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Aujourd'hui Anne-Marie nous a donné rendez-vous au métro Rambuteau, près de Beaubourg, pour une après-midi de promenade à travers les passages couverts peu connus des 2ème et 3ème arrondissements de la Capitale.
Nous commençons la balade par le jardin Anne Franck que je ne connaissais pas. A l'entrée, on y trouve un petit marronnier : c'est un rejet de celui qu'Anne Franck aimait à regarder par une lucarne depuis l'immeuble où elle et sa famille se cachaient. Ce marronnier d'Amsterdam, âgé de 160 à 180 ans, a malheureusement été cassé par une tempête en 2010 mais il revit ici depuis 2007...
Le jardin d'Anne Franck se tient à l'emplacement des anciens jardins de l'Hôtel Saint-Aignan, maintenant occupé par le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme.
Comme d'habitude, Anne-Marie a beaucoup aficionados femmes et... un aficionado (c'est un fait avéré que les hommes sont plus casaniers que ces dames !)
Le défenseur du temps : ainsi se nomme l'horloge à automates située dans le Quartier de l'Horloge près du Centre Pompidou. Elle mériterait un petit coup de plumeau (au minimum) car pour l'instant elle est couverte de fientes de pigeons et elle ne fonctionne plus depuis 2003.
Si vous voulez la voir fonctionner, cliquez ICI sur le site de Jacques Monestier, son créateur.
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Nous voici maintenant dans le vif du sujet avec le Passage Molière qui relie la rue Saint-Martin à la rue Quincampoix. Il a été ouvert vers 1791 et a pris ce nom du fait de sa proximité avec l'ancien théâtre Molière voisin. Précédemment il s'appelait "Passage des nourrices" en raison de l'existence d'un bureau de placement pour la profession.
Etant en travaux actuellement..., c'est une photo empruntée au net qui vous en donne une idée.
Dans le passage, la Maison de la Poésie a remplacé l'ancienne "entrée des artistes" du théâtre Molière. On y trouve aussi quelques restaurants et des petits commerces sympathiques comme cet artisane en chaussures qui travaille "en vitrine" !
Deux statues ornent l'angle des rues Saint-Denis et Etienne Marcel.
Je suppose que celle-ci représente Saint-Denis bien qu'il ne porte pas sa tête...
Celui-ci, portant les clefs de la ville, est assurément Etienne Marcel, le premier Prévost des marchands de Paris.
Anne-Marie a apporté de la documentation sur les enceintes de Paris : celle de Philippe Auguste, créée en 1200, est en bleu sur la photo tandis que l'enceinte de Charles V (construite plus d'un siècle plus tard) ne concerne que la rive droite de la Seine (à gauche sur la photo). Le plan est ici orienté Est-Ouest au lieu de la représentation classique Nord-Sud.
Cette carte date de 1572 : elle a été établie par Sébastian Münster.
A l'intersection de la rue Saint-Denis et de la rue de Turbigo, il y a une brèche entre deux immeubles : c'est l'impasse des peintres, tracée à l'extérieur de l'enceinte de Philippe Auguste créée en 1200. On est ici à la porte Saint-Denis, première du nom.
Une plaque sur l'immeuble en face le confirme.
Chemin faisant nous arrivons dans la rue du Bourg-l'Abbé où se trouvaient autrefois les Bains Guerbois, des thermes créés en 1885 pour une clientèle raffinée et fortunée (un mélange d'intellectuels et d'artistes).
Une plaque en bas de l'immeuble rappelle le passé de cet établissement devenu depuis cette année un Hôtel de luxe, doublé d'une boîte à la mode et d'un restaurant.
Anne-Marie s'arrête maintenant rue Saint-Martin devant l'une des "pelles Starck" comme on les appelle communément : ces panneaux indicateurs qui racontent l'histoire de Paris sont en fait en forme de rame pour rappeler la devise de la ville "Fluctuat nec mergitur".
Rassurez-vous, je viens de l'apprendre grâce à Wikipédia... Les balades d'Anne-Marie ont ça de bon qu'elles m'obligent à fouiller sur le net (impossible de tenir crayon et papier quand on a déjà en main un appareil photos...).
Celle-ci raconte l'invention des fiacres : tout est parti de Nicolas Sauvage, maître des coches d'Amiens qui en 1612 loua ici, rue Saint-Martin (ou rue Saint-Antoine : il y a un doute...) une grande maison à l'enseigne de Saint-Fiacre. Ce dernier avait en effet prédit à Anne d'Autriche qui désespérait d'avoir un héritier mâle, qu'elle aurait un fils (comment le fit-il à plusieurs siècles d'écart, l'histoire ne le dit pas...). La vénération du Saint était si grande que tous les cochers collèrent sur leur voiture l'effigie du bienheureux, comme garantie contre les accidents.
