• Anne-Marie Guérin s'est écartée aujourd'hui de l'intitulé de son atelier "Petites promenades dans Paris" pour nous emmener à Ecouen où elle a fait appel à l'association "Paris-Art et Histoire" pour nous proposer une visite guidée du château.

    Après avoir pris le train à la gare du Nord nous voici, quelques trente minutes plus tard, sur le chemin du château qui se trouve un peu à l'écart de la ville.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

     Il faut traverser un petit bout de forêt pour y accéder : le sentier est heureusement goudronné, ce qui nous évite de patauger dans la boue due à la pluie des jours précédents.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Le fléchage est facile : il suffit de suivre "Château d'Ecouen". Pourtant, sur cette pancarte on parle de musée national de la Renaissance.

    Quèsaco... ?

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    Le château abrite en effet l'une des plus importantes collections d'objets d'art datant de cette époque et - quoi de mieux pour la présenter - qu'un écrin contemporain !

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

     Une jolie grille encadre le pont désormais "dormant" qui enjambait jadis des douves en eau : les invasions ne sont plus à craindre, pas même celles des touristes apparemment... Nous ne sommes pas à Paris et les musées n'attirent pas forcément les foules : pourtant on peut voir dans celui-ci de véritables merveilles.

    C'est ma troisième visite du Château (la première s'est faite lors de l'une des randonnées de Jacqueline) et la seconde en famille mais c'est la première fois que je suis une visite guidée.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Pour embrasser l'intégralité du château depuis sa "façade est" donnant sur la plaine de France environnante, il faut s'en éloigner : nous ne l'avons pas fait mais mon ami internet m'a fourni cette photo de "L'Agence Photo" qui montre son plan carré flanqué de quatre pavillons d'angle, héritiers des châteaux médiévaux.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Devant l'entrée du château : nous sommes 22 participants.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Avec Bibi Fricotin : merci Monick !

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Un petit air d'l'Hôtel de Beauvais (visité dernièrement) pour ce porche d'entrée, non ? Même plafond à caissons, mêmes grilles le séparant de la cour d'honneur.

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    Il donne accès à une grande cour carrée, presque austère, du style de la première Renaissance française dont on voit ici l'aile ouest.

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    Avant toutes choses, il est l'heure de nous restaurer : Anne-Marie a justement réservé un menu de groupe (le menu Cupidon est à 23 euros) à "La Table des Rois", le restaurant du musée qui se trouve dans l'un des quatre pavillons d'angle.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    L'entrée vient de nous être servie : une salade landaise, qui sera suivie d'un filet de perche sauce safranée pour terminer par une crème brûlée à la vanille.

    Miam miam...

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Nous avons été servis rapidement étant, au départ, le seul groupe à déjeuner, ce qui fait que nous étions à l'heure au rendez-vous donné par Monsieur Obel, notre guide de l'association "Paris-Art et Histoire".

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Le voici justement qui commence la visite : il est tout juste 14 heures et..., elle durera 3 heures.

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    Il nous parle tout d'abord de son premier propriétaire, le connétable Anne de Montmorency, chef des armées du royaume de France. Monsieur Obel nous fait remarquer que ce prénom d'Anne était à l'époque masculin...

    Portrait par Léonard Limosin - 1556 - Musée du Louvre

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Celui-ci, de retour des guerres d'Italie, fit construire - entre 1538 et 1555 - ce château sur le modèle des palais italiens. Grand ami de François Ier et d'Henri II, il possédait en effet une très grosse fortune. Le château reste dans la famille des Montmorency jusqu'à l'exécution de son dernier descendant (qui n'avait pas d'héritier mâle), Henri II de Montmorency.

    Voilà ce qui arrive quand on intrigue contre le Cardinal de Richelieu...

    Il est alors confisqué par Louis XIII.

    Na !

    Il passe plus tard aux Condé jusqu'à la Révolution pendant laquelle il est confisqué, servant tour à tour d'hôpital, de prison et de lieu de réunion d'un club de patriotes.

    En 1805, Napoléon y ouvre une "maison d'éducation pour les filles de la Légion d'Honneur" : elles seront quelques milliers à connaître cette éducation.

    A partir de 1814, restitué aux Condé par Louis XVIII, le château est laissé plus ou moins à l'abandon et ce n'est qu'en 1850 qu'il retrouve sa vocation de maison d'éducation, ceci jusqu'en 1962 où il est mis à disposition du Ministère des Affaires Culturelles qui le transforme en musée national de la Renaissance. Celui-ci est inauguré en 1977 par Valéry Giscard-d'Estaing suite à de lourds travaux de restauration.

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    Monsieur Obel nous parle ensuite du style du château, purement inspiré de l'architecture Renaissance des châteaux de la Loire et dont le seul décor tient dans ses lucarnes, de plus en plus ornées au fur et à mesure que le chantier s'avance.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    On peut y distinguer des frises doriques (avec une alternance de triglyphes et de métopes en forme de bucranes) surplombant les fenêtres.

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    Les deux grands avant-corps des façades nord et sud ont été rajoutés postérieurement par Jean Bullant (1515-1578), l'un des principaux architectes du château. Ils témoignent de l'influence antique de la seconde Renaissance.

    Voici l'aile nord, celle réservée aux appartements de la Reine (au rez-de-chaussée) et à ceux du Roi (au premier étage). Ecouen est en effet un château "semi-royal" où Henri II et Catherine de Médicis séjournèrent de nombreuses fois.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

     Un grand portail la décore surmonté de deux lucarnes.

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    On peut y voir entre celles-ci des fleurs de lys alternant avec des quartiers de lune (ils représentent la royauté).

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    Gilbert Obel nous montre également les quartiers de lune entrelacés qui symbolisent la royauté et la maxime du Roi, gravée sur la pierre en latin : inutile de vous dire que je l'ai largement oubliée et que ce n'est qu'en cherchant sur internet que je peux vous la fournir.

    Donec totum compleat orbem - en d'autres termes - jusqu'à ce qu'il (le croissant de lune) remplisse l'orbe toute entière : la gloire du Roi irait en croissant jusqu'à ce qu'elle remplisse le monde...

    Pas vraiment modeste le roi Henri II !

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    De l'autre côté, un métope représentant un arc-en-ciel : notre guide nous a dit qu'il était le symbole de la Reine. La devise en grec, alors là, je donne ma langue au chat !

    Y'a pas photo : un bon guide, c'est mieux qu'un ordinateur ! 

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    Sur les pavés de la cour, on peut voir l'étoile à cinq branches de la Légion d'Honneur qui rappelle le passé historique du château. Nous la verrons mieux quand nous serons à l'étage.

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    On peut y voir aussi une bouche d'égout amusante. Je ne sais pas si celle-ci date de la même époque ?

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    Juste en face sur l'aile sud et lui faisant pendant, le "Portail des esclaves" est ainsi nommé à cause des deux statues qui l'ornent, oeuvres de Michel-Ange, dont les originaux sont conservés au Louvre.

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    Cet avant-corps en forme d'arc de triomphe copie un prototype antique, le temple de Castor et Pollux, situé sur le Forum de Rome. Quatre colonnes corinthiennes cannelées soutiennent une corniche ornée de guirlandes.

