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La semaine dernière je suis allée écouter une conférence super intéressante, qui était donnée par Lionel Cariou de Kerys, conférencier en Histoire de l'Art. Elle proposait un voyage artistique au coeur de la Florence du Quattrocento, cette ville qui, dès le début du XVème siècle, a été le creuset d'un extraordinaire renouvellement dans tous les domaines de l'art et en particulier dans celui de la peinture.
Il s'agit de la Renaissance italienne.
Nous avons vu de si belles oeuvres que je ne résiste pas à tenter- très modestement - de vous retracer cette conférence en images ou, du moins, ce qui m'en est resté - internet aidant.
Le conférencier plante d'abord le décor en nous montrant une photo de Florence et en nous disant que toutes les oeuvres qu'il allait nous montrer se trouvaient, soit à la Galerie des Offices, soit à l'Accademia, soit dans les différentes églises de la ville.
Précédemment, les dimensions colossales de l’architecture religieuse s’épanouissaient sur tout le monde chrétien dans un style commun appelé gothique international.
Ainsi Palla Strozzi commande un retable à Gentile da Fabriano, signé et daté de 1423 sur le cadre, pour la chapelle de sa famille dans l'église de Santa Trinita de Florence.
L'Adoration des Mages (1423)
La richesse et la culture du commanditaire sont reflétées par l'utilisation prodigue d'or, par le pigment de lapis-lazuli utilisé pour le manteau de la Vierge et par la splendeur du cortège des Rois mages, avec notamment des animaux aussi exotiques que des léopards et des singes.
Il est assez extraordinaire d'agrandir la partie haute du tableau - peint sur bois - et d'admirer la finesse des détails de la procession se dirigeant vers Jérusalem.
Nous voyons sur cet autre détail Palla et son fils Lorenzo sur la droite du tableau, juste derrière le plus jeune roi. Alors que Lorenzo est coiffé d’un chapeau de fourrure rouge et regarde le spectateur hors du tableau, Palla porte un riche vêtement orné de fourrure et se concentre sur l’adoration. Il a sur le poing un faucon, son emblème personnel.
De la même époque et dans le même style, le "Couronnement de la Vierge" de Lorenzo Monaco (1414). L'oeuvre est conservée à la Galerie des Offices.
Le conférencier nous a dit que Lorenzo Monaco annonçait Fra Angelico...
Une autre oeuvre de Lorenzo Monaco "L'Adoration des Mages" (1421-1422) également à la Galerie des Offices. J'ai cru comprendre que l'une des caractéristiques du gothique international était d'avoir des ciels en fond d'or...
Et maintenant venons-en aux peintres de la Renaissance italienne.
Voici une "Vierge à l'enfant avec Sainte-Anne" de Masaccio et Masolino (1424) qui est elle aussi conservée à la Galerie des Offices.
On parle ici de l'effet de la lumière naturelle sur les visages. A noter, le refus des fioritures et des détails anecdotiques chers aux gothiques. Les peintres ne cherchent pas à charmer, à plaire. Il n’ont pas recours à la fantaisie décorative.
Sans vouloir critiquer, l'enfant Jésus n'est pas trop réussi...
Toujours de Masaccio, une fresque dans la Chapelle Brancacci
Masaccio est considéré comme le père fondateur de la peinture de la Renaissance italienne. Malheureusement, il mourra à 27 ans et c'est Filippino Lippi qui terminera l'une de ses fresques.
"Le tribut de Saint-Pierre" - ou l'entrée de Jésus à Capharnaüm - (1424 - 1427)
Masaccio a inclus les trois différents moments de l'histoire dans la même scène. Le collecteur d'impôts faisant sa demande à Jésus et la réponse de celui-ci à la question de Pierre lui demandant comment trouver l'argent nécessaire en indiquant la mer est illustré au centre. A gauche, Pierre attrape les poissons dans le lac et extrait le tribut. A droite, Pierre remet l'argent au collecteur d'impôts en face de sa maison.
Ci-dessous Pierre retire une pièce promise par Jésus de la bouche du poisson (le tribut).
Et maintenant viennent toute une série de fresques exécutées par Fra Angelico pour le Couvent de San Marco dont l'entrée se fait par le cloître Saint-Antonin.
