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Par Tolbiac204 le 28 Octobre 2016 à 23:00
Cette année, et pour la première fois, je me suis inscrite à l'Université Permanente de Paris qui offre aux Seniors habitant Paris depuis plus de 3 ans une profusion d'activités gratuites (surtout des conférences) dans le domaine culturel principalement, mais aussi des propositions de randonnées pédestres ou de promenades découvertes de la capitale.
C'est ainsi que vendredi j'ai rejoint Arlette et mon amie Michelle qui s'étaient elles aussi inscrites à une visite guidée du quartier du Sentier (ce rectangle d'immeubles délimité par la rue du Sentier à l’ouest, le boulevard de Sébastopol à l’est, le boulevard Poissonnière et le boulevard de Bonne-Nouvelle au nord et la rue Réaumur au sud, et dédié à la confection textile).
Le rendez-vous était donné au 2, Place du Caire dans le 2ème arrondissement.
Celle-ci est ainsi nommée pour rappeler le souvenir de l'entrée victorieuse des troupes françaises au Caire le 28 juillet 1798 (conduite par Bonaparte). Les rues avoisinantes évoquent d'ailleurs l'Egypte (rue d'Aboukir, rue de Damiette, rue d'Alexandrie, rue du Nil...).
La tête de la Déesse Hathor (identifiable à ses oreilles de vache) que vous apercevez entre les branchages de cet acacia aux belles couleurs d'automne, est l'un des trois hauts-reliefs ornant la façade de l'immeuble situé au niveau du Passage du Caire.
L'immeuble a probablement été réalisé dans le style "Retour d'Egypte" peu avant 1830 par Jules-Gabriel Garraud, architecte : à cette époque c'était "l'égyptomania".
Une grande frise ornée de hiéroglyphes surmonte les trois têtes d'Hathor, chacune étant couronnée d’une Mastaba, ce qui confirme une bonne connaissance de l’art égyptien.
Une autre frise de hiéroglyphes forme la corniche de l’immeuble. On peut y voir la caricature d'Henri Bougenier, peintre du XIXème siècle dont le nez était, pour le moins, proéminent ! Il faut savoir que des caricatures de ce fameux "nez de Bougenier" ont été crayonnées à divers endroits de Paris par ses camarades de l'époque, en représailles d'une querelle.
On peut se rendre compte sur la photo par la même occasion de l'élégance des chapiteaux en forme de feuille de lotus des colonnettes qui soutiennent la frise.
Donnant sur la Place du Caire, le Passage du même nom dont la construction en 1798 est attribuée à l’architecte Philippe-Laurent Pétrel : mesurant au total 370 m, c'est le plus grand de la Capitale). Il fit l’objet d’une vaste opération de lotissement des terrains de l’ancien couvent des Filles-Dieu (religieuses hospitalières).
C'est devant l'entrée du Passage du Caire que nous retrouvons notre guide de la matinée, Romain Siegenfuhr, diplômé de l'Ecole du Louvre, ayant créé le site "Culture en Capitale".
Comme sur la photo : très sympathique mais surtout très compétent.
Nous sommes une petite vingtaine à participer à cette visite. A l'avant-plan, une sculpture intitulée "L'homme au bras levé" d'Olivier Brice.
Nous prenons maintenant la rue d'Aboukir.
Le guide nous fait remarquer les fenêtres en demi-cercle du premier étage, signe d'une activité commerciale intense du quartier, de longue date.
Regardez la lucarne où était accrochée une poulie destinée à monter des charges sans emprunter des escaliers parfois trop étroits...
Ah... : comme ça c'est mieux, non ?
Alors là, il va falloir que vous me croyiez sur parole car la photo ne rend pas la réalité : il s'agit de pans d'immeubles avec des murs "à fruit" situés rue de Cléry.
Je ne connaissais pas cette expression : Le fruit est l'inclinaison donnée en arrière au côté extérieur des murs d'une construction, la surface intérieure restant cependant et toujours rigoureusement verticale. C'est pour voir plus de solidité que l'on donne du fruit aux murs.
Un petit crobard vaut mieux qu'un grand discours !
La rue des Degrés, comme son nom l'indique, n'est qu'un petit escalier faisant communiquer la rue de Cléry avec la rue Beauregard (dont le nom sera expliqué plus loin).
Ses façades aveugles se prêtent au Street Art.
La butte sur laquelle nous venons de monter, appelée au XVIIème siècle la "butte aux gravois" (les habitants parlaient aussi de la "Ville-Neuve-sur-Gravois"), provient des immondices et des boues de voirie entassés à cet endroit depuis le Xème siècle jusqu'à la fin du XVIème siècle en dehors de l'enceinte de Charles V (limitée à la rive droite). Les rares rues voisines se plaignaient d'ailleurs des mauvaises odeurs...
Des moulins s'y installèrent puis des maisons...
Le quartier prit au XIXème siècle le nom de "butte Bonne-Nouvelle" du nom de l'église que l'on aperçoit un peu plus loin.
Au 23 de la rue Beauregard (ainsi nommée du fait du panorama qu'elle offrait à l'époque.), se trouvait la maison occupée autrefois par Catherine Deshayes, épouse du bijoutier Monvoisin, dite "la Voisin", célèbre empoisonneuse prétendue sorcière.
Voici une estampe de la Voisin (1640 - 22 février 1680) datée du XVIIème siècle
Très connue par ses contemporains (principalement des femmes (Eh oui, les femmes sont parfois plus vicieuses que les hommes, ou plus roublardes... !) dans les domaines de la chiromancie et de la vente de poisons, elle est suspectée d'être à la tête d'un réseau d'environ 100 empoisonneurs qui sévirent pour le compte de la haute société à la fin du XVIIème siècle, ce qui la fit mêler à "L'affaire des Poisons". Elle est également connue pour sa pratique d'avortements, illégaux et sévèrement punis à l'époque.