Depuis ce temps, les carrosses de louage s'appellent des fiacres.
A l'heure actuelle, pour se protéger des accidents c'est plutôt à Saint-Christophe qu'on se voue... et Saint-Fiacre, lui, est plus connu comme le Patron des jardiniers : c'est en tout cas ainsi que le présente l'iconographie.
A la veille de la Révolution, il y a en environ 800, répartis en 33 stations, plus 650 carrosses de remise. Les cochers ont une réputation détestable et la Préfecture de Police tente d'exercer sur eux un contrôle très strict: chaque voiture doit posséder son numéro, acheté fort cher à la Ville, son livret de maître et son permis de station et de circulation. A son apogée vers 1900, le fiacre connaît ensuite un déclin rapide, concurrencé par le véhicule à traction automobile, vite appelé "taxauto" puis "taxi", par abréviation de taximètre.
Nous voici au 223, rue Saint-Martin : ici, on peut entrer dans le Passage de l'Ancre.
C'est un havre de paix dont on ne peut absolument pas se douter de l'existence en passant devant la porte cochère. C'est là que Nicolas Sauvage remisa en 1637 dans l'Auberge du Grand Saint-Pierre les vingt premiers fiacres.
Annette était de la balade !
La campagne à Paris... Beaucoup de bureaux se cachent derrière ces façades arborées.
Une exception : l'enseigne de PEP'S qui est un magasin de réparation de parapluies, ombrelles et cannes. Son activité est unique en France : installé depuis les années 60 dans le "quartier du parapluie" du Sentier de Paris, le magasin a été au service des professionnels, puis maintenant de tous les particuliers amoureux de leurs parapluies.
Une belle enseigne en tout cas
Le Passage de l'Ancre ressort sur la rue de Turbigo.
A deux pas d'ici, dans le IIème arrondissement cette fois-ci, nous arrivons devant l'entrée du Passage Bourg-l'Abbé côté rue Palestro.
Les deux cariatides qui encadrent l’entrée, sculptées par Aimé Millet sont des allégories du Commerce (à gauche) et de l'Industrie (à droite).
Au centre, un médaillon représente une ruche, symbole de l'activité économique.
Le passage communique de l'autre côté avec la rue Saint-Denis.
Côté rue de Palestro, un joli baromètre
Traversant la rue Saint-Denis, nous nous dirigeons vers le Passage du Grand Cerf.
Il fait communiquer la rue Saint-Denis avec la rue Marie Stuart.
Ce n'est pas à cause de ce cerf qu'un café a pris pour enseigne que le passage est ainsi appelé mais parce qu'il a été construit à l'emplacement de la "Maison du roulage du Grand Cerf" qui était le terminus des Messageries Royales.
Il est réputé pour la hauteur de sa verrière (11,80 mètres), la plus haute de tous les passages couverts parisiens.
Les commerces du passage du Grand Cerf sont principalement ceux de designers et de créateurs (bijoux, artisanat, mobilier…). Autant dire que le flâneur peut se régaler !
Au débouché de la rue Marie Stuart, une pelle sur l'Histoire de Paris concernant ladite rue.
La rue Marie-Stuart était située en deçà de l'enceinte de Philippe Auguste : elle s'appelait à cette époque la "rue Tire-Vit" (vit étant synonyme de pénis en latin). C'est là, au bord de la ville, que Saint-Louis, par un édit de 1256, avait fait refouler les femmes de petite vertu.
On en tirera le nom de "bordel".
Un petit dessin sans équivoque au centre de la pelle rappelle ce passé.
Dans la seconde moitié du XIVème siècle, l'enceinte de Charles V intègre le quartier à la Ville ; la rue change peu de temps après de nom pour prendre celui moins vulgaire de "rue Tire-Boudin".
Peu après, la jeune épouse de François II, Marie Stuart, passant par là, en demanda le nom : comme il n’était pas honnête à prononcer, on en changea la dernière syllabe et ce changement a subsisté jusqu'en 1809 où le nom actuel fût donné à la rue par décision ministérielle.
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Nous voici maintenant dans l'impasse Saint-Denis.
Les enseignes de la rue sont sans équivoque : c'est bien ici que se trouve l'un des quartiers les plus "chauds" de la Capitale !
La rue Saint-Denis croise la rue Réaumur : on y trouve quelques belles façades post haussmanniennes, telle que celle de cet ancien magasin de nouveautés "Au Réaumur" inauguré en 1897. Le magasin a fermé dans les années 60. L'horloge en mosaïque était à l'origine éclairée...
