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Par Tolbiac204 le 21 Août 2018 à 23:05
Aujourd'hui, nous sommes allés avec mes cousins visiter le Château de Bussy-Rabutin, à une quarantaine de kilomètres au sud de chez nous. La route tournicotait sec pour y arriver contrairement à celle que l'on prend au départ en direction de Montbard qui, droite comme un I, fait le régal de la maréchaussée !
Roger de Rabutin, comte de Bussy, est né il y a tout juste 400 ans , en avril 1618 au Château d'Epiry, près d'Autun. Il était lieutenant-général des armées de Louis XIV et a fait une carrière militaire importante. Par ailleurs, il était courtisan de la cour de France et également philosophe, écrivain épistolaire, pamphlétaire, satirique et libertin. Il a été élu en 1665 au 20ème fauteuil de l'Académie Française.
Le portrait de Bussy-Rabutin et son blason familial dans la salle des Devises
Ce côté littéraire lui jouera d'ailleurs un très mauvais tour puisque, suite à une orgie de Pâques - période la plus strictement consacrée à la pénitence - à laquelle il participa en 1659 et pendant laquelle il chanta des cantiques obscènes et baptisa un cochon de lait avant de le manger..., suite aussi à la parution de "L'Histoire amoureuse des Gaules" en 1665, un pamphlet qui décrivait avec insolence les mœurs galantes de la cour, il fut exilé loin de la cour pendant dix-sept ans en son château de Bussy. Il faut dire que dans cet écrit il raillait le peu de beauté de Marie Mancini dont le roi était amoureux à l'époque ainsi que plus généralement la famille royale.
Pourtant, il n'avait pas écrit cette "Histoire" dans le but de la publier mais plutôt pour distraire sa maîtresse du moment, la marquise de Montglas, et briller auprès d'elle. Malheureusement, la cousine de cette dernière, l'intrigante marquise de la Baume, fit copier le manuscrit en Belgique et le fit diffuser en France...
Il se brouilla aussi avec sa cousine, Marie de Rabutin-Chantal (la marquise de Sévigné) qui, étant veuve, eut l'ingratitude de ne pas lui prêter la somme d'argent qu'il lui réclamait. Il ne manqua pas alors de l'égratigner dans son "Histoire amoureuse des Gaules" en disant par exemple : "Cette belle n'est amie que jusques à la bourse"... mais cette brouille ne dura qu'un temps. Il échangea par la suite en effet une correspondance fournie avec cette dernière (ce fut grâce à lui que Madame de Sévigné fut connue de la postérité pour ses échanges épistolaires avec sa fille).
Auteurs complices, les deux cousins inventent ensemble le "rabutinage", genre littéraire où ils rivalisent en traits d'esprit et railleries divertissantes.
L'entrée dans le parc du château se fait par la droite, en passant devant le pigeonnier.
Le château se mérite : on commence par à peine l'apercevoir, caché derrière ce bel arbre sûrement centenaire...
Avant de le découvrir plus amplement, voici un coup d'oeil sur le pigeonnier et ses multiples boulins.
Chacun d'eux correspond au logement d'un couple de pigeons. Leur nombre important s'explique ici par la surface des terres du château (34 hectares).
Cet ancien manoir du XIVème siècle (les quatre tours d'angle en sont les témoins) a été remanié à la Renaissance (autour de 1520). Il comporte ainsi deux ailes pourvues de galeries portées par cinq arcades en anse de panier, ce qui lui donne la forme d'un U.
Il est entouré de douves dans lesquelles vivent des canards.
Dans la tourelle d'angle, la chapelle
On y accède par l'intérieur de la galerie.
Le retable au dessus de l'autel illustre la résurrection de Lazare (XVIème siècle).
Cliquez sur l'image pour mieux la voir.
Un élégant pont bordé de balustres relie le château au parc à l'anglaise.
Le raffinement des décors des bâtiments de l'époque Renaissance, en léger relief, indique l'intervention d'une équipe formée à ce qui se faisait de mieux alors dans les châteaux du Val de Loire édifiés dans l'entourage royal.
Un décor de rinceaux et de têtes d'ange
Au rez-de-chaussée de l'aile droite, la cuisine d'époque Renaissance
On notera le tourne-broche ancien à droite de la cheminée : une pièce indispensable dans la cuisine des châteaux qui a révolutionné la cuisson.
Dans la tourelle d'angle, le fruitier : pièce destinée à la conservation et au mûrissement des fruits récoltés avant maturité.
Jean-Baptiste César de Sarcus, capitaine de cavalerie de Louis XVIII, était un peintre amateur et un érudit : il acheta la château par liquidation et entreprit sa restauration.
Voici l'entrée principale du Château
Au milieu du fronton brisé, le blason de la famille de Sarcus : "de gueules, au sautoir d'argent cantonné de quatre merlettes du même."
En attendant l'heure de la visite guidée, nous regardons l'exposition provisoire (un prêt du Château de Versailles) intitulée "La galerie des beautés de Louis XIV" qui dure jusqu'au 14 octobre 2018.
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Jusqu'à la fin des années 1660, les portraits d'Henri Beaubrun et de son cousin Charles Beaubrun connaissent un très grand succès. Appréciés de la famille royale et notamment de la reine mère Anne d'Autriche, les deux artistes se constituent une riche clientèle aristocratique au milieu de laquelle brillent bon nombre de dames de la cour. Abondamment copiés et souvent diffusés par la gravure, ces portraits, dont le caractère officiel est manifeste, ont, pour certains d'entre eux, été commandés par le roi lui-même pour orner ses résidences.
