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Par Tolbiac204 le 20 Août 2020 à 23:30
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Aujourd'hui, nous avons fait une promenade dans le temps en visitant les tourbières de Frasne, une zone humide protégée. Elles sont situées dans la vallée du Drugeon et leur formation est en partie due au retrait des glaciers lors du dernier épisode glaciaire (entre -25000 et -18000 ans).
Elles ont été aménagées dans le respect de l'environnement : le site est désormais classé "Réserve Naturelle Régionale" et s'étend sur plus de 192 hectares.
Cette vidéo faite par Daniel Gilbert, professeur en écologie microbienne au CNRS, explique très bien la formation des tourbières et leur rôle dans le réchauffement climatique et inversement. Elle est un peu longue (30 minutes) mais vaut vraiment la peine d'être regardée.
Malheureusement, il semble que tous les navigateurs ne puissent pas la lire...
Il existe plusieurs circuits : nous décidons de faire le petit circuit, une boucle de 1,5 kms pour 30 minutes de marche.
Un joli chemin et un temps de rêve...
Tout au long du parcours, des panneaux explicatifs retracent l'histoire du sol étape par étape.
Pour cheminer dans la tourbière, on marche sur un ponton pour ne pas s'enfoncer mais aussi pour ne pas abîmer le milieu naturel protégé. Il est d'ailleurs interdit de sortir du ponton.
La tourbe a ici été exploitée dans les années 1940 ce qui a permis de redonner à cette fosse des conditions de développement de la végétation comparables à ce qu'elles étaient il y a 15.000 ans.
Ici, un sol couvert de bruyères
Là, des mousses
Ce panneau détaille quelques unes des plantes qui habitent la tourbière.
La callune ou bruyère commune, la linaigrette, la sphaigne, l'airelle des marais, la myrtille, l'andromède à feuilles de polium ou encore la canneberge.
Grâce à ce panneau, on apprend qu'une tourbière est bombée.
Ici, la tourbe a été extraite en totalité jusqu'à la roche mère du sous-sol entre 1914 et 1947 par différentes sociétés, comme combustible puis pour produire du gaz nécessaire à la fabrication d'engrais.
Et encore de la bruyère...
Quelle est cette jolie plante des tourbières : je ne sais plus son nom...
Les étapes d'extraction de la tourbe
Un début d'extraction de la tourbe
Des petites briques qui ne sont pas suédoises...
Après cette intéressante promenade, nous avons repris la route et désespérément erré pour trouver vainement un accès voiture au Mont d'Or (en fait, arrivées à Métabief, noud brûlions...).
Nous décidons d'aller déjeuner au bord du lac de Saint-Point alimenté par le Doubs.
Nous sommes ici dans un pays de fromage...
Le clocher-porche (possédant un dôme dit "à l'impériale") de l'église du village est bien typique de la région Franche-Comté.
L'église date du XIIème siècle : elle appartenait alors au Prieuré de Saint-Point et était occupée par les moines bénédictins de l'abbaye de Romainmôtier en Suisse. Ceux-ci se retirent en 1450 et l'église devient une vicairie.
Un incendie ayant détruit le chœur en 1504, celui-ci est reconstruit grâce à la générosité des derniers seigneurs de Joux, la famille Hochberg.
Il en reste de remarquables clefs de voûte.
J'ai remarqué aussi les bancs de l'église, très élégants et joliment éclairés par le soleil.
Nous poursuivons notre route vers le Château de Joux en traversant la forêt de la Joux couverte de sapins.
La Suisse n'est qu'à 15 kilomètres.
A l'approche du château
Pour faire la visite dans les meilleures conditions de sécurité vis-à-vis du Covid 19, un sens-aller (en vert) et un sens-retour (en noir) sont imposés.
Le château domine d’une centaine de mètres le passage de la Cluse, étroit passage naturel qui permet de traverser le Massif du Jura. Cette voie militaire et commerciale relie les routes de Champagne, de Flandres et de Haute-Saône à l’Italie et à la Suisse.
Forteresse militaire, Joux est le seul exemple en France représentatif de l’évolution de l’architecture militaire sur 1000 ans. Au cours de ces 10 siècles, le château de Joux fut sans cesse agrandi, remanié, renforcé pour faire face aux progrès de l’art de la guerre et de l’artillerie. Des sires de Joux au roi de France en passant par les ducs de Bourgogne et la couronne espagnole, le château de Joux eut d’illustres propriétaires qui le façonnèrent en fonction de leur besoin.
Du 18e au 19e siècle, il a aussi été prison d’Etat pour enfermer toute personne menaçant l’ordre du public et la sûreté de l’Etat. Des prisonniers célèbres pour leur combat pour la liberté y ont été détenus tels que Mirabeau ou Toussaint Louverture.