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    Les statues de Michel-Ange devaient à l'origine orner le tombeau du Pape Jules II.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    La visite de la cour étant terminée, Monsieur Obel nous entraîne alors à l'intérieur du château dont la visite commence par celle de la chapelle, située dans le pavillon sud-est. Celle-ci a été fort dépouillée à la Révolution et reflète aujourd'hui la sobriété de son premier état.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

     C'est surtout le plafond en voûte d'ogives qui est remarquable. On peut y voir les armoiries du connétable, et son monogramme : le A et le M entrelacés se lisant à l'endroit comme à l'envers.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Les armoiries et leur description

    D'or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d'azur (les alérions sont des aiglons)

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Cliquez sur la photo pour l'agrandir.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    A droite du vitrail, l'oratoire privé des Montmorency

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    Face au vitrail, un orgue rénové au XIXème siècle : c'est un Cavaillé-Coll.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Sur la balustrade du balcon ouvragée, le monogramme de Anne de Montmorency

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    Dans les angles, des niches abritent les statues des Pères de l'Eglise.

    Voici celle de Saint Ambroise

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    Monsieur Obel nous montre aussi quelques oeuvres en particulier, datant de la Renaissance, comme ce retable de la Passion attribué à Pierre Reymond qui surmonte l'autel.

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    Accolée à la chapelle, la sacristie : elle est meublée d'un petit orgue absolument admirable qui m'a tapé dans l'oeil.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Malheureusement, la Cène de Marco d'Oggiono, un élève de Léonard de Vinci est au Louvre actuellement pour cause d'exposition. Elle doit décorer avantageusement d'ordinaire le mur contigu à la sacristie...

    Dans ma précédente visite, je l'avais prise en photo...

     Le Château-Musée d'Ecouen

    J'ai aussi vu l'oeuvre du Maître à Milan qui se trouve dans le réfectoire du Couvent de Santa Maria delle Grazie.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    La visite de la Chapelle terminée, il nous reste encore du pain sur la planche, du moins pour Monsieur Obel : un rez-de-chaussée et deux étages nobles à faire visiter sur trois côtés, plus les combles...

    Je me souviens qu'on a commencé cette visite par la salle des armes et armures située au rez-de-chaussée. Laissant les armes et les armures à la classe de maternelle venue visiter le musée ce jour-là..., nous nous sommes concentrés sur sa cheminée monumentale.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Le style renaissance est ici reconnaissable - entre autres - aux deux grands personnages, un homme et une femme porteurs de cruches, qui encadrent la scène biblique, ainsi qu'aux volutes ornant la partie basse du manteau.

    Il s'agit de l'épisode de la rencontre entre Salomon et la reine de Saba.

    Nous verrons beaucoup d'autres cheminées monumentales dans les autres pièces de ce château.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Photo Réunion des Musée Nationaux

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     Notre guide nous fait également remarquer les élégantes frises typiques de la Renaissance bordant le plafond de bois.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Nous nous rendons ensuite dans les anciennes cuisines du château où une maquette de celui-ci est présentée tel qu'il était à l'origine avant que sa façade est ne soit transformée afin de permettre à ses occupants d'avoir une vue sur la vallée.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    On y aperçoit notamment le portique central portant une statue équestre du connétable de Montmorency.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Dans la salle suivante qui est également une ancienne cuisine, on peut voir des boiseries provenant de la chapelle du Château de Gaillon en Normandie, propriété du Cardinal Georges d'Amboise.

    La partie haute est encore de style gothique alors que la partie basse est déjà de style renaissance.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Quelle finesse dans la sculpture du bois !

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    Dans cette salle du pavillon sud-ouest, très sombre comme c'est souvent le cas à Ecouen - par mesure de conservation -, on peut admirer des peintures sur cuir représentant une allégorie de Rome et de six de ses héros. Ils proviennent d'une maison de ville de la rue du Gros-Horloge à Rouen. Ces peintures sont basées sur des gravures sur cuivre du peintre flamand Hendrick Goltzius.

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    Notre guide nous a raconté l'histoire de celui-ci, Marcus Curtius, protagoniste d'un étrange épisode de la mythologie romaine : vers 635 avant J.-C., un gouffre s'ouvrit sur la place du Forum, menant directement aux enfers. Ce gouffre s'était formé car les romains avaient oublié d'accomplir un sacrifice envers les morts.

    Marcus Curtius, sur le dos de son cheval, plongea dans le trou sans fond pour prouver la force de Rome mais..., il disparut à jamais.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Autre belle cheminée renaissance représentant Le Tribut de César

    Il s'agit de la seule scène tirée du Nouveau Testament ornant les cheminées du Château d'Ecouen. Le Christ préconise de "rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César".

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Les cheminées renaissance ne sont pas toutes peintes, il y en a aussi de très belles en pierre.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13 

    Une curieuse statue de la Vierge s'ouvrant en triptyque avec une représentation de la
    Sainte-Trinité : le Père, le Christ en croix et la colombe 

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    Marie Madeleine ? Je ne sais plus...

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Nous voici maintenant dans la salle présentant la nef automate dite "de Charles Quint".

    Une fois remontée, elle avançait sur la table, lors des repas princiers et ses personnages s’animaient : les musiciens commençaient à jouer et les princes électeurs défilaient en signe de fidélité devant l’empereur, peut-être Rodolphe II, petit-fils de Charles Quint.

    Nous sommes tous scotchés devant, écoutant religieusement les explications du guide qui nous montre qu'elle est montée sur quatre roues ovales lui permettant de simuler la houle... 

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Une vigie à son poste actionne un marteau.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Un petit film vaut mieux qu'un grand discours.

    Avouez que c'est bluffant !

    Dans la chambre de la Reine, trois tapisseries (en provenance de Bruxelles) représentent l'histoire de Phaëton, fils d'Hélios dieu du soleil qui, imprudemment, emprunta le char de son père, en perdit le contrôle embrasant le ciel et la terre. L'histoire se termine mal : Zeus le foudroya...

    Elles illustrent le texte d'ovide (Les métamorphoses).

    On voit ici les sœurs de Phaëton (les Héliades) préparer les chevaux de l'attelage tandis que celui-ci se tient à gauche.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Ce sont de très grandes tapisseries : celle-ci a dû être exposée en angle.
    Elle montre la chute du char du soleil.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Cette autre tapisserie montre les étapes de la métamorphose de Daphné, toujours d'Ovide.

    S'étant moqué de Cupidon et de son arc, celui-ci se venge en lui décochant une flèche qui le condamne à aimer sans retour la belle Daphné. Apollon poursuit Daphné de ses assiduités jusqu'à l'épuisement. Celle-ci implore son père de lui venir en aide : il la métamorphose alors en laurier pour déjouer Apollon.  Mais ceci ne rebute pas le dieu qui serre l’arbre dans ses bras, embrasse son écorce et dit : "Eh bien, puisque tu ne peux être mon épouse, du moins tu seras mon arbre".

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Regardez les doigts de Daphné et de ses suivantes : ils se terminent en feuilles de laurier !

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Dans la Grande salle des appartements de la Reine, on peut admirer une cheminée monumentale, véritable chef-d'oeuvre de la sculpture sur pierre. Elle provient d'une maison de ville de Rouen et reflète par ses sculptures l'importance du pèlerinage de Lorette en Italie.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    La "Santa Casa" (la maison où Marie reçut de l'Ange Gabriel l'annonce qu'elle allait être mère du Sauveur) est transportée par des anges dans la nuit du 10 décembre 1294 depuis Nazareth d'abord en Dalmatie puis jusqu'à la colline de Loreto dans la Province italienne des Marches, pour échapper aux sarrasins...

