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Par Tolbiac204 le 16 Octobre 2017 à 18:25
C'est au métro Falguière que Delphine Lanvin, guide-conférencière professionnelle, nous accueille ce lundi matin pour une visite guidée autour de la Tour Montparnasse.
Et c'est face à ce bâtiment tout en verre, oeuvre de Jean Nouvel et Bernard Valéro, qu'elle commence sa visite : nous sommes une petite vingtaine à la suivre.
Personnellement, je n'aime pas du tout cette aile de l'hôpital Necker consacrée à la recherche mais j'ai appris une chose : les taches blanches sur les vitres ne sont pas du tout des carreaux mal lavés mais font référence au génome humain...
Juste en face, au 144 de la rue de Vaugirard, se trouve la Villa Garnier.
Il s'agit d'une construction "Art déco", assez originale avec sa tour en arrondi, datant probablement du premier quart du XXème siècle.
La construction est en béton armé (c'est l'époque où ce matériau a commencé à être utilisé) et, pour plus de précautions, il a été recouvert d'une mosaïque dans les tons beige imitant la pierre.
Tout y est géométrique : les carrés des fenêtres, l'arrondi du porche, les lucarnes en œil de bœuf des escaliers...
Au fond de la cour, de petites maisons ont trouvé abri.
Un peu plus loin dans la rue de Vaugirard, se trouve l'impasse de l'Enfant Jésus (rappelant qu'ici se trouvait autrefois la Maison Royale de l'Enfant Jésus qui soignait les enfants). C'est maintenant le rôle de l'Hôpital Necker voisin.
C'est d'ailleurs dans ce même Hôpital Necker, nous apprend notre guide, qu'a été inventé au début de l'année 1816 le stéthoscope par le Docteur René Laennec.
C'est en regardant des enfants jouer dans un square avec un morceau de bois (l'un d'eux gratte l'extrémité d'une longue poutre avec la pointe d'un clou et à l'autre bout, l'oreille collée à la poutre, les autres recueillent les sons, se bousculent pour entendre, et rient de leur découverte.) qu'il eut l'idée d'utiliser une liasse de papiers roulés (provenant de son cahier d'observation) pour écouter le coeur d'une patiente cardiaque. Il appelle cet "instrument" le pectoriloque. Par la suite, il construisit plusieurs modèles en bois.
Le Docteur Laennec auscultant un phtisique (un tuberculeux) devant ses élèves à l'Hôpital Necker
Peinture de Théobald Chartran
Le stéthoscope de Laennec est en bois et rétractable.
On trouve maintenant dans cette impasse le Samu de Paris (créé en 1972 par le Professeur Cara).
Cette autre impasse (impasse Ronsin) est liée à un femme qui fit beaucoup parler d'elle : il s'agit de Marguerite Steinheil, qui fut la maîtresse du Président Félix Faure. Vous savez peut-être que cela se termina très mal pour lui...
En effet, le 16 février 1899, le Président appelle sa maîtresse au téléphone et lui demande de passer le voir en fin d’après-midi. Quelques instants après son arrivée, les domestiques entendent un coup de sonnette éperdu et accourent : allongé sur un divan, Félix Faure râle tandis que Marguerite Steinheil rajuste ses vêtements en désordre. Le chef de l'État meurt quelques heures plus tard. Les causes réelles de la mort du Président restent pourtant incertaines : certains disent qu'il se pourrait qu'il ait été assassiné pour avoir pris position au début de 1899 contre la réouverture du procès d'Alfred Dreyfus...
Marguerite Steinheil peinte par Léon Bonnat
Il n'avait pas mauvais goût le Président !
Par ailleurs, la rue a aussi été le théâtre du double crime de "l'affaire Steinheil".
C'est encore Marguerite qui tient le devant de la scène !
Le 31 mai 1908, le valet de chambre du couple découvrit au petit matin une scène d'horreur : ayant trouvé Mme Steinheil ligotée et baillonnée sur son lit, il découvre ensuite les corps sans vie d'Adolphe Steinheil et de la mère de Marguerite - qui était en visite lors de l'agression.
Le médecin légiste constata que le peintre et sa belle-mère avaient été étranglés.
Devant les incohérences des propos tenus par Marguerite Steinheil, celle-ci, surnommée "la veuve rouge", fut accusée du double assassinat même si aucun mobile ne fut clairement établi. Sans preuves tangibles cependant, elle fut acquittée...
La foule réunie devant le lieu du crime
Plus de 100 ans plus tard, il y a toujours un attroupement dans l'impasse Ronsin : notre groupe écoute les explications du guide !
Nous empruntons ensuite un passage piétonnier pour rejoindre la rue Falguière...
dans laquelle prend la Villa Gabriel ouverte en 1895.
Un vrai miracle dans ce quartier bouleversé par la construction de la Tour dans les années 1960-70
Les nombreuses baies vitrées percées dans les immeubles de briques et pierre, ma foi très élégants, témoignent du passé artistique de cet îlot préservé.
Retour sur la rue Antoine Bourdelle avec cet immeuble ultra-moderne qui forme des managers experts : il s'agit d'une extension de l'Ecole Commerciale de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de Paris (E.C.C.I.P)
Voici la partie ancienne de la grande école : s’articulant avec le bâtiment préservé datant de 1908, le second édifice est pensé comme son contraire, opposant à la façade en brique du premier une surface lisse et vitrée aux couleurs vives, dont les panneaux dynamiques font entrer ou bloquent le soleil selon les saisons.
Une inscription sur le fronton : anno 1908
En passant par la rue Falguière qui constitue l'arrière de l'école, on aperçoit à travers les grilles l'espace détente des élèves : non bad !