L'historien Jean-Christian Petifils raconte :
"on y vendait aussi bien des onguents que d'actifs poisons, herbes vénéneuses, ciguë, morelle, grains d'opium, venin de crapaud ou de vipère, sublimé, arsenic ou ses dérivés, le réalgar ou l'orpiment ; des devineresses, comme la Bosse, la Vigoureux ou la Voisin, font commerce de philtres aphrodisiaques, où se mêlent urine, sperme, sang menstruel, rognures d'ongle, bave de crapaud et mouches cantharides ; des sages-femmes, comme la Lepère, pratiquent les avortements en série ; des prêtres apostats et sacrilèges, comme l'abbé Cotton, maître des petites écoles de la Charité, l'abbé Deshayes, prêtre de Notre-Dame de Paris, Gilles Davot, chapelain de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, l'abbé Mariette, vicaire à Saint-Séverin, et surtout le plus hideux d'entre tous, Etienne Guilbourg, dit le Prieur, adepte du démon, fournissent des hosties consacrées, rédigent des conjurations, glissent sous le calice des poudres et des poisons pour les « activer » et obtenir la bénédiction des esprits, signent des pactes avec le diable."
La Voisin se livrait souvent à la pratique de messes noires : un jour, la célèbre Madame de Montespan lui demanda d'en organiser une pour qu'elle puisse revenir dans les faveurs du roi en éliminant sa rivale, Mademoiselle de Fontanges. La Voisin accepta et fit appel à l'abbé Etienne Guilbourg pour l'aider.
Je ne vous raconte pas les horreurs que j'ai lues à ce sujet qui aboutirent à l'arrestation de la Voisin et à son supplice en place de Grève où elle fût brûlée vive...
Comme quoi, il n'est pas prudent de jouer avec le feu ! Ha ha ha...
A la Magritte...
Ceci n'est pas un fleuriste, c'est un restaurant (au coin de la rue que nous allons emprunter).
Rue de la Lune
L'église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle a été construite sur pilotis (du fait sans doute de la nature meuble du terrain). L'édifice actuel, de style néoclassique, date de 1830.
La maison Castrique : un beau Siège Social à deux pas des Grands Boulevards...
A la tête d'une société d'assurance de bris de glaces et de vitrines, Marie Caroline Castrique la développe en y ajoutant un service de remplacement des vitres brisées. En 1842, elle poursuit son idée et crée la Générale Maison Castrique pour assurer le nettoyage des vitres de ses clients.
Ainsi naquit la première entreprise de nettoyage d'Europe de glaces et de vitrines !
A l'arrière du bâtiment, une mosaïque présente l'enseigne.
Anecdote : Nathalie Kosciusko-Morizet y avait signé un bail pour son futur local de campagne pour la Présidence de l'UMP...
Une belle enseigne, non ?
La rue de la Ville Neuve (Cf. Ville-neuve-sur-Gravois plus haut) débouche sur le Boulevard Poissonnière au niveau du Théâtre du Gymnas Marie-Bell.
La tragédienne Marie Belle en prend la direction en 1962 ; elle interprète notamment une Phèdre particulièrement marquante. Elle dirige le théâtre jusqu’à son décès le 15 août 1985.
Le petit immeuble du centre est le premier immeuble daté de la Capitale (1830).
En prenant la rue Rougemont, on débouche sur une construction fort élégante...
Mais avant d'en parler, le guide s'arrête au N° 13 devant la devanture d'une ancienne crèmerie BOF,un établissement où l’on vend du lait, de la crème, du fromage et souvent des oeufs, d'où l'acronyme BOF pour "Beurre, Oeufs Fromages".
Pendant la Seconde guerre mondiale, les détaillants en beurre œufs et fromage ont acquis la dégradante réputation de s'enrichir grâce au marché noir. Ils vendaient leurs produits sous le manteau à des prix excessifs, profitant du rationnement. Le sigle BOF (Beurre Œufs Fromage) est négativement connoté depuis.
Les laiteries et les crèmeries n’ont pas toujours existé. Pendant très longtemps, les paysans buvaient du lait et vendaient leur fromage à la ville. Les laiteries de campagne apparaissent au début du XXème siècle tandis que les techniques se perfectionnent pour conditionner le lait selon des normes d’hygiène qui se font exigeantes. A la ville, il s'agit souvent de pauvresses venues de leur campagne pour vendre au détail les quelques litres qu’elles tiraient de l’exploitation familiale.
La crèmerie de ville, seul établissement capable de s’adapter aux bouleversements du progrès industriel et agricole, remplace ensuite la paysanne. La première crèmerie ouvre à Paris en 1870, près des Halles et de son arrivage de matière première.
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À Paris, dans la seconde moitié du XIXème siècle, certaines crèmeries deviennent des restaurants bon marché, fréquentés par une clientèle populaire et laborieuse, où les ouvrières et les étudiantes sont nombreuses. Outre des laitages et des fromages, ces crèmeries proposent du riz, des œufs, des bouillons, puis également des viandes plus ou moins soigneusement préparées. Lorsqu'on est lassé de manger tous les jours la même chose dans sa crèmerie habituelle, on va dans une autre, d'où l'expression "Changer de crèmerie" !
Détail intéressant, cette laitière très "image d'Epinal" figée en façade sur de la céramique est déjà un métier qui disparaît. Elle est ici fantasmée par la ville qui l’habille de couleur et de vêtements folkloriques ; mais cette image est davantage rêvée qu’elle n’est fidèle et la laitière appartient au passé.
Il s'agit de l'oeuvre d'un peintre de la Faïencerie Ebel et Cazet
Nous voici devant l'imposant bâtiment de la Banque BNP Paribas. Il fallait bien ce luxe pour une banque... A l'origine, l'édifice était celui de l'ancien Comptoir National d'Escompte de Paris.
Il est l'une des réussites du style éclectique de la fin du XIXème siècle.
