• Pour cette nouvelle conférence au sein de notre association, Lucie Pierre a choisi de traiter du thème suivant : les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain

    Plan de son intervention : La Cène, L'Ecce Homo, La Crucifixion, La Pietà, Le Christ mort dans son tombeau, La Résurrection.

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     1- La Cène 

    La peinture murale de Léonard de Vinci (1495) sert de référence. Elle se trouve au couvent des dominicains à Milan. On y voit Judas à gauche du Christ mettant la main dans un plat et ayant renversé le sel, signe de sa trahison (Jésus est le sel de la terre).

    Dans ce tableau, les sentiments intérieurs sont illustrés par la gestuelle des personnages.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

     ► La Cène de Mary Beeth Edelson (Some living American women artists) - 1972

    Mary Beth Edelson est une artiste qui se rattache dans les années 1970 au "Feminist Art Mouvement". Sa performance est symbolique. Elle se réapproprie l'œuvre de Vinci.

    Tandis que dans la représentation classique de la Cène, la moitié de l'humanité est évacuée (on y voit que des hommes), l'artiste choisit ici de ne représenter, au contraire, que des femmes en utilisant un photos-montage : Georgia O'Keeffe incarne ainsi le Christ ; Lee Krasne, Louise Bourgeois, Yoko Ono, des apôtres. L'oeuvre est bordée d'une frise composée de plus de 50 photographies d'artistes contemporaires vivantes.

    Mary Beth Edelson ouvrira aux Etats-Unis la première galerie pour femmes.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La cène de Renée Cox (Yo Mama's Last Supper) - 1996

    Là, il faut oser !

    Représenter une femme nue, enceinte et noire par-dessus le marché, au centre de la scène en lieu et place du Christ entourée par les apôtres (tous des hommes noirs, Judas étant le seul homme blanc).

    L'artiste revendique le droit des femmes à devenir prêtres. Il s'agit d'un autoportrait exécuté à partir de montages photographiques.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

     

    ► La Cène de Raoef Mamevov (The Last Supper) - 1998

    Il s'agit ici aussi pour cet artiste azerbaïdjanais de faire réagir le public avec cette Cène représentée par des handicapés trisomiques réunis autour d'un partage. Il faut se souvenir qu'à cette époque là l'Eglise rejetait les handicapés sous prétexte qu'ils ne comprenaient pas la Communion. Chacun des modèles a posé séparément, les photographies étant ensuite rassemblées par ordinateur pour créer ces compositions épurées.

    De fait, The Last Supper inverse de façon spectaculaire le monde malsain de Jérôme Bosch où des visages similaires figuraient la monstruosité du péché et de la barbarie. ici, l'anormalité se situe du côté du bien...

    L'image de Jésus et des Apôtres ainsi projetée redéfinit la notion de charité, d'empathie, et démonte l'idée insupportable de la différence.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13 

    ► La Cène de Zeg Fanshi (The Last Supper - 2001

    Ici, le Christ et les apôtres sont masqués de blanc, imitant les gens que l'on croise dans la rue, sans expression, tous anonymes. Ils ont tous un foulard rouge (l'artiste chinois n'a pas été admis au Parti Communiste à cause de son père qui était très catholique).

    Seul Judas a une cravate jaune, symbole du pouvoir de l'argent, le capitalisme.

    D'ailleurs, cette œuvre a été achetée 23 millions de dollars !

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Cène de David La Chapelle (Jesus is my home boy) - 2013

    Ce qui se traduit par "Jésus est mon pote" !

    Le Christ est en rouge entouré d'un halo doré simulant une auréole. Il s'agit d'une photographie aux tons très saturés, ce qui donne un aspect irréel à la scène. On pressent l'art de la Renaissance derrière.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Cène de Marithé et François Girbaud (affiche publicitaire pour la boutique de vêtements de Marithé et François Girbaud) - 2005

    Les jeunes gens sont bien sûr vêtus des vêtements de la dernière collection de prêt à porte des créateurs.

    L'affiche fait scandale avec ces douze jeunes femmes et ce jeune homme torse nu dans une attitude lascive et qui prend la place de Marie-Madeleine. Lucie nous fait remarquer que la table n'a pas de pieds (monde flottant). L'affaire est allée jusqu'au procès.

    Et si Jésus était une femme... ? 

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

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     2 - L'Ecce Homo 

    "Ecce Homo" est une expression employée par Ponce Pilate pour désigner le Christ. Lucie nous montre deux références pour ce thème, le tableau d'Antonio de Messine et celui du Caravage.

    ► L'Ecce Homo d'Antonio de Messine - 1473 sert de référence à Lucie.

    Il s'agit d'une peinture à l'huile de la Renaissance italienne traitée dans le style du réalisme flamand. Le Christ a ici un regard implorant, d'acceptation de sa défaite.

    Je le trouve superbe mais il fait vraiment pitié, vous ne trouvez pas, en nous regardant dans les yeux ? On sent dans cette œuvre une grande communion entre le divin et nous.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► L'Ecce Homo du Caravage - 1605, une autre référence

    Ici tout au contraire, le Christ baisse les yeux, comme entré en lui même, "absent". On appelle cela une figure "absentée" nous dit Lucie. Il paraitrait que le personnage à droite du Christ soit un portrait de Ponce Pilate... C'est vrai qu'il a une sale tête !