"Crucifixion et Saints" - autour de 1440 (Salle du Chapitre)
Malheureusement je ne me souviens plus du tout de ce que le conférencier avait dit de cette oeuvre. Je vous la livre donc telle quelle accompagnée de quelques détails.
La fresque comme si vous y étiez...
Toujours de Fra Angelico, le "Tabernacle dei Linaioli" (1432 - 1433)
Il s'agit d'un triptyque décoré recto-verso avec au centre une Vierge à l'enfant.
Notre conférencier nous a montré, comme ici, beaucoup de détails.
Trop beau, non ?
"Déposition de croix" par Fra Angelico (1432) - Musée du Couvent de San Marco
Là, je comprends très bien la dénomination de "Renaissance" avec ce fond paysager très travaillé.
Fra Angelico a décoré toutes les cellules des moines du Couvent San Marco avec des fresques.
L'une d'elle s'intitule "Le Christ aux outrages" (1441).
La Vierge, éplorée, et Saint-Dominique, plongé dans la lecture des Ecritures, tournent le dos au Christ.
Mais, si cette fresque frappe le visiteur du couvent San Marco de Florence, c’est bien par la représentation, autour du Christ, de cette tête d’homme de profil et de ces cinq mains, toutes sans corps, qui appartiennent de toute évidence à ses bourreaux. L'une de ces raisons est esthétique. En représentant les bourreaux « en entier », Fra Angelico aurait surchargé sa composition, détournant l'oeil du spectateur vers autre chose que le Christ et sa misère. En ne représentant que les parties essentielles à la compréhension de la scène (la figure qui crache et les mains prêtes à s'abattre sur le corps du martyr) et laissant les grands plans colorés autour du Christ, il laisse à la scène toute sa solennité et au Christ toute sa majesté, si dérisoire qu'elle soit.
Le Christ paraît royal et lumineux, revêtu de gloire et de majesté, la tête nimbée d’or.
Allez, une dernière oeuvre de Fra Angelico pour la route et... pas la plus vilaine !
Il s'agit de "L'Annonciation" (vers 1437) : la fresque est située en haut de l'escalier menant aux cellules des moines dans le Couvent de San Marco.
Ici encore l'oeuvre est très architecturée avec cette colonnade qui laisse entrevoir un jardin clos, symbole de la Vierge. La colonnade - avec son tirant d'acier pour renforcer la structure - est là aussi pour montrer la virginité de Marie assise sur un simple tabouret... La fantastique palette de couleurs des plumes des ailes montre la préciosité et la splendeur de l’ange.
J'aime beaucoup cette fresque.
Un autre peintre maintenant : Domenico Veneziano et une oeuvre qui se trouve également à la Galerie des Offices : "Conversation sacrée" (1445 - 1447)
Quant à Paolo Ucello, le conférencier nous a dit qu'il était fan de perspective : il a mis le paquet ici avec toutes ces lances et ces pattes de chevaux qui s'entrecroisent !
"La bataille de San Romano" (1450) dont il existe un exemplaire au Louvre.
De Filippo Lipi : l'"Annonciation" (Eglise San Lorenzo) - 1445
Comme vous le voyez, toujours ce cloisonnement en relation avec la virginité de Marie et un fond très travaillé en perspective. Le peintre a pris des libertés en représentant ici plusieurs anges...
Autre oeuvre de Filippo Lippi : le "Couronnement de la Vierge" (1447) qui se trouve encore à la Galerie des Offices.
Notre conférencier nous a fait remarquer que chaque visage était différent...
et que le peintre s'était représenté également. Pas très flatteur, je trouve mais on ne peut que louer l'exactitude de sa peinture...
Et maintenant, après toutes les oeuvres de Fra Angelico voici un autre "poids lourd" de la Renaissance italienne, Sandro Botticelli (il était l'élève de Filippo Lippi).
Autoportrait (1475)
"La Force" (1470) est sa première oeuvre connue (il n'a que 25 ans quand il l'exécute). Elle est conservée à la Galerie des Offices.
Ce tableau, commandé par le tribunal de commerce de Florence, était destiné à orner la salle des audiences. Il reçut une approbation générale et permit à Botticelli d'acquérir la célébrité à Florence.
Le peintre a fait quantité de madones à l'enfant par ailleurs comme cette "Madone de la mer" (1475-1480). La Vierge a une expression soucieuse...
Quelle beauté dans la transparence du voile !
Le tableau est ainsi nommé à cause du fond où l'on aperçoit un bateau.