Le château est aujourd’hui composé de 5 enceintes, 2 hectares de bâtiments, 250 pièces, 3 fossés et 3 ponts-levis. Ouvert à la visite depuis 1954 et classé au titre des monuments historiques depuis 1996, le château a su préserver son histoire dans un site naturel authentique.
Ici, la quatrième enceinte prenant la forme d'un ouvrage à cornes.
Vue d'ensemble du château
Devant la Porte d'Honneur datant du XVIIème siècle, une statue miniature de Sébastien Lepreste de Vauban par Pierre Duc rappelle que l'architecte de Louis XIV participa, en son temps, à la fortification du château.
La tour du fer à cheval a été construite au XIVème siècle.
Intérieur de la tour
Ca, c'est du pilier !
Le cadran solaire de la Place d'Armes date de 1693. Il donnait l'heure pour rythmer la vie des soldats de la garnison. L'après-midi, il est totalement à l'ombre et un autre cadran le remplace au sud.
La devise "Sol regit omnia" qui signifie "Le soleil gouverne tout" fait aussi référence au Roi Soleil.
Cet escalier également situé sur la Place d'Armes s'appelle "l'escalier ha-ha" : constitué de deux volées de marches de pierre, il est interrompu au centre par un palier de planches de bois amovibles : en cas d'invasion, on retirait les planches et les assaillants criaient "ha-ha" avant de tomber !
Enfin, ça c'est moi qui le dit, je n'ai pas trouvé d'autre explication...
Sans vouloir me répéter : ça, c'est de la casserole !
Tout au long de notre visite, nous voyons des petites affichettes amusantes nous rappelant qu'il faut porter le masque...
Elles font allusion aux deux personnages célèbres ayant été emprisonnés au Château de Joux.
C'est dans ce cachot que le Général François Dominique Toussaint Bréda, dit Toussaint Louverture, Gouverneur de l'Ile de Saint-Domingue, initiateur de l'abolition de l’esclavage et de l'indépendance d'Haïti (première république noire) fut enfermé le 23 août 1802 sur ordre de Napoléon et y mourut sept mois plus tard.
Né en 1743 sur la colonie française de Saint-Domingue (Haïti), Toussaint est esclave dans une plantation de canne à sucre. Il assure les fonctions de cocher. Affranchi en 1776,il valorise une plantation de café où il possède ses propres esclaves. Il apprend à lire et à écrire.
Avec la Révolution française, un vent de liberté souffle à Saint-Domingue. La nuit du 22 août 1791, les esclaves réunis lors d'une cérémonie vaudou prêtent le serment de se révolter et Toussaint Louverture œuvre en sous-main pour organiser l'insurrection. Afin de retrouver l'ordre, la France finit par déclarer l'abolition de l'esclavage le 4 février 1794.
Toussaint Louverture rejoint l'armée française pour combattre les espagnols et les anglais. Devenu général, il réussit à réunir l'intégralité de l'île sous sa domination. En 1801, il se nomme Gouverneur à vie, ce qui déplait à Napoléon Bonaparte alors consul : celui-ci envoie 86 vaisseaux pour reprendre le contrôle de l'île et rétablir l'esclavage. Après quatre mois de résistance, Toussaint Louverture est arrêté par la traîtrise : il est enfermé le 23 août 1802 au Château de Joux, sans procès, et accusé de haute trahison et de rébellion.
A son arrivée au château, il est déjà âgé et souffre de blessures de guerre et d'une maladie respiratoire. Même s'il est correctement nourri, il est tenu au secret, ne peut recevoir de visite et n'a pas le droit de sortir de sa cellule très peu éclairée. Il y décède le 7 avril 1803.
Le 1er janvier 1804, Haïti devient la première République noire au monde. L'esclavage est définitivement aboli par la France en 1848.
Autre prisonnier célèbre du Château de Joux (mais pas dans les mêmes conditions) : Mirabeau
Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, est accusé par sa famille de mener une vie dissolue, accumulant les scandales et les dettes. Son père demande au roi qu'il soit enfermé sans jugement grâce à une lettre de cachet. D'abord emprisonné au château d'If, Mirabeau use de son éloquence pour séduire la cantinière. A 26 ans, il est transféré au château de Joux. Il sympathise rapidement avec le gouverneur, ce qui lui permet de bénéficier d'un régime de faveur : il peut travailler dans un bureau pour lire et écrire, sortir pour aller à la chasse ou se rendre à Pontarlier, la ville voisine. Lors d'un dîner, il rencontre Sophie de Ruffey, âgée de 21 ans, mais qui hélas est déjà mariée au marquis de Monnier qui lui en a 78 ! Les deux jeunes gens tombent amoureux et, devenus amants, s'enfuient jusqu'en Hollande où ils sont arrêtés deux ans plus tard. Sophie est recluse au couvent de Giens. Quant à Mirabeau, il sera enfermé trois ans au château de Vincennes. Les deux amants s'envoient des lettres d'amour mais Sophie finira par se suicider quelques années plus tard. C'est alors que Mirabeau se lance en politique et devient l'un des plus grands orateurs de la Révolution. Il s'engage aussi dans la lutte contre l'esclavage. Il mourra en avril 1791 à 42 ans.
