• Farniente à Banyuls - La dynamiterie de Paulilles et le site de Tautavel

    L'article précédent : ICI

    La semaine n'est pas finie... Nous avons le temps de faire une autre ballade : celle-ci sera pour le site de Paulilles, voisin de Banyuls, où se trouve l'ancienne dynamiterie créée en 1870 par Paul Barbe suite à l'invention d'Alfred Nobel. Cette usine servira à l'industrie de l'armement ainsi qu'à l'industrie du BTP : percement du Canal de Panama, exploitation minière, percement du Tunnel du Mont-Blanc, etc...

     Visite du Maréchal Pétain à la dynamiterie en 1937

     Paulilles---Visite-du-Marechal-Petain-a-Paulilles-en-193.jpg

     Les ouvriers qui travaillèrent à l'usine (celle-ci a fermé définitivement en 1984) étaient recrutés parmi les agriculteurs et les pêcheurs du littoral à des conditions particulièrement attrayantes : un salaire supérieur au leur et surtout le logement gratuit au sein d'un village entièrement aménagé sur place ce qui leur permettait de vivre en autarcie (il y avait des commerces, une église et une école). Pour l'anecdote, à la naissance de chacun des enfants des ouvriers, il était offert aux filles un poupon en celluloïd et aux garçons un jeu de boules de pétanque !

     Ce poupon est celui de la mère de notre petite guide, Aline, petite-fille d'ouvrière. A côté du poupon, une matrice d'imprimerie des caisses de dynamite.

     Paulilles - Poupon offert aux enfants d'ouvriers par Nobel

     Le site a bien failli être livré aux promoteurs après la fermeture de l'usine (il était prévu d'y construire une marina) mais le projet a finalement été abandonné. Le Conservatoire du Littoral a finalement racheté les terrains pour en faire un lieu de souvenir. Par ailleurs, l'anse de Paulilles abrite toujours une jolie plage peu fréquentée car il faut y venir à pied depuis le parking du Site...

    C'est d'ailleurs pour sa situation en bord de mer, aux antipodes de l'Allemagne et éloigné de tout village que le site de Paulilles avait été choisi par Nobel pour y construire la première dynamiterie.

     Voici la maquette du site tel qu'il existait à l'époque avec une trentaine de bâtiments. Il s'étendait sur 24000 m².

     Paulilles - maquette du site

     La Maison du Site est l'ancienne maison du Directeur.

    Une fresque rappelle l'origine des lieux : l'entrée des ouvriers à l'usine.

     Paulilles - Maison du directeur

     Le jardin du Directeur est attenant à la maison.

     Paulilles - Jardin du directeur

     On y trouve de curieuses constructions : ce sont les socles des anciennes tours de dénitrification de l'usine. Ils sont en pierre de Volvic afin de pouvoir résister à la corrosion : dans ces tours, on séparait en effet par chauffage l'acide nitrique de l'acide sulfurique après synthèse de la nitroglycérine (celle-ci servant à la fabrication de la dynamite).

     Paulilles - Socle de la tour de dénitrification

     Un peu plus loin se trouve le lavoir du Directeur. A l'image du puits voisin, il a des proportions respectables. Il y a une raison à cela : à cette époque, plus les gens avaient un grand lavoir et un grand puits, plus on les pensait riches...

     Paulilles - Le lavoir

     Paulilles - Le puits

     Il ne reste que très peu de bâtiments de l'ancienne dynamiterie. Celui-ci a été conservé avec sa cheminée et sur cet autre une fresque montre les ouvriers dans un moment de détente.

     Paulilles - La cheminée de l'usine

     Non loin de là, du haut de la tour de Vigie (qui servait à détecter la moindre fumée ou autre anomalie sur le site), on a une belle vue sur la baie.

     Paulilles - Vue du haut de la tour Vivie

    Plusieurs accidents eurent néanmoins lieu pendant la période de production de la dynamite sur le site de Paulilles entre 1870 et 1958 : le 27 janvier 1882, une terrible explosion fit vingt morts dans une salle de conditionnement de la dynamite, dont huit ouvriers de Banyuls.