Toujours de Botticelli, "La décapitation d'Holopherne" (1470)
Le peintre a eu la délicatesse de ne pas montrer la tête tranchée mais...
on retrouve celle-ci dans le panier de la servante dans "Le retour de Judith à Béthulie"(1470).
"L'adoration des Mages" (1475-1476) a été peint pour un proche des Médicis : nombre de Médicis y sont d'ailleurs représentés. Quant au peintre, il a fait son autoportrait au premier plan à droite.
La Chapelle Sixtine - je l'ai appris ce jour là - porte ce nom en l'honneur du Pape Sixte IV qui la fit construire de 1477 à 1483.
Botticelli est l'auteur de trois des fresques situées à mi-hauteur comme celle-ci :
"La tentation du Christ" (1480-1482)
A gauche, le diable met le Christ au défi de changer les pierres en pain, au centre il essaie de le convaincre de se jeter en bas du temple sachant qu'il sera sauvé par son Père, à droite le diable montre au fils de Dieu toutes les richesses du monde qu'il aura s'il fait de lui son maître. Finalement, le Christ chasse le diable au loin et celui-ci lui révèle son identité diabolique.
Il est aussi l'auteur de différents "tondi" - des peintures circulaires - comme celle-ci intitulée "La Madone du Magnificat" (1481) qui est une commande de la famille Médicis : on voit dans l'utilisation de l'or dans les chevelures, les ornementations des tissus et de la couronne que le donateur est un riche mécène. Il est conservé à la Galerie des Offices.
La difficulté dans ces peintures circulaires est d'épouser la forme du cadre, ce que Botticelli a merveilleusement réussi.
Autre peinture en "tondo" : "la Vierge à la grenade" (1487) également conservé à la Galerie des Offices. La grenade est le symbole du sang de la Passion du Christ.
Superbe !
"Pallas et le centaure" (1482) a été commandé à Botticelli par Laurent le Magnifique. Pallas est le symbole de l'intelligence tandis que le centaure est celui de la force brute.
Quelle élégance dans le costume végétalisé de Pallas !
Voici l'une des oeuvres majeures de Botticelli : "Le Printemps" (1478 - 1482)
Le tableau a été offert par Laurent le Magnifique à son cousin à l'occasion de son mariage.
Les personnages sont alignés dans un bois d'orangers.
La peinture se lit de droite à gauche : Un zéphyr (allégorie du vent) attente à la vertu de la nymphe Chloris qui se transforme en la nymphe Flore, déesse du printemps. Au centre Vénus, chaste (idéalisation de l'amour) et à droite le groupe des trois grâces (notre conférencier a parlé de rythme musical...). Tout à fait à gauche, Mercure, Dieu du bonheur, arrête l'hiver de son caducée.
A remarquer le tapis de fleurs...
Quelques détails
"La naissance de Vénus" (1484 - 1486) est l'autre oeuvre majeure de Boticcelli.
A gauche, Zéphyr enlace la nymphe Chloris, au centre Vénus a une expression très mélancolique. A droite, l'Heure des saisons tend un manteau à Vénus pour cacher sa nudité...
Curieusement, la toile sombrera dans l'oubli pendant plus de trois siècles...
Andrea del Verrochio était bronzier. Il a réalisé "Le baptême du Christ" (1472 - 1475) en confiant à certains collaborateurs le soin de peindre certaines parties du tableau (comme le palmier). Ainsi, tandis qu'il est l'auteur des visages, les deux anges en bas à gauche sont l'oeuvre d'un certain Léonard de Vinci...
Venons-en justement à Léonard de Vinci avec cette "Annonciation" (1472 - 1475)
L'emploi du sfumato dans le fond du paysage le rend très poétique.
"L'Adoration des mages" (1481) est également l'oeuvre de Léonard de Vinci mais il s'agit d'un tableau inachevé : Laurent le Magnifique ayant accepté que le peintre parte travailler à Milan pour Ludovic le Maure.
C'est Fillipino Lippi, le fils de Fillippo, qui fera une "Adoration des mages" un peu plus tard (1496). Il est aussi l'élève de Botticelli. Ses dessins sont raffinés et ses couleurs éclatantes.
A mon goût, un peu trop chargé.
Il a décoré également la Chapelle Brancacci : c'est un grand fresquiste.