Louis XIV s'inspirait alors ainsi d'une vogue fort répandue dans toute l'Europe et qui consistait à réunir dans une galerie ou un cabinet, une collection de portraits de femmes remarquables par leur beauté. Dans son château bourguignon, le comte de Bussy-Rabutin sacrifia lui aussi - et de façon éclatante - à cette mode.
Ces tableaux offrent un véritable instantané de la cour de France à l'aube du nouveau règne et illustrent à leur manière cette décennie brillante où, la paix retrouvée à l'intérieur comme à l'extérieur du royaume, prélude à l'essor du Grand Siècle.
A une époque où le portrait écrit est érigé en véritable genre littéraire, Roger de Bussy-Rabutin, tout en rendant hommage à ses belles amies par la peinture, ne néglige pas de les peindre lui-même d'une plume étincelante. Dans ce même esprit, mémorialistes, épistoliers, gazetiers, poètes et prédicateurs du temps ont ici été mis à contribution pour dialoguer avec chacun des tableaux et en proposer une autre lecture.
Au centre de l'exposition, le portrait de Henri et Charles Beaubrun permet d'entrer dans leur atelier et de tenter de surprendre les secrets de la création de ces portraits.
Vue générale de l'espace muséal
J'ai pris en photo quelques uns des portraits.
Voici celui d'Elisabeth d'Orléans, duchesse de Guise (école française du XVIIème siècle : atelier des Beaubrun ?)
La légende est gratinée... C'est Saint-Simon qui en est l'auteur.
"Bossue et contrefaite à l'excès, elle avait mieux aimé épouse le dernier duc de Guise en mai 1667, que de ne point se marier. Monsieur, son père, frère de Louis XVI, était mort en 1660. Tous les respects dus à une petite-fille de France furent conservés. Monsieur de Guise n'eut qu'un ployant devant Mme sa femme. Tous les jours à dîner il lui donnait la serviette, et quand elle était dans son fauteuil, et qu'elle avait déployé sa serviette, M. de Guise debout, elle ordonnait qu'on lui apportât un couvert, [...]. Elle était fort sur son rang, mais du reste, savait fort ce qu'elle devait, le rendait, et était extrêmement bonne."
Louise Boyer, duchesse de Noaille (école française du XVIIème siècle : atelier des Beaubrun ?)
Toujours de Saint-Simon
"C'était une femme d'esprit, extrêmement bien avec les rois et les reines, d'une vertu aimable, et toute sa vie dans la piété, quoique enfoncée dans la cour et le plus grand monde. Elle s'appelait Boyer et n'était rien. C'était une sainte fort aimable qui avait été longtemps dans les atours de la reine mère, et bien avec elle, et avec le roi, toujours vertueuse à la cour."
Isabelle Angélique de Montmorancy Bouteville, duchesse de Châtillon, puis duchesse de Mecklembourg (école française du XVIIème siècle : atelier des Beaubrun ?)
Bussy-Rrabutin la décrit ainsi :
"Madame de Châtillon avait les yeux noirs et vifs, le front petit, le nez bien fait, la bouche rouge, petite et relevée, le teint comme il lui plaisait, mais d'ordinaire elle le voulait avoir blanc et rouge ; elle avait un rire charmant, et qui allait éveiller la tendresse jusqu'au fond des coeurs. Elle avait les cheveux fort noirs, la taille grande, l'air bon, les mains longues, sèches et noires, les bras de la même couleur et carrés, ce qui tirait à de méchantes conséquences pour ce que l'on ne voyait pas. Elle avait l'esprit doux, accort, flatteur et imaginant ; elle était infidèle, intéressée et sans amitié. Cependant, quelque prévenu que l'on fût de ses mauvaises qualités, quand elle voulait plaire, il n'était pas possible de se défendre de l'aimer."
Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans (attribué à Nicolas Mignard)
Le même Bussy-Rabutin en dit :
"Elle est d'une taille médiocre et dégagée ; son teint, sans le secours de l'art, est d'un blanc et d'un incarnat inimitables ; les traits de son visage ont une délicatesse et une régularité sans égale ; sa bouche est petite et relevée, ses lèvres vermeilles, ses dents bien rangées et de la couleur de perles ; la beauté de ses yeux ne se peut exprimer : ils sont bleus, brillants et languissants tous ensemble ; ses cheveux sont d'un blond cendré le plus beau du monde ; sa gorge, ses bras et ses mains sont d'une blancheur à surpasser toutes les autres ; toute jeune qu'elle est, son esprit vaste et éclairé est digne de mille empires ; ses sentiments sont grands et élevés, et l'assemblage de tant de belles choses fait un effet si admirable qu'elle paraît plutôt un ange qu'une créature mortelle."
Le Canard enchaîné n'a rien à envier à Saint-Simon et autres mémorialistes !
Et maintenant, en route pour la visite guidée...
Pendant son exil à Bussy, le comte de Bussy-Rabutin a entièrement recouvert les murs de son château de peintures, souvent assorties d'inscriptions caustiques ou énigmatiques. Autant de décors peints témoignent des passions du maître de maison pour la guerre, la littérature, l’amour et la galanterie.
Cette pièce au rez-de-chaussée s'appelle la Salle des Devises.
La guide nous fait remarquer le beau carrelage d'époque, encore coloré le long des murs.
On y trouve au centre, au-dessus du manteau de la cheminée, le portrait du comte (celui que j'ai montré précédemment), ainsi que des panneaux représentant des châteaux ou des monuments français, et d'autres illustrant des devises.
Comme vous le voyez, le château de Vincennes est représenté de façon très fantaisiste !
Voici un exemple de peinture et de sa devise : un escargot traverse seul un espace vide.
"In me me involgo"
Interprétation : repli sur soi. Bussy serait-il blessé... ?
Une autre peinture représente un cadran solaire accompagné d'un soleil.
La devise : "Si me mira, me miran."