Un autre immeuble ultra-moderne fait d'horizontales de verre et d'acier : celui de l'ancien siège du journal Le Monde, au 15 rue Falguière
Actuellement occupé par l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme
Nous voici maintenant sur l'Avenue du Maine
L'avenue tire son nom de celui du Duc du Maine, fils légitimé de la Marquise de Montespan avec Louis XIV, qui possédait un rendez-vous de chasse, le "domaine de Fantaisie" encore appelé "Château du Maine", à la pointe Nord du domaine de Sceaux.
Pour aller d'une habitation à l'autre, le Duc du Maine - afin de raccourcir le parcours qui l'obligeait à emprunter les petites rues de Paris - fit percer à travers la campagne de l'époque (Plateau de Montrouge), un chemin qui partait de l'actuelle débouché des rues de Sèvres, de Vaugirard et du Cherche-Midi, et qui rejoignait la route d'Orléans située sur la commune de Montrouge (ainsi que l'indique le Plan de Vaugondy de 1760).
Cette voie porta les noms de Chemin d'Orléans vers 1760, Nouvelle Route d'Orléans vers 1763, Chemin du Petit-Montrouge vers 1777, Route du Maine vers 1791 avant de prendre, à partir de 1821, celui de Chaussée du Maine et enfin d'Avenue du Maine.
Voici une gravure rendant compte de ce qu'était le Château au XVIIIème siècle : les dépendances, seules survivantes du domaine de Fantaisie, se trouvent encore dans la cour du 133 de la rue du Château.
Au numéro 15 de l'Avenue étaient situés les ateliers Cavaillé-Coll (manufacture d'orgues d'églises).
Notre guide nous montre une gravure représentant l'ancienne Manufacture du Maine.
Dans la cour juste à côté, un Hôtel particulier a survécu miraculeusement au traumatisme subi par ce quartier dans les années 1960-70. Il mériterait une petite restauration...
Un peu plus loin, au numéro 21, une impasse miraculeusement préservée, vestige des riches heures du Montparnasse des artistes. Il s'agit d'une cité d'artistes où survit un peu l'esprit de bohème des années folles : il y règne une douceur de vivre d'un autre temps...
Au milieu du XIXème siècle, à cet endroit, alors Chaussée du Maine, est établi un relais de poste datant du XVIIème siècle. Celui-ci perd peu à peu de son utilité avec le développement de la gare Montparnasse. En 1901, l'avocat Joseph Roux fait bâtir des ateliers en utilisant des matériaux de récupération provenant de la récente Exposition Universelle. Les bicoques de piètre qualité se louent à faible coût et très vite artistes et artisans modestes s'installent.
En 1908, l'artiste-peintre Marie Vassilieff fonde l'Académie russe et en 1912, elle installe son atelier au 21 avenue du Maine. Elle crée alors une nouvelle Académie.
Chemin du Montparnasse se croise toute l'avant-garde artistique : Aïcha la mulâtresse - artiste venue du cirque, modèle favori de nombreux peintres -, Guillaume Apollinaire, Maurice Utrillo, Constantin Brancusi, Amadeo Modigliani, Tsugouharu Foujita, Pablo Picasso, Georges Braque, Jean Cocteau, Blaise Cendrars, Fernand Léger, Eric Satie, Henri Matisse, Max Jacob, Raymond Radiguet, Amedeo Modigliani, Ossip Zadkine, Chaïm Soutine…
Un bouillonnement créatif intense
Pendant la Première Guerre Mondiale, Marie Vassilieff ouvrit à cette adresse une cantine qui, pour quelques centimes, offrait aux artistes que la guerre lésait (ils ne pouvaient plus vendre leurs oeuvres aussi facilement) un repas complet et un verre de vin. Rapidement, ce club privé - qui n'est pas soumis au couvre-feu - devient un lieu de rassemblement festif.
Ce lieu de mémoire, carrefour des mixités où résident encore peintres, sculpteurs et photographes, est un joli secret parisien pleine de charme.
Poursuivant son destin dédié à la création, le Chemin du Montparnasse accueille l'Espace Krajcberg, du nom du sculpteur polonais naturalisé brésilien Frans Krajcberg et la Villa Vassilieff, nouvel espace culturel de la Ville de Paris.
La tour n'est jamais très loin...
Prenant sur le Boulevard Edgar Quinet, ce square porte le nom de Gaston Baty qui anima le Théâtre Montparnasse dans les années 1930.
On y trouve une statue de Soutine par Arbit Blatas - un sculpteur lituanien - à l'image de la peinture tourmentée de son auteur...
Autoportrait de Chaïm Soutine (1916)
Le bœuf écorché par Soutine (1924-1925)
Notre guide nous expliquera que le peintre gardera cette pièce de viande - afin de la peindre - pendant plus d'un mois dans son atelier... Bonjour l'odeur !
Direction la rue de la Gaité : elle tire son nom de son passé dévolu aux plaisir parisiens : là se côtoient encore restaurants et salles de spectacle.
Paris a toujours accueilli des troupes de théâtre italiennes, principalement désignées sous le vocable de Théâtre-Italien ou Comédie-Italienne. L'hôtel de bourgogne, puis la salle Favart en sont les témoins.
La "Comédie Italienne" située rue de la gaité date de 1974. Dans cette petite salle sont programmées des pièces d’auteurs italiens, classiques (comme Carlo Goldoni) et contemporains, jouées en français.
Au fond d'une l'impasse, l'entrée de Bobino, la célèbre salle de Music-Hall : c'est dans cette salle que Joséphine Baker fit sa dernière apparition sur scène.
Le lendemain de la quatorzième représentation, le 10 avril 1975, l’artiste est victime d'une attaque cérébrale à son domicile. Elle décède le 12 avril et, lors de ses obsèques le 15, le cortège funèbre passe devant Bobino dont l'enseigne porte encore son nom en grandes lettres.