"Crucifixion de Saint-Pierre" (1481 - 1482) : la tête en bas comme dans les Ecritures...
On aperçoit Sandro Botticelli qui nous fait face : celui-là, si je le croise dans la rue, je pense que je le reconnaîtrai !
Domenico Ghirlandaio est une peintre religieux.
Voici son "Saint-Jérôme" (1480)
Cette fresque fait pendant, dans l'église Ognissanti à celle du "Saint-Augustin" de Botticcelli. Une inspiration visiblement flamande très à la mode à l'époque (Cf. Saint Jérôme dans son étude de Van Eick).
Par ailleurs Ghirlandaio a un vrai goût pour la perspective : on le voit dans "La cène" (réfectoire d'Ognissanti - 1480) où la double voûte, ouverte sur un jardin, prolonge visuellement l'espace même de la salle.
Il a exécuté également une "Adoration des bergers" (1485) sur fond de paysage et d'architecture antiquisante et a fait au premier plan à droite son premier autoportrait.
Quelle délicatesse dans le voile de la Vierge, et ces couleurs vives... : c'est vraiment superbe.
Ghirlandaio a le goût du portrait : dans sa "Naissance de Saint-Jean-Baptiste" (1485), tous les visages sont différents.
Dans ce détail, le portrait de Lucretia Tornabuoni, mère de Laurent la Magnifique.
La porteuse d'offrandes
Pour terminer deux peintures de Pietro di Cristoforo Vannucci (dit Le Pérugin) avec de superbes "sfumati" (effet de brouillard)
La Vierge à l'enfant (1500)
et une fresque (située dans la Salle capitulaire du Couvent de Santa Maria Maddalena dei Pazzi) à Florence intitulée : "Crucifixion" (1495)
Elle se présente sous la forme d'un triptyque avec au centre Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix, à gauche la Vierge et Saint-Bernard, et à droite Saint-Jean et Saint-Benoît.
J'ai adoré cette conférence qui nous montrait les oeuvres au plus près.
Je me souviens avoir adoré le programme d'histoire du lycée traitant de la Renaissance italienne et nombre de peintres ne m'étaient pas totalement inconnus...
Une bonne révision tout de même !
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Aujourd'hui, Jacqueline a commandé le soleil pour notre rando du jeudi qui va nous mener dans l'Oise de Lagny à Esbly en passant par Coupvray où nous visiterons la maison-musée de Louis Braille.
En gare de Lagny
Je n'ai jamais vu autant de cygnes rassemblés...
mais ils sont célèbres à Lagny car ils sont les vedettes du net !
Les bords de Marne ont inspiré de nombreux peintres, entre autres ceux du groupe de Lagny, comme nous l'explique ce panneau : personne ne les connaissait dans le groupe et pourtant j'ai trouvé quelques reproductions sur le net qui montrent qu'ils avaient un réel talent. Il s'agit de Léo Gusson, Emile-Auguste Cavallo-Peduzzi, Maximilien Luce ou encore Lucien Pissaro, le frère de Camille...
Le Pont de pierre à Lagny (Léo Gusson - 1885)
La Marne et le Pont de Fer à Lagny (Maximilien Luce - 1888)
Joli, je trouve, non ?
Bords de Marne au printemps (Claire Leconte - 2018) !!!
Dur dur de ne pas s'en mettre plein les godasses, n'est-ce pas Jacqueline ?
Nous voici maintenant arrivés au champ de sculptures du jardin de la Dhuys : surprenant cet alignement de sculptures monumentales...
Une bien curieuse statue... superbement photographiée par Mayannick
J'ai entendu Annie dire de celle-ci qu'il s'agissait de Déméter, la déesse de la terre... ?
Retour à la rando avec un passage un tantinet délicat...
Le terrain argileux qui n'absorbe pas la pluie des derniers jours en est la cause : ça glisse sec ! Heureusement que Paul et Marie-Cécile sont là pour nous aider à traverser le passage présentant le plus de difficultés...
Notre pique-nique du midi au pied de la ligne du tgv...
sur des rochers qui tombent à pic !
Bassin de régulation des eaux de Coupvray
C'est justement à Coupvray, dans une rue baptisée à son nom, que se trouve la maison natale de Louis Braille que nous allons visiter : elle a été transformée en musée ne 1956.
Classée Monument historique, cette maison briarde a su conservé son aspect authentique.