Il fut élevé entre 1878 et 1881 par Corroyer, élève de Viollet-le-Duc, et se distingue par l’aspect monumental de sa façade et l’opulence de son ornementation. Encadrant le fronton en marbre rouge, on trouve d’un côté la Finance et son grand livre, et de l’autre le Commerce représenté avec le caducée d’Hermès, sculptures également de Millet.
Un grand toit en pavillon, rehaussé d’un clocheton, couronne enfin le tout, rappelant que Corroyer fut aussi l’un des restaurateurs du Mont-Saint-Michel !
Au dessus des trois hautes arcades de l’entrée, se tient la Prudence qui tient d’une main un sceptre et de l’autre le miroir de la Vérité, grande statue sculptée par Millet. Elle est surmontée entre les demi-coques de bateaux en haut-relief, d’une frise de cinq médaillons en mosaïque polychrome figurant les cinq continents.
Empruntant la rue Bergère qui longe l'édifice, nous arrivons à la Cité Bergère.
Cette création urbaine du règne de Charles X est une des plus originales de la Restauration. A l’origine passage fermé la nuit, disposant de trottoirs (innovation pour l’époque) et de réverbères, la cité Bergère relève du style néo-classique le plus élégant.
Dans cette voie paisible la plupart des immeubles sont des hôtels de tourisme ayant gardé leur ordonnance de baies cintrées sur entresol et leurs chapiteaux ioniques.
Les entrées sont souvent agrémentées de gracieuses marquises en fonte datant de la Belle époque.
La sortie de la Cité s'effectue par un passage voûte donnant sur la rue Montmartre.
Tout près, au 7 boulevard Montmartre, le Théâtre des Variétés est l'un des plus anciens théâtres parisiens encore en activité (il date de 1807).
Avouez qu'il fait triste figure avec ces néons publicitaires...
Notre guide nous montre une photo représentant le théâtre vers 1820, à côté des deux Panoramas.
Les Panoramas étaient une attraction commerciale constituée de deux rotondes de 17 mètres de diamètre et de plus de 20 mètres de haut où se déployaient des toiles peintes figurant des paysages de Paris, Toulon, Rome, Jérusalem et d'autres grandes villes célèbres. Le spectateur, placé au centre sur une estrade, recevait la lumière par le haut (par un puits de lumière cachée).
Le cinéma n'existait pas encore...
La Bibliothèque Nationale possède plusieurs estampes représentant des panoramas de Paris tels que celui-ci (une vue du Boulevard Poissonnière).
A côté du Théâtre des Variétés, une "pelle" raconte l'histoire du Passage des Panoramas. Doté, dès 1817, de l'éclairage au gaz, il possédait une foule de boutiques de luxe dont le graveur Stern qui y possède encore un emplacement.
Le passage des Panoramas sous l'Empire : une affiche du Théâtre des Variétés
Voici la Galerie des Variétés qui fait communiquer le théâtre avec le Passage des Panoramas.
L'enseigne du graveur Stern
On peut voir rue des Panoramas des fenêtres en demi-cercles : c'était le signe, rappelez-vous, d'une grande activité commerciale... et ça l'est toujours !
Une rue qui porte bien son nom : la rue des Colonnes. Elle date de l'époque révolutionnaire. Les arcades couvertes permettaient aux passants d'accéder facilement aux commerces. A l'origine, c'était une voie privée fermée par des grilles entre 11 heures du soir et 5 heures du matin.
Cela conduira aux passages couverts.
L'architecte (Nicolas Vestier) dessine des colonnes doriques, très sobres donc, et orne les façades de palmettes (inspirées de l’architecture étrusque).
La rue, longue de 90 mètres, a été mutilée et fractionnée par le percement de la rue de la Bourse en 1826 et de celle du Dix-Décembre en 1864. Elle a sans doute inspiré les créateurs de la rue de Rivoli.
C'est d'ailleurs à la Bourse que se termine cette très intéressante balade.
Le plan de la balade
Cela parait peut-être grand mais en fait on n'a fait que 500 mètres en tout. Que de richesses et d'histoire sur une si petite surface !
Merci à la Mairie de Paris (ainsi je peux voir où passent mes impôts...)
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Par Tolbiac204 le 24 Septembre 2016 à 00:50
Loredana à Paris pour cinq jours : un vrai cadeau !
Plutôt que de rester dans la capitale, j'ai eu l'idée d'aller visiter Chartres que je ne connais pas ni elle non plus. Le train, pris à la gare Montparnasse, nous a conduit une heure plus tard au centre ville.
Le Filibus N°4, lui, nous emmène aux portes de la ville, à Lucé où j'ai réservé une chambre par Airbnb (Airbnb permet à des particuliers de louer tout ou une partie de leur propre habitation comme logement d'appoint.), une première pour moi. C'est un tout jeune homme (noir, cela surprend mais rassurez-vous je ne suis pas raciste) qui nous héberge pour la nuit dans son appartement.
Après avoir pris possession de la chambre, nous reprenons le bus en sens inverse pour aller voir la Cathédrale. Mais tout d'abord, un petit détour par l'Office du Tourisme : celui-ci se situe au 8, Place de la poissonnerie dans une très jolie maison à colombages datant des années 1500 appelée "la Maison du Saumon" (autrefois Hôtel du Saumon et de la Truie qui file).
Comme vous le voyez : la Cathédrale n'est pas loin...
Ce quartier était autrefois dédié à la vente du poisson. Le dernier étal a disparu après 1950.
Une autre sculpture intéressante représente une truie renversée qui file une grande quenouille !
Enfin, cette autre console est joliment décorée d'une vigne.
On accède à la Cathédrale par des petites ruelles étroites.
Sur la place de la Cathédrale une statue de Saint Fulbert, évêque de Chartres de 1006 à 1028 par Bernard Damiano - 1997
Le 8 septembre 1020, la Cathédrale de Chartres disparaît dans les flammes... Fulbert se démène pour trouver les fonds pour la reconstruction d'une nouvelle basilique. On lui doit aussi la renommée européenne des Ecoles de Chartres.