L'entrée actuelle de Bobino
Devant le théâtre, une sculpture représente Georges Brassens assis sur une chaise : il s'est produit lui aussi plusieurs fois à Bobino et je suis allée l'écouter au moins deux fois à l'époque.
Avant de terminer cette promenade par la visite du Jardin Atlantique, un petit arrêt rue du Maine devant un autre théâtre parisien que je connais : le Guichet Montparnasse
Une soixantaine de places en gradins : c'est l'avantage de ce petit théâtre où l'on peut vivre la pièce au plus près des acteurs.
Notre guide m'a aussi fait découvrir une Chapelle devant laquelle je suis passée maintes fois sans la voir... Il s'agit de la Chapelle Saint-Bernard.
La chapelle a été construite sur l'initiative de Victor Bucaille chargé dès 1954 au Conseil de Paris de la réflexion sur la "nouvelle gare Montparnasse". À l'image d'autres capitales d'Europe, il a souhaité qu'au moins une gare parisienne possède un lieu de culte, et à ce jour cette chapelle est la seule implantée dans une gare parisienne.
Sur la façade donnant sur la Place Raoul-Dautry, on remarque le vitrail du maître-verrier Jacques Loire intitulé "Le Christ accueillant" (Photo David Métreau). Il a été posé en février 2015.
Le Christ est adossé à une grande croix verte, signe d'espérance et repose sur un arc de cercle symbolisant le monde, les peuples de tous les pays, pour lequel le Christ est venu sur terre.
Pour accéder à la Chapelle, il faut descendre au niveau des sous-sols de la gare.
L'intérieur de la chapelle est très sobre.
Une statue de la Vierge en bois polychrome, offerte à la chapelle à son origine par le sculpteur Albert Dubos, posée sur un haut socle de bois, accueille le visiteur presque à l’entrée de la chapelle.
L'autel a été façonné à parti de traverses de chemin de fer en bois : un clin d'oeil à sa situation...
Au sortir de la Chapelle, une photo intéressante qui symbolise bien Paris
Pour trouver le Jardin Atlantique, il faut passer par la Gare Montparnasse : un vrai parcours du combattant avant de trouver le bon escalier...
La gare est en travaux actuellement. Voici une affiche publicitaire montrant à quoi elle ressemblera. On pourra alors y mieux voir les fresques de Vassarély actuellement cachées par des panonceaux publicitaires...
Le Jardin Atlantique coiffe la gare Montparnasse depuis 1994.
Il rend hommage à la région Ouest (la gare Montparnasse dessert la Bretagne) avec des lampadaires figurant des voiles de bateaux...
Deux Musées y a trouvé leur place.
Le Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris,
et le Musée Jean Moulin.
Petite promenade dans le labyrinthe
La végétation y est luxuriante...
Les ondulations du sol suggèrent les vagues...
Une jolie promenade sous le soleil - de 3 heures tout de même - au cours de laquelle j'ai découvert plein de lieux que je ne connaissais pas...
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Par Tolbiac204 le 19 Août 2017 à 23:00
Samedi dernier nous sommes allés visiter l'Espace Renoir à Essoyes. Nous l'avions déjà vu à deux reprises les années précédentes mais la grande nouveauté de l'année c'est qu'on visite maintenant la maison que Renoir habita avec sa femme Aline.
C'est en 1885 (Renoir a alors 44 ans) qu'Aline Charigot, d'abord modèle puis épouse du peintre, entraîne son mari à Essoyes, sa ville natale. Ils y passeront tous les étés en famille.
L'espace muséal est abrité dans les anciennes écuries du château Hériot (devenu école du village).
Je vous renvoie ICI à mon précédent article pour la visite de cet espace.
L'Ource à Essoyes
Montée vers l'église : nous sommes avec Michèle et Martine.
Devant la maison natale de la belle Gabrielle, le modèle préféré du peintre et la nounou de Jean
La maison et l'atelier de Renoir se trouvent au bout de cette jolie allée de verdure.
L'atelier de Renoir, à l'écart de la maison d'habitation
Au rez-de-chaussée, la chaise roulante du peintre, handicapé en fin de vie par une polyarthrite rhumatoïde.
Au premier étage, l'atelier proprement dit avec... fort peu de choses en fait
Au bout de cette allée, la maison des Renoir : au premier plan, les toilettes au fond du jardin...
Sur la terrasse, des chaises longues de l'époque, un jeu de quilles. Le ton est donné : nous allons visiter une maison dont le propriétaire semble toujours devenir de quitter les lieux...
Jeux d'antan
Le salon-atelier : il y règne un désordre très organisé.
Monsieur Renoir : vous avez oublié vos pinceaux...
Jean, il faudra tout de même penser à ranger tes jouets !
La pièce voisine est la salle d'exposition : on y trouve des originaux tel ce buste d'Aline Charigot,
Ce portrait intitulé Jeune femme au miroir datant de 1915,
et une vue d'un pont
Toujours au rez-de-chaussée, la cuisine
Le buffet-vaisselier a appartenu à la famille Renoir ainsi que la table ; les autres meubles ont été chinés ou récoltés auprès des habitants du village.
Aline a appris à lire, à écrire et à compter (ce qui n'est pas si fréquent à l'époque) mais elle préfère briller par la qualité de ses repas plutôt que de parler de ce qu'elle ne connait pas. C'est une cuisinière hors pair : ses talents ont séduit à Paris des intellectuels comme Stéphane Mallarmé, Emile Zola, Paul Verlaine...