La visite de l'atelier et la vie de Louis Braille
Une plaque, apposée sur le mur de la maison, atteste que Louis Braille y est né le 4 janvier 1809.
Le père de Louis Braille exerce le métier de bourrelier au village, fabriquant des harnais, des sacs et des courroies de cuir. Ce panneau, situé dans son atelier, indique même que le grand-père de Louis y était exerçait déjà le même métier.
Voici l'atelier où Louis, à l'âge de trois ans, manifestant un vif intérêt pour le maniement des outils, se blesse l'oeil en voulant utiliser les outils de son père.
On aperçoit sur cette photo l'enfant grimpant sur l'établi du père pour s'emparer d'une serpette.
Redoutable outil, la serpette...
Louis est un élève brillant à l'école communale de Coupvray - l'instituteur a accepté de le prendre dans sa classe unique, ce qui est très rare à l'époque - classe qu'il fréquente entre 5 et 10 ans, pour se rendre ensuite à Paris où il devient interne. Ses parents en effet savent tous deux lire et écrire et se rendent bien compte de l'importance d'une bonne instruction pour un enfant handicapé : son père lui obtient - sur les conseils de l'abbé du village et de son instituteur - une bourse pour son admission à l'Institution Royale des Jeunes Aveugles (l'INRA qui deviendra plus tard l'INJA, l'Institution Nationale des Jeunes Aveugles) fondée par Valentin Haüy en 1784.
Dès son entrée à l'école, Louis Braille apparaît comme un élève de premier ordre à tel point que dès quinze ans on lui confie déjà certaines responsabilités d’enseignement et il devient professeur en titre à l'âge de 19 ans : il intervient dans l'enseignement général et la musique et tient également les orgues de plusieurs églises parisiennes.
La pièce de vie des Braille
Une table familiale avec des bancs, une cheminée, un four à pain : tout le confort de l'époque pour cette maison briarde.
Entre la cheminée et le four à pain, une niche pour faire du fromage - le fameux Brie de Meaux - la chaleur du four favorisant sa préparation avant l'affinage dans la cave.
Le lit en alcôve des parents de Louis avec les rideaux permettant de garder la chaleur des corps (les enfants dorment à l'étage). Sur le lit, un moine permettant de chauffer les draps grâce à la chaufferette remplie des braises tirées du feu de la cheminée, isolée entre deux luges de bois.
Le luxe quoi !
Près de la porte, une pierre à évier avec écoulement direct sur la cour de la maison...
A l'époque, les aveugles étaient plutôt promis à la mendicité... mais le père de Louis lui fabrique une planchette garnie de clous de tapissier - en relief donc - qui permettent à l'enfant d'apprendre à lire. Cela lui donnera-t-il l'idée de l'écriture qui porte son nom... ?
Le groupe est attentif aux explications de ce guide prenant à coeur son métier.
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C'est à l'Institution Royale des Jeunes Aveugles qu'il développe son génial système d'écriture en six points saillants et qu'il enseigne, notamment la musique. En 1835, Louis Braille est malheureusement atteint de tuberculose et il s'éteint en janvier 1852.
Enterré le 10 janvier 1852 aux côtés de sa famille à Coupvray, le corps de Louis Braille est transféré en 1952 au Panthéon, en hommage national. Seule la relique de ses mains sera conservée à Coupvray dans une urne scellée sur sa tombe.
Buste de Louis Braille à l'accueil du Musée
Visite de l'étage de la maison où se trouve tout ce qui concerne le Braille
En 1821 , Louis Braille fait une rencontre qui va changer totalement sa vie : Charles Barbier de la Serre présente à l'IRJA son invention, un système appelé "écriture nocturne" destiné aux militaires.
L'écriture nocturne est aussi appelée Sonographie : elle est basée sur 12 points en relief.
Comparaison entre l'écriture sonographique (en haut) et l'écriture en Braille (en bas)
Louis Braille teste le système qu'il apprécie mais auquel il trouve vite des limites (uniquement phonétique, trop complexe, absence d'orthographe et de ponctuation, impossibilité de retranscription des signes mathématiques et des notes de musique). L'élève de tout juste 13 ans va alors perfectionner cette écriture en partant de l'idée d'une cellule formée de 6 points en relief : le Braille est né.
Le guide écrit en Braille le prénom de Jacqueline. Pour gommer, il suffit d'écraser son erreur !
