• Lucie Pierre, notre conférencière bénévole à Générations 13, nous dit tout d'abord que l'amour est une construction sociale : Et bang, voici que tous mes rêves s'écroulent !

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    Mais restons sérieux : Lucie nous donne ensuite le plan de l'ensemble des conférences quelle va consacrer à ce sujet, extrêmement vaste, à savoir le couple dans la peinture.

    A) Les représentations de l'amour au cours des siècles

    1) Les représentations de l'amour au Moyen-Age : l'amour "courtois".

    L’art médiéval est principalement consacré à la religion. À l’époque, on célébrait « l’amour courtois » en séduisant les dames avec des poésies, mais on n’aurait jamais osé dessiner l’amour cru et l’exposer au vu et au su de tous.

    2) L'amour à la Renaissance : érotique

    Les peintres libèrent enfin leurs créativités et les images de nus fusent.

    3) L'amour baroque : fou et exalté

    Le contenu émotionnel très apparent est l’un des caractéristiques de la peinture baroque. Et quelle émotion est plus forte que l’amour ?

    4) L'amour à l'époque du Romantisme : passionnel

    Le courant artistique du Romantisme met, évidemment, au centre de tout, l’amour !

    5) L'amour à la période du Réalisme

    Étant donné que ce courant vise à traiter la vision du monde de manière objective, les peintres essaient toujours de représenter les faits tels qu’ils sont.

    6) L'amour dans le courant de l'impressionnisme avec Manet...

    Lucie nous parle ensuite de la "classification" qui a été faite de l'amour.

    B) Les différentes sortes d'amour

    I) L'amour "Philia" : l'amour affectueux

    L’amour « Philia » est l’attachement lié à un sentiment d’amitié, associé à des valeurs, des centres d’intérêts et des objectifs communs. Il prend appui sur des plaisirs partagés, des échanges, du jeu, de la solidarité et de la complicité. La relation est chaleureuse et affective, chacun ayant le souci de l’autre. Cependant, il est conditionnel car fondé sur des activités ou des vécus partagés.

    II) L'amour "agapè" : désintéressé

    L’amour « Agapé » est un amour fraternel, universel, altruiste, spirituel. Il se donne « gratuitement », de manière désintéressée, sans attendre de retour. Il est inconditionnel, accepte l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Il souhaite son bien-être sans profit personnel. Il a de la compassion pour l’autre et l’aime… même s’il n’est pas aimé de lui. C’est un amour affranchi de l'ego qui se situe au-delà de l’émotionnel.

    III) L'amour qui prend : l'éros

    L’amour « Éros » est fondé sur une relation sensuelle, charnelle, sexuelle, éventuellement amoureuse et passionnelle. Ce peut être l’ivresse d’un « coup de foudre » qui induit un fort désir de l’autre. Cela peut être délicieux et… ravageur.

    IV) L'amour ludus : espiègle

    L'amour Ludus renvoie à un amour charmeur et taquin, un amour qui s’accompagne de danses et de rires. C’est un amour enfantin et léger.

    V) L'amour Mania : obsessionnel

    L’amour Mania est le type d’amour qui entraîne un partenaire dans une sorte de folie et d’obsession. Cela se produit généralement lorsqu’il y a un déséquilibre entre l’Eros et l’amour Ludus.

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    Il faut tout de suite savoir que ce que je retranscris ici est sans doute entaché d'erreurs par ci par là, mais... l'erreur est humaine n'est-ce pas !

    Autre chose : les photos sont cliquables mais si parfois elles s'agrandissent, parfois elles rapetissent...

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    Lucie va d'abord nous parler, images à l'appui, de l'amour dans l'iconographie religieuse et pour cela elle a choisi de nous parler d'Adam et Eve.

    I - Le couple d'Adam et Eve

    A noter que les deux jeunes gens, qui succombent à la tentation provenant du serpent démoniaque, devraient être représentés laids et pourtant, de façon générale, ils sont toujours beaux.

    La tentation d'Adam et Eve de Masolino dite "Le pêché originel" (1424-1425) - Chapelle Brancacci en l'église Santa Maria del Carmine de Florence

    Adam et Eve sont ici au Paradis : ils sont représentés se regardant mais sont plutôt statiques. Le serpent, enroulé autour d'un figuier (l'arbre du péché), est représenté avec une tête de jeune femme et se tient à égale distance d'Adam et d'Eve, les rendant responsables, aussi bien l'un que l'autre, de l'acte qu'ils vont accomplir.

    On notera aussi que, aussi incongru que cela puisse paraître, le peintre a peint les deux jeunes gens avec un nombril.

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    ► Adam et Eve chassés de l'Eden - Masaccio (1424-1425) - Chapelle Brancacci de l'église Santa Maria del Carmine de Florence

    Masaccio était l'élève de Masolino.  

    Cette fois-ci le peintre représente les deux jeunes gens alors qu'ils sont chassés du Paradis. Les visages sont très expressifs, Eve a les yeux fermés parce qu'elle pleure et Adam se cache le visage en signe de honte. Les corps sont en mouvement et le peintre représente même les ombres sur le sol.

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    ► La tentation d'Adam et Eve - Hugo Van der Goes (vers 1490) - Musée d'Histoire de l'art de Vienne

    Adam tend la main vers Eve, prêt à prendre le fruit défendu. Le serpent tentateur est dépeint comme une créature bipède ressemblant à une salamandre : en effet, d'après le mythe, le serpent pouvait marcher avant que la malédiction de Dieu ne l'oblige à ramper et à manger de la poussière.

    Le motif de serpent à tête humaine apparaît dans l'art à la fin du XIIIe siècle et est abandonné à la Renaissance.

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    ► Adam et Eve - Albrecht Dürer (1504) - Rijksmuseum à Amsterdam

    Ce chef-d'œuvre absolu de la gravure fait assister à un moment fatidique : Adam et Eve, flirtant avec la tentation, vont dans un instant croquer le fruit défendu qui leur est présenté par le serpent. D'un geste placé au centre de la composition, Adam accepte l'offre d'Eve qui va conduire les hommes à la perdition, et pointe déjà du doigt la nudité bientôt honteuse de sa compagne.

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    ► Le péché originel et l'expulsion du Paradis terrestre - Michel-Ange (1509-1510) - Plafond de la Chapelle Sixtine à Rome

    Le crucifié est allégoriquement présent dans cette scène, puisque le bois de la croix sera taillé dans l'arbre dont Adam cueille le fruit, afin que toute faute soit remise. On remarquera comment Michel-Ange a associé le diable tentateur (représenté par un serpent à tête de femme) et l'Ange qui refoule hors du paradis nos premiers parents : comme si, dès l'origine, la chute et sa Rédemption, le Démon et l'Ange, étaient indissolublement liées.

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     ► Adam et Eve de Jan Gossaert dit "Mabuse" (vers 1520) - Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

    Mabuse est un important peintre néerlandais actif au XVIe siècle. Il a voyagé en Italie et en Europe du Nord et l'influence de ces voyages est clairement évidente dans son travail.