    "Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► L'Ecce Homo d'Antoine Watteau - 1718

    Ici encore chez Watteau, une figure "absentée" avec ce Pierrot qui porte son chapeau comme une auréole. Il est l'image de la solitude humaine. On peut penser à Buster Keaton ou à Charlie Chaplin aussi qui sont des saltimbanques cachés dans l'Ecce Homo. Lucie nous parle aussi, dans le même esprit du clown de Rondinone.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13 

    ► L'Ecce Homo de Lovis Corinth - 1925

    Lovis Corinth est un artiste allemand dont l'œuvre a été traitée "d'art dégénéré" par les nazis. On peut voir sur le tableau, encadrant le personnage habillé de rouge, à droite, un militaire qui pourrait bien être un SS et à gauche, un médecin qui pourrait bien représenter Joseph Mengele...

    Il s'agit d'un autoportrait féminisé (on commençait à persécuter les homosexuels à cette époque). L'artiste a créé une école de peinture pour femmes.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► L'Ecce Homo de Max Wallinger - 1999

    Il s'agit d'un anti-monument qui a été exposé à Trafalgar Square. Le contraste est très grand entre les hommes conquérants sur leurs chevaux et ce petit homme en blanc couronné de barbelés. Le blanc représente la couleur du passage (candidus en latin signifie blanc).

    Là il me faut des explications supplémentaires, Lucie...

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► L'Ecce Homo de Pierrick Sorin - (Titre variable N°2) ET (Chorégraphie au savon)

    Il s'agit là de représenter l'anti-héros : corps gauche, sans grâce...

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

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     3 - La Crucifixion 

    Lucie nous explique qu'il y a trois manières de représenter une crucifixion :

    le Christ Patiens (2 clous)
    le Christ Dolens (1 clou)
    le Christ Triomphant

    ► Elle prend pour référence le célèbre retable d'Issenheim qui est à Colmar, une œuvre de Mathias Grünewald.

    Il s'agit d'un Christ Dolens (souffrant).

    Les personnages sont à l'échelle de leur importance : ainsi le Christ est-il représenté beaucoup plus grand que tous les autres personnages.

    Un anachronisme : Saint-Jean-Baptiste figure à droite de la croix alors qu'il a déjà été décapité par Salomé...

    Marie-Madeleine (toujours rousse dans la peinture religieuse) est toute petite à côté : elle figure la rédemption. Saint-Jean, lui,soutient la Vierge.

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    La Crucifixion chez Goya - Le Tres de Mayo (1814) au Prado

     Le tableau "Tres de Mayo" représente l'exécution de 43 patriotes espagnols, fusillés par les soldats français à Madrid le 3 mai 1808, pendant la nuit en représailles d'une révolte qui a eu lieu la veille (2 mai) à Madrid.

    Cette toile l'une des représentations les plus connues de la dénonciation des horreurs liées à la guerre.

    La figure christique est ici tout en blanc (l'homme a la position du Christ sur la croix) et est fortement mis en lumière, à côté de tous ceux qui vont être assassinés. Goya met en avant le religieux en montrant des victimes agenouillées ou en train de prier Dieu. Les soldats sont représentés de dos, tous habillés pareil et dans la même position : Goya veut montrer qu'ils n'éprouvent aucun remord, ils semblent déterminés.

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    ► La Crucifixion chez Picasso - 1930

    On dirait du n'importe quoi, non ? Il s'agit de Cubisme émotionnel nous dit Lucie.

    Picasso a beaucoup regardé les enluminures et il est influencé par leurs couleurs vives. Lucie plaisante en nous disant que "Jésus en voit de toutes les couleurs" ! En fait, Picasso se met "à l'intérieur" des personnages pour exprimer que la souffrance ça déforme la vision des choses. C'est une peinture par la déformation des sentiments...

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Francis Bacon - 1925

    Accrochez-vous !

    Au centre du triptyque, la figure christique du ver qui dégouline de la croix : figure la décomposition des corps.

    C'est tout ce que j'ai noté...

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Dali (Le Christ de Saint Jean-de la Croix) - 1951 

    Le Christ est représenté ici de façon humaine et simple : il a les cheveux courts - au contraire des représentations classiques - et se regarde dans l'eau de la mer, un peu comme s'il était un oiseau, comme une sorte d'Apollon. Le puissant clair-obscur qui sert à rehausser la figure de Jésus provoque un effet dramatique.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Jean-Michel Alberola (Etudier le corps du Christ) - 1989 - Centre Pompidou

    Comme une évocation de l'image du suaire...

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion d'Andrès Serrano (Pisschrist) - 1987

    Il s'agit, comme nous l'explique Lucie, de la photo d'un petit crucifix en plastique trempé dans l'urine et le sang de l'auteur. Serrano veut à la fois dénoncer le commerce des petits objets religieux et rappeler les horreurs que le Christ a subies. L'œuvre a suscité de nombreuses protestations et a été vandalisée par des groupes d'extrême droite lors d'une exposition en Avignon.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Titus Carmel (Suite de Grünewald) - 1994

    Trois couleurs...

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Renée Cox (It shall be named) - 1994

    Renée Cox est une artiste jamaïcaine, photographe et militante politique. Elle a parlé de l'esclavage à travers cette crucifixion où elle représente le Christ sous les traits d'un homme noir lynché. A noter que le personnage n'a pas de sexe...

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Niki de Saint Phalle (1965)

    S'il fallait que je donne mon avis, je dirais que je déteste !

    Cette femme crucifiée, aux bras coupés et au visage extatique, exprime toute l’ambiguïté que Niki de Saint Phalle décèle dans la condition féminine. Elle est à la fois une mère, comme l’indiquent les jouets qu’elle porte sur sa poitrine ; une putain dont les jambes écartées laissent apparaître un pubis de laine noire ; et encore une « mémère » avec ses bigoudis dans les cheveux.