Cette statue est plutôt tourmentée, non ? Elle rend compte du mal dont l'évêque souffrait : le mal des ardents (ou feu sacré de Saint-Antoine). Il s'agissait d'une maladie qui provoquait des convulsions, des vomissements, des diarrhées, des hallucinations j'en passe et des meilleures...
A cette époque, les gens atteints de ces symptômes étaient parfois brûlés en place publique car considérés comme "possédés" par le diable...
Aujourd’hui la maladie de Fulbert porte un nom scientifique: l’ergotisme. La cause scientifique en est un empoisonnement à long terme dû à l’ingestion d’alcaloïdes par l’ergot du seigle (un champignon qui parasite certaines céréales). A l’époque, on se nourrissait surtout de pain de seigle et non de blé et il n’était pas rare que l’été, au moment de la nouvelle récolte, ce mal des ardents fasse son lot de victimes. Ceux qui ne finissaient pas fous ou au cimetière, tentaient le pèlerinage jusqu’à St-Antoine l’Abbaye, en Isère. Le feu de Saint-Antoine guérissait et pour cause : les malades ne mangeaient plus de seigle et, la cause supprimée, on mettait sur le compte de la guérison miraculeuse l’intervention du saint...
Comme quoi, il faut parfois se méfier du bon pain !
Deux clochers pour cette église : l'un, roman, culmine à 105 mètres, l'autre, gothique, à 115 mètres. On les voit à plus de dix kilomètres à la ronde dans cette plaine de la Beauce.
A l'ouest, entre les deux tours, le Portail Royal épargné durant l'incendie de 1194. C'est le plus célèbre de tous : il a été exécuté selon les plans du Maître de Chartres.
Un Christ en majesté figure dans une mandorle, entouré par le tétramorphe des quatre animaux ailés représentant les quatre évangélistes (le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l'homme ailé pour Matthieu et l'aigle pour Jean).
Les statues-colonnes du porche : admirez le drapé des robes.
Exceptionnelles ces colonnettes qui portent les signes du zodiaque !
Mon signe, le cancer, surmonte une scène de moissons.
Entrons dans la Cathédrale...
On se retourne tout de suite pour admirer les vitraux de la façade dont le bleu a fait le tour du monde. Ils sont datés de la reconstruction de la Cathédrale après l'incendie de 1194.
Hélas, la photo ne rend pas l'effet escompté...
Grâce à notre audioguide, nous savons que celui de droite représente l'arbre de Jessé (ou arbre généalogique de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du Roi David). Jessé est représenté couché en bas du vitrail.
En bas de la verrière centrale il s'agit de l'annonce faite à Marie par l'ange Gabriel de sa maternité divine (l'Annonciation), au milieu Marie rend visite à sa cousine Elizabeth pour lui annoncer la nouvelle (la Visitation) et à droite ce serait la naissance de Jésus.
Pas mal la photo, non ? Promis juré que c'est la mienne !
Prenons un peu de recul
A mi chemin entre l'entrée dans la Cathédrale et la croisée du transept se trouve un labyrinthe. Il est "ouvert" (non recouvert par les chaises) au parcours méditatif tous les vendredis entre 10h et 17h. Pile poil au moment de notre visite !
Son tracé n'a pas été fait à la légère... Le labyrinthe de Chartres est un point géométrique important.
- si vous "projetez" la façade sur le pavement, le centre de la rosace - où apparaît le Christ en majesté - correspond au centre du labyrinthe.
- si vous reliez le centre du labyrinthe aux statues centrales des portails et à l’emplacement de l’ancien autel, vous dessinez un carré, qui sert de schéma directeur au plan de la cathédrale.
Quelques fidèle étaient en train de le parcourir...
Au Moyen-Age avait lieu durant la soirée du jour de Pâques une célébration étonnante : au son du Victimae Paschali Laudes - un chant grégorien proclamant la résurrection du Christ - le doyen des prêtres parcourait solennellement les méandres du labyrinthe, d'un pas rythmé, tandis qu'on tournait autour. Le doyen portait contre sa poitrine une grosse "pelote" jaune. Une fois parvenu au centre, il lançait cette balle à tous les participants, qui la lui renvoyaient aussitôt, entraînant une danse animée et festive.
Dans l’ancienne mythologie grecque, Thésée entre dans le labyrinthe de Crète et y tue le minotaure, créature monstrueuse qui se nourrit des enfants d’Athènes. Il en ressort à l’aide du fil d’Ariane.
Dans la chorégraphie qui avait lieu au moyen-âge, le Christ (Thésée) traverse les enfers (le labyrinthe de Dédale), affronte Satan (le minotaure), triomphe des puissances de la mort, offrant sa lumière (jaune) à tous ceux qui sont prêts à la recevoir : soit un chemin sûr (la pelote) vers la vie éternelle.
Iconographie du Moyen-Age
Le Christ, à Pâques, devient le premier né d’entre les morts. Tous les hommes et femmes, au fil de l’année, sont invités à le suivre. A vivre le même parcours. A faire du labyrinthe une image de leur vie entière : longue, exigeante, traversant les épreuves. Une vie confiante, qui s’avance, par delà la mort, vers une réconciliation définitive avec le Dieu-Amour.
(d'après Gilles Fresson, attaché de coordination à la Cathédrale de Chartres).
Poursuivons notre cheminement...
Nous voici près du choeur.
Le lutrin de Goudji : fer forgé, argent, vermeil, calcédoine, nacre, jaspe australien, oeil-de-faucon, oeil-de-fer, onyx (2007)
Ce pupitre au piétement en X est orné des têtes ailées des quatre symboles des Évangélistes.
Les vitraux du choeur
N'oublions pas les verrières du transept : ici, côté Nord
Là, côté Sud
L'audioguide nous invite ensuite à parcourir le déambulatoire : une riche idée puisque nous y découvrons l'histoire de Jésus dans une dentelle de pierre...
On y voit une belle horloge astronomique : celle-ci présente les vingt quatre heures de la journée inscrites en extérieur du cadran en chiffres romains. Au centre se trouvent les signes zodiacaux et entre les deux une nuée d'étoiles figurant le ciel nocturne où se dégage le disque lunaire (en haut à gauche).
Juste à côté de l'horloge, une niche présente Marie cousant à côté de Joseph assoupi, une très jolie scène je trouve.
Plus loin, c'est la nativité qui est représentée.
Suit le baptême de Jésus...
et une très jolie maternité
Tandis qu'en face, côté vitraux, on trouve "Notre-Dame de la Belle Verrière". Ce vitrail est daté de 1180 : il a résisté à l'incendie de 1194. Notre-Dame de la Belle Verrière se distingue des vitraux du XIIIe siècle par la couleur des habits de la Vierge, un bleu clair et limpide, le « bleu de Chartres », réalisé à base d’oxydes de cobalt. Ce savoir-faire a aujourd'hui disparu...
N'en jetez plus, la cour est pleine... !
Toute cette partie du déambulatoire sud a été nettoyée pour le plus grand plaisir des yeux. Côté nord, la restauration n'a pas encore eu lieu.
Mine de rien nous avons presque fait le tour de la Cathédrale : face au déambulatoire nord trône Notre-Dame du Pilier (aussi appelée la Vierge noire).
La statue de la Vierge présentée ici a plus de 500 ans... Recouverte d'un badigeon pendant le XIXème siècle, elle a été restaurée à l'identique par la DRAC Centre en 2013.
Écoutant scrupuleusement notre audio-guide, nous sortons par le transept nord pour admirer le portail nord de la Cathédrale.
Waaaouuuh... !
Voici la Porte de Job (s'agissant du tympan) et de Salomon (pour la sculpture du linteau)
En haut, sur le tympan, la sérénité de Job devant l'adversité.
Quant à la sculpture du linteau, elle raconte l'histoire du Roi Salomon : deux femmes ont mis au monde un enfant mais seul l'un des deux est vivant. Les deux mères le revendiquent... Pour faire éclater la vérité, Salomon ordonne de couper en deux l'enfant vivant et d'en donner la moitié à chaque femme.
A l'extrême gauche on voit un Noir, sans doute un Ethiopien, dégainer son glaive pendant qu'un serviteur âgé se saisit de l'enfant, obéissant au roi qui tend un index impératif.
Mais la véritable mère esquisse un geste de supplication en demandant qu'on le donne plutôt à l'autre femme mais qu'on le laisse en vie. Son attitude contraste avec celle de cette autre femme, faite d'arrogance et de défi.
Cliquez sur la photo pour la voir en grand.
La Porte voisine est celle de la Glorification de la Vierge.
Sur le tympan on peut voir le couronnement de la Vierge surmontée par deux anges.
Le troisième Porche est celui de la Nativité et de l'Incarnation.
Colonnes du Porche Nord : avez-vous vu comme la pierre est blonde ?
A Chartres, la blonde aux yeux bleus... c'est la Cathédrale avec ses vitraux !
Admirez le plissé de la robe...
Voici quelques photos de consoles
On téléphone déjà à cette époque dirait-on !
Quelle position inconfortable et pourtant... il dort !
Le porche Nord de plus près...
Sur le tympan les Rois Mages offrant des cadeaux à gauche et les Rois Mages dormant à droite. Sur le linteau, la nativité à gauche et l'annonce aux bergers à droite.
En contournant la Cathédrale, nous passons devant l'ange au cadran solaire (du moins sa copie puisque l'original est conservé dans la crypte).
Et voici le troisième grand portail de la Cathédrale, le Portail Sud
Savez-vous qu'il n'a fallu QUE 17 ans pour reconstruire la Cathédrale !
Un petit train fait le tour de la ville mais nous ne l'avons pas pris : les photos, on les fait mieux à pied...
La rue du Petit Serpente où nous avons déjeuné.
Après nous être reposées dans les jardins de l’Évêché, en admirant au passage le chevet de la Cathédrale,
et la jolie vue sur la campagne environnante,
nous avons rejoint les bords de l'Eure qui traverse la ville historique.
La Collégiale Saint-André donne sur les bords de l'Eure.
La Cathédrale en contre-jour : je n'ai pas pu changer le sens du soleil !
Les bords de l'Eure sont jalonnés d'anciens lavoirs.
Ah... cette Cathédrale, on la voit de partout !
Maison à colombages de la rue de la Tannerie (quartier des tanneurs)
Les bas-quartiers de Chartres, organisés autour de trois cours d'eau (l'Eure, le Grand Bouillon et le Petit Bouillon) étaient spécialisés au Moyen-Age dans les métiers de la peausserie et du textile comme en témoignent encore les noms de plusieurs rue (rue de la corroierie, Foulerie, Moulin-à-tan, Tannerie...). Tombés en décadence à l'époque moderne, ils ont été l'objet d'une grande campagne de rénovation à partir des années 1970.
Une plaque de rue originale : rue de la Foulerie (site d'ateliers où l'on foulait les draps et le cuir).
Quittant les bords de l'Eure pour revenir dans le centre historiques, nous voulions visiter l'église Saint-Aignan mais avons trouvé porte close...
Voici ce que nous aurions vu...
Nous voici arrivés dans la rue des Ecuyers qui est piétonne et bordée de jolies maisons à colombages.
Le célèbre escalier de la Reine Berthe
Il desservait autrefois la maison des Vieux-Consuls, les consuls étant des juges choisis parmi les marchands et les négociants, pour juger rapidement certaines affaires urgentes en matière commerciale (l'ancêtre du Tribunal de Commerce). Un tel tribunal de commerce existait dans ce bâtiment depuis les années 1560.
C'est seulement au XVIIIème siècle (en 1792) que l'escalier prit le nom de Reine Berthe en allusion à Berthe de Bourgogne, veuve du Compte Eudes de Chartres en 995, remariée au Roi de France Robert le Pieux, l'amour de sa vie, et qui termina sa vie dans le château tout proche.
Construit en encorbellement, c'est un escalier en hélice datant du début du XVIème siècle. Les colombages verticaux sont terminés en bas, par une figure grotesque pendante (cul de lampe).
En haut, les montants son terminés par un socle soutenant une statue.
A l'Office du Tourisme, on nous a dit de regarder comment avaient été sculptés les crocodiles : avec des oreilles de lapin ! (le sculpteur ne les avait jamais vus...).
Juste en face de l'escalier de la Reine Blanche, une superbe maison à colombages
Tout en remontant vers la Cathédrale, mon regard est attiré par une sculpture : c'est un médaillon représentant Charles Péguy en hommage au poème qu'il écrivit sur la ville.
Nous sommes nés au bord de votre Beauce plate
Et nous avons connu dès nos premiers regrets
Ce que peut receler de désespoirs secrets
Un soleil qui descend dans un ciel écarlate...
Un homme de chez nous, de la glèbe féconde
A fait jaillir ici d'un seul enlèvement,
Et d'une seule source et d'un seul portement
Vers votre assomption la flèche unique au monde.
Tour de David, voici votre tour beauceronne.
C'est l'épi le plus dur qui soit jamais monté
Vers un ciel de clémence et de sérénité,
Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.
Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu'au pied de la croix
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir...
C'est la pierre sans tache et la pierre sans faute,
La plus haute oraison qu'on ait jamais portée,
La plus droite raison qu'on ait jamais jetée
Et vers un ciel sans bord la ligne la plus haute...Revenons à des nourritures plus terrestres avec ce marché de l'artisanat et du terroir qui se tient exceptionnellement aujourd'hui sous la halle de la Place Billard.
Le marché aux légumes date de 1899.
Le vélo-smoothie : trop drôle cette dame qui, tout en pédalant, se prépare un jus de fruits frais !
Notre crêperie pour le dîner... Excellente : je vous la recommande.
La nuit est tombée sur la ville : bientôt celle-ci va s'éclairer...
Un peu "nazes" après cette journée de visites..., nous ne verrons que le "son et lumières" de la Cathédrale mais il faut savoir que tous les points importants de la ville sont mis en lumière entre les mois d'avril et octobre (Chartres en lumière).
La façade tout d'abord
Puis, la façade Sud...
Vue sur le Portail Nord depuis le jardin de l'Evêché
Je sais : ça fait kitsch. C'est pourtant ainsi qu'étaient les Cathédrales autrefois... De vraies bandes dessinées en couleurs.
J'ai aussi fait quelques petites vidéos : celle-ci est sympa, il s'agit de la construction de la Cathédrale.
Cette animation m'a aussi inspirée.
Retour à la lumière du jour le lendemain sur la Place Châtelet où se tiennent quelques manèges et une grande roue. Dommage que nous n'ayons pas eu le temps de la prendre pour voir la ville d'en haut...
Mais ce matin nous quittons le centre-ville pour aller en banlieue. Le Filibus N°4 nous y emmène et nous dépose au pied de la Maison Picassiette, objet de notre visite.
Elle est l'oeuvre de toute une vie : celle de Raymond Isidore, un artiste autodidacte né à Chartres en 1900 et qui y est décédé en 1964. Issu d'un milieu défavorisé, il s'installe en 1929 sur un terrain qu'il achète et où il construit de ses propres mains une petite maison. Dix ans plus tard, il se met à la décorer du sol au plafond à l'aide de matériaux de récupération trouvés dans des décharges : bris de vaisselle, morceaux de verre multicolores, éclats de porcelaine, faïences... Il achète même des lots de vaisselle ébréchée à la salle des ventes de Chartres car il va même jusqu'à recouvrir les tuyauteries et les meubles !
C'est un parfait exemple d'Art Brut.
Située dans un quartier pavillonnaire que longe le cimetière, on accède à la maison par une venelle entre des jardinets. L’ensemble est constitué d’une maison d’habitation, d’une petite chapelle, d’une cour, d’un logement "d’été" et d’un jardin dans lequel on pénètre par un passage couvert.
De nombreux thèmes s’y côtoient et s’entremêlent : ici une fresque du Mont Saint-Michel orne la salle à manger dont vous apercevez le mobilier recouvert d'éclats de porcelaine (et même le tuyau de poêle !)
Très joli mur extérieur présentant la ville de Chartres et sa Cathédrale
Vous reconnaîtrez ici bien sûr l'escalier de la Reine Berthe.
C'est dans la chambre, décorée d'un paysage qui fait rêver..., qu'Adrienne Isidore fait sa couture. Naturellement, son mari a décoré sa machine à coudre !
Raymond Isidore a même prévu une chapelle qu'il a décorée dans un magnifique camaïeu de bleus.
On passe ensuite dans la "cour noire" ornée d'une multitude d'églises.
Dans la "maison d'été" de très belles fresques représentant, qui sait, Adrienne, sa femme ? parmi les fleurs.
Ici, l'artiste s'est inspiré de l'actualité du moment en représentant le tristement célèbre Landru... Ma foi, il lui a donné un air bon-enfant ! Mais il ne faut pas se fier aux apparences...
Mona Lisa à côté d'une italienne : normal, non ?
Dans le jardin, des fleurs et des sculptures
parfois célèbres... mais pas toujours réussies (je préfère l'original !)
Plus de grâce dans ce visage
Le "tombeau de l'esprit" clôt cette visite.
D'après sa femme, l'inspiration de Raymond Isidore venait de ses rêves. Il finira dans la folie...
Pour voir sa biographie complète, cliquer ICI.
Il est temps pour nous de rejoindre la gare : deux heures plus tard, nous voici à nouveau parisiennes...
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Par Tolbiac204 le 19 Juin 2016 à 23:00
Ce dimanche nous sommes allés voir la procession de la confrérie Saint Vorles qui a lieu tous les ans aux alentours du 16 juin, jour où est fêté le saint. Nous voulions y voir notre voisin et ami, Jean Rognon, qui y participait en tant que confrère, revêtu de la cape bleue de la congrégation.
Le rendez-vous était donné sur le parking de l'église Saint-Nicolas à Châtillon d'où devait partir la procession.
La bannière de la confrérie est prête à accompagner les reliques du saint à l'église Saint-Vorles située sur les hauteurs de la ville. Sa devise "cœur enflammé secourt l'enfant" rappelle l'histoire de ce saint qui vécut au VIème siècle sous le Roi Gontran de Bourgogne dont il était un proche.
Histoire de Saint Vorles
Alors même qu'en tant que curé de Marcenay il y disait la messe, les paroissiens remarquèrent qu'il devint soudainement "absent". Quand il revint à lui, il leur expliqua qu'il avait reçu un message de Dieu lui enjoignant d'aller sauver un enfant des flammes d'un incendie et qu'il s'y était transporté : il s'agit du phénomène de la "bilocation". L'enfant pris dans les flammes se trouvait en effet à Plaines, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Marcenay.
C'est ce miracle qui est représenté sur ce bâton de procession.
Statue-reliquaire de Saint Vorles
Voici les fameuses capes bleues !
Le cortège passe ensuite par la rue du Bourg avant de rejoindre la rue Saint-Vorles afin d'emprunter le grand escalier de l'esplanade.
Pour être un bon reporter il est préférable d'avoir de bonnes jambes et de courir très vite !
Depuis l'esplanade Saint-Vorles, on jouit de très belles vues sur la ville.
Le clocher de Saint-Nicolas se situe dans un quartier de Châtillon épargné par la guerre qui a conservé ses belles tuiles anciennes.
C'est face à la statue de Saint Bernard que le père Marc Gérault qui officie dans le Châtillonnais a béni la ville et l'assemblée.
La statue-reliquaire du saint va maintenant entrer dans l'église.
Reconnaissez-vous notre ami Jean, à l'arrière ?
L'église Saint-Vorles date du Xème siècle : elle est d'une très grande sobriété, ce qui lui sied bien.
Derrière la statue du saint qui prend place dans le chœur face à l'assistance, on aperçoit la célèbre mise au tombeau datant du XVIème siècle provenant du Couvent des Cordeliers.
La voici dans son ensemble (Photo Flickr Patrick)
La messe peut débuter : c'est aussi le moment de l'intronisation des nouveaux Confrères ou Consœurs.
A l'issue de la messe, le bâton de Saint Vorles sera transmis à la famille d'un Confrère pour la durée d'une année.
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Par Tolbiac204 le 3 Mai 2016 à 23:10
L'autre jour je suis allée me balader du côté de la Place Saint-Sulpice et au passage j'ai visité l'église. Il faisait un soleil radieux, une chance pour les photos !
Au centre de la place, la fontaine du même nom, construite en 1844 par l'architecte Louis Visconti. Elle est constituée de trois bassins qui se déversent l'un dans l'eau pour le plus grand plaisir de l'oeil et de l'oreille.
Egalement nommée fontaine des quatre évêques, elle est parfois malicieusement surnommée fontaine des quatre point(s) cardinaux du fait de son orientation dans l'espace mais surtout parce qu'elle est ornée de quatre statues d'évêques catholiques, célèbres prédicateurs de l'époque de Louis XIV (Bossuet, évêque de Meaux et Fénelon, évêque de Cambrai pour les plus célèbres ainsi que Fléchier, évêque de Nîmes et Massillon, évêque de Clermont-Ferrand) mais qui n'ont jamais été nommés cardinaux !
Au niveau du deuxième bassin, quatre lions supportent les armoiries de Paris.
La Place dans la deuxième moitié du XIXème siècle
On entre dans l'église en traversant un péristyle au plafond orné de motifs floraux du plus bel effet.
Saint-Pierre (avec ses clefs) et Saint-Paul (muni du glaive, instrument de son supplice) veillent sur l'église. Elles sont l'oeuvre du sculpteur Eugène-Emile Thomas, un élève de Pradier.
Reliant le transept nord au transept sud se trouve une curiosité : le gnomon astronomique. Il a été érigé en 1743 afin de déterminer avec précision la date de Pâques commémorant la résurrection du Christ.
Un obélisque en marbre blanc de 10,72 m de hauteur est relié à une ligne méridienne matérialisée par une réglette de laiton incrustée dans le dallage de l’église. Une lentille placée dans le vitrail du transept sud à une hauteur de 24,54 m permet au soleil d'entrer.
Un bon schéma vaut mieux qu'un long discours...
Au XIIème siècle, un petit sanctuaire y avait été élevé, dédié à Saint-Sulpice-des-Champs. L'église actuelle fût construite à partir du XVIIème siècle sous la houlette du curé Jean-Jacques Olier (1608-1657). C'est Christophe Gamart, architecte, qui fournit les plans de la nouvelle église : les travaux débutèrent en 1646 par l'édification de la chapelle de la Vierge (actuellement située derrière le chœur).
La chapelle contraste par sa somptuosité avec le reste de l'église beaucoup plus sobre : ici, la pierre est remplacée par le marbre, la peinture et les ors.
La Vierge à l'Enfant : Statue en marbre blanc de Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785)
Curieuse cette Vierge écrasant un serpent...
Vient ensuite la construction du chœur et du déambulatoire.
Le chœur, en arc de cercle, est orné de deux statues latérales et de huit autres statues.
A gauche, une statue d'Edme Bouchardon : Christ appuyé sur sa croix
A droite, du même sculpteur, une Vierge de douleur
Suivant le petit plan fourni par l'église moyennant 30 petits centimes - c'est honnête, non ? - je continue ma visite en m'arrêtant aux points les plus remarquables.
Dans la chapelle Saint Jean-Baptiste, une statue du saint par Louis-Simon Boizot (ce dernier était surtout connu pour ses petits biscuits destinés à la Manufacture de Sèvres).
Dans la même chapelle, un mausolée dédié à Jean-Batiste Languet de Gergy : il représente la lutte de l'immortalité contre la Mort. Un ange soulève le voile funèbre qui recouvrait le prélat. Aussitôt, à gauche, la Mort s'enfuit.
Le Curé Languet de Cergy (1675-1750) est une figure qui compte dans l'histoire de Saint-Sulpice. Ce prélat insuffla à la Fabrique et à ses paroissiens une telle énergie qu'il fit repartir sur de bons rails, en 1719, la construction de l'édifice interrompue depuis quarante ans. Languet recueillit des dons importants et reçut du roi le droit d'organiser une loterie pour financer les travaux de construction.
Les habitants de Rome avaient donné au sculpteur du monument, René-Michel Slodtz, le surnom de Michel-Ange (il passa une bonne partie de sa vie dans la Ville éternelle).
Nous arrivons maintenant en vue de la Chaire exécutée en 1788 sur les dessins de Charles de Wailly.
Avouez qu'elle attire l'oeil !
La Foi, avec le calice
L'Espérance, avec le glaive
encadrent la Charité représentée par une femme entourée d'enfants.
Elégance des décors...
En face, un Christ en croix d'Etienne-Hippolyte Maindron surmonte un banc d'oeuvre (le banc réservé aux "huiles") en bois fort joliment sculpté.
Au fond de l'église, le Grand-Orgue de Cliquot (1781) remanié par Cavaillé-Coll dans les années 1860.
Au centre, David jouant de la harpe
Au fond de l'église se trouvent deux très beaux tridacnes géants offerts par la République de Venise (servant de bénitiers) : ils sont l'oeuvre de Jean-Baptiste Pigalle. Ce dernier les a fait reposer sur des supports en marbre, reproduisant un décor marin.
L'un d'eux est orné d'un crabe,
et l'autre d'un poulpe : j'ai craqué pour celui-ci...
On dit que, ayant été restaurée, la chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle est l'une des plus belles de l'église : elle a effectivement attiré mon attention.
On y trouve une fresque représentant Saint Roch priant pour la guérison des pestiférés dans un hôpital de Rome. Il s'agit d'une oeuvre exécutée par Abel de Pujol en 1822.
Si vous voulez continuer cette visite, allez sur le site de Patrimoine-Histoire ICI.
Ceci n'est en effet qu'un petit aperçu : l'église renferme tellement de trésors qu'il faudrait une vie pour en faire le tour !
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Par Tolbiac204 le 16 Avril 2016 à 23:44
Hier, je suis allée explorer en vélo la "Petite ceinture" qui vient de s'ouvrir au public dans le 13ème. Il s'agit d'une voie ferroviaire de 32 kms construite autour de Paris sous le Second Empire (entre 1852 et 1870). Fermée aux voyageurs en 1934 mais toujours utilisée pour les marchandises, elle est définitivement fermée depuis 1991 : c'est ainsi que la végétation spontanée s'installe peu à peu sur les ouvrages ferroviaires créant des habitats propices à la faune et à la flore.
Le tronçon actuellement ouvert dans le 13ème va de la Place de Rungis à la Poterne des Peupliers.
Les grands immeubles que vous voyez au fond font partie de l’éco-quartier de la ZAC de la Gare de Rungis qui a été aménagé sur les terrains désaffectés de l'ancienne gare de marchandises.
Des travaux titanesques ont été entrepris en 2004 et la livraison ne s'est faite que début 2015.
2011 : les premiers immeubles d'habitation sortent de terre.
Il s'agit d'une petite ville dans la ville avec, de gauche à droite : une crèche, un Ehpad (celui où ma chorale répète une fois par trimestre et donne ensuite un concert aux résidents : pas gai gai...), des immeubles d'habitation, une résidence universitaire et des immeubles de bureaux.
L'ouverture au public du Jardin Charles Trénet clôt l'aménagement de ce nouveau quartier : un choix judicieux puisque le poète a chanté "Le jardin extraordinaire" et "Nationale 7" (cette dernière ayant son point de départ non loin d'ici, à la Porte d'Italie).
Le Jardin extraordinaire de Trénet, c'est ici.
Nostalgie, nostalgie...
La pièce d'eau est là pour rappeler qu'autrefois coulait ici un bras de la Bièvre avant de se jeter dans la Seine. Elle est traversée par une grande passerelle qui conduit à des aires de jeux pour les enfants (les petits-enfants de ma copine Marie-Claire y vont jouer en sortant de l'école voisine).
C'est non loin de là que se situe le départ de la promenade de la Petite Ceinture.
Même s'il est stipulé que les chiens tenus en laisse sont interdits..., j'ai vu pas mal de gens promener le leur : c'est vrai que c'est tentant !
Sympas ces chaises longues au bord de la voie !
J'avais lu que la Petite Ceinture du 13ème permettait de relier la Zac de la Gare de Rungis au Jardin du Moulin de la Pointe situé sur l'avenue d'Italie mais la deuxième portion (à partir de la Poterne des Peupliers) est encore en projet. J'ai donc rejoint le très joli petit jardin en question par les rues avoisinantes qui sont ultra calmes dans ce quartier.
A l'entrée du jardin, Mosko a dessiné des tigres...
Depuis le fond du jardin, on a vue sur la "Tour Ronde" encore nommée "Super-Italie" construite en 1974 par l'architecte Maurice Novarina. Avec ses 112 mètres et ses 38 étages, il s'agit d'une des tours d'habitation les plus hautes de Paris.
Des petits coins de campagne en plein Paris
Nickel pour le patin à roulettes ou la patinette !
Pas mal d'habiter dans ces immeubles qui donnent sur le parc...
Nous voici arrivés sur l'avenue d'Italie.
Un joli parcours urbain, loin de la circulation
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