    Le peintre s'inspire ici de la gravure de Dürer sur le même sujet comme on peut le voir dans la pose d'Adam et Eve avec l'arbre entre eux. Néanmoins, Gossaert a introduit des changements importants tels que la direction dans laquelle les têtes sont tournées. De manière traditionnelle, Adam est situé à gauche et Eve à droite, tenant la pomme que le serpent lui a donnée.

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    ► La tentation d'Adam et Eve par Le Tintoret (1550) - Galeries de l'Académie à Venise

    Un piédestal est composé d'un mur de pierre à deux niveaux. Adam est assis sur la partie la plus basse, sur la gauche, et Ève, sur le muret légèrement plus élevé, à sa droite. Au centre entre les deux figures humaines, attaché au muret, se trouve l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal dont Dieu avait dit au premier-né de ne pas manger le fruit.

    Vous remarquerez qu'Adam est souvent représenté toujours en plus foncé qu'Eve et que celle-ci se tient toujours à la droite d'Adam.

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    ► Adam et Eve par Baldung Grien (1520) - Galerie des Offices à Florence

    Il s'agit d'un diptyque exécuté par Hans Baldung, un élève de Dürer.

    On y voit le cerf dans le tableau d'Adam et le lion dans celui d'Eve.

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    ► Adam et Eve couchés dans le Jardin d'Eden - Hendrick Goltzius (1616)

    Dans cette œuvre proche du Baroque, la position des deux amants est inhabituelle. Le peintre, en plaçant les personnages presque grandeur nature si près de l'avant du plan de l'image, incite le spectateur à s'engager émotionnellement dans ce récit biblique. On remarque en outre la présence du bouc et du chat, symboles de la lubricité.

    Adam

    ► Adam et Eve chassés du Paradis - Giuseppe della Porta Salviati (1526-1550) - musée des Augustins à Toulouse

    Le mouvement de la main d’Adam indique qu'il rejette la faute sur sa compagne, alors qu’Eve semble reprocher au serpent sa funeste situation.

    On pense à Michel-Ange...

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    ► Adam et Eve - Domenico Zampieri dit "Le Dominiquin" (1623-1624) - musée de Grenoble

    Cette œuvre a appartenu au jardinier du roi Le Nôtre avant de rejoindre les collections royales en 1693.

    Dans la partie gauche du tableau, Adam rejette la faute sur Eve, en haussant les épaules d'une façon de dire qu'il n'avait pas trop eu le choix. Et Eve de vite rejeter la responsabilité sur le serpent qui l'a tentée par des doux mots.

    Le Dominiquin porte par ailleurs un grand intérêt à la nature qui devient ainsi une composante importante du tableau. Il faut noter de cette façon la netteté de la touche pour exprimer le feuillage, où chaque feuille est un élément indépendant de l'autre.

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    ► Adam et Eve - Rembrandt (1638) 

    Rembrandt, dans cette eau-forte, abandonne ici les canons classiques de la beauté pour nous montrer un couple vieillissant  avec des corps charpentés, profondément humains. Eve, par sa position au centre de la feuille, s'impose comme le personnage principal. Le dragon et l'arbre de la connaissance au premier plan, confondus dans une seule structure, enveloppent le couple qui apparaît à contre-jour, isolé du jardin d'Éden, en pleine clarté en arrière-plan et en contrebas.

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    ► Adam et Eve - Jacob Jordaens (vers 1640) - musée national de Varsovie

    Jacob Jordaens est un peintre de la peinture anversoise du XVIIe siècle.

    Jordaens s'est intéressé au sujet d'Adam et Eve et en a fait une représentation illustrant la Chute de l'Homme. Le tableau, plus qu'une simple scène biblique, est un véritable récit de la déchéance de l'homme. Cette représentation inhabituelle de la Genèse serait-elle l'un des prémices de la conversion de Jordaens au calvinisme ?

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    On pourrait continuer comme cela longtemps tant les peintres de toutes époques ont été inspirés par le récit de la Bible. Mais il faut passer à autre chose...

    II) La peinture profane du couple

    ► Portrait des époux Arnolfini par Jan Van Eyck (1434) - National Gallery de Londres

    Le sujet est très moderne pour l'époque où il était coutume de représenter des scènes religieuses. Le peintre représente un jeune couple se tenant par la main, délicatement. La bougie allumée sur le lustre indique sans doute qu'un contrat de mariage va se faire. En effet, au Moyen-Age, les peintures et notamment les portraits, pouvaient servir de demandes en mariage ou encore de commémoration d’un mariage pour un couple. La femme n'est pas enceinte d'après Lucie (elle nous dit qu'il était à la mode à cette époque de porter un coussin sous sa robe). On note la tenture rouge du lit, le rouge est la couleur de la passion et c'est aussi la couleur complémentaire du vert de la robe de la jeune femme. Le petit chien serait un symbole de fidélité.

    Le peintre s'est représenté par son reflet dans le miroir au fond de la pièce.

    De mon côté, j'ai lu que le portrait de la jeune femme pourrait être celui d'une morte, ce qui expliquerait le costume sombre de l'homme et le port de son chapeau noir.

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    ► Portrait d'une femme à sa fenêtre avec un homme - Fra Fillipo Lippi (vers 1440) - Metropolitan Museum of Art de New-York

    La femme occupe presque tout le tableau. Elle est représentée de profil, richement vêtue à la française et parée de bijoux, avec une haute coiffe caractérisée par un double rabat de tissu écarlate tombant sur les épaules. Elle se tient devant une fenêtre, où un jeune homme devant elle semble l'observer mais en réalité l'homme et la femme ne se regardent pas (la morale est respectée). Derrière la femme, il y a une fenêtre ouverte d'où l'on aperçoit un paysage rural qui serait, d'après Lucie, le patrimoine que la femme apporte à son futur mari.

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    ► Double portrait du duc d'Urbino par Piero della Francesca (1473-1475)

    Alors là, Lucie nous dit tout !

    Si l'homme a été représenté selon son profil gauche, c'est qu'il est borgne (il a été blessé) et s'il a un chapeau, celui-ci sert à cacher sa calvitie. Sa femme est morte en couches, il s'agit donc du portrait d'une morte.

    L'arrière-plan résulte d'une grande étude de perspective et d'influences flamandes qui donne à la composition une ouverture par un paysage. 

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    ► Le prêteur et sa femme - Quentin Metsys (1514) - musée du Louvre à Paris

    Le prêteur pèse l'argent sur un trébuchet (le trébuchet est à l'origine de l'expression "argent sonnant et trébuchant) comme Dieu pèse les âmes.

    On est ici dans les prémices du capitalisme mais la femme est là pour rétablir le bon ordre des choses : elle lit un livre d'heures, en référence au monde chrétien. Il s'agirait ainsi d'une œuvre à caractère allégorique et moralisateur, sur le thème de la vanité des biens terrestres opposés aux valeurs chrétiennes intemporelles, et d'une dénonciation de l'avarice, comme péché capital.