    Peut-être qu'avec cette œuvre Niki de Saint Phalle propose une image de la femme comme martyre inconnu.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Maurizio Cattelan (Sans titre) - 2007

    L'œuvre de cet artiste est présentée dans une boîte de transport (hyperréalisme), une œuvre faite de résine, de peinture, de cheveux humains et de bois). L'artiste italien a été influencé par une photo de Francesca Woodman, photographe américaine décédée à 22 ans (elle s'est suicidée), qui a réalisé plusieurs autoportraits dont un, accrochée à une porte...

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Bansky - 2004

    Bansky est un artiste britannique de Street Art qui travaille sous son pseudonyme. Ses messages sont souvent anticapitalisme. Il s'agit ici de dénoncer le consumérisme des fêtes de Noël, un temps normalement consacré aux valeurs chrétiennes de la charité humaine avec cette satyre où le Christ est crucifié, portant à bout de bras des paquets cadeaux.

    L'artiste veut faire passer le message comme quoi le mercantilisme l'aurait tué !

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Taroop et Glabel - 2005

    Taroop & Glabel vivent et travaillent à Paris. Il s'agit d'un collectif : Mickey prend ici la place du fils de Dieu. Le collectif dénonce moins les religions chrétiennes que la société de consommation qui crée ses icônes et leur donne l'importance de dieux.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion d'Ernest Pignon-Ernest (en relation avec Jean Genet) - 2006

    Le travail de l'artiste français représente deux hommes soulevant Jean Genet, poète et dramaturge du XXe qui a revendiqué son homosexualité. On peut dire que ces deux hommes soutiennent Jean Genet dans les deux sens du terme, au sens propre, car ils le soutiennent physiquement, au sens figuré, car ils le soutiennent dans ses idées.

    Jean Genet va mourir : il semble épuisé et dans la même position que Jésus crucifié. Il se serait donc fait tuer pour ses idées, ce qui donne un aspect plus sombre à cette photo.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion d'Adel Abdessemed (Christ barbelés) - 2012

    Né en Algérie, Adel abdessemed est l'une des stars de l'art contemporain en France. Plusieurs de ses œuvres font partie de la collection de François Pinaud qui lui a acheté ce Christ pour le prix de 2 millions d'euros. Il travaille avec du fil de fer barbelé.

    Son travail est en relation avec la prison de Guantanamo.

    C'est une œuvre saisissante (que j'aime beaucoup).

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Léon Ferrari (La civilisation occidentale et Chrétienne) - 1965

    Cet artiste argentin a produit cette œuvre en réaction à la guerre du Vietnam. Il s'agit d'un Christ crucifié sous le fuselage d’un avion de chasse américain de l’US Air Force dont les ailes sont armées de bombes.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion de Michal Batory (Je suis Charlie) - 2015

    Ici, seulement trois éléments : un crayon, un projectile – qui forment ensemble une croix – et le slogan « Je suis Charlie ».

    L’affiche de Michal Batory est un hommage d’un artiste à ses confrères artistes, ceux qui ont résisté aux ténèbres, à l’obscurantisme, qui ont refusé de se plier aux menaces de violence, qui ont défendu la liberté d’expression contre toute attente et qui en ont payé le prix fort.

    Comme l'a justement observé l'une des participantes à la conférence, chez Charlie Hebdo, ils étaient pourtant plutôt anticléricaux...?

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    ► La Crucifixion d'Erik Ravelo (Les intouchables) - 2012

    Crucifier les enfants sur leur bourreau, c'est l'idée qu'a eue le photographe cubain Erik Ravelo pour sensibiliser à la violence enfantine. Les enfants sont donc photographiés comme autant de crucifiés sur le dos de leur croix-bourreau. Des conflits en Syrie (le bourreau-soldat) , aux drames des fusillades dans les écoles américaines en passant par les affaires d’abus sexuels qui ont terni l’image du Vatican (le bourreau-prêtre), la malbouffe (le bourreau Ronald de chez MacDo) ou la pollution (je n'ai pas trop identifié le bourreau...).

    Ces images ont le mérite de relever le caractère sacré de l'enfance, la référence à la crucifixion est ici plus symbolique que religieuse : un projet qui dépasse le simple cadre photographique.

    Les traces de l'iconographie religieuse dans l'art moderne et contemporain par Générations 13

    Lucie s'est arrêtée là au bout de deux heures de conférence, sans avoir le temps de traiter des trois autres thèmes qu'elle voulait aborder.

    J'ai beaucoup appris mais pas toujours aimé...
    La suite à la fin de l'année scolaire, a dit Lucie !

     


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  • Suite à notre visite du musée de Montmartre (un musée très intéressant - pour en faire la visite virtuelle, cliquez ICI), nous avons enchaîné avec l'exposition "Le Paris de Dufy" qui était le véritable but de cette promenade parisienne.

    L'exposition présente près de 200 œuvres des monuments et des rues de Paris qui furent une source d'inspiration inépuisable tout au long de sa vie, et qui prirent toutes les formes : tissus, tapisseries, céramiques, aquarelles et même éléments de mobilier.

    Une citation de Roland Dorgelès introduit l'exposition : "C'est là que j'ai surpris le secret de Raoul Dufy. Il ne travaillait pas, il s'amusait. Il chassait les couleurs comme d'autres chassent les papillons."

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Autoportrait au chapeau mou - 1898

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Autoportrait non daté

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Dès le début de l'expo, on est plongé dans l'ambiance du Montmartre de l'époque.

    En effet, depuis le sommet de la Butte, peu de temps après son arrivée à Paris, Dufy découvre et peint le panorama de la capitale, vue d'en haut. Ce spectacle s'inscrit dans sa rétine, il ne ressort sous son trait et son pinceau que vingt ans plus tard, mais dès lors, son inspiration y a recours jusqu'à la fin de sa vie.

