• Un groupe d'une vingtaine de personnes s'était donné rendez-vous ce vendredi après-midi sur la Place de la République pour une visite guidée proposée par l'UPP (l'Université Permanente de Paris) du quartier du Temple. Derrière le groupe, les bâtiments, datant du XIXème siècle, des anciens Magasins Réunis font face à la Caserne Vérines de l'autre côté de la rue du Faubourg du Temple.

    Du carreau du temple à la place de la République

    La place de la République, située à l'emplacement de l'ancienne porte du Temple et de l'enceinte de Charles V, est une création du Baron Haussmann. A l'extérieur, c'était la campagne à l'époque : mais ceci, c'était au XVIème siècle...

    Du carreau du temple à la place de la République

    Au XIXème siècle, on appelle ce quartier le Boulevard du Crime, non pas parce qu'il était mal famé mais parce qu'ici se trouvaient des théâtres mélodramatiques dans lesquels étaient fréquemment représentés des crimes.

    Il y avait ainsi le Théâtre-Lyrique, le premier théâtre de l'Ambigu, le Cirque-Olympique, les Folies-Dramatiques, la Gaîté, les Funambules, les Délassements-Comiques, le théâtre des Associés, le théâtre des Pygmées, le Petit-Lazari ainsi que de nombreux cafés-théâtres.

    Le Boulevard du Temple et ses théâtres en 1862

    Du carreau du temple à la place de la République

    Le réaménagement en 2011 de la place de la République a rendu l’espace aux piétons, renouant ainsi avec l’esprit populaire qui régnait lorsque le quartier du carreau du Temple était dédié à la fripe et au théâtre de boulevard.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Le monument à la République est dû aux frères Morice (Léopold pour la statuaire et Charles pour le soubassement) et date de 1883.

    Marianne, qui symbolise la République, tient dans la main droite un rameau d'olivier, symbole de paix.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Elle est coiffée d'une couronne végétale et porte le bonnet phrygien, symbole de la liberté : il a été porté successivement par les esclaves affranchis dans l'Empire romain puis par les sans-culottes pendant la Révolution.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Sur le soubassement, des allégories de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité.

    La Liberté porte un flambeau dans la main gauche tandis que sa main droite est posée sur son genou, tenant une chaîne brisée.

    Du carreau du temple à la place de la République

    L'Egalité tient dans sa main droite le drapeau de la République et dans sa main gauche un niveau de charpentier, symbole d'égalité.

    Du carreau du temple à la place de la République

    J'aime beaucoup La Fraternité qui est représentée par une jeune femme au regard bienveillant sur deux enfants en train de lire un livre, allégories de la Connaissance.

    Du carreau du temple à la place de la République

    En bas du piédestal, un lion tient l'urne du Suffrage Universel.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Quittant cette belle place, nous empruntons maintenant le Passage Vendôme - construit en 1827 - pour rejoindre la rue Béranger.

    Du carreau du temple à la place de la République

    En cette période de l'année, il est un peu désert...

    Du carreau du temple à la place de la République

    La rue Béranger est ainsi nommée en l'honneur du chansonnier Pierre-Jean de Béranger qui remporta un énorme succès à son époque : Chateaubriand, Goethe, Sainte-Beuve, Mallarmé, Stendhal, Eugène Sue pour ne citer qu’eux admirèrent ses talents de poète.

    Pierre-Jean de Béranger en 1839

    Du carreau du temple à la place de la République 

    Il a écrit un nombre incommensurable de chansons.

    J'en ai choisi une assez rigolote. 

    MA GRAND'MERE

    Ma grand’mère, un soir à sa fête,
    De vin pur ayant bu deux doigts,
    Nous disait en branlant la tête :
    Que d’amoureux j’eus autrefois !
    Combien je regrette
    Mon bras di dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Quoi ! maman, vous n’étiez pas sage ?
    — Non vraiment ; et de mes appas
    Seule à quinze ans j’appris l’usage,
    Car la nuit je ne dormais pas.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Maman, vous aviez le cœur tendre ?
    — Oui, si tendre qu’à dix-sept ans,
    Lindor ne si fit pas attendre,
    Et qu’il n’attendit pas longtemps.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Maman, Lindor savait donc plaire ?
    — Oui, seul il me plut quatre mois ;
    Mais bientôt j’estimai Valère,
    Et fis deux heureux à la fois.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Quoi ! maman, deux amants ensemble !
    — Oui, mais chacun d’eux me trompa.
    Plus fine alors qu’il ne vous semble,
    J’épousai votre grand-papa.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Maman, que lui dit la famille ?
    — Rien, mais un mari plus sensé
    Eût pu connaître à la coquille
    Que l’œuf était déjà cassé.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Maman, lui fûtes-vous fidèle ?
    — Oh ! sur cela je me tais bien.
    À moins qu’à lui Dieu ne m’appelle,
    Mon confesseur n’en saura rien.
    Combien je regrette