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    ► Portrait d'Henri IV de Saxe et de Catherine de Meklembourg - Lucas Cranach l'ancien (1514) - musée de Dresde

    Il s'agit d'un tableau double d'un artiste de la Renaissance allemande, Lucas Cranach qui fut toute sa vie peintre des princes électeurs de Saxe.

    Le peintre a fait le choix de ne pas peindre de décor mais de mettre l'accent sur les deux personnages portant des vêtements richement ornés, dont les motifs évoquent les armoiries de leurs familles respectives. Le duc, représenté avec l'un de ses chiens de chasse, plutôt menaçant, est en train de tirer son épée du fourreau ; son épouse a, à ses pieds, un chien de compagnie. Le panneau représentant la duchesse porte un cartouche avec les initiales du peintre, l'année où le tableau a été réalisé, et un serpent ailé, symbole de l'atelier de Lucas Cranach.

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    ► Portrait du comte da Porto et de femme - Paolo Véronèse (1552) 

    Lucie nous fait remarquer la manière attendrissante qu'ils ont de tenir leurs enfants par l'épaule. La femme porte une fourrure de martre, symbole d'un accouchement. A noter ici encore, les deux couleurs complémentaires, le rouge et le vert.

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    ► Portrait d'un couple marié : Massimo Cassotti et sa femme Faustina  - Lorenzo Lotto (1523) - musée du Prado à Madrid

    Un petit Cupidon pose un joug sur les épaules du couple (origine du mot "subjugué") en allusion aux obligations qu’ils contractent en se mariant. Le laurier qui sort du joug est un symbole de vertu et évoque la fidélité. Le collier de perles que porte Faustina est le symbole de son assujettissement à son mari. Le fait de la représenter plus bas que son époux illustre son infériorité sociale. La femme porte un camée représentant la femme de Marc-Aurèle qui était très prolifique.

    L'homme s'apprête à passer un anneau au doigt de sa future épouse : cette coutume remonte à l'antiquité, époque à laquelle on pensait qu’une veine reliait l’annulaire gauche au cœur, siège des sentiments et de la passion amoureuse, la veine de l’amour.

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    ► Double portrait d'un homme et de sa femme - Lorenzo Lotto (1523-1524) - musée de l'Ermitage à Saint-Petersbourg

    Lotto inaugure le portrait psychologique, cherchant à pénétrer dans chaque homme qui pose devant lui ce qui lui est propre : son caractère.

    Le couple est représenté dans un geste d'intimité affectueuse, la main de la femme se penchant sur l'épaule de son mari. Divers détails témoignent de leur statut social élevé, leurs vêtements bien à la mode de l'époque ainsi que l'exotique tapis Anatolien couvrant la table. La femme tient dans ses bras un petit chien, symbole typique de la fidélité conjugale et porte des bijoux et une coiffure "capigliara" composée de faux cheveux et de tissus de soie bouclés, enfermée dans un filet souvent accompagné de pierres précieuses et de perles.

    Si vous n'avez pas compris que le rouge (du tapis) et le vert (du rideau) sont complémentaires...

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    Jan Rikcjsen et son épouse Griet Jans dit "Le constructeur de bateau" - Rembrandt (1633) - Buckingham Palace

    Rembrandt excelle à représenter avec beaucoup de réalisme la relation du couple dans une situation du quotidien intime. C’est une de ses grandes tendances de « brouiller les pistes », de décloisonner les genres en mélangeant ici portrait de couple et scène de genre. Le costume des personnages est très sobre (et sombre), l’œil n’est pas distrait par sa richesse et peut se concentrer sur la scène d’intimité du couple. Aucun cérémonial, aucune solennité ne raidit les modèles ici.

    Il s'agit d'un portrait "parlant" : Griet entre dans le bureau de son mari et lui tend un billet (à la place d'un serviteur). Elle tient encore la poignée de porte comme pour dire à son mari qu'on voit le compas à la main en train de travailler "je ne te dérange pas longtemps"... 

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    ► Le ministre mennonite Cornelius Claesz Anslo et sa femme Heltje - Rembrandt (1641) - musée de Berlin

    Autre portrait "parlant" : le geste de la main de l'homme (pasteur mennonite) montre la Bible ouverte devant lui où se trouve la parole qu'on ne peut pas peindre, la parole divine.

    Lui parle, elle, elle écoute : distribution des rôles entre l'homme et la femme qui doit rester soumise à son mari.

    Histoire de l'art : le couple jusqu'au 19ème siècle à Générations 13

    Fin de la première conférence sur "Le couple dans l'art". Lucie nous a annoncé deux autres conférences sur le même thème.

    Un grand merci à Lucie pour cet exposé tout à fait passionnant.


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  • Ce dimanche, Arlette m'a emmenée en voiture (eh oui, le dimanche ça roule tout seul !) à l'autre bout de Paris : nous avions en effet décidé d'aller visiter l'exposition Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne.

    Le musée présente la première rétrospective parisienne consacrée à l’artiste autrichien Oskar Kokoschka (1886-1980). Retraçant sept décennies de création picturale, l’exposition rend compte de l'originalité dont fait preuve l’artiste et nous permet de traverser à ses côtés le XXe européen.

    Peintre, mais aussi écrivain, dramaturge et poète, Oskar Kokoschka apparaît comme un artiste engagé, porté par les bouleversements artistiques et intellectuels de la Vienne du début du XXe siècle. Par sa volonté d’exprimer l’intensité des états d’âmes de son époque, et un talent certain pour la provocation, il devient pour la critique l’enfant terrible de Vienne à partir de 1908 où, soutenu par Gustav Klimt et Adolf Loos, il inspire une nouvelle génération d’artistes, parmi lesquels Egon Schiele. Portraitiste de la société viennoise, Kokoschka parvient à mettre en lumière l'intériorité de ses modèles avec une efficacité inégalée.

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne 

    J'ai été enthousiasmée par la peinture de cet artiste que je ne connaissais pas jusqu'alors, et frappée par la façon qu'il avait de dessiner les mains : difformes et surdimensionnées.

    Voyez plutôt cette suite de tableaux.

    Le joueur de transe - 1909

    "Le Joueur de transe" représentant l’acteur Ernst Reinhold, un ami de l’artiste, est exposé à l’entrée de l’exposition. L’artiste explore ici, comme à son habitude, l’aspect psychologique du sujet qui prend le dessus sur la réalité.

    Cette œuvre fera partie des œuvres saisies des collections allemandes en 1937 pour être exposées au salon de l'art dégénéré par les nazis.

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    Le père Hirsch - 1909

    Dans son autobiographie, Kokoschka décrit Hirsch comme un vieil homme têtu et colérique. Ses fausses dents, détail habituellement dissimulé dans l'art du portrait, attirent ici toute l'attention, tandis que l'empâtement de la touche témoigne de sa connaissance de Van Gogh. Scandalisé par cette représentation, le public accuse alors Kokoschka de caricaturer ses modèles.

    Cette œuvre sera également présentée lors de l'exposition d'art dégénéré en 1937.

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    Pour la suite de cet article, j'ai classé les tableaux par ordre chronologique contrairement à leur présentation dans l'exposition.