Renoir aime les larges miches de pain, le beurre blanc non jauni au safran comme c'est la mode à Paris, les pois et les petites pommes de vigne, le vin local qui n'est pas coupé avec de l'eau. Il le boit dans des verres ordinaires, surtout pas en cristal, et parfaitement essuyés avec des torchons en lin qui, contrairement au coton, ne laissent pas de poussière blanche sur les verres.
Le grand escalier dessert les chambres des Renoir, au premier étage. Le deuxième niveau où logeaient les domestiques - mais aussi les modèles, les invités - et même Pierre, le fils aîné des Renoir, n'est pas ouvert au public.
Handicapé depuis 1902, le peintre a de plus en plus de mal à se mouvoir : "Nous l'asseyions dans la chaise à porteurs", explique Jean Renoir. C'était un fauteuil en osier aux flancs duquel on avait fixé deux bambous. Pour descendre l'escalier, la grande Louise se mettait devant et l'infirmière derrière. Pour monter, elles échangeaient leurs places.
Renoir a peint la maison en 1903 et en 1906 : on y voit bien la tourelle renfermant l'escalier.
La chambre d'Aline (antichambre)
Elle est raffinée, avec une coiffeuse et du matériel d'écriture, mais sans luxe superflu. Aline respecte le goût de l'authenticité de son mari et, si elle aime les belles maisons, elle refuse le "toc".
Des bribes de galon et de papier peint ont été retrouvées dans cette chambre. Il n'a pas été possible d'authentifier le motif exact du papier-peint mais il a été refait à la planche dans le même ton.
La baignoire en zinc a appartenu à la famille Renoir.
La chambre des enfants
La collection de pierres des enfants...
La chambre de Renoir
"Je trouvais toujours ses fenêtres grandes ouvertes", raconte Jean Renoir en parlant de cette chambre et du moment où il était autorisé à y pénétrer, seulement quand son père était habillé.
Baignée de lumière dès les premiers rayons du soleil, la chambre est à l'image du peintre : douce et chaleureuse. Renoir se contente du strict nécessaire, de meubles en bois brut et de bons draps de lit, le tout sans prétention et sans ornements superflus.
Le lit est celui de Renoir.
Le chauffe-bain, la bassine plate et son tub sont d'origine.
Le choix du revêtement mural est inspiré par les bribes de papier-peint au motif de feuillage.
Retour vers l'atelier
Tiens... un visiteur égaré !
Pour clore cette visite, un petit tour au cimetière où le peintre, sa femme et plusieurs de leurs enfants sont enterrés. Les dépouilles de Renoir et de sa femme ont été exhumées du cimetière du château de Nice où ils avaient été enterrés : ils avaient tous les deux émis le souhait de reposer à Essoyes.
Nous y rencontrons Bernard Pharisien, petit-neveu de Gabrielle Renard, le modèle préféré du peintre, qui propose bénévolement tous les matins aux amateurs d'histoire et d'érudition une promenade dans le village durant laquelle il fait revivre le peintre et les siens (Les matinales d'Essoyes).
Au premier plan, la tombe de Renoir et au deuxième plan, celle d'Aline Charigot
Selon Bernard Pharisien, c'est pour une question d'esthétique que le peintre et sa femme n'ont pas été enterrés l'un à côté de l'autre et non pas, comme je le croyais, du fait d'une inimitié entre Renoir et sa belle-mère (celle-ci étant enterrée avec sa fille)...
Une visite très émouvante : à conseiller
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Par Tolbiac204 le 17 Août 2017 à 23:00
J'avais oublié ces photos dans mon appareil !
Elles datent d'il y a presque un an...
Aujourd'hui nous avons emmené notre amie Michèle, qui passe quelques jours avec nous en Bourgogne, écouter un concert de trompes de chasse au Château d'Ancy-le-Franc situé à seulement 35 minutes de la maison. Nous en avons donc profité pour visiter ce beau château Renaissance.
Il s'agit d'un quadrilatère parfait flanqué aux angles de pavillons également carrés.
La genèse d’Ancy-le-Franc provient d’une rencontre, celle de Sébastiano Serlio, architecte italien de François I er, et du beau-frère de Diane de Poitiers, Antoine III de Clermont-Tallard, désireux d’édifier sur ses terres un château qui sera le reflet de sa puissance et de sa richesse. La construction débute en 1542 et dure huit ans, mais les travaux de décoration interne s’étalent jusqu’en 1600.
Antoine de Clermont avait demandé à son architecte un château sur le modèle d'un palais romain mais une toiture romaine plate était infaisable en Bourgogne : il réalisa donc une toiture à large pente.
On entre dans le château par un porche monumental décoré du monogramme de Charles-Henri de Clermont-Tonnerre : CHCT.
La cour intérieure est très sobre, tapissée de petits gravillons ratissés au peigne fin.
La visite du château commence à l'étage auquel on accède par un grand escalier d'honneur, à vis.
La première pièce que l'on visite est la Chapelle qui est dédiée à Sainte Cécile, la patronne des musiciens. Tout comme l'ensemble des pièces du château, cette dernière est couverte de fresques dans sa partie haute tandis que des peintures représentant différents saints et prophètes ornent sa partie basse : le château d'Ancy-le-Franc est le rival direct de Fontainebleau.
Le plafond de la chapelle est en trompe-l'oeil : il y a seulement une apparence de relief...
Saint Philippe !
Donnant sur la chapelle, un petit oratoire permet d'écouter sans être vu. Il possède un curieux décor de têtes de mort...
Admirez le superbe carrelage de la Salle des Gardes !
Au fond de la pièce, un portrait de Gaspard de Clermont-Tonnerre, Maréchal de France
La pièce suivante est la salle à manger : les bougies d'un superbe lustre hollandais devaient illuminer le soir la table où le dîner semble prêt à être servi.