Cet immeuble du 63 de la même rue fût construit vers 1900. Il est remarquable par son "porche" gothique pourvu d'une immense horloge.
Nous dirigeant toujours vers le nord, nous passons près d'une "pelle" qui rappelle l'histoire de la rue du Ponceau : un petit pont sur la rue Saint-Denis permettait de traverser le grand égout à ciel ouvert. En 1605, ce cloaque qui empuantissait les environs fut couvert aux frais du Prévost des marchands, François Miron, entre les rues Saint-Martin et Saint-Denis. Ceci permit de créer la rue de l'Egout-du-Ponceau, devenue rue du Ponceau.
A l'intersection entre la rue du Ponceau et la rue Saint-Denis se tenait autrefois une fontaine qui a été déplacée au 142 rue Saint-Denis. Mais oh... surprise : ici la fontaine a également disparu !
Le Passage du Caire fut édifié en 1798 après la campagne d'Egypte de Napoléon Ier. Les galeries sont au nombre de trois : la galerie Saint-Denis, la galerie Sainte-Foy et la galerie du Caire. Avec ses 370 mètres de longueur, le passage du Caire est le plus long de Paris. En revanche, avec ses galeries de 2,70 mètres de largeur moyenne, il est aussi un des plus étroits.
Mon amie Marie-France fait elle aussi partie des accros des visites guidées d'Anne-Marie.
La principale industrie de ce passage au XIXème siècle était l'imprimerie, la lithographie et la fabrication des chapeaux de paille. Actuellement, c'est principalement la fabrication de mannequins pour vitrines de magasins de mode.
C'est un passage sans aucun décor qui n'a rien à voir avec celui du Grand Cerf où il fait bon flâner...
Entrés par la rue Saint-Denis, nous en ressortons par la Place du Caire qui mérite vraiment d'être connue. Pour moi, c'est une découverte : eh oui, Paris me réserve encore bien des surprises...
La Place triangulaire se situe à l'emplacement de l'ancienne Cour des miracles ainsi appelée parce que le soir les mendiants (handicapés le jour) retrouvaient la santé comme par miracle... Elle fut, pendant le XIXème siècle, le domaine des cardeuses de matelas.
Après le percement du passage dès 1798 sur l'emplacement du Couvent des Filles-Dieu, l'immeuble de cinq étages qui en constitue l'entrée sur la place du même nom fut décoré dans un style "retour d'Égypte" en 1828 par l'architecte Berthier. Les sculptures sont de Joseph Garraud. Un café égyptien s'établit au rez-de-chaussée en 1805 tandis que l'actuel café a pour nom "Le Champollion"...
La façade comporte trois effigies de la déesse Hathor, reconnaissable à ses oreilles de vache. Sur les étages supérieurs, on quitte l’Egypte antique pour le Moyen-Age dans un style néogothique pour l’ornementation des fenêtres.
La frise pseudo-égyptienne illustre des scènes de bataille.
Tout en haut, une caricature du peintre Henri Bougenier. C'était un élève qui travaillait dans l’atelier du peintre Antoine-Jean Gros au début du XIXe siècle et dont le nez était la cible de ses camarades. Un jour il en eut assez, et se fâcha. Pour le punir, ses condisciples crayonnèrent son nez sur tous les murs de Paris !
On parle du "nez de Bouginier"
Empruntant la rue d'Aboukir puis la rue d'Alexandrie (l'Egypte a envahi le quartier...), nous revenons sur la rue Saint-Denis où une sculpture rappelle qu'ici, au coin de la rue de Tracy, est né l'historien Jules Michelet dans un immeuble ayant remplacé en 1775 la Maison des Filles-Saint-Chaumond.
Je n'arrive pas à me souvenir comment nous sommes rentrés dans cette cour d'immeuble traversante... mais avouez que cela aurait été dommage de la manquer.
Le Passage Lemoine débouche dans le Boulevard de Sébastopol. C'est une succession de couloirs étroits qui s'élargissent par endroits pour former des courettes.
Notre promenade s'achève à la Porte Saint-Denis...
Le sentier est bien présent ici avec l'agitation des camions de livraison et ses livreurs conduisant des diables.
L'Arc de triomphe a été construit en 1672 par l'architecte François Blondel et le sculpteur Michel Anguier à la gloire de Louis XIV (celui-ci vient de remporter des victoires en Hollande et sur le Rhin). Il est situé à l'emplacement d'une porte médiévale de l'ancienne enceinte de Charles V.
C’était par cette porte que les rois mais aussi des personnages importants se présentaient devant Paris pour faire une entrée somptueuse.