Voici sa cellule
Joli angle, non?
La citerne médiévale : elle possède une margelle et se trouve dans la cour du donjon. En montagne, l'approvisionnement en eau était primordial.
Voici le logis des gouverneurs, situé dans le donjon.
Avant de quitter le château, un petit tour sur la terrasse pour admirer le paysage.
Fin de la visite
La suite très bientôt...
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Par Tolbiac204 le 20 Août 2020 à 23:00
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Près du petit village de Myon dans le Jura où nous séjournons depuis deux jours, se trouvent les sources du Lison : la rivière prend sa source au fond de la reculée de Nans-sous-Sainte-Anne.
Pas facile de restituer par une photo prise depuis la voiture la beauté des paysages que nous traversons... Il y a souvent des troupeaux de Montbéliardes qui paissent dans des prés pas encore complètement grillés par le soleil de cet été caniculaire.
Cette petite montagne calcaire toute plissée nous confirme que nous ne nous sommes pas trompées de région : ici, la montagne a une histoire et elle n'est pas récente !
Nous y voilà...
La source est en fait une résurgence d'un immense réseau souterrain (les eaux du Doubs) et s'extrait d'une caverne surmontée d'une paroi rocheuse sous la forme d'une cascade. La végétation y est luxuriante comme vous pouvez le constater.
C'est un vrai havre de paix.
Elle débite jusqu'à 600 litres à la seconde !
La photo pour le mariage de Samantha et Damien auquel nous n'irons pas, Covid oblige...
Pour pénétrer dans la grotte il faut passer sous le tunnel percé dans la roche qui conduit à une plateforme appelée la "Chaire à prêcher".
Au bout d'un cours de 25 kms, le Lison va se jeter dans la Loue.
Et justement, c'est la source de la Loue que nous allons maintenant aller voir. Au départ du parking, un joli petit chalet propose des boissons aux touristes assoiffés.
Nous prenons un chemin pentu et voyons régulièrement de tels panneaux indiquant des refuges pour les cas de fortes pluies.
Intéressant aussi ce passage de roches préservé depuis le Moyen-Age : on y voit encore la trace de profondes rainures creusées dans la roche qui permettaient aux chariots (lourdement chargés de matières premières et de produits transformés par les moulins de la source) de ne pas "dérailler" et ainsi se fracasser contre les rochers ou même de verser dans le fossé.
La falaise au-dessus de la cascade de la Loue est tellement haute (104 mètres) qu'il m'a fallu prendre deux photos et les raccorder pour en fixer l'intégralité...
L'endroit est absolument grandiose !
Avec le son maintenant...
Le débit de la source est de 6 m3/s.
L'origine de la rivière souterraine a été découverte par hasard. Le 11 août 1901, les distilleries Pernod à Pontarlier sont la proie des flammes. Afin de contrer l'incendie qui menace les stocks d'alcool pur et d'absinthe, le maire ordonne aux pompiers de déverser les cuves dans le Doubs. Près d'un million de litres vont ainsi partir dans la rivière. Deux jours plus tard, la source de la Loue se teinte d'un jaune doré aux reflets verts. André Berthelot, fils du célèbre chimiste, présent sur les lieux, constate que l'eau a bien le gout de l'absinthe. Le 14 au matin est constaté à Mouthier que l'odeur de la Loue "est aussi forte que celle d'un verre d'absinthe pris sur la table d'un café". La Loue est donc une résurgence du Doubs.
Beaucoup de sentiers sont balisés mais il fait bien chaud aujourd'hui pour marcher longtemps...
Sur le chemin de la centrale hydroélectrique
Encore un panneau qui conseille la prudence : la petite rivière peut devenir méchante...
Voici la centrale hydroélectrique : l'eau prélevée à la Source y est canalisée par une conduite forcée et actionne avec force une turbine solidaire d'un alternateur qui produit alors de l'électricité.
Le lac de barrage en aval de la source
Sans doute sert-il à réguler le cours de la Loue... ?