Interprétation : pour exister, le courtisan a besoin du regard du roi, sinon il n’existe pas.
Allez, une dernière pour la route !
"Allicit ut perdat" (Elle attire pour perdre)
Il décoche ici un trait à l'encontre de sa maîtresse, la marquise de Montglas, qu'il fait représenter sous les traits d'une sirène.
Nous montons ensuite à l'étage pour entrer dans la salle des Hommes de Guerre où sont rassemblés 63 portraits de personnalités militaires françaises et étrangères, choisies par Bussy, de Bertrand Du Guesclin jusqu'à lui-même. (Photo Wikipédia)
La coloration sombre des tableaux contraste avec les lambris où s'entrelacent les monogrammes du comte et de sa maîtresse, la marquise de Montglas.
Roger de Bussy-Rabutin n'était pas rancunier ! En effet, sa maîtresse, la marquise de Montglas le laissa choir quand il se trouva embastillé suite à son orgie de Pâques...
Bussy-Rabutin s'est fait représenter dans l'angle, en contre-jour...
Depuis cette pièce, on a une très belle vue sur le devant du château donnant sur les douves et les jardins à la française.
Nous visitons ensuite la chambre du comte, cloisonnée autrefois en trois pièces et réaménagée par le comte de Sarcus en 1835 avec un mobilier du XIXème siècle. On y trouve des portraits des maîtresses des rois de France et des dames de la cour.
Un triptyque y réunit la seconde femme de Bussy, Louise de Rouville, Madame de Sévigné, et sa fille, Madame de Grignan.
Dans le cabinet de la Tour dorée, inspiré de l'ancien salon des Dames de Versailles, sont exposés quatorze portraits de grands personnages de la cour parmi lesquels : le cardinal de Richelieu, Louis XIII, le cardinal Mazarin, Louis XIV, Anne d'Autriche, Marie-Thérèse d'Autriche et des membres de la famille des Condé.
Ils sont accompagnés des portraits envoyés par ses amies, les "belles femmes de la cour". Chaque portrait est accompagné d’une description caustique dont la verve et le double sens ne laissent pas de doute sur leur auteur. Ces inscriptions vite connues à Paris faisaient hésiter les belles dames à envoyer leur portrait pour enrichir la collection de Bussy...
En bonne place, face à la porte d'entrée, Bussy-Rabutin s'est fait représenter à côté de sa maîtresse, la marquise de Montglas (à droite).
Le commentaire est le suivant : "Isabelle Cécile Hurault de Cheverny, marquise de Montglas qui par la conjoncture de son inconstance a remis en honneur la matrone d'Ephèse".
La matrone d'Ephèse est un conte licencieux inséré dans le Satyricon de Pétrone qui narre l'histoire d'une jeune veuve qui succombe finalement, malgré la période de deuil, à la tentation de la chair et qui va jusqu'à sacrifier le corps de son époux pour sauver son amant...
Portrait de Bussy-Rabutin en Empereur romain attribué à Juste d'Edmont
Le plafond est décoré également : on y voit les armoiries des Rabutin et les monogrammes entrelacés de Roger de Bussy-Rabutin et de la marquise de Montglas.
Notre guide nous montre ici la partie basse de la pièce comportant des panneaux représentant des scènes de la mythologie.
Pygmalion enlaçant sa statue : "Tout le monde en amour est tous les jours duppé. Les femmes nous en font accroire. Si vous voulés aimer et n’estre point trompé Aimés une femme d’yvoire."
L'enlèvement d'Europe : "Les femmes font mille façons. Pour duper les pauvres garçons Les garçons feignent mille flames. Pour attraper les pauvres femmes."
Bien jolie la peinture...
La visite guidée se termine dans cette pièce, la Galerie des Rois.
Elle expose d'un côté la famille des Rabutin et de l'autre des rois de France, de Hugues Capet jusqu'à Charles X. Au XIXème siècle, Sarcus remet en place une présentation de portraits d'hommes d'Etat et de lettres.
Les portraits des Rabutin
Au bout de la Galerie, la tribune donnant sur la Chapelle : elle permettait de voir sans être vu.
Un petit tour dans le parc...
Vue sur le village de Bussy-le-Grand
Une visite très intéressante qui mêle l'art à la littérature
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Par Tolbiac204 le 19 Août 2018 à 23:00
Aujourd'hui, malgré la chaleur, nous sommes allés tous les quatre (mes cousins de Rouen nous ayant rendu visite) visiter l'église Saint-Vorles qui domine la ville : une église plus que millénaire puisque sa construction remonte au Xe siècle. (Photo Christian Labeaune)
Elle a été construite dans l'enceinte du château-fort des Ducs de Bourgogne qui jouxte la cimetière de la ville,
sur l'emplacement d'une autre église, qui abritait depuis 868 les reliques de Saint Vorles. Elle a la particularité d'avoir deux clochers.
Devant l'église, depuis 2009, une statue de Saint-Bernard rappelle que c'est ici qu'eut lieu le miracle de la lactation.
Saint-Bernard de Clairvaux était en prière devant une statue de la Vierge et quand il prononça les mots suivants : "Monstra te esse matrem" (montrez-vous une mère). La statue devint alors vivante et la Vierge lança du lait dans la sainte bouche.
Cette vision détermina l'engagement du saint dans la vie monastique...
Une grand luminosité règne dans l'église grâce à sa blancheur virginale : je n'ai jamais vu de piliers de la sorte, tout de blanc vêtus et sans pierre apparente.
Faisant le tour de l'église par la droite, on trouve d'abord une très jolie chapelle : la chapelle Sainte Croix qui est du XVIème siècle.
J'adore sa sobriété.