    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Bien tard, maman, vous fûtes veuve ?
    — Oui ; mais, grâces à ma gaîté,
    Si l’église n’était plus neuve,
    Le saint n’en fut pas moins fêté.
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    Comme vous, maman, faut-il faire ?
    — Eh ! mes petits-enfants, pourquoi,
    Quand j’ai fait comme ma grand’mère,
    Ne feriez-vous pas comme moi ?
    Combien je regrette
    Mon bras si dodu,
    Ma jambe bien faite,
    Et le temps perdu !

    On rapporte une anecdote sur lui. 

    Béranger se promène dans la rue. Un miséreux lui tend son chapeau et le poète laisse tomber deux sous. Un homme se précipite et dit au pauvre diable : "Cédez-moi les deux sous que vient de vous donner ce monsieur, et je vous remets à la place une pièce de cinq francs."

    "Et pourquoi ?" fit l'homme.
    "Parce que ce « monsieur », c'est Béranger !"

    "Béranger ! reprit l'autre, en retirant ses deux sous, je les garde !"

    Voici sa maison dans la rue en question. Elle fut habitée précédemment par Abraham Peyrenc de Moras, un financier français du XVIIIème siècle, avant que celui-ci ne déménage pour aller s'installer à l'Hôtel Biron (actuellement Musée Rodin).

    Du carreau du temple à la place de la République

    Une plaque commémore l'événement.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Chemin faisant, nous voici maintenant arrivés au Carreau du Temple, un quartier où je ne viens quasiment jamais...

    Du carreau du temple à la place de la République

    Notre guide nous explique toute l'histoire du lieu, nous transportant du XIIème siècle à nos jours...

    Historique

    Au début du XIIème siècle, les chevaliers de l’Ordre du Temple de Jérusalem (les Templiers) reçoivent, en donation du roi, les terres qui constituent l’enclos du Temple. Celui-ci est entouré d’une enceinte de 8 mètres de haut, renforcée au XIIIème siècle par un donjon, la tour du Temple. L’enclos couvre au XIVème siècle un espace d’environ 6 hectares, compris aujourd’hui entre les rues du Temple, de Bretagne, de Picardie et Béranger. Il bénéficie jusqu’à la Révolution de privilèges et les boutiques s’y louent à prix d’or.

    Du carreau du temple à la place de la République

    La Ville de Paris fait construire un marché couvert entre la rue du Temple et la Rotonde. Ce marché édifié entièrement en charpente de bois, œuvre de l’architecte Jacques Molinos, rencontrera un grand succès.

    Vue de l'ancien marché couvert démoli en 1863

    Du carreau du temple à la place de la République

    Le marché est alors constitué de quatre carrés ayant chacun sa spécialité.

    ► Carré du Palais-Royal : tapis, soieries, rubans, gants, plumes et articles à la mode.

    ► Carré de Flore : linge de maison
    ► Carré du Pou-volant : ferraille et friperies
    ► Carré de la Forêt-Noire : cuir

    Entre ces 4 halles et la Rotonde se trouvait un « carreau », terre-plein où fonctionnait une bourse du vêtement d’occasion. De là dérive, parait-il, l'expression "Rester sur le carreau" pour dire que ce n'est pas le meilleur endroit.

    La Révolution se saisit de l’enclos. La famille royale est enfermée dans le donjon le 13 août 1792 jusqu’à son exécution le 19 décembre 1795. 