    Le tableau qui suit a accroché mon regard : Le Saint-Suaire de Véronique (1909)

    Le Saint-Suaire de Véronique est l’un des rares tableaux aux références religieuses dans son œuvre. Pourtant, on y retrouve tout son style mais aussi toute la révolution qu’apporte l'artiste au monde de l’Art de son époque.

    L’empreinte ici est si expressive qu’on ne peut que se révolter du sort de cet homme, exécuté sur la place publique ! Seulement, dans cette société catholique Austro-Hongroise, reprendre un thème aussi sacré que celui du Saint-Suaire est un blasphème. En révélant dans son autobiographie que Véronique, le modèle, était la fille de la concierge, on retrouve toute la subversion du jeune artiste, déterminé à bousculer l’ordre artistique établi.

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    Oskar Kokoschka a aussi fait cette affiche pour une pièce de théâtre : elle est intitulée Piéta (1908-1909) et fit scandale à l'époque. Même de nos jours, elle est difficile à regarder...

    « L’homme est rouge sang, c’est la couleur de la vie, mais il gît mort dans le sein d’une femme qui, elle, est blanche, la couleur de la mort ». (Oskar Kokoschka)

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    Karl Moll (1913)

    Fondateur avec Gustav Klimt de la Sécession viennoise, l'artiste et collectionneur Karl Moll encourage vivement le travail de Kokoschka, avec qui il se lie d'amitié. Marié à la mère d'Alma Mahler, c'est par son entremise que les deux amants se rencontrent.

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    La période 1912-1914 avec Alma Mahler

    L’histoire entre Alma et Oskar commence par hasard. Alma, compositrice, est la plus belle femme de Vienne, déjà maman de deux petites filles. Oskar, récemment revenu de Berlin, est un peintre impétueux, sauvage et séduisant, presque dix ans plus jeune qu’elle. Il la capture, la séduit, mais lui fait peur en même temps. Les deux deviennent amants. Pendant deux ans, de 1912 à 1914, ils vivront une histoire intense, faite de hauts et de bas, de querelles et de jalousies, notamment de la part de Kokoschka.

    Paysage des Dolomites (1913)

    En 1913, Alma Mahler et Oskar Kokoschka se rendent dans le massif montagneux des Dolomites en Italie. Dans ses mémoires, Alma Mahler évoque le travail effréné du peintre à la recherche de nouvelles couleurs lors de leurs promenades en forêt. Cette peinture marque un tournant dans l'histoire de Kokoschka, qui s'y affirme comme coloriste. Ici, la palette s'enrichit de nuances saturées de vert et de bleu. S'en dégage une impression de paysage irréel que le peintre capture certainement après une tempête. Cette œuvre sera présentée après avoir été saisie, au salon d'art dégénéré de 1937.

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    Après sa rupture avec Alma Mahler en 1914, Kokoschka s’engage dans l’armée au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il sera gravement blessé à deux reprises et peindra ce tableau, se révélant un peintre engagé.

    Le front d'Isonzo : poilu dans les tranchées (1916)

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    Kokoschka fait la même année le portrait d'une écrivaine, représentante de l’expressionisme littéraire allemand, la Princesse Mechthilde Lichnowsky (1916)

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    Voyageur infatigable, il entreprend dans les années 1920 d’incessants périples en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen Orient. On voit alors ses tableaux se colorer progressivement.

    Matin et soir, Le pouvoir de la musique I (1918-1920)

    Par sa puissance expressive et colorée, ce tableau est un des chefs-d'œuvre de l'artiste. Son premier titre est "Faiblesse et Force", il évoque les relations conflictuelles et passionnées entre les hommes et les femmes. L'artiste traduit ici les crises qu'il a vécues avec Alma Mahler entre 1912 et 1915 et qui l'ont fortement perturbé. Les nazis ont considéré ce tableau comme dégénéré et l'ont saisi dans les collections allemandes de 1937, il a été entreposé, avec beaucoup d'autres oeuvres dites dégénérées, au château de Schönhausen à Berlin pendant la guerre.

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    Hans Mardersteig et Carl Georg Heisse (1919)

    En 1919, l'historien Carl Georg Heisse demande à Oskar Kokoschka de réaliser un portrait de son compagnon, le typographe Hans Mardersteig. Kokoschka les réunira dans une même œuvre. Ce diptyque devait originellement se refermer par un système de charnière.

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    Mère et enfant (1921)

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    Autoportrait au chevalet (1922)

    Kokoschka se représente ici dans son atelier à l'Académie des Beaux-Arts de Dresde. L'artiste s'est placé entre une poupée et son chevalet dans une pose saugrenue. Sa tête disproportionnée s'enfonce dans ses épaules, ses yeux écarquillés interrogent le spectateur : "Bossu" est le terme qu'emploie Kokoschka pour définir cet autoportrait.

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    Dresde, neustadt (1922)

    Ces deux tableaux appartiennent à la série des paysages de l'Elbe que surplombe l'atelier de l'artiste alors qu'il réside à Dresde. De 1921 à 1923, Kokoschka n'exécute pas moins de dix vues du fleuve qui rendent compte de ses recherches stylistiques : simplification des formes, profondeur et dynamisme des couleurs. Alors reconnu comme portraitiste, le peintre se détache de cette étiquette pour s'affirmer comme maître de la peinture de paysages dans la lignée du vénitien Canaletto qui a représenté des vues de Venise, Londres ou encore Dresde.

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    Le port de Marseille (1925)

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    Le marabout de Temacin (1928)

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    Plus tard, étant devenues cibles du régime nazi, ses tableaux sont vendus aux enchères pour participer à l’effort de guerre, ou encore spoliés, lorsqu’ils appartiennent à des collectionneurs juifs. En réponse à ce climat hostile, Kokoschka livre un autoportrait puissant, au titre sans équivoque.

    Autoportrait en artiste dégénéré (1937)

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    Suite au décès de sa mère, Kokoschka émigre à Prague où il séjournera entre 1934 et 1938. Là, il rencontre Olda Palkovskà qui deviendra sa femme. Deux femmes ont ainsi compté dans la vie d'Oskar Kokoschka : Alma à droite qu'il peint comme Mona Lisa mais qui le rendra jaloux, et Olda à gauche qui lui apportera la stabilité.

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    Les amis (1937)

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    A Londres où il s'exile entre 1938 et 1946, il s’investit activement dans des actions antifascistes et rejoint des organisations pacifistes, comme l’Union des artistes libres. L’inéluctable basculement de l’Europe dans la guerre lui inspire des œuvres allégoriques où la parodie flirte avec le grotesque. Que l’inconscience des années 1900 semble loin…

    Anschluss, Alice au pays des merveilles (1942)

    Une femme nue se dresse au milieu d’une scène de guerre ; elle pointe vers le regardeur un doigt interrogateur ; sa candeur et sa pureté contrastent avec l’horreur qui l’entoure. Elle incarne l’Autriche prisonnière d’un monde aux forces inextricables ; comme Alice, le personnage de Lewis Carroll, Kokoschka dénonce l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne et le comportement hésitant des puissances européennes, France et Angleterre, attitude illustrée par un homme d’affaires, un soldat, un prêtre qui, affolés, se couvrent les yeux, la bouche et les oreilles à la manière des "Trois singes de la sagesse" asiatique.