     Ici, on voit un atelier de tamisage des poudres dévasté après une explosion.

     Paulilles---Atlier-de-tamisage-des-poudres-apres-une-explo.jpg

     Mais il existait aussi un autre risque à Paulilles : c'est notre guide, Aline, très professionnelle, qui nous en a parlé. Il s'agissait d'une maladie professionnelle appelée "l'infarctus du Lundi" : pendant la semaine à l'usine, les ouvriers respiraient des solvants qui dilataient leurs artères. Pendant le repos dominical, celles-ci subissaient un rétrécissement et leur retour à l'usine le lundi matin leur était fatal. Beaucoup d'ouvriers préféraient donc se "shooter" pendant le week-end pour éviter ces brusques changements de taille de leurs artères...

     Une autre anecdote : il n'existe pas de prix Nobel des mathématiques.

    Savez-vous pourquoi ?

    L'explication viendrait du fait que la compagne d'Alfred Nobel (Sophie Hess) aurait été "courtisée" par un mathématicien nommé Gösta Mittag-Leffler, suceptible de remporter le prix... En fait, il est plus probable que la raison en soit que Nobel, esprit hautement pratique, n'appréciait pas tellement cette science théorique que sont les mathématiques dont il considérait qu'elle n'apportait rien à l'humanité... L'équivalent du Prix Nobel en ce qui concerne les mathématiques est le Prix Abel (décerné par le Roi de Suède) : il a été créé en 2001.

     Le voyage tire à sa fin...

     Il ne nous reste plus à visiter que le site de Tautavel où se trouve un musée de la Préhistoire ouvert pour mettre en lumière la découverte de "L'homme de Tautavel" dans une grotte régionale (la Caune de l'Arago) il y a de cela quelques 450000 ans...

    L'entrée du Musée de Tautavel

     Tautavel - Entrée du musée

     Agé de vingt ans, l’homme de Tautavel mesurait 1m60. Cet Homo erectus avait toutes les caractéristiques des premiers européens : un front fuyant, un bourrelet au-dessus des orbites, des pommettes saillantes et une mâchoire avancée : bonjour la photo d'identité !

     Crâne reconstitué de l'Homme de Tautavel

     Tautavel - Le crâne de l'homme de Tautavel

     S’il ne maîtrisait pas encore le feu, il se révélait être un excellent chasseur.

     Tautavel - L'homme de Tautavel

    On peut penser qu’il aurait choisi le site de la Caune de l’Arago pour sa situation privilégiée : il pouvait y dominer la vallée, sa source d’eau et par conséquent ses proies.

     Il chassait aussi bien le loup, le bouquetin, l'ours, le renne que le rhinocéros.

     Tautavel - La chasse aux loups et le dépecage du rhinocér

     Tautavel - la chasse

     La grotte a été reconstituée grâce à des empruntes au latex qui ont été prises sur place.

     Tautavel - La grotte reconstituée

     A cette époque, les scientifiques ont déterminé que le paysage dans lequel il vivait ressemblait à cela : les étés devaient être beaucoup plus froids puisqu'il y avait de la neige sur les montagnes environnantes. L'Homme de Tautavel ne connaissait pas les outils en os : il taillait les siens dans la pierre.

     Tautavel - Le paysage en été

     Tautavel---bifaces-copie-1.JPG

     Sol d'un campement de chasseurs de grands herbivores

    Tautavel---Sol-d-un-campement-de-chasseurs-de-grands-herbiv.jpg

    La suite : ICI


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  • Commentaires

    1
    malouine.marie clair
    Samedi 29 Septembre 2018 à 17:58

    c est pour moi une découverte, et en plus bien renseignée.

    j aimerais faire un diaporama, sur ce site .

    Puis-je utiliser vos photos et textes en vous citant bien sur
    au plaisir

    marie claire

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    2
    Tolbiac 204
    Dimanche 30 Septembre 2018 à 12:43
    Bonjour, pas de problème pour utiliser mes photos. Bien à vous
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