Attenant à la salle à manger, un cabinet d'aisance...
Puis vient le Salon Louvois du nom de son ancien propriétaire, François-Michel Le Tellier, premier marquis de Louvois et ministre de Louis XIV qui acheta en effet en 1683 le château aux Clermont-Tonnerre. Ce salon était à l'origine la chambre où Louis XIV dormit lors de son passage à Ancy-le-Franc en 1674.
On peut y admirer un très beau plafond à caissons.
La visite se poursuit par le Salon des Dauphins dont le nom rappelle celui du Dauphiné, la région d'origine d'Antoine III de Clermont-Tonnerre. Le portrait est celui de François de Clermont-Tonnerre qui reçut Louis XIV en 1674.
Ici encore un très joli plafond qui n'a rien à envier à celui de la pièce suivante, le Salon mauve.
Dans ce salon un superbe secrétaire du XIXème (copie d'un cabinet du XVIème siècle de style florentin) en bois de poirier noirci incrusté d'ivoire et d'os.
Il parait que si une seule personne avait dû le fabriquer, cela lui aurait pris 35 ans !
Nous voici à présent dans le Salon du balcon : salon de musique au XVIIIème siècle il est devenu au XIXème salle de billard.
La Galerie des Sacrifices est constituée d'une pièce rectangulaire recouverte de peintures murales en grisaille (camaïeu de gris) : les scènes sont empruntées à la religion gréco-romaine.
Ces scènes de sacrifices d'animaux sont la reproduction fidèle des gravures d'un ouvrage du XVIème siècle (celui de Guillaume de Choul) sur les rites religieux antiques.
Depuis la galerie on a une jolie vue sur la cour carrée.
Vous l'aurez deviné : il s'agit là de la nouvelle bibliothèque qui date du XIXème siècle (mais qui comporte des ouvrages des XVII, XVIII et XIXème siècles). L'ancienne bibliothèque a été entièrement détruite pendant la Révolution : tous les ouvrages ont été brûlés dans la cour intérieure...
Le Cabinet du Pastor Fido est une pièce utilisée par la maîtresse de maison pour recevoir ses proches invités et ses amis fidèles. C'était l'endroit de repos de la Marquise de Sévigné lorsqu'elle venait rendre visite à sa grande amie, Anne de Souvré, épouse du premier marquis de Louvois. Les peintures, sur le thème d'une pastorale, rappellent un poème très connu à l'époque : Il Pastor Fido.
La chambre de Judith
A droite de la cheminée, un tableau représentant Judith décapitant Holopherne.
Judith décapitant Holopherne est un thème artistique tiré du Livre de Judith (Livre de la Bible) particulièrement représenté dans la peinture européenne du XVIIème siècle.
Judith entre dans la tente d'Holopherne, un général assyrien sur le point de mener une offensive contre la ville de Béthulie. Il s'enivre au point de perdre connaissance ; Judith le décapite, et emporte sa tête dans un panier (la tête est souvent représentée dans un panier portée par une servante de Judith, plus âgée qu'elle). Les peintres représentent généralement l'une des deux scènes suivantes : la décapitation d'Holopherne allongé sur son lit, ou Judith tenant la tête d'Holopherne, parfois aidée par sa servante.
Depuis la Chambre de Judith on jouit d'une jolie vue sur les jardins et le village voisin.
Le "parterre est" a été entièrement rénové l'an passé.
Cette vue d'avion le met bien en valeur.
Quatre panneaux représentant deux roses, une tulipe et une anémone se détachent sur un fond de pierres blanches (quartz), encadrés d’une rangée végétale de fusains. Des œillets et des pétunias constituent les pétales des 4 fleurs géantes, des plants verts pour les tiges et feuilles.
Au fond de la perspective, un majestueux bassin et son grand jet d’eau.
La Galerie de Médée est l'une des plus jolies pièces, à mon sens, du château. Elle porte ce nom car il y a ici la représentation du célèbre récit mythologique grec : le départ de Jason et des argonautes à la Recherche de la Toison d'Or.
La grande composition décorative aux murs, un décor à fond de grotesques, est d'inspiration pompéienne. Ornements décoratifs de guirlandes, frises, vases, rinceaux tant aimés à l'époque.
Le carrelage du sol est certainement le plus beau du château : il s'agit d'une magnifique composition de mosaïque de marbre italien datant du 18ème siècle.
Sur le mur du fond, une fresque représente le combat de Médée contre Jason : cette dernière va le tuer pour dévorer ensuite ses enfants.
La Chambre des Arts porte ce nom en raison des médaillons représentant les 7 Arts Libéraux (3 matières littéraires et 4 matières scientifiques). Il s'agissait des matières enseignées dans l'Antiquité et au Moyen-Age. Ils sont le fruit d'un travail entre Le Primatice et son élève et exécuteur testamentaire Ruggiero de Ruggieri.
Voici le médaillon de "La Grammaire"
et celui de "La Rhétorique"
Je l'ai surtout photographié pour le motif du bas représentant un singe chevauchant un chien : la reine Catherine de Médicis, épouse d'Henri II, aimait s'entourer de ces animaux...
Le plafond du 16ème siècle est un damier de 9 caissons, il est sans doute un des plus beaux de ce château. Dans son état d'origine, il a certes souffert de quelques infiltrations mais il n'a pas été retouché.
Nous voici maintenant dans la Galerie de Pharsale, toute en camaïeu d'ocre du plus bel effet. C'est ici que se trouvent les peintures murales les plus célèbres du château.
Son nom vient de la fameuse bataille qui opposa en 49 avant J-C les troupes de César et celles de Pompée. Bien sûr, César en fut le vainqueur, Pompée prit alors la fuite en Egypte où il mourut empoisonné par le frère de Cléopâtre, laissant le champ libre à la dictature.