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    Autoportrait, Fiesole (1948)

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    Matin et soir, le Pouvoir de la musique II (1966)

    Il est intéressant de remarquer que l'artiste a traité ce thème la première fois dans les années 1920 (voir plus haut) et sur la fin de sa vie.

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    Les grenouilles (1968)

    Peu après l'établissement de la dictature militaire en Grèce, Le peintre assiste à une représentation de la comédie d'Aristophane Les Grenouilles. Les acteurs y adaptent le message politique de la pièce antique à l'actualité de leur pays. Inspiré par le parti pris de cette représentation, Kokoschka reprend le motif du chœur de grenouilles coassant. 

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    Carletto Ponti (1970)

    Il s'agit bien sûr du fils de Sophia Loren et Carlo Ponti.

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

     Time Gentlemen, please (1971-1972)

    Ce tableau est le dernier autoportrait de kokoschka. Debout, la tête relevée et les mains croisées, il es dirige vers une porte. Dans l'entrebâillement, une figure représentant la mort montre la blessure au cœur de l'artiste, référence à son autoportrait de 1970 pour le magazine Der Sturm. L'expression que le peintre emploie est celle qui est prononcée à la fermeture des pubs en Angleterre. Profondément impressionné par le dernier autoportrait de Rembrandt, Kokoschka, âgé de 86 ans, affronte ici sa mortalité. Son expression est forte, il avance, décidé, vers l'inévitable.

    ☻ Nous avons vu Oskar Kokoschka au Musée d'Art Moderne

    Oskar Kokoschka s'éteint en 1980 à Montreux où il avait élu domicile en 1953 à l'extrémité orientale du lac Léman.

    Je ressors un peu plus savante qu'en entrant et des couleurs plein les mirettes !


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  • Ma sœur, qui prend chaque année la carte du Louvre, m'a invitée comme elle en a le droit à visiter en sa compagnie la grande exposition du moment ce vendredi soir : cela fait partie des avantages dont elle peut faire profiter ses proches...

    Il y a toujours une "installation" à l'intérieur de la pyramide : cette année, c'est l'artiste Barthélémy Toguo qui expose une œuvre monumentale nommée "le Pilier des migrants disparus".

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Ils nous rappellent à leur façon ce que devient au quotidien notre histoire contemporaine traversée de tous les déplacements forcés des réfugiés du monde qui tentent le voyage vers un monde habitable au péril de leur vie. Souvenir plus lointain de la traite et de l’esclavage ? Ils sont en tout cas les signes de toutes les trajectoires périlleuses d'hommes, de femmes et d'enfants qui fuient les guerres, la famine, la misère et les catastrophes écologiques. La Pyramide du Louvre devient l'écrin de verre où flottent ces ballots sans leurs maîtres auxquels on songera forcément. Accrochés autour d'un mât souple, ils forment une échelle de sauvetage que l'artiste veut opposer au cauchemar de l'histoire dont il ne peut se réveiller.

     Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Entrons maintenant dans le vif du sujet avec l'exposition "Les Choses, une histoire de la nature morte" qu'il est encore possible de voir jusqu'au 23 janvier 2023.

    Le Louvre remet à l’honneur un genre souvent considéré comme mineur malgré son succès auprès des amateurs: la nature morte. L’expression française «nature morte », née à la fin du 17e siècle, définit mal ce qui est en réalité la représentation d’un amoncellement de choses, parfois bien vivantes, associées selon un ordre choisi par l’artiste. Le mot « chose » adopté par l’exposition semble donc plus adéquat pour traiter cette thématique dans son ensemble.

    L'exposition est très importante (elle présente près de 170 œuvres) : je n'ai donc choisi de vous montrer que quelques unes d'entre elles (25 œuvres) qui m'ont attiré l'œil.

    Elles ont été classées par genre.

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    Nature morte

    Peinture ayant pour sujet principal des objets de la vie quotidienne, des fleurs, des fruits, des légumes, du gibier ou encore des poissons chargés d’un caractère symbolique. C’est au 17e siècle que la nature morte devient un genre pictural indépendant. Vers 1650 apparaît aux Pays-Bas le terme de still-leven (nature immobile) qui se traduit par stilleleben en Allemagne et enfin still-life dans les pays anglo-saxons. En France, jusqu’au 17e  siècle, on parle de «Nature inanimée », de «Choses mortes et sans mouvement» ou encore de «Vie immobile et silencieuse ». Au 18e siècle, le succès de ce genre nécessite l'adoption d’un terme nouveau et, en 1756, apparaît l’expression «nature morte».

    Nature morte avec fruits et gibier - Peintures à Herculanum (50-79 de notre ère)

    Comme d'autres peintres avant lui, l'artiste fait montre ici de virtuosité dans la reproduction mimétique des choses, saisies dans leur beauté, leur humilité, leur fragilité aussi. La représentation le dispute à la nature 

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte aux légumes - Frans Snyders (vers 1610)

    Peinte vers 1610 par l'artiste flamand Frans Snyders, élève de Pieter Brueghel le Jeune et de Hendrick Van Balen, cette Nature morte aux légumes présente en gros plan la récolte d'un couple de paysans renvoyés, eux, en minuscule dans le lointain. Les producteurs sont condamnés à l'état subalterne alors même que ce sont eux qui travaillent la terre afin de produire des marchandises à vendre. Le chou, le cardon, le melon ou les carottes forment une montagne de choses qui se déverse sur nous comme pour annoncer le règne des choses qui prennent le dessus en occupant la scène principale.

    C'est vrai que si on passe un peu vite, on loupe la scène des paysans...

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte Le bœuf écorché - Rembrandt (1655)

    Ce n'est pas la première fois que je la vois, mais c'est la première fois que je la regarde de près.

    Au milieu du 17e siècle, le motif de la bête en cours d'équarrissage est courant en peinture. Rembrandt et ses élèves ont pu représenter des scènes de boucherie. Mais l'originalité de ce Boeuf écorché tient à sa seule présence dans l'image, où la silhouette d'une servante, qui observe le cadavre mutilé comme nous la regardons, renforce son énormité. Cette grande forme de graisse et de sang dramatisée rompt avec les peintures de banquets et de marchés alors à la mode. Rembrandt oppose à cette tradition, pour la première fois, une seule chose morte, mais qui habite étrangement le monde.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    J'ai adoré cette Nature morte de gibier prêt à mettre en broche par François Desportes (1716).