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    L'enlèvement de la "Santa Casa"

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Et son implantation à Loreto

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    La salle suivante est consacrée à Luca della Robbia, célèbre céramiste florentin que l'on reconnait à dix lieues par son bleu et ses décorations florales.

    Ce grand plat rond représente "La Tempérance" nous a dit Monsieur Obel, nous expliquant que la jeune femme tient une aiguière avec laquelle pour verser un liquide dans une coupe.

    D'où l'expression "Mettre de l'eau dans son vin"...

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Il y avait aussi un très joli buste de Saint Jean Baptiste enfant.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    Dans la même pièce, une très jolie sculpture représente le groupe en marbre des Trois Parques. Ces trois sœurs, filles de Zeus et peut-être de Thémis, président au destin des hommes en tenant le fil de leurs vies qu'elles filent ou... coupent.

    La sculpture fut créée vers 1586 environ par Germain Pilon et son atelier pour le jardin que possédait à Gentilly Nicolas Fumée, évêque de Beauvais et confesseur du roi.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    L'une des merveilles du musée : Le Génie funéraire

    La statuette devait orner, à l'origine, le tombeau de François Ier. Le thème du génie dionysien renversant un flambeau en signe d'extinction de la vie est d’inspiration antique.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13

    J'ai bien aimé aussi cette "Vierge à l'enfant" en albâtre qui provient de l'église de Breuil-sous-Orbais dans la Marne.

    Visite guidée du Château d'Ecouen avec Générations 13 

    Là se termine la première partie de la visite guidée par Gilbert Obel, du Château d'Ecouen, musée de la Renaissance.

    La suite très bientôt...


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  • La Mairie du 13ème arrondissement, comme toutes les mairies d'arrondissements de Paris je crois, a fait une opération publicitaire auprès de ses habitants (les élections approchent...), les conviant gratuitement à se rendre à l'Institut du monde arabe pour y visiter l'exposition Al-Ula, merveille d'Arabie. Evidemment, j'ai pris des billets !

    L'exposition, initialement prévue pour durer jusqu'au 19 janvier, a été prolongée du fait des grèves qui nous ravissent (qui nous empoisonnent la vie) jusqu'au 8 mars prochain.

    La façade Sud de l'IMA est composée de 240 moucharabiehs.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Les moucharabiehs de l'IMA sont ici détachés de leur fonction habituelle de ventilation.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Une cellule photo-électrique permet un dosage de la lumière en fonction de l’ensoleillement. Les diaphragmes s’ouvrent et se ferment suivant la luminosité extérieure. Le rythme du mécanisme est calculé pour accomplir 18 mouvements par jour au maximum.

    Un souvenir ému au travers de ces diaphragmes, aujourd'hui ouverts à cause du manque d'ensoleillement : c'est à la Faculté de Jussieu voisine que j'ai fait mes études de sciences... 

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Il faut dire que c'est la première exposition provenant d'Arabie saoudite à Paris, un pays qui n'a pas vraiment une bonne image au regard des droits de l'homme et en particulier de sa façon de traiter les femmes. Mais il est vrai que, depuis peu, les femmes ont maintenant le droit de conduire : est-ce le début d'un assouplissement de la loi islamique... ? Il faut le souhaiter.

    C’est à un voyage au pays des palmeraies, des écritures, des sanctuaires, des tombeaux rupestres et des pistes caravanières que nous invite l’Institut du monde arabe en partenariat avec la Commission royale pour Al-Ula, dans une région extraordinaire, habitée depuis des millénaires. Un jardin aux senteurs de datte, d'orange, de citron et de menthe, la sépulture d'une femme nabatéenne, les stations des pélerins en route vers les lieux saints de l'Islam et les gares ottomanes du chemin de fer du Hijaâz immortalisées par Lawrence d'Arabie y sont autant de haltes pour le visiteur, avant qu'il ne se perde dan sles ruelles de la vieille ville d'Al-Ula. Habitée jusqu'au milieu du XXème siècle, celle-ci porte la mémoire de douze siècles d'histoire racontée par ses habitants. L'Institut du monde arabe fait résonner l'esprit de ces lieux marqués par une richesse naturelle, archéologique et humaine, en faisant découvrir les vestiges inédits de ces civilisations, étudiés par des équipes de chercheurs français et saoudiens, tout en donnant la parole à celles et à ceux qui font vivre AlUla aujourd'hui et pour demain.

    Al-Ula enArabie saoudite : sur la route de La Mecque

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Al-Ula est le nom d'une région du nord-ouest de l'Arabie où se trouve une vallée spectaculaire qui s'étire sur une trentaine de kilomètres entre d'impressionnants massifs de grès et de basalte. Depuis plus de 7000 ans, la vallée d'Al-Ula ne cesse d'offrir des ressources naturelles abondantes à quiconque s'y arrête. Les trois oasis de la vallée correspondent à des sites archéologiques de première importance, véritables joyaux des grandes civilisations qui se sont succédé :

    ► Dadan (Ier millénaire avant J.-C.), capitale de la civilisation dadanite

    ► Hégra (Ier siècle avant - Vème siècle après J.-C.), ville du royaume nabatéen qui fut intégrée à l'Empire romain au IIème siècle.

    ► Qurh (VIIème-Xème siècle après J.-C.), ville importante pendant la période islamique.

    La vallée est parcourue par la principale route des caravanes de l'encens, devenue ensuite la route du pèlerinage musulman vers la Mecque et Médine. Au début du XXème siècle, la célèbre voie ferrée du Hijâz, qui reliait Damas à Médine, passait également par là.

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    L'exposition est constituée par de gigantesques photos ou des animations filmées tournés par Yann Arthus-Bertrand, en association avec des objets provenant de fouilles archéologiques.

    Elle s'ouvre sur une animation (à plat, sur une table) retraçant l'évolution du paysage de cette région sur plusieurs millions d'années avant J.-C. pour arriver à nos jours.

    Il y a 1.600.000 ans, il n'y avait aucune végétation...

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    En 2020, des jardins et des cultures, des palmiers, des tamaris et des acacias...

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Quelques objets présentés face à une animation filmée de la palmeraie

    Tuyaux pour l'évacuation de l'eau
    Roue faisant partie du système de levage pour récupérer de l'eau des puits
    Dévidoir pour les cordes servant à récupérer l'eau des puits
    Bâts posés sur le dos d'un dromadaire ou d'un boeuf pour extraire l'eau des puits

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Il s'agit d'un film...

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Des milliers de figures et d'inscriptions sont gravées sur les roches d'Al-Ula à partir du IVème millénaire avant J.-C. Elles illustrent les activités quotidiennes des habitants (chasse, agriculture, élevage) et représentent les principaux animaux (dromadaire, ibex ou "bouquetin des Alpes", autruche) qui peuplaient la région à cette période.

    Il semble bien qu'ici ce soit des ibex qui aient été dessinés dans la pierre.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Brûle-encens décoré de trois frises animalières - Sanctuaire de Dadan
    (VIème - Ier siècle avant J.-C.)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

     Poignée d'un récipient - Sanctuaire de Dadan (Vème-Ier siècle avant J.-C.)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Tête de statue en grès rouge - Sanctuaire de Dadan (Vème-Ier siècle avant J.-C.)

    Très moderne, non ?

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

     Des statues monumentales représentant des hommes ou des animaux attestent dans les royaumes de Dadan et de Lihyân d'une école artistique locale, sensible aux influences venues de l'Egypte antique. L'installation à Al-Ula d'une communauté de marchands venus du sud de l'Arabie, les Minéens, témoigne de l'attrait économique de la vallée depuis l'antiquité.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Statue d'homme en grès rouge brisée à hauteur des genoux - Sanctuaire de Dadan
    (Vème-Ier siècle avant J.-C.)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Cavalier avec inscription mentionnant le mot "prêtre" (Vème-Ier siècle avant J.-C.)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Ex-votos fabriqués dans le grès local

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Pour moi, c'est le chef-d'oeuvre de l'exposition.

    Bas-relief décoré d'une lionne allaitant son petit - Sanctuaire de Dadan
    (Vème-Ier siècle avant J.-C.)

    En Arabie saoudite et dans tout le Proche-Orient antique, le lion était une figure symbolique défensive représentée aux portes des temples et des palais et dans certaines nécropoles.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Il y a deci delà des vidéos (sous titrées) explicatives des sites présentés.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Ici, une autre vidéo explique le creusement dans la roche d'un tombeau nabatéen.

    Début des travaux

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Le travail terminé

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    In situ

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Les explications nous informent ici sur le statut de la femme à l'époque : il s'agit ici du squelette d'une femme qui avait droit à un tombeau...

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Le rituel funéraire nabatéen s'organise en six étapes :

    1- un collier de dattes encore fraîches est mis autour du cou du défunt ou de la défunte.

    2- Le corps, nu ou presque, est enveloppé dans un premier linceul en laine, teinte en rouge à la garence.

    3- Le corps est enveloppé dans un second linceul, en lin cette fois, non teint mais enduit d'un mélange d'acides gras provenant d'une huile végétale et de résines.

    4- Le corps est enveloppé dans un troisième linceul, en lin également non teint, plus grossier que le second et qui s'imprègne de résines par contact avec lui. Des lanières en textile fixent ce troisième linceul.

    5- L'ensemble est enveloppé dans un linceul de cuir fait d'un assemblage de plusieurs pièces rectangulaires cousues entre elles et fixées par des lanières en cuir. Un masque funéraire est posé sur le visage.

    6- Le défunt ainsi préparé est posé sur un linceul de transport muni de poignées et il est emmené, sans doute en procession, accompagné de sa famille, jusque dans le tombeau où il est inhumé. Une fois la cérémonie funéraire terminée, le tombeau est refermé, avec une porte en bois ou, à l'aide de blocs empilés.

    Intérieur d'un tombeau nabatéen à Hégra (Photo Hubert Raguet)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

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    Quelques objets de l'époque nabatéenne...

    Clochette en bronze et fer

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Clef et Aigle- Sanctuaire d'Hégra (bronze)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Les milliers d'inscriptions rupestres laissées par les habitants, les commerçants et les voyageurs témoignent du rôle de carrefour joué par Al-Ula. Ici comme ailleurs dans le nord-ouest de l'Arabie, chaque oasis a développé sa propre version d'une branche de l'alphabet dite "sud-sémitique". C'est le cas notamment de Dadan où s'est épanoui un alphabet aux caractères assez géométriques, le dadanite.

    L'oasis d'Al-Ula et le site de Dadan

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Linteau en grès rouge avec inscription dadanite - Sanctuaire de Dadan
    (Vème-Ier siècle avant J.-C.)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    En 106 après J.-C., la Nabatène est annexée à l'Empire romain par l'empereur Trajan et devient la province romaine d'Arabie. Le Hijâz faisant alors partie de la Nabatène, Hégra ne fait pas exception. De nombreux graffitis grecs et latins dont les auteurs sont des soldats de troupes auxiliaires romaines, sont gravées sur les rochers de la région d'Al-Ula.

     Chèvre (bronze) - Fort romain époque romaine

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Inscription funéraire en caractères nabatéo-arabes (grès rouge)

    L'écriture arabe dérive du nabatéen. On appelle "nabatéo-arabe" l'écriture transitoire entre le nabatéen des Ier et IIème siècles de notre ère et l'arabe du VIème siècle. Cette inscription datée de 280 est l'une des plus anciennes connues.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    La domestication du dromadaire à la fin du deuxième millénaire avant J.-C. a rendu possible le développement du commerce caravanier. Al-Ula devient dès lors une zone de passage stratégique pour les caravanes qui traversent la péninsule Arabique du Nord au Sud et inversement. Des milliers de dromadaires traversent chaque année des produits aromatiques, myrrhe et encens principalement, depuis les régions productrices, en Arabie du Sud, jusqu'en Egypte, au Levant et aux portes de la Méditerranée. Les villes de Dadan et de Hégra sont des relais pour ces marchands, même si leurs traces archéologiques sont encore à trouver. En effet, aucun caravansérail ou marché n'a encore été découvert.

    Autre pépite de cette exposition, cette stèle funéraire en albâtre représentant un chamelier
    (Ier-IIIème siècle)

    Le défunt a choisi d'être représenté avec sa monture sur sa stèle funéraire.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

     Caravane arabe en marche - Aquarelle (France XIXème siècle)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Litière (Hawdaj)- Arabie saoudite XIXème siècle (bois, textile, cuir non tanné, corde, métal)

    Le Hawdaj est une sorte de palanquin porté par un dromadaire, généralement utilisé pour transporter les mariées ou les femmes importantes. Le terme est dérivé du radical HDJ qui signifie "trembler en marchant, marcher comme une personne âgée, doucement, comme un poulet qui picore".

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Avec l'avènement de l'Islam en 622, les routes des caravanes deviennent les routes du pèlerinage pour les musulmans originaires du Levant, d'Egypte et d'ailleurs, désirant se rendre dans les lieux saints, La Mecque et Médine. Les itinéraires et les stations du pèlerinage ont varié légèrement d'une époque à l'autre mais tous passent par Al-Ula qui constitue un passage obligé en raison de ses ressources en eau.

    Dès le VIIème siècle, l'augmentation des pèlerins et des revenus issus du pèlerinage aboutissent à la construction de deux nouvelles villes dans la vallée : Qurh et la vieille ville d'Al-Ula.

    Porte de la vieille ville d'Al-Ula - XVIIème-XIXème siècle (bois et fer)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Tapis de prière - Al-Ula (début du XXème siècle)

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Ceinture de pèlerin (cuir et métal) - XXème siècle

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Les ottomans sont présents à Al-Ula entre le XVIème et le début du XXème siècle. A la fin du XIXème siècle le sultan Abdülhamid II décide de construire une ligne de chemin de fer pour sécuriser et faciliter le trajet des pèlerins qui se rendent de Damas à La Mecque. Grâce au train, La Mecque ne se trouve plus qu'à trois jours de Damas, contre quarante à l'époque des caravanes. La voie ferrée est définitivement abandonnée dans les années 20.

    La gare d'Al-Ula 

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Situation des sites archéologiques dans l'oasis d'Al-Ula

    Hégra, Jabal al-Feel, Jabal 'Ikmah, Dadan, Umm Daraj, vieille ville d'al-Ula et Qurh 

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Quelques belles photos de ces lieux qui seront bientôt envahis par le tourisme...

    Hégra (Madâin Sâlih)

    Le nom donnée à ce massif, qui abrite la nécropole la plus prestigieuse du site de Hégra, signifie littéralement "le château de la fille", sous-entendu "de la fille de Pharaon". Selon une légende locale, une jeune fille appelée Beitheineh était enfermée dans la niche creusée entre les merlons du grand tombeau inachevé tandis que son père vivait dans un tombeau voisin, appelé donc "Qasr Abû al-Bint", "le château du père de la jeune fille".

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

     

    Jabal Al-Feel

    Qu'on le regarde d'un côté ou de l'autre, le "rocher de l'éléphant" est un bel exemple de paréidolie, cette forme d'illusion d'optique qui consiste à associer ce que voit l'oeil à une forme particulière , ici un éléphant avec sa trompe qui rejoint le sol. Il est d'autant plus impressionnant qu'il se dresse tout seul au milieu d'une vaste zone sableuse assez plate.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Jabal 'Ikmah

    Un peu moins de 200 textes dadanites ont été incisés ou taillés en relief sur les rochers de l'impressionnant défilé du Jabal 'Ikmah., qui se rétrécit petit à petit jusqu'à former un cul-de-sac. La plupart d'entre eux mentionnent l'accomplissement d'un rite ou d'une cérémonie religieuse en l'honneur de la divinité Dhû Ghaybah , le zll, dont nature exacte échappe encore aux épigraphistes. Leurs auteurs demandent, entre autres, à la divinité de protéger leurs plantations de palmiers.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Dadan (Al-Khuraybah)

    Dans les inscriptions dadanites, le nom de l'ancienne Dadan apparaît sous une forme sans voyelles, DDN (dans un texte cunéiforme écrit en akkadien au milieu du premier millénaire avant J.-C.). 

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Umm Daraj

    Sanctuaire installé au sommet d'une montagne au Nord d'Al-Ula, accessible par un escalier dont on ne sait pas encore combien il avait de marches...

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Les jardins

    Les habitants d'Al-Ula racontent une belle histoire :

    Un jour, un agriculteur eut un différent avec l'un de ses palmiers. Il le défia et lui dit : "Je ne t'arroserai pas". Le palmier lui dit qu'il ne mourrait jamais, même s'il ne l'arrosait plus. Il lui dit : "Je ne te vaccinerai pas". Mais il répondit qu'il ne mourrait pas. L'agriculteur lui dit alors qu'il ne lui rendrait plus visite. Le palmier répondit alors qu'il mourrait. Cette histoire est peut-être imaginée, mais elle dit toute la profondeur du lien entre l'humain et le palmier, qui fournissait à l'homme l'essentiel de son alimentation.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    La vieille ville d'Al-Ula

    Dans la vieille ville d'Al-Ula, aux ruelles étroites et aux toits plats, les habitants ne circulaient pas seulement par les rues, même s'ils y étaient protégés du soleil, mais aussi par les toits, qui communiquaient entre eux. Il était tellement plus facile d'enjamber les balustrades pour se faire des visites entre voisins que de descendre des maisons et de sortir. Bien des amitiés ou des querelles, sont sans doute nées ainsi entre les différentes familles.

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris 

    Qurh

    La ville islamique de Qurh est la capitale du chapelet d'oasis de la "Vallée des villages".

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    A la fin de cette exposition, nous voulions aller prendre un café au restaurant panoramique de l'IMA mais, faute de clients - les grèves sont passées par là - il est fermé...

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

    Pauvre Notre-Dame : cela fait mal à voir...

    Invités à l'Institut du Monde Arabe par la Mairie de Paris

     Une bonne initiative de la Mairie 


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  • Les fêtes m'ont empêchée jusqu'à ce jour de poster un billet sur la visite que j'ai faite avec ma soeur Arlette de l'exposition Greco qui se tient en ce moment au Grand Palais.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Est-il besoin de la préciser ? Ce 18 décembre, nous sommes en pleine période de grève des transports sur Paris mais... nous avons réservé ces billets de longue date : dommage donc de les perdre car les musées parisiens ne sont pas en grève et ne remboursent donc pas leurs visiteurs comme l'Opéra de Paris - qui lui, en grève - le fait pour ses spectateurs !

    Nous décidons donc de prendre un bus à la Porte d'Orléans, le 92, jusqu'au pont de l'Alma situé non loin du Grand Palais... Je vous fais un dessin ou ça ira comme ça ?

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Un bon 3/4 d'heure plus tard (les portes du bus mettent un temps fou à se refermer à chaque arrêt vue l'affluence...) nous voici arrivées à bon port.

    Il fait beau : nous pouvons admirer la très récente Cathédrale orthodoxe de Paris située au pied de la Tour Eiffel ou presque, cathédrale dessinée par Jean-Michel Wilmotte dont la construction a fait couler beaucoup d'encre...

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Si Poutine tient à avoir son église à Paris, c’est que l’enjeu n’est pas seulement spirituel mais géostratégique : la religion orthodoxe ne se reconnaît pas de pape mais quinze patriarches qui représentent chacun une langue et un pays. Moscou dispute de longue date à Constantinople (actuelle Istanbul) la suprématie religieuse. Une cathédrale en majesté à Paris – « cœur de l’Europe » selon Vladimir Kojine – signerait le grand retour de la Sainte Russie sur la scène internationale.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Prenant la rue Jean Goujon (en souvenir de mon père qui y a fait toute sa carrière chez Rhône-Poulenc...), nous passons devant le Monument commémoratif de l'incendie du Bazar de la Charité (justement sur les petits écrans cette semaine) : celui-ci est fermé, il n'est ouvert que lorsque des messes y sont célébrées. 

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Nous voici maintenant au Grand Palais, prêtes à visiter cette exposition exceptionnelle.

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Né en 1541 en Crète, Domenico Theotokopoulos, dit El Greco, fait son premier apprentissage dans la tradition byzantine avant de parfaire sa formation à Venise puis à Rome. C’est cependant en Espagne que son art s’épanouit et s’implante durablement à partir de la décennie 1570. Attiré par les mirifiques promesses du chantier de l’Escorial, l’artiste importe dans la péninsule la couleur du Titien, les audaces du Tintoret et la force plastique de Michel-Ange. Cette éloquente synthèse, originale mais cohérente par rapport à sa trajectoire, donne à Greco, mort quatre ans après Caravage, une place particulière dans l’histoire de la peinture, celle du dernier grand maître de la Renaissance et du premier grand peintre du Siècle d’Or.

    Ce sont les avant-gardes européennes qui, au tournant des XIXe et XXe siècles, redécouvrent Greco, éblouis par son oeuvre à la fois fougueuse et électrique, inscrivant son nom à côté du leur dans le grand livre naissant de la modernité.

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    Greco naît et grandit à Candie, capitale de la Crète, dans une famille de condition modeste. On y parle le grec et le dialecte vénitien : s'y mêlent chrétiens orthodoxes et latins. Dans cette atmosphère cosmopolite, l’école de peinture crétoise compte environ 150 artistes qui peignent des icônes dans une technique et un style traditionnels : à la détrempe (les pigments sont liés avec de la gomme arabique), sur fond d’or, sans représentation de la profondeur ou du modelé.

    De cette période sont conservées quelques œuvres, de petites dimensions, peintes sur bois ou sur toile.

    Sainte Véronique (vers 1580)

    Le tableau était autrefois placé au niveau supérieur d'un retable monumental. En peignant Sainte Véronique portant le voile sur lequel s'est miraculeusement imprimé le visage du Christ lors de la Passion, Greco aborde la question délicate de la représentation de Dieu et de la légitimité de l'art.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Autel portatif, dit Tryptique de Modène

    Tel un oratoire mobile, cet objet de dévotion était destiné à pouvoir accompagner son propriétaire. Sa forme est typiquement crétoise mais les emprunts à la gravure italienne et à la peinture vénitienne témoignent des nouveaux intérêts de Greco. L'oeuvre est le point de départ de sa carrière de peintre de la Renaissance. Certains motifs et détails se retrouvent dans d'autres peintures tout au long de sa vie : la bouche infernale, les figures dansantes, le schéma de l'Annonciation.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Le Christ portant la croix (vers 1570)

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Saint Luc, patron des peintres, est représenté ici sous les traits d'un enlumineur (vers 1605)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Greco ne souhaite pas demeurer un peintre d’icônes. Il embarque alors pour Venise en 1567, la destination naturelle de nombreux peintres crétois. Au cours de son séjour vénitien qui dure 2 ou 3 ans, Greco s'essaie au support de toile, adopte des formats plus importants et la technique de la peinture à l’huile. Il s’efforce d’assimiler les techniques et le langage coloriste des grands artistes qui dominent alors le marché de cette cité, Titien, Tintoret, Bassano.

    Dans ce tableau, La mise au tombeau du Christ (1568-1570), il conjugue le sens de la couleur aux inventions de Michel-Ange. Discrètement, il insère dans l'arrière-plan le portrait de son modèle, Titien, reconnaissable à son bonnet.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    A Rome où il se rend ensuite à partir de 1572, il est un étranger, sans appui, maîtrisant imparfaitement la langue italienne et ignorant la technique de la fresque : il n'est pas aisé de s'y faire une place dans une ville aux mains de dynasties d'artistes bien installés...

    Il va alors en Espagne et se déplace entre Madrid et Tolède en quête de mécènes. Luis de Castilla, que Greco a rencontré à Rome, l’assure de son soutien auprès de son père Diego de Castilla, doyen des chanoines de la cathédrale de Tolède. Ce dernier signe deux contrats avec le Greco : un pour Le Partage de la Tunique du Christ pour la cathédrale, l’autre pour huit toiles et quelques sculptures pour l’église du couvent de Santo Domingo el Antiguo.

    Le partage de la tunique du Christ (1579-1580)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Le Christ en croix, entouré de deux donateurs (1595)

    Un tableau de très grand format qui impressionne quand on le voit.

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Ambiance dans l'exposition : nous n'avons pas fait la queue mais nous n'étions pas seules.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Portrait du Cardinal Nino de Guevara, grand inquisiteur et archevêque de Séville (vers 1600)

    On y décèle une grande dimension psychologique, mise en évidence par le regard derrière les lunettes et la main crispée sur le bras du fauteuil.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Portrait du frère Hortensio Felix Paravicino (1609-1611)

    Grand intellectuel, Paravicino vouait une grande admiration pour l'art de Greco auquel il dédia plusieurs de ses poèmes.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    La Sainte Face (1579-1584)

    En dehors du visage du Christ miraculeusement imprimé sur le voile de Sainte Véronique, Greco ne fournit que les dessins pour les figures des anges qui furent exécutées par le sculpteur espagnol Juan Bautista Monegro.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'adoration des bergers (vers 1579)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'Annonciation (vers 1576)

    La toile est probablement l'une des dernières peintures du Greco en Italie ou l'une des premières en Espagne. On y retrouve l'influence de Michel-Ange. 

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Greco et atelier : Le partage de la tunique du Christ (1580-1585)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'Assomption de la Vierge (1877-1579)

    Cette toile gigantesque formait la partie principale du maître-autel de l'église de Santo Domingo el Antiguo, l'une des premières réalisations de Greco à son arrivée à Tolède.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Saint Martin partageant son manteau avec un pauvre (1597-1599)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    J'adore ce tableau où l'on aperçoit entre les jambes du cheval le paysage de la ville de Tolède. Sans le faire exprès, je l'ai photographié à l'instar des photos que l'on trouve sur le net...

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Superbe, ce Christ en croix (vers 1600)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Greco ne l'aurait-il pas copié-collé sur le Christ avec deux donateurs vu précédemment... ?

    Guillaume Kients, co-commissaire de l'exposition, explique en effet que ce qui rapproche Greco de Cézanne, c’est un questionnement sur l’image, sur la déconstruction de l’image, et aussi un travail sur la série : ce que Cézanne fait avec ses Sainte-Victoire par exemple, où sans cesse il revient sur le motif, Greco c’est pareil : c’est un artiste qui, des siècles plus tôt, revient et revient encore sur le motif.”

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'agonie du Christ au jardin des oliviers (vers 1590)

    Dans la grotte, on voit les apôtres endormis...

    L'exposition Greco au Grand Palais

    et dans le lointain les soldats qui montent la garde...

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Saint François et Frère Léon (vers 1600-1605)

    Frère Léon assiste à l'entretien mystique du saint, ébloui par une torche apparue dans le ciel.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Jeune garçon soufflant sur une braise (1569-1570)

    Si l'on connait généralement Greco pour ses portraits et ses scènes religieuses, il a également traité des sujets plus modestes mais néanmoins prodigieux comme celui figurant un garçon attisant une braise de son souffle. Cette première version annonce clairement le travail de Caravage ou de Ribeira : fort contraste, palette ocre...

    Un portrait finalement assez traditionnel, en buste sur fond noir.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais

    La fable (vers 1585)

    Le singe symbolise sans doute le vice et l'homme souriant peut représenter la folie. Il est en effet possible que l'oeuvre soit porteuse d'un discours moral à valeur d'avertissement sur l'échauffement des sens et les dangers de "jouer avec le feu".

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Saint Pierre et Saint Paul (1600-1605)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Saint Pierre pénitent (1595-1600)

    Comme Sainte Marie-Madeleine, Saint Pierre est un modèle de repentance. Il s'agit à la fois d'insister sur le pardon chrétien, mais aussi d'inciter à la pénitence à travers la confession des péchés.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Sainte Marie-Madeleine pénitente (vers 1584)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Le Christ sur le chemin du calvaire (vers 1585)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    La Sainte Famille avec sainte Marie-Madeleine (vers 1600)

    Greco traite ici de la Sainte Famille selon une composition complexe combinant différentes formules traitées séparément dans des toiles précédentes. Avec ses rythmes cassés, la sophistication de la construction, plusieurs fois décomposée et recomposée, semble annoncer le cubisme de Picasso.

    Guillaume Kientz, le co-commissaire de l'expostion, explique en effet que "Greco va conditionner une grande partie de ce qu'on va appeler la "période bleue" de Picasso, et va même l'inciter à aller jusqu'au défi qu'il lance à l'image en inventant le cubisme. 

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais 

    Pieta (1580-1590)

    Très rarement présentée au public, cette Pieta est l'une des plus émouvantes compositions de Greco. Le drame humain et le mystère humain de la scène s'y conjuguent magistralement.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Greco et atelier : Le repas chez Simon (1610-1614)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Le Christ chassant les marchands du Temple (vers 1600)

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Le Christ chassant les marchands du Temple (vers 1575)

    Peint à Rome, ce chef-d'oeuvre de jeunesse est un manifeste artistique.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    Greco y insère le portrait de ses principaux modèles auxquels, fièrement, il entend se mesurer : Titien, Giulio Clovio, Michel-Ange et vraisemblablement Raphaël.

    L'exposition Greco au Grand Palais

    L'Ouverture du cinquième sceau, dit aussi La Vision de Saint Jean (1610-1614)

    J'ai adoré ce tableau qui est très bien mis en valeur, seul sur un panneau : elle clôt d'ailleurs l'exposition.

    Aujourd'hui amputée dans sa partie haute, la toile était destinée à un retable de l'Hôpital de Tavera à Tolède. Restée inachevée à la mort de Greco en 1614, elle ne fut jamais mise en place. Présentée à Paris au début du XXème siècle, elle inspira de nombreux peintres, dont Picasso.

    L'exposition Greco au Grand Palais

     Je ne sais pas pourquoi j'avais en mémoire des couleurs sombres pour Greco... J'ai découvert un peintre de la couleur.

     L'exposition se termine le 10 février 2020...


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  • Ce dimanche, l'entrée aux musées parisiens était libre comme chaque premier dimanche du mois. J'en ai profité pour aller à la Galerie des Gobelins, voisine de chez nous, visiter l'exposition en cours, "Créer pour Louis XIV" (les manufactures de la Couronne sous Colbert et Le Brun).

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Voici la façade de la Manufacture actuelle à la nuit, décorée de l'affiche de l'exposition.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    En 2019, la France fête en effet le quatrième centenaire de la naissance de deux acteurs majeurs de son histoire politique, économique et artistique : Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), ministre pendant plus de vingt années du règne de Louis XIV (1661-1683) et Charles Le Brun (1619-1690), premier peintre du roi.

    L'exposition s'ouvre d'ailleurs sur un immense portrait à cheval de Louis XIV par Charles Le Brun. Pour croquer le cheval dans cette pose, il faut avoir le coup de crayon rapide !

    L'exposition "Créer pour Louis XIV" à la Galerie des Gobelins

    A l'entrée également, une reproduction d'un portrait de Charles Le Brun et un bureau dit "de Charles Le Brun" (vers 1700) qui semble postérieur cependant à la mort du peintre.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Portrait de Jean-Baptiste Colbert par Claude Lefebvre (1665-1666)

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Au départ, il y a une ambition politique : faire de la France la puissance prépondérante de l'Europe. Louis XIV et son ministre, Colbert, veulent que l'architecture et le décor des maisons royales - Le Louvre, les Tuileries, Saint-Germain, Fontainebleau, Versailles - matérialisent cette ambition et dépassent par leur faste tout ce qui se voit à l'étranger. Les manufactures de la Couronne sont créées pour servir ce projet. Simultanément, Colbert entend que leurs productions soient une vitrine de l'industrie de luxe en plein développement. En s'inspirant des ateliers installés à la Grande Galerie du Louvre sous Henri IV, Colbert fait acheter l'enclos des Gobelins en 1662 et y rassemble des artisans et des artistes (lissiers, ébénistes, peintres, graveurs, sculpteurs, lapidaires et orfèvres) qu'il place sous la responsabilité de Charles Le Brun, le premier peintre du Roi. Ainsi naît la "Manufacture des meubles de la Couronne" organisée par édit de novembre 1667. La Savonnerie, manufacture de tapis située sur la colline de Chaillot, passe également sous le contrôle artistique de Le Brun. Ces manufactures d'Etat - de droit ou de fait - vouées d'abord à servir le roi et à alimenter le Garde-Meuble de la Couronne diffèrent des "manufactures royales", établissements privés auquel le pouvoir consent des privilèges et aides financières, et dont la vocation est la rentabilité économique.

    Acheté par le roi en 1662, l'enclos des Gobelins est situé dans le faubourg Saint-Marcel, à l'extérieur de Paris, le long d'une petite rivière, la Bièvre. Cette rivière est réputée depuis le XVème siècle pour la qualité de ses eaux utilisées par les teinturiers, notamment par la famille Gobelin, qui a donné son nom au quartier.

    Paris en 1672

    En 1, la manufacture des Gobelins,
    en 2, la Bièvre,
    en 3 la Savonnerie,
    en 4 le Louvre

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Jean-Baptiste Tuby, sculpteur italien originaire de Rome, travaille pour Louis XIV dès 1660 et reçoit aux Gobelins un logement et un atelier vers 1664. Dans les années 1670, il participe à la réalisation du bosquet du Labyrinthe pour les jardins de Versailles. Ce bosquet, dessiné par André Le Nôtre, présentait 330 sculptures animalières sur le thème des fables d'Esope, écrivain grec dont s'est inspiré Jean de la Fontaine. Tuby dispose aux Gobelins d'une fonderie où il réalise une partie de ces sculptures en plomb, avant leur transport à Versailles. 

     L'amour dévidant le fil d'Ariane de Jean-Baptiste Tuby et sculpture du bosquet du labyrinthe illustrant la fable d'Esope "Le paon et le Rossignol" - plomb polychromé (1672-1674)

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

     Portrait présumé d'un orfèvre du roi (avant 1690)

    On ignore l'identité exacte de l'orfèvre représenté sur ce tableau. Serrant jalousement l'une de ses productions, il semble vouloir affirmer avec fierté son statut de créateur. Le vase en vermeil qu'il tient ne correspond à aucune pièce recensée dans l'inventaire de la Couronne, mais se rapproche stylistiquement des pièces d'argenterie produites par les orfèvres travaillant sous l'autorité de Charles Le Brun Pour cette raison, on a pu reconnaître dans ce portrait, tantôt Claude Ier Ballin (1615-1678) travaillant au Louvre, tantôt Alexis Loir (1640-1713) actif aux Gobelins. 

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Reproduction du carton de la tapisserie "La visite du roi aux Gobelins" par Simon Renard de Saint-André (1613-1677) - après 1667

    Il s'agit d'une véritable galerie de portraits des hommes travaillant dans l'hôtel royal des Gobelins. Certains artisans, habillés plus richement que les autres, représentent sans doute les chefs d'atelier.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Je me suis rendue compte, en faisant ces recherches, que le carton était juste l'inverse de la tapisserie : élémentaire mon cher Watson mais je n'y avais pas pensé !

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    A la Renaissance, la technique de la marqueterie de pierre connait un renouveau. Le marbre vient de Rome mais aussi de Florence. Le lapis-lazuli, l'agathe, le jaspe et l'améthyste sont alors assemblés pour former des plateaux de table, des cabinets ou être représentés au murs, sous forme de tableaux.

    Table de Jean Ménard dit "Il franciosino" (dernier tiers du XVIème siècle)
    marqueterie de marbre

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Cabinet en ébène, bois de violette, marqueterie de pierres dures, bronze doré, étain, verre, glace et corne teintée, piétement en bois sculpté et doré, partiellement polychromé (vers 1675)

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Détail du décor central : de jolies colonnettes torses garnies de pampres entourent une élégante marqueterie de marbres de Florence.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    J'ai flashé sur les pieds du cabinet qui, j'en ai bien l'impression, représentent les quatre saisons.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Les familles des artistes vivant aux Gobelins forment une communauté soudée par les mariages et les baptêmes, célébrés dans l'église voisine de Saint-Hyppolite. Outre les artisans, l'enclos abrite un portier, un concierge, un jardinier, un chirurgien, un prêtre, un aumônier flamand et même une brasserie. L'effervescence qui règne dans l'enclos culmine au moment des fêtes et cérémonies : le carnaval, la Fête-Dieu, la Saint-Louis et la célébration du 1er mai donnent lieu à la création de décors éphémères.

