècle de Louis XIV (François Boucher, Charles-Joseph Natoire ou bien Carl Van Loo) ornent magnifiquement les pièces de l'Hôtel.

    Nous voici ici dans la chambre du Prince qui possède une alcôve tendue d'un riche tissu cramoisi.

     Ici, les peintures sont mises en valeur par des cadres en bois doré superbement sculptés : elles représentent des scènes mythologiques.

    Hélas, trois fois hélas, mon ami internet ne m'a pas renseignée sur tous leurs thèmes et comme vous le savez peut-être j'ai une mémoire de poisson rouge !

    Une participante m'a dit ultérieurement qu'il s'agissait d'Aurore et Céphale de François Boucher

    Mars et Vénus de Carl Van Loo.

    et cet autre Neptune et Amphitrite de Jean Restout

    L'hymen d'Hercule et d'Hébé de Pierre-Charles Trémolières

    Il ne faut pas oublier de souligner les superbes moulures qui décorent murs et plafond.

    Ici, les armoiries de la Bretagne dont est originaire la famille de Rohan-Soubise : une hermine au centre encadrée par deux lions, surmontée d'une inscription latine Malo mori quam foedari : mieux vaut mourir qu'être déshonoré.

    Monsieur Obel nous fait aussi remarquer cette très belle pendule ornée de deux angelots.

    En quittant la chambre pour rejoindre la pièce suivante, nous passons à côté de la petite porte dissimulée dans une moulure donnant accès à l'escalier "secret" montant à l'étage de la Princesse...

    Nous voici maintenant dans le Cabinet des livres du Prince de Soubise, une toute petite pièce donnant sur la Chapelle de l'Hôtel.

    Aux angles de la pièce, deux peintures décoratives peintes en camaïeu de bleu, par François Boucher, illustrent La Pêche et La Chasse.

    Nous arrivons ici dans une pièce qui a la particularité d'être octogonale à l'extérieur mais ovale à l'intérieur : on l'appelle d'ailleurs le Salon ovale.

    Beaucoup de sobriété ici : cette harmonie plutôt neutre est seulement perturbée par les dorures des grands miroirs, auxquelles s’ajoutaient autrefois celles des meubles précieux.

    L’un des bras de lumière du salon ovale de l’appartement d’apparat du prince. Vous remarquerez qu'on n'y trouve aucune symétrie contrairement à la coutume.

    Les huit reliefs en plâtre des voussures du salon ovale, moulés et repris au ciseau, présentent des figures allégoriques, très largement consacrées aux arts et aux sciences.

    Pour L’Histoire de Lambert-Sigisbert Adam, le sculpteur a mis en scène la muse Clio, s’apprêtant à compléter le grand livre de l’Histoire, soutenu par Chronos (le Temps), alors qu’une figure de la Renommée souffle dans sa trompette.

    L'Histoire et La Musique du même peintre

    Le grand Cabinet du Prince

    Au-dessus de la porte, une peinture représentant Neptune et Mercure

    Sur le chevalet, un portrait du Prince de Soubise

    La visite des appartement du Prince terminée, nous montons visiter ceux de la Princesse à l'étage. Reconstruit sous Louis-Philippe, l’actuel escalier d’honneur est ornée d’une peinture "plafonnante", réalisée par Félix Jobbé-Duval en 1877-1881.

    Elle représente La France attachant ses archives à la nuit des temps.

    Vue sur la Cour d'Honneur depuis le premier étage

    Nous traversons rapidement une petite pièce, naturellement ornée de très jolis dessus-de-porte.

    Vénus au bain de François Boucher

    et Vénus à sa toilette de Carl Van Loo

    Monsieur Obel nous a raconté ainsi toutes sortes de belles légendes issues de la mythologie.

    Nous entrons ensuite dans la Chambre d'Apparat de la Princesse de Soubise qui est somptueusement décorée. Le rouge cramoisi fut choisi pour les tissus ; le blanc et l’or, pour les boiseries. Le lit de parade à impériale trônait dans l’alcôve, réservée au rituel princier et délimitée par une balustrade dorée.

    Le plafond est orné d'une splendide rosace mettant en valeur le gros lustre en cristal de roche.

    Plus nous progressons, plus il y a de l'or...

    Les médaillons ovales des lambris de hauteur et des parcloses encadrant les trumeaux de glace, exécutés par le fameux Jacques Verbeckt et son équipe d’ornemanistes, illustrent, d'une part, des scènes mythologiques, et d’autre part, les attributs des Sciences, des Lettres et des Arts. Ce second thème renvoyait bien sûr à la formation intellectuelle de la Princesse de Soubise et à son désir de paraître en femme d’esprit.

    Parmi les sujets illustrant les aventures amoureuses de Jupiter, Verbeckt réalisa L’Enlèvement d’Europe : la légende, tirée des Métamorphoses d’Ovide, rappelle que Jupiter séduisit la princesse Europe, fille d’Agénor, roi de Tyr (Phénicie), sous la forme d’un taureau blanc. Attirée par l’odeur d’un crocus qui se trouvait dans la gueule du taureau, la princesse chevaucha l’animal ; celui-ci partit sur les flots, jusqu’à l’île de Crête, où il reprit forme humaine pour parvenir à ses fins.