    Desportes nous amène en cuisine, où attendent d'être rôties diverses pièces de gibier. A l'inverse des artistes flamands qui, au 17e siècle, élargissaient leur nature morte aux dimensions des étals et des intérieurs, l'artiste se concentre sur ces seules choses, dont certaines basculent du côté du décoratif. L'oeuvre, d'ailleurs, fut conçus pour les appartements du Régent, au Palais-Royal à Paris. Cette destination n'enlève cependant rien à l'originalité de cette nature morte, et d'abord au sein de l'oeuvre de Desportes. Avant Chardin, il a ainsi contribué à renouveler le genre.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Panaches de mer, lithophytes et coquilles - Anne Vallayer-Coster (1769)

    Une peintre femme, française, que j'ai découverte grâce aux conférences d'histoire de l'art de Générations 13.

    Cette œuvre dit la passion du 18e siècle français pour les curiosités de toutes sortes. La jeune Anne Vallayer venait d'être reçue par l'Académie royale de Peinture et de Sculpture quand elle a réuni ces ces coquillages, ces éponges, ces coraux et ces panaches de mer. La rigueur taxinomique en moins, cette collection agencée de façon pittoresque renvoie aux objets d'étude des cabinets scientifiques et de curiosités. Surtout, elle croise la mode "rocaille", fondée sur l'imagination des caprices de la nature, et les merveilles des boutiques de luxe où la nature se réinventait sous des formes fastueuses.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte avec pastèques et pommes dans un paysage - Luiz Egidio Meléndez (1771)

    Meléndez a posé ses pastèques sur fond de ciel orageux. Majestueuses, elles dominent leur environnement, écrasantes du fait de la composition en diagonale où l'effet d'accumulation nous accable. Si l'artiste leur donne une telle place, c'est que sa nature morte était destinée au cabinet d'histoire naturelle de Charles de Bourbon, prince des Asturies et héritier du trône d'Espagne. Au delà du souci scientifique, l'oeuvre atteste dans le rendu de la chair aqueuse, ponctuée de pépins noirs luisants, d'un souci décoratif et d'une fascination de Meléndez pour la simple matière et la présence nue des choses.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Botte d'asperges - Edouard Manet (1880)

    Manet a mis tout son art dans cette botte d'asperges dont les riches couleurs la détachent du fond sombre et de son épais lit de feuilles. L'artiste s'est beaucoup intéressé à cette plante durant les mois d'avril-mai 1880 qui correspondent à la période de sa cueillette et de sa consommation alors favorisée par une culture intensive. Autrefois réservée à la table des rois, l'asperge devient ici une belle botte appétissante comme une chose simple, banale et démocratique.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte aux oranges (Tanger) - Henri Matisse (début 1912)

    Comme Picasso, à qui il l'a empruntée pour finir son exposition sur "La nature morte de l'antiquité à nos jours" en 1952, l'historien de l'art Charles Sterling (1901-1991) admirait cette nature morte d'oranges. Matisse l'avait peinte au début de son premier séjour au Maroc, non sans douleurs : elle lui avait paru "insuffisante", bien que "jolie". Il l'avait recommencée, mais au risque de perdre l'essentiel : l'épaisseur des choses, leur substance, et cette sorte d'élan, la joie et la beauté qui devaient passer dans le modelé, les lignes et les couleurs, la légèreté de la touche.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Changement d'époque mais surtout de style avec cette Nature morte d'après "La desserte" de Davidsz. de Heem - Henri Matisse (1915)

    Matisse a copié "La desserte" en 1893, pour se mesurer à sa force, à son faste. En 1915, il s'y confronte encore, mais à partir de sa copie en 1893 "selon les méthodes de la construction moderne", affirme l'artiste. Il en résulte une variation monumentale du chef-d'oeuvre, où le cubisme en particulier modifie la donne en donnant aux choses une autre présence (ainsi le luth est vu à la fois de face et de côté). Quant à la dimension morale de "La desserte", alors que la grande guerre fait rage, elle réside alors peut-être davantage dans la tentative d'ordonner le chaos du monde.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Mon intérieur, Paris - Nature morte au réveil - Léonard Foujita (1921)

    Sur le buffet, on reconnaît la célèbre paire de lunettes rondes de Foujita. De là, le titre du tableau pourrait non seulement renvoyer à l'atelier du peintre et à ses choses, mais aussi à un autoportrait, formé, en partant des sabots surexposés, comme des pieds, par des lunettes (les yeux ?), la lampe (nez ?), le linge à carreaux (dents ?), tenus ensemble dans la fusion des plans. Arcimboldo moderne, Foujita pourrait avoir livré son "portrait robot", où des choses très humaines renverraient autant à son intériorité qu'à son intérieur parisien.

    A la dernière conférence d'Histoire de l'art à G13, Lucie, la conférencière, nous l'avait effectivement présenté comme un autoportrait caché : je trouve ça un peu tiré par les cheveux...

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Grande nature morte au guéridon - Pablo Picasse (1931)

    Tout semble très vivant dans cette Grande nature morte. Dans la chaleur des couleurs, le dynamisme des courbes, les êtres et les choses dialoguent et fusionnent. Il en va d'une métamorphose joyeuse : les pommes sont comme des seins, le pichet jaune ondoie comme une chevelure. Marie-Thérèse Walter règne sur ce monde mouvant et très humain, où les formes organiques, le jaune et le mauve, évoquent en effet la compagne et modèle de l'artiste. Quarante ans plus tard, à même cette toile, Picasso traçait encore du doigt les courbes de la jeune femme en s'exclamant. "En voilà une nature morte !"

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec Arlette

    Nature morte à la tête de mouton - Bernard Buffet (1952)

    Ce tableau de jeunesse de Bernard Buffet se réfère à la Nature morte à la tête de mouton de Goya, qu'il admirait. Buffet sort alors de l'expérience de la guerre, et la dureté de son œuvre évoque d'emblée un monde de pénurie et de douleur. Mais la bête ricanant, à l'œil torve, dans cet environnement sordide, caricature sans doute l'artiste lui-même, célèbre mais peu compris de son époque.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Nature morte vivante - Salvador Dali (1956)

    Dali s'affronte ici à la tradition classique , aux maîtres anciens du 17e siècle - Linard, Van Schooten ou Claez Heda. Il veut attaquer la monotonie de l'art moderne institutionnalisé. Ainsi fait-il allégeance aux conventions de la nature morte, mais en la défiant par l'intrusion d'éléments incongrus : une bouteille d'Anis del Mono, ou la structure de l'ADN. Surtout, Dali représente des choses vivantes, en lévitation. L'œuvre achève ainsi de nous dépayser, en même temps qu'elle contredit l'idée même d'une nature qui serait "morte".

    Trouverez-vous la structure de l'ADN... ?

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    J'adore !

    Un tableau plein de fantaisie comme à l'habitude chez Dali. Regardez comme l'eau qui s'échappe de la bouteille est superbement rendue par le peintre.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

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     Vanité 

    Nature morte dont les objets font référence à la fragilité et à la brièveté de l’existence humaine, ce qui signifie qu’il faut se tourner vers Dieu plutôt que vers les plaisirs terrestres. Le motif que l’on retrouve le plus souvent est le crâne qui rappelle la finitude de notre existence terrestre. D’autres motifs récurrents symbolisent le temps qui passe (fleurs fanées, fruits gâtés, sablier…) ou encore les plaisirs éphémères de la vie dont il faut se détacher, comme la musique, la lecture ou la bonne chère.