    Il écrit dans une lettre à Louis Carré de 1943 : "Je suis plongé dans le Moulin de la Galette ; c'est une vraie thèse sur Renoir. Je le décortique avec passion et construis la nouvelle orchestration du tableau. Ce sera, je l'espère, assez surprenant."

    Quand on regarde les deux tableaux - celui de Renoir et celui de Dufy - qui sont présentés en regard l'un de l'autre dans l'exposition (voir ci-dessous), il est vrai que pas un détail ne manque, pas un canotier, pas un haut-de-forme, pas un couple de danseurs, pas un verre qui ne soit à sa place et pourtant..., c'est un autre tableau que Dufy nous offre.

    Bal du moulin de la Galette - Pierre-Auguste Renoir (1876)

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Le Moulin de la Galette - Raoul Dufy (aquarelle -1939)

    Il est amusant de savoir que le peintre a travaillé sur cette toile alors qu'il était contraint à un confinement dû à une maladie...

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Le 14 juillet vers 1912 - Raoul Dufy

    Les drapeaux, les flonflons (on les imagine), tout est là !

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Grand concert - 1948 

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

     L'atelier de l'impasse Guelma (1935-1952)

    En 1911, Dufy loue un atelier au 5, impasse Guelma à Montmartre, dont il peint les murs d'un bleu vif. Il le conservera toute sa vie et il sera son point d'ancrage dans Paris. Dès 1909, Dufy s'intéresse au motif de l'atelier et il développe cette thématique, notamment dans "Le bouquet de la rue Séguier" et dans les années 1930, il immortalise l'intérieur de l'impasse de Guelma qui a vu naître tant d'œuvres. L'atelier se prête en effet à l'allégorie du lieu de création de l'artiste : un espace fermé symbolisant l'autoportrait comme métaphore pour un espace mental où s'accomplit la genèse de l'œuvre. Comme Matisse et Corot, il peint cet espace sans maître, telle une allégorie de la peinture. Ses peintures d'atelier lui permettent aussi de développer le motif de la fenêtre qui forme une interprétation privilégiée de la fusion entre l'intérieur et l'extérieur.

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Le corbillard - vers 1912 - Encre de chine sur papier

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Le départ pour la soirée - vers 1936

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Panorama de Paris - Lithographie sur papier
    Illustration pour Le poète assassiné de Guillaume Apollinaire - 1926

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Nus dans l'atelier

    Dufy représente régulièrement dans sa carrière le nu féminin, soit le nu pour lui-même, soit dans une composition allégorique, soit dans le cadre familier de l'atelier. Ceux-ci sont alors presque partie de la composition. L'accent est porté sur les contrastes entre les lignes musclées, onduleuses et voluptueuses du corps, les motifs orientaux du tapis et le bleu froid du mur.

    Le modèle - 1933

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Nu couché - 1930

    Le peintre reprend ici le genre canonique du nu allongé aux formes voluptueuses. La couleur de la chair tranche avec le drap blanc posé sur une tapisserie orientale et le fond du mur.

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Portrait de Madame Raoul Dufy - 1930

    Sur le fond bleu monochrome de son atelier, se détache la silhouette un peu massive de la figure, qui contraste avec l'ornementation touffue du tapis de table et du vêtement. Madame Dufy porte d'ailleurs ici une robe taillée dans un tissu réalisé par son mari pour la maison Bianchini-Férier.

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    C'est un des côtés de l'œuvre de Dufy que j'ai découvert ici.

    La conception de cartons pour les maisons de couture ou l'ameublement

    Une petite salle est d'ailleurs consacrée aux sièges de la manufacture de Beauvais, tel ce canapé floral absolument superbe.

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Adorables, cette cage à oiseau et ce bocal à poissons !

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Raoul Dufy se lance ainsi dans un projet de tissus d'ameublement qui va l'occuper une décennie durant : le salon de Paris. Le peintre décide de rendre hommage aux monuments de la capitale. (1924-1933)

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    La République, sujet patriotique en lien avec l'art tricolore de Raoul Dufy

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Le Panorama de Paris : le Paravent de la manufacture de Beauvais

    Cette composition inventée par un Dufy en lévitation au-dessus du paysage urbain parisien renoue avec un genre irrémédiablement passé de mode dans les années 1920-1930 : les panoramas qui ont ponctué la seconde moitié du XIXème siècle. De cette vision imaginaire et enjouée de la capitale, sans aucune exactitude topographique, l'on retrouve également les traces de la cartographie primitive du Moyen âge et de la Renaissance et les images photographiques "vues du ciel" prises par Nadar en ballon. La haute stature de la tour Eiffel domine la représentation des monuments. Sur le registre inférieur s'épanouissent de larges fleurs, référence aux "tapisseries aux mille fleurs" médiévales.

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Lettre de Raoul Dufy à Jean Ajalbert

    "Je suis allé ce matin chez Groult, qui m'a montré les quatre feuilles de mon paravent, "Paris", terminées. Je veux vous dire tout de suite ma joie complète devant la réussite de notre entreprise, ... A travers mes esquisses plates et maladroites de métier, c'est cette belle matière de la tapisserie que je visais."

    Carton pour "Les Invalides et le Palais Bourbon" (1924-1929)

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Dufy prépare souvent ses paysages sur papier, grâce à ses carnets de dessins emportés avec lui. Il aime peindre Paris et ses alentours, insistant sur l'élégance des grilles, des allées, révélant les architectures au milieu de la verdure des jardins.

    Le parc de Saint-Cloud - 1919

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    En 1919, le thème des canotiers apparaît dans ses compositions à un moment où ce loisir devient à la mode. Il travaille ainsi la lumière et la couleur grâce à la présence de l'eau, un des thèmes favoris de l'artiste. 

    Bords de Marne - Les canotiers (1925)

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

     Nogent - Pont rose et chemin de fer (1935)

    Au début des années 1930, Dufy entame une deuxième série de vues fluviales, suite aux premières œuvres des canotiers produites après la guerre. Dans cette toile, le peintre oppose la vitesse de la bruyant locomotive qui passe sur le viaduc, au calme des bords de Marne. Ici, circulent barques et voiliers, voiles au vent, comme les deux drapeaux tricolores qui animent la composition.

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre 

    Qui n'a pas entendu parler de "La Fée Electricité" de Dufy ?

    Après guerre elle est devenue un mythe invisible. Réalisée par Dufy pour le Pavillon de la Lumière, elle est démontée pour la clôture de l'Exposition internationale de 1937. l'éditeur d'art Pierre Berès (1913-2008) en imagine une version réduite et multiple. En 1951, il en confie la réalisation au meilleur atelier lithographique parisien : celui des frères Mourlot. Une fois vaincues les réticences de Dufy, c'est le lithographe Charles Sorlier (1921-1990) qui presse les 10 feuilles tirées à 350 exemplaires. Mais celui-ci est unique et spécial, c'est un palimpseste : Dufy l'a lui-même repeint, comme Bernard Dorival en a été le témoin "couvrant de gouache les sept dixièmes de la lithographie, agrandissant ou diminuant tel personnage, supprimant tel détail, en ajoutant tel autre, donnant un contour nouveau ou une nouvelle couleur à tel morceau, créant, en un mot, une nouvelle version du thème qu'il avait donné quinze ans auparavant". En 1964, l'œuvre monumentale est remontée au Musée d'art moderne de la Ville de Paris.

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Cartons pour "Paris panorama"

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Tapisserie d'Aubusson - Paris, 1934-1935

    Sur ce grand panorama tissé de la capitale, Dufy poursuit le projet décoratif du salon de Paris avec cette vue qui embrase la ville depuis un belvédère impossible. La Tour Eiffel, disproportionnée, domine la composition et à ses pieds les monuments se détachent sur un entrelacs d'habitations et de végétation. En bas à droite, l'ancien Palais du Trocadéro construit pour l'exposition universelle de 1878, vit ses derniers instants avant sa destruction pour l'exposition de 1937.

    La tapisserie est conservée à l'abri de la lumière et donc la photo n'est pas bonne...

    L'exposition Raoul Dufy au musée de Montmartre

    Fin de l'exposition

    J'ai découvert lors de cette exposition un Dufy que je ne connaissais pas...


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  • Avec Marie-France et Brigitte, mes copines, nous sommes allées à Montmartre hier. Arrivées à la station de métro Le Peletier (direct depuis Tolbiac), nous décidons de terminer à pied. Nous empruntons donc la rue du Faubourg Montmartre puis la rue des Martyrs (ainsi dénommée en raison du martyre de Saint-Denis, premier évêque de Paris, qui y subit la décapitation), une rue très vivante marquée par les quartiers de nuit de Pigalle : nous passons ainsi devant les cabarets transformistes de Madame Arthur et Chez Michou.

    Là où ça se corse, c'est quand nous arrivons dans la rue des trois frères au coin de la boulangerie où une immense volée d'escaliers nous attend... Rebelotte rue Gabrielle dans laquelle prend la rue du Calvaire (qui tire son nom d'un calvaire qu'on érigea en 1805 au sommet de la butte, près de l'église Saint-Pierre) qui n'a de rue que le nom...

    Depuis le haut de la rue du Calvaire

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Enfin, nous voici sur place : le décor est planté.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre (il était temps...)

    Contournant la place du Tertre, nous passons le long de l'église Saint-Pierre.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Avec ma grande copine, Marie-France

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Le musée de Montmartre se situe dans la rue Cortot, au numéro 12. Les très anciennes maisons entourées de jardins qui constituent le musée de Montmartre furent le lieu de résidence de nombreux artistes tels qu'Auguste Renoir, Emile Bernard, Raoul Dufy, Suzanne Valadon ou Maurice Utrillo.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Il s'agit d'une des plus vieilles maisons de la butte Montmartre datant du XVIIe siècle, le manoir de Rosimond,  du nom de Claude de la rose dit Rosimond, acteur et auteur dramatique français né vers 1640 et mort à Paris en 1686 qui deviendra en 1680 l'un des premiers sociétaires de la Comédie-Française.

    Le manoir est niché au cœur d'un très joli petit jardin.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Dans une autre partie du jardin, on peut voir un atelier d'artistes ayant été occupé successivement par Pierre-Auguste Renoir, Emile Bernard, Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo. André Utter, l'ami de Maurice et futur mari de Suzanne Valadon, les rejoint en 1911 jusqu'à sa mort en 1948.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Dans un angle du jardin, un panneau et une balançoire évoquent le tableau peint par Renoir en 1876 dans ce même jardin. Il fut présenté à l'exposition impressionniste de 1877. L'œuvre, mal accueillie par la critique, fut achetée par Gustave Caillebotte, ami et mécène du peintre (il avait le nez fin...).

    Tous les panneaux du jardin sont malheureusement mal entretenus...

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Buste de Francisque Poulbot (1879 - 1946), affichiste, dessinateur et illustrateur français. Très attaché à la vie montmartroise, il s'associe en 1920-1921, à la création de la "République de Montmartre" avec plusieurs de ses amis. En 1923, pour venir en aide aux enfants nécessiteux de Montmartre, il ouvre Les P'tits Poulbots, un dispensaire rue Lepic, transformé en association loi de 1901 en 1939 et qui existe toujours.

    Il donna son nom aux fameux titis parisiens, les "poulbots" de Montmartre.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Ce terrain a été vendu par les abbesses de Montmartre au XVIIe siècle. Aménagé en jardin d'agrément au XVIIIe siècle, c'est maintenant une réserve écologique de la ville de Paris, plantée d'érables, de sycomores, de marronniers blancs et de robiniers. Seuls les chats peuvent y pénétrer.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Vue sur la banlieue de Paris depuis le jardin de la rue Cortot

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Tout à côté, on a une jolie vue sur les vignes de Montmartre, malheureusement mal éclairées à cette heure de la journée. Elles appartenaient autrefois à la propriété du 12 rue Cortot.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Le tour du jardin fait, il est temps de rentrer dans le musée.

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    Celui-ci ouvre sur une série de photos et de tableaux des anciens moulins qui ont fait la réputation du lieu. La commune abritait en effet de nombreux moulins sa colline : il y en avait une quinzaine en tout. Neuf étaient tournés vers l’Ouest, deux vers l’Est tandis que l’on en trouvait quatre le long du tracé de l’actuelle rue Norvin. Les moulins occupaient diverses fonctions, dont le concassage de blé, de vendanges, ainsi que de matériaux destinés aux manufactures. Ceux ci seront progressivement détruits à partir des années 1860.

    Le moulin de la Galette en 1840

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    La rue Lepic en 1845 : on croit rêver !

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    Les moulins de Montmartre - Georges Michel (1763-1843)

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    Il y a aussi des photos témoins d'un lointain passé comme ce rémouleur (1952) - tirage argentique 1970 par Albert Séeberger (1914-1999)

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    Le musée est construit tout en hauteur. Dans la volée d'escalier, des affiches témoignent de l'art de l'époque.

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    Reconstitution de la salle d'un ancien café

    Quel beau comptoir en zinc !

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Tout y est : le piano, le téléphone à jetons...

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    et même le célèbre tableau du "Lapin agile" par André Gill (1840-1885)

    En 1875, le caricaturiste André Gill doit peindre une enseigne pour le "Cabaret des assassins" : ce sera un lapin avec casquette et écharpe, sautant d'une casserole avec une bouteille de vin, devant un moulin et un couple qui s'enlace. Tout Montmartre est là : on appellera bientôt le bar du nom de son enseigne, le "lapin à Gill" se changeant naturellement en "Lapin Agile". La bohême montmartroise des Picasso, Valadon, Utrillo ou Poulbot se mettent à le fréquenter assidument.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre 

    Autre animal emblématique de Montmartre, le chat noir auquel cette salle est consacrée : elle présente ici les programmes de ses spectacles illustrés par G. Auriol.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Le Cabaret du Chat Noir était surtout un lieu de rencontre des arts.

     Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Le Chat Noir fondé par Rodolphe Salis fut le premier cabaret littéraire, artistique et musical d'avant-garde à Paris. En 1885, le succès grandissant le contraignit à quitter les boulevards  pour investir un espace de trois étages situé dans la rue Laval (actuelle rue Victor Massé). A l'entrée de ce second "Chat Noir" une pancarte qui exhortait le passant à être "moderne". le Chat Noir fut un lieu d'innovation où les soirées constituèrent un mélange imprévisible de chansons et de boniments, avec le théâtre d'ombres comme principale attraction. Pour la première fois, un piano fut autorisé par la police. Les pianistes s'y succédèrent : Paul Delmet, Eric Satie, Claude Debussy et Gustave Charpentier y composèrent également leurs musiques.

    Chat noir et chat blanc (non daté) - Lithographie publiée au Journal du Chat Noir

    Histoire de Maigriou et de Blanchet par Steinlen (1869-1923)

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    L'image d'Epinal de Montmartre, c'est aussi Aristide Bruant par Henri de Toulouse-Lautrec...

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    ou ce Gamin au bouquet de fleurs (1918) par Francisque Poulbot (1879-1946) :

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

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    Restant dans le domaine du spectacle avec ce joli tableau de Georges Joubin (1888-1983) intitulé "La loge"

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     Un brin caricatural mais intéressant cet autre tableau de Edmond Heuzé (1883-1967)

    La chanteuse au Caf'Conc à l'Européen

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    Enfin un peintre que je connais : Juan Gris (1887-1927)

    Extérieur du Moulin Rouge (1908)

    Toute l'ambiance de Montmartre s'y retrouve, les calèches, les jolis chapeaux des dames et des messieurs sur fond de Cabaret...

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    Toulouse-Lautrec au cirque (1895) par Jean de Rasty

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    Et le French-Cancan me direz-vous ?

    Le voici justement évoqué par cette série de photographies.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    En 1889, un nouveau Cabaret fait son apparition au pied de la Butte : Le Moulin Rouge. Les hommes d'affaires Charles Zidler et Joseph Oller ont décidé d'en faire le plus moderne des bals de quartier : aux miroirs qui tapissent la salle de danse répondent un éléphant gigantesque dans sa cour et un moulin grandeur nature qui pavane sur le boulevard de Clichy. le Moulin Rouge n'hésite cependant pas à remettre au goût du jour la danse du French cancan, créée sous le second Empire. Grâce à des interprètes de génie comme la Goulue ou Jane Avril, expertes dans le lever de jambe, le "cancan" devient immédiatement le symbole d'un lieu où légèreté est synonyme de plaisir. La danse sera bientôt produite par tous les bals de la Butte, du Tabarin au Moulin de la Galette.

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    Les artistes à Montmartre

    Comme les autres peintres impressionnistes, Auguste Renoir a bien compris que pour capter les différents effets de la lumière solaire, il lui fallait poser son chevalet à l'air libre et peindre sur le motif : la butte Montmartre, encore champêtre, va constituer pour lui un atelier privilégié. Le soir, Renoir rentre dormir au 12, rue Cortot, dans l'entrée actuelle du musée, un bâtiment qui abritera bientôt nombre d'artistes comme Suzanne Valadon et son fils, Maurice Utrillo. Mais le plus célèbre atelier montmartrois s'appelle le Bateau-Lavoir : c'est là qu'ont vécu Van Dongen, Juan Gris et Modigliani, là surtout que Picasso, en y peignant ses "Demoiselles d'avignon", a bouleversé le cours de l'art moderne.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Un très joli tableau de Suzanne Valadon (1865-1938)

    Portrait de la mère de Bernard Lemaire (1894)

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    Suzanne Valadon toujours : Le jardin de la rue Cortot (1928)

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre 

     Un Maurice Utrillo cette fois-ci (1883-1955)

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    L'ancien maquis à Montmartre (vers 1919)

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    Suzanne Valadon encore : L'acrobate ou La roue (1927)

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    Suzanne Valadon toujours : Jeune-fille au bain (vers 1919)

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Nous terminons notre visite du musée par celle de l'atelier-appartement de Suzanne Valadon qui habita le 12, rue Cortot avec son fils, Maurice Utrillo, et son compagnon, André Utter, jusqu'en 1926.

    Un papier-peint d'époque...

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Une modeste petite chambre

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Il y a vraiment une lumière extraordinaire dans cet atelier.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Palette, pinceaux et croquis de Suzanne Valadon

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Là se termine notre visite du musée de Montmartre.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre

    Nous avons très mal mangé au Clairon des Chasseurs et on ne nous a même pas demandé notre passe sanitaire... Trop de clients à servir (surtout des touristes). On aurait dû s'en douter !

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre (il était temps...)

    Nous redescendons ensuite vers le métro Le Peletier...

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre (il était temps...)

    laissant derrière nous le Sacré-Cœur et ses rues animées.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre (il était temps...)

    Un petit arrêt au square Jehan-Rictus pour voir le mur des "Je t'aime".

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre (il était temps...)

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre (il était temps...)

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre (il était temps...)

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre (il était temps...)

    C'est l'époque des marchés de Noël.

    Je viens de découvrir le musée de Montmartre (il était temps...)

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     Une belle découverte et une balade agréable

    Il faut dire que le beau temps était de la partie et que j'étais en bonne compagnie.


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  • A partir de mars 2022, les usagers du métro devront changer leurs habitudes : le ticket de métro - né en 1900 - sera abandonné au profit du "Pass Navigo Easy" (correspondant à 10 trajets) qu'on pourra acheter avec une carte bancaire dans des distributeurs adaptés. Il y aura aussi le "Pass Navigo Easy liberté +" personnalisé (son propriétaire sera débité le 15 du mois suivant). Je crois d'ailleurs qu'il existe déjà.

    Le ticket de métro tire sa révérence !

    La Ratp a fait un petit reportage à ce sujet. On peut y voir que l'ancien ticket de métro a déjà trouvé dans l'Art Brut une nouvelle vie. Je vous laisse regarder cette petite vidéo...

    Une vraie révolution que Londres a déjà faite depuis plusieurs années.

    On a toujours un métro de retard !


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  • Ce lundi des vacances, nous sommes allés écouter une conférence de Jérôme Moreau, professeur d'écologie à l'Université de Bourgogne. Elle était proposée par l'Association Culturelle Châtillonnaise et se tenait dans la salle de conférence de la Mairie où un public (plutôt âgé...) était venu assez nombreux.

    Son titre : Les albatros, seigneurs des mers

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association culturelle châtillonnaise

    Jérôme Moreau nous parle d'abord de la localisation géographique des albatros sur la terre dont la plupart des espèces se trouvent dans l’hémisphère Sud. On trouve majoritairement les albatros en Antarctique, en Australie, en Afrique du Sud ou encore en Amérique du Sud.

    Quelques rares espèces vivent dans le Pacifique nord (Japon, Californie, Hawaï et Alaska). Une seule espèce vit aux îles Galapagos.

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Ce sont des oiseaux marins tout comme les manchots, les pélicans, les cormorans et les goélands, le terme oiseau de mer (ou oiseau marin) désignant tout oiseau qui tire la totalité ou une partie de son alimentation de la mer.

    Les albatros appartiennent à la famille des Diomedeidae : ils sont grands, lourds, ils ont des ailes très longues, un bec long et épais muni de narines tubulaires, et ce sont des oiseaux pélagiques (capables de vivre en haute mer).

    Une chose importante à savoir : il n'y a aucune différence de morphologie entre un albatros mâle et un albatros femelle. Pour en connaître le sexe, il faut disséquer l'animal...

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Les albatros sont classés en quatre familles au sein desquelles existent environ 22 espèces (et non pas 80 comme on le croyait autrefois).

    Leur vol

    Les albatros se servent du vent : ils ne battent presque jamais des ailes.

    Ils peuvent atteindre des records.

    ► 22.545 km en 4 jours sans jamais se poser.

    ► Leur envergure peut aller jusqu'à 4 mètres.

    ► Ils ont le record de "finesse" : 22 mètres pour 1 mètre descendu.

    ► Grâce au tendon qu'ils possèdent à l'épaule, ils peuvent bloquer leurs ailes pendant qu'ils volent sur un temps très long.

    ► Ils sont capables de décoller et d'atterrir sans vent.

    Décollage d'un albatros

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Leurs sources de nourriture

    Les albatros mangent des crustacés, des céphalopodes, de tout petits poissons (krill), de calmars et de charognes. Les proies sont capturées avec le bec depuis la surface, tout en nageant ou en se posant sur l’eau.