Au centre, un très beau Christ en pierre
De part et d'autre, un Saint-André
et un Saint Jean-Baptiste
Vient ensuite une chapelle dédiée au miracle de Saint-Vorles.
Il s'agit de la bilocation du saint qui, simple curé de Marcenay, disant la messe en présence du roi de Bourgogne et de sa cour, sauva un enfant des flammes dans le village de Plaines-Saint-Langes (distant de 25 kms). Il est devenu depuis le protecteur des enfants et de la jeunesse.
On voit ici une statue du Saint tenant à la main l'enfant qu'il a sauvé des flammes.
Et voici un tableau daté du XVIIème siècle (?) qui montre la bilocation du Saint.
A côté, ce panneau montre la translation en 868 des reliques de Saint-Vorles par l'évêque Isaac, de Marcenay à Châtillon (pour les protéger des invasions normandes mais on dit aussi qu'il avait des visées dessus...).
Les personnages portent tous des costumes du XVIème siècle, date de la réalisation du travail, et le château offre aux regards le fier aspect d'avant sa démolition sous Henri IV.
Cette autre chapelle est ornée d'une Vierge à l'Enfant.
En levant les yeux, on peut voir un très joli cul-de-lampe portant encore de la peinture.
Dans le Chœur, une très belle crosse eucharistique de suspension de custode (*) datant du XVIIIème siècle (provenant de l'abbaye du Val-des-Choues)
(*) : vase liturgique ayant la forme d'une boîte ronde conçue pour apporter la communion aux malades ou aux personnes qui ne peuvent pas recevoir l'eucharistie à la messe
et un Christ en croix ancien monté sur un support moderne que j'aime beaucoup.
A gauche du Chœur, cette chapelle conserve encore des fresques.
Vient ensuite la pièce maîtresse de l'église : la très belle mise au tombeau réalisée par un atelier commun à Châtillon-sur-Seine et à Mussy-sur-Seine qui est une commande (vers 1527) du Sire de Romprey et de sa femme (Romprey est un petit village à une quarantaine de kms de Châtillon) pour la chapelle du couvent de Cordeliers (Annonciation) de Châtillon .
Cet ensemble sculptural a vécu une vie très mouvementée (déménagements successifs, expositions diverses dans des musées) pour finalement trouver sa place ici en 1991.
Je ne suis pas arrivée à la photographier dans son ensemble en en montrant tous les personnages mais voici une photo trouvée sur le net.
La partie centrale
Autour du Christ, couché sur un sarcophage sur lequel sont sculptés les douze apôtres vêtus à la mode antique, sont présents différents personnages : Joseph d’Arimathie (dignitaire qui a offert son tombeau au Christ) tenant le linceul, Marie-Salomé (les bras écartés), la Vierge Marie, l’évangéliste Saint-Jean qui la soutient (portant un volumen à la ceinture)
A l'origine, le groupe était peint : pour témoin les restes de peinture sur la barbe et les cheveux
A gauche
Les deux donateurs sont agenouillés : i ls se tiennent en position de prière, les mains jointes, le visage grave, et vêtus d’une extrême simplicité, symboles de piété et d’humilité. Derrière eux, un soldat coiffé d’un chapeau.
A droite
Marie-Cléophas (portant un vase à parfum), Marie-Madeleine (richement vêtue, le bras en l’air tenant le couvercle d’un vase à parfum), Nicodème (dignitaire juif, tenant également un vase à parfum), puis clôturant la marche, le deuxième soldat, baptisé Loridon. Les vases à parfums tenus par les personnages servirent à parfumer et à oindre le corps du Christ.
Je suis ensuite descendue dans la crypte dédiée à Saint-Bernard : on y entre par l’oratoire de Notre Dame de-Toutes-Grâces et un escalier de 1854.
A l'entrée, un vitrail oeil-de-boeuf représente Aleth de Montbard, la mère du Saint, conduisant son fils à l'école des chanoines et, à droite, un chien.
La légende raconte que la mère de Bernard, enceinte, eut un songe dans lequel elle se voyait accoucher d’un petit chien blanc sur tout le corps, à l’exception du dos qui tirait sur le roux. Un religieux lui expliqua que celui à qui elle donnerait naissance serait un excellent chien de garde, veillant sur l’Eglise. La blancheur de tout le corps symbolisant la pureté et la fidélité de son zèle pour l’Eglise et ses défenseurs ; mais le roux figurant les aboiements et les morsures pour les adversaires . Le vitrail a été entièrement reconstruit en 2009, d’après le modèle original datant de 1854.
Voici l'oratoire de Notre-Dame-de-Toutes-Grâces : les fidèles prient ici Marie pour s'ouvrir à toutes les grâces que Dieu veut leur donner.
Au fond, la Statue de la Vierge, assise sur un trône, est protégée par une vitre. La statue originale a été brûlée par les révolutionnaires en 1793. La statue actuelle a été retrouvée au XIXème siècle : sa datation est difficile : XIème siècle, XIVème siècle ?...
C'est à Saint-Vorles que nous sommes revenus le lendemain en fin d'après-midi, André, Evelyne et moi pour écouter la première animation musicale de la fameuse semaine dédiée à la musique ancienne. Philippe est resté au frais à la maison...
Un semaine musicale dédiée à Jean-Sébastien Bach
Ici, la chef de choeur dirige un petit ensemble de 12 choristes, accompagnés au clavecin par son Directeur.
Je n'ai pas enregistré le concert et c'est fort dommage car c'était un vrai régal pour les oreilles. Comme vous pouvez le constater par cette photo prise par le Bien Public, le public est venu nombreux.
On m'y aperçoit je crois...
A la sortie, comme chaque année, l'Association a proposé aux visiteurs un petit apéro sur le parvis de l'église et il y avait foule...