Fin de la balade
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Par Tolbiac204 le 19 Août 2020 à 23:30
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Après avoir vu le Musée du sel à Salins-les-Bains, nous prenons la route d'Arc-et-Senans afin d'y visiter le site de la Saline Royale.
Ancienne manufacture de sel du XVIIIe siècle, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial par l’UNESCO, elle est le chef-d’œuvre de Claude Nicolas Ledoux et constitue un témoignage rare dans l’histoire de l’architecture industrielle.
Implantée près de la forêt de Chaux, elle était reliée à Salins-les-Bains (située 143 mètres plus haut) par un saumoduc de 21 kms de long - enterré pour le protéger des intempéries et des pillards - qui acheminait les "petites eaux" (les moins chargées en sel) devant y être évaporées à l'intérieur des bernes (bâtiments d'évaporation du sel).
On y entre par le Pavillon des Gardes qui constituait le seul accès possible pour les hommes et les matières premières : chaque entrant ou sortant était scrupuleusement fouillés afin d'éviter les fraudes. Au rez-de-chaussée, il abritait une prison, un lavoir, un four banal et une boulangerie. À l'étage se trouvaient des logements pour les portiers, les gardiens et l'aumônier de la saline.
Aujourd'hui on y trouve l'accueil avec la caisse (ce bâtiment a donc toujours la même fonction de contrôle) et la librairie.
A l'intérieur, on a la curieuse impression d'entrer dans une grotte : en "cul-de-four", elle évoque les entrailles de la terre dont on extrait le sel.
Celle-ci est décorée d'urnes d'où s'écoule la saumure en voie de cristallisation, un motif omniprésent dans la saline.
Nous commençons la visite - libre - par la découverte du jardin : c'est en effet cette année c'est la 20ème fois que la Saline d'Arc-et-Senans prête son cadre à un Festival des Jardins.
Cette année, c'est sur le thème du cirque que les jardiniers ont planché pour rendre hommage à la Dernière Saison du cirque franc-comtois, le Cirque Plume, qui tire en effet sa révérence en 2020 après avoir révolutionné l'art du cirque pendant plus de trente ans.
Cet espace s'intitule "Fauves".
Le paysagiste a rendu ici hommage aux lions, aux tigres ou encore aux panthères : les imaginez-vous passant à travers ces cerceaux enflammés... ?
En arrière-plan, les bâtiments de la saline
Entrée dans l'arène: eh oui, il faut se baisser !
"La clairière aux contes"
Le visiteur est invité à entrer dans ce bois pour y découvrir - qui sait ? - les esprits qui les hantent...
En tirant sur les ficelles pour donner vie aux marionnettes endormies, nous voilà devenus artistes !
Echappée sur les bâtiments de la saline : à droite au fond, la maison du Directeur et au centre, une "Berne" (atelier d'évaporation de la saumure).
"Tomber, pas tomber"
Au cœur du cercle de peupliers (une allusion à la piste sans doute), l'entracte a commencé...
Ces brumisations au ras du sol sont plus que bienvenues en cette journée chaude.
"Habitat nature"
Cette démarche - construire des lieux de vie en parfaite adéquation avec l'environnement naturel et local, avec des matériaux renouvelables et une empreinte carbone positive - fait allusion à la ville idéale de Claude-Nicolas Ledoux.
Il s'agit d'une "Kerterre" de cinq mètres de diamètre réalisée à partir de mèches de chanvre trempées dans un mélange de chaux et de sable.
La structure en bambou a donné le gabarit.
Une perspective de la ville idéale de Claude Nicolas Ledoux : à l'origine, le projet de l'architecte était circulaire mais il a été abandonné.
Le Pavillon des Commis : le mot "commis" est un peu tombé en désuétude. Il désignait jadis les employés chargés de la vente ou des écritures dans les commerces ou les administrations.
Le pavillon, d'architecture palladienne, portait le nom de "Gabelle" (celui de l'administration chargée de la perception de l'impôt sur le sel) et abritait les bureaux et les logements des contremaîtres et des comptables de la saline. Ne donnant pas sur la cour centrale, il disposait également d'une cour et d'un jardin ainsi que de latrines aux quatre angles du bâtiment.
La cour centrale : vue générale vers le Pavillon des Gardes
J'aurais dû la filmer en panoramique...
Un "Bernier"
Il s'agissait de deux bâtiments identiques dans lesquels dormaient les ouvriers et leurs familles qui étaient ainsi au plus près de leur lieu de travail. Les "berniers" travaillaient aux chaudières et les "sauniers" faisaient sécher les pains de sel.
Chaque aile était divisée en six chambres censées accueillir chacune quatre personnes. Il y avait au centre le foyer de la cheminée et de chaque côté la cuisine et la salle commune destinée aux repas.