La face Sud qui fait face à la rue Saint-Denis représente le passage du Rhin mettant en déroute les troupes ennemies. Observez à gauche l'originalité de la tête de l'homme mort qui sort du cadre du bas-relief.
Nous sommes arrivés au métro Strasbourg Saint-Denis : fin de la promenade...
Merci Anne-Marie pour cette belle balade.
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Ce samedi on annonçait une météo morose... Ayant prévu cette sortie de longue date, nous prenons néanmoins courageusement le train (les attentats du 13 novembre sont encore dans toutes les mémoires...) à la gare du Nord jusqu'à Creil. De là, pour se rendre à Senlis, but de notre voyage, il faut prendre un car dont il n'est pas facile de trouver l'arrêt...
La gare de Senlis au style tout à fait particulier a été construite en 1922 par l'architecte de la Compagnie des Chemins de fer du Nord Gustave Umbdenstock pour remplacer celle incendiée par les troupes allemandes en septembre 1914.
Maintenant désaffectée, elle sert de "Maison de l'emploi" et de gare routière.
Munis d'un petit plan fourni par l'Office du Tourisme, nous commençons la visite par le parc de l'ancien Château Royal datant des Mérovingiens.
A droite, l'ancien donjon
D'ici, on y a une jolie vue sur la Cathédrale, Notre Dame de Senlis.
Le corps de logis principal est adossé à la muraille gallo-romaine.
L élection d Hugues Capet au trône de France en 987 s'est probablement déroulée en ces lieux. Jusqu'à Henri IV, les rois de France ont séjourné régulièrement à Senlis.
Une Diane au cerf en bronze, copie du XIXème siècle de la statue de Jean Goujon conservée au Louvre, orne le mur.
Voici l'ancien logis du Prieur datant du XVIIIème siècle : il est aujourd'hui occupé par le Musée de la Vénerie.
Imposant cet arbre...
Le tronc porte des cicatrices qui le font ressembler à une figure humaine !
Si vous ne le saviez pas : il ne fait pas bon porter des talons aiguilles à Senlis !
Toutes les rues ou presque sont pavées...
Amusante, la gouttière !
La fausse porte : poterne dans l'enceinte gallo-romaine, actuellement rue de la Treille. Notez le caniveau central et les bornes "chasse-roues" caractéristiques du Moyen-Age.
L'Hôtel d'Hérivaux, rue de la Chancellerie : sa façade Renaissance remaniée au XVIIIème siècle se caractérise par un pilastre central rehaussé de chapiteaux doriques au RdC, ioniques au premier étage et corinthiens au second. Deux tours d’angles ouvertes au sommet par une fenêtre symétrique encadrent cette façade, accentuant ainsi l’impression de hauteur.
L'Hôtel Seguin est situé dans la rue de Treille : lors de ses fréquents passages à Senlis, Henri IV y a séjourné. C'est un édifice à colombages de bois et à hourdis de tuiles. Une vigne court au long de ses murs, clin d'oeil au passé viticole de Senlis.
La clef de la ville... ?
Je vous avais dit qu'il y avait des pavés...
Cette maison porte l'enseigne d'un tonnelier et pour cause : nous sommes ici dans la rue de la tonnellerie.
Joli heurtoir
Au passage, un petit coup d'oeil à la façade de la Cathédrale
La Chapelle royale Saint-Frambourg, a été érigée vers l'an 993 par la Reine Adelaïde.
Elle a donné son nom à cette place de la ville.
Hélas, elle était fermée et nous n'avons donc pas pu y voir les vitraux de Joan Miro qui en ornent le choeur... La Fondation Gyorgy Cziffra qui y était installée depuis 40 ans a dû se trouver un autre lieu d'hébergement...
Grâce à mon ami internet, on peut quand même avoir un aperçu des fameux vitraux.
Voici le Passage Vernet qui mène à la Place de la Halle, un quartier commerçant de la ville.
Un reste de la muraille gallo-romaine est inclus dans le mur.
Le mur de l'Hôtel de Rasse de Saint-Simon date de 1522: il est est joliment décoré de pilastres, de médaillons et de consoles renversées dans le style de la Renaissance.
Nous arrivons dans le quartier Saint-Vincent : on trouve à l'angle de la rue Bellon et de la rue Saint-Yves A l'Argent, une statue de la Vierge qu'on dit gothique.
Ne trouvez-vous pas curieux ce nom de rue Saint-Yves A l'Argent... ?
J'ai beaucoup cherché sur le net avant d'en trouver enfin l'explication grâce au Journal de l'Association Senlis-Est quartier Saint-Vincent, le Turlupin, et... un plan de la ville !