Je n'avais jamais pris le temps de faire un post sur Saint-Vorles et pourtant...,
l'église le mérite !
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Par Tolbiac204 le 16 Août 2018 à 23:59
Toujours avec notre amie Régine, je suis allée faire une très belle promenade dans l'Aube. Nous avons commencé par aller découvrir la Commanderie d'Avalleur, près de Bar-sur-Seine, puis nous avons poussé jusqu'à Chaource pour voir la fameuse mise au tombeau de l'église, et enfin nous sommes rentrées sur Courcelles en traversant les vignobles de champagne.
Commençons par la Commanderie d'Avalleur
J'avais vu sur le net qu'elle se visitait pendant les mois de juillet-août tous les après-midis.
Une commanderie templière est selon Hervé Baptiste, architecte en chef des Monuments historiques, "un ensemble de bâtiments tenant à la fois du monastère et de la ferme de rapport, et destinés à procurer des fonds pour soutenir l'action des chevaliers du Temple en Terre Sainte."
A l'aube du XIIIème siècle le monde est en effet divisé en deux : l'Orient musulman et l'Occident catholique s'y affrontent.
Cœur de l’ancien riche Comté de Champagne (des foires permanentes s'y tenaient à Troyes, Provins, Lagny et Bar-sur-Aube qui permettaient les échanges tant avec l'Italie qu'avec les Flandres), le département de l’Aube est le berceau de l’ordre du Temple. Terre natale d’Hugues de Payns (village au nord-ouest de Troyes), fondateur des templiers en 1120 à Jérusalem, la Champagne, grâce à l’engagement de ses Comtes et au rayonnement de Bernard de Clairvaux, a contribué activement à l’essor de ce premier ordre religieux et militaire chargé de protéger les pèlerins et de défendre les états latins d’Orient.
Cette vidéo est très bien faite : elle explique la situation politique et religieuse de l'époque et présente la reconstitution en 3D d'une commanderie type.
La Commanderie d'Avalleur est l'une des plus anciennes et des mieux conservées de la région.
Et on y entre sans payer !
Le site d'Avalleur est occupé par les Templiers vers 1167. A la suite de donations successives (en particulier celle de Milon IV, Comte de Bar-sur-Seine mort à Damiette lors de la cinquième croisade) leur domaine s'étend jusqu'aux environs de Troyes.
Exemple type d’une commanderie rurale d’Occident, ce petit monastère fortifié se constituait d’une chapelle, de bâtiments communautaires et agricoles. Seigneurs du village, les Templiers y possédaient un four, un moulin et de nombreuses terres alentour.
Récemment restauré par le Département de l’Aube, le corps de logis pourvu d'une élégante tourelle d'angle (partie d'une ancienne porte fortifiée), réaménagé à la Renaissance, où dormaient et mangeaient les frères chargés d'assurer la logistique des troupes templières tandis que ces derniers, les frères-chevaliers (issus de la noblesse) ou les frères-sergents (issus de la paysannerie et de la bourgeoisie), croisaient le fer avec l'ennemi en Terre Sainte (*). Leur rôle était en effet de protéger les pèlerins sur le chemin de Jérusalem.
(*) : Bernard de Clairvaux fut celui qui justifia théologiquement le statut des moines-soldats en confirmant qu’il n’était pas incompatible pour un religieux de porter l’épée et de tue s'il s'agissait des infidèles...
De jolies fenêtres à accolades et meneaux en décorent la façade.
Nous voici en vue de la Chapelle.
Une visite fort intéressante
Je parlerai de notre visite à Chaource dans un prochain post.
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Par Tolbiac204 le 15 Août 2018 à 23:32
Notre amie Régine est venue passer quelques jours chez nous et nous sommes allées visiter toutes les deux l'Abbaye de Fontenay, au sud de Montbard. Nous l'avions déjà visitée Philippe et moi il y a quelques années en compagnie de mes cousins de Rouen mais elle est tellement jolie qu'une deuxième visite ne nuit en rien...
Je commence à être incollable sur tout ce qui concerne la vie monastique des disciples de Saint-Benoît !
Voici la Porterie
C'était un lieu primordial dans l'Abbaye : le frère portier y accueillait les visiteurs, qu'ils soient novices, pèlerins, voyageurs, marchands mais aussi les pauvres ou les infirmes demandant l’aumône.
C'est maintenant ici qu'on achète son billet d'entrée, avec ou sans visite guidée.
Nous avons choisi de prendre une visite guidée : elle n'est pas identique à celle que nous avions faite quelques années auparavant (pour s'y référer, cliquer ICI) qui était, je trouve, plus complète.
Notre guide nous explique que l'Abbaye de Fontenay est une abbaye cistercienne fondée en 1118 par Bernard, moine à l'Abbaye de Clairvaux : c'est une "fille" de Clairvaux, elle-même "fille" de Cluny... Elle a été inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco en 1981.
Au passage, nous apercevons le pigeonnier : les moines avaient le "droit de Pigeon", ce qui leur permettait de communiquer avec d'autres abbayes...
L'internet de l'époque !
Un petit coin de nature près du pigeonnier...
L'Abbaye a été construite au centre d'un vallon couvrant une superficie de plus de 1 200 hectares de bois et de prés. Les moines ont patiemment drainé et aménagé cet ancien marécage pour le rendre habitable et en utiliser les ressources, forêts et aménagements hydrauliques, pour le développement de l’Abbaye.
Nous voici maintenant face à l'Eglise abbatiale : dommage qu'occupée à suivre la visite guidée, j'aie loupé sa photo depuis l'autre côté du petit étang...
Il s'agit de l'une des plus anciennes églises cisterciennes dans le monde. Construite entre 1139 et 1147, elle est aussi l’une des rares abbatiales cisterciennes du XIIe siècle parvenue intacte jusqu’à nos jours.