    Louis XVI à la tour du Temple par Jean-François Garneray

    Du carreau du temple à la place de la République

    Marie-Antoinette à la tour du Temple par Kucharski

    Du carreau du temple à la place de la République

    Création de l’actuel bâtiment

    La ville dans le cadre de la rénovation urbaine voulue par Napoléon III et le préfet Haussmann, décide de le remplacer par une structure métallique, plus sûre face aux fréquents incendies, et lance un concours d’architecture qui sera remporté par l’architecte Jules de Mérindol en 1860.

    Sa façade monumentale s’ouvre sur la rue du Temple. Le marché avec ses pavillons de métal, de verre et de briques, peut accueillir plus de 2000 places pour les vendeurs.

    Le marché du Temple en 1863 : la partie bleue est la partie actuelle restante (non détruite en 1905).

    Du carreau du temple à la place de la République

    Cependant, le marché décline et en 1892 il ne reste plus qu'une centaine de marchands.

    En 1982, toujours très attachée à ce lieu, la population locale réussit à faire inscrire à l’inventaire des Monuments historiques l’unique bâtiment restant, écartant ainsi définitivement tout risque de démolition future.

    La restructuration et la rénovation du Carreau du Temple a été menée entre 2007 et 2014 par le studioMilou architecture. Respectant autant que possible les orientations initiales du projet, le Carreau du Temple propose des activités culturelles, sportives et accueillera de nombreux événements grands publics.

    La structure de fer est interrompue ça et là par les portes d'entrée en pierre et c'est du plus bel effet.

    Du carreau du temple à la place de la République 

    L'une des façades

    Du carreau du temple à la place de la République

    Tout à côté, caché derrière les stands d'une brocante, se cache un plan de l'ancien quartier du Temple.

    Du carreau du temple à la place de la République 

    Du carreau du temple à la place de la République 

    Notre guide nous emmène maintenant visiter une église située dans la rue du Temple voisine : il s'agit de Sainte-Elisabeth-de-Hongrie. Comme vous le voyez, des croix de Malte sont affichées sur sa façade car elle est l'église conventuelle de l'Ordre de Malte à Paris.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Sur le fronton, une statue de Saint-Louis et une statue de Sainte-Elisabeth

    Du carreau du temple à la place de la République

    Du carreau du temple à la place de la République

    Du carreau du temple à la place de la République

    Nous sommes rentrés dans l'église pour y voir un tableau de Gustave François représentant les adieux de Louis XVI à sa famille (le 20 janvier 1793).

    On y voit Louis XVI étreindre Marie-Antoinette. Sont présents aussi leurs deux enfants, Marie-Thérèse-Charlotte - dite Madame Royale -, le dauphin Louis-Charles, et Madame Elisabeth, la soeur du roi tandis qu'un soldat monte la garde à la porte.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Dans le square du Temple, une statue de Pierre-Jean de Béranger - vous savez, le chansonnier - par Henri Lagriffoul

    Du carreau du temple à la place de la République

    Le square du Temple - jardin à l'anglaise - a été créé par Jean-Charles Alphand lors des travaux d'Haussmann. Il occupe une part de l'ancien enclos des Templiers, et recouvre partiellement l'emplacement passé de la tour du Temple.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Du carreau du temple à la place de la République

    Empruntant la rue de Picardie, nous nous dirigeons maintenant vers la rue de Beauce où se trouve un petit jardin qui rend hommage à Madeleine de Scudéry.

    Du carreau du temple à la place de la République

    La plupart des célébrités de l’époque, Madame de La Fayette, Madame de Sévigné, La Rochefoucauld et bien d'autres - moins connus de moi -, honorèrent régulièrement les « samedis de Mademoiselle de Scudéry » - femme de lettres française dont l'oeuvre littéraire marque l'apogée du "mouvement précieux" dont Molière se moquera dans Les Précieuses Ridicules. Le salon se situe d’abord rue du Temple, puis rue de Beauce.

    Du carreau du temple à la place de la République

    Nous arrivons au terme de cette visite : elle prend fin au Marché des Enfants Rouges. Celui-ci fut créé en 1628 et s'appelait alors le Petit Marché du Marais. Le nom des Enfants Rouges ne lui fut donné que plus tard, de même que celui de Marché de Beauce. Ces deux noms viennent de la proximité de l'hospice des Enfants-Rouges (1524-1777) créé par Marguerite de Navarre pour des orphelins dont l'uniforme était rouge (un signe de charité chrétienne), qui a aussi donné son nom au quartier, et de celle de la rue de la Beauce.

    Il s'agit du plus vieux marché couvert de la capitale et sans doute de France : je le découvre seulement aujourd'hui après 68 ans de vie parisienne !

    Du carreau du temple à la place de la République

    C'est un marché, mais pas tout à fait comme les autres...

    Outre les commerces de bouche (une vingtaine, dont de nombreux traiteurs aux diverses spécialités), on y trouve quelques petits cafés et restaurants où l'on peut déjeuner ou dîner à l'abri des intempéries (il y a l’épicerie italienne, le stand bio, le traiteur libanais ou encore le snack japonais).

     

    Du carreau du temple à la place de la République

    Et puis, il y a l’Estaminet qui ne propose que des produits de saison choisis chez de petits producteurs issus, majoritairement, de l'agriculture biologique ou La Petite Fabrique où l'on peut manger des pâtisseries succulentes et boire du bon chocolat chaud parait-il.

    Il faudra qu'on aille traîner nos savates par là un dimanche...

    Du carreau du temple à la place de la République

    That's all folk !


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  • Je suis allée la semaine dernière avec ma soeur voir une exposition au Petit-Palais intitulée "L'art du pastel - de Degas à Redon". Vous vous doutez bien qu'elle m'intéressait particulièrement puisque depuis un peu plus d'un an je m'adonne, modestement, à ce loisir de temps en temps, ce qui me procure beaucoup de joies.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Voici le magnifique portail d'entrée du Petit-Palais. Le musée n'a pas encore ouvert ses portes aux visiteurs qui font déjà la queue. Le titre de l'exposition est accrocheur : il attire donc du monde...

    L'art du pastel - de Degas à Redon

     Superbe escalier, non ?

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Ugolin par Jean-Baptiste Carpeaux (plâtre patiné)

    Ugolin, tyran de Pise, enchaîné et muré dans la tour de la Faim avec sa progéniture (Divine Comédie de Dante). En le voyant se mordre les mains de désespoir, ses enfants lui proposent, par pitié filiale, de se faire dévorer...

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Mais venons-en à nos pastels : 120 sur les 221 que possède le musée sont ici exposés à la lumière alors qu'ils sont d'habitude soigneusement conservés au noir.

    J'ai découvert à l'occasion de cette exposition une technique nouvelle : celle qui consiste à utiliser un papier coloré pouvant servir comme base pour les fonds. J'ai aussi découvert une multitude de peintres que je ne connaissais pas : le pastel a toujours été considéré - à tort peut-être car aussi beaucoup utilisé par les femmes peintres - comme un art mineur.

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    La belle bouquetière (Norbert Goeneutte - 1888)
    Pastel sur papier gris collé sur toile

    Ce pastel est inspiré du portrait de la Marquise de Pompadour en bergère de Carle Van Loo (huile sur toile vers 1760 - Château de Versailles) mais ne reprend pas les traits de celle-ci. La composition, le coloris, l'exaltation de la nature ainsi que l'usage du pastel, en font un bel hommage à l'art du XVIIIème siècle.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

     Portrait de Mademoiselle Erhler (Léon Riesener - 1861)
    Pastel et fusain sur papier gris collé sur toile

    Au Salon de 1851, Léon Riesener présente 12 pastels, affirmant clairement son goût pour ce matériau qu'il a découvert très tôt. Le portrait de cette petite fille au cerceau, dont le fini rivalise avec celui de la peinture, est exemplaire par la maîtrise du rendu des chairs et des matières, et la fraîcheur des coloris.

    L'original est dix fois plus beau que cette photo...

    L'art du pastel - de Degas à Redon

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    LE PASTEL NATURALISTE

    Si le pastel est très en vogue au XVIIIème siècle, il trouve un véritable renouveau dans le premier quart du XIXème puis au début du XXème siècle. La nouveauté du médium offre une alternative séduisante à la classique peinture à l'huile.

    Les paysagistes sont très désireux à cette époque de sortir de l'atelier pour aller au contact de la nature. Ils s'emparent du pastel qui est un matériau léger et peu encombrant ne nécessitant pas de préparation ni de temps de séchage.

    L'embâcle de la Seine entre Asnières et Courbevoie (Alexandre Nozal - 1891)
    Pastel et et crayon graphite sur toile

    Remarquable, ce pastel : j'adore !

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Alexandre Nozal délaisse parfois les bords de Seine pour parcourir la France, mais aussi la Hollande, l'Espagne et l'Algérie. Il représente à plusieurs reprises les bords du lac Léman.

    Nocturne : le lac Léman - souvenir de Villeneuve (1895)
    Pastel et aquarelle sur papier marron collé sur toile

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Joseph-Félix Bouchor (soleil et neige - avant 1915)
    Crayon graphite - Pastel sur papier collé sur toile

    Un petit air de Claude Monnet, non (Cf. La Pie) ?

    Il s'agit du village de Freneuse, situé au bord de la Seine, où l'artiste résida pendant plusieurs années. Le sol terreux et le ciel nuageux sont rendus grâce au papier chamois savamment laissé en réserve par l'artiste.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Plus largement, le medium est utilisé pour tous les sujets de la vie moderne, scènes populaires ou intimes, qui réclament un traitement neuf, simple et spontané.

    Théophile-Alexandre Steinlen - La sortie des midinettes (avant 1907)
    Pastel et fusain sur papier

    Fasciné par le grouillement perpétuel de la rue, l'artiste "croque" les jeunes couturières des grandes maisons de mode de Paris qui "faisaient dînette le midi".

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Fernand Pelez - Danseuse penchée en avant pour ajuster son collant (1905)
    Crayon noir avec rehauts de blanc et de pastels rose et jaune collé sur toile

    Là encore, il faut voir l'original...

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Guillaume Roger - Petite fille hollandaise (avant 1916)
    Pastel sur papier collé sur toile

    L'artiste a effectué de nombreux pastels sur ce sujet. A l'aide d'un cerne jaune pâle il souligne les contours du visage de la petite fille, ce qui donne l'illusion d'effets de contre-jour.

    Superbe dans la simplicité

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Paul-Albert Bartholomé - Tête de mendiante (1882)
    Pastel et mine de plomb sur papier gris-bleu collé sur carton

    L'artiste réalise ici le portrait d'une vieille paysanne coiffée d'un foulard. Il s'agirait de "la mère Sophie" qu'il avait prise comme modèle à Bouillant, près de Crépy-en-Valois.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

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    LE PASTEL IMPRESSIONNISTE

    Pour traduire des sensations instantanées, le pastel s'impose comme une évidence auprès des artistes impressionnistes. Edgar Degas, Mary Cassatt, Armand Guillaumin, Paul Gauguin, Berthe Morisot et Auguste Renoir s'y sont essayés.

    Avant tout paysagistes, les artistes impressionnistes ne délaissent pas pour autant la représentation humaine pourvu qu'elle soit rendue dans la réalité du quotidien.

    Berthe Morisot - Dans le parc (vers 1874) 
    Pastel sur papier brun collé sur toile

    Il s'agit de la soeur de l'artiste assise dans les herbes hautes en compagnie de ses deux fillettes.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Edgar Degas - Madame Alexis Rouart et ses enfants (vers 1905)
    Pastel et fusain sur papier calque collé sur carton

    Ce portrait familial met en scène une dispute entre la mère et sa fille. La dégradation de la vue de l'artiste à cette époque ne lui permettait pas la précision du tracé indispensable pour créer des portraits.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Armand Guillaumin - Artiste à son chevalet (1872)
    Pastel sur papier bleu

    L'artiste excelle dans la pratique du pastel qu'il pratique entre 1865 et 1921. Il s'agit ici d'un ami du peintre "surpris" en train de peindre lui-même. Les taches éclatantes du pastel rapidement posées suffisent à rendre les volumes et à triompher de la ligne.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Mary Cassatt s'attache tout au long de sa carrière à dépeindre le sentiment d'amour maternel. Dans le tableau qui suit, le visage de la mère n'est qu'esquissé en haut à gauche mettant en valeur le visage de la fillette.

    Mary Cassatt - Margot Lux avec un large chapeau (vers 1902)
    Pastel sur papier gris-bleu collé sur carton

    Superbe ce contraste entre le visage abouti et l'entourage ébauché

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Toujours de Mary Cassatt - Sara avec son chien (vers 1901)

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Edgar Degas - Danseuse à l'éventail (vers 1876)
    Pastel et fusain sur papier vergé

    Dans les années 1880, le peintre obtient ses entrées à l'Opéra Garnier : il va dès lors nourrir son travail des gestes du quotidien et  de l'intimité des ballerines. Degas construit d'abord son dessin au fusain pour donner forme et volume, puis introduit la couleur avec de légères touches de pastel sur les épaules, les bras, l'éventail et les chaussons.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    LE PASTEL MONDAIN

    James Tissot - Berthe (vers 1882-1883)
    Crayon graphite et pastel sur papier gris collé sur toile

    Ce portrait d'une jeune fille accoudée sur un sofa s'inscrit dans le prolongement de la tradition des pastels du XVIIIème siècle.

    J'aime beaucoup.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Pierre Carrier-Belleuse - Tendre aveu. Mlle Litini et Mlle Barriaux de l'Opéra (1894)
    Pastel sur toile

    On peut admirer la finesse de la collerette du Pierrot et la délicatesse du tutu de la danseuse.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Emilie Guillaumot-Adan - Au soleil (vers 197)
    Pastel sur papier collé sur toile

    L'artiste privilégie, sur fond de verdure, l'intimité et l'introspection du modèle aux yeux mi-clos.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Victor Prouvé - Etude de femme les yeux fermés (avant 1907)
    Pastel et fusain sur papier collé sur carton

    Il s'agit ici d'un dessin préparatoire à une commande de décor.

    J'aime bien ici aussi le côté inachevé du dessin.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    LE PASTEL SYMBOLISTE

    Le pastel est utilisé avec prédilection par les peintres symbolistes à la fois pour ses couleurs et pour sa matière vaporeuse. Les artistes expriment leurs sentiments, leurs rêves, et traduisent esthétiquement une réalité intérieure à la portée plus universelle que les portraits ou les paysages. Ils privilégient les climats de mystère et d'étrangeté propices à la rêverie et à idéal poétique...

     Lucien Lévy-Dhurmer - Portrait de Lise et Antoine Mayer (1828-1829)
    Pastel sur papier gris-bleu collé sur bois

    Très jolie cette évanescence

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Toujours de Lucien Lévy-Dhurmer - Grand nu de dos (non daté)
    Pastel sur papier gris-bleu collé sur toile

    Les portraits réalisés au pastel par Levy-Dhurmer remportent un vif succès auprès du public et des critiques. L'artiste utilise ici une méthode chromatique raffinée adaptée du divisionnisme de Georges Seurat.

    On pense à David Hamilton...

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Charles Léandre - Sur champ d'or (1897)
    Pastel sur toile

    Le modèle serait Fanny Zaessinger, actrice au Théâtre de l'Oeuvre et égérie montmartroise de la Belle Epoque. Le cadre votif monumental, conçu par l'artiste, participe aussi de la vénération pour son modèle.

    C'est cette toile qui, à juste titre, fait l'affiche de l'exposition.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Odilon Redon - Anémones dans un vase bleu (après 1912)
    Pastel sur papier gris collé sur carton

    Les fleurs ont toujours été pour l'artiste un sujet d'étude et un objet de rêve. Il dépasse ici la stricte copie pour proposer une composition florale essentiellement suggestive et poétique.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Toujours d'Odilon Redon - La naissance de Vénus (vers 1912)
    Pastel sur papier beige collé sur carton

    Contraste entre le fond diffus et la netteté du corps de la divinité aux contours précis, admirablement travaillé en réserve

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Alphonse Osbert - Le Lyrisme dans la forêt (1910)
    Pastel sur papier blanc collé sur carton

    Ce tableau constitue un archétype de la méthode du peintre : le paysage s'organise en bandes horizontales parallèles, correspondant aux différents éléments de la nature (la terre, l'eau, la forêt, le ciel), opposés à la verticalité des troncs d'arbres se prolongeant en dehors du tableau et des personnages féminins.

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Antoine Calbet - Parmi les roses (1917)
    Pastel et aquarelle sur papier collé sur carton

    Le peintre pastelliste est connu pour ses compositions très lumineuses et son talent de coloriste. 

    L'art du pastel - de Degas à Redon

    Maintenant, y a plus qu'à mettre en pratique !!!