    Le "clou" de l'Hôtel, si tant est qu'il faille décerner un prix à l'une de ces pièces toutes plus belles les unes que les autres, est le Salon ovale de la Princesse.

    Plusieurs personnes y sont installées sur des chaises pour dessiner.

    Quoi ? Sans doute les Amours qui animent le plafond.

    Cette pièce est un vrai chef-d'œuvre de l'art "rocaille". Evidemment, c'est un peu chargé mais avouez que ça en jette et le Prince de Soubise a besoin d'en mettre "plein les yeux" de sa jeune épouse âgée de 44 ans de moins que lui...

    Le grand lustre en cristal de roche qui y est accroché met en lumière les peintures et fait étinceler les dorures, qui se dédoublent dans les miroirs.

    Ces Amours sont vraiment charmants avec leurs divers accessoires en main (arc, carquois, oiseaux, corbeille de fleurs, thyrse).

    Le Salon ovale renferme l’ensemble de peintures le plus important de la campagne de travaux menée par Germain Boffrand. L'architecte confie l'exécution de celles-ci à Charles-Joseph Natoire qui veille à ce qu'elles s’intègrent harmonieusement au décor en les plaçant dans des cadres trapézoïdaux réservés au sommet de chaque panneau de boiserie. Ils forment un ensemble cohérent avec la sculpture ornementale et les stucs.

    Psyché découvre l'amour endormi (1738) par Charles-Joseph Natoire (1700-1777)

    L'histoire de Psyché

    Psyché est si belle qu'elle éveille la jalousie d'Aphrodite. Paradoxalement, elle ne trouve pas d'époux. Pour se venger, la déesse demande à Eros, son fils et dieu de l'Amour, de la rendre amoureuse du mortel le plus méprisable qui soit. Mais voilà qu'Eros lui-même en tombe amoureux. L'histoire se complique...

    Ici, le peintre illustre l'épisode où Psyché, appréciant les étreintes nocturnes de son mystérieux amant et piquée par la curiosité, approche une lampe à huile du visage de Cupidon laissant tomber une goutte d'huile sur sa cuisse et le faisant fuir.

    Rassurez-vous la mythologie se rapproche ici des contes de fées et l'histoire se terminera par un mariage.

    Au centre de la pièce, une table qui a une histoire.

    Notre guide nous explique que c'est celle sur laquelle Robespierre fut allongé alors qu'il avait été blessé dans la nuit du 9 au 10 Thermidor de l'an II.

    Robespierre blessé - chromolithographie de la fin du XIXe siècle

    Robespierre y agonisa dans l'antichambre du Comité de Salut Public (au Louvre) avant d'être guillotiné le lendemain.

    On peut y voir qu'aux quatre angles, les symboles de la Monarchie (à l'origine cette table, fabriquée en 1744, était celle du Cabinet de travail du Roi au château de Choisy)  ont été remplacés par le bonnet phrygien révolutionnaire.

    Au regard du Salon ovale, cette petite chambre des appartements privés de la Princesse semble bien modeste et pourtant elle est décorée de peintures de prix.

    Dans cet espace par lequel nous terminerons notre visite, un plan de Paris et de ses faubourgs réalisé pour Turgot, le prévôt des marchands, entre 1734 et 1739 par Louis Bretez, membre de l'Académie de Peinture et de Sculpture et professeur de perspective.

    Il a la particularité de nous montrer la capitale sous une orientation qui n'est pas habituelle, celle utilisée par les plans du XVIe siècle, qui utilisent la Seine comme un axe vertical de symétrie. Il couvre approximativement les actuels onze premiers arrondissements. Ainsi, le quartier du Gros Caillou (que certains d'entre vous ont déjà visité avec Anne-Marie), situé de nos jours entre la Tour Eiffel et les Invalides, se retrouve-t-il en bas à droite de la carte.

    Cliquez sur la carte pour l'agrandir.

    En face du plan de Turgot, une table qui elle aussi a une histoire puisque c'était celui de Mirabeau.

    Idem pour ces petits tabourets qui appartenaient sans doute au Comité de salut public.

    La dernière pièce est sombre...

    On peut y voir un "crochet", sorte de diable permettant aux archivistes de porter de lourdes charges.

    Sous la Révolution, l'hôtel de Soubise est mis sous séquestre puis finalement vendu au profit des créanciers de la famille de Soubise, à l'instar de son voisin l'hôtel de Rohan. Par le décret impérial du 6 mars 1808, il est acquis par l'État et officiellement affecté aux Archives de l'Empire. Au même moment, l'hôtel de Rohan est attribué à l'Imprimerie nationale.

    Dans l'ancien hôtel de Soubise, Napoléon Ier fait regrouper les archives qui étaient jusqu'à présent conservées dans plusieurs dépôts parisiens. Cependant, ces espaces, provisoires et inadaptés, deviennent vite surchargés et l'administration doit engager un programme de construction de dépôts ad hoc. La plupart des documents des Archives Nationales se trouvent maintenant à Pierrefitte-sur-Seine.

    Comme toujours, Monsieur Obel nous a gâtés en ne nous faisant grâce d'aucun détail concernant ce superbe Hôtel particulier. Nous devrions être fortiches en mythologie maintenant... Reste à intégrer tout ça !

    Merci à lui pour cette visite très fouillée, et à Anne-Marie qui a organisé la sortie.


    4 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique