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Au programme du concert de fin d'année de notre chorale , un répertoire qui se partage entre l'Amérique latine et les chansons sur Paris.
Gabriel Vallejo, mon pianiste argentin préféré (!), était là bien sûr pour nous accompagner au piano et il avait invité son ami Julian Macedo à jouer des percussions.
Pour l'Amérique latine, je me suis bien amusée... en présentant "Besame mucho".
Voici justement l'enregistrement que Philippe avait fait de cette chanson à la Maison du Japon.
Nous avons aussi interprété le Kyrie et le Gloria de la Misa Criolla d' Ariel Ramirez.
Le Gloria : c'est tonique !
Pour le côté chansons sur Paris, un petit clin d'oeil à Joséphine Baker avec
"J'ai deux amours"
magnifiquement interprété par notre amie Laurence Groult, soprano professionnelle.
Nous avons conclu cette soirée dans la bonne humeur sur l'air de
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux"
Les applaudissements, c'est encourageant mais le photographe de service ne les a pas enregistrés...
Du coup, je ne remercie pas le photographe de service !
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A l'Orangerie du Sénat il y a en ce moment une exposition de photos très intéressante sur la première guerre. Elle s'intitule "14-18 Jours de Guerre".
A l'origine, un fonds exceptionnel : celui du Journal "l'Excelsior", l'un des premiers journaux à favoriser l'illustration photographique dans le traitement de l'information. Sa numérisation récente par "La Parisienne de Photographie" a permis sa redécouverte : 120 photographies très grand format pour la plupart inédites depuis leur publication initiale. En haut de l'Orangerie sont également exposées 15 affiches grand format de la "Une" du Journal pendant cette période troublée.
L'exposition est très bien faite car elle est chronologique, partant de l'attentat de Sarajevo en juin 1914 jusqu'au transfert des cendres du Soldat Inconnu sous l'Arc de Triomple en janvier 1921.
Voici un choix de 25 photos légendées
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"François-Ferdinand, Archiduc héritier, et sa femme assassinés hier à Sarajevo"
La France décrète la mobilisation générale le 1er août 1914 : la foule porte un officier en triomphe à la gare de l'Est.
Curieusement, les visages expriment la joie, celle d'une victoire rapide sans doute...
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8ème journée de mobilisation à Paris : départ du 1er régiment du génie pour le front.
Sur les Champs Élysées le 9 août 1914.
13ème journée de mobilisation, le 14 août 1914
"Passage d'un train de tirailleurs partant pour le front en gare de Champigny : on rafaraîchit nos braves tirailleurs".
Entre 1914 et 1918, ce sont environ 200.000 « Sénégalais » de l'AOF qui se battent dans les rangs français, dont plus de 135.000 en Europe. Environ 15 % d'entre deux, soit 30 000 soldats, y ont trouvé la mort (sur un total de 1 397 800 soldats français morts durant le conflit soit plus de 2% des pertes totales de l'armée française) et nombreux sont revenus blessés ou invalides.
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Dans l'Aisne, une tranchée de première ligne : photo parue dans l'Excelsior le 20 décembre 1914.
Le 7 février 1915 restera dans les annales françaises "la Journée du 75"
"Les midinettes pensent à nos blessés"
"En effet, sur l'initiative du Touring Club de France et sous le haut patronage du Président de la République, de petits drapeaux ou de petites médailles représentant un canon de 75mm étaient vendus au profit des soldats".
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Devant les trophées allemands, aux Invalides le 28 février 1915
"Trois fois par semaine les parisiens sont admis aux Invalides où sont exposés les trophées, canons et "taubes" (avions militaires) enlevés aux allemands".
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Début décembre 1915 : M. Maurice Barrès à l'école des mutilés du quai de la Rapée.
Il y a eu plus de 4 millions de blessés militaires en France pendant cette guerre...
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"Pour nos poilus, s'il vous plait !"
La Journée du Poilu à Paris : 25 décembre 1915
Connaissez-vous la vraie origine du mot "poilu" ? : Albert Dauzat dans son livre "l'argot de la guerre" dit que "Avant d'être le soldat de la Marne, le « poilu » est le grognard d'Austerlitz, ce n’est pas l’homme à la barbe inculte, qui n’a pas le temps de se raser, ce serait trop pittoresque, c’est beaucoup mieux : c’est l’homme qui a du poil au bon endroit, pas dans la main !" C’est le symbole de la virilité, du courage...
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"Une heure sera escamotée cette nuit"
Le poilu permissionnaire : "Zut ! J'ai une heure de moins de permission".
Mise en place, dans la nuit du 14 au 15 juin 1915, de l'heure d'été en France : ça nous donne du fil à retordre depuis tout ce temps !
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L'évolution des jeux d'enfants :"Le masque aux dents blanches". Scène de rue à Paris
La fonte des neiges le 8 mars 1917
Chute d'un avion rue d'Alésia : 5 avril 1917
"Les grèves à Paris à propos de la semaine anglaise fin mai 1917 : après les couturières et les modistes, beaucoup de corsetières et de fourreuses ont cessé de travailler".
"Les grévistes de l'aiguille au Palais Bourbon : les grilles ont été fermées. Portée par ses camarades, une gréviste expose à des députés les revendications des petites ouvrières".
Elles ont l'air de bien s'amuser en tout cas ! Peut-être était-ce nécessaire...
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8 juin 1917 : la foule devant la carte du front offerte au Parisiens par l'Excelsior
"Les nouveaux métiers des femmes depuis la guerre : factrice du service des Postes".
Photographie parue dans L'Excelsior du 24 juin 1917
Automobiliste : juin 1917
Soldats australiens : juillet 1917
En 1917, la guerre est en effet devenue mondiale...
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La revue du 14 juillet 1917 à Paris, place de la Bastille : "une apothéose".
"Cent vingt-huit ans après la prise de la Bastille, les soldats de la République défilent devant la colonne de Juillet".
"Enleveur d'écorce à Paris, fin juillet 1917" (Photo parue dans l'Excelsior le 2 août 1917)
"Les platanes perdent leur écorce. C'est la saison, paraît-il. Or l'écorce de platane a des propriétés combustibles, comme vous ne l'ignorez certainement pas. Alors beaucoup de parisiens se sont dit qu'il serait vraiment scandaleux de laisser perdre du combustible en un temps où les ministres nous assurent qu'ils ne pourront guère nous donner que six kilos de charbon pour cinq personnes".
C'est à voir pour le croire, non ?
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16 octobre 1917
Expérimentation de nouveaux systèmes d'avertissement en cas d'alerte aérienne
Protection des monuments parisiens contre les raids aériens : la Porte Saint-Denis
Après un nouveau raid de "Gothas" sur Paris : début juin 1918
Les "Gothas" étaient des bombardiers biplans allemands.
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Paris fête la signature de l'armistice, le 11 novembre 1918
Soldats alliés portés en triomphe.
28 janvier 1921
Transfert des cendres du Soldat Inconnu sous l'Arc de Triomphe, Place de l'Etoile
J'ai trouvé ces photos sur le site de "la Parisienne de Photographie" mais si vous allez voir l'exposition vous en verrez bien d'autres toutes aussi fortes : l'exposition dure jusqu'au 22 juin 2014
Ça en vaut la peine !
J'allais oublier de vous donner le nom du photographe : il s'agit de Charles Lansiaux (1855-1939), photographe professionnel de la ville de Paris. La série de plus de 1000 photographies réalisées dès les débuts de la guerre de 1914 est destinée non pas à la presse mais à faire œuvre de mémoire.
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Si vous avez manqué l'épisode précédent, cliquez ICI pour voir les bateaux à quai dans le port de Rouen.
Deux jours après, ce dimanche matin, nous nous sommes levés à l'aube pour être "sur le pont", fin prêts pour la Grande Parade des bateaux. C'est à Grand-Couronne, près de feues les raffineries de pétrole de la Shell, que nous nous sommes rendus. Inutile en effet de penser à aller plus en aval de la Seine : celle-ci sera tellement envahie par la foule qu'il faudra des heures pour rejoindre Rouen après le défilé...)
Les visiteurs ont déjà pris possession des berges du fleuve.
Et c'est l'arrivée du premier voilier, le Tenacious qui vogue sous pavillon britannique.
Le Tenacious est l'un des plus grands voiliers en bois naviguant. Il est commandé par une femme. Il a été entièrement conçu pour acueillir des passagers handicapés, mal ou non voyants ou encore en fauteuil roulant.
Une photo du Tenacious en pleine mer
C'est vrai qu'avec les voiles, c'est encore plus beau mais les bateaux n'ont parait-il pas le droit de les déployer entièrement lors de la parade. Va savoir pourquoi ?
Le Götheborg est un navire à voile de 3 mats mesurant 74 mètres. Il est une réplique à l’échelle réelle d’un vaisseau marchand éponyme du 18ème siècle. Ce navire a été construit entre 1995 et 2003. L'original a coulé dans le port de Göteborg en 1745 en revenant de chine d'où il rapportait de la porcelaine. Il embarque des produits issus du transport équitable pour la société TOWT (TransOceanic Wind Transport) créée en 2009.
Et voici le Loth Loriën, un trois mâts également mais de nationalité hollandaise. Construit en 1907, ce voilier appelé autrefois Njord était utilisé pour la pêche aux harengs jusqu'en 1944. Il a ensuite été abandonné mais en 1989 un Hollandais le rachète, le restaure lui-même et décide de l'appeler Loth Loriën. Aujourd'hui c'est un bateau de croisière luxieux qui peut accueillir 34 passagers.
Le spectacle, c'est de l'autre côté messieurs !
Surtout que c'est le Dar Mlodziezy qui passe justement...
Mais le clou du défilé, c'est inmanquablement au Mexique qu'on le doit avec son trois mâts Cuauhtémoc dans lequel les marins ont pris position depuis le départ de Rouen, perchés sur les vergues. Les Rouennais et les autres touristes le savent bien puisque c'est une tradition pour ces marins habitués à l'Armada.
Ouaaahhh !
Construit à Bilbao en 1982, il est propriété de la marine mexicaine qui l'utilise comme navire-école. Il est un symbole au Mexique car il illustre l'esprit de combativité et d'indépendance, par référence au dernier empereur aztèque Cuauhtémoc dont le nom signifie "l'aigle qui fond sur sa proie".
Ce dernier figure d'ailleurs sur la proue du bateau.
Son port d'attache a un nom qui fait rêver : Acapulco...
Ca, c'est du drapeau !
Le défilé se termine par le passage du Monge : un vrai mastodonte ! Doté de "trois des quatre radars les plus puissants d'Europe" ainsi que d'une tourelle optronique, "le Monge est un navire-radar capable de détecter une pièce de 2 euros à 800 kilomètres, sous réserve que la terre soit plate", assure Jacques Rivière son Commandant. "A ma connaissance, c'est le seul bateau au monde doté de telles capacités, seuls les Américains et les Chinois disposant de bâtiments approchants".
C'et sa première participation à l'Armada. Naturellement, il bat pavillon français !
On en a eu plein les mirettes !
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Ce rassemblement d'une cinquantaine des plus beaux bateaux du monde a lieu tous les cinq ans dans la Capitale de la Normandie, Rouen, où nous étions justement ce week-end.
Majoritairement des grands voiliers mais aussi des bateaux militaires ou des bateaux pompe, ils sont venus représenter la France dans cette grande parade mais également la Grande Bretagne, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, la Pologne, le Portugal, le Maroc, le Sultanat D'oman, la Russie et même le Mexique ou le Brésil.
Dar Mlodziezy : Le nom de ce très grand voilier signifie "Don de la jeunesse". Il a été construit grâce au jeunes de la région de Gdansk. C'est un voilier-école tres équipé : radars, systèmes de communication par satellite, équipement de sécurité... En ce qui conserne sa coque, il a la poupe carrée ornée de sabords de chasse et de galions, un melange de tradition et de modernité. Avec plus de 100 mètres de long, il fait partie des très grands voiliers-écoles du monde.
Eric Tabarly a immortalisé les Pen Duicks. Le nom de ces bateaux signifie "petite tête noire" (mésange noire en breton). C'est sur le Pen Duick VI qu'il périt en mer d'Irlande dans la nuit du 12 au 13 juin 1998 après avoir gagné de nombreuses courses en solitaire ou en équipage.
Le long des quais, de petites animations : ici des marins perchés sur des échasses distribuent des publicités.
Là, un corsaire fait la manche devant L'Etoile du Roy.
C'est la réplique d'une frégate corsaire malouine de 1745. Ce navire 3 mâts de 310 tonneaux avec 240 hommes d'équipage était armé de 20 canons. En temps de guerre, l'Amiral de France délivrait une lettre de marque au capitaine pour partir à la course, l'autorisant ainsi à attaquer les bâtiments ennemis du Roy. Construit en 1996 en Turquie sous le nom de Grand Turk", il est depuis 2010 le navire amiral de la flotte Etoile Marine (Compagnie qui propose des croisières).
A la proue, une femme corsaire !
La poupe est très élégante aussi.
Elégante figure de proue également sur le Shabab du Sultanat d'Oman : un hommage aux marins arabes qui régnèrent jadis en maîtres sur l'Océan Indien.
Ce voilier a été construit en Ecosse en 1971. Au début il avait pour vocation d'entrainer les jeunes à la navigation. C'est l'un des plus grands voiliers en bois naviguant.
Derrière les cordages de l'Artemis, on aperçoit la Cathédrale peinte par Monet.
L'Artémis a été construit en 1926 en Norvège. Son nom évoque celui de la déesse de la chasse. Jusqu'à la fin des années quarante, ce voilier servit de bateau de pêche (naviguant pricipalement dans les mers polaires du nord et du sud). Dans les années cinquante, l'Artémis fut exploité comme cargo entre l'Asie et l'Amérique du sud, puis il a été racheté par un Danois qui le fit évoluer vers le trois-mâts que l'on connait aujourd'hui.
La figure de proue du Thalassa : une sirène dont le visage ne me fait pas rêver...
Dans la mythologie grecque, Thalassa était la déesse de la mer. Cet ancien chalutier construit en 1980 fait naufrage en 1984 en mer de Frise en s'empalant sur une épave de la 2nde guerre mondiale. Deux amis, Arnold Hylkema et Henk Stallinga décident de le transformer en un grand voilier luxueux. Ils en sont toujours les propriétaires.
Montés à bord de La Belle Poule...
La cloche de quart en cuivre de la Belle Poule
Depuis le pont, nous avons vue sur le pont Gustave Flaubert : le dernier en date sur la Seine. C'est un pont levant routier qui marque la limite de la partie du fleuve accessible aux navires depuis la mer. Il a été mis en service le 25 septembre 2008, après quatre années de travaux.
Le Krusensthern depuis la Belle Poule
Nous empruntons le pont Gustave Flaubert pour rejoindre l'autre rive.
Au fond, le Monge, bâtiment d’essais et de mesures (BEM). Ce bateau est en service dans la marine nationale depuis novembre 1992. Ses missions techniques principales sont : la trajectographie et l'observation radar et optique des missiles balistiques ou tactiques, la poursuite de satellites et, beaucoup plus rarement, la mise en œuvre ou la poursuite de cibles aériennes pour l'entraînement des forces. Ce bâtiment est le seul type dans la marine militaire Française et l'un des rares dans le monde.
Belle figure de proue en forme de tête de lion pour le Gulden Leeuw.
Il s'agit d'une goélette à hunier à trois-mâts construite en 1937 pour le ministère danois de l'agriculture et de la pêche. Autrefois appelé Dana, il fit de nombreuses missions de recherche en biologie marine. En 2000 il est vendu à l'école navale Danoise.
Le Schtandart est une frégate qui bat pavillon russe. Il a été construit par le Centre d'éducation maritime de Saint-Petersbourg dans le cadre d'un projet qui consiste à former de jeunes russes à la construction navale en bois et à la navigation traditionnelle à la voile. Son nom signifie "l'étendard" en Russe. Aujourd'hui c'est un navire-école ainsi qu'un bateau musée.
Lui aussi, il a "de la gueule" !
Le Belem : ce trois mâts porte le nom d'un port du Brésil. Autrefois destiné au transport de marchandises, c'est aujourd'hui un bateau école qui bat pavillon français. En 1984 il est classé monument historique. Sa devise « Favet Neptunus eunti » signifie : Neptune favorise ceux qui partent.
Bien sûr, il y avait bien d'autres batiments à quai, tous prêts pour le Jour J : dimanche 16 juin, après 10 jours à quai, aura lieu en effet la Grande Parade des bateaux qui attire toujours des millions de visiteurs dans la capitale normande.
Les images de la Grande Parade sur ce blog, c'est ICI...
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De passage à Sotteville pour 2-3 jours, nous sommes allés en compagnie de mes cousins visiter un musée fort intéressant : celui de la Corderie Vallois. Le musée est situé dans la banlieue nord de Rouen à Notre-Dame-de-Bondeville.
L'entreprise familiale employant une quarantaine d'ouvrières en 1936 a fermé définitivement ses portes en 1978 après un siècle de fonctionnement. Elle ne comptait alors plus que 10 ouvrières.
L'industrie cotonnière s'installe dans la région rouennaise dès le XVIIIème siècle (le port de Rouen est une aubaine pour les professionnels du textile) mais durant la seconde partie du XIXème siècle elle sera en déclin car elle ne pourra concurrencer la production à bas prix des pays étrangers.
La corderie Vallois va tirer parti de la présence du Cailly, un affluent de la Seine d'une trentaine de kilomètres, pour s'implanter en 1880 en lieu et place d'une ancienne filature de coton.
Le Cailly à Notre-Dame-de-Bondeville
Dès l'entrée dans le site on est mis au parfum avec, sur un bras de la rivière, ces sculptures d'une exposition précédente intitulée "Elles..., au fils de l'eau", rendant hommage aux ouvrières qui travaillèrent à l'usine de M. Vallois. Elles avaient pour prénom Angèle, Louise, Ginette, Félicie, Clémentine, Joséphine ou encore Eugénie...
Le bâtiment de la corderie donnant sur le Cailly
L'énergie produite par une grande roue à aube est transmise aux différentes machines par le biais des engrenages et des arbres de transmission : le guide nous a distribué des écouteurs car le bruit qui règne dans l'atelier est très impressionnant...
Le coton utilisé dans la corderie provenait des pays chauds : le sud des États-Unis, l'Inde, l’Égypte, la Chine, le Pakistan. Il arrivait par le port de Rouen sous la forme de balles et ces dernières étaient transportées par train jusqu'aux usines de la vallée du Cailly. Une fois arrivé dans les usines, le coton subissait plusieurs opérations dans les filatures avant d'être acheminé à la corderie sous forme de bobines de fil.
Jusqu'en 1950, le principal débouché de la corderie fut l'industrie textile qui utilisait les cordes de coton comme courroie de transmission. Par la suite, les mêmes produits se sont vendus pour des utilisations plus variées : la passementerie, la bonneterie, l'industrie des mèches à bougie.
Ceci a permis à l'entreprise de perdurer jusqu'en 1978.
Même si cette entreprise était plutôt familiale et paternaliste, les conditions de travail y étaient tout de même très difficiles : ceci est rappelé dans le Musée par des affichettes où l'on peut lire :
"Le pire était vraiment en bas. En plus de la crasse y'avait cette odeur d'huile et de vieux coton rance. 48 heures par semaine debout à circuler au milieu des taches d'huile servant à graisser les machines. L'hiver, l'huile gelait et l'été elle fondait, coulait le long des montants, ruisselait sur le parquet".
La première machine que le guide fait fonctionner devant nous est une retordeuse à ailettes. Il s'agit d'une machine anglaise datant de 1920, constituée d’un bâti en fonte et d’un nombre plus ou moins important d’ailettes. Elle permet de confectionner le moulinet.
Des fils provenant des bobines émettrices, placées en haut de la machine, sont assemblés et retordus par les ailettes sur les bobines réceptrices situées en bas de la machine.
Ainsi, à partir de deux bobines comprenant chacune six fils, on obtient un produit final à douze fils qui sera soit conditionné pour la vente, soit utilisé pour confectionner le câblé en atelier. Afin de bien répartir le fil obtenu sur toute la bobine réceptrice, celle-ci est positionnée sur un plateau qui monte et descend.
Je ne rentrerai pas dans le détail des différentes machines utilisées pour fabriquer les différents câbles (torons ou moulinets) car je n'en suis pas capable...
Regardez et écoutez seulement le bruit qu'elles provoquent...
Une toronneuse
On peut d'ailleurs lire une affichette dans le musée qui dit :
"Et puis y'avait le bruit infernal : roulement des tambours, cliquetis, crissements des poulies, des engrenages. On devenait sourd à force : on s'parlait fort, par gestes, ou fallait s'parler à l'oreille pour s'comprendre. Et les "plaques", ces petits morceaux de coton qui voletaient partout, y'en avait partout partout... y s'fixaient sur les cheveux."
Sans parler des immenses surfaces vitrées de l'atelier dont on comprend bien qu'elles permettaient aux ouvrières de commencer leur travail le matin au lever du jour pour le terminer le soir à la tombée de la nuit... transformant l'atelier en fournaise l'été et en glacière l'hiver !
Les voici, ces ouvrières, photographiées en 1913 en compagnie du contremaître (au centre) et du Directeur de l'usine (à droite).
Pas vieux les enfants en arrière plan... A cette époque, il était fréquent que les enfants travaillent le jour suivant leur anniversaire, à 12 ans.
Le bureau du contremaître se trouvait au premier étage, celui des machines anglaises. Il a été conservé ainsi qu'il était à la fermeture de la corderie.
Cet escalier en bois et en tommettes conduit au premier étage, l'étage des machines à tresser (françaises pour la plupart).
C'est par ce toboggan que les ouvrières envoyaient les colis contenant le produit de leur travail à l'étage inférieur pour expédition.
Et le travail des ouvrières à cet étage c'est la fabrication des tresses (plates et rondes). En voici quelques unes qui ont été fabriquées avec les métiers conservés dans le musée. Ce dernier les offre aux visiteurs...
Un métier à tresser français (tresse ronde) en fonctionnement
Jusqu'en 1948, les ouvrières travaillaient une cinquantaine d'heures par semaine. Elles étaient payées au rendement et à la quinzaine. Le rythme du travail était aléatoire et dépendait de l'importance des commandes. Malgré des conditions de travail difficiles et précaires, les revendications étaient rares et se réglaient souvent entre les ouvrières et le contremaître.
C'est à cet étage que se trouvait le bureau du Directeur de l'Usine. Les ouvrières en connaissaient bien le guichet...
Le bureau était occupé en dernier lieu par M. Mallet.
Une ouvrière rapporte :
"Et les gerçures... ! Parce que M. Mallet y voulait pas qu'on coupe avec les ciseaux. Forcément, on allait moins vite avec les ciseaux, fallait les attraper à chaque fois. Alors, pour aller plus vite on cassait le fil entre nos doigts et ça nous coupait là, au doigt. Un jour, j'ai vu mes doigts en sang !"
Une sculpture d'Edith Molet Oghia en forme de ciseaux se trouve à l'entrée du musée. Elle symbolise la féminité : comme les ouvrières, les ciseaux sont rouillés, usés...
Une visite qui a ravi tout le monde !
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