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  • Un bouquet d'anémones en fin de vie apporté par une collègue

    Le modèle pour s'inspirer à défaut de bien copier...

    Nature morte au bouquet d'anémones

    Nature morte au bouquet d'anémones et à l'avocat

     

    Quatre heures de plaisir !


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  • Hier je suis allée écouter en compagnie de quelques copines la version de concert de La Bohème à l'amphithéâtre des Arts et Métiers boulevard de l'Hôpital.

    Les Dimanches Musicaux ont en effet l'habitude de proposer aux parisiens une version de concert d'un opéra chaque année. C'est ainsi que j'y ai déjà écouté Carmen et la flûte enchantée.

    La Bohème de Puccini à l'amphithéâtre des Arts et Métiers

     Les musiciens sont prêts : on attend plus que le chef d'orchestre, Romain Dumas.

    La Bohème de Puccini à l'amphithéâtre des Arts et Métiers

    La Bohème de Puccini à l'amphithéâtre des Arts et Métiers

    Et voici Mimi (Shigeko Hata), une jolie brodeuse qui vient de rencontrer Rodolfo (Daniel Galvez-Vallejo), un poète qui vit dans une mansarde en compagnie de ses amis : Marcello est peintre, Schaunard est musicien, et Colline est philosophe.

    La Bohème de Puccini à l'amphithéâtre des Arts et Métiers

    L'un des airs les plus célèbres : Mi chiamano Mimi... (s'adressant à Rodolfo)

    On m'appelle Mimì,
    Mais mon vrai nom est Lucia.
    Mon histoire est brève.
    Sur de la toile, sur de la soie,
    Je brode chez moi ou dehors.
    Je suis tranquille et heureuse.
    Mon passe-temps,
    c'est faire des lys et des roses.
    Elles me plaisent, ces choses
    qui ont ce charme si doux,
    qui parlent d'amour, de printemps,
    de songes et de chimères :
    ces choses que l'on nomme poésie.
    Me comprenez-vous?

    Marcello (à droite) entretient une liaison avec la belle Musetta (Véronique Chevallier).

    La Bohème de Puccini à l'amphithéâtre des Arts et Métiers

    Hélas, la belle Mimi est atteinte de tuberculose et elle meurt à la fin de l'opéra...

    La Bohème de Puccini à l'amphithéâtre des Arts et Métiers

    Bon... les photos sont mauvaises mais c'est juste pour le souvenir d'un bel après-midi de novembre.


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  • Quelques images d'une belle randonnée d'automne dans la forêt de Meudon

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Oh les beaux coprins !

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Une petite grimpette...

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Des dolmens : oui... mais ils sont faux !

    D´après l´Office national des eaux et forêt, cette reconstitution date de 1895 et serait l´oeuvre des missionnaires d´un séminaire de Meudon. Lesquels, aussi mystiques que passionnés d´études préhistoriques, auraient choisi le site en raison du vieux chêne (actuellement tricentenaire), dédié à Notre-Dame des Aspirants.

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Ils auraient transplanté un véritable menhir émanant du bois de Vélizy et lui auraient adjoint une demi-douzaine de dolmens fabriqués maison, du plus petit au plus grand.

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Nous avons longé plusieurs étangs : celui-ci était particulièrement beau en cette saison.

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Le hangar Y (son nom vient du fait que sur certains plans il se trouvait au niveau de la lettre Y !)

    C'est le premier hangar à dirigeables au monde et un des seuls encore debout.

     

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    C'est d'ici que La France, le premier dirigeable, effectua son premier vol au dessus de la forêt de Meudon le 9 août 1884 sur 8 kilomètres en circuit fermé.

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Menhir de la Pierre de Chalais

    Le mégalithe est constitué d'un bloc de grès plat. Il mesure 2,10 m de hauteur pour une largeur variant de 0,70 m au sommet à 2,10 m à la base et une épaisseur d'environ 0,50 m. Il est très peu enterré dans le sol. D'autres blocs gisent au sol à proximité. Bien que le mégalithe soit souvent classé parmi les menhirs, il pourrait s'agir des vestiges d'un ancien dolmen. 

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Et ça regrimpe...

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Les étangs et la forêt de Meudon à l'automne

    Bien agréable cette balade...


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