Beaucoup de sobriété sur la façade, règle de Saint-Benoît oblige : rien ne doit détourner les moines de la méditation...
Régine suit le groupe des visiteurs.
Entrons dans l'église...
Un grand dépouillement y règne.
Joli, ce rose des colonnades...
Dans les bas-côtés en berceaux brisés, toujours l'épurement...
Près du chœur, une statue de Vierge à l'Enfant du XIIIème siècle (dite "Vierge de Fontenay") qui, en raison de la Sainte Marie (nous sommes le 15 août), tient exceptionnellement une rose entre les doigts. C'est un souhait des propriétaires actuels, M. et Mme Aynard.
L'ombre de la rose fait malheureusement tache sur ce beau visage de Madone...
Nous nous rendons ensuite par un escalier intérieur à l'abbatiale dans le dortoir des moines.
Chaque fenêtre correspond à un lit : notre guide nous dit qu'une centaine de moines (les frères de coeur) pouvait dormir ici (tout habillés car il n'y avait aucun chauffage) sur de simples paillasses posées à même le sol. L'office de la nuit se tenait à 2h30 du matin.
Les frères de coeur sont les moines qui ont prononcé leurs vœux - par opposition aux frères convers qui sont des laïcs - soumis à l'obéissance à l'abbé - mais qui eux travaillent pour les besoins de l'abbaye.
Admirez la superbe charpente en chêne datant du XVème siècle construite par des charpentiers de marine, ce qui explique sa forme en coque de navire renversé et l'espace pour le mât au centre.
Vue sur le cloître à travers l'une des fenêtres du dortoir
Nous nous rendons ensuite au cloître planté d'un gazon qui ferait pâlir de jalousie un anglais tant il est bien entretenu - surtout en cette période de grande chaleur.
A l'entrée du cloître (qui communique avec l'Eglise abbatiale) se trouvait une petite armoire pour les moines, fermée par des portes en bois aujourd'hui disparues. On aperçoit encore les rainures servant à supporter les étagères où étaient rangés les objets du culte.
C'est dans cette pièce élégamment voûtée (la Salle capitulaire) que les moines assistaient au Chapitre. Chaque jour, le père abbé lisait un chapitre de la règle de Saint-Benoît (il y a une centaine de chapitres) : la règle était ainsi lue plusieurs fois dans son intégralité durant l'année et les moines qui arrivaient en cours d'année pouvaient toujours l'entendre au moins une fois entièrement. C'est aussi ici que chacun des moines se confessait publiquement et faisait acte de contrition.
La salle voisine (Salle des Moines) est très similaire du point de vue architectural : c'était l'atelier des moines ou Scriptorium. Les moines copistes y réalisaient des livres copiés manuellement avant l'invention de l'imprimerie. C'est aussi ici que d'autres s'adonnaient à la couture.
Comme nous l'a bien fait remarquer notre guide, aucun de ces espaces ne possède de moyen de chauffage. Heureusement, voisin du scriptorium se tenait le Chauffoir comme le montre ce plan de l'Abbaye.
Deux grandes cheminées permettaient aux moines qui travaillaient dans le scriptorium de venir s'y réchauffer. De part et d'autre des cheminées, deux petites loges servaient à entreposer les encriers dont l'encre ne devait pas geler...
Vue sur les jardins : la propriétaire, Madame Eynard, y a instauré des règles très strictes concernant les couleurs qui ne doivent pas s'éloigner du vert, du blanc ou du pourpre...
Edouard Eynard, son mari, est un descendant des Montgolfier (vous savez, les frères du fameux ballon) qui ont un temps utilisé les bâtiments de l'Abbaye pour y installer leur papeterie.
Il s'agit ici du bâtiment de l'infirmerie dans lequel les moines bénéficiaient d'une statut spécial "plus confortable et moins contraignant".
Les moines travaillaient le fer, extrait de galeries souterraines voisines de l'abbaye et forgeaient, en quantité industrielle, les outils nécessaires au monastère. Ils commercialisaient le reste de leur production, ce qui leur assurait une autonomie économique et financière.
Ce bâtiment appelé "la grande forge" est précédé d'un bassin où vivent des truites Fario, un témoignage de l'activité piscicole des moines à l'époque.
Il en reste une très belle salle à colonnades,
et, dans un angle, la forge reconstituée.
C’est la dérivation de la rivière de Fontenay, le long du mur de la forge, qui faisait tourner la roue actionnant les martinets - de grands marteaux hydrauliques - qui battaient le fer.
Le marteau était actionné par cet "arbre" relié à la roue à eau.
En bout de salle, le marteau de la forge
La sortie s'effectue par la boutique naturellement, très bien achalandée en livres de toutes sortes et produits régionaux. On peut aussi jeter un coup d'oeil à l'ancienne boulangerie des moines.
Là se termine cette visite guidée.
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Par Tolbiac204 le 10 Août 2018 à 23:20
Nous sommes allés à Troyes cette semaine dans le but de visiter l'exposition "Arkéaube" qui se tient à l'Hôtel-Dieu. Mais avant, nous avons fait deux visites d'églises dont celle de la Basilique Saint-Urbain.
Elle doit son existence à l'élection au pontificat d'un enfant de Troyes né en 1185, Jacques Pantaléon. Fils d'un modeste savetier, il fait ses études aux école gratuites de la Cathédrale puis à l'Université de Paris où on le connait sous le nom de Jacques de Troyes. Il est devenu pape en 1261 en prenant le nom d'Urbain IV. Il réorganise le gouvernement de l'église - son principal apport consiste en l'institution de la Fête du Saint-Sacrement (Fête-Dieu) - et pour honorer sa ville natale, il achète plusieurs maisons autour de l’échoppe de son père. A cet endroit, il fait construire une collégiale (église réservée aux chanoines) dédiée au pape martyr Urbain Ier.