Pour faire bref, une Dame "Sainctisme A l’Argent" aurait habité au bout de la rue, vers la Porte Bellon (croix 1). Le nom de famille "Alargent" existait dans les communes voisines de Senlis au XIX° Siècle.
Par ailleurs, devant l'église Saint-Vincent il y avait comme devant toutes les églises une croix de pélerinage : celle-ci était la Croix d'Yves (croix 2).
La rue était donc celle qui menait de « la Croix Saint Yves » à celle de « la Dame A l’Argent »... Suffisait d'y penser !
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Tout près de là, un monument sculpté par Paul Landowski, démonté et transporté depuis Casablanca jusqu'à Senlis par la Marine nationale en 1965. C'est le monument dit "de la Victoire ou à l'amitié franco-marocaine" : il représente un Spahi marocain à cheval serrant la main d’un cavalier français qui lui fait face.
Un monument aux morts honorant la mémoire des Spahis au cœur du département de l’Oise, voila qui est étrange... En fait, la ville et cette cavalerie indigène de l’Armée de Terre française ont entretenu des rapports privilégiés.
Les régiments de Spahis apparaissent sous la Monarchie de Juillet et combattent aux côtés des troupes françaises pendant les deux guerres mondiales.
Le 7e Régiment de Spahis marocains a longtemps stationné à Senlis (de 1927 à 1964) et, en 1961, quand se pose la question du lieu de destination du monument aux morts de Casablanca (suite à l’indépendance du Maroc), celui-ci est réinstallé à Senlis sur la place située en face de l’ancienne caserne des Spahis.
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Nous longeons ensuite le Rempart de l'Escalade,
et jetons un coup d'oeil sur le Rempart Saint-Vincent ainsi nommé du fait de la présence toute proche de l'Abbaye royale Saint-Vincent.
Il suffit de descendre ce petit escalier pour rejoindre la rue de Meaux.
L'Abbaye royale Saint-Vincent date date du XIIème siècle mais elle a été remaniée au XVIIème siècle. C'est aujourd'hui un lycée privé.
Portail du Couvent de la Présentation, rue de la Tournelle Saint-Vincent
Promenade sur le Rempart Saint-Vincent : vue sur la rivière Nonette
Jolis toits...
L'Hôtel de l'Ange date du XVIème siècle : il est situé rue Vieille de Paris. On y aperçoit des fenêtres à meneaux joliment décorées d'animaux ailés et... d'un ange !
La sous-préfecture de Senlis était autrefois logée dans cet Hôtel particulier (l'Hôtel Flamant) qui a été construit au XVème siècle. Un petit nettoyage ne serait pas superflu mais il y a tant de patrimoine à entretenir dans Senlis qu'on comprend qu'il faille que les finances suivent...
Ce mur orné d'une jolie porte Renaissance cache-t-il encore un ancien couvent... ?
Une Vierge protège l'Hôtel du Haubergier...
tandis qu'en haut de la gouttière, une gargouille semble surveiller l'ennemi !
Ah ! Nous revoilà dans la civilisation... Ça tombe bien, on a faim et Jacqueline a réservé une table dans ce restaurant dont nous sortirons ravis bien que sous la pluie...
Une très jolie maison sur la Place de la Cathédrale que nous avons rejointe.
Un petit passage par le Musée d'Art et d'Archéologie, juste pour s'abriter de la pluie...
On y trouve une jolie maquette de la ville.
Vue de la Cathédrale gothique depuis le Musée
La flèche de pierre
Le portail central, à l'ouest, est en réfection malheureusement (pour le photographe)... il s'agit du Portail de la Vierge représentant son couronnement.
Les Saints de chaque côté du portail se tiennent debout, posés sur de petits personnages et en dessous on trouve le seul calendrier sculpté de l’Oise où chaque mois est symbolisé par son activité principale.
Le tympan est consacré au Couronnement de la Vierge par son fils (première représentation connue de ce thème). Quant au linteau, la moitié gauche représente la dormaition de la Vierge. Elle est hélas, fort abîmée. On peut voir le corps de la Vierge, parfumé par des encensoirs. Plus haut, dans le ciel, deux anges tiennent une petite forme humaine entourée de bandelettes. On pense qu'il s'agit d'une représentation de l'âme de la mère de Dieu. La moitié droite est bien mieux conservée et représente la résurrection de Marie. Un ange prend la Vierge par les épaules, tandis qu'un autre la saisit par les pieds. Une série d'autres anges assistent à la scène.
Si vous voulez voir tous ces détails..., il vous faudra aller à Senlis !