N'ayant pas réussi à prendre la photo de la petite carte, je vous laisse chercher sur la photo ci-dessous (système Braille "Lecture") comment il s'écrit...
Ci-dessous le système Braille "Ecriture" est inversé bien sûr puisqu'on doit ensuite retourner la carte perforée pour en faire la lecture...
Élémentaire mon cher Watson mais il fallait y penser !
Louis Braille en Braille
Voici un ordinateur pour aveugles utilisant le Braille
Au sortir du musée, un petit tour au "jardin des cinq sens" conçu avec l'idée de proposer un cheminement qui invite à une exploration des sens. La pergola est comme un tunnel d'ombre (perte de la vue) au bout duquel tous les sens sont exacerbés...
Le 4 Janvier 2009, a été célébré le bicentenaire de la naissance de Louis Braille. A Paris, au Panthéon et à Notre Dame notamment, plusieurs cérémonies ont été organisées pour célébrer cet anniversaire du grand bienfaiteur des aveugles du monde entier.Le Braille, avenir ou souvenir ? c'est ICIMerci Jacqueline pour cette belle balade culturelle
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Plusieurs sites ont déjà publié sur la vie de notre quartier, la Butte-aux-Cailles.
Il y a les bonnes fées qui la vantent comme :
Le site Paris Zig-Zag qui vient de publier aujourd'hui un post : ICI.
Un Jour de Plus à Paris : ICI.
Time Out : ICI.
Je ne sais pas choisir : ICI.
Le Bonbon : ICI.
Cirkwi : ICI.
Un petit pois sur dix : ICI.
Secrets de parisiennes : ICI.
Salut Paris : ICI.
Paris Capitale historique : ICI.
Voyager en photos : ICI.
Le Figaro : ICI.
On trouve même un site américain, Boston Université : ICI.
Il y a aussi bien sûr les agences immobilières... comme celle de Stéphane Plaza qui vient de s'y installer : ICI.
Mais il y a aussi les fées Carabosse qui la dénigrent (parfois à juste titre) comme :
Les Riverains de la Butte-aux-Cailles : ICI.
Vivre Paris : ICI.
Bruit.fr : ICI.
Il faudra qu'un jour moi aussi je me penche sur son berceau...
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Ce vendredi, nous avions rendez-vous avec Anne-Marie au métro Louvre-Rivoli : c'est ici qu'a débuté notre promenade parisienne sur les traces laissées par la muraille construite à la fin du XIIème siècle (de 1190 à 1210) par le Roi Philippe Auguste (*).
Sacre du Roi Philippe Auguste à Reims le 1er novembre 1179 (Chroniques de France - XIVème siècle)
(*) On voit bien sur les deux cartes qui suivent que Philippe II - Philippe Auguste pour les intimes - a considérablement accru le domaine royal, le prénom d'Auguste lui ayant été donné par le moine Rigord en référence directe aux conquêtes des empereurs romains.
Au début de son règne, la France présente cette physionomie : autrement dit..., les anglais sont à nos portes !
Philippe Auguste, pressentant le danger venant de l’Angleterre, initie les travaux de construction de la forteresse du Louvre, destinée à protéger la ville de Paris dont il veut faire sa capitale.
Anne-Marie nous a dit qu'elle possède une profusion de livres sur Paris : elle nous montre ici l'un d'entre eux où l'on trouve une gravure du Louvre de Philippe Auguste.
Le donjon (appelé Grosse-Tour) est large de 15 mètres et mesure 30 mètres de haut : il est entouré par un fossé sec, lui-même ceint d'une enceinte très épaisse côté ouest (celui par où l'ennemi risque d'arriver), plus légère côté est.
Sur cette autre iconographie il est intéressant de remarquer le bateau tendant des chaînes en travers de la Seine afin d'en empêcher l'accès : Anne-Marie nous en avait parlé.
Après avoir précédemment parcouru lors d'une autre promenade la partie sud de l'enceinte (longue de 2600 mètres), Anne-Marie nous entraîne aujourd'hui sur sa partie nord (qui fait 2800 mètres), encore appelée "enceinte rive droite".
L'enceinte de Philippe Auguste était constituée d'une muraille haute de 9 mètres et épaisse de 3 mètres à sa base avec des créneaux et un chemin de ronde ainsi que des tours de défense à distance régulière (60 mètres soit : 2 fois 30 mètres, portée de tir d'une arbalète) et comprenant des portes lourdement fortifiées (elles étaient munies de herses) pour garder les entrées de Paris.