    Georges de la Tour et sa Madeleine à la veilleuse (vers 1642-1644).

    Georges de la Tour représente la disciple du Christ en train de méditer dans sa cellule, pieds nus et pauvrement vêtue. Sa main droite est posée sur une tête de mort qu'elle tient sur ses genoux, en rappel de la vanité de l'existence sur terre. Après avoir péché selon la loi chrétienne, Madeleine se consacre désormais à la vie contemplative. Ce tableau dépouillé aux formes simples met en valeur les objets symboliques de la foi : la lampe à huile dont la flamme est aussi fragile que la vie, deux livres religieux, un crucifix et une discipline (fouet pour se flageller).

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    La richesse de l'avare et sa mort - Hieronymus Franken II (vers 1600)

    Ce tableau exhibe le luxe et le faste d'Anvers, en dépit des ravages de la guerre de Quatre-Vingts ans (1568-1648). La ville en effet est restée réputée pour ces produits de luxe que Hieronymus Franken II décrit avec précision. Ce faisant, il suscite l'admiration, voire notre convoitise. Nous aurions cependant tort de ne pas nous détacher de ces choses somptuaires pour voir à l'arrière-plan leur propriétaire, couché sur son lit de mort et entraîné par des démons aux enfers. L'artiste suggère ainsi la vanité de ces choses fabuleuses, qui consument l'homme et sa foi.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

     ► Pour rester dans le domaine culinaire, voici cet autre tableau de Joachim Beuckelaer (1589) représentant une "Scène de cuisine avec Jésus dans la maison de Marthe et Marie en arrière-plan".

    Dans la peinture flamande de la fin du 16e siècle, la représentation de la cuisine est souvent associée à la visite de Jésus chez Marthe et Marie. La scène biblique passe ici à l'arrière-plan, pour concentrer l'attention sur la cuisinière, sorte de double de Marthe, absorbée par les tâches domestiques, quand Marie écoute la parole du Christ. La cuisinière se situe du côté des choses de ce monde : la forme du gigot fait écho à son sein, le chou renvoie à sa sexualité, la courge à la fertilité et au sexe masculin. L'instabilité même des plats suggérerait celle de la nature humaine, dominée par la sexualité.

    Ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'écriteau décrivant le tableau !

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

    Grand vase Charpin - Barthélémy Toguo (2016)

    En 2011, Barthélémy Toguo est invité à créer une série d'oeuvres uniques sur de nouvelles formes de vases créés par Pierre Charpin à la manufacture de Sèvres. Il s'inspire de travaux scientifiques et part de modèles de cellules infectées et de virus (VIH, Ebola) transformés par les nouvelles techniques d'impression en 3D, avant d'en grossir les formes. Si ce grand vase est à première vue décoratif, de plus près, la vanité représentée sous un entrelacs de fleurs et de tiges (la tête de mort) évoque les catastrophes. Aujourd'hui, alors qu'une pandémie frappe le monde entier, il semble annoncer les fléaux à répétition.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

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     Ready-made 

    Un ready-made est un objet de la vie quotidienne qui est détourné de sa fonction utilitaire pour atteindre le statut d'œuvre d’art. C’est l’artiste Marcel Duchamp (1887-1968) qui crée les premiers ready-made à partir de 1913, dont le plus célèbre est son urinoir présenté à l’envers, qu’il rebaptise Fontaine en 1917.

    Porte-bouteille - Marcel Duchamp (1914) 

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec Arlette

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     Scènes de la vie religieuse  

    L'annonciation - Atelier de Rogier Van der Weyden (vers 1435-1440)

    L'annonciation, le message de l'ange Gabriel à la Vierge Marie lui annonçant qu'elle sera la mère de Jésus, a ici pour cadre une chambre à coucher typique des demeures bourgeoises du milieu du 15e siècle. Le mobilier et les objets sont traités avec naturalisme, ce qui les inscrit dans le quotidien profane de l'époque. Pourtant ce décor n'est pas représenté pour lui-même mais est subordonné au religieux. Ainsi l'aiguière suggère la purification par l'eau, l'orange fait allusion au fruit défendu, le lis évoque la pureté éternelle de Marie.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

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     Inclassables 

    Table, dite aussi "Table surréaliste" - Alberto Giacometti (1933)

    Cette table surréaliste associe une tête féminine, une main coupée, un polyèdre et un creuset contenant une fiole. L'assemblage est poétique et symbolique. Son incongruité évoque la "rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie", dont le comte de Lautréamont, salué par les surréalistes comme l'un de leurs prédécesseurs, vantait la beauté en 1869. Le polyèdre, lui, est directement emprunté à "Melancolia 1 (1514) de Dürer, alors que Giacometti est dévasté par la mort de son père. La table surréaliste exprime sa souffrance et le surgissement des fantômes. 

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec Arlette

    Cocotte de moules fermées - Marcel Broodthaers (1964)

    Il s'agit d'un des premiers assemblages de Broodthaers, après qu'il a abandonné la poésie et la littérature pour, affirmait-il ironiquement, "entrer dans le moule", "vendre quelque chose et réussir". L'œuvre s'inscrit dans une série d'autres "casseroles de moules", évoquant le plat national de sa Belgique natale, et surtout cette "reconversion" en forme de blague. Référence surréalisante aux coquillages des natures mortes flamandes, symboles de vanité, le mollusque fermé contient du vide, comme l'artiste, qui, par dérision, atteint au degré zéro du langage plastique.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec Arlette

    Sans titre - Thomas Schütte (2001)

    On donnerait volontiers pour ancêtres à ces marionnettes aux têtes grotesques les "Têtes de caractère" de Franz Xaver Messerschmidt (1756-1783) qui dépeignent des expressions faciales et des états d'âme. Elles font partie d'une série de 18 sculptures commencées en 1992 intitulée "Ennemis réunis". L'Allemagne venait d'être réunifiée, et ces sculptures ont pu être interprétées comme une satire de figures politiques, de leurs ridicules et de leurs combats. Plus largement, elles suggèrent dans leur précarité un certain état de la condition humaine, et les passions qui la fondent.

    Visite de l'exposition "Les choses" au Louvre avec ma soeur

     Un peu plus érudite !

    J'ai appris quelques petites choses dont j'espère me souvenir, mais, comme vous le savez, ça entre par une oreille et ça ressort par l'autre !

     Merci ma sœur 


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  •  

    Ce dimanche matin, je suis allée avec mon amie Michèle à la Conciergerie où expose actuellement l'artiste Théo Mercier.

    Dans Outremonde, The sleeping chapter, l'artiste invite le visiteur à découvrir des sculptures en sable qui rappellent la pierre du palais de la Cité, comme des prolongements métaphoriques de son histoire. Des lits défaits dont on sent encore les mouvements et les souffles à travers leurs plis, des chiens en sable comme fidèles compagnons des dormeurs sont au centre de cette installation à la fois lumineuse et sonore autour des rêves et du sommeil.