Abraham tenant en son sein des âmes en vue du Jugement dernier (détail de la voussure du porche)
L'intérieur de la Cathédrale
Dans le choeur, au balcon de la tribune se tient une Vierge à l'enfant du XVIIIème siècle.
Elle est entourée de deux anges aux ailes déployées, également de Jean-Guillaume Moitte.
C'est tout pour cette première visite !
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Chic, aujourd'hui jeudi c'est jour de randonnée !
Ce matin nous prenons la direction de la gare de l'Est pour aller jusqu'à La Ferté sous Jouarre.
Après avoir longé la Marne,
et marché un peu en forêt,
nous arrivons à Jouarre pour découvrir son Abbaye Notre Dame et sa crypte mérovingienne.
Ici, l'église paroissiale Saint-Pierre - Saint-Paul
La crypte Saint-Paul du VIIème siècle, unique en Europe, est abritée en contrebas de cette chapelle.
On voit bien ici le soubassement de la chapelle où elle se trouve.
A l'entrée du porche d'accès,
une statue de Saint Marc, artisanat des moniales de l'Abbaye Notre Dame.
On entre dans les deux cryptes (Saint-Paul et Saint-Ebrégisile) par un escalier de quelques marches qui descend : (1 sur le plan)
et là..., c'est l'émerveillement !
La crypte Saint-Paul repose sur deux rangées de trois colonnes de marbre antique de remploi (provenant de villas gallo-romaines datées du IVème au VIème siècles) surmontées de magnifiques chapiteaux en marbre des Pyrénées.
Les chapiteaux des colonnes sont tous différents : ils sont de style corinthien.
Ce chapiteau représentant une corbeille à anses est vraiment très original.
mieux éclairé...
Le mur ouest de la crypte est dit "réticulé" car les pierres forment un dessin de filet. On trouve le même genre de décoration dans certaines églises de la basse vallée de la Loire ainsi que sur la porte d'entrée (Torhalle) de l'Abbaye de Lorsch en Allemagne.
Les joints au mortier romain témoignent des préoccupations liées à l'humidité de la crypte.
Notre guide (de l'Office du Tourisme de la ville) nous explique l'histoire de la crypte.
Authaire, haut dignitaire de la cour de Clotaire II avait trois fils : Adon, Dadon et Radon. Vers l'an 610, Saint Colomban, moine irlandais venu de l'Abbaye de Bangor pour évangéliser la Gaule, fut reçu chez Authaire. Pendant son séjour, il convertit toute la famille au Christianisme.
Voici un vitrail du XIXème siècle de l'église d'Ussy sur Marne, voisine de La Ferté sous Jouarre, représentant la scène.
Adon, Dadon et Radon, très fortement marqués par leur rencontre avec Saint Colomban, fondèrent chacun une abbaye : Adon fonda un monastère double de moines et de moniales à Jouarre, Dadon celui de Rebais (il devint ensuite évêque de Saint-Ouen à Rouen) et Radon celui de Reuil-en-Brie.
Le monastère de Jouarre a été fondé par Adon en 630. Celui-ci s'efface ensuite pour en confier la responsabilité à Sainte Théodéchilde, première Abbesse. Sainte Aguilberte, sa cousine, lui succède et c'est enfin Sainte Balde, leur tante, qui dirige le monastère.
Saint-Agilbert, frère de Théodéchilde et évêque de Paris, fait édifier la crypte quelques années après la fondation de l'Abbaye.
La crypte Saint-Paul renferme les tombeaux des fondateurs de l'Abbaye de Jouarre.
Sur le côté latéral du tombeau de Saint-Agilbert, une scène représente le Christ en majesté (au centre), acclamé par des fidèles levant les bras au ciel : c'était la manière de prier au Moyen-Orient à cette époque où il ne faisait pas bon être chrétien.
On devine au centre l'aile de l'Ange situé au-dessus du Christ, balançant un encensoir.
Dans la crypte un tombeau beaucoup plus récent (du XIIIème siècle) : c'est celui de Sainte-Osanne, princesse d'Ecosse. Le chien à ses pieds symbolise sa foi fidèle en Dieu.
Le gisant de Sainte-Osanne est fait en pierre de liais et rappelle la statuaire de Saint-Denis.
Le tombeau de Sainte-Théodéchilde fut élevé au milieu du VIIIème siècle.
Une inscription latine rappelle comme elle fut une noble abbesse qui sut conduire les moniales vers le Seigneur, comme les vierges sages avec leurs lampes garnies d’huile.
La parabole des dix vierges : Évangile selon Matthieu, chapitre 25, versets 1 à 13
Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de l'époux. Cinq d'entre elles étaient folles, et cinq sages. Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point d'huile avec elles ; mais les sages prirent, avec leurs lampes, de l'huile dans des vases. Comme l'époux tardait, toutes s'assoupirent et s'endormirent. Au milieu de la nuit, on cria : Voici l'époux, allez à sa rencontre ! Alors toutes ces vierges se réveillèrent, et préparèrent leurs lampes. Les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. Les sages répondirent : Non ; il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous ; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous. Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous. Mais il répondit : Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas. Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l'heure.
Une frise de coquilles représente des coquilles tournées vers le haut et des coquilles tournées vers le bas : les coquilles vers le haut sont les vierges prudentes allant vers la lumière, les autres symbolisent les vierges folles allant vers l’obscurité.
La deuxième crypte est celle de Saint-Ebrégisile, évêque de Meaux et frère de Sainte-Aguilberte.
Elle est plus abîmée que la crypte Saint-Paul car les chapiteaux des colonnes sont en calcaire et plus tardifs. Ils sont aussi beaucoup moins ouvragés.
Au sortir des cryptes, nous allons voir l'extraordinaire "tête" du tombeau de Saint-Agilbert : on y accède par un petit couloir bien abrité des intempéries. Le tombeau se trouve de plus protégé par une paroi en verre qui le maintient à l'abri de l'humidité.
Incroyable mais vrai !
Ceci est un Christ en majesté tétramorphe datant du VIIème siècle : un véritable bijou de l'art mérovingien.
On y retrouve les quatre symboles des évangélistes : l'ange de Saint-Matthieu, l'aigle de Saint-Jean, le taureau de Saint-Luc et le lion de Saint-Marc.
Une rapide visite de l'église paroissiale Saint-Pierre - Saint-Paul qui date du XVIème siècle.
Elle contient une belle mise au tombeau du XVIème siècle en pierre calcaire polychrome attribué à Michel Colombe, sculpteur de Tours. La Vierge est représentée ici en religieuse.
Seul le visage du Christ serait du Maître, le reste étant sculpté par l'un de ses élèves.
et une pieta du XVème siècle (le Christ et sa mère sont entourés de Jean et de Marie-Madeleine)
Une "Pierre des sonneurs" découverte dans l'ancien cimetière. La dalle funéraire représente les marguilliers (sonneurs de cloche) de l'abbatiale sous le clocher. Il s'agit ici d'une des plus anciennes vues de la Tour Romane avec sa toiture à quatre pans et ses pinacles d'angle à crochets couronnant les contreforts (XIVème siècle).
Il est tout juste midi et demie quand nous entrons dans la chapelle de l'église abbatiale pour y entendre les moniales (ce sont des Bénédictines) chanter l'office de Sexte.
L'église est contiguë à la Tour romane datant du XIème siècle.
J'ai adoré cette petite randonnée
et apprécie vraiment que Jacqueline y adjoigne presque à chaque fois une visite culturelle.
Ne dit-on pas : Mens sana in corpore sano... ?
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Cette randonnée avec Jacqueline nous a conduit ce 5 novembre en Seine et Marne jusqu'au Parc Culturel de Rentilly par le RER depuis Châtelet jusqu'à Bussy Saint Georges.
Venant tout juste de sortir de la gare et tandis que le groupe chemine tranquillement sur les trottoirs de la ville, Nicole fait une mauvaise chute, se prenant les pieds dans une dalle fort mal encastrée... Nous avons dû la laisser aux bons soins des pompiers et de son amie.
Mauvais début...
C'est donc avec deux recrues de moins que nous effectuons néanmoins la balade.
L'étang de la Broce
C’est un lieu de pêche où l’on peut trouver des goujons, des gardons, des brèmes et des carpes.
Pour notre part, nous ne voyons que les cygnes.
L'étang de la Loy donne gîte et couvert à une étonnante faune d’oiseaux des milieux humides. Hélas pas le temps de poser pour guetter et voir hérons cendrés, grèbes huppés et autres foulques prendre leur envol...
Un peu de fantaisie ne fait de mal à personne, non ?
Devant les grilles du Château de Rentilly
Jacqueline nous explique le parcours que nous allons faire dans le parc.
Partant du Pavillon des gardes, nous rejoindrons le château en empruntant les allées du parc à l'anglaise puis irons pique-niquer à l'abri près des Communs.
S'agit-il ici de l'arbre aux quarante écus... ?
Un séquoia géant
au tronc imposant
et dont les branches tombent jusque par terre...
Au milieu du parc, un château appartenant à la famille Menier, vous savez : les chocolats...
Le château a récemment été réhabilité par le frac (Fonds Régional d’Art Contemporain d’Île-de-France) et c'est donc sous cet aspect que nous le découvrons.
Près du Château, l'Orangerie et les Communs
Bien accueillant ce kiosque pour pique-niquer !
Après nous être restaurées (pas de messieurs aujourd'hui dans le groupe...), une visite de la salle des trophées et des bains turcs par une petite guide très expérimentée.
C'est en 1890 que la famille Menier, alors propriétaire du domaine, fait aménager les bains turcs. Dans la salle des trophées qui les jouxtent et qui ont bénéficié du savoir-faire des ateliers Eiffel pour la charpente métallique, la chaudière révélée lors de la réhabilitation de cette salle, rend compte du système de chauffage de ces bains turcs.
On voit ici le four et le ballon d'eau chaude alimentant les bains turcs. Il y avait ensuite un système de canalisations qui conduisait la vapeur d'eau jusqu'à la salle voisine.
Le bassin a été recouvert d'une dalle de verre depuis qu'il n'est plus utilisé.
Si je me souviens bien, à l'étage c'étaient les vestiaires.
Quelle belle saison que l'automne !
Un érable du Japon si je ne me trompe.
Le groupe s'attarde devant un Platane commun (pas si commun que ça, je trouve...).
On se sent parfois tout petit devant la nature..., n'est-ce pas Francine ?
Francine fait rire son monde apparemment ! (j'ai oublié à propos de quoi)
Un petit tour de pièce d'eau...
Sympa les jachères !
Une oeuvre d'art, ça ? Pouah !
Un dernier regard sur le Château
Merci Jacqueline pour cette jolie balade.
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Une sortie au Théâtre 13 ce soir pour aller applaudir (avec enthousiasme) les acteurs de la "Compagnie des Moutons Noirs" dans une pièce de Victor Hugo qu'ils ont revisitée pour la rendre plus accessible à tous :
Ruy Blas
et c'est une réussite !
L'argument
Don Salluste de Bazan, ministre du Roi d'Espagne exilé à la demande de la Reine (pour avoir fait un enfant à l'une de ses suivantes...) imagine un plan machiavélique pour se venger de celle-ci : il charge son valet, Ruy Blas (secrètement amoureux de la Reine) de se faire passer pour son neveu César qui rentre des Amériques. Ce dernier ne tarde pas à devenir le favori de la Reine et du Roi par conséquent...
Intrigues, pouvoir, vengeance, amour impossible : tous les éléments du drame romantique sont présents.
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Comment ne pas penser à l'excellente version de la pièce imaginée 40 ans plus tôt par Gérard Oury "La folie des grandeurs" ... ? La compagnie des moutons noirs a d'ailleurs intitulé la pièce "Ruy Blas ou la Folie des Moutons Noirs"...
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J'ai adoré le jeu des acteurs (5 comédiens et 3 musiciens-chanteurs) et leur implication dans la mise en scène absolument désopilante d'Axel Drhey.
Don Salluste est admirablement joué par Mathieu Alexandre. Celui-ci déborde d'énergie. Il est même allé jusqu'à escalader comme un diable les bancs du théâtre pour arriver jusqu'à... MOI ! en me disant "c'est vous que je viens voir !"
J'ai été si surprise que je n'ai pas eu la répartie de répondre que j'en étais ravie !
Le voici au début de la pièce avant sa déchéance, muni de la fameuse distinction de la toison d'or, ordre de chevalerie le plus élevé d'Espagne.
Ruy Blas alias César, c'est Julien Jacob, ici avec Roland Bruit qui joue le rôle du Roi (et du muet) avec beaucoup de cocasserie.
Il s'agit ici de la scène de la collecte des impôts revue et corrigée par Ruy Blas où celui-ci explique au Roi comment avoir des chaussures qui reluisent...
La Reine dans sa robe à crinoline enfilée sur un justaucorps (ce qui permet les changements de rôle rapides) : les acteurs ne sont que 5 pour faire tous les rôles...
C'est Paola Secret qui tient le rôle,ici avec Julien Jacob.
Bertrand Saunier, lui, est Don César.
Ici, au centre
Au bagne, aux Indes...
Quant aux ministres du Roi, ils sont habilement joués par les acteurs à l'aide de masques.
Une petite vidéo en prime
Je pense que la troupe a dû beaucoup s'amuser à répéter la pièce...
En tout cas, moi j'ai été ravie par cette soirée théâtre.
A l'issue du spectacle, un spectateur (ou un comparse peut-être ?) a bêlé au lieu d'applaudir. Mathieu Alexandre en a profité pour demander à la salle de faire de même afin qu'une photo soit prise (sans doute pour leur Press Book) !
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