Il meurt en 1264 sans avoir revu sa ville natale ni le début des travaux d'édification de son église... En 1935, ses restes sont déposés dans le choeur de l'église.
La Basilique se trouve sur la Place Vernier dans le centre de la ville.
Consacrée Basilique en 1964, c'est un pur joyau de l'art gothique classique.
Le chœur et le transept de l'église ont été érigés rapidement (de 1264 à 1266) grâce à une somme colossale (10.000 marcs d'argent) allouée à son architecte, Jean Langlois. Cependant, celui-ci eut à subir l’opposition farouche d'Ode de Pougy, Abbesse des sœurs de l’abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains, mécontente de voir une nouvelle église se construire sur sa juridiction et dépendant, en sus, directement du Saint-Siège (elle envoie même des hommes d'armes pour saccager le chantier). En août 1266, un mystérieux incendie dévaste en outre le choeur... Enfin, le légat pontifical, venant bénir le nouveau cimetière en 1268, est accablé de coups, d'injures et se voit poursuivi dans les rues de la ville. En conséquence, Ode de Pougy et ses complices sont excommuniées le 12 juillet 1268.
Les fonds faisant défaut, les travaux s'arrêtent à la fin du XIIIe siècle et ne reprennent qu'à la fin du XIVe. Saint-Urbain reste ainsi inachevée jusqu'en... 1846 où un programme de restauration totale est mis en place (quatorze maisons parasites adossées à ses murs sont alors détruites).
De 1890 à 1905, les derniers manques sont enfin comblés (porche de la façade, parties hautes, voûte et arcs-boutants de la nef - éléments jamais réalisés depuis le XIIIe siècle)...
Enfin, à la fin du XXe siècle, une restauration complète de l'abside et de sa verrière est entreprise.
De belles gargouilles en haut du pinacle...
Vue d'ensemble de la nef et du chœur depuis l'entrée
J'ai entendu dire que la Basilique Saint-Urbain de Troyes est souvent comparée à la Sainte-Chapelle de Paris à cause de l'étendue de ses vitraux : ceux du choeur remontent au XIIIe siècle. Ils sont enjolivés au premier niveau par une claire-voie. Grâce à eux, l'église est extrêmement illuminée.
Vitrail central du choeur : la Crucifixion
J'ai beaucoup aimé faire le tour de la Basilique qui possède pléthore de jolies statues en pierre polychrome. J'adore aussi me replonger à l'occasion dans la vie des Saints et des Saintes qui ne manque jamais de piquant...
Beaucoup sont des Vierges.
Education de la Vierge (XVIème siècle)
Vierge ou Sainte femme - Ecole troyenne du XVIIIème siècle
Vierge à l'enfant (XVème ou XVIème siècle)
Vierge au raisin (début XVIème siècle)
La Vierge couronnée, jeune et souriante, se tient debout sur un croissant de lune symbolisant l'Immaculée Conception.
Elle porte l'enfant qui tient, d'une main, un pampre de vigne. Un oiseau (apparenté à la colombe du Siant-Esprit) posé sur l'autre main de Marie, picore délicatement le raisin en référence à l'épisode de la Passion. Bien que blanchie au XIXème siècle, la Vierge au raisin, par la délicatesse de son traitement (visages, chevelures, drapés...), laisse apparaître le génie des maîtres sculpteurs troyens à l'aube de la Renaissance.
Vierge à l'enfant (non datée)
Saint Roch (XVIème siècle)
Pélerin du XIVème siècle miraculeusement guéri de la peste, était invoqué pour la protection des pestiférés. Il possède ici tous les attributs permettant de l'identifier.
► Il porte et montre du doigt un stigmate de son mal, à savoir un bubon pesteux...
► Il est accompagné de l'ange salvateur.
► Il est flanqué du chien qui lui apporte quotidiennement du pain durant sa maladie.
► Il porte la tenue caractéristique du pélerin : chapeau, pèlerine, panetière et bourdon (bâton de pèlerin).Saint Michel terrassant le Dragon (XVIème siècle)
Dans l'Apocalypse, Dragon est l'un des noms de Satan...
Sainte Barbe (début du XVIème siècle)
Là, c'est gratiné...
Dioscore, le père de Sainte Barbe, un païen barbare vivant en Turquie (au nord-ouest de l'Anatolie) au 3ème siècle après Jésus-Christ, enferma sa fille à l'adolescence dans une tour à deux fenêtres afin de la soustraire aux dangers que représentaient sa beauté et sa fortune (Barbe, qui désirait se consacrer au Christ, avait refusé de se laisser marier à l'homme qu'il lui destinait).
Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprit qu’elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte Trinité et qu’elle était chrétienne. Furieux, le père mit le feu à la tour. Barbe réussit à s’enfuir, mais un berger découvrit sa cachette et avertit son père. Ce dernier la traîna devant le gouverneur romain de la province, qui la condamna au supplice. Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Elle fut d'abord torturée : on lui brûla certaines parties du corps et on lui arracha les seins, mais elle refusa toujours d'abjurer sa foi. Dioscore la décapita mais fut aussitôt châtié par le Ciel. Il mourut frappé par la foudre. Quant au berger qui l'avait dénoncée, il fut changé en pierre et ses moutons en sauterelles.
Sainte Barbe est la patronne de beaucoup de professions, en particulier des pompiers et des mineurs.
La Passion : haut-relief (vers 1500)
Il présente tous les éléments de la Passion depuis la trahison de Judas jusqu'à la Déploration (descente de croix avant mise au tombeau).