Au centre de la galerie trône un portrait en pieds de Louis XIII.
Détails de la bataille
Là se termine la visite du premier étage du château. Le rez-de-chaussée est en cours de restauration...
Mais je vous ai annoncé un concert de trompes de chasse, n'est-ce pas ?
Voici justement qu'il est l'heure d'y assister : ce sont les sonneurs de l'Ecole de trompes de chasse Saint-Hubert de Chablis qui officient.
Le Clermont-Tonnerre
Le concert des débutants : Le point du jour
La Saint-Hubert naturellement
Les sonneurs nous ont aussi fait la démonstration que pour savoir sonner il faut aussi savoir chanter juste !
Le Printemps à Novel (Christian Delval)
Le refuge (chant pyrénéen)
Les salutations des sonneurs...
Bon... je ne dis pas que j'en écouterais tous les jours mais une fois de temps en temps c'est amusant surtout dans un si joli cadre...
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Par Tolbiac204 le 26 Juillet 2017 à 23:23
Je suis allée avec mes cousins, pendant leur séjour chez nous, à l'abbaye du Val des Choues. Pour moi ce n'était pas une première mais j'avais lu sur le Châtillonnais que le nouveau musée venait d'être inauguré.
Après avoir traversé de long en large la forêt de Châtillon (et Dieu sait si elle est grande, n'est-ce pas André... !), nous voici enfin parvenus sur place.
L'abbaye est située dans un lieu sauvage, propice à la méditation.
Au-dessus du portail d'entrée, une statue qui ressemble bien à celle d'un évêque mais je n'ai pas trouvé de qui il peut s'agit.
Aussitôt passé le portail d'entrée, nous voici dans la Cour d'Honneur de l'ancienne abbaye dont il ne reste plus que les bâtiments des convers, les autres ayant été démolis à la Révolution.
Mais qu'est-ce qu'André prend en photo... ?
Des petits chiots, pas encore assez grands pour être dans le chenil avec les autres !
Trop mignon, non ?
Ils sont de la race "Grand Anglo-Français Tricolore"
Leurs aînés, de cette race de chiens courants ayant un instinct de chasse élevé, sont spécialement dressés pour chasser le sanglier.
Ici, un superbe bronze dans la Cour d'Honneur
Il est 16 heures : c'est justement l'heure du repas de la meute,constituée d'une centaine de chiens
Voici le Monogramme de l'équipage Piqu'Avant-Bourgogne : un cavalier Louis XIII avec ses chiens
Il est reproduit sur le mur du chenil. Le M que l'on voit sur le corps des chiens correspond au nom des propriétaires de l'équipage, Michel et Inès MONOT. Il est tatoué par rasage chaque année sur le dos des chiens en période de chasse (de septembre à février).
Ceux-ci attendent impatiemment leur soigneur.
Un cerf et des biches, voisins des chiens...
Passage dans la cour où se trouve la viande
Attention... prêts ? Partez !
Retour à la case départ
Un peu d'eau pour compléter le repas...
Celui-ci aime les caresses et les situations haut perchées !
Petite promenade dans le parc de l'abbaye
Origines de l'abbaye
La tradition dit que le frère Viard, convers de la Chartreuse de Lugny (proche du Val des Choues), décide de se retirer pour vivre une expérience personnelle dans la pauvreté. Par la suite, d’autres religieux viennent partager la vie de cet ermite. Peu à peu se forme une communauté et le Duc de Bourgogne, Eudes III, propriétaire de la forêt, frappé par le rayonnement de sainteté du moine convers, recommande à ses prières le salut de son âme et lui promet de fonder un monastère s’il revenait victorieux de la guerre (une croisade en terre sainte).
Au Val des Choues, il y a un endroit intitulé Grotte du Père Viard...
Si l'on y descend, voici ce qu'on peut voir : si grotte il y a eu, elle a été bien retapée !
Tiens, ma cousine...
Au fond du vallon, un vivier
et des arbustes taillés pour former les lettres VAL DES CHOUES
Tiens, mon cousin !
Il fut un temps où le parc était décoré par de nombreux vases Médicis.
Que sont-ils devenus... ? Je crois qu'ils ont été vendus.
C'est bien dommage je trouve car ces vases sont très élégants. En fait, il y a un site sur internet intitulé Les Jardins d'Inès (du nom d'Inès Monot, propriétaire de l'équipage Piqu'Avant-Bourgogne) qui vend ces vases ainsi que des jardinières, des têtes de cheval, des bacs à oranger et même des statues, le tout en fonte. Un vase Médicis peut aller de 40 à 4500 euros !
Visite du Musée de la Vénerie
Le musée-opéra propose un parcours respectueux des grandes traditions de présentation (salle des trophées, tenues, trompes, couteaux, boutons…), en y associant un nouveau regard sur la chasse à courre avec la contribution d’artistes contemporains de renom.
L'abbaye du Val des Choues possède une longue tradition de chasse. Elle abrite la meute de l’équipage Piqu’Avant-Bourgogne, qui est constituée de chiens de race spécialement éduqués pour chasser le sanglier. Du 15 septembre au 31 mars, des chasses sont organisées deux jours par semaine, dans deux forêts différentes. Tous les samedis, en forêt de Clairvaux, dans l’Aube, à 50 km de l’Abbaye et tous les jeudis, en forêt de Châtillon-sur-Seine, en Côte-d’Or.
La taxidermie permet ici de mettre en scène le cerf poursuivi par les loups.
Le concept de "Salle des trophées" n'est apparu qu'à la fin du XIXème siècle.
De jolis dessins en rapport avec la salle, ornent les murs...