Certaines de ces chambres ne recevaient qu'une lumière du jour fort chiche par l'évasement d'une urne renversée.
C'est à l'intérieur des bâtiments appelés "Berniers" que les ouvriers procédaient à l'évaporation de l'eau salée. D'une longueur de près de 80 mètres, chaque berne comprenait quatre bassins en fer appelés "poêles" (15 m x 6 m x 1 m de hauteur) qui étaient fabriqués sur place à la Maréchalerie. Les poêles étaient séparées les unes des autres par des murs intérieurs et la cuite durait entre 24 et 72 heures. Après 18 cuites consécutives, l'activité cessait le temps d'effectuer le détartrage des poêles. Les bernes ont été vidées de leur contenu au début du XXème siècle.
Les charpentes en béton armé que l'on peut admirer aujourd'hui ont été réalisées dans les années 1930 par l'architecte Julien Polti lors de la rénovation du bâtiment.
Les deux grands Berniers accueillent aujourd'hui des spectacles ou des séminaires.
La maison du Directeur et l'un des ateliers d'évaporation ou "Berne"
La maison est actuellement transformée en Musée Ledoux. Malheureusement, les photos qui expliquent très bien tout le processus d'évaporation de l'eau salée et de façon plus générale tout ce qui se rapporte au sel y sont interdites.
On peut y voir un buste de Claude Nicolas Ledoux.
Les écuries du Directeur
Fin de la visite !
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Par Tolbiac204 le 19 Août 2020 à 23:00
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Aujourd'hui, après un bon petit-déjeuner, nous partons pour Salins-les-Bains, une petite bourgade de 3500 habitants à ce jour mais ayant eu beaucoup plus d'importance auparavant à cause de son passé industriel florissant de production du sel - "l'or blanc" - remontant au Vème millénaire av. J.-C.
Sur la route de Salins : il a fait tellement chaud cet été que les arbres roussissent déjà...
En Franche-Comté, les vaches sont des Montbéliardes.
Visite guidée de la Grande saline de Salins-les-Bains
Imaginer la mer dans le Jura, c’est faire un grand voyage dans le temps. Elle était pourtant bien là, la mer, il y a 110 millions d’années ! Et cette eau salée, qui s’est lentement évaporée, a laissé dans les sous-sols terrestres à 250 mètres de profondeur un banc de sel fossilisé à l’abri sous une haute couche de sédiments. C'est le lessivage de ce gisement par des infiltrations d'eau de pluie qui provoque la naissance des sources d'eaux salées alimentant la saline.
Dans toute la Franche-Comté, le sel, était obtenu par évaporation artificielle en chauffant la saumure, par opposition aux marais salants où c'est le soleil qui agit naturellement : on appelle ce sel, le sel ignigène (évaporation de la saumure par le feu). Pendant plusieurs siècles, le bois a servi de combustible (il y avait d'importantes coupes dans les forêts environnantes), mais pour des raisons calorifiques et économiques, le charbon fut adopté au début du XIXe siècle.
La production de la Grande Saline était la plus importante de la Franche-Comté. Au XVIIe siècle, la saline produisait 14 000 tonnes de sel annuellement et alimentait le comté de Bourgogne, la Suisse et les Flandres. Le sel, l’or blanc, a alors impacté grandement le développement de Salins-les-Bains qui est devenue dès lors la capitale économique de la région, deuxième ville de Franche-Comté après Besançon qui elle était le centre politique et administratif. Il faut savoir que les recettes de la Grande Saline représentaient la moitié des revenus de la Franche-Comté...
Un petit film pou mieux comprendre
Le sel est au cœur d’enjeux politiques et stratégiques ; sa production est géré par les souverains de la Franche-Comté (comtes de Bourgogne, rois d’Espagne, royaume de France) et doit être protégée. Dès le Moyen-Age, Salins-les-Bains se dote d’un système de défense impressionnant dont les forts Belin et Saint-André sont aujourd’hui les derniers vestiges.
Vue sur la ville depuis la route montant au Fort Saint-André
Devant l'entrée du Fort Saint-André : hélas, il ne se visite pas...
La Saline elle-même se fortifie. Autour des deux hectares de bâti industriel, un mur se dresse pour protéger le sel, très convoité. La saline s’apparente alors à une véritable forteresse, une ville dans la ville, qui se distingue par son fonctionnement autarcique, en opposition aux autres sites industriels de la région : bâtiments de production, ateliers, logements, taverne, tribunal, chapelle, prisons... la Grande Saline est au Moyen-Age un modèle industriel et social qui emploie 820 ouvriers, hommes et femmes, sur les 8 000 habitants que compte alors Salins-les-Bains.
Détail du tableau de Nicolas Richard peint en 1664 montrant les fortifications autour de la saline.
Vue sur la ville depuis l'entrée du Musée du sel
La visite de la Saline débute par celle du Musée du sel dominé par le fort Saint-André.
Dans une grande salle, on peut voir exposés les anciens saumoducs destinés à transporter la saumure vers la saline d'Arc-et-Senans de 1780 à 1895. Ce saumoduc en bois de sapin de 21 kms de long était enterré pour éviter les vols.
Notre guide nous y montre aussi la reproduction d'une tapisserie où l'on peut voir qu'au Moyen-Age, la roue actionnant le griau (perche à long balancier pourvu d'un seau et d'un contrepoids, qui permettait de puiser l’eau salée à travers le banc de sel gemme) était actionnée par des manèges à chevaux appelés "norias".
Dommage que cette reproduction ait été placée en plein contre-jour...
Elle nous montre également les restes des murs de l'enceinte protégeant la saline des vols.
Nous descendons ensuite dans de monumentales galeries souterraines (165 m de longueur) datant du XIIIème siècle, sous des voûtes en plein cintre, reliant deux puits dont l’un est encore équipé d’une pompe hydraulique assortie d'un griau.
Voici l'escalier descendant dans le puits
Au premier plan, le griau qui permet l'extraction de l'eau salée
La roue est actionnée par l'eau de la Furieuse.
Les eaux douces circulent dans les voûtes au sein d'un canal qui les sépare des eaux salées. Le sol sur lequel on marche a été épandu avec les résidus de charbon utilisés pour chauffer les fours.
Nous remontons alors pour aller visiter l'endroit où les sauniers faisaient évaporer le sel dans des sortes de fours appelés "poêles".
La saumure (ou muyre) - contenant entre 80 et 330 grammes de sel par litre - est déposée dans ces poêles métalliques qui sont chauffées de façon à faire évaporer le sel. Ce procédé peut durer jusqu'à 18 heures. Celui-ci est ensuite récupéré à l'aide d'un râteau appelé "râble" et mis à égoutter sur le "toit" de ces poêles.
La brouette est pleine ! Pour cela les ouvriers ont travaillé dur et dans des conditions de température extrêmes : il peut faire près des poêles jusqu'à 50°C...
NB : le mot "salaire" vient du mot sel. Autrefois, on payait les gens en sel car celui-ci était nécessaire à la vie...
Les bâtiments de la saline avec les deux cheminées.
L'activité de la saline va décroître progressivement avec l'arrivée des réfrigérateurs dans les maisons jusqu'à sa fermeture en 1962. Cependant, les mécanismes de cette époque fonctionnent toujours : en effet, en 1854 une station thermale s'est implantée qui utilise toujours la machinerie pour puiser le sel en profondeur.
Le Grand-Hôtel des bains et le fort Saint-André
Le Casino de Salins-les-Bains : une architecture révolutionnaire...
Le monument au Général Cler, mort au combat à Magenta, devant l'Hôtel de ville
La coupole de la chapelle Notre-Dame Libératrice construite entre 1640 et 1662 est en tuiles vernissées. La photo n'est pas de moi mais elle montre bien la beauté de son toit.
Celle-ci est de moi, on le voit bien par le ciel...
Pendant la guerre de Dix Ans, l'ennemi semant la terreur et la peste régnant, le père Marmet, un cistercien, persuade la municipalité de construire une chapelle à la Vierge Libératrice.
Fin de la visite de Salins-les-Bains
La suite ICI.
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Par Tolbiac204 le 18 Août 2020 à 23:00
L'an dernier, nous avions dû annuler notre projet de vacances dans le Jura pour raisons de santé. Cette année, le voici à nouveau à l'ordre du jour.
Parties de Courcelles le matin, notre objectif du soir est le petit village de Myon, situé au sud de Besançon, où j'ai réservé un hôtel en demi-pension pour nous deux.
Notre route, très boisée, nous fait passer par le nouveau Parc National de Forêts de Bourgogne et Champagne et nous conduit à la petite ville de Gray en Haute-Saône où nous décidons de nous arrêter pour déjeuner.
Au centre ville, nous pouvons admirer l'ancien Hôtel de Ville Renaissance dont la façade comporte huit arcades cintrées, reliées par des colonnes en marbre rose de Sampans avec chapiteaux corinthiens.
Son toit en tuiles vernissées nous rappelle que nous sommes ici en Franche-Comté.
Sur l'angle gauche à l'étage, un cadran solaire
En dessous, une statue du peintre et sculpteur François Desvoge né à Gray en 1732 (décédé à Dijon en 1811).
Sainte-Anne et la Vierge (François Desvoge)
L'ombre est la bienvenue sous la colonnade car il fait beau et chaud ce jour-là.
A l'autre extrémité du bâtiment, une statue de Jean-Baptiste Romé de L'Isle, né à Gray et décédé à Paris (1736-1790) : ce physicien et minéralogiste français est considéré comme le créateur de la cristallographie moderne.
Après avoir déjeuné en terrasse sur les bords de Saône, nous reprenons la route vers Dôle, deuxième étape de ce voyage aller.
Depuis la place aux fleurs, on peut apercevoir le clocher de la Collégiale Notre-Dame.
Charmante, cette fontaine voisine d'une terrasse de café intitulée "L'enfant à l'amphore" : elle a été sculptée par François Rosset.
Cette sculpture s'intitule "Les commères" : elle fait face à la ville basse.
Dole a été capitale de la Franche-Comté jusqu'en 1676 et en garde un riche patrimoine bâti.
L'Hospice général de la Charité construit au début du XVIIIème siècle est devenu le Lycée Charles Nodier : il se situe dans le centre historique de Dole.
Quant à l'ancien Hôtel-Dieu de Dole - désaffecté depuis 1992 - il abrite désormais les archives municipales, la bibliothèque patrimoniale et la médiathèque de la ville.
La ville a été fortifiée sous Charles-Quint : des sept bastions qui existaient à l'origine ne subsiste que le Bastion Saint-André.
L'Office de Tourisme a balisé un parcours permettant de voir les principaux sites de la ville : il s'intitule "Le circuit du chat perché" (un clin d'oeil à Marcel Aymé) et est matérialisé au sol par des triangles de cuivre.
Nous le suivons !
Il nous conduit à un endroit très pittoresque nommé "La fontaine aux lépreux" ou encore "Grande fontaine" auquel on accède par l'intermédiaire d'un tunnel souterrain. La source qui l'alimente a été pour la première fois mentionnée en 1274. Il s'agit d'une résurgence vauclusienne. Elle fut aménagée en lavoir au XVIIIème siècle.
Cet endroit a fortement inspiré Marcel Aymé pour son roman "Le moulin de la sourdine".
A l'issue de ce passage, on se trouve sur les quais du Doubs : un endroit super agréable et très fleuri que les nénuphars ont colonisé.
Sur le canal des tanneurs
Dès le XIIIème siècle, ce quartier fut dédié à la fabrication des cuirs pratiquée dans les immeubles étroits et tout en hauteur bordant le canal. Les tanneries se trouvaient au niveau des caves qui donnaient alors directement sur l'eau.
Ce restaurant porte bien son nom : La petite Venise...
Trouée sur la Collégiale Notre-Dame
Retour par l'autre rive
Retour vers le centre de la ville : le clocher-porche de la Collégiale Notre-Dame est haut de 73 mètres et a pu servir de guet pour annoncer les incendies.
La Brasserie Louis Pasteur rappelle que nous sommes ici à Dole dans la ville natale du grand homme. On peut d'ailleurs visiter sa maison natale mais nous avons de la route à faire...
L'Hôtel de Champagney - ou maison Margot -, situé à l'angle des rues Granvelle et Pasteur, a fière allure avec à gauche sa viorbe (vis) inscrite dans une tourelle polygonale d’aspect encore médiéval et son grand escalier à rampes droites sur la droite. Il date du XVIème siècle.
La Collégiale n'est pas loin...
Voici la maison natale de Louis Pasteur. Le découvreur de la rage a passé peu d'années dans cette maison : seulement de 1822, date de sa naissance, à 1825 où ses parents déménagent pour aller à Arbois. La maison de son père qui était tanneur était située dans ce quartier plutôt insalubre.
Un peu plus loin une étonnante tour octogonale dans une petite cour
Belle façade de la Maison des Orphelins (XVIIIème siècle)
Pas vilain non plus cet ensemble de maisons anciennes, plus à mon goût d'ailleurs.
En vue de la Collégiale dont la construction a commencé en 1509. L'église est très riche mais nous ne l'avons pas vue dans le détail, toujours un peu pressées par le temps...
Le porche est solidaire du clocher.
Le portail occidental
Vierge à l'Enfant au dessus du portail
Vue sur la nef
Sur les colonnes qui ornent la nef, on peut voir des fragments de peinture et des croix de consécration. Les piliers ronds et massifs qui montent jusqu'à la voûte sont une caractéristique du gothique finissant.
Une croix de consécration
Le Grand Orgue de tribune comprend 1500 tuyaux et a été construit de 1750 à 1754.
L'église possède deux chaires : celle-ci est en bois doré du XVIIIème siècle.