Gisant (1570)
Ce relief se distingue par son originalité. Il représenterait un membre de la famille Cauchon de Maupas mais on ignore s'il s'agit d'un homme ou d'une femme. La représentation du défunt évoque la typologie des tombeaux de la Renaissance.
Un homme (ou une femme) est voluptueusement étendu(e) sur une dalle funéraire. Son bras gauche soutient sa tête, son corps, ses membres et sa tête sont recouverts, selon toute vraisemblance, d'un linceul. Dans le phylactère est inscrit en latin un passage de l'Ancien Testament (Job, 14, 6) : Laissez-moi reposer un peu jusqu'à ce que vienne le jour désiré - 1570.
Intéressante cette église, non ?
Nous sommes ensuite allés visiter la Cathédrale en empruntant la rue de la Cité.
Elle a pour nom Saint-Pierre-et-Saint-Paul.
On aperçoit ici une maison à pans de bois, caractéristique de la vieille ville.
La construction d'un bâtiment de style gothique commence vers 1200. Au XVIème siècle, le clocher-porche (qui restait de la cathédrale de l'an mille) est détruit. La nouvelle façade aura trois porches et deux tours et adoptera un décor caractéristique du XVIe siècle.
La tour nord, dite Saint-Pierre, est achevée en 1634. La tour sud, dédiée à saint Paul, ne verra jamais le jour. Pas étonnant que la Cathédrale ait un petit air d'inachevé...
A l'entrée de l'église, deux statues colossales.
L'une représente Saint-Pierre tenant les clés du Paradis,
et l'autre Saint-Paul
tenant une épée (représentation de son supplice) et un livre (représentant ses écrits).La nef est très impressionnante avec sa forêt de piliers.
Certains d'entre eux sont absolument énormes.
Hauteur des voûtes sous clef : 28 mètres...
Dans cette chapelle latérale droite renfermant les fonds baptismaux, plusieurs tableaux dont l'un représentant "La Cène", inspiré de Léonard de Vinci.
La Cène (XVIème siècle)
Cliquez sur l'image pour agrandir la photo.
Dans cette autre chapelle, un groupe en pierre sculptée représentant "Le baptême de Saint-Augustin par Saint-Ambroise". Cette sculpture provient de l'église abbatiale de Saint-Loup à Troyes. D'après le Guide du patrimoine, l'objet comporterait une date lue tantôt 1549 tantôt 1565. N'a pas été trouvée lors de la prospection.
Les principaux acteurs sont présents pour décrire l’événement qui eut lieu la nuit de Pâques 387 dans la cathédrale de Milan. La femme derrière Saint-Augustin est sa mère, Sainte-Monique bien qu'elle n'ait pas été présente lors du baptême.
Vue sur la Chapelle du Saint-Sacrement
Au fond, on aperçoit le vitrail de la Vierge Immaculée de Linard Gonthier (début du XVIIème siècle)
Elle resplendit de vitraux des XVIe et XVIIe siècles. Certains proviennent de l'ancienne collégiale Saint-Étienne qui a été détruite au début du XIXe.
Le vitrail de Saint-Nicolas
Les Noces de Cana
La Dormition de la Vierge
Il faudra qu'un jour nous prenions une visite guidée pour mieux connaître ces joyaux que sont les verrières de la Cathédrale de Troyes. Mais à vrai dire, je crois que c'est sur internet qu'on peut le mieux les admirer !
Je vous l'ai dit que certains piliers étaient monumentaux !
Celui-ci, situé dans le choeur, est pourvu de colonnettes et est particulièrement élégant. Il supporte de surcroît une très jolie Vierge à l'enfant du XIVème siècle.
Un ensemble de sculptures a attiré mon regard : il s'intitule "Trois femmes" et a été réalisé par Christiane Boone (2011).
Trois femmes
plongées dans l'immense douleur du deuil.
Ce matin de Pâques, elles se retrouvent pour aller au tombeau
embaumer le corps du Christ, corps meurtri, blessé, tuméfié, transpercé.
Elles vont installer ce corps dans la mort...Trois femmes
On pourrait dire trois sentinelles ; elles sont rigides, comme pétrifiées,
elles ne comprennent pas ce qui s'est passé.
La lumière les transperce par endroits ; un ange apparaît et leur dit :
"Pourquoi cherchez-vous parmi les morts Celui qui est vivant ?"Trois femmes
Les voilà en marche, toutes lumineuses.
Leur bonheur est immense, elles vont annoncer :
"Christ est ressuscité !
En accueillant la résurrection du Christ, elles témoignent de leur propre
résurrection. Elles deviennent lumineuses, enthousiastes, elles sont des
témoins en marche. Elles partent annoncer !Nous arrivons dans le choeur de la Cathédrale où le regard est happé par la série de verrières qui l'entourent : les vitraux sont du XIIIème siècle. La présence d'un triforium vitré et non pas aveugle donne à l'abside un aspect tout à fait féerique.
Cliquez sur l'image pour la voir en grand.
Des reproductions de lithographies ici : elles représentent les quatre évangélistes.
Saint Mathieu avec son ange...,
Saint Marc avec son lion...,
Saint Luc avec son taureau...,
et Saint Jean avec son aigle
C'est depuis le transept Nord que l'on a la meilleure vue sur la rosace Sud.
Eblouissant !
J'ai encore remarqué cette statue de Saint Roch en pierre polychrome de l'Ecole troyenne.
et celle-ci représentant Saint Antoine et son cochon.
Le grand défaut de la Cathédrale (surtout quand on sort de la Basilique Saint-Urbain), c'est qu'il n'y a aucune explication sur les différentes chapelles et les oeuvres qu'elles renferment.
Dommage...
Et maintenant, en route pour la visite de l'exposition "Arkéaube" et son trésor celte.
Ce sera dans un prochain épisode...
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