C'est à l'emplacement de cette cour - la Cour carrée - que se situait le donjon du premier Louvre : le pavage en marque l'emplacement.
Empruntant la rue de Rivoli voisine, nous longeons le Temple protestant de l'Oratoire du Louvre où se trouvait autrefois la Porte Saint-Honoré. Devant le temple, le monument à l'amiral Gaspard de Coligny assassiné lors de la Saint-Barthélémy.
Dans la cave qui se trouve sous la grande sacristie, il existe parait-il un mur arrondi fait de grosses pierres taillées, reste de ces tours de 6 mètres de diamètre qui protégeaient la muraille.
L'enceinte se prolongeait dans la direction des cheminées ci-dessous.
Au 11 rue du Louvre se trouvent les restes d'une des tours,
avec, dans la partie basse, un ancien puits.
Le parcours de l'enceinte emprunte ensuite la rue du Jour où se trouve un très bel Hôtel particulier abritant la maison de couture agnès b.
Juste en face, une caserne de pompiers à remplacé la maison champêtre (qui comprenait un manège et des écuries) que Charles V s'y était fait construire, appelée "Le séjour du Roi". La rue prit alors le nom de rue du Séjour, puis de rue du Jour.
Au 30 de la rue Montmartre, une plaque est accolée au mur de l'immeuble : elle marque l'emplacement de l'ancienne Porte Montmartre.
Tandis qu'au 29 de la rue Etienne Marcel voisine se trouve une autre plaque rappelant l'emplacement de l'ancien théâtre de l'Hôtel de Bourgogne dont la troupe rivalisait avec celle de Molière.
Construite en 1408 par le Duc Jean-sans-Peur, cette tour (du même nom) est l'unique vestige du palais parisien des Ducs de Bourgogne. Elle est donc postérieure à la construction de l'enceinte de Philippe Auguste mais a été construite en s'appuyant dessus.
Tiens tiens, la haie est habitée par ce beau jour printanier...
Nous voici maintenant dans la rue Tiquetonne qui joint la rue Saint-Denis à la rue Montmartre en empruntant le parcours de la muraille dont elle était le chemin de ronde extérieur. Son côté impair était presque entièrement dévolu à l'Hôtel de Bourgogne.
Un peu plus loin, une plaque apposée dans la rue Saint-Denis rappelle qu'ici se trouvait autrefois la Porte du même nom, dite aussi Porte aux peintres du fait de sa proximité avec l'impasse des Peintres voisine.
Voisin de la rue Beaubourg, le Jardin Anne Frank où nous nous reposons un petit peu tandis qu'Anne-Marie reprend ses explications.
Un peu plus loin, au 55 de la rue des Francs-Bourgeois, la cour du Crédit municipal de Paris (aussi connu sous le nom de "Mont-de-Piétée ou "chez ma tante") recèle les bases d'une des tours de l'enceinte (qui a été surmontée d'une tourelle en briques plus récente). On la nomme Tour Pierre-Alvart : je n'ai pas trouvé pourquoi...
On remarque au sol (devant la porte) un pavage délimitant une large bande suivant le tracé de l'ancienne enceinte.
Les aménagements du Jardin des rosiers-Joseph Migneret mettent en valeur les restes d'une autre tour.
Notre promenade touche à sa fin... Nous voici arrivés rue Charlemagne dans le 4ème.
Un charmante fontaine a retenu mon attention (elle est bien sûr totalement hors sujet !).
Au coin de la rue des Jardins Saint-Paul et de la rue Charlemagne, une tour.
Encore une me direz-vous !Elle porte le nom de tour Montgomery en vertu de la tradition qui veut que Gabriel de Montgomery y fût enfermé pour avoir provoqué involontairement la mort d'Henri II après l'avoir blessé d'un coup de lance dans l'oeil lors d'un tournoi le 30 juin 1559. Le Roi avait organisé un tournoi pour célébrer les mariages de sa fille avec le Roi d'Espagne et de sa soeur avec le Duc de Savoie. Pas de chance : dix jours d'agonie...
Anne-Marie nous a réservé le "clou" de la balade : un pan entier de l'enceinte avec deux tours (Photos tirées d'internet : cet espace est maintenant dévolu aux jeunes qui y jouent au basket...).