Vue sur le chœur
Cette jolie Vierge à l'Enfant située dans le chœur est attribuée à l'atelier du sculpteur espagnol Jean de la Huerta : sculpture en pierre du XVe siècle.
A la sortie de la Collégiale, nous "tombons" au niveau d'une placette sur un mur peint en trompe-l'œil : il met à l'honneur les hommes et les femmes ayant marqué l'histoire de la ville au cours des dix siècles passés. On l'appelle "La fresque des Dolois". Elle a été inaugurée en septembre 2017.
On peut voir Louis Pasteur à la fenêtre du premier étage ou encore "La jument verte", le célèbre roman de Marcel Aymé écrit en 1933.
A l'étage inférieur, on peut voir accoudé au balcon Jacques Duhamel (ancien ministre de l'Agriculture et des Affaires Culturelles, Maire de Dole dans les années 70), voisinant avec différents personnages ayant marqué l'histoire de la Bourgogne dans les siècles précédents. Frédéric Barberousse est représenté sous la forme d'un étendard.
Au rez-de-chaussée, on peut voir Marcel Aymé en "Passe-muraille" et une affiche publicitaire ventant "Le Bleu de Dole" (ce bleu d’outremer artificiel, azurant optique mis au point en 1828 par le chimiste lyonnais Guimet, permettait d’aviver la blancheur du linge lors de la lessive. D’utilisation simple, son succès fut foudroyant, et très vite, de nombreux fabricants, spécialisés dans les cirages et les bougies, proposèrent ce nouveau produit. Ce fut le cas à Dole au sein des entreprises Balois, Daloz, Boilley, Malpas, Tripard-Poux, Talissot & Chevalier, actives aux 19e et 20e siècles).
Notre route se poursuit sous une pluie battante (un orage a éclaté) jusqu'à Myon où nous prenons possession de nos deux chambres à l'Auberge Marle (cliquez ICI) tenue par Bruno et Marie Claude, des hôtes charmants et surtout des restaurateurs hors pair. L'hôtel lui, est sans prétention mais bien équipé.
La vue depuis ma chambre : y'a pas à dire, nous sommes dans le trou du cul du monde !
Le soir, petit tour dans le village d'environ 180 habitants : un Montliot et Courcelles jurassien en quelque sorte...
Sur la carte de la région, on trouve un "Courcelles" et un "Chatillon : drôle, non ?
L'hôtel est voisin de l'église de l'Assomption et... celle-ci sonne toute la nuit !
La fontaine du village
Les maisons sont en pierre de pays, donc jolies.
Parfois cossues...
Parfois plus simples.
Une jolie fenêtre
Nous sommes ici dans une région très boisée.
Sur plusieurs maisons, on trouve de drôles d'installations comprenant une poulie située en haut du mur reliée à une sorte de machine mais nous n'avons pas réussi à comprendre de quoi il s'agissait.
Le soir, nous avons dîné d'une spécialité de la maison depuis plusieurs générations : la croûte aux morilles. Même si on se relèverait pour en manger, je n'ai pas pu terminer mon assiette tellement notre hôte nous avait déjà gâtés avec de petits amuse-gueules de sa fabrication, suivis d'une entrée copieuse...
Les ingrédients pour 6 personnes
- 500 g de morilles fraîches ou 100 g de morilles séchées
- 50 cl de crème crue épaisse
- 25 g de beurre
- 5 cl de Savagnin (un vin jaune du Jura)
- 1 échalote
- 1 gousse d’ail
- Quelques brins de persil
- 6 tranches épaisses de pain de campagne
La recette de la croûte aux morilles
- Si vos morilles sont séchées, placez-les dans un petit saladier et recouvrez-les d’eau tiède de façon à ce qu’elles se réhydratent pendant au moins 2h. Si elles sont fraîches, lavez-les soigneusement plusieurs fois.
- Pelez et ciselez l’échalote
- Dans une poêle, faites fondre l’échalote dans le beurre.
- Égouttez les morilles puis ajoutez-les dans la poêle.
- A l’aide d’un filtre à café, filtrez le jus. Cela permettra d’éliminer le sable éventuellement restant.
- Versez le vin blanc sur les morilles.
- Laissez réduire.
- Ajoutez l’ail et la moitié de la crème.
- Salez, poivrez à votre convenance.
- Remuez puis laissez mijoter à feu doux et à couvert pendant 1h.
- Ajoutez le reste de la crème petit à petit au cours de la cuisson lorsque cela a commencé à réduire.
- Toastez le pain puis coupez chaque tranche en 2 dans la longueur.
- Servez les morilles dans des assiettes creuses, dans des ramequins ou dans des cocottes individuelles.
- Disposez le pain toasté dessus.
Je pense que cet automne je tenterai le coup !
La suite ICI.
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