    C'était pour nous deux l'occasion de venir découvrir ce lieu magnifique qu'est la Conciergerie, le plus ancien vestige du palais de la Cité, résidence médiévale des rois de France et prison sous la Révolution française.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition de Théo Mercier

    Mais d'où vient ce nom de conciergerie ?

    Le Concierge est un haut personnage du royaume, nommé par le roi pour assurer l'ordre, la police et enregistrer les prisonniers.

    Construite dès 1302, sous Philippe le Bel, c'est un exemple unique d'architecture civile gothique. Elle est composée de quatre nefs voûtées d'ogives et est largement éclairée par des baies géminées. Quatre cheminées chauffaient ce vaste réfectoire où se restaurait la garnison du Palais ainsi que les domestiques de la maison du roi : cela représentait quelques 2000 personnes.

    L'installation est présentée dans la salle des Gens d'Armes dont cette photo montre la belle voussure.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Théo Mercier a transformé cet espace en un immense dortoir que des dormeurs auraient quitté à la va-vite, laissant en l'état draps et oreillers.

    Et tout ceci n'est fait qu'avec du sable et de l'eau !

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier 

    L'artiste a même reproduit des troncs de colonnes.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Le réveil a sonné trop tard !

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Plus vrais que nature, non ?

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Ca et là, des chiens semblent veiller sur les dormeurs : je soupçonne l'artiste d'avoir lui-même un chien tant ils sont bien "croqués"...

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Sur la gauche, l'une des quatre grandes cheminées qui chauffaient le réfectoire.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Au fond de la salle, un joli bas-relief.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Impossible de trouver à quoi il correspond, mais il est possible, vues les deux cornes d'abondance, qu'il soit en rapport avec la fonction de restauration de la salle des Gens d'Armes (?)

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition de Théo Mercier

    La salle des Gardes, également voûtée d'ogives, était l'antichambre de la Grand'Chambre du roi qui se trouvait à l'étage et qui a disparu. C'est là que siégeait le Parlement et que le roi tenait ses lits de justice. C'est là aussi que beaucoup plus tard, sous la Révolution, en 1793, s'installera le Tribunal révolutionnaire.

    Les chapiteaux des piliers de cette salle sont joliment sculptés.

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Sur l'un des piliers est indiqué le niveau de montée des eaux de la crue de 1910.

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    On peut y voir aussi des reproductions des "Très Riches Heures du duc de Berry" représentant le palais de la Cité qui, à l'époque, était à la campagne.

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'exposition Théo Mercier

     Retour dans la salle des Gens d'Armes pour aller visiter les cuisines auxquelles on accède par un escalier en colimaçon (dont on aperçoit le pilier central à gauche de la photo). Nous sommes arrivées à l'ouverture du palais, il n'y a pas encore trop de monde même si, aujourd'hui dimanche, l'entrée est gratuite.

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Le voici de plus près

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Dans cette grande pièce carrée, encore une jolie voûte

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Les cuisines ont été élevées sous le règne de Jean le Bon (1350-1364), elles étaient utilisées pour préparer les repas des personnels du roi. Les denrées y parvenaient directement par bateau.

    Les manteaux des quatre cheminées s'appuient sur les piliers au moyen d'étrésillons (éléments en pierre placés entre deux parties pour en maintenir l'écartement).

    J'ai appris un nouveau mot !

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Voici la hotte de l'une des quatre immenses cheminées dans lesquelles ont faisait rôtir les viandes, volailles et poissons, rôties ou grillées, ou dans lesquelles les marmitons préparaient les soupes et les potées de légumes.

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Impressionnant, non ?

    Visite de la Conciergerie et de l'installation de Théo Mercier

    Je crois bien que nous avons loupé la fin de la visite de ce beau lieu, en particulier tout ce qui touche à la Révolution... Ce sera pour un autre dimanche !

    L'exposition "Outremonde, the sleeping chapter", est visible à la Conciergerie du 14 octobre 2022 au 8 janvier 2023.

    Une bonne idée que d'utiliser ce lieu pour une exposition...

     


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  • Depuis 2014, le groupe APRR rénove les 590 panneaux d’animation culturelle et touristique qui jalonnent leurs autoroutes, avec le concours d’artistes de renom.

    Voici celui qui a été réalisé par Floc'h concernant la bataille d'Alésia. Il est situé sur l'autoroute A6 à la hauteur de la petite ville d'Alise-Sainte-Reine, lieu présumé (même si contesté) de la fameuse bataille entre César et Vercingétorix. 

    "Il présente au premier plan évidemment la star du secteur, Vercingétorix. Ce dernier a tous les traits iconiques qu'on attribue habituellement à la figure du chef Gaulois : il a les bras croisés, il est armé d'une longue épée à la ceinture, un bouclier à ses pieds. En fait, il vous défie presque, vous qui êtes sur la route. Il a la stature du chef de guerre."

    "A l'arrière-plan, vous distinguez le bâtiment du Muséoparc. Il manque Jules César, mais il pourrait d'ailleurs aussi manquer un autre empereur : Napoléon III, sans qui le site d'Alise-Sainte-Reine n'aurait peut-être pas le même rayonnement. Mais ça, c'est ce qu'on vous raconte dans le podcast Panorama." (Pierre Bremont)

    Panorama, le podcast des autoroutes APRR

    Les podcasts Panorama permettent de s’immerger dans les histoires des régions proches des autoroutes.

    Voici celui concernant la bataille d'Alésia : pour l'écouter, cliquez ICI.

    Ce podcast est le dernier des 20 qui ont ainsi été réalisés pour illustrer tous les épisodes ayant marqué l'histoire de France le long des autoroutes APRR. C'est Denis Podalydès de la Comédie française et Juliette Roudet qui les ont enregistrés.

    En voici la liste :

    1- La véritable femme de d'Artagnan
    2 - Dans les griffes de la Vouivre
    3 - La mystérieuse chasse à l'abîme
    4 - Les trois morts de Lamartine
    5 - Le trésor des templiers de la forêt d'Orient
    6 - Camille Claudel et le géant de pierre
    7 - Bernoline, un pacte avec le démon
    8 - Le destin d'Eponine, princesse gauloise
    9 - Le pacte de Nicéphore Niepce
    10 - Mélusine et la malédiction de Maulnes
    11 - La véritable histoire du chevalier Bâtard-Montrachet
    12 - La chanson d'amour de Coco Chanel
    13 - L'alchimie de la Grande-Chartreuse
    14 - Le secret du comte de Buffon
    15 - Les passions de Berlioz
    16 - Le prisonnier du Mont-Aiguille
    17 - L'ambigu chevalier d'Eon
    18 - Rachi, entre lumières et légendes
    19 - Le trésor maudit d'Arc-et-Senans
    20 - Alésia ou l'ombre de l'empereur

    Si vous voulez les écouter, cliquez ICI.

    J'avais pensé à Louis quand j'ai découvert leur existence mais ils s'adressent peut-être à des enfants un peu plus âgés. Qui sait, peut-être certains des petits-enfants de ma meilleure copine...?

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