Et voilà le Quai des Célestins, terme de notre promenade
Une pelle Stark indique qu'ici se tenait la tour Barbeau où s'achevait, pour la rive droite, l'enceinte de Philippe Auguste édifiée aux frais des bourgeois de la ville avant le départ du Roi pour la croisade. Par temps de troubles, elle était reliée à une autre tour, dite tour Loriaux, située dans l'île, elle-même reliée au Château de la Tournelle, sur la rive gauche, par des chaînes qui reposaient sur des radeaux amarrés à des pieux profondément enfoncés dans le fleuve.
Sur le plan de Braun ci-dessous, on voit bien l'emplacement de la tour de Barbeau et le Château de la Tournelle. Vous remarquerez qu'à cette date l'île Saint-Louis actuelle est constituée de deux îles (l'île aux vaches et l'île Notre-Dame).
Merci beaucoup Anne-Marie pour ce voyage dans le temps.
5 commentaires -
Hier je suis allée en compagnie de mon amie Michèle voir un film en avant-première au Centre Wallonie-Bruxelles près de Beaubourg. J'y suis invitée régulièrement et les spectacles sont toujours très intéressants et, ce qui ne gâte rien..., suivis d'un pot : une bonne bière ou un petit verre de vin !
Les réalisateurs du film étaient présents : Jérémie et Yannick Renier. Les acteurs, si je ne me trompe, n'étaient pas dans la salle, occupés sur un tournage peut-être...
Carnivores, au pluriel, c'est le titre du film qui va sortir en salle le 28 mars prochain.
L’histoire, c’est celle de Mona, interprétée par Leïla Bekhti, une jeune femme qui rêve de devenir comédienne. Alors qu’elle sort du Conservatoire, elle met tout en œuvre pour se faire une place dans le milieu du cinéma, mais c’est finalement sa petite sœur Sam, jouée par Zita Hanrot, qui devient une actrice de renom. Fatiguée et fragilisée par un tournage, Sam néglige peu à peu son travail, son mari et son fils. Elle finit par engager Mona comme assistante. Rapidement, cette dernière comprend que tout ce que sa sœur délaisse, elle veut s’en emparer. Un rapport très destructeur s’installe alors entre les deux jeunes femmes... Une relation dévastatrice portée à l’écran par Leïla Bekhti et Zita Hanrot, toutes les deux césarisées, dans une bande-annonce angoissante, intense et intrigante à la fois. Les deux jeunes femmes seront accompagnées à l’écran de l’actrice israélienne Hiam Abbass, qui incarnera leur mère.
La mère entourée de ses deux filles
(Hiam Abbass au centre, Leïla Bekhti à gauche et Zita Hanrot à droite)
La fin du film se passe en Andalousie où Sam s'est évaporée à l'issue du tournage de son film.
Mais pourquoi un "S" à Carnivores... ?
La question m'a titillée à l'issue de la projection...
Les critiques n'étant pas encore parues : c'est là un avis tout personnel que je vous soumets.
Si le titre fait référence au rapport destructeur que les deux sœurs entretiennent entre elles, on ne peut pas rester indifférent à l'attitude du metteur en scène (magistralement joué par Johan Heldenberg) qui, pour obtenir le meilleur de son actrice, n'hésite pas à la mettre en grand danger en la harcelant sans pitié à coup de "reprends, reprends !).
Ici, celui-ci supervise la coiffure de l'actrice dans sa loge tout en la pressant de mieux apprendre son texte, tandis que Mona, la soeur, assiste à la scène.
Le quotidien des acteurs peut parfois être très violent...
La bande-annonce
Quel plaisir de revoir Laïla Bekhti, découverte dans "Un prophète" de Jacques Audiard en compagnie de Tahar Rahim ! Je viens d'apprendre par le net qu'ils se sont rencontrés sur le tournage de ce film et qu'ils ont maintenant un petit garçon : un peu de people...
Quant à Zita Hanrot, je ne la connaissais pas : elle a pourtant (tout comme Leïla Bekhti) reçu un César (celui du meilleur espoir féminin en 2016) pour son rôle dans "Fatima" de Philippe Faucon : un film qui mérite d'être vu d'après ce que j'en ai lu...
Portrait de Zita Hanrot
Merci le Centre Wallonie-Bruxelles !
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