La tradition du PIED D'HONNEUR : exposé comme un trophée par celui qui le reçoit, il s'agit d'un ECHANGE. Par sa simple présence à la chasse, comme marque de soutien, l'invité "fait honneur" à l'équipage. En retour, l'équipage lui "rend les honneurs" du pied antérieur droit de l'animal, trophée de récompense.
L'âge du cerf : en bas les andouillers d'un an, deux ans, trois ans, etc etc...
La "Salle des échos" : c'était une pièce autrefois dédiée à la confession, notamment des lépreux. Les angles concaves de la voûte d'arêtes permettaient à deux moines de confesser simultanément et à distance deux pèlerins...
On a fait l'expérience avec Evelyne : ça marche !
Joli escalier, non ?
L'atelier du tailleur : les tenues de vénerie sont aux chasses à courre ce que les drapeaux sont aux nations. Elles sont directement inspirées de celles portées sous l'Ancien Régime.
L'habit bleu, galonné, avec parements et collet cramoisis, a été créé par Louis XIV.
Inès et Michel Monot, propriétaires des lieux, ont fait appel à des artistes contemporains pour créer un "musée-opéra" et proposer "une nouvelle interprétation" de la chasse à courre.
Salle de l'Hallali : y sont présentés une collection de boutons et de couteaux de vénerie.
Tout autour des oeuvres d'un photographe de mode, Pierre Even : il a photographié certains chiens de l'équipage Piqu'avant-Bourgogne appartenant à la famille Monot comme l'indique le tatouage du M.
"L'Opéra de la nature" par Gloria Friedmann : surprenant...
Curieux lustres composé d'os d'animaux
C'est ainsi que se termine notre visite de l'abbaye du Val des Choues.
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Par Tolbiac204 le 24 Juillet 2017 à 23:41
Passé Noyers-sur-Serein, nous voici maintenant à Saint-Fargeau pour y visiter le château dont l'histoire s'étend sur 10 siècles.
En 980, Héribert, Evêque d'Auxerre et demi-frère d'Hugues Capet, élève ici un rendez-vous de chasse fortifié. Du Xe au XVe siècle, le château a pour propriétaires des familles illustres : les seigneurs de Toucy, de Bar, et le célèbre argentier de Charles VII, Jacques Coeur.
A partir de 1453, Antoine de Chabannes fait construire sur les bases de l'ancienne forteresse le château actuel, avec sa forme pentagonale, flanqué de six grosses tours.
En 1652, Anne-Marie Louise d'Orléans, la Grande Mademoiselle cousine germaine de Louis XIV, condamnée à cinq ans d'exil à la suite des événements de la Fronde s'installe à Saint-Fargeau.
Ce tableau évoque le rôle guerrier qu’elle prétendit jouer sous la Fronde, à la tête de l’armée des princes. Il a été exécuté par l'atelier de Charles et Henri Beaubrun.
Son mariage avec le duc de Lauzun (un mariage morganatique), annoncé - notamment par une lettre célèbre de Mme de Sévigné -, empêché par Louis XIV et enfin conclu secrètement, devait ensuite défrayer la chronique.
Elle fait intervenir l'architecte Le Vau sur les façades intérieures du château. Il laisse un des plus beaux exemples de classicisme français.
La famille Lepeletier acquiert le château en 1713. Louis-Michel Lepeletier, conventionnel célèbre, vota la mort de Louis XVI et mourut assassiné.
En 1979, Jacques et Michel Guyot, fous de vieilles pierres, rachètent le château pour un prix symbolique et décident d'y consacrer leur vie.
Le château est entouré de douves sèches.
Deux tours imposantes encadrent l'entrée autrefois munie d'un pont-levis comme en témoignent les entailles situées dans le mur au-dessus du portail d'entrée.
Voici la cour intérieure de ce château pentagonal : un beau mélange de pierre et de briques.
Vue sur une tour avec son lanternon
Le grand escalier donne accès aux parties que le public peut visiter librement.
Sous ce fronton, les armoiries de la Grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d'Orléans, Duchesse de Montpensier
A, M, L, et O entrelacés
C'est ici que se fait le départ pour la visite guidée des appartements privés : une visite faite par une guide pleine d'humour.
On y apprend que Jean d'Ormesson, le célèbre écrivain et académicien, est l'arrière petit-fils de Louis Michel Lepeletier, Marquis de Saint-Fargeau, assassiné pour avoir voté la mort de Louis XVI.
Le soir même de son vote, le Marquis se rend au resturant "Chez Février" au Palais-Royal. Un ancien garde du roi Louis XVI, Philippe Nicolas Marie de Pâris, qui cache un sabre sous sa houppelande, se présente devant lui et lui dit, selon les témoignages : « C'est toi, scélérat de Lepeletier, qui as voté la mort du roi ? », ce à quoi il aurait répondu : « J'ai voté selon ma conscience ; et que t'importe ? » Pâris lui enfonce alors son épée dans le côté en lançant : « Tiens, voilà pour ta récompense », avant de s'enfuir. Blessé à mort, Lepeletier n'aurait pu dire que : « J'ai froid ! » Transporté au domicile de son frère, place Vendôme, il y expire le 20 janvier 1793 vers onze heures du soir, soit quelques heures avant l'exécution du Roi le lendemain.
L'assassinat de Lepeletier dans la cave du restaurant "Chez Février"
La seule photo que j'aie pu trouver sur le net de cette visite des appartements privés (et pour cause !) est celle de la Bibliothèque, entièrement revêtue de chêne.
Des portes grillagées permettent l'aération des livres et un système de tirettes très astucieux donne au lecteur la capacité de consulter l'ouvrage en dessous du rayonnage où il l'a trouvé. Par ailleurs, les volets des fenêtres sont si bien dissimulés dans les boiseries qu'on pourrait penser qu'il n'y en a pas, ce qui est impensable.