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Selon les espèces, les albatros décrivent un trajet différent pour aller chercher leur nourriture en mer : l'albatros hurleur, partant de sa colonie, décrit des huit tandis que l'albatros à sourcils noirs, partant de sa colonie, trace sa route directement.

    Leur bec

    Les albatros possèdent un bec (qui peut mesurer 18 cm de long) pourvu de deux narines à leur sommet : ce sont des glandes qui leur permettent d'excréter le surplus de sel absorbé avec l'eau de mer.

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Leur odorat

    Les albatros ont un odorat très développé qui leur permet de se repérer dans un océan immense et aussi de développer des relations sociales. La molécule clé de cette faculté est le DMS (sulfure de diméthyle). Elle est issue de la décomposition du plancton.

    Dès son plus jeune âge, le poussin apprend à reconnaître cette odeur dont ses parents sont imprégnés.

    Leurs déplacements

    Les scientifiques peuvent suivre les déplacements des albatros grâce aux balises qu'ils leur posent. On verra plus tard que ceci a un tout autre intérêt...

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Leur reproduction

    Les albatros ont une durée de vie importante par contre, ils ont un taux de reproduction faible : leur espérance de vie est d'environ 50 ans. L'albatros de Sandford peut même atteindre l'âge vénérable de 70 ans.

    Les albatros vivent en colonies de dizaine de milliers d'oiseaux.

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Ce sont des oiseaux fidèles. Pour se reproduire, ils choisissent des îles très isolées où il y a peu de prédateurs. De l'espace leur est nécessaire pour décoller et atterrir : cet espace, ils le trouvent en général entre le 34ème et le 55ème parallèle.

    Tous les albatros d'une colonie se reproduisent en même temps, au mois de Novembre. Ayant un grand sens de l'orientation (soleil et odorat), ils reviennent chaque année sur le même site de nidification (à partir de 22 mois).

    A cette époque, on peut observer des parades nuptiales (épouillage, cris, claquements de bec). Le jeune albatros danse avec différents oiseaux puis choisit sa femelle pour former un couple pour la vie. Le couple apprend à se connaître par la parade amoureuse qui peut durer de un quart d'heure à une heure. Le divorce n'intervient qu'en cas d'échec de reproduction répété.

    Parade nuptiale d'un couple de Grands Albatros (ou albatros hurleurs)

    L'albatros ne pond qu'un seul œuf tous les deux ans. Si l'œuf est "prédaté", la femelle en pond un deuxième (en cas de prédation précoce). L'œuf pèse en moyenne 460 g, pour une longueur d'environ 13 cm et une largeur un peu supérieure à 8 cm. 

    Le nid est fait d'algues et de boue. La couvaison dure entre 70 et 80 jours (il s'agit de la plus longue période chez des oiseaux). Les parents alternent la couvaison.

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Au bout de trois mois, le poussin nait couvert de duvet blanc. Il est encore couvé par ses deux parents pendant un mois de plus (chacun d'eux porte, à cet effet, une plaque incubatrice, zone de peau ventrale déplumée et richement irriguée lors de la nidification. L'œuf est ainsi directement en contact avec la source de chaleur qui assurera un développement correct de l'embryon). Ses deux parents le nourrissent alors pendant quelques jours d'une substance huileuse secrétée par leur estomac. Ensuite, ils délaissent le nid pour partir à la pêche et nourrissent alors le poussin de leurs régurgitations. Ainsi, le poussin grossit très très vite (il peut atteindre un poids de 10 kg).

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Le poussin mue au bout de trois mois (il perd son duvet) et acquiert des plumes qui lui permettront de voler. Pour renforcer ses muscles pectoraux, le jeune albatros bat des ailes sur place puis court sur quelques dizaines de mètres en agitant ses longs bras ailés, qui paraissent bien encombrants en cette circonstance. Il commence à voler quand il atteint un âge de 140 jours à 280 jours.

    Les jeunes s'envolent sans l'aide des parents. Ils errent en mer pendant plusieurs années sans jamais se poser (l'albatros est capable de "dormir d'un œil" en plein vol ! Plus sérieusement, les albatros ont un sommeil hémisphérique).

    Les menaces qui pèsent sur eux

    18 espèces sur 22 sont menacées d'extinction car le taux de reproduction des albatros est très faible car lent. Ce sont les oiseaux marins qui sont le plus en danger d'extinction. L'albatros à bec jaune (albatros d'Amsterdam) a ainsi diminué de 50% en 10 ans.

    ► Première menace : les prédateurs apportés par l'homme sur certaines îles (chats et rats). L’albatros a beau être un gros oiseau, il ne peut rien contre un prédateur à griffes.

    ► Deuxième menace : la pêche à la palangre de surface (pêche au thon) dans laquelle se prennent les albatros attirés par les appâts. 100.000 albatros sont ainsi tués chaque année.

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Les albatros apprennent ainsi de ces accidents à éviter les bateaux. Une solution serait de pratiquer la pêche à la palangre la nuit : des commissions internationales y travaillent.

    On crée aussi des réserves interdites à la pêche.

    ► Troisième menace : les détritus (des quantités faramineuses de plastiques de toutes sortes sont parfois retrouvées dan l'estomac de ces oiseaux marins). L'oiseau meurt le corps rempli de plastiques. Il arrive même que ces déchets sont transmis aux poussins dès la naissance : 40% des poussins meurent ainsi...

    Triste, non ?

    Les albatros, seigneurs des mers : une conférence de l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Différents pays ont récemment abouti à un accord dans ce domaine : un espoir à l'horizon...?

    Jérôme Moreau repart ces jours-ci en Antarctique : peut-être une autre conférence en vue pour l'an prochain ? 


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