    Dans la grande cour de l'Hôtel royal des Gobelins, les artisans élèvent un arbre de mai à Charles Le Brun, leur directeur.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Les portières sont des tapisseries qu'on plaçait devant les portes pour limiter les courants d'air.

    Portière de Mars

    C'est l'un des 67 tissages exécutés à la manufacture entre 1662 et 1724. Mars, dieu de la guerre, est assis sur ses trophées. En face, à côté d'une corne d'abondance, coiffée d'une couronne de lauriers, Minerve, déesse de la stratégie militaire et de la sagesse, tient une grenade dans la main.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Une tenture est un ensemble de tapisseries qui forme un cycle (les éléments, les saisons) ou une série d'épisodes qui se suivent (l'ancien testament, l'histoire d'Alexandre). La tenture des éléments comporte quatre tapisseries correspondant aux quatre éléments (l'eau, la terre, le feu et l'air).

    Tapisserie de la tenture des éléments
    (Atelier de haute-lisse de Jean de La Croix - avant 1680)

    Cette tapisserie évoque l'eau au travers de Neptune, dieu de la mer, et de la déesse Thétys. Ils sont assis sur un char en forme de conque tiré par des animaux marins. Thétys tient un bouclier portant le chiffre de Louis XIV (deux L entrelacés) surmonté d'une couronne et d'une devise latine qui démontrent que "Neptune n'a pas sur les eaux un domaine aussi absolu que celui que sa Majesté y possède" (Félibien). La tapisserie est inversée par rapport au carton qui est placé, en basse-lisse, sous le métier à tisser. Il en résulte une composition au sens de lecture contraire à celui du modèle peint, comme je l'ai observé plus haut.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Détail

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Après avoir visité le rez-de-chaussée, l'escalier monumental fait accéder à l'étage.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Des tapisseries décorent le palier à l'étage : la "tenture des Maisons royales" (Atelier de haute-lisse de Jean Lefebvre - avant 1683) met en valeur à la fois les palais et châteaux construits par les prédécesseurs de Louis XIV, mais aussi les productions emblématiques de son propre règne. Chacune des douze tapisseries est consacrée à un mois de l'année. Elles reflètent un mode de vie, la cour se déplaçant de château en château suivant les saisons.

    Le mois de mai, associé au signe zodiacal des gémeaux, représente la cour en promenade à Saint-Germain-en-Laye, lieu de naissance du monarque. Le château-neuf, construit sous Henri IV et reconnaissable à ses galeries en terrasse, ses parterres et ses jardins face à la Seine, n'existe plus aujourd'hui. Abritée sous une ombrelle, la reine Marie-Thérèse est représentée parmi les dames de la cour.

    Au premier plan, sont mis en valeur des objets précieux - pièces d'orfèvrerie du mobilier d'argent, tapis d'Orient, instruments de musique - ainsi que des animaux inspirés de la Ménagerie que le souverain possède dans les jardins de Versailles.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Quand on quitte le palier pour entrer dans le premier niveau, c'est un vrai choc tant la perspective est immense et le décor somptueux. En bout de pièce, un grand miroir agrandit encore s'il le fallait l'espace. Les immenses tapis présentés ici ont été tissés sur des métiers de 9 mètres de large. Ils garnissaient à l'époque la Galerie d'Apollon au Louvre.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

     

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Tapisserie de la tenture des Maisons royales : le château de Versailles, non encore achevé - mois d'avril - Atelier de haute-lisse de Jans fils (avant 1670)

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Détail montrant la représentation d'animaux de la Ménagerie du roi et les objets précieux tels que les instruments de musique qui se trouvent toujours au premier plan sur cette série de tapisseries.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    L'entrevue de Philippe IV et Louis XIV dans l'île des faisans (6 juin 1660)
    Tapisserie de la "tenture de L'Histoire du roi" (atelier de haute-lisse de Jans père)

    Le décor est traité avec minutie, depuis la tapisserie au mur, jusqu'au reflet des rois dans le miroir au centre.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Au premier plan, un buste de Jean-Baptiste Colbert par Antoine Coisevox (vers 1685)

    Antoine Coisevox est l'un des portraitistes les plus brillants du règne de Louis XIV. Aux Gobelins, il dispose d'un atelier voisin de celui de Jean-Baptiste Tuby. Au cours de sa carrière, le sculpteur exécute plusieurs portraits de Colbert dont celui-ci, réalisé après la mort du surintendant des Bâtiments du roi.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Colbert est représenté richement vêtu, portant sur son manteau la broderie d'argent de l'ordre du Saint-Esprit. Par la concentration et l'acuité du regard du modèle, ce portrait évoque la politique ambitieuse portée par le ministre de Louis XIV.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    En fond, la tapisserie de la "tenture de l'Histoire du roi" représente "la Visite du roi aux Gobelins" (tissage de 1673 à 1680). Il s'agit d'une célébration de la gloire du roi en tant que protecteur des manufactures.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Détail : on s'affaire fort ici...

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

     Devant la tapisserie, une grande table en marqueterie de marbre, absolument magnifique

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

    Un détail...

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

     

    A gauche de la tapisserie, une superbe horloge astronomique en ébène, écaille de tortue, corne bleue, lapis-lazuli, cuivre, bronze ciselé et doré est datée de 1699. Elle était destinée au Grand Dauphin, fils de Louis XIV. Par un ingénieux mécanisme, cette pendule indique la durée du jour et de la nuit selon les saisons, représentées sur le bas-relief inférieur.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

     

    Tapisserie de la "tenture de L'Histoire du roi" intitulée "L'audience du légat" (29 juillet 1664)
    (Atelier de haute-lisse de Jans fils)

    Le cardinal légat Chigi, neveu du Pape Alexandre VII, Présente ses lettres de créance et les excuses du souverain pontife à Louis XIV suite à une altercation qui avait opposé à Rome les gardes pontificaux aux serviteurs de l'ambassade de France.

    Cette tapisserie nous permet d'imaginer la chambre du roi-soleil...

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

     

    La scène se situe dans la chambre du roi à Fontainebleau : Louis XIV devant son lit prend place sur un élégant fauteuil alors que le cardinal, incliné vers le roi, est assis sur une simple chaise.

    L'exposition "Créer pour Louis XIV à la Galerie des Gobelins

     

    C'est toujours agréable de se trouver transportée par l'imagination dans une autre époque tout en gardant le confort de notre époque moderne...

    Une belle exposition comme sait toujours en faire la Galerie des Gobelins.


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  • Arte passe depuis quelques temps à 20h45, après le 28 minutes, en remplacement de l'excellent "Atleticus", un "court" intitulé "A Musée vous, A Musée moi" et je voudrais vous le faire partager. Il met en scène des tableaux hyper connus de la peinture mondiale en les animant de façon tout à fait drôle.

     Ainsi, celui de la Joconde de Leonardo da Vinci qui s'ennuie dans son musée depuis 500 ans...

    Allez, une autre pour la route : la jeune fille à la perle de Vermeer

    Drôle, et même irrespectueux mais éducatif en même temps.

    La marque d'Arte...


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