Après cette visite guidée, libre à nous de déambuler dans le château
Voici la Salle des Trophées au rez-de-chaussée
Je n'ai pas compté les pattes !
Par un petit escalier, on accède à la Salle des Jouets où se trouvent rassemblés trains électriques, voitures de pompiers, caravelles et paquebots, avions, maisons de poupées, calèches et j'en passe...
Une véritable caverne d'Ali Baba du jouet !
A l'autre extrémité de la pièce, un autre escalier mène aux combles dont on peut faire le tour complet pouvant ainsi en admirer les charpentes.
Normal pour un ex-charpentier de poser ainsi fièrement dans la Tour de la Chapelle...
La Tour du Moulin dite Tour Jacques Coeur est la plus grosse du château. Equipée d'un pont-levis jusqu'au XVIIème siècle elle servait d'entrée au château.
Les Tours de Bar et Toucy forment le portail du château. Elles sont enchevêtrées l'une dans l'autre d'où leur nom de "tours jumelles". Les lanternons sont un apport architectural du XVIIème siècle. De style italien, leur élégance contribue à alléger l'architecture médiévale du château. Egalement construits en bois, il sont recouverts d'une épaisse carapace de plomb. La charpente d'un lanternon pèse environ 3,5 tonnes auxquels s'ajoutent les 2,8 tonnes de plomb...
Vue sur la ville depuis les combles
Un lanternon vu depuis le grenier
Picasa effet "néon" !
La cour du château vue depuis les combles
Reconstitution d'une chambre de bonne : fort grande, ma foi.
La lingerie
En redescendant, une vue sur le parc où se déroule le soir le spectacle.
Au rez-de-chaussée se trouve la Chapelle où repose Louis-Michel Lepeletier, ancêtre de Jean d'Ormesson. Il était auparavant au Panthéon...
"Au plaisir de Dieu", c'est un roman de Jean d'Ormesson ainsi que la devise de sa famille.
Nous poursuivons la visite en montant ce superbe escalier, dit "escalier Montpensier", flanqué d'une belle Diane chasseresse.
En haut des marches, un dessin représente Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau comme Premier martyr de la Révolution.
Dans la même pièce : une reconstitution de l'assassinat de Louis-Michel Lepeletier
De l'autre côté, un comptoir représente (peut-être) celui du Restaurant "Chez Février" (près du Palais Royal) où eut lieu l'assassinat ?
La chambre de Louis-Michel Lepeletier avec, sur un chevalet, une reproduction du tableau de David
Lepeletier sur son lit de mort
Peinture de David représentant Louis-Michel Lepeletier sur son lit de mort
Ce tableau a disparu : peut-être est-ce la fille de Louis-Michel Lepeletier, Suzanne Lepeletier de Mortefontaine, qui, soucieuse d'effacer de l'histoire le vote du régicide, l'a dissimulé dans un endroit resté secret du château... C'est ce qui se raconte dans la famille de Jean d'Ormesson.
Une autre mise en scène : celle de Jacques Nicolas Lacour, Régisseur au château à partir d'août 1789, à son bureau.
Logé et chauffé, il reçoit un appointement de 1000 livres par an, et un intéressement sur la vente des biens, des bois, et des produits du terrage.
Dans la pièce à côté, une reconstitution mettant en scène le petit personnel dans les cuisines
Nous voici maintenant dans la "cour" de la tour du Moulin - ou tour Jacques Coeur. Après un incendie en 1752 sa toiture fut tronquée dans sa partie supérieur dans un soucis d'économie. Le toit est ouvert en forme d'entonnoir et légèrement incliné (intérieurement) à l'ouest en fonction des pluies les plus fréquentes. Ainsi, il sert à la fois de puits de lumière pour éclairer la tour de l'intérieur et de récupération d'eau de pluie.
A côté, se trouve l'herboristerie
Rien n'est oublié dans les reconstitutions : il y a même celle des oubliettes !
Nous rejoignons ensuite un endroit un peu plus gai : la Galerie des portraits
Dommage qu'aucun nom ne soit indiqué... Je pense tout de même que ce buste est celui de la Grande Mademoiselle.
En haut de cet escalier...
un portrait de la Grande Mademoiselle en allégorie de la Justice accompagnée de la Prudence
Portrait d'Anne-Marie-Louise d'Orléans par l'école de Mignard
Reconstitution du Salon littéraire
L'exil fut en grande partie consacré à la rédaction de ses mémoires. Elle aimait beaucoup l'exercice des "portraits" et peignit ceux de ses amis. Elle entretenait de nombreuses relations épistolaires avec la Marquise de Sévigné et Monsieur de Bussy-Rabutin. Elle fut avant tout, à l'insu de la plupart de ses contemporains, une mémorialiste acharnée dont l'oeuvre, imprimée de nos jours, ne compte pas moins de deux mille pages !
17 janvier 1765 : c'est l'effervescence à Saint-Fargeau.
La Grande Mademoiselle vient de rentrer d'un séjour chez son père Gaston d'Orléans. Toute sa garde-robe est éparpillée aux quatre coins de la pièce. Ce soir, Mademoiselle organise une grande fête costumée : toute sa cour est en émoi.
Il est temps pour nous de rejoindre notre chambre d'hôtes : celle de Jayne à Treigny (airbnb).
Bof bof : je n'en dirai pas plus...
Par contre, je ne peux que dire du bien du petit restaurant (le Café du Bal) que notre hôte nous a conseillé, à deux pas de chez elle : un menu du soir très abordable et de la bonne cuisine.
Globalement, une excellente journée
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